Lexpérience a démontré que dans de bonnes conditions, certains emplacements fournissent chaque année jusqu'à 6 essaims successifs et plus, en renouvelant les piÚges dÚs qu'ils étaient occupés. 23 - Endroits abrités : les coins à l'abri des vents dominants conviennent le mieux aux abeilles.

Bien entretenir et nettoyer son rucher, une Ă©tape incontournable Comme pour toute habitation, il est important et nĂ©cessaire que les apiculteurs entretiennent leur rucher. En effet les ruches sont le lieu de vie des abeilles, et Ă  ce titre elles doivent ĂȘtre adaptĂ©es et entretenues pour que les abeilles y restent et Ă©voluent dans des conditions optimales. Prendre soin de chaque colonie est la responsabilitĂ© de l’apiculteur, plus son cheptel sera important plus il contribuera Ă  la sauvegarde de l’espĂšce. L’abeille domestique est en voie de disparition et subit un syndrome d’effondrement depuis plusieurs annĂ©es, il est indispensable de mettre en Ɠuvre tous les moyens possibles pour pallier Ă  ce dĂ©sastre. Les abeilles font partie des insectes pollinisateurs sans lesquels un grand nombre d’espĂšces vĂ©gĂ©tales viendraient Ă  disparaitre. Des conditions d’hygiĂšne irrĂ©prochables pour un rucher en bonne santĂ© On pense Ă  tort que le travail des Ă©leveurs se rĂ©sume Ă  la production et Ă  la rĂ©colte, ils ont beaucoup d’activitĂ©s Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur du rucher. Le nettoyage des ruches en fait partie et ne doit pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©. Il faut donc inspecter rĂ©guliĂšrement, vĂ©rifier l’état de santĂ© des abeilles, s’assurer que la reine et le couvain se portent bien, ajuster le niveau de provisions si besoin,
 Les abeilles, comme tous les ĂȘtres vivants, sont sensibles aux parasites, virus et bactĂ©ries. Parmi les maladies qui les touchent, certaines s’en prennent au couvain, aux abeilles ou aux colonies toute entiĂšres. Les plus connues sont la loque, la nosĂ©mose, l’acariose, la varroase. Quels que soient les symptĂŽmes ou les consĂ©quences de ces maladies, il est important de les combattre et de les anticiper afin d’en rĂ©duire la propagation. Il faut choisir un matĂ©riel de bonne qualitĂ© et adaptĂ© pour l’habitat, gĂ©nĂ©ralement on utilise du bois ou du plastique. Il convient de nettoyer tous les Ă©lĂ©ments en cas d’infection mais aussi en prĂ©vention. Ce sera d’autant plus nĂ©cessaire lors des transvasements de colonies ou en cas de division. En fin de saison, quand les hausses sont retirĂ©es il faut Ă©galement les nettoyer ainsi que tous les cadres. Tous les Ă©lĂ©ments en bois du corps et des hausses doivent ĂȘtre grattĂ©s pour enlever la cire et la propolis. La cire et la propolis pourront ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©es si elles ne sont pas infectĂ©es. Une fois grattĂ©s, les Ă©lĂ©ments seront passĂ©s Ă  la flamme. On utilise pour ça un chalumeau, c’est en apiculture la mĂ©thode privilĂ©giĂ©e pour nettoyer et assainir rapidement le matĂ©riel. Le bois doit prendre une couleur brune de pain brulĂ© » au bout de quelques minutes. Attention Ă  ne pas tenir la flamme du chalumeau trop longtemps prĂšs du bois, surtout au niveau des assemblages ! Ensuite on pourra nettoyer et dĂ©sinfecter avec de l’eau de javel, il faudra alors bien rincer et laisser sĂ©cher un bon moment avant de pouvoir rĂ©utiliser le matĂ©riel. Les cadres peuvent ĂȘtre plongĂ©s dans un bain de soude, afin de les nettoyer et les dĂ©sinfecter en mĂȘme temps, de quoi leur donner une seconde vie ! Il faudra bien les rincer aprĂšs l’opĂ©ration. Il est possible de rĂ©cupĂ©rer la cire des cadres avec un cĂ©rificateur. Pour les Ă©lĂ©ments en plastique, un nettoyage Ă  l’eau de javel devrait ĂȘtre suffisant. Il faut penser en cas de maladie, Ă  traiter Ă©galement tout l’équipement utilisĂ©, comme les outils ou la tenue vestimentaire. Les apiculteurs pourront profiter de la saison d’hivernage pour nettoyer le matĂ©riel ainsi que pour bricoler, pendant que les abeilles sont regroupĂ©es autour de la reine Ă  l’intĂ©rieur de la ruche. Une attitude responsable et des gestes efficaces pour un rucher prospĂšre Pour pratiquer l’apiculture, amateur ou professionnel, il faut comme dans beaucoup d’autres activitĂ©s, bien s’informer et s’équiper avec un bon matĂ©riel. L’apiculteur s’occupe de chaque colonie avec le plus grand soin, par bienveillance mais aussi parce qu’une abeille en bonne santĂ© dans un environnement propice lui apportera toujours une meilleure production. Son travail est variĂ© tout au long de l’annĂ©e, et peut l’amener Ă  travailler en dehors du rucher. A la sortie de l’hiver, quand commencent les premiĂšres floraisons, s’il veut du miel issu d’autres nectars, il peut emmener les abeilles en transhumance, c’est un moyen de produire diffĂ©remment mais aussi une mĂ©thode qu’utilisent certains agriculteurs pour favoriser la pollinisation de leurs champs. Vous aussi vous pouvez installer une ruche dans votre jardin et participer ainsi au repeuplement de l’espĂšce. Quoi de plus louable que d’agir en Ă©co-citoyen, vous pourrez mĂȘme rĂ©colter du miel, et pourquoi pas apporter une touche personnelle Ă  votre ruche en la peignant. Profitez de l’hiver pour la prĂ©parer et y mettre un essaim aux beaux jours quand les premiĂšres fleurs offriront nectar et pollen.

Combiende miel apporte une abeille. Dans le processus de pot-de-vin, une abeille peut apporter environ 30 mg de nectar dans la ruche. Dans une bonne période, l'insecte fait une dizaine de sorties et la collection atteint 40 à 50 mg à la fois. Pour 1 c. chérie, elle doit faire 2 000 sorties. Combien de miel une abeille apporte pour sa vie

En apiculture, la division des ruches consiste Ă  faire naĂźtre une deuxiĂšme colonie Ă  partir d'une colonie souche. C'est la solution idĂ©ale pour contrecarrer l'essaimage, multiplier les colonies d'abeilles en en crĂ©ant de nouvelles, saines et populeuses, ou tout simplement peupler des ruches vides pour faire de l’élevage par exemple. Cette division permet Ă©galement Ă  l'apiculteur de conserver la lignĂ©e des meilleures butineuses, et s’assurer une meilleure rĂ©colte de miel. Les mĂ©thodes adoptĂ©es varient selon les colonies, les saisons, les races d'abeilles et la rĂ©gion. Toutefois, une chose est sĂ»re, la division des ruches ne peut se faire que par une belle journĂ©e 17°, lorsque la ruche est bien dĂ©veloppĂ©e pas moins de 6 cadres de couvain et que les mĂąles fĂ©conds sont prĂ©sents dans le rucher. MĂ©thodes de division des ruches L'apiculteur choisira les nouvelles colonies, en fonction de leurs caractĂ©ristiques douces, peu essaimeuses, productrices.... 1. Division de ruches avec recherche de la reine Commencez par repĂ©rer la reine et transvaser son cadre, sans la dĂ©loger, dans une ruchette, en y ajoutant Ă©ventuellement 1 cadre de miel pollen, 1 cadre de couvain operculĂ©, 2 cadres de cire neuve et 1 cadre vide sans aucune cire. La ruchette sera placĂ©e Ă  une distance de minimum 10 m de la ruche. Perdant toutes ses abeilles butineuses, la colonie orpheline va devoir redĂ©marrer avec de jeunes abeilles et au bout de 25 jours approximativement une nouvelle reine commencera la ponte. 2. Division de ruches sans recherche de la reine La mĂ©thode de l'Ă©ventail On parle Ă©galement de mĂ©thode de l'Ă©ventail. L'idĂ©e consiste Ă  diviser en nombre Ă©gal les cadres de la ruche sur deux ruchettes, placĂ©es en Ă©ventail. Chaque nouvelle colonie doit impĂ©rativement avoir des Ɠufs ou des larves datant de moins de 3 jours. C'est une mĂ©thode dĂ©conseillĂ©e, dont le seul avantage est la simplicitĂ© de la rĂ©alisation. Le mieux serait encore de chercher la reine et de placer sa ruche au milieu d'un autre rucher, Ă  1 m plus loin. Ainsi les butineuses iront vers la ruchette orpheline et l'Ă©levage royal pourra commencer dans la nouvelle colonie. ContrĂŽlez vos ruchettes. Au bout de 3 Ă  4 jours, vous observerez des entrĂ©es de pollen sur la ruchette contenant la reine. 15 jours plus tard, vous verrez des cellules royales dans la ruchette orpheline, qui annoncent la ponte prochaine d'une nouvelle reine. Si vous introduisez une cellule royale de 10 jours le lendemain de la division, vous gagnerez du temps, et amĂ©liorerez le caractĂšre gĂ©nĂ©tique du rucher. L'Ă©crĂ©mage C'est la meilleure mĂ©thode, mais pour la rĂ©ussir, il vaut mieux marquer le corps de la reine au prĂ©alable, pour la repĂ©rer plus facilement dans les essaims. Il s'agit de constituer un essaim artificiel en prĂ©levant des cadres dans diffĂ©rentes ruches 1re ruche cadre de couvain naissant y compris les abeilles qui le recouvrent. 2e ruche cadre de couvain ouvert, sans le sĂ©parer de ses abeilles. 3e ruche cadre de nourriture et des abeilles. Pour finaliser ce nouvel essaim, ajoutez-y d'autres abeilles 2-3 cadres, et mieux encore dĂ©posez sur le cadre du couvain ouvert une cellule royale. Quand diviser la ruche? Évidemment, les abeilles, et donc les ruches, sont tributaires de la nature pour le pollen et aussi pour la ponte. Le dĂ©veloppement des essaims suit le rythme des saisons. Il est donc important de rĂ©aliser la division des ruchers au moment opportun lors de la miellĂ©e. Les professionnels du domaine apicole prĂ©conisent de diviser la ruche au moment oĂč elle contient le plus d’abeilles. Elle doit aussi ĂȘtre suffisamment dĂ©veloppĂ©e pour un apiculteur cela signifie qu’elle doit contenir au moins 6 cadres de couvain. La pĂ©riode joue un facteur important dans la division d’un rucher. En effet, bien qu’il n’y ait pas de date limite pour effectuer la division, les professionnels de l’apiculture recommandent de le faire avant fin aoĂ»t. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, il est recommandĂ© de rĂ©aliser la division des ruchers au printemps plus particuliĂšrement vers mars-avril. Cela peut varier lĂ©gĂšrement d’une rĂ©gion Ă  l’autre en fonction du climat, mais, en France, la pĂ©riode idĂ©ale reste autour de mars-avril. Cependant, il ne faut pas non plus trop attendre au risque que la ruche ait essaimĂ©. Le moment idĂ©al est celui de la miellĂ©e. Cela permet de rĂ©duire l’essaimage. Une fois la pĂ©riode dĂ©finie, la mĂ©tĂ©o le jour de la division est Ă©galement importante. En effet, privilĂ©giez un jour de beau temps la tempĂ©rature doit ĂȘtre supĂ©rieure Ă  17°C. Le moment idĂ©al pour la division d’un essaim est en dĂ©but d’aprĂšs-midi afin que les butineuses ne soient plus dans la ruche. S’il y a un tout petit peu de vent c’est encore mieux. Quel est le matĂ©riel nĂ©cessaire pour diviser une ruche Une division de ruche est une Ă©tape qui se prĂ©pare. C’est pourquoi avant de partir il est nĂ©cessaire de rassembler le matĂ©riel dont vous aurez besoin. Que ce soit une division en Ă©ventail, par superposition, ou encore avec hausse, le matĂ©riel de base reste le mĂȘme pour assurer la meilleure production de cire. Pour une division rĂ©ussie en toute sĂ©curitĂ©, il vous faudra une grille Ă  reines souple comme par exemple la grille Nicot, des visses pour fixer la grille sous la hausse, une planchette de bois ou de plastique, des cadres de couvain pour le nouvel essaim, un enfumoir. Avant de commencer la division vous devez tailler votre planchette. Elle doit avoir une dimension Ă©gale Ă  l’intĂ©rieur de la hausse moins la largeur de la ruchette. Cette planchette servira Ă  empĂȘcher que l’essaim d’abeille ne tombe par terre lors de la division. Une fois la division faite, il est important de continuer Ă  contrĂŽler que la nouvelle colonie d’abeille se dĂ©veloppe bien dans la ruche. En effet, vous devez retourner Ă  la ruche une semaine aprĂšs, afin de vĂ©rifier que la prĂ©sence de cellules royales dans le cas oĂč vous avez dĂ©placĂ© un cadre de couvain lors de la division des essaims. S’il n’y en a pas eu de ponte, vous devez remplacer certains des cadres par des cadres de la ruche souche contenant du couvain. Si une semaine aprĂšs, il n’y a toujours pas de cellules de reines, cela veut dire qu’il n’y a pas eu de ponte et donc que la division n’a pas fonctionnĂ©. Il faut alors secouez les cadres afin que les essaims d’abeille partent du corps de la ruche et aillent vers une autre. Une fois qu’il n’y a plus d’abeilles, emportez votre ruchette et les cadres.

Lorsquon remplace une reine existante, certains apiculteurs recommandent de laisser la ruche sans reine pendant 24 heures. Cela signifie que vous devez tuer votre ancienne reine et attendre le lendemain pour introduire votre nouvelle reine. Je ne le fais pas car cela nĂ©cessite d’ouvrir la ruche deux fois.

ï»żMa premiĂšre ruche l'arrivĂ©e des abeilles PubliĂ© le 01/09/2010 - ModifiĂ© le 23/05/2022 A la fin de l’hiver ou au dĂ©but du printemps, adressez-vous Ă  un apiculteur confirmĂ© et achetez-lui une ou deux ruches peuplĂ©es. Le podcast "comment prĂ©server les abeilles au jardin ?" Ă  Ă©couter Le plus accessible Un paquet d’abeilles contient de 1 Ă  2 kg d’ouvriĂšres et leur jeune reine, qui doit ĂȘtre fĂ©condĂ©e. Cette derniĂšre est enfermĂ©e dans une cage logĂ©e au centre de la colonie. Il faut bien vĂ©rifier la ruche bois, toit
, et veiller aussi au bon Ă©tat sanitaire de l’essaim et du corps de ruche. PrĂ©fĂ©rer des cadres normalisĂ©s plutĂŽt que des cadres maison. Ils doivent ĂȘtre rĂ©cents, pour limiter le risque de maladies. La cire doit ĂȘtre de couleur claire, jamais noirĂątre, et la ruche doit bĂ©nĂ©ficier de rĂ©serves de miel en haut des cadres. RĂ©aliser ses achats plutĂŽt au printemps, car les floraisons sont importantes. Ainsi, la colonie sera en pleine activitĂ© et il sera possible d'effectuer les premiĂšres rĂ©coltes dans peu de temps. Vous devez obtenir un certificat sanitaire des services vĂ©tĂ©rinaires pour dĂ©placer une ruche d’un dĂ©partement Ă  l’autre. Le plus pĂ©dagogique Il est possible de se procurer des essaims artificiels, en ruchettes de 5 ou 6 cadres, produits par un Ă©leveur. Il a sĂ©lectionnĂ© des souches d’abeilles non agressives, et des reines jeunes et ces essaims dans sa ruche en les nourrissant quelque temps. La capture d’essaim Pour dĂ©busquer un essaim, utiliser une vieille ruche ou une ruchette dĂ©sinfectĂ©es Ă  la flamme. Alterner un cadre de cire gaufrĂ©e et un autre dĂ©jĂ  bĂąti, car les vieux rayons attirent les abeilles. Placer la ruchette Ă  l’ombre. Elle fera l’affaire si l’essaim est sur branche basse. S’il s’est fixĂ© en hauteur le cueillir. Les abeilles gorgĂ©es de miel sont trĂšs douces. Toutefois, si l’essaim est installĂ© depuis plusieurs jours et que la mĂ©tĂ©o est mauvaise, elles peuvent ĂȘtre agressives. Le transport au jardin Transporter la ruche ou la ruchette une fois la nuit tombĂ©e, ou avant le lever du jour. Vous pouvez nĂ©gocier avec le vendeur pour qu’il vous accompagne jusqu’à l’emplacement dĂ©finitif du rucher. Bien vĂ©rifier que la ruche ne prĂ©sente aucune faille, mĂȘme minime, d’oĂč des abeilles en colĂšre pourraient s’échapper. Au besoin, colmater les brĂšches. Par prĂ©caution, endosser la vareuse et allumer l’enfumoir. Fermer la porte d’entrĂ©e de la ruche en retournant la grille d’entrĂ©e. Fixer avec des Ɠilletons ou de la mousse synthĂ©tique. Charger la ruche dans un vĂ©hicule. Si vous parcourez plus de 50 km, vos abeilles risquent d’étouffer. Une fois sur place, patienter quelques minutes avant d’îter la grille ou la mousse. Attention, veiller Ă  installer la ruche Ă  plus de 3 km du lieu de vente elles y retourneraient ! Leur sens de l’orientation est remarquable. L’enruchage Cela consiste Ă  dĂ©placer l’essaim de sa ruchette d’expĂ©dition dans la ruche le soir, car les abeilles sont souvent plus calmes. Devant la ruchette, disposer une ruche vide et dĂ©couverte, munie de cadres de cire gaufrĂ©e placĂ©s de chaque cĂŽtĂ©. Leur nombre complĂšte ceux en place dans la ruchette. Enfumer lĂ©gĂšrement l’entrĂ©e de la ruchette, retirer le couvercle et le couvre-cadres. DĂ©coller le cadre du bord et, en le maintenant en position bien verticale, le glisser calmement dans la ruche. En procĂ©dant avec sĂ»retĂ© et doigtĂ©, les abeilles ne s’envoleront pas. RĂ©pĂ©ter l’opĂ©ration avec chacun des cadres de la ruchette. Ensuite, une fois vidĂ©e, le retourner sur la ruche pour en faire tomber les abeilles restĂ©es Ă  l’intĂ©rieur. Placer un nourrisseur sur les cadres avant de refermer la ruche. Le transvasement est terminĂ©.

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Ily a deux façons de former un essaim. Attirer un essaim. Employez une petite ruche qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© habitĂ©e par des abeilles et garnissez-la avec des ‱ cadres ou des barres supĂ©rieures ; deux des cadres doivent contenir des rayons et d’autres des feuilles Ă  bĂątir ou de vieux rayons. Capturer un essaim.
Le transvasement ou le dĂ©placement de population d’un habitat Ă  un autre Professionnels ou amateurs, les pratiques apicoles nĂ©cessitent la connaissance de l’abeille et de ses habitudes. Aussi lorsque les apiculteurs les manipulent, ils s’adaptent Ă  leur fonctionnement. L’essaimage, naturel ou artificiel, est nĂ©cessaire Ă  l’abeille pour se dĂ©velopper. Le transvasement que pratiquent les apiculteurs est le fait de dĂ©placer des essaims d’une ruchette vers une ruche. En apiculture les abeilles habitent la ruche, dans chaque ruche, quelque soit son modĂšle ruche Dadant, Langstroth, WarrĂ©,
, la colonie se dĂ©veloppe et fabrique du miel leur nourriture principale. CrĂ©er de nouvelles colonies pour agrandir le rucher. Si on peut trouver des essaims dans la nature, le plus simple pour s’en procurer consiste Ă  les acheter auprĂšs de professionnels ou d’effectuer une division de la ruche. C’est lĂ  que l’on va utiliser les ruchettes. Il s’agit de nids provisoires plus petits que les ruches. De forme rectangulaire, elles contiennent des cadres qui seront insĂ©rĂ©s dans les nouveaux habitats. A l’intĂ©rieur, on y trouve du couvain, avec des provisions, des ouvriĂšres et une reine. Quand l’apiculteur procĂšde au transvasement, il peut s Ă©couler une douzaine d’heures avant que la nouvelle organisation soit en place. Dans le cas d’une division de ruche il faudra veiller Ă  ce que les populations soient suffisamment Ă©loignĂ©es les unes des autres afin d’éviter un retour Ă  leur habitat d’origine. Ces dĂ©placements peuvent s’effectuer pendant le printemps, quand l’hiver a Ă©tĂ© rude et que les populations ont connu de nombreuses pertes. C’est un moyen de repeupler le rucher. AprĂšs l’hiver, quand arrivent les beaux jours, on choisit un moment de la journĂ©e oĂč les butineuses sont sorties Ă  la recherche de nectar et de pollen pour opĂ©rer la division. On place la ruche mĂšre et la ruchette Ă  cĂŽtĂ© l’une de l’autre, on prĂ©lĂšve 2 ou 3 cadres externes de la ruche mĂšre, ainsi qu’un cadre avec des rĂ©serves, on les place dans le nid de transition. Dans la ruche souche on replace des cadres vides ou gaufrĂ©s. On Ă©loigne les deux structures, en plaçant la ruche mĂšre Ă  quelques mĂštres et en prenant soin d’orienter l’entrĂ©e Ă  l’opposĂ© de son Ă©tat initial. La structure d’accueil est positionnĂ©e Ă  la place de la ruche mĂšre de façon Ă  ce que chaque butineuse revienne lĂ  d’oĂč elle est partie. S’il n’y a pas de reines dans les ruchettes ainsi remplies, les ouvriĂšres vont fabriquer de nouvelles cellules royales et de la gelĂ©e pour en Ă©lever de nouvelles. On transvasera les nouvelles colonies créées dans les ruches quand tous les cadres seront remplis. On peut rajouter dans chaque structure un peu de nourriture sous forme de sirop, qui peut ĂȘtre Ă©laborĂ© Ă  base eau et de sucre, on parle alors de sirop 50/50. Toutes ces manipulations s’effectuent en dĂ©licatesse et avec l’aide d’un enfumoir. L’enfumoir permet d’éviter que l’ abeille ne devienne agressive et ne soit complĂštement dĂ©sorientĂ©e, la fumĂ©e incite les ouvriĂšres Ă  remplir leur jabot de nourriture et se prĂ©parer Ă  un essaimage, c’est un leurre pour les tenir Ă  l’écart le temps des interventions. Apiculteurs professionnels et particuliers, ensemble pour sauver l’abeille de la disparition Les apiculteurs professionnels utilisent rĂ©guliĂšrement ces manipulations car ils ont besoin d’agrandir leur rucher pour une meilleure production et pour pallier aux pertes hivernales. De saison en saison, les populations dans le rucher fluctuent en fonction des conditions climatiques, des floraisons, des maladies qui peuvent frapper la ruche varraose, nosĂ©mose,
, des rĂ©serves de nourriture,
 il est indispensable que les Ă©leveurs entretiennent et visitent leur rucher de maniĂšre rĂ©guliĂšre et mĂ©ticuleuse. Ils doivent connaitre les habitudes et le cycle de vie de leurs petites pensionnaires parfaitement. MĂȘme dĂ©butants en apiculture, il faut manipuler les abeilles avec prĂ©caution, installer sa ruche au bon moment afin que la colonie se dĂ©veloppe correctement. L’apiculteur peut profiter des belles journĂ©es de printemps quand les butineuses sortent rĂ©colter le nectar, pour installer un essaim dans la ruche, en comptant sur la prĂ©sence d’une reine pour le bon dĂ©marrage du cycle ! Si la ruche Dadant est un des modĂšles de ruche les plus utilisĂ©s, les apiculteurs ont le choix d’autres modĂšles et certains construisent mĂȘme leur propre matĂ©riel ! Vous aussi, si vous voulez rĂ©colter votre propre miel , vous pouvez installer chez vous un essaim, dans une ruche que vous pourrez apprendre Ă  construire, pour y accueillir le futur couvain. Et si vous prĂ©fĂ©rez laisser ce loisir aux professionnels mais que vous souhaitez tout de mĂȘme prendre part au dĂ©veloppement de l’apis mellifera et la protĂ©ger de la disparition, vous pouvez parrainer une ruche et en rĂ©colter une partie de sa production. Rebonjour, quand il y a un essaim sur son rucher il faut bien sĂ»r le rĂ©cupĂ©rer la ruche d’oĂč il est parti. Si dans celle-ci il y a des CR avec larves et des CR operculĂ©es tu peux ĂȘtre sĂ»r que l’essaim est le primaire donc avec la vieille reine. Si tu vois que CR operculĂ©es, la encore c’est le primaire. Bonsoir, me revoilĂ  pour la suite de mes aventures! Je me suis rendu chez mes parents mercredi, lĂ  ou se trouve la ruche piĂšge et lĂ  oĂč se trouve mon rucher. DĂšs mon arrivĂ©e j'ai remarquĂ© une centaine d'abeilles qui s'activaient autour de la ruche piĂšge, j'Ă©tais super content et me suis dis que l'essaim allait arriver trĂšs vite, au plus tard le lendemain. On Ă©tait en fin d’aprĂšs midi, impatient de voir comment se portent mes abeilles je me rends Ă  mon rucher Ă  environ 2 km de lĂ . A mon arrivĂ©e lĂ  bas je remarque immĂ©diatement un gros essaim Ă  10m environ de mes ruches, je m'approche et j'en vois un deuxiĂšme Ă©galement posĂ© sur un arbre et un peu plus petit que le premier. Disposant de 2 ruchettes avec cire gaufrĂ©e et 1 ou 2 vieux cadres noir dans chacune, j'enruche donc mes 2 essaims, et la nuit tombant je pars super content. Le lendemain matin, toujours des dizaine d'abeille dans la ruche piĂšge de chez mes parents, je suis surpris car je m'Ă©tais dis que ces abeilles venait trĂšs certainement d'un des 2 essaims enruchĂ©s la veille. L'aprĂšs midi, ne pouvant rĂ©sister Ă  l'envie de voir un peu si tout est rentrĂ© dans l'ordre je me rends Ă  mon rucher, et lĂ  grosse dĂ©ception, le plus gros essaim a disparu de sa ruchette mais heureusement le petit est restĂ©, il n'occupe que 2 cadres, mais il est encore lĂ ! TrĂšs déçu je cherche partout pour retrouver le premier essaim mais en vain, je me dis que par chance il doit se trouver dans la ruche piĂšge de chez mes parents, j'y retourne donc et lĂ , plus aucune abeille non plus, il est bel et bien partit! Au passage, petite question, qu'est-ce que j'ai fais de mal? Pourquoi un des deux essaims est-il partit, j'aurais peut-ĂȘtre dĂ» fermer la ruchette avec un rĂ©ducteur d'entrĂ©e en position fermĂ©e et venir l'ouvrir que le lendemain? Qu'en pensez vous svp? Merci par avance et bonne soirĂ©e
Attendezque la ruche soit pleine de miel. Combien de temps faut-il aux abeilles pour faire du miel Minecraft ? Une abeille peut fertiliser les plantes 10 fois à chaque fois qu’elle a du pollen, et il y a un court temps d’attente entre la pollinisation de chaque plante. Ensuite, l’abeille retourne dans sa ruche/nid et fait du miel. Il faut environ 2
IndexSujets rĂ©centsRecherche Connexion Forum Forums d'Apiservices / Foire Aux Questions Nourrissement, combien de temps ? 03 AoĂ» 2014 1954 79140 par moskitos bonsoir a tous, hier matin j'ai recueillis un bel essaim , donc depuis hier matin il est est dans une ruchette 6 cadres, pour le moment il se porte bien et je voudrai savoir combien de temps il faut nourrir au sirop 50/50 et que faire ensuite . merci a tous et bonne soirĂ©e. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 03 AoĂ» 2014 2003 79144 par arsene 1947 est il sur des cadres cirĂ©s, ou des cadres Ă  bĂątir ? selon la rĂ©gion, il lui faut de quoi se dĂ©velopper et ensuite s'il n'y a plus de rĂ©colte de quoi passer l'hiver on dit que les provisions d'hivernage doivent ĂȘtre de l'ordre de 18 Kg Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 03 AoĂ» 2014 2013 79145 par Thierry71 18 kg tu les met ou dans une ruchette 6 cadres Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 03 AoĂ» 2014 2031 79147 par Pierrolefou bonsoir essaim d aout vaut pas clou!! ou ca sort dune bouck ou similaire qui savent jamais quel mois on est ou c est des essaim de dĂ©sespoir. met y un coup de tactic pour voir si il tombe pas plus de varroa qu il y a d abeilles. il sort de tes ruches ou c est un vagabond ou plutot un je pars toujours d un principe quand j ai pas de principe je pars pas. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 03 AoĂ» 2014 2145 79153 par moskitos 'l'essaim est dans une ruchette 6 cadre cirer et j'envisage de prendre des cadres de provisions sur d'autre de mes ruches, et je suis conscient que la saison va se terminer je peu lui fournir sur les 11 ruches qui son en pleine production, merci pour les conseils Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 04 AoĂ» 2014 1148 79164 par arsene 1947 bonjour Moskitos et les autres trĂšs bonne initiative, pour en revenir au 18kg pour passer l'hiver pour un bon hivernage les cadres centraux devraient avoir au moins le tiers supĂ©rieur de miel soit 4 cadres Ă  Kg = 6 Kg 2 cadres de rive Ă  4 Kg = 8 Kg le reste en pain de candi c'est Ă©vident que cela va mieux d'hiverner sur 8 cadres j'ai nĂ©gligĂ© la place prise par le pollen pain des abeilles bonne journĂ©e Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Thierry71, moskitos Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 04 AoĂ» 2014 2001 79180 par moskitos merci pour le tuyau arsĂšne, mais se que je voulais savoir c'est pendant combien de temps dois je les nourrir en sirop 50/50, elles ont commencer a butinĂ©e et ramĂšne pas mal de polĂšne et je me trouve juste a cotĂ© d'un champs de tournesol et je prĂ©cise que c'est des abeilles noir, au bout combien de temps je peus envisager de les transvaser en ruche de 7 ou 8 cadres0 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 04 AoĂ» 2014 2003 79181 par moskitos ah! j'oublier est se que faut il laisser crever un essaim d'aout ,pourquoi pas mui donner une chance. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Forum Forums d'Apiservices / Foire Aux Questions Nourrissement, combien de temps ? Temps de gĂ©nĂ©ration de la page secondes
Unessaim d'abeilles se développe dans son jardin ou dans sa maison et, spontanément, on décroche son téléphone pour composer le 18. En SaÎne-et-Loire, le Codis a reçu 600 appels de ce
Enlever le support de l’essaim et refermer le toit de la ruchette ; Laisser les abeilles battre le rappel Ă  l’entrĂ©e ; Revenir chercher l’essaim le lendemain, durant la nuit, afin de ne pas laisser d’abeilles sur place et de limiter les risques de ceux qui voudraient se lancer dans l’apiculture, vous l’aurez compris les mois d’avril-mai-juin, pĂ©riode de l’essaimage, sont idĂ©aux pour tenter de rĂ©cupĂ©rer un essaim auprĂšs d’un rucher Ă©cole ou d’un renforcer un essaim d’abeille faible?Une solution pour Ă©viter l’essaimage consiste Ă  retirer les cadres de couvain operculĂ©s. Vous pouvez utiliser les cadres de couvain prĂȘt Ă  naĂźtre pour renforcer une colonie plus faible ou constituer une nouvelle dĂ©placer un essaim d’abeilles?Pour remplir votre ruche piĂšge, il est prĂ©fĂ©rable de se munir d’au moins deux cadres de cire noircie. Ils s’avĂ©reront plus efficaces que de simples cadres neufs ou de cire gaufrĂ©e pour amorcer le piĂ©geage. Les cadres neufs qui composent le reste de la ruche sont frottĂ©s Ă  la rĂ©cupĂ©rer une colonie d’abeilles?Si vous avez la possibilitĂ©, placez un morceau de grille Ă  reine souple EncadrĂ© 12 au niveau du trou de vol afin de prĂ©venir contre la fuite de la colonie. La ruchette peut ĂȘtre laissĂ©e sur place au moins jusqu’à la tombĂ©e de la nuit pour rĂ©cupĂ©rer le plus d’abeilles savoir si j’ai un essaim d’abeilles?ReconnaĂźtre un essaim d’abeilles est simple, pour peu qu’on en ait dĂ©jĂ  vu un ou une image. C’est une grappe composĂ©e de nombreuses abeilles et en gĂ©nĂ©ral suspendues Ă  quelque chose. La masse d’abeilles est noire et l’essaim ne bouge pas hormis quelques abeilles qui vont et viennent Ă  la recherche d’un abri prĂ©venir pour un nid d’abeille?La solution idĂ©ale si vous trouvez un essaim d’abeilles est de contacter un apiculteur. En effet, les abeilles sont une espĂšce protĂ©gĂ©e par la loi. Il est interdit de dĂ©truire les nids d’abeilles, sauf dans les cas extrĂȘmes. GĂ©nĂ©ralement le service de l’apiculteur est gratuit, sauf en cas d’indication acheter un essaim?Pour acheter un essaim vous pouvez acheter Ă  des revendeurs ou directement Ă  des apiculteurs, Ă  des quantitĂ© de miel par ruche?Avec une moyenne d’environ 18 Ă  20 kg/ruche en production, ce rendement est moyen » Ă  bon » Ă  dire d’apiculteur. Les miels produits cette annĂ©e ont Ă©tĂ© en majoritĂ© du miel de fleurs d’étĂ©, de fleurs de printemps, de sarrasin et de rĂ©unir deux ruches faibles?Le principe est de superposer les 2 ruches en intercalant une feuille de papier journal entre les deux pour ralentir la rencontre des abeilles. Pour la ruche qui viendra se superposer Ă  la premiĂšre, il faut bien Ă©videment enlever le fond de sauver une ruche orpheline?Introduire un cadre de couvain frais en espĂ©rant un Ă©levage royal ; la colonie ne se considĂšre pas comme orpheline car il y a de la ponte et du couvain. Le cadre sera couvĂ© et les jeunes abeilles viendront renforcer pour un temps la colonie orpheline retardant ainsi un peu sa savoir qu’une ruche est Bourdonneuse?L’absence du couvain d’ouvriĂšres et la prĂ©sence de cellules de mĂąles sont clairement les signes que la ruche est dĂ©sorienter les abeilles?Secouer sur l’ensemble un cadre voire deux d’abeilles sur couvain. Veiller Ă  ne pas rendre la reine d’oĂč l’importance du marquage. Éloigner de plusieurs km cet essaim 3 ou plus ou bien l’enfermer deux nuits dans un local noir pour dĂ©sorienter les faire dĂ©mĂ©nager des abeilles?Vous devez toujours contacter un apiculteur pour faire dĂ©placer une colonie qui s’est installĂ©e par mĂ©garde chez vous et la faire essaimer ailleurs en toute sĂ©curitĂ©. Les abeilles peuvent ĂȘtre dangereuses, mais elles ne vous agresseront jamais si vous les laissez un essaim d’abeilles se dĂ©place?Parce que les abeilles sont trĂšs dĂ©pendantes des conditions mĂ©tĂ©orologiques, elles ne quittent la ruche pour former un nouvel essaim que par une belle aprĂšs-midi ensoleillĂ©e, aprĂšs avoir empli leur estomac de toute la nourriture qu’elles pouvaient ingurgiter pour ĂȘtre prĂȘtes Ă  se passer de ruche pendant trois dangereux d’avoir une ruche dans son jardin?Avoir des ruches dans son jardin fera aussi de vous un bon Ă©colo. Eh oui, les abeilles sont menacĂ©es par les pesticides utilisĂ©s dans les jardins. Hors vous, en tant qu’apiculteur aguerri, vous aurez un jardin bio, avec une flore saine. Les pesticides reprĂ©sentent la premiĂšre cause de mortalitĂ© des faire une fiole de miel?Obtention. Une fiole de miel peut ĂȘtre obtenue en utilisant une fiole vide sur une ruche ou un nid d’abeille lorsque celui-ci est rempli de rĂ©cupĂ©rer un essaim dans un trou?Pour le rĂ©cupĂ©rer, avec patience et douceur, on dĂ©coupe au sĂ©cateur les branches qui portent l’essaim. Il suffit alors de dĂ©poser dĂ©licatement l’essaim dans la boite de transport ou de le secouer directement dans sa ruche rĂ©cupĂ©rer un essaim inaccessible?Mettre en place le cadre de hausse extrait du carton avec ses abeilles. Placer le couvre-cadres. Surveiller l’entrĂ©e en rang serrĂ© de la colonie, on a parfois la chance de voir passer la reine surtout si elle est marquĂ©e. Cette sĂ©quence trĂšs spectaculaire, peut durer 15 Ă  60 minutes selon le nombre d’ SimilairesCet article vous a Ă©tĂ© utile ?OuiNon
\n \n \n \n\ncombien de temps laisser un essaim dans une ruchette
Toutefois si l’essaim est installĂ© depuis plusieurs jours et que la mĂ©tĂ©o est mauvaise, elles peuvent ĂȘtre agressives. Le transport au jardin Transporter la ruche ou la ruchette une fois la nuit tombĂ©e, ou avant le lever du jour. Vous pouvez nĂ©gocier avec le vendeur pour qu’il vous accompagne jusqu’à l’emplacement dĂ©finitif du rucher.
Produire des essaims Novembre 2012 Au printemps, lorsque vos colonies sont en pleine expansion, puis jusqu’en juillet, la fin de la pĂ©riode de fĂ©condation des reines, vous pouvez produire des essaims. Il est conseillĂ© de produire ces essaims, puisque naturellement, la colonie va essaimer au minimum une fois par an. C’est son moyen de reproduction. Autrement dit soit vous produisez vos essaims et renouvelez votre cheptel, soit l’essaim partira de toutes façons, et il sera perdu pour vous. Autre bonne raison, une colonie avec une reine trop ĂągĂ©e sera plus susceptible d’ĂȘtre improductive, ou de dĂ©velopper des maladies. Il est donc nĂ©cessaire de renouveler les reines, la formation d’essaims est un moyen simple de le faire. On peut compter sur un remĂ©rage autonome de la colonie, mais cela ne fonctionne pas toujours et c’est donc risquĂ©. Quelques indices vont vous permettre de choisir les ruches sur lesquelles vous pourrez prĂ©lever vos essaims. Le couvain est beau, il couvre au moins six cadres La ruche est trĂšs populeuse, la place commence Ă  manquer Les abeilles font la barbe sur le devant de la ruche Si la colonie produit des cellules royales, il est urgent de prĂ©lever un essaim, sans quoi il va partir trĂšs rapidement. Plusieurs techniques existent. Sans en faire la liste exhaustive, en voici quelques unes. MĂ©thode classique La mĂ©thode classique est de prĂ©lever deux cadres de couvain, en faisant bien attention Ă  ne pas prĂ©lever la reine. Sur vos deux cadres de couvain, un peut ĂȘtre operculĂ©, mais le plus important est d’y mettre un cadre de couvain jeune, avec des Ɠufs et de jeunes larves de moins de trois jours. C’est Ă  partir de ces larves que les abeilles vont Ă©lever la nouvelle reine. AprĂšs avoir disposĂ© vos cadres de couvain dans votre ruche ou ruchette, ajoutez un ou deux cadres de nourriture miel et pollen. Vous pouvez vous en passer et choisir de nourrir artificiellement au sirop, mais ce nourrissement sera Ă©videmment moins naturel. Il vous faudra aussi un paquet d’abeilles, au minimum l’équivalent des deux cadres couverts d’abeilles. Ce sont ces nourrices qui vont Ă©lever votre couvain et votre reine, elles ne doivent pas manquer. Dans la ruche sur laquelle on a prĂ©levĂ© les cadres, on regroupera les cadres de couvain au centre, et de chaque cĂŽtĂ© de ce couvain, on mettra des cadres de cire gaufrĂ©e, puis en rive la nourriture. Si la ruche est vraiment trĂšs active, on pourra se permettre d’insĂ©rer au milieu du couvain un cadre de cire gaufrĂ©e. MĂ©thode "naturelle" Elle consiste Ă  laisser les abeilles produire des cellules royales avant de prĂ©lever l’essaim. On prĂ©lĂšvera comme classiquement deux cadres, Ă  la diffĂ©rence qu’on choisira un cadre sur lequel des cellules royales sont prĂ©sentes parmi ces cadres. A l’inverse, on dĂ©truira les cellules royales restante dans la ruche sur laquelle on a prĂ©levĂ© les cadres. Le gros avantage est que l’essaim sera plus rapidement productif, puisque la reine naitra plus vite. En revanche l’inconvĂ©nient principal est qu’il faut ĂȘtre trĂšs attentif, ne pas laisser les reines naitre dans la ruche, et intervenir vite. Cela nĂ©cessite des visites trĂšs rĂ©guliĂšres, et donc n’est possible que si l’on a peu de ruchers Ă  visiter. MĂ©thode rapide VoilĂ  la mĂ©thode la plus rapide que je connaisse. On prend des cadres pleins d’abeilles issus de la ruche mĂšre, que l’on va distribuer dans plusieurs ruchettes. Ces cadres devront comporter couvain operculĂ© et surtout oeufs de moins de trois jours, pour assurer un Ă©levage de reine. On fait une marque similaire sur nos ruches et ruchettes, afin de savoir d’oĂč sont issus les essaims. On ne cherche pas la reine. On dĂ©place simplement nos essaims produits Ă  plus de 3 km. 48h plus tard, on vĂ©rifiera quelle colonie a de la ponte, on saura alors oĂč est la reine. Si on doit introduire des reines, on pourra le faire Ă  cette occasion. MĂ©thode "facile" Avec cette mĂ©thode, on ne cherche pas la reine, ce qui est un gain de temps non nĂ©gligeable. On prĂ©lĂšve deux cadres de couvain comme avec les mĂ©thodes prĂ©cĂ©dentes, mais on ne prĂ©lĂšve pas d’abeilles. Rappelez vous qu’il vous faudra soit du jeune couvain, soit des cellules royales. Ces cadres seront placĂ©s sans abeilles dans un corps de ruche sans plancher. On placera sur la ruche dans laquelle on a prĂ©levĂ© une grille Ă  reines. Sur cette grille Ă  reine, on placera le corps dans lequel on a mit nos cadres afin de constituer l’essaim, de maniĂšre Ă  ce que les deux corps communiquent. On referme ensuite notre double ruche », et on la laisse ainsi jusqu’au lendemain. La nuit, les abeilles vont naturellement venir rĂ©chauffer le couvain dans notre seconde ruche, la grille Ă  reine empĂȘchant la reine de monter dans ce corps. Le lendemain, on rĂ©cupĂšre notre ruche peuplĂ©e, on lui ajoute un plancher et un toit, et notre essaim est constituĂ©. L’inconvĂ©nient de cette mĂ©thode est qu’elle nĂ©cessite deux passage sur le rucher, en revanche le gain de temps Ă  la constitution des essaims est consĂ©quent. Si vos ruchers ne sont pas trop Ă©loignĂ©s elle est trĂšs intĂ©ressante. Que faire des essaims? Les essaims produits doivent ĂȘtre sĂ©parĂ©s de la ruche mĂšre, sans quoi les abeilles reviendront vers cette derniĂšre. Deux mĂ©thodes existent. La premiĂšre est de placer ces nouveaux essaims dans un rucher Ă©loignĂ© de plus trois kilomĂštres du rucher d’oĂč il provient. En effet les abeilles savent se repĂ©rer et retrouver leur ruche d’origine sur ce rayon. En les Ă©loignant Ă  cette distance, elles seront perdues et adopteront le nouvel emplacement. La seconde mĂ©thode est de le mettre en cave, dans un lieu frais, ruche fermĂ©e, durant 48 heures. On dit qu’on formate » la ruche. AprĂšs 48 heures enfermĂ©es, on peut replacer la ruche dans le rucher d’origine. Attention Ă  la dĂ©rive, dans tous les cas. Placer une ruche orpheline Ă  cĂŽtĂ© de ruches avec reine peu favoriser la dĂ©rive des premiĂšres vers les secondes. Elles sont attirĂ©es par les phĂ©romones des reines. On veillera donc Ă  les mettre Ă  distance, voir mieux, Ă  avoir un rucher dĂ©diĂ© Ă  la fĂ©condation. Combien peut-on produire d'essaims? Autant que possible parait une bonne rĂ©ponse. Vous ne connaissez pas par avance vos pertes hivernales, et mieux vaut avoir trop de cheptel, quitte Ă  Ă©liminer les non valeurs par la suite, ou vendre des essaims qui seront de trop. Vous pourrez facilement produire un essaim par ruche, sachant que toutes les fĂ©condations ne seront pas rĂ©alisĂ©es correctement. Vous pouvez espĂ©rer en obtenir la moitiĂ© de bonnes, donc reproduire 50% de votre cheptel. En ayant recours au nourrissement des essaims rĂ©guliĂšrement, et en rĂ©duisant Ă  deux le nombre de cadres de couvain de vos essaims, vous pourrez en produire beaucoup plus, reste Ă  voir la qualitĂ© de vos essaims. Certains apiculteurs arrivent Ă  produire quatre Ă  six essaims avec une ruche.
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aucas ou un essaim est capturĂ©, au bout de combien de temps Ă  votre avis faut-il le transfĂ©rer dans une ruche ou une ruchette en bois plus Ă©pais, pour qu’il y passe l’hiver? don un grand merci et bonne continuation pour votre
Balzac Louis Lambert DEDICACE Et nunc et semper dilectae dicatum. Louis Lambert naquit, en 1797, à Montoire, petite ville du VendÎmois, oÃÂč son pÚre exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui son successeur ; mais les dispositions qu'il manifesta prématurément pour l'étude modifiÚrent l'arrÃÂȘt paternel. D'ailleurs le tanneur et sa femme chérissaient Louis comme on chérit un fils unique et ne le contrariaient en rien. L'Ancien et le Nouveau Testament étaient tombés entre les mains de Louis à l'ùge de cinq ans ; et ce livre, oÃÂč sont contenus tant de livres, avait décidé de sa destinée. Cette enfantine imagination comprit-elle déjà la mystérieuse profondeur des Ecritures, pouvait-elle déjà suivre l'Esprit-Saint dans son vol à travers les mondes, s'éprit-elle seulement des romanesques attraits qui abondent en ces poÚmes tout orientaux ; ou, dans sa premiÚre innocence, cette ùme sympathisa-t-elle avec le sublime religieux que des mains divines ont épanché dans ce livre ! Pour quelques lecteurs, notre récit résoudra ces questions. Un fait résulta de cette premiÚre lecture de la Bible Louis allait par tout Montoire, y quÃÂȘtant des livres qu'il obtenait à la faveur de ces séductions dont le secret n'appartient qu'aux enfants, et auxquelles personne ne sait résister. En se livrant à ces études, dont le cours n'était dirigé par personne, il atteignit sa dixiÚme année. A cette époque, les remplaçants étaient rares ; déjà plusieurs familles riches les retenaient d'avance pour n'en pas manquer au moment du tirage. Le peu de fortune des pauvres tanneurs ne leur permettant pas d'acheter un homme à leur fils, ils trouvÚrent dans l'état ecclésiastique le seul moyen que leur laissùt la loi de le sauver de la conscription, et ils l'envoyÚrent, en 1807, chez son oncle maternel, curé de Mer, autre petite ville située sur la Loire, prÚs de Blois. Ce parti satisfaisait tout à la fois la passion de Louis pour la science et le désir qu'avaient ses parents de ne point l'exposer aux hasards de la guerre. Ses goûts studieux et sa précoce intelligence donnaient d'ailleurs l'espoir de lui voir faire une grande fortune dans l'Eglise. AprÚs ÃÂȘtre resté pendant environ trois ans chez son oncle, vieil oratorien assez instruit, Louis en sortit au commencement de 1811 pour entrer au collÚge de VendÎme, oÃÂč il fut mis et entretenu aux frais de madame de StaÃl. Lambert dut la protection de cette femme célÚbre au hasard ou sans doute à la Providence qui sait toujours aplanir les voies au génie délaissé. Mais pour nous, de qui les regards s'arrÃÂȘtent à la superficie des choses humaines, ces vicissitudes, dont tant d'exemples nous sont offerts dans la vie des grands hommes, ne semblent ÃÂȘtre que le résultat d'un phénomÚne tout physique ; et, pour la plupart des biographes, la tÃÂȘte d'un homme de génie tranche sur une masse de figures enfantines comme une belle plante qui par son éclat attire dans les champs les yeux du botaniste. Cette comparaison pourrait s'appliquer à l'aventure de Louis Lambert il venait ordinairement passer dans la maison paternelle le temps que son oncle lui accordait pour ses vacances ; mais au lieu de s'y livrer, selon l'habitude des écoliers, aux douceurs de ce bon farniente qui nous affriole à tout ùge, il emportait dÚs le matin du pain et des livres ; puis il allait lire et méditer au fond des bois pour se dérober aux remontrances de sa mÚre, à laquelle de si constantes études paraissaient dangereuses. Admirable instinct de mÚre ! DÚs ce temps, la lecture était devenue chez Louis une espÚce de faim que rien ne pouvait assouvir il dévorait des livres de tout genre, et se repaissait indistinctement d'oeuvres religieuses, d'histoire, de philosophie et de physique. Il m'a dit avoir éprouvé d'incroyables délices en lisant des dictionnaires, à défaut d'autres ouvrages, et je l'ai cru volontiers. Quel écolier n'a maintes fois trouvé du plaisir à chercher le sens probable d'un substantif inconnu ? L'analyse d'un mot, sa physionomie, son histoire étaient pour Lambert l'occasion d'une longue rÃÂȘverie. Mais ce n'était pas la rÃÂȘverie instinctive par laquelle un enfant s'habitue aux phénomÚnes de la vie, s'enhardit aux perceptions ou morales ou physiques ; culture involontaire, qui plus tard porte ses fruits et dans l'entendement et dans le caractÚre ; non, Louis embrassait les faits, il les expliquait aprÚs en avoir recherché tout à la fois le principe et la fin avec une perspicacité de sauvage. Aussi, par un de ces jeux effrayants auxquels se plaÃt parfois la Nature, et qui prouvait l'anomalie de son existence, pouvait-il dÚs l'ùge de quatorze ans émettre facilement des idées dont la profondeur ne m'a été révélée que longtemps aprÚs. - Souvent, me dit-il, en parlant de ses lectures, j'ai accompli de délicieux voyages, embarqué sur un mot dans les abÃmes du passé, comme l'insecte qui flotte au gré d'un fleuve sur quelque brin d'herbe. Parti de la GrÚce, j'arrivais à Rome et traversais l'étendue des ùges modernes. Quel beau livre ne composerait-on pas en racontant la vie et les aventures d'un mot ? sans doute il a reçu diverses impressions des événements auxquels il a servi ; selon les lieux il a réveillé des idées différentes ; mais n'est-il pas plus grand encore à considérer sous le triple aspect de l'ùme, du corps et du mouvement ? A le regarder, abstraction faite de ses fonctions, de ses effets et de ses actes, n'y a-t-il pas de quoi tomber dans un océan de réflexions ? La plupart des mots ne sont-ils pas teints de l'idée qu'ils représentent extérieurement ? à quel génie sont-ils dus ! S'il faut une grande intelligence pour créer un mot, quel ùge a donc la parole humaine ? L'assemblage des lettres, leurs formes, la figure qu'elles donnent à un mot, dessinent exactement, suivant le caractÚre de chaque peuple, des ÃÂȘtres inconnus dont le souvenir est en nous. Qui nous expliquera philosophiquement la transition de la sensation à la pensée, de la pensée au verbe, du verbe à son expression hiéroglyphique, des hiéroglyphes à l'alphabet, de l'alphabet à l'éloquence écrite, dont la beauté réside dans une suite d'images classées par les rhéteurs, et qui sont comme les hiéroglyphes de la pensée ? L'antique peinture des idées humaines configurées par les formes zoologiques n'aurait-elle pas déterminé les premiers signes dont s'est servi l'Orient pour écrire ses langages ? Puis n'aurait-elle pas traditionnellement laissé quelques vestiges dans nos langues modernes, qui toutes se sont partagé les débris du verbe primitif des nations, verbe majestueux et solennel, dont la majesté, dont la solennité décroissent à mesure que vieillissent les sociétés ; dont les retentissements si sonores dans la Bible hébraïque, si beaux encore dans la GrÚce, s'affaiblissent à travers les progrÚs de nos civilisations successives ? Est-ce à cet ancien Esprit que nous devons les mystÚres enfouis dans toute parole humaine ? N'existe-t-il pas dans le mot VRAI une sorte de rectitude fantastique ? ne se trouve-t-il pas dans le son bref qu'il exige une vague image de la chaste nudité, de la simplicité du vrai en toute chose ? Cette syllabe respire je ne sais quelle fraÃcheur. J'ai pris pour exemple la formule d'une idée abstraite, ne voulant pas expliquer le problÚme par un mot qui le rendÃt trop facile à comprendre, comme celui de VOL, oÃÂč tout parle aux sens. N'en est-il pas ainsi de chaque verbe ? tous sont empreints d'un vivant pouvoir qu'ils tiennent de l'ùme, et qu'ils lui restituent par les mystÚres d'une action et d'une réaction merveilleuse entre la parole et la pensée. Ne dirait-on pas d'un amant qui puise sur les lÚvres de sa maÃtresse autant d'amour qu'il en communique ? Par leur seule physionomie, les mots raniment dans notre cerveau les créatures auxquelles ils servent de vÃÂȘtement. Semblables à tous les ÃÂȘtres, ils n'ont qu'une place oÃÂč leurs propriétés puissent pleinement agir et se développer. Mais ce sujet comporte peut-ÃÂȘtre une science tout entiÚre ! Et il haussait les épaules comme pour me dire Nous sommes et trop grands et trop petits ! La passion de Louis pour la lecture avait été d'ailleurs fort bien servie. Le curé de Mer possédait environ deux à trois mille volumes. Ce trésor provenait des pillages faits pendant la révolution dans les abbayes et les chùteaux voisins. En sa qualité de prÃÂȘtre assermenté, le bonhomme avait pu choisir les meilleurs ouvrages parmi les collections précieuses qui furent alors vendues au poids. En trois ans, Louis Lambert s'était assimilé la substance des livres qui, dans la bibliothÚque de son oncle, méritaient d'ÃÂȘtre lus. L'absorption des idées par la lecture était devenue chez lui un phénomÚne curieux ; son oeil embrassait sept à huit lignes d'un coup, et son esprit en appréciait le sens avec une vélocité pareille à celle de son regard ; souvent mÃÂȘme un mot dans la phrase suffisait pour lui en faire saisir le suc. Sa mémoire était prodigieuse. Il se souvenait avec une mÃÂȘme fidélité des pensées acquises par la lecture et de celles que la réflexion ou la conversation lui avaient suggérées. Enfin il possédait toutes les mémoires celles des lieux, des noms, des mois, des choses et des figures. Non-seulement il se rappelait les objets à volonté ; mais encore il les revoyait en lui-mÃÂȘme situés, éclairés, colorés comme ils l'étaient au moment oÃÂč il les avait aperçus. Cette puissance s'appliquait également aux actes les plus insaisissables de l'entendement. Il se souvenait, suivant son expression, non-seulement du gisement des pensées dans le livre oÃÂč il les avait prises, mais encore des dispositions de son ùme à des époques éloignées. Par un privilége inouï, sa mémoire pouvait donc lui retracer les progrÚs et la vie entiÚre de son esprit, depuis l'idée la plus anciennement acquise jusqu'à la derniÚre éclose, depuis la plus confuse jusqu'à la plus lucide. Son cerveau, habitué jeune encore au difficile mécanisme de la concentration des forces humaines, tirait de ce riche dépÎt une foule d'images admirables de réalité, de fraÃcheur, desquelles il se nourrissait pendant la durée de ses limpides contemplations. - Quand je le veux, me disait-il dans son langage auquel les trésors du souvenir communiquaient une hùtive originalité, je tire un voile sur mes yeux. Soudain je rentre en moi-mÃÂȘme, et j'y trouve une chambre noire oÃÂč les accidents de la nature viennent se reproduire sous une forme plus pure que la forme sous laquelle ils sont d'abord apparus à mes sens extérieurs. A l'ùge de douze ans, son imagination, stimulée par le perpétuel exercice de ses facultés, s'était développée au point de lui permettre d'avoir des notions si exactes sur les choses qu'il percevait par la lecture seulement, que l'image imprimée dans son ùme n'en eût pas été plus vive s'il les avait réellement vues ; soit qu'il procédùt par analogie, soit qu'il fût doué d'une espÚce de seconde vue par laquelle il embrassait la nature. - En lisant le récit de la bataille d'Austerlitz, me dit-il un jour, j'en ai vu tous les incidents. Les volées de canon, les cris des combattants retentissaient à mes oreilles et m'agitaient les entrailles ; je sentais la poudre, j'entendais le bruit des chevaux et la voix des hommes ; j'admirais la plaine oÃÂč se heurtaient des nations armées, comme si j'eusse été sur la hauteur du Santon. Ce spectacle me semblait effrayant comme une page de l'Apocalypse. Quand il employait ainsi toutes ses forces dans une lecture, il perdait en quelque sorte la conscience de sa vie physique, et n'existait plus que par le jeu tout-puissant de ses organes intérieurs dont la portée s'était démesurément étendue il laissait, suivant son expression, l'espace derriÚre lui. Mais je ne veux pas anticiper sur les phases intellectuelles de sa vie. Malgré moi déjà , je viens d'intervertir l'ordre dans lequel je dois dérouler l'histoire de cet homme qui transporta toute son action dans sa pensée, comme d'autres placent toute leur vie dans l'action. Un grand penchant l'entraÃnait vers les ouvrages mystiques. - Abyssus abyssum, me disait-il. Notre esprit est un abÃme qui se plaÃt dans les abÃmes. Enfants, hommes, vieillards, nous sommes toujours friands de mystÚres, sous quelque forme qu'ils se présentent. Cette prédilection lui fut fatale, s'il est permis toutefois de juger sa vie selon les lois ordinaires, et de toiser le bonheur d'autrui avec la mesure du nÎtre, ou d'aprÚs les préjugés sociaux. Ce goût pour les choses du ciel, autre locution qu'il employait souvent, ce mens divinior était dû peut-ÃÂȘtre à l'influence exercée sur son esprit par les premiers livres qu'il lut chez son oncle. Sainte ThérÚse et madame Guyon lui continuÚrent la Bible, eurent les prémices de son adulte intelligence, et l'habituÚrent à ces vives réactions de l'ùme dont l'extase est à la fois et le moyen et le résultat. Cette étude, ce goût élevÚrent son coeur, le purifiÚrent, l'ennoblirent, lui donnÚrent appétit de la nature divine, et peut-ÃÂȘtre leur sublime n'est-il que le besoin de dévouement qui distingue la femme, mais transporté dans les grandes choses. Grùce à ces premiÚres impressions, Louis resta pur au collÚge. Cette noble virginité de sens eut nécessairement pour effet d'enrichir la chaleur de son sang et d'agrandir les facultés de sa pensée. La baronne de StaÃl, bannie à quarante lieues de Paris, vint passer plusieurs mois de son exil dans une terre située prÚs de VendÎme. Un jour, en se promenant, elle rencontra sur la lisiÚre du parc l'enfant du tanneur presque en haillons, absorbé par un livre. Ce livre était une traduction du CIEL ET DE L'ENFER. A cette époque, MM. Saint-Martin, de Gence et quelques autres écrivains français, à moitié allemands, étaient presque les seules personnes qui, dans l'empire français, connussent le nom de Swedenborg. Etonnée, madame de StaÃl prit le livre avec cette brusquerie qu'elle affectait de mettre dans ses interrogations, ses regards et ses gestes ; puis, lançant un coup d'oeil à Lambert - Est-ce que tu comprends cela ? lui dit-elle. - Priez-vous Dieu ? demanda l'enfant. - Mais... oui. - Et le comprenez-vous ? La baronne resta muette pendant un moment ; puis elle s'assit auprÚs de Lambert, et se mit à causer avec lui. Malheureusement ma mémoire, quoique fort étendue, est loin d'ÃÂȘtre aussi fidÚle que l'était celle de mon camarade, et j'ai tout oublié de cette conversation, hormis les premiers mots. Cette rencontre était de nature à vivement frapper madame de StaÃl ; à son retour au chùteau, elle en parla peu, malgré le besoin d'expansion qui, chez elle, dégénérait en loquacité ; mais elle en parut fortement préoccupée. La seule personne encore vivante qui ait gardé le souvenir de cette aventure, et que j'ai questionnée afin de recueillir le peu de paroles alors échappées à madame de StaÃl, retrouva difficilement dans sa mémoire ce mot dit par la baronne, à propos de Lambert C'est un vrai voyant. Louis ne justifia point aux yeux des gens du monde les belles espérances qu'il avait inspirées à sa protectrice. La prédilection passagÚre qui se porta sur lui fut donc considérée comme un caprice de femme, comme une de ces fantaisies particuliÚres aux artistes. Madame de StaÃl voulut arracher Louis Lambert à l'Empereur et à l'Eglise, pour le rendre à la noble destinée qui, disait-elle, l'attendait ; car elle en faisait déjà quelque nouveau Moïse sauvé des eaux. Avant son départ, elle chargea l'un de ses amis, monsieur de Corbigny, alors préfet à Blois, de mettre en temps utile son Moïse au collÚge de VendÎme ; puis elle l'oublia probablement. Entré là vers l'ùge de quatorze ans, au commencement de 1811, Lambert dut en sortir à la fin de 1814, aprÚs avoir achevé sa philosophie. Je doute que, pendant ce temps, il ait jamais reçu le moindre souvenir de sa bienfaitrice, si toutefois ce fut un bienfait que de payer durant trois années la pension d'un enfant sans songer à son avenir, aprÚs l'avoir détourné d'une carriÚre oÃÂč peut-ÃÂȘtre eût-il trouvé le bonheur. Les circonstances de l'époque et le caractÚre de Louis Lambert peuvent largement absoudre madame de StaÃl et de son insouciance et de sa générosité. La personne choisie pour lui servir d'intermédiaire dans ses relations avec l'enfant quitta Blois au moment oÃÂč il sortait du collÚge. Les événements politiques qui survinrent alors justifiÚrent assez l'indifférence de ce personnage pour le protégé de la baronne. L'auteur de Corinne n'entendit plus parler de son petit Moïse. Cent louis donnés par elle à monsieur de Corbigny, qui, je crois, mourut lui-mÃÂȘme en 1812, n'étaient pas une somme assez importante pour réveiller les souvenirs de madame de StaÃl dont l'ùme exaltée rencontra sa pùture, et dont tous les intérÃÂȘts furent vivement mis en jeu pendant les péripéties des années 1814 et 1815. Louis Lambert se trouvait à cette époque et trop pauvre et trop fier pour rechercher sa bienfaitrice, qui voyageait à travers l'Europe. Néanmoins il vint à pied de Blois à Paris dans l'intention de la voir, et arriva malheureusement le jour oÃÂč la baronne mourut. Deux lettres écrites par Lambert étaient restées sans réponse. Le souvenir des bonnes intentions de madame de StaÃl pour Louis n'est donc demeuré que dans quelques jeunes mémoires, frappées comme le fut la mienne par le merveilleux de cette histoire. Il faut avoir été dans notre collÚge pour comprendre et l'effet que produisait ordinairement sur nos esprits l'annonce d'un nouveau, et l'impression particuliÚre que l'aventure de Lambert devait nous causer. Ici, quelques renseignements sur les lois primitives de notre Institution, jadis moitié militaire et moitié religieuse, deviennent nécessaires pour expliquer la nouvelle vie que Lambert allait y mener. Avant la révolution, l'Ordre des Oratoriens, voué, comme celui de Jésus, à l'éducation publique, et qui lui succéda dans quelques maisons, possédait plusieurs établissements provinciaux, dont les plus célÚbres étaient les collÚges de VendÎme, de Tournon, de La FlÚche, de Pont-le-Voy, de SorrÚze et de Juilly. Celui de VendÎme, aussi bien que les autres, élevait, je crois, un certain nombre de cadets destinés à servir dans l'armée. L'abolition des Corps enseignants, décrétée par la Convention, influa trÚs peu sur l'Institution de VendÎme. La premiÚre crise passée, le collÚge recouvra ses bùtiments ; quelques Oratoriens disséminés aux environs y revinrent, et le rétablirent en lui conservant son ancienne rÚgle, ses habitudes, ses usages et ses moeurs, qui lui prÃÂȘtaient une physionomie à laquelle je n'ai rien pu comparer dans aucun des lycées oÃÂč je suis allé aprÚs ma sortie de VendÎme. Situé au milieu de la ville, sur la petite riviÚre du Loir qui en baigne les bùtiments, le collÚge forme une vaste enceinte soigneusement close oÃÂč sont enfermés les établissements nécessaires à une Institution de ce genre une chapelle, un théùtre, une infirmerie, une boulangerie, des jardins, des cours d'eau. Ce collÚge, le plus célÚbre foyer d'instruction que possÚdent les provinces du centre, est alimenté par elles et par nos colonies. L'éloignement ne permet donc pas aux parents d'y venir souvent voir leurs enfants. La rÚgle interdisait d'ailleurs les vacances externes. Une fois entrés, les élÚves ne sortaient du collÚge qu'à la fin de leurs études. A l'exception des promenades faites extérieurement sous la conduite des PÚres, tout avait été calculé pour donner à cette maison les avantages de la discipline conventuelle. De mon temps, le Correcteur était encore un vivant souvenir, et la classique férule de cuir y jouait avec honneur son terrible rÎle. Les punitions jadis inventées par la Compagnie de Jésus, et qui avaient un caractÚre aussi effrayant pour le moral que pour le physique, étaient demeurées dans l'intégrité de l'ancien programme. Les lettres aux parents étaient obligatoires à certains jours, aussi bien que la confession. Ainsi nos péchés et nos sentiments se trouvaient en coupe réglée. Tout portait l'empreinte de l'uniforme monastique. Je me rappelle, entre autres vestiges de l'ancien Institut, l'inspection que nous subissions tous les dimanches nous étions en grande tenue, rangés comme des soldats, attendant les deux directeurs qui, suivis des fournisseurs et des maÃtres, nous examinaient sous les triples rapports du costume, de l'hygiÚne et du moral. Les deux ou trois cents élÚves que pouvait loger le collÚge étaient divisés, suivant l'ancienne coutume, en quatre sections, nommées les Minimes, les Petits, les Moyens et les Grands. La division des Minimes embrassait les classes désignées sous le nom de huitiÚme et septiÚme ; celle des Petits, la sixiÚme, la cinquiÚme et la quatriÚme ; celle des Moyens, la troisiÚme et la seconde ; enfin celle des Grands, la rhétorique, la philosophie, les mathématiques spéciales, la physique et la chimie. Chacun de ces collÚges particuliers possédait son bùtiment, ses classes et sa cour dans un grand terrain commun sur lequel les salles d'étude avaient leur sortie, et qui aboutissaient au réfectoire. Ce réfectoire, digne d'un ancien Ordre religieux, contenait tous les écoliers. Contrairement à la rÚgle des autres corps enseignants, nous pouvions y parler en mangeant, tolérance oratorienne qui nous permettait de faire des échanges de plats selon nos goûts. Ce commerce gastronomique est constamment resté l'un des plus vifs plaisirs de notre vie collégiale. Si quelque Moyen, placé en tÃÂȘte de sa table, préférait une portion de pois rouges à son dessert, car nous avions du dessert, la proposition suivante passait de bouche en bouche - Un dessert pour des pois ! jusqu'à ce qu'un gourmand l'eût accepté ; alors celui-ci d'envoyer sa portion de pois, qui allait de main en main jusqu'au demandeur dont le dessert arrivait par la mÃÂȘme voie. Jamais il n'y avait d'erreur. Si plusieurs demandes étaient semblables, chacune portait son numéro, et l'on disait Premiers pois pour premier dessert. Les tables étaient longues, notre trafic perpétuel y mettait tout en mouvement ; et nous parlions, nous mangions, nous agissions avec une vivacité sans exemple. Aussi le bavardage de trois cents jeunes gens, les allées et venues des domestiques occupés à changer les assiettes, à servir les plats, à donner le pain, l'inspection des directeurs faisaient-ils du réfectoire de VendÎme un spectacle unique en son genre, et qui étonnait toujours les visiteurs. Pour adoucir notre vie, privée de toute communication avec le dehors et sevrée des caresses de la famille, les PÚres nous permettaient encore d'avoir des pigeons et des jardins. Nos deux ou trois cents cabanes, un millier de pigeons nichés autour de notre mur d'enceinte et une trentaine de jardins formaient un coup d'oeil encore plus curieux que ne l'était celui de nos repas. Mais il serait trop fastidieux de raconter les particularités qui font du collÚge de VendÎme un établissement à part, et fertile en souvenirs pour ceux dont l'enfance s'y est écoulée. Qui de nous ne se rappelle encore avec délices, malgré les amertumes de la science, les bizarreries de cette vie claustrale ? C'était les friandises achetées en fraude durant nos promenades, la permission de jouer aux cartes et celle d'établir des représentations théùtrales pendant les vacances, maraude et libertés nécessitées par notre solitude ; puis encore notre musique militaire, dernier vestige des Cadets ; notre académie, notre chapelain, nos PÚres professeurs ; enfin, les jeux particuliers défendus ou permis la cavalerie de nos échasses, les longues glissoires faites en hiver, le tapage de nos galoches gauloises, et surtout le commerce introduit par la boutique établie dans l'intérieur de nos cours. Cette boutique était tenue par une espÚce de maÃtre Jacques auquel grands et petits pouvaient demander, suivant le prospectus boites, échasses, outils, pigeons cravatés, pattus, livres de messe article rarement vendu, canifs, papiers, plumes, crayons, encre de toutes les couleurs, balles, billes ; enfin le monde entier des fascinantes fantaisies de l'enfance, et qui comprenait tout, depuis la sauce des pigeons que nous avions à tuer jusqu'aux poteries oÃÂč nous conservions le riz de notre souper pour le déjeuner du lendemain. Qui de nous est assez malheureux pour avoir oublié ses battements de coeur à l'aspect de ce magasin périodiquement ouvert pendant les récréations du dimanche, et oÃÂč nous allions à tour de rÎle dépenser la somme qui nous était attribuée ; mais oÃÂč la modicité de la pension accordée par nos parents à nos menus plaisirs nous obligeait de faire un choix entre tous les objets qui exerçaient de si vives séductions sur nos ùmes ? La jeune épouse à laquelle, durant les premiers jours de miel, son mari remet douze fois dans l'année une bourse d'or, le joli budget de ses caprices, a-t-elle rÃÂȘvé jamais autant d'acquisitions diverses dont chacune absorbe la somme, que nous n'en avons médité la veille des premiers dimanches du mois ? Pour six francs, nous possédions, pendant une nuit, l'universalité des biens de l'inépuisable boutique ! et, durant la messe, nous ne chantions pas un répons qui ne brouillùt nos secrets calculs. Qui de nous peut se souvenir d'avoir eu quelques sous à dépenser le second dimanche ? Enfin qui n'a pas obéi par avance aux lois sociales en plaignant, en secourant, en méprisant les Pariahs que l'avarice oÃÂč le malheur paternel laissaient sans argent ? Quiconque voudra se représenter l'isolement de ce grand collÚge avec ses bùtiments monastiques, au milieu d'une petite ville, et les quatre parcs dans lesquels nous étions hiérarchiquement casés, aura certes une idée de l'intérÃÂȘt que devait nous offrir l'arrivée d'un nouveau , véritable passager survenu dans un navire. Jamais jeune duchesse présentée à la cour n'y fut aussi malicieusement critiquée que l'était le nouveau débarqué par tous les écoliers de sa Division. Ordinairement, pendant la récréation du soir, avant la priÚre, les flatteurs habitués à causer avec celui des deux PÚres chargés de nous garder une semaine chacun à leur tour, qui se trouvait alors en fonctions, entendaient les premiers ces paroles authentiques - " Vous aurez demain un Nouveau ! " Tout à coup ce cri - " Un Nouveau ! un Nouveau ! " retentissait dans les cours. Nous accourions tous pour nous grouper autour du Régent, qui bientÎt était rudement interrogé. - D'oÃÂč venait-il ? Comment se nommait-il ? En quelle classe serait-il ? etc. L'arrivée de Louis Lambert fut le texte d'un conte digne des Mille et une Nuits. J'étais alors en quatriÚme chez les Petits. Nous avions pour Régents deux hommes auxquels nous donnions par tradition le nom de PÚres, quoiqu'ils fussent séculiers. De mon temps, il n'existait plus à VendÎme que trois véritables Oratoriens auxquels ce titre appartÃnt légitimement ; en 1814, ils quittÚrent le collÚge, qui s'était insensiblement sécularisé, pour se réfugier auprÚs des autels dans quelques presbytÚres de campagne, à l'exemple du curé de Mer. Le pÚre Haugoult, le Régent de semaine, était assez bon homme, mais dépourvu de hautes connaissances, il manquait de ce tact si nécessaire pour discerner les différents caractÚres des enfants et leur mesurer les punitions suivant leurs forces respectives. Le pÚre Haugoult se mit donc à raconter fort complaisamment les singuliers événements qui allaient, le lendemain, nous valoir le plus extraordinaire des Nouveaux. AussitÎt les jeux cessÚrent. Tous les Petits arrivÚrent en silence pour écouter l'aventure de ce Louis Lambert, trouvé, comme un aérolithe, par madame de StaÃl au coin d'un bois. Monsieur Haugoult dut nous expliquer madame de StaÃl pendant cette soirée, elle me parut avoir dix pieds ; depuis j'ai vu le tableau de Corinne, oÃÂč Gérard l'a représentée et si grande et si belle ; hélas ! la femme idéale rÃÂȘvée par mon imagination la surpassait tellement, que la véritable madame de StaÃl a constamment perdu dans mon esprit, mÃÂȘme aprÚs la lecture du livre tout viril intitulé De l'Allemagne. Mais Lambert fut alors une bien autre merveille aprÚs l'avoir examiné, monsieur Mareschal, le directeur des études, avait hésité, disait le pÚre Haugoult, à le mettre chez les Grands. La faiblesse de Louis en latin l'avait fait rejeter en quatriÚme, mais il sauterait sans doute une classe chaque année ; par exception, il devait ÃÂȘtre de l'académie. Proh pudor ! nous allions avoir l'honneur de compter parmi les Petits un habit décoré du ruban rouge que portaient les académiciens de VendÎme. Aux académiciens étaient octroyés de brillants privilÚges ; ils dÃnaient souvent à la table du Directeur, et tenaient par an deux séances littéraires auxquelles nous assistions pour entendre leurs oeuvres. Un académicien était un petit grand homme. Si chaque VendÎmien veut ÃÂȘtre franc, il avouera que, plus tard, un véritable académicien de la véritable Académie française lui a paru bien moins étonnant que ne l'était l'enfant gigantesque illustré par la croix et par le prestigieux ruban rouge, insignes de notre académie. Il était bien difficile d'appartenir à ce corps glorieux avant d'ÃÂȘtre parvenu en seconde, car les académiciens devaient tenir tous les jeudis, pendant les vacances, des séances publiques, et nous lire des contes en vers ou en prose, des épÃtres, des traités, des tragédies, des comédies ; compositions interdites à l'intelligence des classes secondaires. J'ai longtemps gardé le souvenir d'un conte, intitulé l'Ane vert, qui, je crois, est l'oeuvre la plus saillante de cette académie inconnue. Un quatriÚme ÃÂȘtre de l'académie ! Parmi nous serait cet enfant de quatorze ans, déjà poÚte, aimé de madame de StaÃl, un futur génie, nous disait le pÚre Haugoult ; un sorcier, un gars capable de faire un thÚme ou une version pendant qu'on nous appellerait en classe, et d'apprendre ses leçons en les lisant une seule fois. Louis Lambert confondait toutes nos idées. Puis la curiosité du pÚre Haugoult, l'impatience qu'il témoignait de voir le Nouveau, attisaient encore nos imaginations enflammées. - S'il a des pigeons, il n'aura pas de cabane. Il n'y a plus de place. Tant pis ! disait l'un de nous qui, depuis, a été grand agriculteur. - AuprÚs de qui sera-t-il ? demandait un autre. - Oh ! que je voudrais ÃÂȘtre son faisant ! s'écriait un exalté. Dans notre langage collégial, ce mot ÃÂȘtre faisants constituait un idiotisme difficile à traduire. Il exprimait un partage fraternel des biens et des maux de notre vie enfantine, une promiscuité d'intérÃÂȘts fertile en brouilles et en raccommodements, un pacte d'alliance offensive et défensive. Chose bizarre ! jamais, de mon temps, je n'ai connu de frÚres qui fussent Faisants. Si l'homme ne vit que par les sentiments, peut-ÃÂȘtre croit-il appauvrir son existence en confondant une affection trouvée dans une affection naturelle. L'impression que les discours du pÚre Haugoult firent sur moi pendant cette soirée est une des plus vives de mon enfance, et je ne puis la comparer qu'à la lecture de Robinson Crusoé. Je dus mÃÂȘme plus tard au souvenir de ces sensations prodigieuses, une remarque peut-ÃÂȘtre neuve sur les différents effets que produisent les mois dans chaque entendement. Le verbe n'a rien d'absolu nous agissons plus sur le mot qu'il n'agit sur nous ; sa force est en raison des images que nous avons acquises et que nous y groupons ; mais l'étude de ce phénomÚne exige de larges développements, hors de propos ici. Ne pouvant dormir, j'eus une longue discussion avec mon voisin de dortoir sur l'ÃÂȘtre extraordinaire que nous devions avoir parmi nous le lendemain. Ce voisin, naguÚre officier, maintenant écrivain à hautes vues philosophiques, Barchou de PenhoÃn, n'a démenti ni sa prédestination, ni le hasard qui réunissait dans la mÃÂȘme classe, sur le mÃÂȘme banc et sous le mÃÂȘme toit, les deux seuls écoliers de VendÎme de qui VendÎme entende parler aujourd'hui. Le récent traducteur de Fichte, l'interprÚte et l'ami de Ballanche, était occupé déjà , comme je l'étais moi-mÃÂȘme, de questions métaphysiques ; il déraisonnait souvent avec moi sur Dieu, sur nous et sur la nature. Il avait alors des prétentions au pyrrhonisme. Jaloux de soutenir son rÎle, il nia les facultés de Lambert ; tandis qu'ayant nouvellement lu les Enfants célÚbres, je l'accablais de preuves en lui citant le petit Montcalm, Pic de La Mirandole, Pascal, enfin tous les cerveaux précoces ; anomalies célÚbres dans l'histoire de l'esprit humain, et les prédécesseurs de Lambert. J'étais alors moi-mÃÂȘme passionné pour la lecture. Grùce à l'envie que mon pÚre avait de me voir à l'Ecole Polytechnique, il payait pour moi des leçons particuliÚres de mathématiques. Mon répétiteur, bibliothécaire du collÚge, me laissait prendre des livres sans trop regarder ceux que j'emportais de la bibliothÚque, lieu tranquille oÃÂč, pendant les récréations, il me faisait venir pour me donner ses leçons. Je crois qu'il était ou peu habile ou fort occupé de quelque grave entreprise, car il me permettait trÚs volontiers de lire pendant le temps des répétitions, et travaillait je ne sais à quoi. Donc, en vertu d'un pacte tacitement convenu entre nous deux, je ne me plaignais point de ne rien apprendre, et lui se taisait sur mes emprunts de livres. EntraÃné par cette intempestive passion, je négligeais mes études pour composer des poÚmes qui devaient certes inspirer peu d'espérances, si j'en juge par ce trop long vers, devenu célÚbre parmi mes camarades, et qui commençait une épopée sur les Incas O Inca ! Î roi infortuné et malheureux ! Je fus surnommé le PoÚte en dérision de mes essais ; mais les moqueries ne me corrigÚrent pas. Je rimaillai toujours, malgré le sage conseil de monsieur Mareschal, notre directeur, qui tùcha de me guérir d'une manie malheureusement invétérée, en me racontant dans un apologue les malheurs d'une fauvette tombée de son nid pour avoir voulu voler avant que ses ailes ne fussent poussées. Je continuai mes lectures, je devins l'écolier le moins agissant, le plus paresseux, le plus contemplatif de la Division des Petits, et partant le plus souvent puni. Cette digression autobiographique doit faire comprendre la nature des réflexions par lesquelles je fus assailli à l'arrivée de Lambert. J'avais alors douze ans. J'éprouvai tout d'abord une vague sympathie pour un enfant avec qui j'avais quelques similitudes de tempérament. J'allais donc rencontrer un compagnon de rÃÂȘverie et de méditation. Sans savoir encore ce qu'était la gloire, je trouvais glorieux d'ÃÂȘtre le camarade d'un enfant dont l'immortalité était préconisée par madame de StaÃl. Louis Lambert me semblait un géant. Le lendemain si attendu vint enfin. Un moment avant le déjeuner, nous entendÃmes dans la cour silencieuse le double pas de monsieur Mareschal et du Nouveau. Toutes les tÃÂȘtes se tournÚrent aussitÎt vers la porte de la classe. Le pÚre Haugoult, qui partageait les tortures de notre curiosité, ne nous fit pas entendre le sifflement par lequel il imposait silence à nos murmures et nous rappelait au travail. Nous vÃmes alors ce fameux Nouveau, que monsieur Mareschal tenait par la main. Le Régent descendit de sa chaire, et le Directeur lui dit solennellement, suivant l'étiquette - Monsieur, je vous amÚne monsieur Louis Lambert, vous le mettrez avec les QuatriÚmes, il entrera demain en classe. Puis, aprÚs avoir causé à voix basse avec le Régent, il dit tout haut - OÃÂč allez-vous le placer ? Il eût été injuste de déranger l'un de nous pour le Nouveau ; et comme il n'y avait plus qu'un seul pupitre de libre, Louis Lambert vint l'occuper, prÚs de moi qui étais entré le dernier dans la classe. Malgré le temps que nous avions encore à rester en étude, nous nous levùmes tous pour examiner Lambert. Monsieur Mareschal entendit nos colloques, nous vit en insurrection, et dit avec cette bonté qui nous le rendait particuliÚrement cher - Au moins, soyez sages, ne dérangez pas les autres classes. Ces paroles nous mirent en récréation quelque temps avant l'heure du déjeuner, et nous vÃnmes tous environner Lambert pendant que monsieur Mareschal se promenait dans la cour avec le pÚre Haugoult. Nous étions environ quatre-vingts diables, hardis comme des oiseaux de proie. Quoique nous eussions tous passé par ce cruel noviciat, nous ne faisions jamais grùce à un Nouveau des rires moqueurs, des interrogations, des impertinences qui se succédaient en semblable occurrence, à la grande honte du néophyte de qui l'on essayait ainsi les moeurs, la force et le caractÚre. Lambert, ou calme ou abasourdi, ne répondit à aucune de nos questions. L'un de nous dit alors qu'il sortait sans doute de l'école de Pythagore. Un rire général éclata. Le Nouveau fut surnommé Pythagore pour toute sa vie de collÚge. Cependant le regard perçant de Lambert, le dédain peint sur sa figure pour nos enfantillages en désaccord avec la nature de son esprit, l'attitude aisée dans laquelle il restait, sa force apparente en harmonie avec son ùge, imprimÚrent un certain respect aux plus mauvais sujets d'entre nous. Quant à moi, j'étais prÚs de lui, occupé à l'examiner silencieusement. Louis était un enfant maigre et fluet, haut de quatre pieds et demi ; sa figure halée, ses mains brunies par le soleil paraissaient accuser une vigueur musculaire que néanmoins il n'avait pas à l'état normal. Aussi, deux mois aprÚs son entrée au collÚge, quand le séjour de la classe lui eut fait perdre sa coloration presque végétale, le vÃmes-nous devenir pùle et blanc comme une femme. Sa tÃÂȘte était d'une grosseur remarquable. Ses cheveux, d'un beau noir et bouclés par masses, prÃÂȘtaient une grùce indicible à son front, dont les dimensions avaient quelque chose d'extraordinaire, mÃÂȘme pour nous, insouciants, comme on peut le croire, des pronostics de la phrénologie, science alors au berceau. La beauté de son front prophétique provenait surtout de la coupe extrÃÂȘmement pure des deux arcades sous lesquelles brillait son oeil noir, qui semblaient taillées dans l'albùtre, et dont les lignes, par un attrait assez rare, se trouvaient d'un parallélisme parfait en se rejoignant à la naissance du nez. Mais il était difficile de songer à sa figure, d'ailleurs fort irréguliÚre, en voyant ses yeux, dont le regard possédait une magnifique variété d'expression et qui paraissaient doublés d'une ùme. TantÎt clair et pénétrant à étonner, tantÎt d'une douceur céleste, ce regard devenait terne, sans couleur pour ainsi dire, dans les moments oÃÂč il se livrait à ses contemplations. Son oeil ressemblait alors à une vitre d'oÃÂč le soleil se serait retiré soudain aprÚs l'avoir illuminée. Il en était de sa force et de son organe comme de son regard mÃÂȘme mobilité, mÃÂȘmes caprices. Sa voix se faisait douce comme une voix de femme qui laisse tomber un aveu ; puis elle était, parfois, pénible, incorrecte, raboteuse, s'il est permis d'employer ces mots pour peindre des effets nouveaux. Quant à sa force, habituellement il était incapable de supporter la fatigue des moindres jeux, et semblait ÃÂȘtre débile, presque infirme. Mais, pendant les premiers jours de son noviciat, un de nos matadors s'étant moqué de cette maladive délicatesse qui le rendait impropre aux violents exercices en vogue dans le collÚge, Lambert prit de ses deux mains et par le bout une de nos tables qui contenait douze grands pupitres encastrés sur deux rangs et en dos d'ùne, il s'appuya contre la chaire du Régent ; puis il retint la table par ses pieds en les plaçant sur la traverse d'en bas, et dit - Mettez-vous dix et essayez de la faire bouger ! J'étais là , je puis attester ce singulier témoignage de force il fut impossible de lui arracher la table. Lambert possédait le don d'appeler à lui, dans certains moments, des pouvoirs extraordinaires, et de rassembler ses forces sur un point donné pour les projeter. Mais les enfants habitués, aussi bien que les hommes, à juger de tout d'aprÚs leurs premiÚres impressions, n'étudiÚrent Louis que pendant les premiers jours de son arrivée ; il démentit alors entiÚrement les prédictions de madame de StaÃl, en ne réalisant aucun des prodiges que nous attendions de lui. AprÚs un trimestre d'épreuves, Louis passa pour un écolier trÚs ordinaire. Je fus donc seul admis à pénétrer dans cette ùme sublime, et pourquoi ne dirais-je pas divine ? qu'y a-t-il de plus prÚs de Dieu que le génie dans un coeur d'enfant ? La conformité de nos goûts et de nos pensées nous rendit amis et Faisants. Notre fraternité devint si grande que nos camarades accolÚrent nos deux noms ; l'un ne se prononçait pas sans l'autre ; et, pour appeler l'un de nous, ils criaient Le PoÚte-et-Pythagore ! D'autres noms offraient l'exemple d'un semblable mariage. Ainsi je demeurai pendant deux années l'ami de collÚge du pauvre Louis Lambert ; et ma vie se trouva, pendant cette époque, assez intimement unie à la sienne pour qu'il me soit possible aujourd'hui d'écrire son histoire intellectuelle. J'ai longtemps ignoré la poésie et les richesses cachées dans le coeur et sous le front de mon camarade il a fallu que j'arrivasse à trente ans, que mes observations se soient mûries et condensées, que le jet d'une vive lumiÚre les ait mÃÂȘme éclairées de nouveau pour que je comprisse la portée des phénomÚnes desquels je fus alors l'inhabile témoin ; j'en ai joui sans m'en expliquer ni la grandeur ni le mécanisme, j'en ai mÃÂȘme oublié quelques-uns et ne me souviens que des plus saillants ; mais aujourd'hui ma mémoire les a coordonnés, et je me suis initié aux secrets de cette tÃÂȘte féconde en me reportant aux jours délicieux de notre jeune amitié. Le temps seul me fit donc pénétrer le sens des événements et des faits qui abondent en cette vie inconnue, comme en celle de tant d'autres hommes perdus pour la science. Aussi cette histoire est-elle, dans l'expression et l'appréciation des choses, pleine d'anachronismes purement moraux qui ne nuiront peut-ÃÂȘtre point à son genre d'intérÃÂȘt. Pendant les premiers mois de son séjour à VendÎme, Louis devint la proie d'une maladie dont les symptÎmes furent imperceptibles à l'oeil de nos surveillants, et qui gÃÂȘna nécessairement l'exercice de ses hautes facultés. Accoutumé au grand air, à l'indépendance d'une éducation laissée au hasard, caressé par les tendres soins d'un vieillard qui le chérissait, habitué à penser sous le soleil, il lui fut bien difficile de se plier à la rÚgle du collÚge, de marcher dans le rang, de vivre entre les quatre murs d'une salle oÃÂč quatre-vingts jeunes gens étaient silencieux, assis sur un banc de bois, chacun devant son pupitre. Ses sens possédaient une perfection qui leur donnait une exquise délicatesse, et tout souffrit chez lui de cette vie en commun. Les exhalaisons par lesquelles l'air était corrompu, mÃÂȘlées à la senteur d'une classe toujours sale et encombrée des débris de nos déjeuners ou de nos goûters, affectÚrent son odorat ; ce sens qui, plus directement en rapport que les autres avec le systÚme cérébral, doit causer par ses altérations d'invisibles ébranlements aux organes de la pensée. Outre ces causes de corruption atmosphérique, il se trouvait dans nos salles d'étude des baraques oÃÂč chacun mettait son butin, les pigeons tués pour les jours de fÃÂȘte, ou les mets dérobés au réfectoire. Enfin, nos salles contenaient encore une pierre immense oÃÂč restaient en tout temps deux seaux pleins d'eau, espÚce d'abreuvoir oÃÂč nous allions chaque matin nous débarbouiller le visage et nous laver les mains à tour de rÎle en présence du maÃtre. De là , nous passions à une table oÃÂč des femmes nous peignaient et nous poudraient. Nettoyé une seule fois par jour, avant notre réveil, notre local demeurait toujours malpropre. Puis, malgré le nombre des fenÃÂȘtres et la hauteur de la porte, l'air y était incessamment vicié par les émanations du lavoir, par la peignerie, par la baraque, par les mille industries de chaque écolier, sans compter nos quatre-vingts corps entassés. Cette espÚce d' humus collégial, mÃÂȘlé sans cesse à la boue que nous rapportions des cours, formait un fumier d'une insupportable puanteur. La privation de l'air pur et parfumé des campagnes dans lequel il avait jusqu'alors vécu, le changement de ses habitudes, la discipline, tout contrista Lambert. La tÃÂȘte toujours appuyée sur sa main gauche et le bras accoudé sur son pupitre, il passait les heures d'étude à regarder dans la cour le feuillage des arbres ou les nuages du ciel ; il semblait étudier ses leçons ; mais voyant sa plume immobile ou sa page restée blanche, le Régent lui criait Vous ne faites rien, Lambert ! Ce Vous ne faites rien, était un coup d'épingle qui blessait Louis au coeur. Puis il ne connut pas le loisir des récréations, il eut des pensum à écrire. Le pensum, punition dont le genre varie selon les coutumes de chaque collÚge, consistait à VendÎme en un certain nombre de lignes copiées pendant les heures de récréation. Nous fûmes, Lambert et moi, si accablés de pensum, que nous n'avons pas eu six jours de liberté durant nos deux années d'amitié. Sans les livres que nous tirions de la bibliothÚque, et qui entretenaient la vie dans notre cerveau, ce systÚme d'existence nous eût menés à un abrutissement complet. Le défaut d'exercice est fatal aux enfants. L'habitude de la représentation, prise dÚs le jeune ùge, altÚre, dit-on, sensiblement la constitution des personnes royales quand elles ne corrigent pas les vices de leur destinée par les moeurs du champ de bataille ou par les travaux de la chasse. Si les lois de l'étiquette et des cours influent sur la moelle épiniÚre au point de féminiser le bassin des rois, d'amollir leurs fibres cérébrales et d'abùtardir ainsi la race, quelles lésions profondes, soit au physique, soit au moral, une privation continuelle d'air, de mouvement, de gaieté, ne doit-elle pas produire chez les écoliers ? Aussi le régime pénitentiaire observé dans les collÚges exigera-t-il l'attention des autorités de l'enseignement public lorsqu'il s'y rencontrera des penseurs qui ne penseront pas exclusivement à eux. Nous nous attirions le pensum de mille maniÚres. Notre mémoire était si belle que nous n'apprenions jamais nos leçons. Il nous suffisait d'entendre réciter à nos camarades les morceaux de français, de latin ou de grammaire, pour les répéter à notre tour ; mais si par malheur le maÃtre s'avisait d'intervertir les rangs et de nous interroger les premiers, souvent nous ignorions en quoi consistait la leçon le pensum arrivait alors malgré nos plus habiles excuses. Enfin, nous attendions toujours au dernier moment pour faire nos devoirs. Avions-nous un livre à finir, étions-nous plongés dans une rÃÂȘverie, le devoir était oublié nouvelle source de pensum ! Combien de fois nos versions ne furent-elles pas écrites pendant le temps que le premier, chargé de les recueillir en entrant en classe, mettait à demander à chacun la sienne ! Aux difficultés morales que Lambert éprouvait à s'acclimater dans le collÚge se joignit encore un apprentissage non moins rude et par lequel nous avions passé tous, celui des douleurs corporelles qui pour nous variaient à l'infini. Chez les enfants, la délicatesse de l'épiderme exige des soins minutieux, surtout en hiver, oÃÂč, constamment emportés par mille causes, ils quittent la glaciale atmosphÚre d'une cour boueuse pour la chaude température des classes. Aussi, faute des attentions maternelles qui manquaient aux Petits et aux Minimes, étaient-ils dévorés d'engelures et de crevasses si douloureuses, que ces maux nécessitaient pendant le déjeuner un pansement particulier, mais trÚs imparfait à cause du grand nombre de mains, de pieds, de talons endoloris. Beaucoup d'enfants étaient d'ailleurs obligés de préférer le mal au remÚde ne leur fallait-il pas souvent choisir entre leurs devoirs à terminer, les plaisirs de la glissoire, et le lever d'un appareil insouciamment mis, plus insouciamment gardé ? Puis les moeurs du collÚge avaient amené la mode de se moquer des pauvres chétifs qui allaient au pansement, et c'était à qui ferait sauter les guenilles que l'infirmiÚre leur avait mises aux mains. Donc, en hiver, plusieurs d'entre nous, les doigts et les pieds demi-morts, tout rongés de douleurs, étaient peu disposés à travailler parce qu'ils souffraient, et punis parce qu'ils ne travaillaient point. Trop souvent la dupe de nos maladies postiches, le PÚre ne tenait aucun compte des maux réels. Moyennant le prix de la pension, les élÚves étaient entretenus aux frais du collÚge. L'administration avait coutume de passer un marché pour la chaussure et l'habillement ; de là cette inspection hebdomadaire de laquelle j'ai déjà parlé. Excellent pour l'administrateur, ce mode a toujours de tristes résultats pour l'administré. Malheur au Petit qui contractait la mauvaise habitude d'éculer, de déchirer ses souliers, ou d'user prématurément leurs semelles, soit par un vice de marche, soit en les déchiquetant pendant les heures d'étude pour obéir au besoin d'action qu'éprouvent les enfants. Durant tout l'hiver celui-là n'allait pas en promenade sans de vives souffrances d'abord la douleur de ses engelures se réveillait atroce autant qu'un accÚs de goutte ; puis les agrafes et les ficelles destinées à retenir le soulier partaient, ou les talons éculés empÃÂȘchaient la maudite chaussure d'adhérer aux pieds de l'enfant ; il était alors forcé de la traÃner péniblement en des chemins glacés oÃÂč parfois il lui fallait la disputer aux terres argileuses du VendÎmois ; enfin l'eau, la neige y entraient souvent par une décousure inaperçue, par un béquet mal mis, et le pied de se gonfler. Sur soixante enfants, il ne s'en rencontrait pas dix qui cheminassent sans quelque torture particuliÚre ; néanmoins tous suivaient le gros de la troupe, entraÃnés par la marche, comme les hommes sont poussés dans la vie par la vie. Combien de fois un généreux enfant ne pleura-t-il pas de rage, tout en trouvant un reste d'énergie pour aller en avant ou pour revenir au bercail malgré ses peines ; tant à cet ùge l'ùme encore neuve redoute et le rire et la compassion, deux genres de moquerie. Au collÚge, ainsi que dans la société, le fort méprise déjà le faible, sans savoir en quoi consiste la véritable force. Ce n'était rien encore. Point de gants aux mains. Si par hasard les parents, l'infirmiÚre ou le directeur en faisaient donner aux plus délicats d'entre nous, les loustics ou les grands de la classe mettaient les gants sur le poÃÂȘle, s'amusaient à les dessécher, à les gripper ; puis, si les gants échappaient aux fureteurs, ils se mouillaient, se recroquevillaient faute de soin. Il n'y avait pas de gants possibles. Les gants paraissaient ÃÂȘtre un privilÚge, et les enfants veulent se voir égaux. Ces différents genres de douleur assaillirent Louis Lambert. Semblable aux hommes méditatifs qui, dans le calme de leurs rÃÂȘveries, contractent l'habitude de quelque mouvement machinal, il avait la manie de jouer avec ses souliers et les détruisait en peu de temps. Son teint de femme, la peau de ses oreilles, ses lÚvres se gerçaient au moindre froid. Ses mains si molles, si blanches, devenaient rouges et turgides. Il s'enrhumait constamment. Louis fut donc enveloppé de souffrances jusqu'à ce qu'il eût accoutumé sa vie aux moeurs vendÎmoises. Instruit à la longue par la cruelle expérience des maux, force lui fut de songer à ses affaires, pour me servir d'une expression collégiale. Il lui fallut prendre soin de sa baraque, de son pupitre, de ses habits, de ses souliers ; ne se laisser voler ni son encre, ni ses livres, ni ses cahiers, ni ses plumes ; enfin, penser à ces mille détails de notre existence enfantine, dont s'occupaient avec tant de rectitude ces esprits égoïstes et médiocres auxquels appartiennent infailliblement les prix d'excellence ou de bonne conduite ; mais que négligeait un enfant plein d'avenir, qui, sous le joug d'une imagination presque divine, s'abandonnait avec amour au torrent de ses pensées. Ce n'est pas tout. Il existe une lutte continuelle entre les maÃtres et les écoliers, lutte sans trÃÂȘve, à laquelle rien n'est comparable dans la société, si ce n'est le combat de l'Opposition contre le MinistÚre dans un gouvernement représentatif. Mais les journalistes et les orateurs de l'Opposition sont peut-ÃÂȘtre moins prompts à profiter d'un avantage, moins durs à reprocher un tort, moins ùpres dans leurs moqueries, que ne le sont les enfants envers les gens chargés de les régenter. A ce métier, la patience échapperait à des anges. Il n'en faut donc pas trop vouloir à un pauvre préfet d'études, peu payé, partant peu sagace, d'ÃÂȘtre parfois injuste ou de s'emporter. Sans cesse épié par une multitude de regards moqueurs, environné de piéges, il se venge quelquefois des torts qu'il se donne, sur des enfants trop prompts à les apercevoir. Excepté les grandes malices pour lesquelles il existait d'autres chùtiments, la férule était, à VendÎme, l' ultima ratio Patrum. Aux devoirs oubliés, aux leçons mal sues, aux incartades vulgaires, le pensum suffisait ; mais l'amour-propre offensé parlait chez le maÃtre par sa férule. Parmi les souffrances physiques auxquelles nous étions soumis, la plus vive était certes celle que nous causait cette palette de cuir, épaisse d'environ deux doigts, appliquée sur nos faibles mains de toute la force, de toute la colÚre du Régent. Pour recevoir cette correction classique, le coupable se mettait à genoux au milieu de la salle. Il fallait se lever de son banc, aller s'agenouiller prÚs de la chaire, et subir les regards curieux, souvent moqueurs de nos camarades. Aux ùmes tendres, ces préparatifs étaient donc un double supplice, semblable au trajet du Palais à la GrÚve que faisait jadis un condamné vers son échafaud. Selon les caractÚres, les uns criaient en pleurant à chaudes larmes, avant ou aprÚs la férule ; les autres en acceptaient la douleur d'un air stoïque ; mais, en l'attendant, les plus forts pouvaient à peine réprimer la convulsion de leur visage. Louis Lambert fut accablé de férules, et les dut à l'exercice d'une faculté de sa nature dont l'existence lui fut pendant longtemps inconnue. Lorsqu'il était violemment tiré d'une méditation par le - Vous ne faites rien ! du Régent, il lui arriva souvent, à son insu d'abord, de lancer à cet homme un regard empreint de je ne sais quel mépris sauvage, chargé de pensée comme une bouteille de Leyde est chargée d'électricité. Cette oeillade causait sans doute une commotion au maÃtre, qui, blessé par cette silencieuse épigramme, voulut désapprendre à l'écolier ce regard fulgurant. La premiÚre fois que le PÚre se formalisa de ce dédaigneux rayonnement qui l'atteignit comme un éclair, il dit cette phrase que je me suis rappelée - Si vous me regardez encore ainsi, Lambert, vous allez recevoir une férule ! A ces mots, tous les nez furent en l'air, tous les yeux épiÚrent alternativement et le maÃtre et Louis. L'apostrophe était si sotte que l'enfant accabla le PÚre d'un coup d'oeil rutilant. De là vint entre le Régent et Lambert une querelle qui se vida par une certaine quantité de férules. Ainsi lui fut révélé le pouvoir oppresseur de son oeil. Ce pauvre poÚte si nerveusement constitué, souvent vaporeux autant qu'une femme, dominé par une mélancolie chronique, tout malade de son génie comme une jeune fille l'est de cet amour qu'elle appelle et qu'elle ignore ; cet enfant si fort et si faible, déplanté par Corinne de ses belles campagnes pour entrer dans le moule d'un collÚge auquel chaque intelligence, chaque corps doit, malgré sa portée, malgré son tempérament, s'adapter à la rÚgle et à l'uniforme comme l'or s'arrondit en piÚces sous le coup du balancier ; Louis Lambert souffrit donc par tous les points oÃÂč la douleur a prise sur l'ùme et sur la chair. Attaché sur un banc à la glÚbe de son pupitre, frappé par la férule, frappé par la maladie, affecté dans tous ses sens, pressé par une ceinture de maux, tout le contraignit d'abandonner son enveloppe aux mille tyrannies du collÚge. Semblable aux martyrs qui souriaient au milieu des supplices, il se réfugia dans les cieux que lui entrouvrait sa pensée. Peut-ÃÂȘtre cette vie tout intérieure aida-t-elle à lui faire entrevoir les mystÚres auxquels il eut tant de foi ! Notre indépendance, nos occupations illicites, notre fainéantise apparente, l'engourdissement dans lequel nous restions, nos punitions constantes, notre répugnance pour nos devoirs et nos pensum, nous valurent la réputation incontestée d'ÃÂȘtre des enfants lùches et incorrigibles. Nos maÃtres nous méprisÚrent, et nous tombùmes également dans le plus affreux discrédit auprÚs de nos camarades à qui nous cachions nos études de contrebande, par crainte de leurs moqueries. Cette double mésestime, injuste chez les PÚres, était un sentiment naturel chez nos condisciples. Nous ne savions ni jouer à la balle, ni courir, ni monter sur les échasses. Aux jours d'amnistie, ou quand par hasard nous obtenions un instant de liberté, nous ne partagions aucun des plaisirs à la mode dans le collÚge. Etrangers aux jouissances de nos camarades, nous restions seuls, mélancoliquement assis sous quelque arbre de la cour. Le PoÚte-et-Pythagore furent donc une exception, une vie en dehors de la vie commune. L'instinct si pénétrant, l'amour-propre si délicat des écoliers leur fit pressentir en nous des esprits situés plus haut ou plus bas que ne l'étaient les leurs. De là , chez les uns, haine de notre muette aristocratie ; chez les autres, mépris de notre inutilité. Ces sentiments étaient entre nous à notre insu, peut-ÃÂȘtre ne les ai-je devinés qu'aujourd'hui. Nous vivions donc exactement comme deux rats tapis dans le coin de la salle oÃÂč étaient nos pupitres, également retenus là durant les heures d'étude et pendant celles des récréations. Cette situation excentrique dut nous mettre et nous mit en état de guerre avec les enfants de notre Division. Presque toujours oubliés, nous demeurions là tranquilles, heureux à demi, semblables à deux végétations, à deux ornements qui eussent manqué à l'harmonie de la salle. Mais parfois les plus taquins de nos camarades nous insultaient pour manifester abusivement leur force, et nous répondions par un mépris qui souvent fit rouer de coups le PoÚte-et-Pythagore. La nostalgie de Lambert dura plusieurs mois. Je ne sais rien qui puisse peindre la mélancolie à laquelle il fut en proie. Louis m'a gùté bien des chefs-d'oeuvre. Ayant joué tous les deux le rÎle du LEPREUX DE LA VALLEE D'AOSTE, nous avions éprouvé les sentiments exprimés dans le livre de monsieur de Maistre, avant de les lire traduits par cette éloquente plume. Or, un ouvrage peut retracer les souvenirs de l'enfance, mais il ne luttera jamais contre eux avec avantage. Les soupirs de Lambert m'ont appris des hymnes de tristesse bien plus pénétrants que ne le sont les plus belles pages de WERTHER. Mais aussi, peut-ÃÂȘtre n'est-il pas de comparaison entre les souffrances que cause une passion réprouvée à tort ou à raison par nos lois, et les douleurs d'un pauvre enfant aspirant aprÚs la splendeur du soleil, la rosée des vallons et la liberté. Werther est l'esclave d'un désir, Louis Lambert était toute une ùme esclave. A talent égal, le sentiment le plus touchant ou fondé sur les désirs les plus vrais, parce qu'ils sont les plus purs, doit surpasser les lamentations du génie. AprÚs ÃÂȘtre resté longtemps à contempler le feuillage d'un des tilleuls de la cour, Louis ne me disait qu'un mot, mais ce mot annonçait une immense rÃÂȘverie. - Heureusement pour moi, s'écria-t-il un jour, il se rencontre de bons moments pendant lesquels il me semble que les murs de la classe sont tombés, et que je suis ailleurs, dans les champs ! Quel plaisir de se laisser aller au cours de sa pensée, comme un oiseau à la portée de son vol ! - Pourquoi la couleur verte est-elle si prodiguée dans la nature ? me demandait-il. Pourquoi y existe-t-il si peu de lignes droites ? Pourquoi l'homme dans ses oeuvres emploie-t-il si rarement les courbes ? Pourquoi lui seul a-t-il le sentiment de la ligne droite ? Ces paroles trahissaient une longue course faite à travers les espaces. Certes, il avait revu des paysages entiers, ou respiré le parfum des forÃÂȘts. Il était, vivante et sublime élégie, toujours silencieux, résigné ; toujours souffrant sans pouvoir dire je souffre ! Cet aigle, qui voulait le monde pour pùture, se trouvait entre quatre murailles étroites et sales ; aussi, sa vie devint-elle, dans la plus large acception de ce terme, une vie idéale. Plein de mépris pour les études presque inutiles auxquelles nous étions condamnés, Louis marchait dans sa route aérienne, complétement détaché des choses qui nous entouraient. Obéissant au besoin d'imitation qui domine les enfants, je tùchai de conformer mon existence à la sienne. Louis m'inspira d'autant mieux sa passion pour l'espÚce de sommeil dans lequel les contemplations profondes plongent le corps, que j'étais plus jeune et plus impressible. Nous nous habituùmes, comme deux amants, à penser ensemble, à nous communiquer nos rÃÂȘveries. Déjà ses sensations intuitives avaient cette acuité qui doit appartenir aux perceptions intellectuelles des grands poÚtes, et les faire souvent approcher de la folie. - Sens-tu, comme moi, me demanda-t-il un jour, s'accomplir en toi, malgré toi, de fantasques souffrances ? Si, par exemple, je pense vivement à l'effet que produirait la lame de mon canif en entrant dans ma chair, j'y ressens tout à coup une douleur aiguà comme si je m'étais réellement coupé il n'y a de moins que le sang. Mais cette sensation arrive et me surprend comme un bruit soudain qui troublerait un profond silence. Une idée causer des souffrances physiques ?... Hein ! qu'en dis-tu ? Quand il exprimait des réflexions si ténues, nous tombions tous deux dans une rÃÂȘverie naïve. Nous nous mettions à rechercher en nous-mÃÂȘmes les indescriptibles phénomÚnes relatifs à la génération de la pensée, que Lambert espérait saisir dans ses moindres développements, afin de pouvoir en décrire un jour l'appareil inconnu. Puis, aprÚs des discussions, souvent mÃÂȘlées d'enfantillages, un regard jaillissait des yeux flamboyants de Lambert, il me serrait la main, et il sortait de son ùme un mot par lequel il tùchait de se résumer. - Penser, c'est voir ! me dit-il un jour emporté par une de nos objections sur le principe de notre organisation. Toute science humaine repose sur la déduction, qui est une vision lente par laquelle on descend de la cause à l'effet, par laquelle on remonte de l'effet à la cause ; ou, dans une plus large expression, toute poésie comme toute oeuvre d'art procÚde d'une rapide vision des choses. Il était spiritualiste ; mais, j'osais le contredire en m'armant de ses observations mÃÂȘmes pour considérer l'intelligence comme un produit tout physique. Nous avions raison tous deux. Peut-ÃÂȘtre les mots matérialisme et spiritualisme expriment-ils les deux cÎtés d'un seul et mÃÂȘme fait. Ses études sur la substance de la pensée lui faisaient accepter avec une sorte d'orgueil la vie de privations à laquelle nous condamnaient et notre paresse et notre dédain pour nos devoirs. Il avait une certaine conscience de sa valeur, qui le soutenait dans ses élucubrations. Avec quelle douceur je sentais son ùme réagissant sur la mienne ! Combien de fois ne sommes-nous pas demeurés assis sur notre banc, occupés tous deux à lire un livre, nous oubliant réciproquement sans nous quitter ; mais nous sachant tous deux là , plongés dans un océan d'idées comme deux poissons qui nagent dans les mÃÂȘmes eaux ! Notre vie était donc toute végétative en apparence, mais nous existions par le coeur et par le cerveau. Les sentiments, les pensées étaient les seuls événements de notre vie scolaire. Lambert exerça sur mon imagination une influence de laquelle je me ressens encore aujourd'hui. J'écoutais avidement ses récits empreints de ce merveilleux qui fait dévorer avec tant de délices, aux enfants comme aux hommes, les contes oÃÂč le vrai affecte les formes les plus absurdes. Sa passion pour les mystÚres et la crédulité naturelle au jeune ùge nous entraÃnaient souvent à parler du Ciel et de l'Enfer. Louis tùchait alors, en m'expliquant Swedenborg, de me faire partager ses croyances relatives aux anges. Dans ses raisonnements les plus faux se rencontraient encore des observations étonnantes sur la puissance de l'homme, et qui imprimaient à sa parole ces teintes de vérité sans lesquelles rien n'est possible dans aucun art. La fin romanesque de laquelle il dotait la destinée humaine était de nature à caresser le penchant qui porte les imaginations vierges à s'abandonner aux croyances. N'est-ce pas durant leur jeunesse que les peuples enfantent leurs dogmes, leurs idoles ? Et les ÃÂȘtres surnaturels devant lesquels ils tremblent ne sont-ils pas la personnification de leurs sentiments, de leurs besoins agrandis ? Ce qui me reste aujourd'hui dans la mémoire des conversations pleines de poésie que nous eûmes, Lambert et moi, sur le ProphÚte suédois, de qui j'ai lu depuis les oeuvres par curiosité, peut se réduire à ce précis. Il y aurait en nous deux créatures distinctes. Selon Swedenborg, l'ange serait l'individu chez lequel l'ÃÂȘtre intérieur réussit à triompher de l'ÃÂȘtre extérieur. Un homme veut-il obéir à sa vocation d'ange, dÚs que la pensée lui démontre sa double existence, il doit tendre à nourrir la frÃÂȘle et exquise nature de l'ange qui est en lui. Si, faute d'avoir une vue translucide de sa destinée, il fait prédominer l'action corporelle au lieu de corroborer sa vie intellectuelle, toutes ses forces passent dans le jeu de ses sens extérieurs, et l'ange périt lentement par cette matérialisation des deux natures. Dans le cas contraire, s'il substante son intérieur des essences qui lui sont propres, l'ùme l'emporte sur la matiÚre et tùche de s'en séparer. Quand leur séparation arrive sous cette forme que nous appelons la Mort, l'ange, assez puissant pour se dégager de son enveloppe, demeure et commence sa vraie vie. Les individualités infinies qui différencient les hommes ne peuvent s'expliquer que par cette double existence elles la font comprendre et la démontrent. En effet, la distance qui se trouve entre un homme dont l'intelligence inerte le condamne à une apparente stupidité, et celui que l'exercice de sa vue intérieure a doué d'une force quelconque, doit nous faire supposer qu'il peut exister entre les gens de génie et d'autres ÃÂȘtres la mÃÂȘme distance qui sépare les Aveugles des Voyants. Cette pensée, qui étend indéfiniment la création, donne en quelque sorte la clef des cieux. En apparence confondues ici-bas, les créatures y sont, suivant la perfection de leur ÃÂȘtre intérieur, partagées en sphÚres distinctes dont les moeurs et le langage sont étrangers les uns aux autres. Dans le monde invisible comme dans le monde réel, si quelque habitant des régions inférieures arrive, sans en ÃÂȘtre digne, à un cercle supérieur, non seulement il n'en comprend ni les habitudes ni les discours, mais encore sa présence y paralyse et les voix et les coeurs. Dans sa Divine Comédie, Dante a peut-ÃÂȘtre eu quelque légÚre intuition de ces sphÚres qui commencent dans le monde des douleurs et s'élÚvent par un mouvement armillaire jusque dans les cieux. La doctrine de Swedenborg serait donc l'ouvrage d'un esprit lucide qui aurait enregistré les innombrables phénomÚnes par lesquels les anges se révÚlent au milieu des hommes. Cette doctrine, que je m'efforce aujourd'hui de résumer en lui donnant un sens logique, m'était présentée par Lambert avec toutes les séductions du mystÚre, enveloppée dans les langes de la phraséologie particuliÚre aux mystographes diction obscure, pleine d'abstractions, et si active sur le cerveau, qu'il est certains livres de Jacob Boehm, de Swedenborg ou de madame Guyon dont la lecture pénétrante fait surgir des fantaisies aussi multiformes que peuvent l'ÃÂȘtre les rÃÂȘves produits par l'opium. Lambert me racontait des faits mystiques tellement étranges, il en frappait si vivement mon imagination, qu'il me causait des vertiges. J'aimais néanmoins à me plonger dans ce monde mystérieux, invisible aux sens oÃÂč chacun se plaÃt à vivre, soit qu'il se le représente sous la forme indéfinie de l'Avenir, soit qu'il le revÃÂȘte des formes indécises de la Fable. Ces réactions violentes de l'ùme sur elle-mÃÂȘme m'instruisaient à mon insu de sa force, et m'accoutumaient aux travaux de la pensée. Quant à Lambert, il expliquait tout par son systÚme sur les anges. Pour lui, l'amour pur, l'amour comme on le rÃÂȘve au jeune ùge, était la collision de deux natures angéliques. Aussi rien n'égalait-il l'ardeur avec laquelle il désirait rencontrer un ange-femme. Hé ! qui plus que lui devait inspirer, ressentir l'amour ? Si quelque chose pouvait donner l'idée d'une exquise sensibilité, n'était-ce pas le naturel aimable et bon empreint dans ses sentiments, dans ses paroles, dans ses actions et ses moindres gestes, enfin dans la conjugalité qui nous liait l'un à l'autre, et que nous exprimions en nous disant Faisants ? Il n'existait aucune distinction entre les choses qui venaient de lui et celles qui venaient de moi. Nous contrefaisions mutuellement nos deux écritures, afin que l'un pût faire, à lui seul, les devoirs de tous les deux. Quand l'un de nous avait à finir un livre que nous étions obligés de rendre au maÃtre de mathématiques, il pouvait le lire sans interruption, l'un brochant la tùche et le pensum de l'autre. Nous nous acquittions de nos devoirs comme d'un impÎt frappé sur notre tranquillité. Si ma mémoire n'est pas infidÚle, souvent ils étaient d'une supériorité remarquable lorsque Lambert les composait. Mais, pris l'un et l'autre pour deux idiots, le professeur analysait toujours nos devoirs sous l'empire d'un préjugé fatal, et les réservait mÃÂȘme pour en amuser nos camarades. Je me souviens qu'un soir, en terminant la classe qui avait lieu de deux à quatre heures, le maÃtre s'empara d'une version de Lambert. Le texte commençait par Caïus Gracchus, vir nobilis. Louis avait traduit ces mots par Caïus Gracchus était un noble coeur. - OÃÂč voyez-vous du coeur dans nobilis ? dit brusquement le professeur. Et tout le monde de rire pendant que Lambert regardait le professeur d'un air hébété. - Que dirait madame la baronne de StaÃl en apprenant que vous traduisez par un contre-sens le mot qui signifie de race noble, d'origine patricienne ? - Elle dirait que vous ÃÂȘtes une bÃÂȘte ! m'écriai-je à voix basse. - Monsieur le poÚte, vous allez vous rendre en prison pour huit jours, répliqua le professeur qui malheureusement m'entendit. Lambert reprit doucement en me jetant un regard d'une inexprimable tendresse Vir nobilis ! Madame de StaÃl causait, en partie, le malheur de Lambert. A tout propos maÃtres et disciples lui jetaient ce nom à la tÃÂȘte, soit comme une ironie, soit comme un reproche. Louis ne tarda pas à se faire mettre en prison pour me tenir compagnie. Là , plus libres que partout ailleurs, nous pouvions parler pendant des journées entiÚres, dans le silence des dortoirs oÃÂč chaque élÚve possédait une niche de six pieds carrés, dont les cloisons étaient garnies de barreaux par le haut, dont la porte à claire-voie se fermait tous les soirs, et s'ouvrait tous les matins sous les yeux du PÚre chargé d'assister à notre lever et à notre coucher. Le cric-crac de ces portes, manoeuvrées avec une singuliÚre promptitude par les garçons de dortoir, était encore une des particularités de ce collÚge. Ces alcÎves ainsi bùties nous servaient de prison, et nous y restions quelquefois enfermés pendant des mois entiers. Les écoliers mis en cage tombaient sous l'oeil sévÚre du préfet, espÚce de censeur qui venait, à ses heures ou à l'improviste, d'un pas léger, pour savoir si nous causions au lieu de faire nos pensum. Mais les coquilles de noix semées dans les escaliers, ou la délicatesse de notre ouïe nous permettaient presque toujours de prévoir son arrivée, et nous pouvions nous livrer sans trouble à nos études chéries. Cependant, la lecture nous étant interdite, les heures de prison appartenaient ordinairement à des discussions métaphysiques ou au récit de quelques accidents curieux relatifs aux phénomÚnes de la pensée. Un des faits les plus extraordinaires est certes celui que je vais raconter, non seulement parce qu'il concerne Lambert, mais encore parce qu'il décida peut-ÃÂȘtre sa destinée scientifique. Selon la jurisprudence des collÚges, le dimanche et le jeudi étaient nos jours de congé ; mais les offices, auxquels nous assistions trÚs exactement, employaient si bien le dimanche, que nous considérions le jeudi comme notre seul jour de fÃÂȘte. La messe une fois entendue, nous avions assez de loisir pour rester longtemps en promenade dans les campagnes situées aux environs de VendÎme. Le manoir de Rochambeau était l'objet de la plus célÚbre de nos excursions, peut-ÃÂȘtre à cause de son éloignement. Rarement les petits faisaient une course si fatigante ; néanmoins, une fois ou deux par an, les Régents leur proposaient la partie de Rochambeau comme une récompense. En 1812, vers la fin du printemps, nous dûmes y aller pour la premiÚre fois. Le désir de voir le fameux chùteau de Rochambeau dont le propriétaire donnait quelquefois du laitage aux élÚves, nous rendit tous sages. Rien n'empÃÂȘcha donc la partie. Ni moi ni Lambert, nous ne connaissions la jolie vallée du Loir oÃÂč cette habitation a été construite. Aussi son imagination et la mienne furent-elles trÚs préoccupées la veille de cette promenade, qui causait dans le collÚge une joie traditionnelle. Nous en parlùmes pendant toute la soirée, en nous promettant d'employer en fruits ou en laitage l'argent que nous possédions contrairement aux lois vendÎmoises. Le lendemain, aprÚs le dÃner, nous partÃmes à midi et demi tous munis d'un cubique morceau de pain que l'on nous distribuait d'avance pour notre goûter. Puis, alertes comme des hirondelles, nous marchùmes en troupe vers le célÚbre castel, avec une ardeur qui ne nous permettait pas de sentir tout d'abord la fatigue. Quand nous fûmes arrivés sur la colline d'oÃÂč nous pouvions contempler et le chùteau assis à mi-cÎte, et la vallée tortueuse oÃÂč brille la riviÚre en serpentant dans une prairie gracieusement échancrée ; admirable paysage, un de ceux auxquels les vives sensations du jeune ùge, ou celles de l'amour, ont imprimé tant de charmes, que plus tard il ne faut jamais les aller revoir, Louis Lambert me dit - Mais j'ai vu cela cette nuit en rÃÂȘve ! Il reconnut et le bouquet d'arbres sous lequel nous étions, et la disposition des feuillages, la couleur des eaux, les tourelles du chùteau, les accidents, les lointains, enfin tous les détails du site qu'il apercevait pour la premiÚre fois. Nous étions bien enfants l'un et l'autre ; moi du moins, qui n'avais que treize ans ; car, à quinze ans, Louis pouvait avoir la profondeur d'un homme de génie ; mais à cette époque nous étions tous deux incapables de mensonge dans les moindres actes de notre vie d'amitié. Si Lambert pressentait d'ailleurs par la toute-puissance de sa pensée l'importance des faits, il était loin de deviner d'abord leur entiÚre portée ; aussi commença-t-il par ÃÂȘtre étonné de celui-ci. Je lui demandai s'il n'était pas venu à Rochambeau pendant son enfance, ma question le frappa ; mais, aprÚs avoir consulté ses souvenirs, il me répondit négativement. Cet événement, dont l'analogue peut se retrouver dans les phénomÚnes du sommeil de beaucoup d'hommes, fera comprendre les premiers talents de Lambert ; en effet, il sut en déduire tout un systÚme, en s'emparant, comme fit Cuvier dans un autre ordre de choses, d'un fragment de pensée pour reconstruire toute une création. En ce moment nous nous assÃmes tous deux sous une vieille truisse de chÃÂȘne ; puis, aprÚs quelques moments de réflexion, Louis me dit - Si le paysage n'est pas venu vers moi, ce qui serait absurde à penser, j'y suis donc venu. Si j'étais ici pendant que je dormais dans mon alcÎve, ce fait ne constitue-t-il pas une séparation complÚte entre mon corps et mon ÃÂȘtre intérieur ? N'atteste-t-il pas je ne sais quelle faculté locomotive ou des effets équivalant à ceux de la locomotion ? Or, si mon esprit et mon corps ont pu se quitter pendant le sommeil, pourquoi ne les ferais-je pas également divorcer ainsi pendant la veille ? Je n'aperçois point de moyens termes entre ces deux propositions. Mais allons plus loin, pénétrons les détails ? Ou ces faits se sont accomplis par la puissance d'une faculté qui met en oeuvre un second ÃÂȘtre à qui mon corps sert d'enveloppe, puisque j'étais dans mon alcÎve et voyais le paysage, et ceci renverse bien des systÚmes ; ou ces faits se sont passés, soit dans quelque centre nerveux dont le nom est à savoir et oÃÂč s'émeuvent les sentiments, soit dans le centre cérébral oÃÂč s'émeuvent les idées. Cette derniÚre hypothÚse soulÚve des questions étranges. J'ai marché, j'ai vu, j'ai entendu. Le mouvement ne se conçoit point sans l'espace, le son n'agit que dans les angles ou sur les surfaces, et la coloration ne s'accomplit que par la lumiÚre. Si, pendant la nuit, les yeux fermés, j'ai vu en moi-mÃÂȘme des objets colorés, si j'ai entendu des bruits dans le plus absolu silence, et sans les conditions exigées pour que le son se forme, si dans la plus parfaite immobilité j'ai franchi des espaces, nous aurions des facultés internes, indépendantes des lois physiques extérieures. La nature matérielle serait pénétrable par l'esprit. Comment les hommes ont-ils si peu réfléchi jusqu'alors aux accidents du sommeil qui accusent en l'homme une double vie ? N'y aurait-il pas une nouvelle science dans ce phénomÚne ? ajouta-t-il en se frappant fortement le front ; s'il n'est pas le principe d'une science, il trahit certainement en l'homme d'énormes pouvoirs ; il annonce au moins la désunion fréquente de nos deux natures, fait autour duquel je tourne depuis si longtemps. J'ai donc enfin trouvé un témoignage de la supériorité qui distingue nos sens latents de nos sens apparents ! homo duplex ! - Mais, reprit-il aprÚs une pause et en laissant échapper un geste de doute, peut-ÃÂȘtre n'existe-t-il pas en nous deux natures ? Peut-ÃÂȘtre sommes-nous tout simplement doués de qualités intimes et perfectibles dont l'exercice, dont les développements produisent en nous des phénomÚnes d'activité, de pénétration, de vision encore inobservés. Dans notre amour du merveilleux, passion engendrée par notre orgueil, nous aurons transformé ces effets en créations poétiques, parce que nous ne les comprenions pas. Il est si commode de déifier l'incompréhensible ! Ah ! j'avoue que je pleurerai la perte de mes illusions. J'avais besoin de croire à une double nature et aux anges de Swedenborg ! Cette nouvelle science les tuerait-elle donc ? Oui, l'examen de nos propriétés inconnues implique une science en apparence matérialiste, car L'ESPRIT emploie, divise, anime la substance ; mais il ne la détruit pas. Il demeura pensif, triste à demi. Peut-ÃÂȘtre voyait-il ses rÃÂȘves de jeunesse comme des langes qu'il lui faudrait bientÎt quitter. - La vue et l'ouïe, dit-il en riant de son expression, sont sans doute les gaines d'un outil merveilleux ! Pendant tous les instants oÃÂč il m'entretenait du Ciel et de l'Enfer, il avait coutume de regarder la nature en maÃtre ; mais, en proférant ces derniÚres paroles grosses de science, il plana plus audacieusement que jamais sur le paysage, et son front me parut prÚs de crever sous l'effort du génie ses forces, qu'il faut nommer morales jusqu'à nouvel ordre, semblaient jaillir par les organes destinés à les projeter ; ses yeux dardaient la pensée ; sa main levée, ses lÚvres muettes et tremblantes parlaient ; son regard brûlant rayonnait ; enfin sa tÃÂȘte, comme trop lourde ou fatiguée par un élan trop violent, retomba sur sa poitrine. Cet enfant, ce géant se voûta, me prit la main, la serra dans la sienne qui était moite, tant il était enfiévré par la recherche de la vérité ; puis aprÚs une pause il me dit - Je serai célÚbre ! - Mais toi aussi, ajouta-t-il vivement. Nous serons tous deux les chimistes de la volonté. Coeur exquis ! Je reconnaissais sa supériorité, mais lui se gardait bien de jamais me la faire sentir. Il partageait avec moi les trésors de sa pensée, me comptait pour quelque chose dans ses découvertes, et me laissait en propre mes infirmes réflexions. Toujours gracieux comme une femme qui aime, il avait toutes les pudeurs de sentiment, toutes les délicatesses d'ùme qui rendent la vie et si bonne et si douce à porter. Il commença le lendemain mÃÂȘme un ouvrage qu'il intitula Traité de la Volonté ; ses réflexions en modifiÚrent souvent le plan et la méthode ; mais l'événement de cette journée solennelle en fut certes le germe, comme la sensation électrique toujours ressentie par Mesmer à l'approche d'un valet fut l'origine de ses découvertes en magnétisme, science jadis cachée au fond des mystÚres d'Isis, de Delphes, dans l'antre de Trophonius, et retrouvée par cet homme prodigieux à deux pas de Lavater, le précurseur de Gall. Eclairées par cette soudaine clarté, les idées de Lambert prirent des proportions plus étendues ; il démÃÂȘla dans ses acquisitions des vérités éparses, et les rassembla ; puis, comme un fondeur, il coula son groupe. AprÚs six mois d'une application soutenue, les travaux de Lambert excitÚrent la curiosité de nos camarades et furent l'objet de quelques plaisanteries cruelles qui devaient avoir une funeste issue. Un jour, l'un de nos persécuteurs, qui voulut absolument voir nos manuscrits, ameuta quelques-uns de nos tyrans, et vint s'emparer violemment d'une cassette oÃÂč était déposé ce trésor que Lambert et moi nous défendÃmes avec un courage inouï. La boÃte était fermée, il fut impossible à nos agresseurs de l'ouvrir ; mais ils essayÚrent de la briser dans le combat, noire méchanceté qui nous fit jeter les hauts cris. Quelques camarades, animés d'un esprit de justice ou frappés de notre résistance héroïque, conseillaient de nous laisser tranquilles en nous accablant d'une insolente pitié. Soudain, attiré par le bruit de la bataille, le pÚre Haugoult intervint brusquement, et s'enquit de la dispute. Nos adversaires nous avaient distraits de nos pensum, le Régent venait défendre ses esclaves. Pour s'excuser, les assaillants révélÚrent l'existence des manuscrits. Le terrible Haugoult nous ordonna de lui remettre la cassette si nous résistions, il pouvait la faire briser ; Lambert lui en livra la clef, le Régent prit les papiers, les feuilleta ; puis il nous dit en les confisquant - Voilà donc les bÃÂȘtises pour lesquelles vous négligez vos devoirs ! De grosses larmes tombÚrent des yeux de Lambert, arrachées autant par la conscience de sa supériorité morale offensée que par l'insulte gratuite et la trahison qui nous accablaient. Nous lançùmes à nos accusateurs un regard de reproche ne nous avaient-ils pas vendus à l'ennemi commun ? s'ils pouvaient, suivant le Droit Ecolier, nous battre, ne devaient-ils pas garder le silence sur nos fautes ? Aussi eurent-ils pendant un moment quelque honte de leur lùcheté. Le pÚre Haugoult vendit probablement à un épicier de VendÎme le Traité de la Volonté, sans connaÃtre l'importance des trésors scientifiques dont les germes avortés se dissipÚrent en d'ignorantes mains. Six mois aprÚs, je quittai le collÚge. J'ignore donc si Lambert, que notre séparation plongea dans une noire mélancolie, a recommencé son ouvrage. Ce fut en mémoire de la catastrophe arrivée au livre de Louis que, dans l'ouvrage par lequel commencent ces Etudes, je me suis servi pour une oeuvre fictive du titre réellement inventé par Lambert, et que j'ai donné le nom d'une femme qui lui fut chÚre, à une jeune fille pleine de dévouement ; mais cet emprunt n'est pas le seul que je lui ai fait son caractÚre, ses occupations m'ont été trÚs utiles dans cette composition dont le sujet est dû à quelque souvenir de nos jeunes méditations. Maintenant cette Histoire est destinée à élever un modeste cippe oÃÂč soit attestée la vie de celui qui m'a légué tout son bien, sa pensée. Dans cet ouvrage d'enfant, Lambert déposa des idées d'homme. Dix ans plus tard, en rencontrant quelques savants sérieusement occupés des phénomÚnes qui nous avaient frappés, et que Lambert analysa si miraculeusement, je compris l'importance de ses travaux, oubliés déjà comme un enfantillage. Je passai donc plusieurs mois à me rappeler les principales découvertes de mon pauvre camarade. AprÚs avoir rassemblé mes souvenirs, je puis affirmer que, dÚs 1812, il avait établi, deviné, discuté dans son Traité, plusieurs faits importants dont, me disait-il, les preuves arriveraient tÎt ou tard. Ses spéculations philosophiques devraient certes le faire admettre au nombre de ces grands penseurs apparus à divers intervalles parmi les hommes pour leur révéler les principes tout nus de quelque science à venir, dont les racines poussent avec lenteur et portent un jour de beaux fruits dans les domaines de l'intelligence. Ainsi, un pauvre artisan, occupé à fouiller les terres pour trouver le secret des émaux, affirmait au seiziÚme siÚcle, avec l'infaillible autorité du génie, les faits géologiques dont la démonstration fait aujourd'hui la gloire de Buffon et de Cuvier. Je crois pouvoir offrir une idée du Traité de Lambert par les propositions capitales qui en formaient la base ; mais je les dépouillerai, malgré moi, des idées dans lesquelles il les avait enveloppées, et qui en étaient le cortége indispensable. Marchant dans un sentier autre que le sien, je prenais, de ses recherches, celles qui servaient le mieux mon systÚme. J'ignore donc si, moi son disciple, je pourrai fidÚlement traduire ses pensées, aprÚs me les ÃÂȘtre assimilées de maniÚre à leur donner la couleur des miennes. A des idées nouvelles, des mots nouveaux ou des acceptions de mots anciens élargies, étendues, mieux définies ; Lambert avait donc choisi, pour exprimer les bases de son systÚme, quelques mots vulgaires qui déjà répondaient vaguement à sa pensée. Le mot de VOLONTE servait à nommer le milieu oÃÂč la pensée fait ses évolutions ; ou, dans une expression moins abstraite, la masse de force par laquelle l'homme peut reproduire, en dehors de lui-mÃÂȘme, les actions qui composent sa vie extérieure. La VOLITION, mot dû aux réflexions de Locke, exprimait l'acte par lequel l'homme use de la Volonté. Le mot de PENSEE, pour lui le produit quintessentiel de la Volonté, désignait aussi le milieu oÃÂč naissaient les IDEES auxquelles elle sert de substance. L'IDEE, nom commun à toutes les créations du cerveau, constituait l'acte par lequel l'homme use de la Pensée. Ainsi la Volonté, la Pensée étaient les deux moyens générateurs ; la Volition, l'Idée étaient les deux produits. La Volition lui semblait ÃÂȘtre l'idée arrivée de son état abstrait à un état concret, de sa génération fluide à une expression quasi solide, si toutefois ces mots peuvent formuler des aperçus si difficiles à distinguer. Selon lui, la Pensée et les Idées sont le mouvement et les actes de notre organisme intérieur, comme les Volitions et la Volonté constituent ceux de la vie extérieure. Il avait fait passer la Volonté avant la Pensée. - " Pour penser, il faut vouloir, disait-il. Beaucoup d'ÃÂȘtres vivent à l'état de Volonté, sans néanmoins arriver à l'état de Pensée. Au Nord, la longévité ; au Midi, la briÚveté de la vie ; mais aussi, dans le Nord, la torpeur ; au Midi, l'exaltation constante de la Volonté ; jusqu'à la ligne oÃÂč, soit par trop de froid, soit par trop de chaleur, les organes sont presque annulés. " Son expression de milieu lui fut suggérée par une observation faite pendant son enfance, et de laquelle il ne soupçonna certes pas l'importance, mais dont la bizarrerie dut frapper son imagination si délicatement impressible. Sa mÚre, personne fluette et nerveuse, tout délicate donc et tout aimante, était une des créatures destinées à représenter la Femme dans la perfection de ses attributs, mais que le sort abandonne par erreur au fond de l'état social. Tout amour, partant toute souffrance, elle mourut jeune aprÚs avoir jeté ses facultés dans l'amour maternel. Lambert, enfant de six ans, couché dans un grand berceau, prÚs du lit maternel, mais n'y dormant pas toujours, vit quelques étincelles électriques jaillissant de la chevelure de sa mÚre, au moment oÃÂč elle se peignait. L'homme de quinze ans s'empara pour la science de ce fait avec lequel l'enfant avait joué, fait irrécusable dont maintes preuves se rencontrent chez presque toutes les femmes auxquelles une certaine fatalité de destinée laisse des sentiments méconnus à exhaler ou je ne sais quelle surabondance de force à perdre. A l'appui de ses définitions, Lambert ajouta plusieurs problÚmes à résoudre, beaux défis jetés à la science et desquels il se proposait de rechercher les solutions, se demandant à lui-mÃÂȘme Si le principe constituant de l'électricité n'entrait pas comme base dans le fluide particulier d'oÃÂč s'élançaient nos Idées et nos Volitions ? Si la chevelure qui se décolore, s'éclaircit, tombe et disparaÃt selon les divers degrés de déperdition ou de cristallisation des pensées, ne constituait pas un systÚme de capillarité soit absorbante, soit exhalante, tout électrique ? Si les phénomÚnes fluides de notre Volonté, substance procréée en nous et si spontanément réactive au gré de conditions encore inobservées, étaient plus extraordinaires que ceux du fluide invisible, intangible, et produits par la pile voltaïque sur le systÚme nerveux d'un homme mort ? Si la formation de nos idées et leur exhalation constante étaient moins incompréhensibles que ne l'est l'évaporation des corpuscules imperceptibles et néanmoins si violents dans leur action, dont est susceptible un grain de musc, sans perdre de son poids ? Si, laissant au systÚme cutané de notre enveloppe une destination toute défensive, absorbante, exsudante et tactile, la circulation sanguine et son appareil ne répondaient pas à la transsubstantiation de notre Volonté, comme la circulation du fluide nerveux répondait à celle de la Pensée ? Enfin si l'affluence plus ou moins vive de ces deux substances réelles ne résultait pas d'une certaine perfection ou imperfection d'organes dont les conditions devaient ÃÂȘtre étudiées dans tous leurs modes ? Ces principes établis, il voulait classer les phénomÚnes de la vie humaine en deux séries d'effets distincts, et réclamait pour chacune d'elles une analyse spéciale, avec une instance ardente de conviction. En effet, aprÚs avoir observé, dans presque toutes les créations, deux mouvements séparés, il les pressentait, les admettait mÃÂȘme pour notre nature, et nommait cet antagonisme vital L'ACTION et LA REACTION. - Un désir, disait-il, est un fait entiÚrement accompli dans notre Volonté avant de l'ÃÂȘtre extérieurement. Ainsi, l'ensemble de nos Volitions et de nos Idées constituait l' Action , et l'ensemble de nos actes extérieurs, la Réaction. Lorsque, plus tard, je lus les observations faites par Bichat sur le dualisme de nos sens extérieurs, je fus comme étourdi par mes souvenirs, en reconnaissant une coïncidence frappante entre les idées de ce célÚbre physiologiste et celles de Lambert. Morts tous deux avant le temps, ils avaient marché d'un pas égal à je ne sais quelles vérités. La nature s'est complu en tout à donner de doubles destinations aux divers appareils constitutifs de ses créatures, et la double action de notre organisme, qui n'est plus un fait contestable, appuie par un ensemble de preuves d'une éventualité quotidienne les déductions de Lambert relativement à l' Action et à la Réaction. L'ÃÂȘtre actionnel ou intérieur, mot qui lui servait à nommer le species inconnu, le mystérieux ensemble de fibrilles auquel sont dues les différentes puissances incomplétement observées de la Pensée, de la Volonté ; enfin cet ÃÂȘtre innommé voyant, agissant, mettant tout à fin, accomplissant tout avant aucune démonstration corporelle, doit, pour se conformer à sa nature, n'ÃÂȘtre soumis à aucune des conditions physiques par lesquelles l'ÃÂȘtre réactionnel ou extérieur, l'homme visible est arrÃÂȘté dans ses manifestations. De là découlaient une multitude d'explications logiques sur les effets les plus bizarres en apparence de notre double nature, et la rectification de plusieurs systÚmes à la fois justes et faux. Certains hommes ayant entrevu quelques phénomÚnes du jeu naturel de l' ÃÂȘtre actionnel, furent, comme Swedenborg, emportés au delà du monde vrai par une ùme ardente, amoureuse de poésie, ivre du principe divin. Tous se plurent donc, dans leur ignorance des causes, dans leur admiration du fait, à diviniser cet appareil intime, à bùtir un mystique univers. De là , les anges ! délicieuses illusions auxquelles ne voulait pas renoncer Lambert, qui les caressait encore au moment oÃÂč le glaive de son Analyse en tranchait les éblouissantes ailes. - Le Ciel, me disait-il, serait aprÚs tout la survie de nos facultés perfectionnées, et l'Enfer le néant oÃÂč retombent les facultés imparfaites. Mais comment, en des siÚcles oÃÂč l'entendement avait gardé les impressions religieuses et spiritualistes qui ont régné pendant les temps intermédiaires entre le Christ et Descartes, entre la Foi et le Doute, comment se défendre d'expliquer les mystÚres de notre nature intérieure autrement que par une intervention divine ? A qui, si ce n'est à Dieu mÃÂȘme, les savants pouvaient-ils demander raison d'une invisible créature si activement, si réactivement sensible, et douée de facultés si étendues, si perfectibles par l'usage, ou si puissantes sous l'empire de certaines conditions occultes, que tantÎt ils lui voyaient, par un phénomÚne de vision ou de locomotion abolir l'espace dans ses deux modes de Temps et de Distance dont l'un est l'espace intellectuel, et l'autre l'espace physique ; tantÎt ils lui voyaient reconstruire le passé, soit par la puissance d'une vue rétrospective, soit par le mystÚre d'une palingénésie assez semblable au pouvoir que posséderait un homme de reconnaÃtre aux linéaments, téguments et rudiments d'une graine, ses floraisons antérieures dans les innombrables modifications de leurs nuances, de leurs parfums et de leurs formes ; et que tantÎt enfin, ils lui voyaient deviner imparfaitement l'avenir, soit par l'aperçu des causes premiÚres, soit par un phénomÚne de pressentiment physique. D'autres hommes, moins poétiquement religieux, froids et raisonneurs, charlatans peut-ÃÂȘtre, enthousiastes du moins par le cerveau, sinon par le coeur, reconnaissant quelques-uns de ces phénomÚnes isolés, les tinrent pour vrais sans les considérer comme les irradiations d'un centre commun. Chacun d'eux voulut alors convertir un simple fait en science. De là vinrent la démonologie, l'astrologie judiciaire, la sorcellerie, enfin toutes les divinations fondées sur des accidents essentiellement transitoires, parce qu'ils variaient selon les tempéraments, au gré de circonstances encore complÚtement inconnues. Mais aussi de ces erreurs savantes et des procÚs ecclésiastiques oÃÂč succombÚrent tant de martyrs de leurs propres facultés, résultÚrent des preuves éclatantes du pouvoir prodigieux dont dispose l' ÃÂȘtre actionnel qui, suivant Lambert, peut s'isoler complÚtement de l' ÃÂȘtre réactionnel , en briser l'enveloppe, faire tomber les murailles devant sa toute-puissante vue, phénomÚne nommé, chez les Hindous, la Tokeiade au dire des missionnaires ; puis, par une autre faculté, saisir dans le cerveau, malgré ses plus épaisses circonvolutions, les idées qui s'y sont formées ou qui s'y forment, et tout le passé de la conscience. - Si les apparitions ne sont pas impossibles, disait Lambert, elles doivent avoir lieu par une faculté d'apercevoir les idées qui représentent l'homme dans son essence pure, et dont la vie, impérissable peut-ÃÂȘtre, échappe à nos sens extérieurs, mais peut devenir perceptible à l'ÃÂȘtre intérieur quand il arrive à un haut degré d'extase ou à une grande perfection de vue. Je sais, mais vaguement aujourd'hui, que, suivant pas à pas les effets de la Pensée et de la Volonté dans tous leurs modes ; aprÚs en avoir établi les lois, Lambert avait rendu compte d'une foule de phénomÚnes qui jusqu'à lui passaient à juste titre pour incompréhensibles. Ainsi les sorciers, les possédés, les gens à seconde vue et les démoniaques de toute espÚce, ces victimes du Moyen Age étaient l'objet d'explications si naturelles, que souvent leur simplicité me parut ÃÂȘtre le cachet de la vérité. Les dons merveilleux que l'Eglise romaine, jalouse de mystÚres, punissait par le bûcher, étaient selon Louis le résultat de certaines affinités entre les principes constituants de la MatiÚre et ceux de la Pensée, qui procÚdent de la mÃÂȘme source. L'homme armé de la baguette de coudrier obéissait, en trouvant les eaux vives, à quelque sympathie ou à quelque antipathie à lui-mÃÂȘme inconnue. Il a fallu la bizarrerie de ces sortes d'effets pour donner à quelques-uns d'entre eux une certitude historique. Les sympathies ont été rarement constatées. Elles constituent des plaisirs que les gens assez heureux pour en ÃÂȘtre doués publient rarement, à moins de quelque singularité violente ; encore, est-ce dans le secret de l'intimité oÃÂč tout s'oublie. Mais les antipathies qui résultent d'affinités contrariées ont été fort heureusement notées quand elles se rencontraient en des hommes célÚbres. Ainsi Bayle éprouvait des convulsions en entendant jaillir de l'eau. Scaliger pùlissait en voyant du cresson. Erasme avait la fiÚvre en sentant du poisson. Ces trois antipathies procédaient de substances aquatiques. Le duc d'Epernon s'évanouissait à la vue d'un levraut, Tychobrahé à celle d'un renard, Henri III à celle d'un chat, le maréchal d'Albret à celle d'un marcassin ; antipathies toutes produites par des émanations animales et ressenties souvent à des distances énormes. Le chevalier de Guise, Marie de Médicis, et plusieurs autres personnages se trouvaient mal à l'aspect de toutes les roses, mÃÂȘme peintes. Que le chancelier Bacon fut ou non prévenu d'une éclipse de lune, il tombait en faiblesse au moment oÃÂč elle s'opérait ; et sa vie, suspendue pendant tout le temps que durait ce phénomÚne, reprenait aussitÎt sans lui laisser la moindre incommodité. Ces effets d'antipathies authentiques prises parmi toutes celles que les hasards de l'histoire ont illustrées, peuvent suffire à comprendre les effets des sympathies inconnues. Ce fragment d'investigation que je me suis rappelé entre tous les aperçus de Lambert, fera concevoir la méthode avec laquelle il procédait dans ses oeuvres. Je ne crois pas devoir insister sur la connexité qui liait à cette théorie les sciences équilatérales inventées par Gall et Lavater ; elles en étaient les corollaires naturels, et tout esprit légÚrement scientifique apercevra les ramifications par lesquelles s'y rattachaient nécessairement les observations phrénologiques de l'un et les documents physiognomoniques de l'autre. La découverte de Mesmer, si importante et si mal appréciée encore, se trouvait tout entiÚre dans un seul développement de ce Traité, quoique Louis ne connût pas les oeuvres, d'ailleurs assez laconiques, du célÚbre docteur suisse. Une logique et simple déduction de ses principes lui avait fait reconnaÃtre que la Volonté pouvait, par un mouvement tout contractile de l'ÃÂȘtre intérieur, s'amasser ; puis, par un autre mouvement, ÃÂȘtre projetée au dehors, et mÃÂȘme ÃÂȘtre confiée à des objets matériels. Ainsi la force entiÚre d'un homme devait avoir la propriété de réagir sur les autres, et de les pénétrer d'une essence étrangÚre à la leur, s'ils ne se défendaient contre cette agression. Les preuves de ce théorÚme de la Science humaine sont nécessairement multipliées ; mais rien ne les constate authentiquement. Il a fallu, soit l'éclatant désastre de Marius et son allocution au Cimbre chargé de le tuer, soit l'auguste commandement d'une mÚre au lion de Florence, pour faire connaÃtre historiquement quelques-uns de ces foudroiements de la pensée. Pour lui donc la Volonté, la Pensée étaient des forces vives ; aussi en parlait-il de maniÚre à vous faire partager ses croyances. Pour lui, ces deux puissances étaient en quelque sorte et visibles et tangibles. Pour lui, la Pensée était lente ou prompte, lourde ou agile, claire ou obscure ; il lui attribuait toutes les qualités des ÃÂȘtres agissants, la faisait saillir, se reposer, se réveiller, grandir, vieillir, se rétrécir, s'atrophier, s'aviver ; il en surprenait la vie en en spécifiant tous les actes par les bizarreries de notre langage ; il en constatait la spontanéité, la force, les qualités avec une sorte d'intuition qui lui faisait reconnaÃtre tous les phénomÚnes de cette substance. - Souvent au milieu du calme et du silence, me disait-il, lorsque nos facultés intérieures sont endormies, quand nous nous abandonnons à la douceur du repos, qu'il s'étend des espÚces de ténÚbres en nous, et que nous tombons dans la contemplation des choses extérieures, tout à coup une idée s'élance, passe avec la rapidité de l'éclair à travers les espaces infinis dont la perception nous est donnée par notre vue intérieure. Cette idée brillante, surgie comme un feu follet, s'éteint sans retour existence éphémÚre, pareille à celle de ces enfants qui font connaÃtre aux parents une joie et un chagrin sans bornes ; espÚce de fleur mort-née dans les champs de la pensée. Parfois l'idée, au lieu de jaillir avec force et de mourir sans consistance, commence à poindre, se balance dans les limbes inconnus des organes oÃÂč elle prend naissance; elle nous use par un long enfantement, se développe, grandit, devient féconde, et se produit au dehors dans la grùce de la jeunesse et parée de tous les attributs d'une longue vie ; elle soutient les plus curieux regards, elle les attire, ne les lasse jamais l'examen qu'elle provoque commande l'admiration que suscitent les oeuvres longtemps élaborées. TantÎt les idées naissent par essaim, l'une entraÃne l'autre, elles s'enchaÃnent, toutes sont agaçantes, elles abondent, elles sont folles. TantÎt elles se lÚvent pùles, confuses, dépérissent faute de force ou d'aliments ; la substance génératrice manque. Enfin, à certains jours, elles se précipitent dans les abÃmes pour en éclairer les immenses profondeurs ; elles nous épouvantent et laissent notre ùme abattue. Les idées sont en nous un systÚme complet, semblable à l'un des rÚgnes de la nature, une sorte de floraison dont l'iconographie sera retracée par un homme de génie qui passera pour fou peut-ÃÂȘtre. Oui, tout, en nous et au dehors, atteste la vie de ces créations ravissantes que je compare à des fleurs, en obéissant à je ne sais quelle révélation de leur nature ! Leur production comme fin de l'homme n'est d'ailleurs pas plus étonnante que celle des parfums et des couleurs dans la plante. Les parfums sont des idées peut-ÃÂȘtre ! En pensant que la ligne oÃÂč finit notre chair et oÃÂč l'ongle commence contient l'inexplicable et invisible mystÚre de la transformation constante de nos fluides en corne, il faut reconnaÃtre que rien n'est impossible dans les merveilleuses modifications de la substance humaine. Mais ne se rencontre-t-il donc pas dans la nature morale des phénomÚnes de mouvement et de pesanteur semblables à ceux de la nature physique ? L' attente, pour choisir un exemple qui puisse ÃÂȘtre vivement senti de tout le monde, n'est si douloureuse que par l'effet de la loi en vertu de laquelle le poids d'un corps est multiplié par sa vitesse. La pesanteur du sentiment que produit l'attente ne s'accroÃt-elle point par une addition constante des souffrances passées, à la douleur du moment ? Enfin, à quoi, si ce n'est à une substance électrique, peut-on attribuer la magie par laquelle la Volonté s'intronise si majestueusement dans les regards pour foudroyer les obstacles aux commandements du génie, éclate dans la voix, ou filtre, malgré l'hypocrisie, au travers de l'enveloppe humaine ? Le courant de ce roi des fluides qui, suivant la haute pression de la Pensée ou du Sentiment, s'épanche à flots ou s'amoindrit et s'effile, puis s'amasse pour jaillir en éclairs, est l'occulte ministre auquel sont dus soit les efforts ou funestes ou bienfaisants des arts et des passions, soit les intonations de la voix, rude, suave, terrible, lascive, horripilante, séductrice tour à tour, et qui vibre dans le coeur, dans les entrailles ou dans la cervelle au gré de nos vouloirs ; soit tous les prestiges du toucher, d'oÃÂč procÚdent les transfusions mentales de tant d'artistes de qui les mains créatrices savent, aprÚs mille études passionnées, évoquer la nature ; soit enfin les dégradations infinies de l'oeil, depuis son atone inertie jusqu'à ses projections de lueurs les plus effrayantes. A ce systÚme Dieu ne perd aucun de ses droits. La Pensée matérielle m'en a raconté de nouvelles grandeurs! AprÚs l'avoir entendu parlant ainsi, aprÚs avoir reçu dans l'ùme son regard comme une lumiÚre, il était difficile de ne pas ÃÂȘtre ébloui par sa conviction, entraÃné par ses raisonnements. Aussi LA PENSEE m'apparaissait-elle comme une puissance toute physique, accompagnée de ses incommensurables générations. Elle était une nouvelle Humanité sous une autre forme. Ce simple aperçu des lois que Lambert prétendait ÃÂȘtre la formule de notre intelligence doit suffire pour faire imaginer l'activité prodigieuse avec laquelle son ùme se dévorait elle-mÃÂȘme. Louis avait cherché des preuves à ses principes dans l'histoire des grands hommes dont l'existence, mise à jour par les biographes, fournit des particularités curieuses sur les actes de leur entendement. Sa mémoire lui ayant permis de se rappeler les faits qui pouvaient servir de développement à ses assertions, il les avait annexés à chacun des chapitres auxquels ils servaient de démonstration, en sorte que plusieurs de ses maximes en acquéraient une certitude presque mathématique. Les oeuvres de Cardan, homme doué d'une singuliÚre puissance de vision, lui donnÚrent de précieux matériaux. Il n'avait oublié ni Apollonius de Tyanes annonçant en Asie la mort du tyran et dépeignant son supplice à l'heure mÃÂȘme oÃÂč il avait lieu dans Rome ; ni Plotin qui, séparé par Porphyre, sentit l'intention oÃÂč était celui-ci de se tuer, et accourut pour l'en dissuader ; ni le fait constaté dans le siÚcle dernier à la face de la plus moqueuse incrédulité qui se soit jamais rencontrée, fait surprenant pour les hommes habitués à faire du doute une arme contre Dieu seul, mais tout simple pour quelques croyants Alphonse-Marie de Liguori, évÃÂȘque de Sainte-Agathe, donna des consolations au pape Ganganelli, qui le vit, l'entendit, lui répondit ; et dans ce mÃÂȘme temps, à une trÚs grande distance de Rome, l'évÃÂȘque était observé en extase, chez lui, dans un fauteuil oÃÂč il s'asseyait habituellement au retour de la messe. En reprenant sa vie ordinaire, il trouva ses serviteurs agenouillés devant lui, qui tous le croyaient mort. - " Les amis, leur dit-il, le Saint-PÚre vient d'expirer. " Deux jours aprÚs, un courrier confirma cette nouvelle. L'heure de la mort du pape coïncidait avec celle oÃÂč l'évÃÂȘque était revenu à son état naturel. Lambert n'avait pas omis l'aventure plus récente encore, arrivée dans le siÚcle dernier à une jeune Anglaise qui, aimant passionnément un marin, partit de Londres pour aller le trouver, et le trouva, seule, sans guide, dans les déserts de l'Amérique septentrionale, oÃÂč elle arriva pour lui sauver la vie. Louis avait mis à contribution les mystÚres de l'antiquité, les actes des martyrs oÃÂč sont les plus beaux titres de gloire pour la Volonté humaine, les démonologues du moyen ùge, les procÚs criminels, les recherches médicales, en discernant partout le fait vrai, le phénomÚne probable avec une admirable sagacité. Cette riche collection d'anecdotes scientifiques recueillies dans tant de livres, la plupart dignes de foi, servit sans doute à faire des cornets de papier ; et ce travail au moins curieux, enfanté par la plus extraordinaire des mémoires humaines, a dû périr. Entre toutes les preuves qui enrichissaient l'oeuvre de Lambert, se trouvait une histoire arrivée dans sa famille, et qu'il m'avait racontée avant d'entreprendre son traité. Ce fait, relatif à la post-existence de l'ÃÂȘtre intérieur, si je puis me permettre de forger un mot nouveau pour rendre un effet innommé, me frappa si vivement que j'en ai gardé le souvenir. Son pÚre et sa mÚre eurent à soutenir un procÚs dont la perte devait entacher leur probité, seul bien qu'ils possédassent au monde. Donc l'anxiété fut grande quand s'agita la question de savoir si l'on céderait à l'injuste agression du demandeur, ou si l'on se défendrait contre lui. La délibération eut lieu par une nuit d'automne, devant un feu de tourbe, dans la chambre du tanneur et de sa femme. A ce conseil furent appelés deux ou trois parents et le bisaïeul maternel de Louis, vieux laboureur tout cassé, mais d'une figure vénérable et majestueuse, dont les yeux étaient clairs, dont le crùne jauni par le temps conservait encore quelques mÚches de cheveux blancs épars. Semblable à l' Obi des nÚgres, au Sagamore des sauvages, il était une espÚce d'esprit oraculaire que l'on consultait dans les grandes occasions. Ses biens étaient cultivés par ses petits-enfants, qui le nourrissaient et le servaient ; il leur pronostiquait la pluie, le beau temps, et leur indiquait le moment oÃÂč ils devaient faucher les prés ou rentrer les moissons. La justesse barométrique de sa parole, devenue célÚbre, augmentait toujours la confiance et le culte qui s'attachaient à lui. Il demeurait des journées entiÚres immobile sur sa chaise. Cet état d'extase lui était familier depuis la mort de sa femme, pour laquelle il avait eu la plus vive et la plus constante des affections. Le débat eut lieu devant lui, sans qu'il parût y prÃÂȘter une grande attention. - Mes enfants, leur dit-il quand il fut requis de donner son avis, cette affaire est trop grave pour que je la décide seul. Il faut que j'aille consulter ma femme. Le bonhomme se leva, prit son bùton, et sortit, au grand étonnement des assistants qui le crurent tombé en enfance. Il revint bientÎt et leur dit - Je n'ai pas eu besoin d'aller jusqu'au cimetiÚre, votre mÚre est venue au-devant de moi, je l'ai trouvée auprÚs du ruisseau. Elle m'a dit que vous retrouveriez chez un notaire de Blois des quittances qui vous feraient gagner votre procÚs. Ces paroles furent prononcées d'une voix ferme. L'attitude et la physionomie de l'aïeul annonçaient un homme pour qui cette apparition était habituelle. En effet, les quittances contestées se retrouvÚrent, et le procÚs n'eut pas lieu. Cette aventure arrivée sous le toit paternel, aux yeux de Louis, alors ùgé de neuf ans, contribua beaucoup à le faire croire aux visions miraculeuses de Swedenborg, qui donna pendant sa vie plusieurs preuves de la puissance de vision acquise à son ÃÂȘtre intérieur. En avançant en ùge et à mesure que son intelligence se développait, Lambert devait ÃÂȘtre conduit à chercher dans les lois de la nature humaine les causes du miracle qui dÚs l'enfance avait attiré son attention. De quel nom appeler le hasard qui rassemblait autour de lui les faits, les livres relatifs à ces phénomÚnes, et le rendit lui-mÃÂȘme le théùtre et l'acteur des plus grandes merveilles de la pensée ? Quand Louis n'aurait pour seul titre à la gloire que d'avoir, dÚs l'ùge de quinze ans, émis cette maxime psychologique " Les événements qui attestent l'action de l'Humanité, et qui sont le produit de son intelligence, ont des causes dans lesquelles ils sont préconçus, comme nos actions sont accomplies dans notre pensée avant de se reproduire au dehors ; les pressentiments ou les prophéties sont l' aperçu de ces causes ; " je crois qu'il faudrait déplorer en lui la perte d'un génie égal à celui des Pascal, des Lavoisier, des Laplace. Peut-ÃÂȘtre ses chimÚres sur les anges dominÚrent-elles trop longtemps ses travaux ; mais n'est-ce pas en cherchant à faire de l'or que les savants ont insensiblement créé la Chimie ? Cependant, si plus tard Lambert étudia l'anatomie comparée, la physique, la géométrie et les sciences qui se rattachaient à ses découvertes, il eut nécessairement l'intention de rassembler des faits et de procéder par l'analyse, seul flambeau qui puisse nous guider aujourd'hui à travers les obscurités de la moins saisissable des natures. Il avait certes trop de sens pour rester dans les nuages des théories, qui toutes peuvent se traduire en quelques mots. Aujourd'hui, la démonstration la plus simple appuyée sur les faits n'est-elle pas plus précieuse que ne le sont les plus beaux systÚmes défendus par des inductions plus ou moins ingénieuses ? Mais ne l'ayant pas connu pendant l'époque de sa vie oÃÂč il dut réfléchir avec le plus de fruit, je ne puis que conjecturer la portée de ses oeuvres d'aprÚs celle de ses premiÚres méditations. Il est facile de saisir en quoi péchait son traité de la Volonté. Quoique doué déjà des qualités qui distinguent les hommes supérieurs, il était encore enfant. Quoique riche et habile aux abstractions, son cerveau se ressentait encore des délicieuses croyances qui flottent autour de toutes les jeunesses. Sa conception touchait donc aux fruits mûrs de son génie par quelques points, et par une foule d'autres elle se rapprochait de la petitesse des germes. A quelques esprits amoureux de poésie, son plus grand défaut eût semblé une qualité savoureuse. Son oeuvre portait les marques de la lutte que se livraient dans cette belle ùme ces deux grands principes, le Spiritualisme, le Matérialisme, autour desquels ont tourné tant de beaux génies, sans qu'aucun d'eux ait osé les fondre en un seul. D'abord spiritualiste pur, Louis avait été conduit invinciblement à reconnaÃtre la matérialité de la pensée. Battu par les faits de l'analyse au moment oÃÂč son coeur lui faisait encore regarder avec amour les nuages épars dans les cieux de Swedenborg, il ne se trouvait pas encore de force à produire un systÚme unitaire, compacte, fondu d'un seul jet. De là venaient quelques contradictions empreintes jusque dans l'esquisse que je trace de ses premiers essais. Quelque incomplet que fût son ouvrage, n'était-il pas le brouillon d'une science dont, plus tard, il aurait approfondi les mystÚres, assuré les bases, recherché, déduit et enchaÃné les développements ? Six mois aprÚs la confiscation du traité sur la Volonté, je quittai le collÚge. Notre séparation fut brusque. Ma mÚre, alarmée d'une fiÚvre qui depuis quelque temps ne me quittait pas, et à laquelle mon inaction corporelle donnait les symptÎmes du coma, m'enleva du collÚge en quatre ou cinq heures. A l'annonce de mon départ, Lambert devint d'une tristesse effrayante. Nous nous cachùmes pour pleurer. - Te reverrai-je jamais ? me dit-il de sa voix douce en me serrant dans ses bras. - Tu vivras, toi, reprit-il ; mais moi, je mourrai. Si je le peux, je t'apparaÃtrai. Il faut ÃÂȘtre jeune pour prononcer de telles paroles avec un accent de conviction qui les fait accepter comme un présage, comme une promesse dont l'effroyable accomplissement sera redouté. Pendant longtemps, j'ai pensé vaguement à cette apparition promise. Il est encore certains jours de spleen, de doute, de terreur, de solitude, oÃÂč je suis obligé de chasser les souvenirs de cet adieu mélancolique, qui cependant ne devait pas ÃÂȘtre le dernier. Lorsque je traversai la cour par laquelle nous sortions, Lambert était collé à l'une des fenÃÂȘtres grillées du réfectoire pour me voir passer. Sur mon désir, ma mÚre obtint la permission de le faire dÃner avec nous à l'auberge. A mon tour, le soir, je le ramenai au seuil fatal du collÚge. Jamais amant et maÃtresse ne versÚrent en se séparant plus de larmes que nous n'en répandÃmes. - Adieu donc ! je vais ÃÂȘtre seul dans ce désert, me dit-il en me montrant les cours oÃÂč deux cents enfants jouaient et criaient. Quand je reviendrai fatigué, demi-mort de mes longues courses à travers les champs de la pensée, dans quel coeur me reposerai-je ? Un regard me suffisait pour te dire tout. Qui donc maintenant me comprendra ? Adieu ! je voudrais ne t'avoir jamais rencontré, je ne saurais pas tout ce qui va me manquer. - Et moi, lui dis-je, que deviendrai-je ? ma situation n'est-elle pas plus affreuse ? je n'ai rien là pour me consoler, ajoutai-je en me frappant le front. Il hocha la tÃÂȘte par un mouvement empreint d'une grùce pleine de tristesse, et nous nous quittùmes. En ce moment, Louis Lambert avait cinq pieds deux pouces, il n'a plus grandi. Sa physionomie, devenue largement expressive, attestait la bonté de son caractÚre. Une patience divine développée par les mauvais traitements, une concentration continuelle exigée par sa vie contemplative, avaient dépouillé son regard de cette audacieuse fierté qui plaÃt dans certaines figures, et par laquelle il savait accabler nos Régents. Sur son visage éclataient des sentiments paisibles, une sérénité ravissante que n'altérait jamais rien d'ironique ou de moqueur, car sa bienveillance native tempérait la conscience de sa force et de sa supériorité. Il avait de jolies mains, bien effilées, presque toujours humides. Son corps était une merveille digne de la sculpture ; mais nos uniformes gris de fer à boutons dorés, nos culottes courtes, nous donnaient une tournure si disgracieuse, que le fini des proportions de Lambert et sa morbidesse ne pouvaient s'apercevoir qu'au bain. Quand nous nagions dans notre bassin du Loir, Louis se distinguait par la blancheur de sa peau, qui tranchait sur les différents tons de chair de nos camarades, tous marbrés par le froid ou violacés par l'eau. Délicat de formes, gracieux de pose, doucement coloré, ne frissonnant pas hors de l'eau, peut-ÃÂȘtre parce qu'il évitait l'ombre et courait toujours au soleil, Louis ressemblait à ces fleurs prévoyantes qui ferment leurs calices à la bise, et ne veulent s'épanouir que sous un ciel pur. Il mangeait trÚs peu, ne buvait que de l'eau ; puis, soit par instinct, soit par goût, il se montrait sobre [Coquille dans l'édition Furne qui écrit sombre ] de tout mouvement qui voulait une dépense de force ; ses gestes étaient rares et simples comme le sont ceux des Orientaux ou des Sauvages, chez lesquels la gravité semble ÃÂȘtre un état naturel. Généralement, il n'aimait pas tout ce qui ressemblait à de la recherche pour sa personne. Il penchait assez habituellement sa tÃÂȘte à gauche, et restait si souvent accoudé, que les manches de ses habits neufs étaient promptement percées. A ce léger portrait de l'homme, je dois ajouter une esquisse de son moral, car je crois aujourd'hui pouvoir impartialement en juger. Quoique naturellement religieux, Louis n'admettait pas les minutieuses pratiques de l'Eglise romaine ; ses idées sympathisaient plus particuliÚrement avec celles de sainte ThérÚse et de Fénelon, avec celles de plusieurs PÚres et de quelques saints, qui de nos jours seraient traités d'hérésiarques et d'athées. Il était impassible durant les offices. Sa priÚre procédait par des élancements, par des élévations d'ùme qui n'avaient aucun mode régulier ; il se laissait aller en tout à la nature, et ne voulait pas plus prier que penser à heure fixe. Souvent, à la chapelle, il pouvait aussi bien songer à Dieu que méditer sur quelque idée philosophique. Jésus-Christ était pour lui le plus beau type de son systÚme. Le Et verbum caro factum est ! lui semblait une sublime parole destinée à exprimer la formule traditionnelle de la Volonté, du Verbe, de l'Action se faisant visibles. Le Christ ne s'apercevant pas de sa mort, ayant assez perfectionné l'ÃÂȘtre intérieur par des oeuvres divines pour qu'un jour la forme invisible en apparût à ses disciples, enfin les mystÚres de l'Evangile, les guérisons magnétiques du Christ et le don des langues lui confirmaient sa doctrine. Je me souviens de lui avoir entendu dire à ce sujet que le plus bel ouvrage à faire aujourd'hui était l'Histoire de l'Eglise primitive. Jamais il ne s'élevait autant vers la poésie qu'au moment oÃÂč il abordait, dans une conversation du soir, l'examen des miracles opérés par la puissance de la Volonté pendant cette grande époque de foi. Il trouvait les plus fortes preuves de sa Théorie dans presque tous les martyres subis pendant le premier siÚcle de l'Eglise, qu'il appelait la grande Úre de la pensée. - " Les phénomÚnes arrivés dans la plupart des supplices si héroïquement soufferts par les chrétiens pour l'établissement de leurs croyances ne prouvent-ils pas, disait-il, que les forces matérielles ne prévaudront jamais contre la force des idées ou contre la Volonté de l'homme ? Chacun peut conclure de cet effet produit par la volonté de tous, en faveur de la sienne. " Je ne crois pas devoir parler de ses idées sur la poésie et sur l'histoire, ni de ses jugements sur les chefs-d'oeuvre de notre langue. Il n'y aurait rien de bien curieux à consigner ici des opinions devenues presque vulgaires aujourd'hui, mais qui, dans la bouche d'un enfant, pouvaient alors paraÃtre extraordinaires. Louis était à la hauteur de tout. Pour exprimer en deux mots son talent, il eût écrit Zadig aussi spirituellement que l'écrivit Voltaire ; il aurait aussi fortement que Montesquieu pensé le dialogue de Sylla et d'Eucrate. La grande rectitude de ses idées lui faisait désirer avant tout, dans une oeuvre, un caractÚre d'utilité ; de mÃÂȘme que son esprit fin y exigeait la nouveauté de la pensée autant que celle de la forme. Tout ce qui ne remplissait pas ces conditions lui causait un profond dégoût. L'une de ses appréciations littéraires les plus remarquables, et qui fera comprendre le sens de toutes les autres aussi bien que la lucidité de ses jugements, est celle-ci, qui m'est restée dans la mémoire " L'Apocalypse est une extase écrite. " Il considérait la Bible comme une portion de l'histoire traditionnelle des peuples antédiluviens, qui s'était partagée l'humanité nouvelle. Pour lui, la mythologie des Grecs tenait à la fois de la Bible hébraïque et des Livres sacrés de l'Inde, que cette nation amoureuse de grùce avait traduits à sa maniÚre. - Il est impossible, disait-il, de révoquer en doute la priorité des Ecritures asiatiques sur nos Ecritures saintes. Pour qui sait reconnaÃtre avec bonne foi ce point historique, le monde s'élargit étrangement. N'est-ce pas sur le plateau de l'Asie que se sont réfugiés les quelques hommes qui ont pu survivre à la catastrophe subie par notre globe, si toutefois les hommes existaient avant ce renversement ou ce choc question grave dont la solution est écrite au fond des mers. L'anthropogonie de la Bible n'est donc que la généalogie d'un essaim sorti de la ruche humaine qui se suspendit aux flancs montagneux du Thibet, entre les sommets de l'Himalaya et ceux du Caucase. Le caractÚre des idées premiÚres de la horde que son législateur nomma le peuple de Dieu, sans doute pour lui donner de l'unité, peut-ÃÂȘtre aussi pour lui faire conserver ses propres lois et son systÚme de gouvernement, car les livres de Moïse sont un code religieux, politique et civil ; ce caractÚre est marqué au coin de la terreur la convulsion du globe est interprétée comme une vengeance d'en haut par des pensées gigantesques. Enfin, ne goûtant aucune des douceurs que trouve un peuple assis dans une terre patriarcale, les malheurs de cette peuplade en voyage ne lui ont dicté que des poésies sombres, majestueuses et sanglantes. Au contraire, le spectacle des promptes réparations de la terre, les effets prodigieux du soleil dont les premiers témoins furent les Hindous, leur ont inspiré les riantes conceptions de l'amour heureux, le culte du feu, les personnifications infinies de la reproduction. Ces magnifiques images manquent à l'oeuvre des Hébreux. Un constant besoin de conservation, à travers les dangers et les pays parcourus jusqu'au lieu du repos, engendra le sentiment exclusif de ce peuple, et sa haine contre les autres nations. Ces trois Ecritures sont les archives du monde englouti. Là est le secret des grandeurs inouïes de ces langages et de leurs mythes. Une grande histoire humaine gÃt sous ces noms d'hommes et de lieux, sous ces fictions qui nous attachent irrésistiblement, sans que nous sachions pourquoi. Peut-ÃÂȘtre y respirons-nous l'air natal de notre nouvelle humanité. Pour lui cette triple littérature impliquait donc toutes les pensées de l'homme. Il ne se faisait pas un livre, selon lui, dont le sujet ne s'y pût trouver en germe. Cette opinion montre combien ses premiÚres études sur la Bible furent savamment creusées, et jusqu'oÃÂč elles le menÚrent. Planant toujours au-dessus de la société, qu'il ne connaissait que par les livres, il la jugeait froidement. - " Les lois, disait-il, n'y arrÃÂȘtent jamais les entreprises des grands ou des riches, et frappent les petits, qui ont au contraire besoin de protection. " Sa bonté ne lui permettait donc pas de sympathiser avec les idées politiques ; mais son systÚme conduisait à l'obéissance passive dont l'exemple fut donné par Jésus-Christ. Pendant les derniers moments de mon séjour à VendÎme, Louis ne sentait plus l'aiguillon de la gloire, il avait, en quelque sorte, abstractivement joui de la renommée ; et aprÚs l'avoir ouverte, comme les anciens sacrificateurs qui cherchaient l'avenir au coeur des hommes, il n'avait rien trouvé dans les entrailles de cette ChimÚre. Méprisant donc un sentiment tout personnel - La gloire, me disait-il, est l'égoïsme divinisé. Ici peut-ÃÂȘtre, avant de quitter cette enfance exceptionnelle, dois-je la juger par un rapide coup d'oeil. Quelque temps avant notre séparation, Lambert me disait - " A part les lois générales dont la formule sera peut ÃÂȘtre ma gloire, et qui doivent ÃÂȘtre celles de notre organisme, la vie de l'homme est un mouvement qui se résout plus particuliÚrement, en chaque ÃÂȘtre, au gré de je ne sais quelle influence, par le Cerveau, par le Coeur, ou par le Nerf. Des trois constitutions représentées par ces mots vulgaires, dérivent les modes infinis de l'Humanité, qui tous résultent des proportions dans lesquelles ces trois principes générateurs se trouvent plus ou moins bien combinés avec les substances qu'ils s'assimilent dans les milieux oÃÂč ils vivent. " Il s'arrÃÂȘta, se frappa le front, et me dit - Singulier fait ! chez tous les grands hommes dont les portraits ont frappé mon attention, le col est court. Peut-ÃÂȘtre la Nature veut-elle que chez eux le coeur soit plus prÚs du cerveau. Puis il reprit De là procÚde un certain ensemble d'actes qui compose l'existence sociale. A l'homme de Nerf, l'Action ou la force ; à l'homme de Cerveau, le Génie ; à l'homme de Coeur, la foi. Mais, ajouta-t-il tristement, à la Foi, les Nuées du Sanctuaire ; à l'Ange seul, la Clarté. Donc, suivant ses propres définitions, Lambert fut tout coeur et tout cerveau. Pour moi, la vie de son intelligence s'est scindée en trois phases. Soumis, dÚs l'enfance, à une précoce activité, due sans doute à quelque maladie ou à quelque perfection de ses organes ; dÚs l'enfance, ses forces se résumÚrent par le jeu de ses sens intérieurs et par une surabondante production de fluide nerveux. Homme d'idées, il lui fallut étancher la soif de son cerveau qui voulait s'assimiler toutes les idées. De là , ses lectures ; et, de ses lectures, ses réflexions qui lui donnÚrent le pouvoir de réduire les choses à leur plus simple expression, de les absorber en lui-mÃÂȘme pour les y étudier dans leur essence. Les bénéfices de cette magnifique période, accomplie chez les autres hommes aprÚs de longues études seulement, échurent donc à Lambert pendant son enfance corporelle ; enfance heureuse, enfance colorée par les studieuses félicités du poÚte. Le terme oÃÂč arrivent la plupart des cerveaux fut le point d'oÃÂč le sien devait partir un jour à la recherche de quelques nouveaux mondes d'intelligence. Là , sans le savoir encore, il s'était créé la vie la plus exigeante et, de toutes, la plus avidement insatiable. Pour exister, ne lui fallait-il pas jeter sans cesse une pùture à l'abÃme qu'il avait ouvert en lui ? Semblable à certains ÃÂȘtres des régions mondaines, ne pouvait-il périr faute d'aliments pour d'excessifs appétits trompés ? N'était-ce pas la débauche importée dans l'ùme, et qui devait la faire arriver, comme les corps saturés d'alcool, à quelque combustion instantanée ? Cette premiÚre phase cérébrale me fut inconnue ; aujourd'hui seulement, je puis m'en expliquer ainsi les prodigieuses fructifications et les effets. Lambert avait alors treize ans. Je fus assez heureux pour assister aux premiers jours du second ùge. Lambert, et cela le sauva peut-ÃÂȘtre, y tomba dans toutes les misÚres de la vie collégiale, et y dépensa la surabondance de ses pensées. AprÚs avoir passé des choses à leur expression pure, des mots à leur substance idéale, de cette substance à des principes ; aprÚs avoir tout abstrait, il aspirait, pour vivre, à d'autres créations intellectuelles. Dompté par les malheurs du collÚge et par les crises de sa vie physique, il demeura méditatif, devina les sentiments, entrevit de nouvelles sciences, véritables masses d'idées ! ArrÃÂȘté dans sa course, et trop faible encore pour contempler les sphÚres supérieures, il se contempla intérieurement. Il m'offrit alors le combat de la pensée réagissant sur elle-mÃÂȘme et cherchant à surprendre les secrets de sa nature, comme un médecin qui étudierait les progrÚs de sa propre maladie. Dans cet état de force et de faiblesse, de grùce enfantine et de puissance surhumaine, Louis Lambert est l'ÃÂȘtre qui m'a donné l'idée la plus poétique et la plus vraie de la créature que nous appelons un ange, en exceptant toutefois une femme de qui je voudrais dérober an monde le nom, les traits, la personne et la vie, afin d'avoir été seul dans le secret de son existence et pouvoir l'ensevelir au fond de mon coeur. La troisiÚme phase dut m'échapper. Elle commençait lorsque je fus séparé de Louis, qui ne sortit du collÚge qu'à l'ùge de dix-huit ans, vers le milieu de l'année 1815. Louis avait alors perdu son pÚre et sa mÚre depuis environ six mois. Ne rencontrant personne dans sa famille avec qui son ùme, tout expansive mais toujours comprimée depuis notre séparation, pût sympathiser, il se réfugia chez son oncle, nommé son tuteur, et qui, chassé de sa cure en sa qualité de prÃÂȘtre assermenté, était venu demeurer à Blois. Louis y séjourna pendant quelque temps. Dévoré bientÎt par le désir d'achever des études qu'il dut trouver incomplÚtes, il vint à Paris pour revoir madame de StaÃl, et pour puiser la science à ses plus hautes sources. Le vieux prÃÂȘtre, ayant un grand faible pour son neveu, laissa Louis libre de manger son héritage pendant un séjour de trois années à Paris, quoiqu'il y vécût dans la plus profonde misÚre. Cet héritage consistait en quelques milliers de francs. Lambert revint à Blois vers le commencement de l'année 1820, chassé de Paris par les souffrances qu'y trouvent les gens sans fortune. Pendant son séjour, il dut y ÃÂȘtre souvent en proie à des orages secrets, à ces horribles tempÃÂȘtes de pensées par lesquelles les artistes sont agités, s'il en faut juger par le seul fait que son oncle se soit rappelé, par la seule lettre que le bonhomme ait conservée de toutes celles que lui écrivit à cette époque Louis Lambert, lettre gardée peut-ÃÂȘtre parce qu'elle était la derniÚre et la plus longue de toutes. Voici d'abord le fait. Louis se trouvait un jour au Théùtre-Français placé sur une banquette des secondes galeries, prÚs d'un de ces piliers entre lesquels étaient alors les troisiÚmes loges. En se levant pendant le premier entr'acte, il vit une jeune femme qui venait d'arriver dans la loge voisine. La vue de cette femme, jeune et belle, bien mise, décolletée peut-ÃÂȘtre, et accompagnée d'un amant pour lequel sa figure s'animait de toutes les grùces de l'amour, produisit sur l'ùme et sur les sens de Lambert un effet si cruel qu'il fut obligé de sortir de la salle. S'il n'eut profité des derniÚres lueurs de sa raison, qui, dans le premier moment de cette brûlante passion, ne s'éteignit pas complÚtement, peut-ÃÂȘtre aurait-il succombé au désir presque invincible qu'il ressentit alors de tuer le jeune homme auquel s'adressaient les regards de cette femme. N'était-ce pas dans notre monde de Paris un éclair de l'amour du Sauvage qui se jette sur la femme comme sur sa proie, un effet d'instinct bestial joint à la rapidité des jets presque lumineux d'une ùme comprimée sous la masse de ses pensées ? Enfin n'était-ce pas le coup de canif imaginaire ressenti par l'enfant, devenu chez l'homme le coup de foudre de son besoin le plus impérieux, l'amour. Maintenant voici la lettre dans laquelle se peint l'état de son ùme frappée par le spectacle de la civilisation parisienne. Son coeur, sans doute constamment froissé dans ce gouffre d'égoïsme, dut toujours y souffrir ; il n'y rencontra peut-ÃÂȘtre ni amis pour le consoler, ni ennemis pour donner du ton à sa vie. Contraint de vivre sans cesse en lui-mÃÂȘme et ne partageant avec personne ses exquises jouissances, peut-ÃÂȘtre voulait-il résoudre l'oeuvre de sa destinée par l'extase, et rester sous une forme presque végétale, comme un anachorÚte des premiers temps de l'Eglise, en abdiquant ainsi l'empire du monde intellectuel. La lettre semble indiquer ce projet, auquel les ùmes grandes se sont prises à toutes les époques de rénovation sociale. Mais cette résolution n'est-elle pas alors pour certaines d'entre elles l'effet d'une vocation ? ne cherchent-elles pas à concentrer leurs forces dans un long silence, afin d'en sortir propres à gouverner le monde, par la Parole ou par l'Action ? Certes, Louis avait dû recueillir bien de l'amertume parmi les hommes, ou presser la société par quelque terrible ironie sans pouvoir en rien tirer, pour jeter une si vigoureuse clameur, pour arriver, lui pauvre ! au désir que la lassitude de la puissance et de toute chose a fait accomplir à certains souverains. Peut-ÃÂȘtre aussi venait-il achever dans la solitude quelque grande oeuvre qui flottait indécise dans son cerveau ? Qui ne le croirait volontiers en lisant ce fragment de ses pensées oÃÂč se trahissent les combats de son ùme au moment oÃÂč cessait pour lui la jeunesse, oÃÂč commençait à éclore la terrible faculté de produire à laquelle auraient été dues les oeuvres de l'homme ? Cette lettre est en rapport avec l'aventure arrivée au théùtre. Le Fait et l'Ecrit s'illuminent réciproquement, l'ùme et le corps s'étaient mis au mÃÂȘme ton. Cette tempÃÂȘte de doutes et d'affirmations, de nuages et d'éclairs qui souvent laisse échapper la foudre, et qui finit par une aspiration affamée vers la lumiÚre céleste, jette assez de clarté sur la troisiÚme époque de son éducation morale pour la faire comprendre en entier. En lisant ces pages écrites au hasard, prises et reprises suivant les caprices de la vie parisienne, ne semble-t-il pas voir un chÃÂȘne pendant le temps oÃÂč son accroissement intérieur fait crever sa jolie peau verte, le couvre de rugosités, de fissures, et oÃÂč se prépare sa forme majestueuse, si toutefois le tonnerre du ciel ou la hache de l'homme le respectent ! A cette lettre finira donc, pour le penseur comme pour le poÚte, cette enfance grandiose et cette jeunesse incomprise. Là se termine le contour de ce germe moral les philosophes en regretteront les frondaisons atteintes par la gelée dans leurs bourgeons ; mais sans doute ils en verront les fleurs écloses dans des régions plus élevées que ne le sont les plus hauts lieux de la terre. Paris, septembre-novembre 1819. " Cher oncle, je vais bientÎt quitter ce pays, oÃÂč je ne saurais vivre. Je n'y vois aucun homme aimer ce que j'aime, s'occuper de ce qui m'occupe, s'étonner de ce qui m'étonne. Forcé de me replier sur moi-mÃÂȘme, je me creuse et souffre. La longue et patiente étude que je viens de faire de cette Société donne des conclusions tristes oÃÂč le doute domine. Ici le point de départ en tout est l'argent. Il faut de l'argent, mÃÂȘme pour se passer d'argent. Mais quoique ce métal soit nécessaire à qui veut penser tranquillement, je ne me sens pas le courage de le rendre l'unique mobile de mes pensées. Pour amasser une fortune, il faut choisir un état ; en un mot, acheter par quelque privilÚge de position ou d'achalandage, par un privilÚge légal ou fort habilement créé, le droit de prendre chaque jour, dans la bourse d'autrui, une somme assez mince qui, chaque année, produit un petit capital ; lequel par vingt années donne à peine quatre ou cinq mille francs de rente quand un homme se conduit honnÃÂȘtement. En quinze ou seize ans et aprÚs son apprentissage, l'avoué, le notaire, le marchand, tous les travailleurs patentés ont gagné du pain pour leurs vieux jours. Je ne me suis senti propre à rien en ce genre. Je préfÚre la pensée à l'action, une idée à une affaire, la contemplation au mouvement. Je manque essentiellement de la constante attention nécessaire à qui veut faire fortune. Toute entreprise mercantile, toute obligation de demander de l'argent à autrui, me conduirait à mal, et je serais bientÎt ruiné. Si je n'ai rien, au moins ne dois-je rien en ce moment. Il faut matériellement peu à celui qui vit pour accomplir de grandes choses dans l'ordre moral ; mais quoique vingt sous par jour puissent me suffire, je ne possÚde pas la rente de cette oisiveté travailleuse. Si je veux méditer, le besoin me chasse hors du sanctuaire oÃÂč se meut ma pensée. Que vais-je devenir ? La misÚre ne m'effraie pas. Si l'on n'emprisonnait, si l'on ne flétrissait, si l'on ne méprisait point les mendiants, je mendierais pour pouvoir résoudre à mon aise les problÚmes qui m'occupent. Mais cette sublime résignation par laquelle je pourrais émanciper ma pensée en la libérant de mon corps ne servirait à rien il faut encore de l'argent pour se livrer à certaines expériences. Sans cela, j'eusse accepté l'indigence apparente d'un penseur qui possÚde la terre et le ciel. Pour ÃÂȘtre grand dans la misÚre, il suffit de ne jamais s'avilir. L'homme qui combat et souffre en marchant vers un noble but, présente certes un beau spectacle ; mais ici qui se sent la force de lutter ? On escalade des rochers, on ne peut pas toujours piétiner dans la boue. Ici tout décourage le vol en droite ligne d'un esprit qui tend à l'avenir. Je ne me craindrais pas dans une grotte au désert, et je me crains ici. Au désert, je serais avec moi-mÃÂȘme sans distraction ; ici, l'homme éprouve une foule de besoins qui le rapetissent. Quand vous ÃÂȘtes sorti rÃÂȘveur, préoccupé, la voix du pauvre vous rappelle au milieu de ce monde de faim et de soif, en vous demandant l'aumÎne. Il faut de l'argent pour se promener. Les organes, incessamment fatigués par des riens, ne se reposent jamais. La nerveuse disposition du poÚte est ici sans cesse ébranlée et ce qui doit faire sa gloire devient son tourment son imagination y est sa plus cruelle ennemie. Ici l'ouvrier blessé, l'indigente en couches, la fille publique devenue malade, l'enfant abandonné, le vieillard infirme, les vices, le crime lui-mÃÂȘme trouvent un asile et des soins ; tandis que le monde est impitoyable pour l'inventeur, pour tout homme qui médite. Ici, tout doit avoir un résultat immédiat, réel ; l'on s'y moque des essais d'abord infructueux qui peuvent mener aux plus grandes découvertes, et l'on n'y estime pas cette étude constante et profonde qui veut une longue concentration des forces. L'Etat pourrait solder le Talent, comme il solde la Baïonnette ; mais il tremble d'ÃÂȘtre trompé par l'homme d'intelligence, comme si l'on pouvait longtemps contrefaire le génie. Ah ! mon oncle, quand on a détruit les solitudes conventuelles, assises au pied des monts, sous des ombrages verts et silencieux, ne devait-on pas construire des hospices pour les ùmes souffrantes qui par une seule pensée engendrent le mieux des nations, ou préparent les progrÚs d'une science ? " 20 septembre. " L'étude m'a conduit ici, vous le savez ; j'y ai trouvé des hommes vraiment instruits, étonnants pour la plupart ; mais l'absence d'unité dans les travaux scientifiques annule presque tous les efforts. Ni l'enseignement, ni la science n'ont de chef. Vous entendez au Muséum un professeur prouvant que celui de la rue Saint-Jacques vous a dit d'absurdes niaiseries. L'homme de l'Ecole de Médecine soufflette celui du collÚge de France. A mon arrivée, je suis allé entendre un vieil académicien qui disait à cinq cents jeunes gens que Corneille est un génie vigoureux et fier, Racine élégiaque et tendre, MoliÚre inimitable, Voltaire éminemment spirituel, Bossuet et Pascal désespérément forts. Un professeur de philosophie devient illustre, en expliquant comment Platon est Platon. Un autre fait l'histoire des mots sans penser aux idées. Celui-ci vous explique Eschyle, celui-là prouve assez victorieusement que les Communes étaient les Communes et pas autre chose. Ces aperçus nouveaux et lumineux, paraphrasés pendant quelques heures, constituent le haut enseignement qui doit faire faire des pas de géant aux connaissances humaines. Si le gouvernement avait une pensée, je le soupçonnerais d'avoir peur des supériorités réelles qui, réveillées, mettraient la société sous le joug d'un pouvoir intelligent. Les nations iraient trop loin trop tÎt, les professeurs sont alors chargés de faire des sots. Comment expliquer autrement un professorat sans méthode, sans une idée d'avenir ? L'Institut pouvait ÃÂȘtre le grand gouvernement du monde moral et intellectuel ; mais il a été récemment brisé par sa constitution en académies séparées. La science humaine marche donc sans guide, sans systÚme et flotte au hasard, sans s'ÃÂȘtre tracé de route. Ce laisser-aller, cette incertitude existe en politique comme en science. Dans l'ordre naturel, les moyens sont simples, la fin est grande et merveilleuse ; ici, dans la science comme dans le gouvernement, les moyens sont immenses, la fin est petite. Cette force qui, dans la Nature, marche d'un pas égal et dont la somme s'ajoute perpétuellement à elle-mÃÂȘme, cet A + A qui produit tout, est destructif dans la Société. La politique actuelle oppose les unes aux autres les forces humaines pour les neutraliser, au lieu de les combiner pour les faire agir dans un but quelconque. En s'en tenant à l'Europe, depuis César jusqu'à Constantin, du petit Constantin au grand Attila, des Huns à Charlemagne, de Charlemagne à Léon X, de Léon X à Philippe II, de Philippe II à Louis XIV, de Venise à l'Angleterre, de l'Angleterre à Napoléon, de Napoléon à l'Angleterre, je ne vois aucune fixité dans la politique, et son agitation constante n'a procuré nul progrÚs. Les nations témoignent de leur grandeur par des monuments, ou de leur bonheur par le bien-ÃÂȘtre individuel. Les monuments modernes valent-ils les anciens ? j'en doute. Les arts qui participent plus immédiatement de l'homme individuel, les productions de son génie ou de sa main ont peu gagné. Les jouissances de Lucullus valaient bien celles de Samuel Bernard, de Beaujon ou du roi de BaviÚre. Enfin, la longévité humaine a perdu. Pour qui veut ÃÂȘtre de bonne foi, rien n'a donc changé, l'homme est le mÃÂȘme la force est toujours son unique loi, le succÚs sa seule sagesse. Jésus-Christ, Mahomet, Luther n'ont fait que colorer différemment le cercle dans lequel les jeunes nations ont fait leurs évolutions. Nulle politique n'a empÃÂȘché la Civilisation, ses richesses, ses moeurs, son contrat entre les forts contre les faibles, ses idées et ses voluptés d'aller de Memphis à Tyr, de Tyr à Balbeck, de Tedmor à Carthage, de Carthage à Rome, de Rome à Constantinople, de Constantinople à Venise, de Venise en Espagne, d'Espagne en Angleterre, sans que nul vestige n'existe de Memphis, de Tyr, de Carthage, de Rome, de Venise ni de Madrid. L'esprit de ces grands corps s'est envolé. Nul ne s'est préservé de la ruine et n'a deviné cet axiome Quand l'effet produit n'est plus en rapport avec sa cause, il y a désorganisation. Le génie le plus subtil ne peut découvrir aucune liaison entre ces grands faits sociaux. Aucune théorie politique n'a vécu. Les gouvernements passent comme les hommes, sans se transmettre aucun enseignement, et nul systÚme n'engendre un systÚme plus parfait. Que conclure de la politique, quand le gouvernement appuyé sur Dieu a péri dans l'Inde et en Egypte ; quand le gouvernement du sabre et de la tiare a passé ; quand le gouvernement d'un seul est mort ; quand le gouvernement de tous n'a jamais pu vivre ; quand aucune conception de la force intelligentielle, appliquée aux intérÃÂȘts matériels, n'a pu durer, et que tout est à refaire aujourd'hui comme à toutes les époques oÃÂč l'homme s'est écrié Je souffre ! Le code que l'on regarde comme la plus belle oeuvre de Napoléon, est l'oeuvre la plus draconienne que je sache. La divisibilité territoriale poussée à l'infini, dont le principe y est consacré par le partage égal des biens, doit engendrer l'abùtardissement de la nation, la mort des arts et celle des sciences. Le sol trop divisé se cultive en céréales, en petits végétaux ; les forÃÂȘts et partant les cours d'eau disparaissent ; il ne s'élÚve plus ni boeufs, ni chevaux. Les moyens manquent pour l'attaque comme pour la résistance. Vienne une invasion ; le peuple est écrasé, il a perdu ses grands ressorts, il a perdu ses chefs. Et voilà l'histoire des déserts ! La politique est donc une science sans principes arrÃÂȘtés, sans fixité possible ; elle est le génie du moment, l'application constante de la force, suivant la nécessité du jour. L'homme qui verrait à deux siÚcles de distance mourrait sur la place publique chargé des imprécations du peuple ; ou serait, ce qui me semble pis, flagellé par les mille fouets du ridicule. Les nations sont des individus qui ne sont ni plus sages ni plus forts que ne l'est l'homme, et leurs destinées sont les mÃÂȘmes. Réfléchir sur celui-ci, n'est-ce pas s'occuper de celles-là . Au spectacle de cette société sans cesse tourmentée dans ses bases comme dans ses effets, dans ses causes comme dans son action, chez laquelle la philanthropie est une magnifique erreur, et le progrÚs un non-sens, j'ai gagné la confirmation de cette vérité, que la vie est en nous et non au dehors ; que s'élever au-dessus des hommes pour leur commander est le rÎle agrandi d'un régent de classe ; et que les hommes assez forts pour monter jusqu'à la ligne oÃÂč ils peuvent jouir du coup d'oeil des mondes, ne doivent pas regarder à leurs pieds. " 5 novembre. " Je suis assurément occupé de pensées graves, je marche à certaines découvertes, une force invincible m'entraÃne vers une lumiÚre qui a brillé de bonne heure dans les ténÚbres de ma vie morale ; mais quel nom donner à la puissance qui me lie les mains, me ferme la bouche, et m'entraÃne en sens contraire à ma vocation ? Il faut quitter Paris, dire adieu aux livres des bibliothÚques, à ces beaux foyers de lumiÚre, à ces savants si complaisants, si accessibles, à ces jeunes génies avec lesquels je sympathisais. Qui me repousse ? est-ce le Hasard, est-ce la Providence ? Les deux idées que représentent ces mots sont inconciliables. Si le Hasard n'est pas, il faut admettre le Fatalisme, ou la coordination forcée des choses soumises à un plan général. Pourquoi donc résisterions-nous ? Si l'homme n'est plus libre, que devient l'échafaudage de sa morale ? Et s'il peut faire sa destinée, s'il peut par son libre arbitre arrÃÂȘter l'accomplissement du plan général, que devient Dieu ? Pourquoi suis-je venu ? Si je m'examine, je le sais je trouve en moi des textes à développer ; mais alors pourquoi possedé-je d'énormes facultés sans pouvoir en user ? Si mon supplice servait à quelque exemple, je le concevrais ; mais non, je souffre obscurément. Ce résultat est aussi providentiel que peut l'ÃÂȘtre le sort de la fleur inconnue qui meurt au fond d'une forÃÂȘt vierge sans que personne en sente les parfums ou en admire l'éclat. De mÃÂȘme qu'elle exhale vainement ses odeurs dans la solitude, j'enfante ici dans un grenier des idées sans qu'elles soient saisies. Hier, j'ai mangé du pain et des raisins le soir, devant ma fenÃÂȘtre, avec un jeune médecin nommé Meyraux. Nous avons causé comme des gens que le malheur a rendus frÚres, et je lui ai dit - Je m'en vais, vous restez, prenez mes conceptions et développez-les ! - Je ne le puis, me répondit-il avec une amÚre tristesse, ma santé trop faible ne résistera pas à mes travaux, et je dois mourir jeune en combattant la misÚre. Nous avons regardé le ciel, en nous pressant les mains. Nous nous sommes rencontrés au Cours d'anatomie comparée et dans les galeries du Muséum, amenés tous deux par une mÃÂȘme étude, l'unité de la composition zoologique. Chez lui, c'était le pressentiment du génie envoyé pour ouvrir une nouvelle route dans les friches de l'intelligence ; chez moi, c'était déduction d'un systÚme général. Ma pensée est de déterminer les rapports réels qui peuvent exister entre l'homme et Dieu. N'est-ce pas une nécessité de l'époque ? Sans de hautes certitudes, il est impossible de mettre un mors à ces sociétés que l'esprit d'examen et de discussion a déchaÃnées et qui crient aujourd'hui - Menez-nous dans une voie oÃÂč nous marcherons sans rencontrer des abÃmes ? Vous me demanderez ce que l'anatomie comparée a de commun avec une question si grave pour l'avenir des sociétés. Ne faut-il pas se convaincre que l'homme est le but de tous les moyens terrestres pour se demander s'il ne sera le moyen d'aucune fin ? Si l'homme est lié à tout, n'y a-t-il rien au-dessus de lui, à quoi il se lie à son tour ? S'il est le terme des transmutations inexpliquées qui montent jusqu'à lui, ne doit-il pas ÃÂȘtre le lien entre la nature visible et une nature invisible ? L'action du monde n'est pas absurde, elle aboutit à une fin, et cette fin ne doit pas ÃÂȘtre une société constituée comme l'est la nÎtre. Il se rencontre une terrible lacune entre nous et le ciel. En l'état actuel, nous ne pouvons ni toujours jouir, ni toujours souffrir ; ne faut-il pas un énorme changement pour arriver au paradis et à l'enfer, deux conceptions sans lesquelles Dieu n'existe pas aux yeux de la masse ? Je sais qu'on s'est tiré d'affaire en inventant l'ùme ; mais j'ai quelque répugnance à rendre Dieu solidaire des lùchetés humaines, de nos désenchantements, de nos dégoûts, de notre décadence. Puis comment admettre en nous un principe divin contre lequel quelques verres de rhum puissent prévaloir ? comment imaginer des facultés immatérielles que la matiÚre réduise, dont l'exercice soit enchaÃné par un grain d'opium ? Comment imaginer que nous sentirons encore quand nous serons dépouillés des conditions de notre sensibilité ? Pourquoi Dieu périrait-il, parce que la substance serait pensante ? L'animation de la substance et ses innombrables variétés, effets de ses instincts, sont-ils moins inexplicables que les effets de la pensée ? Le mouvement imprimé aux mondes n'est-il pas suffisant pour prouver Dieu, sans aller se jeter dans les absurdités engendrées par notre orgueil ? Que d'une façon d'ÃÂȘtre périssable, nous allions aprÚs nos épreuves à une existence meilleure, n'est-ce pas assez pour une créature qui ne se distingue des autres que par un Instinct plus complet ? S'il n'existe pas en morale un principe qui ne mÚne à l'absurde, ou ne soit contredit par l'évidence, n'est-il pas temps de se mettre en quÃÂȘte des dogmes écrits au fond de la nature des choses ? Ne faudrait-il pas retourner la science philosophique ? Nous nous occupons trÚs peu du prétendu néant qui nous a précédés, et nous fouillons le prétendu néant qui nous attend. Nous faisons Dieu responsable de l'avenir, et nous ne lui demandons aucun compte du passé. Cependant il est aussi nécessaire de savoir si nous n'avons aucune racine dans l'antérieur, que de savoir si nous sommes soudés au futur. Nous n'avons été déistes ou athées que d'un cÎté. Le monde est-il éternel ? le monde est-il créé ? Nous ne concevons aucun moyen terme entre ces deux propositions l'une est fausse, l'autre est vraie, choisissez ! Quel que soit votre choix, Dieu, tel que notre raison se le figure, doit s'amoindrir, ce qui équivaut à sa négation. Faites le monde éternel la question n'est pas douteuse, Dieu l'a subi. Supposez le monde créé, Dieu n'est plus possible. Comment serait-il resté toute une éternité sans savoir qu'il aurait la pensée de créer le monde ? Comment n'en aurait-il point su par avance les résultats ? D'oÃÂč en a-t-il tiré l'essence ? de lui nécessairement. Si le monde sort de Dieu, comment admettre le mal ? Si le mal est sorti du bien, vous tombez dans l'absurde. S'il n'y a pas de mal, que deviennent les sociétés avec leurs lois ? Partout des précipices ! partout un abÃme pour la raison ! Il est donc une science sociale à refaire en entier. Ecoutez, mon oncle tant qu'un beau génie n'aura pas rendu compte de l'inégalité patente des intelligences, le sens général de l'humanité, le mot Dieu sera sans cesse mis en accusation, et la société reposera sur des sables mouvants. Le secret des différentes zones morales dans lesquelles transite l'homme se trouvera dans l'analyse de l'Animalité tout entiÚre. L'Animalité n'a, jusqu'à présent, été considérée que par rapport à ses différences, et non dans ses similitudes ; dans ses apparences organiques, et non dans ses facultés. Les facultés animales se perfectionnent de proche en proche, suivant des lois à rechercher. Ces facultés correspondent à des forces qui les expriment, et ces forces sont essentiellement matérielles, divisibles. Des facultés matérielles ! songez à ces deux mots. N'est-ce pas une question aussi insoluble que l'est celle de la communication du mouvement à la matiÚre, abÃme encore inexploré, dont les difficultés ont été plutÎt déplacées que résolues par le systÚme de Newton. Enfin la combinaison constante de la lumiÚre avec tout ce qui vit sur la terre, veut un nouvel examen du globe. Le mÃÂȘme animal ne se ressemble plus sous la Torride, dans l'Inde ou dans le Nord. Entre la verticalité et l'obliquité des rayons solaires, il se développe une nature dissemblable et pareille qui, la mÃÂȘme dans son principe, ne se ressemble ni en deçà ni au delà dans ses résultats. Le phénomÚne qui crÚve nos yeux dans le monde zoologique en comparant les papillons du Bengale aux papillons d'Europe est bien plus grand encore dans le monde moral. Il faut un angle facial déterminé, une certaine quantité de plis cérébraux pour obtenir Colomb, RaphaÃl, Napoléon, Laplace ou Beethoven ; la vallée sans soleil donne le crétin ; tirez vos conclusions ? Pourquoi ces différences dues à la distillation plus ou moins heureuse de la lumiÚre en l'homme ? Ces grandes masses humaines souffrantes, plus ou moins actives, plus ou moins nourries, plus ou moins éclairées, constituent des difficultés à résoudre, et qui crient contre Dieu. Pourquoi dans l'extrÃÂȘme joie voulons-nous toujours quitter la terre, pourquoi l'envie de s'élever qui a saisi, qui saisira toute créature ? Le mouvement est une grande ùme dont l'alliance avec la matiÚre est tout aussi difficile à expliquer que l'est la production de la pensée en l'homme. Aujourd'hui la science est une, il est impossible de toucher à la politique sans s'occuper de morale, et la morale tient à toutes les questions scientifiques. Il me semble que nous sommes à la veille d'une grande bataille humaine ; les forces sont là ; seulement je ne vois pas de général... " 25 novembre. " Croyez-moi, mon oncle, il est difficile de renoncer sans douleur à la vie qui nous est propre, je retourne à Blois avec un affreux saisissement de coeur. J'y mourrai en emportant des vérités utiles. Aucun intérÃÂȘt personnel ne dégrade mes regrets. La gloire est-elle quelque chose à qui croit pouvoir aller dans une sphÚre supérieure ? Je ne suis pris d'aucun amour pour les deux syllabes Lam et bert prononcées avec vénération ou avec insouciance sur ma tombe, elles ne changeront rien à ma destinée ultérieure. Je me sens fort, énergique, et pourrais devenir une puissance ; je sens en moi une vie si lumineuse qu'elle pourrait animer un monde, et je suis enfermé dans une sorte de minéral, comme y sont peut-ÃÂȘtre effectivement les couleurs que vous admirez au col des oiseaux de la presqu'Ãle indienne. Il faudrait embrasser tout ce monde, l'étreindre pour le refaire ; mais ceux qui l'ont ainsi étreint et refondu n'ont-ils pas commencé par ÃÂȘtre un rouage de la machine ? moi, je serais broyé. A Mahomet le sabre, à Jésus la croix, à moi la mort obscure ; demain à Blois, et quelques jours aprÚs dans un cercueil. Savez-vous pourquoi ? Je suis revenu à Swedenborg, aprÚs avoir fait d'immenses études sur les religions et m'ÃÂȘtre démontré, par la lecture de tous les ouvrages que la patiente Allemagne, l'Angleterre et la France ont publiés depuis soixante ans, la profonde vérité des aperçus de ma jeunesse sur la Bible. Evidemment, Swedenborg résume toutes les religions, ou plutÎt la seule religion de l'Humanité. Si les cultes ont eu des formes infinies, ni leur sens ni leur construction métaphysique n'ont jamais varié. Enfin l'homme n'a jamais eu qu'une religion. Le Sivaïsme, le Vichnouvisme et le Brahmaïsme, les trois premiers cultes humains, nés au Thibet, dans la vallée de l'Indus et sur les vastes plaines du Gange, ont fini, quelques mille ans avant Jésus-Christ, leurs guerres, par l'adoption de la Trimourti hindoue. De ce dogme sortent, en Perse, le Magisme ; en Egypte, les religions africaines et le Mosaïsme ; puis le Cabirisme et le Polythéisme gréco-romain. Pendant que ces irradiations de la Trimourti adaptent les mythes de l'Asie aux imaginations de chaque pays oÃÂč elles arrivent conduites par des sages que les hommes transforment en demi-dieux, Mithra, Bacchus, HermÚs, Hercule, etc., Bouddha, le célÚbre réformateur des trois religions primitives s'élÚve dans l'Inde et y fonde son Eglise, qui compte encore aujourd'hui deux cent millions de fidÚles de plus que le Christianisme, et oÃÂč sont venues se tremper les vastes volontés de Christ et de Confucius. Le Christianisme lÚve sa banniÚre. Plus tard, Mahomet fond le Mosaïsme et le Christianisme, la Bible et l'Evangile en un livre, le Coran, oÃÂč il les approprie au génie des Arabes. Enfin Swedenborg reprend au Magisme, au Brahmaïsme, au Bouddhisme et au Mysticisme chrétien ce que ces quatre grandes religions ont de commun, de réel, de divin, et rend à leur doctrine une raison pour ainsi dire mathématique. Pour qui se jette dans ces fleuves religieux dont tous les fondateurs ne sont pas connus, Zoroastre, Moïse, Bouddha, Confucius, Jésus-Christ, Swedenborg ont les mÃÂȘmes principes, et se proposent la mÃÂȘme fin. Mais, le dernier de tous, Swedenborg sera peut-ÃÂȘtre le Bouddha du Nord. Quelque obscurs et diffus que soient ses livres, il s'y trouve les éléments d'une conception sociale grandiose. Sa théocratie est sublime, et sa religion est la seule que puisse admettre un esprit supérieur. Lui seul fait toucher à Dieu, il en donne soif, il a dégagé la majesté de Dieu des langes dans lesquels l'ont entortillée les autres cultes humains ; il l'a laissé là oÃÂč il est, en faisant graviter autour de lui ses créations innombrables et ses créatures par des transformations successives qui sont un avenir plus immédiat, plus naturel que ne l'est l'éternité catholique. Il a lavé Dieu du reproche que lui font les ùmes tendres sur la pérennité des vengeances par lesquelles il punit les fautes d'un instant, systÚme sans justice ni bonté. Chaque homme peut savoir s'il lui est réservé d'entrer dans une autre vie, et si ce monde a un sens. Cette expérience, je vais la tenter. Cette tentative peut sauver le monde, aussi bien que la croix de Jérusalem et le sabre de la Mecque. L'une et l'autre sont fils du désert. Des trente-trois années de Jésus, il n'en est que neuf de connues ; sa vie silencieuse a préparé sa vie glorieuse. A moi aussi, il me faut le désert ! " Malgré les difficultés de l'entreprise, j'ai cru devoir essayer de peindre la jeunesse de Lambert, cette vie cachée à laquelle je suis redevable des seules bonnes heures et des seuls souvenirs agréables de mon enfance. Hormis ces deux années, je n'ai eu que troubles et ennuis. Si plus tard le bonheur est venu, mon bonheur fut toujours incomplet. J'ai été trÚs diffus, sans doute ; mais faute de pénétrer dans l'étendue du coeur et du cerveau de Lambert, deux mots qui représentent imparfaitement les modes infinis de sa vie intérieure, il serait presque impossible de comprendre la seconde partie de son histoire intellectuelle, également inconnue et au monde et à moi, mais dont l'occulte dénouement s'est développé devant moi pendant quelques heures. Ceux auxquels ce livre ne sera pas encore tombé des mains comprendront, je l'espÚre, les événements qui me restent à raconter, et qui forment en quelque sorte une seconde existence à cette créature ; pourquoi ne dirais-je pas à cette création en qui tout devait ÃÂȘtre extraordinaire, mÃÂȘme sa fin ? Quand Louis fut de retour à Blois, son oncle s'empressa de lui procurer des distractions. Mais ce pauvre prÃÂȘtre se trouvait dans cette ville dévote comme un véritable lépreux. Personne ne se souciait de recevoir un révolutionnaire, un assermenté. Sa société consistait donc en quelques personnes de l'opinion dite alors libérale, patriote ou constitutionnelle, chez lesquelles il se rendait pour faire sa partie de wisth ou de boston. Dans la premiÚre maison oÃÂč le présenta son oncle, Louis vit une jeune personne que sa position forçait à rester dans cette société réprouvée par les gens du grand monde, quoique sa fortune fût assez considérable pour faire supposer que plus tard elle pourrait contracter une alliance dans la haute aristocratie du pays. Mademoiselle Pauline de Villenoix se trouvait seule héritiÚre des richesses amassées par son grand-pÚre, un juif nommé Salomon, qui, contrairement aux usages de sa nation, avait épousé dans sa vieillesse une femme de la religion catholique. Il eut un fils élevé dans la communion de sa mÚre. A la mort de son pÚre, le jeune Salomon acheta, suivant l'expression du temps, une savonnette à vilain, et fit ériger en baronnie la terre de Villenoix, dont le nom devint le sien. Il était mort sans avoir été marié, mais en laissant une fille naturelle à laquelle il avait légué la plus grande partie de sa fortune, et notamment sa terre de Villenoix. Un de ses oncles, monsieur Joseph Salomon, fut nommé par monsieur de Villenoix tuteur de l'orpheline. Ce vieux juif avait pris une telle affection pour sa pupille, qu'il paraissait vouloir faire de grands sacrifices afin de la marier honorablement. Mais l'origine de mademoiselle de Villenoix et les préjugés que l'on conserve on province contre les juifs ne lui permettaient pas, malgré sa fortune et celle de son tuteur, d'ÃÂȘtre reçue dans cette société tout exclusive qui s'appelle, à tort ou à raison, la noblesse. Cependant monsieur Joseph Salomon prétendait qu'à défaut d'un hobereau de province, sa pupille irait choisir à Paris un époux parmi les pairs libéraux ou monarchiques ; et quant à son bonheur, le bon tuteur croyait pouvoir le lui garantir par les stipulations du contrat de mariage. Mademoiselle de Villenoix avait alors vingt ans. Sa beauté remarquable, les grùces de son esprit étaient pour sa félicité des garanties moins équivoques que toutes celles données par la fortune. Ses traits offraient dans sa plus grande pureté le caractÚre de la beauté juive ces lignes ovales, si larges et si virginales qui ont je ne sais quoi d'idéal, et respirent les délices de l'Orient, l'azur inaltérable de son ciel, les splendeurs de sa terre et les fabuleuses richesses de sa vie. Elle avait de beaux yeux voilés par de longues paupiÚres frangées de cils épais et recourbés. Une innocence biblique éclatait sur son front. Son teint avait la blancheur mate des robes du lévite. Elle restait habituellement silencieuse et recueillie ; mais ses gestes, ses mouvements témoignaient d'une grùce cachée, de mÃÂȘme que ses paroles attestaient l'esprit doux et caressant de la femme. Cependant elle n'avait pas cette fraÃcheur rosée, ces couleurs purpurines qui décorent les joues de la femme pendant son ùge d'insouciance. Des nuances brunes, mélangées de quelques filets rougeùtres, remplaçaient dans son visage la coloration, et trahissaient un caractÚre énergique, une irritabilité nerveuse que beaucoup d'hommes n'aiment pas à trouver dans une femme, mais qui, pour certains autres, sont l'indice d'une chasteté de sensitive et de passions fiÚres. AussitÎt que Lambert aperçut mademoiselle de Villenoix, il devina l'ange sous cette forme. Les riches facultés de son ùme, sa pente vers l'extase, tout en lui se résolut alors par un amour sans bornes, par le premier amour du jeune homme, passion déjà si vigoureuse chez les autres, mais que la vivace ardeur de ses sens, la nature de ses idées et son genre de vie durent porter à une puissance incalculable. Cette passion fut un abÃme oÃÂč le malheureux jeta tout, abÃme oÃÂč la pensée s'effraie de descendre, puisque la sienne, si flexible et si forte, s'y perdit. Là tout est mystÚre, car tout se passa dans ce monde moral, clos pour la plupart des hommes, et dont les lois lui furent peut-ÃÂȘtre révélées pour son malheur. Lorsque le hasard me mit en relation avec son oncle, le bonhomme m'introduisit dans la chambre habitée à cette époque par Lambert. Je voulais y chercher quelques traces de ses oeuvres, s'il en avait laissé. Là , parmi des papiers dont le désordre était respecté par ce vieillard avec cet exquis sentiment des douleurs qui distingue les vieilles gens, je trouvai plusieurs lettres trop illisibles pour avoir été remises à mademoiselle de Villenoix. La connaissance que je possédais de l'écriture de Lambert me permit, à l'aide du temps, de déchiffrer les hiéroglyphes de cette sténographie créée par l'impatience et par la frénésie de la passion. Emporté par ses sentiments, il écrivait sans s'apercevoir de l'imperfection des lignes trop lentes à formuler sa pensée. Il avait dû ÃÂȘtre obligé de recopier ses essais informes oÃÂč souvent les lignes se confondaient ; mais peut-ÃÂȘtre aussi craignait-il de ne pas donner à ses idées des formes assez décevantes ; et, dans le commencement, s'y prenait-il à deux fois pour ses lettres d'amour. Quoi qu'il en soit, il a fallu toute l'ardeur de mon culte pour sa mémoire, et l'espÚce de fanatisme que donne une entreprise de ce genre pour deviner et rétablir le sens des cinq lettres qui suivent. Ces papiers que je conserve avec une sorte de piété, sont les seuls témoignages matériels de son ardente passion. Mademoiselle de Villenoix a sans doute détruit les véritables lettres qui lui furent adressées, fastes éloquents du délire qu'elle causa. La premiÚre de ces lettres, qui était évidemment ce qu'on nomme un brouillon, attestait par sa forme et par son ampleur ces hésitations, ces troubles du coeur, ces craintes sans nombre éveillées par l'envie de plaire, ces changements d'expression et ces incertitudes entre toutes les pensées qui assaillent un jeune homme écrivant sa premiÚre lettre d'amour lettre dont on se souvient toujours, dont chaque phrase est le fruit d'une rÃÂȘverie, dont chaque mot excite de longues contemplations, oÃÂč le sentiment le plus effréné de tous comprend la nécessité des tournures les plus modestes, et, comme un géant qui se courbe pour entrer dans une chaumiÚre, se fait humble et petit pour ne pas effrayer une ùme de jeune fille. Jamais antiquaire n'a manié ses palimpsestes avec plus de respect que je n'en eus à étudier, à reconstruire ces monuments mutilés d'une souffrance et d'une joie si sacrées pour ceux qui ont connu la mÃÂȘme souffrance et la mÃÂȘme joie. " Mademoiselle, quand vous aurez lu cette lettre, si toutefois vous la lisez, ma vie sera entre vos mains, car je vous aime ; et, pour moi, espérer d'ÃÂȘtre aimé, c'est la vie. Je ne sais si d'autres n'ont point, en vous parlant d'eux, abusé déjà des mots que j'emploie ici pour vous peindre l'état de mon ùme ; croyez cependant à la vérité de mes expressions, elles sont faibles mais sincÚres. Peut-ÃÂȘtre est-ce mal d'avouer ainsi son amour ? Oui, la voix de mon coeur me conseillait d'attendre en silence que ma passion vous eût touchée, afin de la dévorer, si ses muets témoignages vous déplaisaient ; ou pour l'exprimer plus chastement encore que par des paroles, si je trouvais grùce à vos yeux. Mais aprÚs avoir longtemps écouté les délicatesses desquelles s'effraie un jeune coeur, j'ai obéi, en vous écrivant, à l'instinct qui arrache des cris inutiles aux mourants. J'ai eu besoin de tout mon courage pour imposer silence à la fierté du malheur et pour franchir les barriÚres que les préjugés mettent entre vous et moi. J'ai dû comprimer bien des pensées pour vous aimer malgré votre fortune ! Pour vous écrire, ne fallait-il pas affronter ce mépris que les femmes réservent souvent à des amours dont l'aveu ne s'accepte que comme une flatterie de plus. Aussi faut-il s'élancer de toutes ses forces vers le bonheur, ÃÂȘtre attiré vers la vie de l'amour comme l'est une plante vers la lumiÚre, avoir été bien malheureux pour vaincre les tortures, les angoisses de ces délibérations secrÚtes oÃÂč la raison nous démontre de mille maniÚres la stérilité des voeux cachés au fond du coeur, et oÃÂč cependant l'espérance nous fait tout braver. J'étais si heureux de vous admirer en silence, j'étais si complÚtement abÃmé dans la contemplation de votre belle ùme, qu'en vous voyant je n'imaginais presque rien au delà . Non, je n'aurais pas encore osé vous parler, si je n'avais entendu annoncer votre départ. A quel supplice un seul mot m'a livré ! Enfin mon chagrin m'a fait apprécier l'étendue de mon attachement pour vous, il est sans bornes. Mademoiselle, vous ne connaÃtrez jamais, du moins je désire que jamais vous n'éprouviez la douleur causée par la crainte de perdre le seul bonheur qui soit éclos pour nous sur cette terre, le seul qui nous ait jeté quelque lueur dans l'obscurité de la misÚre. Hier, j'ai senti que ma vie n'était plus en moi, mais en vous. Il n'est plus pour moi qu'une femme dans le monde, comme il n'est plus qu'une seule pensée dans mon ùme. Je n'ose vous dire à quelle alternative me réduit l'amour que j'ai pour vous. Ne voulant vous devoir qu'à vous-mÃÂȘme, je dois éviter de me présenter accompagné de tous les prestiges du malheur ne sont-ils pas plus actifs que ceux de la fortune sur de nobles ùmes ? Je vous tairai donc bien des choses. Oui, j'ai une idée trop belle de l'amour pour le corrompre par des pensées étrangÚres à sa nature. Si mon ùme est digne de la vÎtre, si ma vie est pure, votre coeur en aura quelque généreux pressentiment, et vous me comprendrez ! Il est dans la destinée de l'homme de s'offrir à celle qui le fait croire au bonheur ; mais votre droit est de refuser le sentiment le plus vrai, s'il ne s'accorde pas avec les voix confuses de votre coeur je le sais. Si le sort que vous me ferez doit ÃÂȘtre contraire à mes espérances, mademoiselle, j'invoque les délicatesses de votre ùme vierge, aussi bien que l'ingénieuse pitié de la femme. Ah ! je vous en supplie à genoux, brûlez ma lettre, oubliez tout. Ne plaisantez pas d'un sentiment respectueux et trop profondément empreint dans l'ùme pour pouvoir s'en effacer. Brisez mon coeur, mais ne le déchirez pas ! Que l'expression de mon premier amour, d'un amour jeune et pur, n'ait retenti que dans un coeur jeune et pur ! qu'il y meure comme une priÚre va se perdre dans le sein de Dieu ! Je vous dois de la reconnaissance j'ai passé des heures délicieuses occupé à vous voir en m'abandonnant aux rÃÂȘveries les plus douces de ma vie ; ne couronnez donc pas cette longue et passagÚre félicité par quelque moquerie de jeune fille. Contentez-vous de ne pas me répondre. Je saurai bien interpréter votre silence, et vous ne me verrez plus. Si je dois ÃÂȘtre condamné à toujours comprendre le bonheur et à le perdre toujours ; si je suis, comme l'ange exilé, conservant le sentiment des délices célestes, mais sans cesse attaché dans un monde de douleur ; eh ! bien, je garderai le secret de mon amour, comme celui de mes misÚres. Et, adieu ! Oui, je vous confie à Dieu, que j'implorerai pour vous, à qui je demanderai de vous faire une belle vie ; car, fussé-je chassé de votre coeur, oÃÂč je suis entré furtivement à votre insu, je ne vous quitterai jamais. Autrement, quelle valeur auraient les paroles saintes de cette lettre, ma premiÚre et ma derniÚre priÚre peut-ÃÂȘtre ? Si je cessais un jour de penser à vous, de vous aimer, heureux ou malheureux ! ne mériterais-je pas mes angoisses ? " Vous ne partez pas ! Je suis donc aimé ! moi, pauvre ÃÂȘtre obscur. Ma chÚre Pauline, vous ne connaissez pas la puissance du regard auquel je crois, et que vous m'avez jeté pour m'annoncer que j'avais été choisi par vous, par vous, jeune et belle, qui voyez le monde à vos pieds. Pour vous faire comprendre mon bonheur, il faudrait vous raconter ma vie. Si vous m'eussiez repoussé, pour moi tout était fini. J'avais trop souffert. Oui, mon amour, ce bienfaisant et magnifique amour était un dernier effort vers la vie heureuse à laquelle mon ùme tendait, une ùme déjà brisée par des travaux inutiles, consumée par des craintes qui me font douter de moi, rongée par des désespoirs qui m'ont souvent persuadé de mourir. Non, personne dans le monde ne sait la terreur que ma fatale imagination me cause à moi-mÃÂȘme. Elle m'élÚve souvent dans les cieux, et tout à coup me laisse tomber à terre d'une hauteur prodigieuse. D'intimes élans de force, quelques rares et secrets témoignages d'une lucidité particuliÚre, me disent parfois que je puis beaucoup. J'enveloppe alors le monde par ma pensée, je le pétris, je le façonne, je le pénÚtre, je le comprends ou crois le comprendre ; mais soudain je me réveille seul, et me trouve dans une nuit profonde, tout chétif ; j'oublie les lueurs que je viens d'entrevoir, je suis privé de secours, et surtout sans un coeur oÃÂč je puisse me réfugier ! Ce malheur de ma vie morale agit également sur mon existence physique. La nature de mon esprit m'y livre sans défense aux joies du bonheur comme aux affreuses clartés de la réflexion qui les détruisent en les analysant. Doué de la triste faculté de voir avec une mÃÂȘme lucidité les obstacles et les succÚs ; suivant ma croyance du moment, je suis heureux ou malheureux. Ainsi, lorsque je vous rencontrai, j'eus le pressentiment d'une nature angélique, je respirai l'air favorable à ma brûlante poitrine, j'entendis en moi cette voix qui ne trompe jamais, et qui m'avertissait d'une vie heureuse ; mais apercevant aussi toutes les barriÚres qui nous séparaient, je devinai pour la premiÚre fois les préjugés du monde, je les compris alors dans toute l'étendue de leur petitesse, et les obstacles m'effrayÚrent encore plus que la vue du bonheur ne m'exaltait aussitÎt, je ressentis cette réaction terrible par laquelle mon ùme expansive est refoulée sur elle-mÃÂȘme, le sourire que vous aviez fait naÃtre sur mes lÚvres se changea tout à coup en contraction amÚre, et je tùchai de rester froid pendant que mon sang bouillonnait agité par mille sentiments contraires. Enfin, je reconnus cette sensation mordante à laquelle vingt-trois années pleines de soupirs réprimés et d'expansions trahies ne m'ont pas encore habitué. Eh ! bien, Pauline, le regard par lequel vous m'avez annoncé le bonheur a tout à coup réchauffé ma vie et changé mes misÚres en félicités. Je voudrais maintenant avoir souffert davantage. Mon amour s'est trouvé grand tout à coup. Mon ùme était un vaste pays auquel manquaient les bienfaits du soleil, et votre regard y a jeté soudain la lumiÚre. ChÚre providence ! vous serez tout pour moi, pauvre orphelin qui n'ai d'autre parent que mon oncle. Vous serez toute ma famille, comme vous ÃÂȘtes déjà ma seule richesse, et le monde entier pour moi. Ne m'avez-vous pas jeté toutes les fortunes de l'homme par ce chaste, par ce prodigue, par ce timide regard ? Oui, vous m'avez donné une confiance, une audace incroyables. Je puis tout tenter maintenant. J'étais revenu à Blois, découragé. Cinq ans d'études au milieu de Paris m'avaient montré le monde comme une prison. Je concevais des sciences entiÚres et n'osais en parler. La gloire me semblait un charlatanisme auquel une ùme vraiment grande ne devait pas se prÃÂȘter. Mes idées ne pouvaient donc passer que sous la protection d'un homme assez hardi pour monter sur les tréteaux de la Presse, et parler d'une voix haute aux niais qu'il méprise. Cette intrépidité me manquait. J'allais, brisé par les arrÃÂȘts de cette foule, désespérant d'ÃÂȘtre jamais écouté par elle. J'étais et trop bas et trop haut ! Je dévorais mes pensées comme d'autres dévorent leurs humiliations. J'en étais arrivé à mépriser la science, en lui reprochant de ne rien ajouter au bonheur réel. Mais depuis hier, en moi tout est changé. Pour vous je convoite les palmes de la gloire et tous les triomphes du talent. Je veux, en apportant ma tÃÂȘte sur vos genoux, y faire reposer les regards du monde, comme je veux mettre dans mon amour toutes les idées, tous les pouvoirs ! La plus immense des renommées est un bien que nulle puissance autre que celle du génie ne saurait créer. Eh ! bien, je puis, si je le veux, vous faire un lit de lauriers. Mais si les paisibles ovations de la science ne vous satisfaisaient pas, je porte en moi le Glaive et la Parole, je saurai courir dans la carriÚre des honneurs et de l'ambition comme d'autres s'y traÃnent ! Parlez, Pauline, je serai tout ce que vous voudrez que je sois. Ma volonté de fer peut tout. Je suis aimé ! Armé de cette pensée, un homme ne doit-il pas faire tout plier devant lui. Tout est possible à celui qui veut tout. Soyez le prix du succÚs, et demain j'entre en lice. Pour obtenir un regard comme celui que vous m'avez jeté, je franchirais le plus profond des précipices. Vous m'avez expliqué les fabuleuses entreprises de la chevalerie, et les plus capricieux récits des Mille et une Nuits. Maintenant je crois aux plus fantastiques exagérations de l'amour, et à la réussite de tout ce qu'entreprennent les prisonniers pour conquérir la liberté. Vous avez réveillé mille vertus endormies dans mon ÃÂȘtre la patience, la résignation, toutes les forces du coeur, toutes les puissances de l'ùme. Je vis par vous, et, pensée délicieuse, pour vous. Maintenant tout a un sens, pour moi, dans cette vie. Je comprends tout, mÃÂȘme les vanités de la richesse. Je me surprends à verser toutes les perles de l'Inde à vos pieds ; je me plais à vous voir couchée, ou parmi les plus belles fleurs, ou sur le plus moelleux des tissus, et toutes les splendeurs de la terre me semblent à peine dignes de vous, en faveur de qui je voudrais pouvoir disposer des accords et des lumiÚres que prodiguent les harpes des Séraphins et les étoiles dans les cieux. Pauvre studieux poÚte ! ma parole vous offre des trésors que je n'ai pas, tandis que je ne puis vous donner que mon coeur, oÃÂč vous régnerez toujours. Là sont tous mes biens. Mais n'existe-t-il donc pas des trésors dans une éternelle reconnaissance, dans un sourire dont les expressions seront incessamment variées par un immuable bonheur, dans l'attention constante de mon amour à deviner les voeux de votre ùme aimante ? Un regard céleste ne nous a-t-il pas dit que nous pourrions toujours nous entendre. J'ai donc maintenant une priÚre à faire tous les soirs à Dieu, priÚre pleine de vous - " Faites que ma Pauline soit heureuse ! " Mais ne remplirez-vous donc pas mes jours, comme déjà vous remplissez mon coeur ? Adieu, je ne puis vous confier qu'à Dieu ! " " Pauline ! dis-moi si j'ai pu te déplaire en quelque chose, hier ? Abjure cette fierté de coeur qui fait endurer secrÚtement les peines causées par un ÃÂȘtre aimé. Gronde-moi ! Depuis hier je ne sais quelle crainte vague de t'avoir offensée répand de la tristesse sur cette vie du coeur que tu m'as faite si douce et si riche. Souvent le plus léger voile qui s'interpose entre deux ùmes devient un mur d'airain. Il n'est pas de légers crimes en amour ! Si vous avez tout le génie de ce beau sentiment, vous devez en ressentir toutes les souffrances, et nous devons veiller sans cesse à ne pas vous froisser par quelque parole étourdie. Aussi, mon cher trésor, sans doute la faute vient-elle de moi, s'il y a faute. Je n'ai pas l'orgueil de comprendre un coeur de femme dans toute l'étendue de sa tendresse, dans toutes les grùces de ses dévouements ; seulement, je tùcherai de toujours deviner le prix de ce que tu voudras me révéler dans les secrets du tien. Parle-moi, réponds-moi promptement ? La mélancolie dans laquelle nous jette le sentiment d'un tort est bien affreuse, elle enveloppe la vie et fait douter de tout. Je suis resté pendant cette matinée assis sur le bord du chemin creux, voyant les tourelles de Villenoix, et n'osant aller jusqu'à notre haie. Si tu savais tout ce que j'ai vu dans mon ùme ! quels tristes fantÎmes ont passé devant moi, sous ce ciel gris dont le froid aspect augmentait encore mes sombres dispositions. J'ai eu de sinistres pressentiments. J'ai eu peur de ne pas te rendre heureuse. Il faut tout le dire, ma chÚre Pauline. Il se rencontre des moments oÃÂč l'esprit qui m'anime semble se retirer de moi. Je suis comme abandonné par ma force. Tout me pÚse alors, chaque fibre de mon corps devient inerte, chaque sens se détend, mon regard s'amollit, ma langue est glacée, l'imagination s'éteint, les désirs meurent, et ma force humaine subsiste seule. Tu serais alors là dans toute la gloire de ta beauté, tu me prodiguerais tes plus fins sourires et tes plus tendres paroles, il s'élÚverait une puissance mauvaise qui m'aveuglerait, et me traduirait en sons discords la plus ravissante des mélodies. En ces moments, du moins je le crois, se dresse devant moi je ne sais quel génie raisonneur qui me fait voir le néant au fond des plus certaines richesses. Ce démon impitoyable fauche toutes les fleurs, ricane des sentiments les plus doux, en me disant " Eh ! bien, aprÚs ? " Il flétrit la plus belle oeuvre en m'en montrant le principe, et me dévoile le mécanisme des choses en m'en cachant les résultats harmonieux. En ces moments terribles oÃÂč le mauvais ange s'empare de mon ÃÂȘtre, oÃÂč la lumiÚre divine s'obscurcit en mon ùme sans que j'en sache la cause, je reste triste et je souffre, je voudrais ÃÂȘtre sourd et muet, je souhaite la mort en y voyant un repos. Ces heures de doute et d'inquiétude sont peut-ÃÂȘtre nécessaires ; elles m'apprennent du moins à ne pas avoir d'orgueil, aprÚs les élans qui m'ont porté dans les cieux oÃÂč je moissonne les idées à pleines mains ; car c'est toujours aprÚs avoir longtemps parcouru les vastes campagnes de l'intelligence, aprÚs des méditations lumineuses que, lassé, fatigué, je roule en ces limbes. En ce moment, mon ange, une femme devrait douter de ma tendresse, elle le pourrait du moins. Souvent capricieuse, maladive ou triste, elle réclamera les caressants trésors d'une ingénieuse tendresse, et je n'aurai pas un regard pour la consoler ! J'ai la honte, Pauline, de t'avouer qu'alors je pourrais pleurer avec toi, mais que rien ne m'arracherait un sourire. Et cependant, une femme trouve dans son amour la force de taire ses douleurs ! Pour son enfant, comme pour celui qu'elle aime, elle sait rire en souffrant. Pour toi, Pauline, ne pourrai-je donc imiter la femme dans ses sublimes délicatesses ? Depuis hier je doute de moi-mÃÂȘme. Si j'ai pu te déplaire une fois, si je ne t'ai pas comprise, je tremble d'ÃÂȘtre emporté souvent ainsi par mon fatal démon hors de notre bonne sphÚre. Si j'avais beaucoup de ces moments affreux, si mon amour sans bornes ne savait pas racheter les heures mauvaises de ma vie, si j'étais destiné à demeurer tel que je suis ?... Fatales questions ! la puissance est un bien fatal présent, si toutefois ce que je sens en moi est la puissance. Pauline, éloigne-toi de moi, abandonne-moi ! je préfÚre souffrir tous les maux de la vie à la douleur de te savoir malheureuse par moi. Mais peut-ÃÂȘtre le démon n'a-t-il pris autant d'empire sur mon ùme que parce qu'il ne s'est point encore trouvé prÚs de moi de mains douces et blanches pour le chasser. Jamais une femme ne m'a versé le baume de ses consolations, et j'ignore si, lorsqu'en ces moments de lassitude, l'amour agitera ses ailes au-dessus de ma tÃÂȘte, il ne répandra pas dans mon coeur de nouvelles forces. Peut-ÃÂȘtre ces cruelles mélancolies sont-elles un fruit de ma solitude, une des souffrances de l'ùme abandonnée qui gémit et paie ses trésors par des douleurs inconnues. Aux légers plaisirs, les légÚres souffrances ; aux immenses bonheurs, des maux inouïs. Quel arrÃÂȘt ! S'il était vrai, ne devons-nous pas frissonner pour nous, qui sommes surhumainement heureux. Si la nature nous vend les choses selon leur valeur, dans quel abÃme allons-nous donc tomber ? Ah ! les amants les plus richement partagés sont ceux qui meurent ensemble au milieu de leur jeunesse et de leur amour ! Quelle tristesse ! Mon ùme pressent-elle un méchant avenir ? Je m'examine, et me demande s'il se trouve quelque chose en moi qui doive t'apporter le plus léger souci ? Je t'aime peut-ÃÂȘtre en égoïste ? Je mettrai peut-ÃÂȘtre sur ta chÚre tÃÂȘte un fardeau plus pesant que ma tendresse ne sera douce à ton coeur. S'il existe en moi quelque puissance inexorable à laquelle j'obéis, si je dois maudire quand tu joindras les mains pour prier, si quelque triste pensée me domine lorsque je voudrai me mettre à tes pieds pour jouer avec toi comme un enfant, ne seras-tu pas jalouse de cet exigeant et fantasque génie ? Comprends-tu bien, coeur à moi, que j'ai peur de n'ÃÂȘtre pas tout à toi, que j'abdiquerais volontiers tous les sceptres, toutes les palmes du monde pour faire de toi mon éternelle pensée ; pour voir, dans notre délicieux amour, une belle vie et un beau poÚme ; pour y jeter mon ùme, y engloutir mes forces, et demander à chaque heure les joies qu'elle nous doit ? Mais voilà que reviennent en foule mes souvenirs d'amour, les nuages de ma tristesse vont se dissiper. Adieu. Je te quitte pour ÃÂȘtre mieux à toi. Mon ùme chérie, j'attends un mot, une parole qui me rende la paix du coeur. Que je sache si j'ai contristé ma Pauline, ou si quelque douteuse expression de ton visage m'a trompé. Je ne voudrais pas avoir à me reprocher, aprÚs toute une vie heureuse, d'ÃÂȘtre venu vers toi sans un sourire plein d'amour, sans une parole de miel. Affliger la femme que l'on aime ! pour moi, Pauline, c'est un crime. Dis-moi la vérité, ne me fais pas quelque généreux mensonge, mais désarme ton pardon de toute cruauté. " " Un attachement si complet est-il un bonheur ? Oui, car des années de souffrance ne paieraient pas une heure d'amour. Hier, ton apparente tristesse a passé dans mon ùme avec la rapidité d'une ombre qui se projette. Etais-tu triste ou souffrais-tu ? J'ai souffert. D'oÃÂč venait ce chagrin ? Ecris-moi vite. Pourquoi ne l'ai-je pas deviné ? Nous ne sommes donc pas encore complétement unis par la pensée ? Je devrais, à deux lieues de toi comme à mille, ressentir tes peines et tes douleurs. Je ne croirai pas t'aimer tant que ma vie ne sera pas assez intimement liée à la tienne pour que nous ayons la mÃÂȘme vie, le mÃÂȘme coeur, la mÃÂȘme idée. Je dois ÃÂȘtre oÃÂč tu es, voir ce que tu vois, ressentir ce que tu ressens, et te suivre par la pensée. N'ai-je pas déjà su, le premier, que ta voiture avait versé, que tu étais meurtrie ? Mais aussi ce jour-là , ne t'avais-je pas quittée, je te voyais. Quand mon oncle m'a demandé pourquoi je pùlissais, je lui ai dit " Mademoiselle de Villenoix vient de tomber ! " Pourquoi donc n'ai-je pas lu dans ton ùme, hier ? Voulais-tu me cacher la cause de ce chagrin ? Cependant j'ai cru deviner que tu avais fait en ma faveur quelques efforts malheureux auprÚs de ce redoutable Salomon qui me glace. Cet homme n'est pas de notre ciel. Pourquoi veux-tu que notre bonheur, qui ne ressemble en rien à celui des autres, se conforme aux lois du monde ? Mais j'aime trop tes mille pudeurs, ta religion, tes superstitions, pour ne pas obéir à tes moindres caprices. Ce que tu fais doit ÃÂȘtre bien ; rien n'est plus pur que ta pensée, comme rien n'est plus beau que ton visage oÃÂč se réfléchit ton ùme divine. J'attendrai ta lettre avant d'aller par les chemins chercher le doux moment que tu m'accordes. Ah ! si tu savais combien l'aspect des tourelles me fait palpiter, quand enfin je les vois bordées de lueur par la lune, notre amie, notre seule confidente. " " Adieu la gloire, adieu l'avenir, adieu la vie que je rÃÂȘvais ! Maintenant, ma tant aimée, ma gloire est d'ÃÂȘtre à toi, digne de toi ; mon avenir est tout entier dans l'espérance de te voir ; et ma vie ? n'est-ce pas de rester à tes pieds, de me coucher sous tes regards, de respirer en plein dans les cieux que tu m'as créés ? Toutes mes forces, toutes mes pensées doivent t'appartenir, à toi qui m'as dit ces enivrantes paroles " Je veux tes peines ! " Ne serait-ce pas dérober des joies à l'amour, des moments au bonheur, des sentiments à ton ùme divine, que de donner des heures à l'étude, des idées au monde, des poésies aux poÚtes ? Non, non, chÚre vie à moi, je veux tout te réserver, je veux t'apporter toutes les fleurs de mon ùme. Existe-t-il rien d'assez beau, d'assez splendide dans les trésors de la terre et de l'intelligence pour fÃÂȘter un coeur aussi riche, un coeur aussi pur que le tien, et auquel j'ose allier le mien, parfois ? Oui, parfois j'ai l'orgueil de croire que je sais aimer autant que tu aimes. Mais non, tu es un ange-femme il se rencontrera toujours plus de charme dans l'expression de tes sentiments, plus d'harmonie dans ta voix, plus de grùce dans tes sourires, plus de pureté dans tes regards que dans les miens. Oui, laisse-moi penser que tu es une création d'une sphÚre plus élevée que celle oÃÂč je vis ; tu auras l'orgueil d'en ÃÂȘtre descendue, j'aurai celui de t'avoir méritée, et tu ne seras peut-ÃÂȘtre pas déchue en venant à moi, pauvre et malheureux. Oui, si le plus bel asile d'une femme est un coeur tout à elle, tu seras toujours souveraine dans le mien. Aucune pensée, aucune action ne ternira jamais ce coeur, riche sanctuaire, tant que tu voudras y résider ; mais n'y demeuras-tu pas sans cesse ? Ne m'as-tu pas dit ce mot délicieux Maintenant et toujours ! ET NUNC ET SEMPER ! J'ai gravé sous ton portrait ces paroles du Rituel, dignes de toi, comme elles sont dignes de Dieu. Il est et maintenant et toujours, comme sera mon amour. Non, non, je n'épuiserai jamais ce qui est immense, infini, sans bornes ; et tel est le sentiment que je sens en moi pour toi, j'en ai deviné l'incommensurable étendue, comme nous devinons l'espace, par la mesure d'une de ses parties. Ainsi, j'ai eu des jouissances ineffables, des heures entiÚres pleines de méditations voluptueuses en me rappelant un seul de tes gestes, ou l'accent d'une phrase. Il naÃtra donc des souvenirs sous le poids desquels je succomberai, si déjà la souvenance d'une heure douce et familiÚre me fait pleurer de joie, attendrit, pénÚtre mon ùme, et devient une intarissable source de bonheur. Aimer, c'est la vie de l'ange ! Il me semble que je n'épuiserai jamais le plaisir que j'éprouve à le voir. Ce plaisir, le plus modeste de tous, mais auquel le temps manque toujours, m'a fait connaÃtre les éternelles contemplations dans lesquelles restent les Séraphins et les Esprits devant Dieu rien n'est plus naturel, s'il émane de son essence une lumiÚre aussi fertile en sentiments nouveaux que l'est celle de tes yeux, de ton front imposant, de ta belle physionomie, céleste image de ton ùme ; l'ùme, cet autre nous-mÃÂȘmes dont la forme pure, ne périssant jamais, rend alors notre amour immortel. Je voudrais qu'il existùt un langage autre que celui dont je me sers, pour t'exprimer les renaissantes délices de mon amour ; mais s'il en est un que nous avons créé, si nos regards sont de vivantes paroles, ne faut-il pas nous voir pour entendre par les yeux ces interrogations et ces réponses du coeur si vives, si pénétrantes, que tu m'as dit un soir - " Taisez-vous ! " quand je ne parlais pas. T'en souviens-tu, ma chÚre vie ? De loin, quand je suis dans les ténÚbres de l'absence, ne suis-je pas forcé d'employer des mots humains trop faibles pour rendre des sensations divines ? les mots accusent au moins les sillons qu'elles tracent dans mon ùme, comme le mot Dieu résume imparfaitement les idées que nous avons de ce mystérieux principe. Encore, malgré la science et l'infini du langage, n'ai-je jamais rien trouvé dans ses expressions qui pût te peindre la délicieuse étreinte par laquelle ma vie se fond dans la tienne quand je pense à toi. Puis, par quel mot finir, lorsque je cesse de t'écrire sans pour cela te quitter ? Que signifie adieu, à moins de mourir ? Mais la mort serait-elle un adieu ? Mon ùme ne se réunirait-elle pas alors plus intimement à la tienne ? O mon éternelle pensée ! naguÚre je t'offris à genoux mon coeur et ma vie ; maintenant, quelles nouvelles fleurs de sentiment trouverai-je donc en mon ùme, que je ne t'aie données ? Ne serait-ce pas t'envoyer une parcelle du bien que tu possÚdes entiÚrement ? N'es-tu pas mon avenir ? Combien je regrette le passé ! Ces années qui ne nous appartiennent plus, je voudrais te les rendre toutes, et t'y faire régner comme tu rÚgnes sur ma vie actuelle. Mais qu'est-ce que le temps de mon existence oÃÂč je ne te connaissais pas ? Ce serait le néant, si je n'avais pas été si malheureux. " " Ange aimé, quelle douce soirée que celle d'hier ! Combien de richesses dans ton cher coeur ? ton amour est donc inépuisable, comme le mien. Chaque mot m'apportait de nouvelles joies, et chaque regard en étendait la profondeur. L'expression calme de ta physionomie donnait un horizon sans bornes à nos pensées. Oui, tout était alors infini comme le ciel, et doux comme son azur. La délicatesse de tes traits adorés se reproduisait, je ne sais par quelle magie, dans tes gentils mouvements, dans tes gestes menus. Je savais bien que tu étais tout grùce et tout amour, mais j'ignorais combien tu étais diversement gracieuse. Tout s'accordait à me conseiller ces voluptueuses sollicitations, à me faire demander ces premiÚres grùces qu'une femme refuse toujours, sans doute pour se les laisser ravir. Mais non, toi, chÚre ùme de ma vie, tu ne sauras jamais d'avance ce que tu pourras accorder à mon amour, et tu te donneras sans le vouloir peut-ÃÂȘtre ! Tu es vraie, et n'obéis qu'à ton coeur. Comme la douceur de ta voix s'alliait aux tendres harmonies de l'air pur et des cieux tranquilles ! Pas un cri d'oiseau, pas une brise ; la solitude et nous ! Les feuillages immobiles ne tremblaient mÃÂȘme pas dans ces admirables couleurs du couchant qui sont tout à la fois ombre et lumiÚre. Tu as senti ces poésies célestes, toi qui unissais tant de sentiments divers, et reportais si souvent tes yeux vers le ciel pour ne pas me répondre ! Toi, fiÚre et rieuse, humble et despotique, te donnant tout entiÚre en ùme, en pensée, et te dérobant à la plus timide des caresses ! ChÚres coquetteries du coeur ! elles vibrent toujours dans mon oreille, elles s'y roulent et s'y jouent encore, ces délicieuses paroles à demi bégayées comme celles des enfants, et qui n'étaient ni des promesses, ni des aveux, mais qui laissaient à l'amour ses belles espérances sans craintes et sans tourments ! Quel chaste souvenir dans la vie ! Quel épanouissement de toutes les fleurs qui naissent au fond de l'ùme, et qu'un rien peut flétrir, mais qu'alors tout animait et fécondait ! Ce sera toujours ainsi, n'est-ce pas, mon aimée ? En me rappelant, au matin, les vives et fraÃches douceurs qui sourdirent en ce moment, je me sens dans l'ùme un bonheur qui me fait concevoir le véritable amour comme un océan de sensations éternelles et toujours neuves, oÃÂč l'on se plonge avec de croissantes délices. Chaque jour, chaque parole, chaque caresse, chaque regard doit y ajouter le tribut de sa joie écoulée. Oui, les coeurs assez grands pour ne rien oublier doivent vivre, à chaque battement, de toutes leurs félicités passées, comme de toutes celles que promet l'avenir. Voilà ce que je rÃÂȘvais autrefois, et ce n'est plus un rÃÂȘve aujourd'hui. N'ai-je pas rencontré sur cette terre un ange qui m'en a fait connaÃtre toutes les joies pour me récompenser peut-ÃÂȘtre d'en avoir supporté toutes les douleurs ? Ange du ciel, je te salue par un baiser. Je t'envoie cette hymne échappée à mon coeur, je te la devais ; mais elle te peindra difficilement ma reconnaissance et ces priÚres matinales que mon coeur adresse chaque jour à celle qui m'a dit tout l'évangile du coeur dans ce mot divin " CROYEZ ! " " Comment, coeur chéri, plus d'obstacles ! Nous serons libres d'ÃÂȘtre l'un à l'autre, chaque jour, à chaque heure, chaque moment, toujours. Nous pourrons rester, pendant toutes les journées de notre vie, heureux comme nous le sommes furtivement en de rares instants ! Quoi ! nos sentiments si purs, si profonds, prendront les formes délicieuses des mille caresses que j'ai rÃÂȘvées. Ton petit pied se déchaussera pour moi, tu seras toute à moi ! Ce bonheur me tue, il m'accable. Ma tÃÂȘte est trop faible, elle éclate sous la violence de mes pensées. Je pleure et je ris, j'extravague. Chaque plaisir est comme une flÚche ardente, il me perce et me brûle ! Mon imagination te fait passer devant mes yeux ravis, éblouis, sous les innombrables et capricieuses figures qu'affecte la volupté. Enfin, toute notre vie est là , devant moi, avec ses torrents, ses repos, ses joies ; elle bouillonne, elle s'étale, elle dort ; puis elle se réveille jeune, fraÃche. Je nous vois tous deux unis, marchant du mÃÂȘme pas, vivant de la mÃÂȘme pensée ; toujours au coeur l'un de l'autre, nous comprenant, nous entendant comme l'écho reçoit et redit les sons à travers les espaces ! Peut-on vivre longtemps en dévorant ainsi sa vie à toute heure ? Ne mourrons-nous pas dans le premier embrassement ? Et que sera-ce donc, si déjà nos ùmes se confondaient dans ce doux baiser du soir, qui nous enlevait nos forces ; ce baiser sans durée, dénouement de tous mes désirs, interprÚte impuissant de tant de priÚres échappées à mon ùme pendant nos heures de séparation, et cachées au fond de mon coeur comme des remords ? Moi, qui revenais me coucher dans la baie pour entendre le bruit de tes pas quand tu retournais au chùteau, je vais donc pouvoir t'admirer à mon aise, agissant, riant, jouant, causant, allant. Joies sans fin ! Tu ne sais pas tout ce que je sens de jouissances à te voir allant et venant il faut ÃÂȘtre homme pour éprouver ces sensations profondes. Chacun de tes mouvements me donne plus de plaisir que n'en peut prendre une mÚre à voir son enfant joyeux ou endormi. Je t'aime de tous les amours ensemble. La grùce de ton moindre geste est toujours nouvelle pour moi. Il me semble que je passerais les nuits à respirer ton souffle, je voudrais me glisser dans tous les actes de ta vie, ÃÂȘtre la substance mÃÂȘme de tes pensées, je voudrais ÃÂȘtre toi-mÃÂȘme. Enfin, je ne te quitterai donc plus ! Aucun sentiment humain ne troublera plus notre amour, infini dans ses transformations et pur comme tout ce qui est un ; notre amour vaste comme la mer, vaste comme le ciel ! Tu es à moi ! toute à moi ! Je pourrai donc regarder au fond de tes yeux pour y deviner la chÚre ùme qui s'y cache et s'y révÚle tour à tour, pour y épier tes désirs ! Ma bien-aimée, écoute certaines choses que je n'osais te dire encore, mais que je puis t'avouer aujourd'hui. Je sentais en moi je ne sais quelle pudeur d'ùme qui s'opposait à l'entiÚre expression de mes sentiments, et je tùchais de les revÃÂȘtir des formes de la pensée. Mais, maintenant, je voudrais mettre mon coeur à nu, te dire toute l'ardeur de mes rÃÂȘves, te dévoiler la bouillante ambition de mes sens irrités par la solitude oÃÂč j'ai vécu, toujours enflammés par l'attente du bonheur, et réveillés par toi, par toi si douce de formes, si attrayante en tes maniÚres ! Mais est-il possible d'exprimer combien je suis altéré de ces félicités inconnues que donne la possession d'une femme aimée, et auxquelles deux ùmes étroitement unies par l'amour doivent prÃÂȘter une force de cohésion effrénée ! Sache-le, ma Pauline, je suis resté pendant des heures entiÚres dans une stupeur causée par la violence de mes souhaits passionnés, restant perdu dans le sentiment d'une caresse comme dans un gouffre sans fond. En ces moments, ma vie entiÚre, mes pensées, mes forces, se fondent, s'unissent dans ce que je nomme un désir, faute de mots pour exprimer un délire sans nom ! Et maintenant, je puis t'avouer que le jour oÃÂč j'ai refusé la main que tu me tendais par un si joli mouvement, triste sagesse qui t'a fait douter de mon amour, j'étais dans un de ces moments de folie oÃÂč l'on médite un meurtre pour posséder une femme. Oui, si j'avais senti la délicieuse pression que tu m'offrais, aussi vivement que ta voix retentissait dans mon coeur, je ne sais oÃÂč m'aurait conduit la violence de mes désirs. Mais je puis me taire et souffrir beaucoup. Pourquoi parler de ces douleurs quand mes contemplations vont devenir des réalités ? Il me sera donc maintenant permis de faire de toute notre vie une seule caresse ! Chérie aimée, il se rencontre tel effet de lumiÚre sur tes cheveux noirs qui me ferait rester, les larmes dans les yeux, pendant de longues heures occupé à voir ta chÚre personne, si tu ne me disais pas en te retournant " Finis, tu me rends honteuse. " Demain, notre amour se saura donc ! Ah ! Pauline, ces regards des autres à supporter, cette curiosité publique me serre le coeur. Allons à Villenoix, restons-y loin de tout. Je voudrais qu'aucune créature ayant face humaine n'entrùt dans le sanctuaire oÃÂč tu seras à moi ; je voudrais mÃÂȘme qu'aprÚs nous il n'existùt plus, qu'il fût détruit. Oui, je voudrais dérober à la nature entiÚre un bonheur que nous sommes seuls à comprendre, seuls à sentir, et qui est tellement immense que je m'y jette pour y mourir c'est un abÃme. Ne t'effraie pas des larmes qui ont mouillé cette lettre, c'est des larmes de joie. Mon seul bonheur, nous ne nous quitterons donc plus ! " En 1823, j'allais de Paris en Touraine par la diligence. A Mer, le conducteur prit un voyageur pour Blois. En le faisant entrer dans la partie de la voiture oÃÂč je me trouvais, il lui dit en plaisantant - Vous ne serez pas gÃÂȘné là , monsieur Lefebvre ! En effet, j'étais seul. En entendant ce nom, en voyant un vieillard à cheveux blancs qui paraissait au moins octogénaire, je pensai tout naturellement à l'oncle de Lambert. AprÚs quelques questions insidieuses, j'appris que je ne me trompais pas. Le bonhomme venait de faire ses vendanges à Mer, il retournait à Blois. AussitÎt je lui demandai des nouvelles de mon ancien faisant. Au premier mot, la physionomie du vieil Oratorien, déjà grave et sévÚre comme celle d'un soldat qui aurait beaucoup souffert, devint triste et brune ; les rides de son front se contractÚrent légÚrement, il serra ses lÚvres, me jeta un regard équivoque et me dit - Vous ne l'avez pas revu depuis le collÚge ? - Non, ma foi, répondis-je. Mais nous sommes aussi coupables l'un que l'autre, s'il y a oubli. Vous le savez, les jeunes gens mÚnent une vie si aventureuse et si passionnée en quittant les bancs de l'école, qu'il faut se retrouver pour savoir combien l'on s'aime encore. Cependant, parfois, un souvenir de jeunesse arrive, et il est impossible de s'oublier tout à fait, surtout lorsqu'on a été aussi amis que nous l'étions Lambert et moi. On nous avait appelés le PoÚte-et-Pythagore ! Je lui dis mon nom, mais en l'entendant la figure du bonhomme se rembrunit encore. - Vous ne connaissez donc pas son histoire, reprit-il. Mon pauvre neveu devait épouser la plus riche héritiÚre de Blois, mais la veille de son mariage il est devenu fou. - Lambert, fou ! m'écriai-je frappé de stupeur. Et par quel événement ? C'était la plus riche mémoire, la tÃÂȘte la plus fortement organisée, le jugement le plus sagace que j'aie rencontrés ! Beau génie, un peu trop passionné peut-ÃÂȘtre pour la mysticité ; mais le meilleur coeur du monde ! Il lui est donc arrivé quelque chose de bien extraordinaire ? - Je vois que vous l'avez bien connu, me dit le bonhomme. Depuis Mer jusqu'à Blois, nous parlùmes alors de mon pauvre camarade, en faisant de longues digressions par lesquelles je m'instruisis des particularités que j'ai déjà rapportées pour présenter les faits dans un ordre qui les rendit intéressants. J'appris à son oncle le secret de nos études, la nature des occupations de son neveu ; puis le vieillard me raconta les événements survenus dans la vie de Lambert depuis que je l'avais quitté. A entendre monsieur Lefebvre, Lambert aurait donné quelques marques de folie avant son mariage ; mais ces symptÎmes lui étant communs avec tous ceux qui aiment passionnément, ils me parurent moins caractéristiques lorsque je connus et la violence de son amour et mademoiselle de Villenoix. En province, oÃÂč les idées se raréfient, un homme plein de pensées neuves et dominé par un systÚme, comme l'était Louis, pouvait passer au moins pour un original. Son langage devait surprendre d'autant plus qu'il parlait plus rarement. Il disait Cet homme n'est pas de mon ciel, là oÃÂč les autres disaient Nous ne mangerons pas un minot de sel ensemble. Chaque homme de talent a ses idiotismes particuliers. Plus large est le génie, plus tranchées sont les bizarreries qui constituent les divers degrés dñ€ℱoriginalité. En province, un original passe pour un homme à moitié fou. Les premiÚres paroles de monsieur Lefebvre me firent donc douter de la folie de mon camarade. Tout en écoutant le vieillard, je critiquais intérieurement son récit. Le fait le plus grave était survenu quelques jours avant le mariage des deux amants. Louis avait eu quelques accÚs de catalepsie bien caractérisés. Il était resté pendant cinquante-neuf heures immobile, les yeux fixes, sans manger ni parler ; état purement nerveux dans lequel tombent quelques personnes en proie à de violentes passions ; phénomÚne rare, mais dont les effets sont bien parfaitement connus des médecins. S'il y avait quelque chose d'extraordinaire, c'est que Louis n'eût pas eu déjà plusieurs accÚs de cette maladie, à laquelle le prédisposaient son habitude de l'extase et la nature de ses idées. Mais sa constitution extérieure et intérieure était si parfaite qu'elle avait sans doute résisté jusqu'alors à l'abus de ses forces. L'exaltation à laquelle dut le faire arriver l'attente du plus grand plaisir physique, encore agrandie chez lui par la chasteté du corps et par la puissance de l'ùme, avait bien pu déterminer cette crise dont les résultats ne sont pas plus connus que la cause. Les lettres que le hasard a conservées accusent d'ailleurs assez bien sa transition de l'idéalisme pur dans lequel il vivait au sensualisme le plus aigu. Jadis, nous avions qualifié d'admirable ce phénomÚne humain dans lequel Lambert voyait la séparation fortuite de nos deux natures, et les symptÎmes d'une absence complÚte de l'ÃÂȘtre intérieur usant de ses facultés inconnues sous l'empire d'une cause inobservée. Cette maladie, abÃme tout aussi profond que le sommeil, se rattachait au systÚme de preuves que Lambert avait données dans son Traité de la Volonté. Au moment oÃÂč monsieur Lefebvre me parla du premier accÚs de Louis, je me souvins tout à coup d'une conversation que nous eûmes à ce sujet, aprÚs la lecture d'un livre de médecine. - Une méditation profonde, une belle extase sont peut-ÃÂȘtre, dit-il en terminant, des catalepsies en herbe. Le jour oÃÂč il formula si briÚvement cette pensée, il avait tùché de lier les phénomÚnes moraux entre eux par une chaÃne d'effets, en suivant pas à pas tous les actes de l'intelligence, commençant par les simples mouvements de l'instinct purement animal qui suffit à tant d'ÃÂȘtres, surtout à certains hommes dont les forces passent toutes dans un travail purement mécanique ; puis, allant à l'agrégation des pensées, arrivant à la comparaison, à la réflexion, à la méditation, enfin à l'extase et à la catalepsie. Certes, Lambert crut avec la naïve conscience du jeune ùge avoir fait le plan d'un beau livre en échelonnant ainsi ces divers degrés des puissances intérieures de l'homme. Je me rappelle que, par une de ces fatalités qui font croire à la prédestination, nous attrapùmes le grand Martyrologe oÃÂč sont contenus les faits les plus curieux sur l'abolition complÚte de la vie corporelle à laquelle l'homme peut arriver dans les paroxysmes de ses facultés intérieures. En réfléchissant aux effets du fanatisme, Lambert fut alors conduit à penser que les collections d'idées auxquelles nous donnons le nom de sentiments pouvaient bien ÃÂȘtre le jet matériel de quelque fluide que produisent les hommes plus ou moins abondamment, suivant la maniÚre dont leurs organes en absorbent les substances génératrices dans les milieux oÃÂč ils vivent. Nous nous passionnùmes pour la catalepsie, et, avec l'ardeur que les enfants mettent dans leurs entreprises, nous essayùmes de supporter la douleur en pensant à autre chose. Nous nous fatiguùmes beaucoup à faire quelques expériences assez analogues à celles dues aux convulsionnaires dans le siÚcle dernier, fanatisme religieux qui servira quelque jour à la science humaine. Je montais sur l'estomac de Lambert, et m'y tenais plusieurs minutes sans lui causer la plus légÚre douleur ; mais, malgré ces folles tentatives, nous n'eûmes aucun accÚs de catalepsie. Cette digression m'a paru nécessaire pour expliquer mes premiers doutes, que monsieur Lefebvre dissipa complÚtement. - Lorsque son accÚs fut passé, me dit-il, mon neveu tomba dans une terreur profonde, dans une mélancolie que rien ne put dissiper. Il se crut impuissant. Je me mis à le surveiller avec l'attention d'une mÚre pour son enfant, et le surpris heureusement au moment oÃÂč il allait pratiquer sur lui-mÃÂȘme l'opération à laquelle OrigÚne crut devoir son talent. Je l'emmenai promptement à Paris pour le confier aux soins de M. Esquirol. Pendant le voyage, Louis resta plongé dans une somnolence presque continuelle, et ne me reconnut plus. A Paris, les médecins le regardÚrent comme incurable, et conseillÚrent unanimement de le laisser dans la plus profonde solitude, en évitant de troubler le silence nécessaire à sa guérison improbable, et de le mettre dans une salle fraÃche oÃÂč le jour serait constamment adouci. - Mademoiselle de Villenoix, à qui j'avais caché l'état de Louis, reprit-il en clignant les yeux, mais dont le mariage passait pour ÃÂȘtre rompu, vint à Paris, et apprit la décision des médecins. AussitÎt elle désira voir mon neveu qui la reconnut à peine ; puis elle voulut, d'aprÚs la coutume des belles ùmes, se consacrer à lui donner les soins nécessaires à sa guérison. " Elle y aurait été obligée, disait-elle, s'il eût été son mari ; devait-elle faire moins pour son amant ? " Aussi a-t-elle emmené Louis à Villenoix, oÃÂč ils demeurent depuis deux ans. Au lieu de continuer mon voyage, je m'arrÃÂȘtai donc à Blois dans le dessein d'aller voir Louis. Le bonhomme Lefebvre ne me permit pas de descendre ailleurs que dans sa maison, oÃÂč il me montra la chambre de son neveu, les livres et tous les objets qui lui avaient appartenu. A chaque chose, il échappait au vieillard une exclamation douloureuse par laquelle il accusait les espérances que le génie précoce de Lambert lui avait fait concevoir, et le deuil affreux oÃÂč le plongeait cette perte irréparable. - Ce jeune homme savait tout, mon cher monsieur ! dit-il en posant sur une table le volume oÃÂč sont contenues les oeuvres de Spinosa. Comment une tÃÂȘte si bien organisée a-t-elle pu se détraquer ? - Mais, monsieur, lui répondis-je, ne serait-ce pas un effet de sa vigoureuse organisation ? S'il est réellement en proie à cette crise encore inobservée dans tous ses modes et que nous appelons folie, je suis tenté d'en attribuer la cause à sa passion. Ses études, son genre de vie avaient porté ses forces et ses facultés à un degré de puissance au delà duquel la plus légÚre surexcitation devait faire céder la nature ; l'amour les aura donc brisées ou élevées à une nouvelle expression que peut-ÃÂȘtre calomnions-nous en la qualifiant sans la connaÃtre. Enfin, peut-ÃÂȘtre a-t-il vu dans les plaisirs de son mariage un obstacle à la perfection de ses sens intérieurs et à son vol à travers les Mondes Spirituels. - Mon cher monsieur, répliqua le vieillard aprÚs m'avoir attentivement écouté, votre raisonnement est sans doute fort logique ; mais quand je le comprendrais, ce triste savoir me consolerait-il de la perte de mon neveu ? L'oncle de Lambert était un de ces hommes qui ne vivent que par le coeur. Le lendemain, je partis pour Villenoix. Le bonhomme m'accompagna jusqu'à la porte de Blois. Quand nous fûmes dans le chemin qui mÚne à Villenoix, il s'arrÃÂȘta pour me dire - Vous pensez bien que je n'y vais point. Mais, vous, n'oubliez pas ce que je vous ai dit. En présence de mademoiselle de Villenoix, n'ayez pas l'air de vous apercevoir que Louis est fou. Il resta sans bouger à la place oÃÂč je venais de le quitter, et d'oÃÂč il me regarda jusqu'à ce qu'il m'eût perdu de vue. Je ne cheminai pas sans de profondes émotions vers le chùteau de Villenoix. Mes réflexions croissaient à chaque pas dans cette route que Louis avait tant de fois faite, le coeur plein d'espérance, l'ùme exaltée par tous les aiguillons de l'amour. Les buissons, les arbres, les caprices de cette route tortueuse dont les bords étaient déchirés par de petits ravins, acquirent un intérÃÂȘt prodigieux pour moi. J'y voulais retrouver les impressions et les pensées de mon pauvre camarade. Sans doute ces conversations du soir, au bord de cette brÚche oÃÂč sa maÃtresse venait le retrouver, avaient initié mademoiselle de Villenoix aux secrets de cette ùme et si noble et si vaste, comme je le fus moi-mÃÂȘme quelques années auparavant. Mais le fait qui me préoccupait le plus, et donnait à mon pÚlerinage un immense intérÃÂȘt de curiosité parmi les sentiments presque religieux qui me guidaient, était cette magnifique croyance de mademoiselle de Villenoix que le bonhomme m'avait expliquée avait-elle, à la longue, contracté la folie de son amant, ou était-elle entrée si avant dans son ùme, qu'elle en pût comprendre toutes les pensées, mÃÂȘme les plus confuses ? Je me perdais dans cet admirable problÚme de sentiment qui dépassait les plus belles inspirations de l'amour et ses dévouements les plus beaux. Mourir l'un pour l'autre est un sacrifice presque vulgaire. Vivre fidÚle à un seul amour est un héroïsme qui a rendu mademoiselle Dupuis immortelle. Lorsque Napoléon-le-Grand et lord Byron ont eu des successeurs là oÃÂč ils avaient aimé, il est permis d'admirer cette veuve de Bolingbroke ; mais mademoiselle Dupuis pouvait vivre par les souvenirs de plusieurs années de bonheur, tandis que mademoiselle de Villenoix, n'ayant connu de l'amour que ses premiÚres émotions, m'offrait le type du dévouement dans sa plus large expression. Devenue presque folle, elle était sublime ; mais comprenant, expliquant la folie, elle ajoutait aux beautés d'un grand coeur un chef-d'oeuvre de passion digne d'ÃÂȘtre étudié. Lorsque j'aperçus les hautes tourelles du chùteau, dont l'aspect avait dû faire si souvent tressaillir le pauvre Lambert, mon coeur palpita vivement. Je m'étais associé, pour ainsi dire, à sa vie et à sa situation en me rappelant tous les événements de notre jeunesse. Enfin, j'arrivai dans une grande cour déserte, et pénétrai jusque dans le vestibule du chùteau sans avoir rencontré personne. Le bruit de mes pas fit venir une femme ùgée, à laquelle je remis la lettre que monsieur Lefebvre avait écrite à mademoiselle de Villenoix. BientÎt la mÃÂȘme femme revint me chercher, et m'introduisit dans une salle basse, dallée en marbre blanc et noir, dont les persiennes étaient fermées, et au fond de laquelle je vis indistinctement Louis Lambert. - Asseyez-vous, monsieur, me dit une voix douce qui allait au coeur. Mademoiselle de Villenoix se trouvait à cÎté de moi sans que je l'eusse aperçue, et m'avait apporté sans bruit une chaise que je ne pris pas d'abord. L'obscurité était si forte que, dans le premier moment, mademoiselle de Villenoix et Louis me firent l'effet de deux masses noires qui tranchaient sur le fond de cette atmosphÚre ténébreuse. Je m'assis, en proie à ce sentiment qui nous saisit presque malgré nous sous les sombres arcades d'une église. Mes yeux, encore frappés par l'éclat du soleil, ne s'accoutumÚrent que graduellement à cette nuit factice. - Monsieur, lui dit-elle, est ton ami de collÚge. Lambert ne répondit pas. Je pus enfin le voir, et il m'offrit un de ces spectacles qui se gravent à jamais dans la mémoire. Il se tenait debout, les deux coudes appuyés sur la saillie formée par la boiserie, en sorte que son buste paraissait fléchir sous le poids de sa tÃÂȘte inclinée. Ses cheveux, aussi longs que ceux d'une femme, tombaient sur ses épaules, et entouraient sa figure de maniÚre à lui donner de la ressemblance avec les bustes qui représentent les grands hommes du siÚcle de Louis XIV. Son visage était d'une blancheur parfaite. Il frottait habituellement une de ses jambes sur l'autre par un mouvement machinal que rien n'avait pu réprimer, et le frottement continuel des deux os produisait un bruit affreux. AuprÚs de lui se trouvait un sommier de mousse posé sur une planche. - Il lui arrive trÚs rarement de se coucher, me dit mademoiselle de Villenoix, quoique chaque fois il dorme pendant plusieurs jours. Louis se tenait debout comme je le voyais, jour et nuit, les yeux fixes, sans jamais baisser et relever les paupiÚres comme nous en avons l'habitude. AprÚs avoir demandé à mademoiselle Villenoix si un peu plus de jour ne causerait aucune douleur à Lambert, sur sa réponse, j'ouvris légÚrement la persienne, et pus voir alors l'expression de la physionomie de mon ami. Hélas ! déjà ridé, déjà blanchi, enfin déjà plus de lumiÚre dans ses yeux, devenus vitreux comme ceux d'un aveugle. Tous ses traits semblaient tirés par une convulsion vers le haut de sa tÃÂȘte. J'essayai de lui parler à plusieurs reprises ; mais il ne m'entendit pas. C'était un débris arraché à la tombe, une espÚce de conquÃÂȘte faite par la vie sur la mort, ou par la mort sur la vie. J'étais là depuis une heure environ, plongé dans une indéfinissable rÃÂȘverie, en proie à mille idées affligeantes. J'écoutais mademoiselle de Villenoix qui me racontait dans tous ses détails cette vie d'enfant au berceau. Tout à coup Louis cessa de frotter ses jambes l'une contre l'autre, et dit d'une voix lente - Les anges sont blancs ! Je ne puis expliquer l'effet produit sur moi par cette parole, par le son de cette voix tant aimée, dont les accents attendus péniblement me paraissaient à jamais perdus pour moi. Malgré moi mes yeux se remplirent de larmes. Un pressentiment involontaire passa rapidement dans mon ùme et me fit douter que Louis eût perdu la raison. J'étais cependant bien certain qu'il ne me voyait ni ne m'entendait ; mais les harmonies de sa voix, qui semblaient accuser un bonheur divin, communiquÚrent à ces mots d'irrésistibles pouvoirs. IncomplÚte révélation d'un monde inconnu, sa phrase retentit dans nos ùmes comme quelque magnifique sonnerie d'église au milieu d'une nuit profonde. Je ne m'étonnai plus que mademoiselle de Villenoix crût Louis parfaitement sain d'entendement. Peut-ÃÂȘtre la vie de l'ùme avait-elle anéanti la vie du corps. Peut-ÃÂȘtre sa compagne avait-elle, comme je l'eus alors, de vagues intuitions de cette nature mélodieuse et fleurie que nous nommons dans sa plus large expression le CIEL. Cette femme, cet ange restait toujours là , assise devant un métier à tapisserie, et chaque fois qu'elle tirait son aiguille elle regardait Lambert en exprimant un sentiment triste et doux. Hors d'état de supporter cet affreux spectacle, car je ne savais pas, comme mademoiselle de Villenoix, en deviner tous les secrets ; je sortis, et nous allùmes nous promener ensemble pendant quelques moments pour parler d'elle et de Lambert. - Sans doute, me dit-elle, Louis doit paraÃtre fou ; mais il ne l'est pas, si le nom de fou doit appartenir seulement à ceux dont, par des causes inconnues, le cerveau se vicie, et qui n'offrent aucune raison de leurs actes. Tout est parfaitement coordonné chez mon mari. S'il ne vous a pas reconnu physiquement, ne croyez pas qu'il ne vous ait point vu. Il a réussi à se dégager de son corps, et nous aperçoit sous une autre forme, je ne sais laquelle. Quand il parle, il exprime des choses merveilleuses. Seulement, assez souvent, il achÚve par la parole une idée commencée dans son esprit, ou commence une proposition qu'il achÚve mentalement. Aux autres hommes, il paraÃtrait aliéné ; pour moi, qui vis dans sa pensée, toutes ses idées sont lucides. Je parcours le chemin fait par son esprit, et, quoique je n'en connaisse pas tous les détours, je sais me trouver néanmoins au but avec lui. A qui n'est-il pas, maintes fois, arrivé de penser à une chose futile et d'ÃÂȘtre entraÃné vers une pensée grave par des idées ou par des souvenirs qui s'enroulent ? Souvent, aprÚs avoir parlé d'un objet frivole, innocent point de départ de quelque rapide méditation, un penseur oublie ou tait les liaisons abstraites qui l'ont conduit à sa conclusion, et reprend la parole en ne montrant que le dernier anneau de cette chaÃne de réflexions. Les gens vulgaires à qui cette vélocité de vision mentale est inconnue, ignorant le travail intérieur de l'ùme, se mettent à rire du rÃÂȘveur, et le traitent de fou s'il est coutumier de ces sortes d'oublis. Louis est toujours ainsi sans cesse il voltige à travers les espaces de la pensée, et s'y promÚne avec une vivacité d'hirondelle, je sais le suivre dans ses détours. Voilà l'histoire de sa folie. Peut-ÃÂȘtre un jour Louis reviendra-t-il à cette vie dans laquelle nous végétons ; mais s'il respire l'air des cieux avant le temps oÃÂč il nous sera permis d'y exister, pourquoi souhaiterions-nous de le revoir parmi nous ? Contente d'entendre battre son coeur, tout mon bonheur est d'ÃÂȘtre auprÚs de lui. N'est-il pas tout à moi ? Depuis trois ans, à deux reprises, je l'ai possédé pendant quelques jours en Suisse oÃÂč je l'ai conduit, et au fond de la Bretagne dans une Ãle oÃÂč je l'ai mené prendre des bains de mer. J'ai été deux fois bien heureuse ! Je puis vivre par mes souvenirs. - Mais, lui dis-je, écrirez-vous les paroles qui lui échappent ? - Pourquoi ? me répondit-elle. Je gardai le silence, les sciences humaines étaient bien petites devant cette femme. - Dans le temps oÃÂč il se mit à parler, reprit-elle, je crois avoir recueilli ses premiÚres phrases, mais j'ai cessé de le faire ; je n'y entendais rien alors. Je les lui demandai par un regard ; elle me comprit, et voici ce que je pus sauver de l'oubli. Ici-bas, tout est le produit d'une SUBSTANCE ETHEREE, base commune de plusieurs phénomÚnes connus sous les noms impropres d 'Electricité, Chaleur, LumiÚre, Fluide galvanique, magnétique, etc. L'universalité des transmutations de cette Substance constitue ce que l'on appelle vulgairement la MatiÚre. Le Cerveau est le matras[1] oÃÂč l 'ANIMAL transporte ce que, suivant la force de cet appareil, chacune de ses organisations peut absorber de cette SUBSTANCE, et d'oÃÂč elle sort transformée en Volonté. La Volonté est un fluide, attribut de tout ÃÂȘtre doué de mouvement. De là les innombrables formes qu'affecte l 'ANIMAL, et qui sont les effets de sa combinaison avec la SUBSTANCE. Ses instincts sont le produit des nécessités que lui imposent les milieux oÃÂč il se développe. De là ses variétés. En l'homme, la Volonté devient une force qui lui est propre, et qui surpasse en intensité celle de toutes les espÚces. Par sa constante alimentation, la Volonté tient à la SUBSTANCE qu'elle retrouve dans toutes les transmutations en les pénétrant par la Pensée, qui est un produit particulier de la Volonté humaine, combinée avec les modifications de la SUBSTANCE. Du plus ou moins de perfection de l'appareil humain, viennent les innombrables formes qu'affecte la Pensée. La Volonté s'exerce par des organes vulgairement nommés les cinq sens qui n'en sont qu'un seul, la faculté de voir. Le tact comme le goût, l'ouïe comme l'odorat, est une vue adaptée aux transformations de la SUBSTANCE que l'homme peut saisir dans ses deux états, transformée et non transformée. Toutes les choses qui tombent par la Forme dans le domaine du sens unique, la faculté de voir, se réduisent à quelques corps élémentaires dont les principes sont dans l'air, dans la lumiÚre ou dans les principes de l'air et de la lumiÚre. Le son est une modification de l'air ; toutes les couleurs sont des modifications de la lumiÚre ; tout parfum est une combinaison d'air et de lumiÚre ; ainsi les quatre expressions de la matiÚre par rapport à l'homme, le son, la couleur, le parfum et la forme, ont une mÃÂȘme origine ; car le jour n'est pas loin oÃÂč l'on reconnaÃtra la filiation des principes de la lumiÚre dans ceux de l'air. La pensée qui tient à la lumiÚre s'exprime par la parole qui tient au son. Pour lui, tout provient donc de la SUBSTANCE dont les transformations ne diffÚrent que par le NOMBRE, par un certain dosage dont les proportions produisent les individus ou les choses de ce que l'on nomme les REGNES. Quand la SUBSTANCE est absorbée en un Nombre suffisant, elle fait de l'homme un appareil d'une énorme puissance, qui communique avec le principe mÃÂȘme de la SUBSTANCE, et agit sur la nature organisée à la maniÚre des grands courants qui absorbent les petits. La volition met en oeuvre cette force indépendante de la pensée, et qui, par sa concentration, obtient quelques-unes des propriétés de la SUBSTANCE, comme la rapidité de la lumiÚre, comme la pénétration de l'électricité, comme la faculté de saturer les corps, et auxquelles il faut ajouter l'intelligence de ce qu'elle peut. Mais il est en l'homme un phénomÚne primitif et dominateur qui ne souffre aucune analyse. On décomposera l'homme en entier, l'on trouvera peut-ÃÂȘtre les éléments de la Pensée et de la Volonté ; mais on rencontrera toujours, sans pouvoir le résoudre, cet X contre lequel je me suis autrefois heurté. Cet X est la PAROLE, dont la communication brûle et dévore ceux qui ne sont pas préparés à la recevoir. Elle engendre incessamment la SUBSTANCE. La colÚre, comme toutes nos expressions passionnées, est un courant de la force humaine qui agit électriquement ; sa commotion, quand il se dégage, agit sur les personnes présentes, mÃÂȘme sans qu'elles en soient le but ou la cause. Ne se rencontre-t-il pas des hommes qui, par une décharge de leur volition, cohobent[2] les sentiments des masses ? Le fanatisme et tous tes sentiments sont des Forces Vives. Ces forces, chez certains ÃÂȘtres, deviennent des fleuves de Volonté qui réunissent et entraÃnent tout. Si l'espace existe, certaines facultés donnent le pouvoir de le franchir avec une telle vitesse que leurs effets équivalent à son abolition. De ton lit aux frontiÚres du monde, il n'y a que deux pas LA VOLONTE - LA FOI ! Les faits ne sont rien, ils n'existent pas, il ne subsiste de nous que des Idées. Le monde des Idées se divise en trois sphÚres celle de l'Instinct, celle des Abstractions, celle de la Spécialité. La plus grande partie de l'Humanité visible, la partie la plus faible, habite la sphÚre de l'Instinctivité. Les Instinctifs naissent, travaillent et meurent sans s'élever au second degré de l'intelligence humaine, l'Abstraction. A l'abstraction commence la Société. Si l'Abstraction comparée à l'Instinct est une puissance presque divine, elle est une faiblesse inouïe, comparée au don de Spécialité qui peut seul expliquer Dieu. L'Abstraction comprend toute une nature en germe plus virtuellement que la graine ne contient le systÚme d'une plante et ses produits. De l'abstraction naissent les lois, les arts, les intérÃÂȘts, les idées sociales. Elle est la gloire et le fléau du monde la gloire, elle a créé les sociétés ; le fléau, elle dispense l'homme d'entrer dans la Spécialité, qui est un des chemins de l'Infini. L'homme juge tout par ses abstractions, le bien, le mal, la vertu, le crime. Ses formules de droit sont ses balances, sa justice est aveugle celle de Dieu voit, tout est là . Il se trouve nécessairement des ÃÂȘtres intermédiaires qui séparent le RÚgne des Instinctifs du RÚgne des Abstractifs, et chez lesquels l'Instinctivité se mÃÂȘle à l'Abstractivité dans des proportions infinies. Les uns ont plus d'Instinctivité que d'Abstractivité, et vice versa, que les autres. Puis, il est des ÃÂȘtres chez lesquels les deux actions se neutralisent en agissant par des forces égales. La Spécialité consiste à voir les choses du monde matériel aussi bien que celles du monde spirituel dans leurs ramifications originelles et conséquentielles. Les plus beaux génies humains sont ceux qui sont partis des ténÚbres de l'Abstraction pour arriver aux lumiÚres de la Spécialité. Spécialité, species, vue, spéculer, voir tout, et d'un seul coup ; Speculum, miroir ou moyen d'apprécier une chose en la voyant tout entiÚre. Jésus était Spécialiste, il voyait le fait dans ses racines et dans ses productions, dans le passé qui l'avait engendré, dans le présent oÃÂč il se manifestait, dans l'avenir oÃÂč il se développait ; sa vue pénétrait l'entendement d'autrui. La perfection de la vue intérieure enfante le don de Spécialité. La Spécialité emporte l'intuition. L'intuition est une des facultés de L'HOMME INTERIEUR dont le Spécialisme est un attribut. Elle agit par une imperceptible sensation ignorée de celui qui lui obéit Napoléon s'en allant instinctivement de sa place avant qu'un boulet n'y arrive. Entre la sphÚre du Spécialisme et celle de l'Abstractivité se trouvent, comme entre celle-ci et celle de l'Instinctivité, des ÃÂȘtres chez lesquels les divers attributs des deux rÚgnes se confondent et produisent des mixtes les hommes de génie. Le Spécialiste est nécessairement la plus parfaite expression de l 'HOMME, l'anneau qui lie le monde visible aux mondes supérieurs il agit, il voit et il sent par son INTERIEUR. L'Abstractif pense. L'Instinctif agit. De là trois degrés pour l'homme Instinctif, il est au-dessous de la mesure ; Abstractif, il est au niveau ; Spécialiste, il est au dessus. Le Spécialisme ouvre à l'homme sa véritable carriÚre, l'infini commence à poindre en lui, là il entrevoit sa destinée. Il existe trois mondes le NATUREL, le SPIRITUEL, le DIVIN. L'Humanité transite dans le Monde Naturel, qui n'est fixe ni dans son essence ni dans ses facultés. Le Monde Spirituel est fixe dans son essence et mobile dans ses facultés. Le Monde Divin est fixe dans ses facultés et dans son essence. Il existe donc nécessairement un culte matériel, un culte spirituel, un culte divin ; trois formes qui s'expriment par l'Action, par la Parole, par la PriÚre, autrement dit, le Fait, l'Entendement et l'Amour. L'Instinctif veut des faits, l'Abstractif s'occupe des idées, le Spécialiste voit la fin, il aspire à Dieu qu'il pressent ou contemple. Aussi, peut-ÃÂȘtre un jour le sens inverse de l 'ET VERBUM CARO FACTUM EST, sera-t-il le résumé d'un nouvel évangile qui dira ET LA CHAIR SE FERA LE VERBE, ELLE DEVIENDRA LA PAROLE DE DIEU. La résurrection se fait par le vent du ciel qui balaie les mondes. L'ange porté par le vent ne dit pas - Morts, levez-vous ! Il dit - Que les vivants se lÚvent ! Telles sont les pensées auxquelles j'ai pu, non sans de grandes peines, donner des formes en rapport avec notre entendement. Il en est d'autres desquelles Pauline se souvenait plus particuliÚrement, je ne sais par quelle raison, et que j'ai transcrites ; mais elles font le désespoir de l'esprit, quand, sachant de quelle intelligence elles procÚdent, on cherche à les comprendre. J'en citerai quelques-unes, pour achever le dessin de cette figure, peut-ÃÂȘtre aussi parce que dans ces derniÚres idées la formule de Lambert embrasse-t-elle mieux les mondes que la précédente, qui semble s'appliquer seulement au mouvement zoologique. Mais entre ces deux fragments, il est une corrélation évidente aux yeux des personnes, assez rares d'ailleurs, qui se plaisent à plonger dans ces sortes de gouffres intellectuels. Tout ici-bas n'existe que par le Mouvement et par le Nombre. Le Mouvement est en quelque sorte le Nombre agissant. Le Mouvement est le produit d'une force engendrée par la Parole et par une résistance qui est la MatiÚre. Sans la résistance, le Mouvement aurait été sans résultat, son action eût été infinie. L'attraction de Newton n'est pas une loi ; mais un effet de la loi générale du Mouvement universel. Le Mouvement, en raison de la résistance, produit une combinaison qui est la vie ; dÚs que l'un ou l'autre est plus fort, la vie cesse. Nulle part le Mouvement n'est stérile, partout il engendre le Nombre ; mais il peut ÃÂȘtre neutralisé par une résistance supérieure, comme dans le minéral. Le Nombre qui produit toutes les variétés engendre également l'harmonie, qui, dans sa plus haute acception, est le rapport entre les parties et l'Unité. Sans le Mouvement, tout serait une seule et mÃÂȘme chose. Ses produits, identiques dans leur essence ne diffÚrent que par le Nombre qui a produit les facultés. L'homme tient aux facultés, l'ange tient à l'essence. En unissant son corps à l'action élémentaire, l'homme peut arriver à s'unir à la lumiÚre par son INTERIEUR. Le Nombre est un témoin intellectuel qui n'appartient qu'à l'homme, et par lequel il peut arriver à la connaissance de la Parole. Il est un nombre que l'impur ne franchit pas, le Nombre oÃÂč la création est finie. L'Unité a été le point de départ de tout ce qui fut produit ; il en est résulté des Composés mais la fin doit ÃÂȘtre identique au commencement. De là cette formule spirituelle Unité composée, Unité variable, Unité fixe. L'Univers est donc la variété dans l'Unité. Le Mouvement est le moyen, le Nombre est le résultat. La fin est le retour de toutes choses à l'unité, qui est Dieu. TROIS et SEPT sont les deux plus grands nombres spirituels. TROIS est formule des Mondes créés. Il est le signe spirituel de la création comme il est le signe matériel de la circonférence. En effet, Dieu n'a procédé que par des lignes circulaires. La ligne droite est l'attribut de l'infini ; aussi l'homme qui pressent l'infini la reproduit-il dans ses oeuvres. DEUX est le Nombre de la génération. TROIS est le Nombre de l'existence, qui comprend la génération et le produit. Ajoutez le Quaternaire, vous avec le SEPT, qui est la formule du ciel. Dieu est au-dessus, il est l'Unité. AprÚs ÃÂȘtre allé revoir encore une fois Lambert, je quittai sa femme et revins en proie à des idées si contraires à la vie sociale, que je renonçai, malgré ma promesse, à retourner à Villenoix. La vue de Louis avait exercé sur moi je ne sais quelle influence sinistre. Je redoutai de me retrouver dans cette atmosphÚre enivrante oÃÂč l'extase était contagieuse. Chacun aurait éprouvé comme moi l'envie de se précipiter dans l'infini, de mÃÂȘme que les soldats se tuaient tous dans la guérite oÃÂč s'était suicidé l'un d'eux au camp de Boulogne. On sait que Napoléon fut obligé de faire brûler ce bois, dépositaire d'idées arrivées à l'étal de miasmes mortels. Peut-ÃÂȘtre en était-il de la chambre de Louis comme de cette guérite ? Ces deux faits seraient des preuves de plus en faveur de son systÚme sur la transmission de la Volonté. J'y ressentis des troubles extraordinaires qui surpassÚrent les effets les plus fantastiques causés par le thé, le café, l'opium, par le sommeil et la fiÚvre, agents mystérieux dont les terribles actions embrasent si souvent nos tÃÂȘtes. Peut-ÃÂȘtre aurais-je pu transformer en un livre complet ces débris de pensées, compréhensibles seulement pour certains esprits habitués à se pencher sur le bord des abÃmes, dans l'espérance d'en apercevoir le fond. La vie de cet immense cerveau, qui sans doute a craqué de toutes parts comme un empire trop vaste, y eût été développée dans le récit des visions de cet ÃÂȘtre, incomplet par trop de force ou par faiblesse ; mais j'ai mieux aimé rendre compte de mes impressions que de faire une oeuvre plus ou moins poétique. Lambert mourut à l'ùge de vingt-huit ans, le 25 septembre 1824, entre les bras de son amie. Elle le fit ensevelir dans une des Ãles du parc de Villenoix. Son tombeau consiste en une simple croix de pierre, sans nom, sans date. Fleur née sur le bord d'un gouffre, elle devait y tomber inconnue avec ses couleurs et ses parfums inconnus. Comme beaucoup de gens incompris, n'avait-il pas souvent voulu se plonger avec orgueil dans le néant pour y perdre les secrets de sa vie ! Cependant mademoiselle de Villenoix aurait bien eu le droit d'inscrire sur cette croix les noms de Lambert, en y indiquant les siens. Depuis la perte de son mari, cette nouvelle union n'est-elle pas son espérance de toutes les heures ? Mais les vanités de la douleur sont étrangÚres aux ùmes fidÚles. Villenoix tombe en ruines. La femme de Lambert ne l'habite plus, sans doute pour mieux s'y voir comme elle y fut jadis. Ne lui a-t-on pas entendu dire naguÚre - J'ai eu son coeur, à Dieu son génie ! Au chùteau de Saché, juin-juillet 1832. [1] Vase de verre à long col employé en chimie. [2] Distiller à plusieurs reprises pour obtenir une plus grande concentration.
TrĂšssouple dans le temps, la fenĂȘtre pour faire chaque opĂ©ration (introduction des c0j, vĂ©rification des acceptations, vĂ©rification de la ponte) est Ă  chaque fois d’au moins 4 jours, ce qui nous laisse largement le temps d’ajuster notre calendrier en fonction des autres travaux et mĂ©tĂ©o du moment.
Si parfois il est nĂ©cessaire de rĂ©unir deux faibles colonies pour garantir leur survie, il peut ĂȘtre tout aussi important de diviser une ruche populeuse. Dans la nature, les abeilles ont plusieurs mĂ©thodes de reproduction l’essaimage reproduction naturelle des abeilles et le remplacement d’une reine dĂ©ficiente ou trop ĂągĂ©e. En divisant une ruche, l’apiculteur peut multiplier son cheptel et crĂ©er artificiellement une nouvelle colonie. Une division de ruche porte en consĂ©quence un deuxiĂšme nom, celui d’“essaimage artificiel”. Tout est une question de comment et quand faire une division de ruche. Cette mĂ©thode consiste Ă  faire naĂźtre une deuxiĂšme colonie Ă  partir d’une colonie souche, appelĂ©e aussi “ruche mĂšre”. Apiculteurs inspectant les ruches. Nature photo créé par azerbaijan_stockers – Pourquoi effectuer une division de ruche ? Les raisons de faire une division de ruche peuvent ĂȘtre nombreuses. Multiplier son cheptel, Ă©viter l’essaimage d’une ruche trop puissante. Quelle pĂ©riode pour diviser une ruche ? La question la plus courante est la suivante Quand faire une division de ruche ? La pĂ©riode idĂ©ale pour envisager une division correspond gĂ©nĂ©ralement Ă  la saison des essaimages naturels et au moment oĂč les faux-bourdons gravitent autour des ruches environnantes. La prĂ©sence de faux-bourdons mĂ»rs est essentielle pour vous assurer une bonne fĂ©condation de la jeune reine issue de la nouvelle colonie. L’opĂ©ration doit se faire par beau temps, en dĂ©but d’aprĂšs-midi avec des tempĂ©ratures d’au moins 17°c. Les meilleures conditions sont souvent rĂ©unies fin avril / dĂ©but mai, pendant les grandes miellĂ©es de printemps. Faire une division de ruche demande du temps, notamment pour que la nouvelle colonie rassemble les forces nĂ©cessaires pour affronter l’hiver. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt de l’effectuer le plus tĂŽt possible dans la saison. Abeilles sur cadres dans le corps d’une ruche. Comment diviser une ruche ? Pour multiplier une colonie, on dispose des cadres de couvain frais garnis d’abeilles, ainsi que des rĂ©serves de pollen et de miel pour les nourrir dans une ruchette. Le cycle de reproduction de la ruchette dure alors deux mois. Choisir une ruche souche. Une ruche mĂšre parfaite pour cette opĂ©ration doit rĂ©pondre Ă  plusieurs critĂšres Elle doit avoir une colonie hivernĂ©e qui a dĂ©jĂ  passĂ© son premier hiver Elle doit compter impĂ©rativement au moins 7 cadres de couvain sur 10. La colonie doit ĂȘtre suffisamment populeuse, pour que le prĂ©lĂšvement d’une partie du couvain ne conduise pas Ă  son effondrement. Assurez-vous de la prĂ©sence de cellules de faux-bourdons nĂ©s, mais aussi de couvain operculĂ© de faux-bourdons. Le couvain doit ĂȘtre serrĂ© et non en mosaĂŻque. C’est un signe de bonne santĂ©. CrĂ©ation de la nouvelle ruchette. Il faudra trouver la reine de la ruche souche et lui apporter une attention toute particuliĂšre. Pour faire une division de ruche rĂ©ussie, veillez Ă  ne surtout pas la transfĂ©rer malencontreusement dans votre ruchette. Assurez-vous de ne pas la perdre, la blesser ou la tuer dans la manipulation. Fermez l’entrĂ©e de la ruchette afin que les abeilles transfĂ©rĂ©es avec les cadres ne puissent s’échapper. Parmi les cadres, prĂ©levez deux cadres de couvain ouvert dans lesquels vous trouverez des Ɠufs frais de moins de 3 jours et un grand nombre d’abeilles. PrĂ©levez un autre cadre qui contient un maximum de couvain operculĂ© en plus des abeilles qui l’occupent. Ajoutez Ă  la ruchette un dernier cadre de rĂ©serve. Placez une partition en rive, contre la paroi gauche de la ruchette. Surmontez-la d’un nourrisseur, fermez la ruche afin de pas perdre de butineuses Ôter 4 cadres de couvain peut affaiblir une ruche qui ne serait pas assez dynamique. Si la ruche souche est trĂšs populeuse et que vous constatez un manque d’abeilles dans la ruchette, vous pouvez secouer un cadre au-dessus afin d’en rĂ©cupĂ©rer les abeilles. Votre ruchette doit contenir 5 cadres dans l’ordre suivant de gauche Ă  droite 1 cadre de partition, 1 cadre de couvain operculĂ©, 2 cadres ouverts contenant des Ɠufs frais et des larves, 1 cadre de miel et de pollen. Si vous possĂ©dez une ruchette 6 cadres, ajoutez un cadre partition supplĂ©mentaire. La ruche souche. Dans la ruche mĂšre, resserrez tous les cadres au milieu de la ruche en prenant soin de ne mettre aucun cadre vide entre les cadres de couvain. Les quatre cadres dont vous avez privĂ© la ruche sont remplacĂ©s par des cadres bĂątis ou des cadres cirĂ©s. Nourrissez de 200 ml de sirop de 50/50 en plus de 10% de miel. RĂ©pĂ©tez l’opĂ©ration plusieurs fois Ă  deux jours d’intervalle. DĂ©placer sa ruchette. Une fois fermĂ©e, la ruchette doit ĂȘtre dĂ©placĂ©e Ă  3 km de distance. Attendez alors environ 15 minutes puis ouvrez l’entrĂ©e de la ruchette. Vos butineuses feront un vol de repĂ©rage afin de prendre leurs marques. L’entrĂ©e doit ĂȘtre rĂ©duite tant que la colonie sera faible. Le lendemain, nourrissez de 200 ml de sirop de 50/50 en plus de 10% de miel. Ce dernier stimulera vos abeilles ciriĂšres pour la crĂ©ation de cellules royales. RĂ©pĂ©tez l’opĂ©ration les 3 jours qui suivent puis une fois tous les 3 jours. Il est important de donner de petites quantitĂ©s, jour aprĂšs jour, afin que les abeilles assimilent le sirop et qu’elles ne le stockent pas dans les cellules. RĂ©sistez Ă  la tentation d’ouvrir votre ruchette pendant les 35 prochains jours. Une fois ce dĂ©lai respectĂ©, si Ă  l’ouverture de la ruchette vous trouvez de la ponte ou du couvain l’opĂ©ration est un succĂšs ! Cadre de couvain d’une ruchette. Comment diviser une ruche sans dĂ©placement ? Il n’est pas donnĂ© Ă  tout le monde de pouvoir dĂ©placer la nouvelle ruchette créée Ă  plus de 3 km. Une fois votre division de ruche effectuĂ©e, refermez la ruche souche et placez-la Ă  5 ou 6 mĂštres de son emplacement initial. Placez la nouvelle ruchette Ă  sa place et nourrissez de la mĂȘme recette de sirop dĂ©taillĂ©e ci-dessus 200 ml de sirop de 50/50 en plus de 10% de miel pendant les 3 jours qui suivent, puis une fois tous les 3 jours. Faites de mĂȘme sur la ruche souche pendant plusieurs jours. La reine de cette ruche va alors continuer Ă  pondre. Elle va cependant perdre quelques butineuses qui apporteront des rĂ©serves dans la nouvelle colonie. Vous serez donc dans l’obligation de nourrir pour pallier ce manque, du moins jusqu’à l’arrivĂ©e de nouvelles butineuses. Dans la ruchette, l’absence de la reine entraine naturellement la crĂ©ation de nouvelles cellules royales et ainsi la naissance d’une ou plusieurs reines 16 jours plus tard. Prenez toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires pour ne pas affaiblir la nouvelle colonie, et votre mal en patience ! Attendez les 35 jours nĂ©cessaires Ă  son renforcement. Une fois la ruchette remplie de couvain et de provisions, vous pouvez la transfĂ©rer dans une ruche. Vous aurez alors rĂ©ussi Ă  faire une division de ruche avec brio. Ensuitel’apiculteur doit procĂ©der Ă  la rĂ©unification. En effet, le corps de ruche sans reine doit ĂȘtre placĂ© au-dessus de la premiĂšre ruche. Au prĂ©alable il est indispensable de mettre une grille de rĂ©union entre les deux corps. On peut les trouver en vente ici. La grille ne laisse passer aucune abeille Ă  travers les corps. Fumez pendant 3 Ă  5 heures, ou jusqu’à ce que la tempĂ©rature interne atteigne 180 degrĂ©s Fahrenheit. À mi-chemin du processus de fumage, prenez une lecture de la tempĂ©rature interne. Dans un fumoir Ă©lectrique Masterbuilt, Ă  quelle tempĂ©rature fumez-vous une poitrine ? Ceci est une recette de poitrine de 12 livres. Le temps de cuisson de la viande dĂ©pend de sa taille. À 225 F, une rĂšgle empirique Ă©quitable est de 50 Ă  60 minutes par livre. RĂ©duisez le temps de cuisson et frottez les quantitĂ©s de composants de moitiĂ© pour une poitrine de 6 livres. IngrĂ©dients Poitrine de 12 livres, non sĂ©chĂ©e une demi-tasse de cassonade paprika fumĂ©, 1/2 tasse 6 cuillĂšres Ă  soupe de piment en poudre sel casher, 6 cuillĂšres Ă  soupe 4 cuillĂšres Ă  soupe de poivre noir, concassĂ© 4 cuillĂšres Ă  soupe de cumin en poudre 2 cuillĂšres Ă  soupe d’oignon ou d’ail en poudre 2 cuillĂšres Ă  soupe d’origan, sĂ©chĂ© 2 cuillĂšres Ă  soupe de poudre de coriandre poivre de cayenne, 2 cuillĂšres Ă  cafĂ© Ă  modifier selon votre goĂ»t Vinaigre de cidre de pomme, non filtrĂ© ACV Copeaux de bois de mesquite ou de hickory Est-il prĂ©fĂ©rable de fumer de la poitrine Ă  225 ou 250 degrĂ©s Fahrenheit ? Lors de la production de poitrine fumĂ©e, certains pitmasters recommandent de viser une tempĂ©rature de 250 degrĂ©s dans le fumoir. La viande cuira plus rapidement Ă  cette tempĂ©rature qu’à 225 degrĂ©s, mais elle aura encore assez de temps pour crĂ©er une bonne texture moelleuse. Aussi, pour faire fondre la graisse, une tempĂ©rature de 250 degrĂ©s est idĂ©ale. Une fois que le gros chapeau a fondu, la poitrine doit avoir une couche succulente de graisse assaisonnĂ©e sur le dessus. La graisse rend toujours Ă  des tempĂ©ratures plus basses, mais elle n’a pas la mĂȘme texture. À 225 degrĂ©s, combien de temps fumez-vous une poitrine ? Instructions pour fumer la poitrine Retirez tout excĂšs de graisse de la poitrine. Assaisonner avec du sel et du poivre ou frotter la poitrine au goĂ»t. PrĂ©chauffez le gril Ă  225 degrĂ©s Fahrenheit et placez la poitrine dessus. Fumez pendant 6 heures ou jusqu’à ce que la tempĂ©rature interne atteigne 160 degrĂ©s Fahrenheit. Remettre la poitrine sur le gril aprĂšs l’avoir enveloppĂ©e dans du papier sulfurisĂ© ou du papier d’aluminium. Remettre la poitrine sur le gril et cuire jusqu’à ce que la tempĂ©rature interne atteigne 200 degrĂ©s F. Avant de trancher, retirez la poitrine du gril et laissez-la reposer pendant au moins 1 heure. Si vous cherchez la meilleure recette de poitrine fumĂ©e, ne cherchez pas plus loin. Vous pouvez choisir parmi une variĂ©tĂ© de recettes de poitrine fumĂ©e. Commencez par notre recette Ă©prouvĂ©e de poitrine de bƓuf fumĂ©e. Traegering est trĂšs amusant! À 225 degrĂ©s, combien de temps faut-il pour fumer une livre de poitrine ? QUESTION Monsieur, avez-vous une estimation de la durĂ©e de cuisson d’une poitrine de 8 Ă  10 livres Ă  200-225 degrĂ©s ? J’envisageais 1 heure par livre. Est-ce si proche ? Merci beaucoup! R Pour la poitrine, l’épaule de porc et d’autres gros morceaux de viande, environ 1,5 heure par livre Ă  225 degrĂ©s est une bonne estimation. Ce temps peut ĂȘtre influencĂ© par un certain nombre de facteurs, notamment l’épaisseur de la viande, le vent, la tempĂ©rature et la frĂ©quence Ă  laquelle vous ouvrez la porte du fumoir. Il m’a fallu 20 heures pour fumer une poitrine de 9 livres par une nuit froide et venteuse il y a quelques semaines. Vous devriez pouvoir estimer environ 13,5 Ă  15 heures si vous avez une journĂ©e trĂšs paisible avec des tempĂ©ratures douces, pouvez garder au moins 225 degrĂ©s et n’ouvrez la porte que lorsque vous devez vraiment passer la serpilliĂšre ou vĂ©rifier la tempĂ©rature sur la poitrine. Est-il prĂ©fĂ©rable de fumer une poitrine Ă  200 degrĂ©s F ou 225 degrĂ©s F ? La meilleure façon de prĂ©parer la poitrine de bƓuf est de la faire cuire lentement. Lorsque la viande est chauffĂ©e lentement sur une longue pĂ©riode de temps, la graisse a tout le temps de fondre et le collagĂšne a tout le temps de se dĂ©composer en gĂ©latine. Si vous faites cuire la poitrine trop rapidement, elle aura toujours bon goĂ»t, mais elle n’aura pas la douceur que vous dĂ©sirez. Bien que la poitrine puisse ĂȘtre cuite Ă  des tempĂ©ratures un peu plus Ă©levĂ©es nous prĂ©fĂ©rons 225 degrĂ©s, mais vous pouvez augmenter la tempĂ©rature Ă  275 degrĂ©s et obtenir des rĂ©sultats dĂ©cents, 200 degrĂ©s est tout Ă  fait appropriĂ©. Cependant, si vous rĂ©glez la tempĂ©rature aussi basse, vous attendrez longtemps. La poitrine de bƓuf doit ĂȘtre cuite pendant 1 1/2 Ă  2 heures par livre Ă  200 degrĂ©s. La cuisson d’un packer entier de 12 livres peut prendre jusqu’à 24 heures. Pour une fumĂ©e Ă  225 degrĂ©s, nous utilisons une estimation similaire, bien qu’il soit prĂ©fĂ©rable de prĂ©voir 2 heures par livre dans ce scĂ©nario. À 225 degrĂ©s, combien de temps faudra-t-il pour cuire une poitrine de 13 livres ? J’aimerais pouvoir vous dire combien de temps prendra le processus de fumage, mais c’est la joie du barbecue. Quand c’est fait, c’est fait. Je prĂ©vois de fumer mes poitrines de 12 Ă  13 livres pendant environ 8 heures Ă  225 degrĂ©s F jusqu’à ce qu’elles atteignent 165 degrĂ©s F. Cependant, entre 145 et 165 degrĂ©s F, votre poitrine entrera dans une phase de refroidissement oĂč le liquide s’échappant de la surface de la la poitrine la refroidit pendant que votre gril essaie de la cuire. C’est ce qu’on appelle le dĂ©crochage, et chaque poitrine que j’ai jamais cuisinĂ©e a une plage de temps distincte pour cette phase. C’est lĂ  qu’un thermomĂštre interne de haute qualitĂ© est utile. Une fois recouvert de papier de boucherie, le deuxiĂšme processus peut prendre de 5 Ă  8 heures. Je donne normalement 2 heures supplĂ©mentaires pour chacun de mes cuisiniers de poitrine car je peux toujours le mettre dans une glaciĂšre et le laisser reposer s’il est fait tĂŽt. Mon mari devient irritable s’il n’est pas terminĂ© Ă  temps. Est-il possible que 250F soit trop chaud pour la poitrine? 2 Placez la poitrine sur du papier de boucherie ou du papier sulfurisĂ© sur une plaque Ă  pĂątisserie Ă  rebords une heure avant de commencer la cuisson. Coupez l’excĂšs de graisse du bouchon de graisse, en laissant 1/8 Ă  1/4 de pouce. Vous enlĂšverez de lourdes couches de graisse dure jusqu’à ce que toute la surface soit douce. Vous pouvez demander Ă  votre boucher de le faire pour vous. 3 Frottez toute la surface de la viande avec le frottement, en tapotant. Il n’est pas nĂ©cessaire de le marteler Ă  la maison. Laisser reposer le bƓuf assaisonnĂ© Ă  tempĂ©rature ambiante pendant 1 heure, Ă  dĂ©couvert. 4 Allumez un feu de bois ou une cheminĂ©e Ă  charbon pour votre fumoir 30 minutes avant de commencer. PrĂ©chauffez le fumoir Ă  250 degrĂ©s Fahrenheit. Ajoutez des morceaux de bois au feu si vous utilisez du charbon de bois pour l’allumer. Si vous utilisez du bois, ajoutez-en un peu plus. 5 Placez la poitrine dans le fumoir une fois que la fumĂ©e est fine et blanche, plutĂŽt que lourde et grise. Si vous utilisez un thermomĂštre Ă  sonde, c’est le moment de le mettre dans la viande. Remettez le couvercle. Maintenir une tempĂ©rature d’environ 250 degrĂ©s dans le fumeur. Parce que la plupart des fumoirs Ă  bois ne sont pas parfaits et que la tempĂ©rature fluctue, une plage de tempĂ©rature de 225 Ă  275 degrĂ©s est idĂ©ale. 6 AprĂšs environ 4 heures, commencez Ă  vĂ©rifier la tempĂ©rature interne de la viande. Il est temps d’envelopper la poitrine lorsqu’elle atteint 160-170 degrĂ©s et qu’elle prĂ©sente une croĂ»te brun rougeĂątre foncĂ© ou pratiquement noire Ă  l’extĂ©rieur. 7 La bĂ©quille pour envelopper la poitrine, pliez en deux un morceau de papier d’aluminium de 6 pieds de long dans le sens de la longueur et enroulez-le solidement autour de la viande ou utilisez du papier de boucherie frais. Augmentez la tempĂ©rature du fumoir Ă  300 degrĂ©s. Remettez la poitrine enveloppĂ©e dans le fumoir, placez la sonde dans la zone la plus Ă©paisse et faites cuire jusqu’à ce que la tempĂ©rature interne atteigne un peu plus de 200 degrĂ©s. Combien de temps faut-il pour fumer une poitrine de 14 livres? Combien de temps une poitrine met-elle Ă  fumer? Une poitrine entiĂšre de packer prend environ 1 Ă  1 1/2 heures par livre Ă  250 degrĂ©s F pour fumer. À des fins de planification, les temps de fumĂ©e de poitrine de 14 livres varient de 14 Ă  17 1/2 heures. Fumer de la viande semble gĂ©nĂ©ralement prendre plus de temps que prĂ©vu, alors commencez tĂŽt et laissez-la reposer plus longtemps. Combien de temps faut-il pour fumer une poitrine de 10 livres? Lors de la cuisson Ă  250 degrĂ©s Fahrenheit, j’aime prĂ©voir 90 minutes pour chaque livre de poitrine fumĂ©e, y compris le temps de repos ou de maintien. Selon la taille de la coupe, le temps de cuisson global peut varier de 8 Ă  16 heures. Chaque poitrine que vous cuisinez prendra un temps diffĂ©rent. Nous avons Ă©galement dĂ©couvert que le Wagyu amĂ©ricain cuit un peu plus vite que le Prime, donc en fumant du Wagyu amĂ©ricain, nous Ă©conomisons environ 10 % du temps. Quand faut-il envelopper une poitrine de boeuf dans du papier d’aluminium ? Quand faut-il emballer une poitrine de boeuf ? Lorsque la poitrine atteint une tempĂ©rature interne de 165 Ă  170 degrĂ©s Fahrenheit, la plupart des gourous du barbecue recommandent de la couvrir. Uneseule pour un petit essaim (moins de 3 cadres de couvain). Il faut les laisser au minimum dix semaines (on peut les laisser jusqu’à douze semaines). Les laniĂšres doivent ĂȘtre impĂ©rativement retirĂ©es Ă  la fin du traitement pour Ă©viter tout risque de rĂ©sistance (car il reste de la matiĂšre active en faible quantitĂ© dans les laniĂšres). Elles doivent ĂȘtre IndexSujets rĂ©centsRecherche Connexion Forum Forums d'Apiservices / Foire Aux Questions Bourdoneuse au bout de combien de temps ? 16 Avr 2014 1816 74753 par Olivier_V Bonjour, Au bout de combien de temps une ruche devient-elle bourdonneuse aprĂšs la perte de se reine ? Merci. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 1842 74756 par lavie bonsoir Patmag26 regarde si les Ɠufs sont bien aux milieux de la cellule, s'ils sont pas centrĂ©e = bourdonneuse et si tu vois des petites cellules royales avec plusieurs Ɠufs , c est cuit =bourdonneuse Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 1910 74757 par Patmag26 c'est bien ça amorce de cellule avec plusieurs Ɠufs demain je secoue tout ça et je renforcerai les autres what is life Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 1937 74761 par lavie c'est bien ça amorce de cellule avec plusieurs Ɠufs demain je secoue tout ça et je renforcerai les autres what is life moi je ne secoue plus les bourdonneuse parce que les abeilles pondeuses arrivent Ă  voler et te flingue la reine de la ruche voisine,je les dĂ©place plusieurs fois Ă  quelques jours intervalle,dans le rucher si possible a cĂŽtĂ© des plus faibles. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 1959 74766 par ZAYA_26740 un temps certain ou un certain temps ok je sors plus sĂ©rieusement super question car j ai un essaim qui me rend fou depuis 15 jours sa pond et je vois pas la reine je commence a me demander si elle est pas bourdonneuse car en plus par moment plusieurs Ɠufs dans l alvĂ©ole avant de la brĂ»ler de colĂšre j aimerai connaitre le pourquoi du comment Salut Patmag26, J'avais mis une mĂ©thode infaillible sur le forum, faudrait chercher, mais sur le principe, tu installe une ruche vide Ă  l'emplacement d'origine, un tissu blanc tendu au niveau de l'entrĂ©e. L'entrĂ©e de la ruche avec un morceau de grille Ă  reine, puis tu secoue les cadres un Ă  un sur le tissu, ou carton, tu remet les cadres Ă  mesure dans la nouvelle ruche, toutes les abeilles vont rentrer si tu ne trouves rien d'un peu plus gros arrĂȘtĂ© par la grille Ă  reine, bin tu sais ce qu'il te reste Ă  faire! + Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 2008 74768 par thom49 une ruche bourdonneuse, tu le sait quand tu voit que des cellules de males dans tes cadres c'est que la reine est morte ou trop vieille. Lorsque qu'une colonie perd sa reine, et qu'elle n'est pas remplacĂ©e, les ouvriĂšres pondent des Ɠufs haploĂŻdes non fĂ©conder qui donnent des mĂąles . Une reine ĂągĂ©e peut laisser des trous dans le couvain, une reine mal fĂ©condĂ©e qui a Ă©puisĂ© sa rĂ©serve de sa spermathĂšque aussi. Ce qui peut ĂȘtre le cas vus le printemps de l'an dernier. Apiculturement Le meilleur moyen de garder un secret, c'est d'oublier qu'il existe. Jacques de Molay. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 2020 74772 par Kae83 J'ai du mal a comprendre... Sans reine, les abeilles ne s'en crĂ©ent pas une nouvelle ? Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 16 Avr 2014 2221 74784 par samdu47 si les abeilles ont des oeufs de reine ou des larves d'abeilles suffisament jeune elles peuvent Ă©lever une autre reine. Mais elles ne peuvent pas faire de reine Ă  partir des oeufs des ouvriĂšres pondeuses, puisqu'ils ne sont pas fĂ©condĂ©s. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 0539 74787 par Pierre_IsĂšre Kae83 Le cycle normal c'est qu'une ruche orpheline se remĂšre mais dans certains cas ça se passe mal par exemple les cellules royales n'ont pas Ă©clos normalement, la reine vierge ne s'est pas mis en ponte...la ruche devient alors bourdonneuse et la colonie ne peut pas s'en tirer toute seule. Il y a des solutions pour tenter un remĂ©rage mais ce n'est jamais gagnĂ© d'avance. En cas de remĂ©rage naturel il faut bien attendre 1mois entre le dĂ©part de la vieille reine et la ponte de la nouvelle. passĂ© ce dĂ©lai si la jeune reine ne pond pas des ouvriĂšres se mettent Ă  pondre des Ɠufs non fĂ©condĂ©s et donc cela donne plein de petits bourdons tous moches, d'oĂč le nom de ruche bourdonneuse...la colonie finit par mourir si rien n'est fait mais les tentatives de remĂ©rage artificiel ont un taux d'Ă©chec Ă©levĂ© . Par ailleurs le repĂ©rage des abeilles ouvriĂšres pondeuses est impossible. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 0611 74788 par flexogreen Pierrot le fous a une mĂ©thode qui semble lui donner de bon rĂ©sultat, il introduit des reines aprĂšs les avoir endormies.. et ca repart comme en 14. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1010 74793 par DrĂŽmeapi Et quelqu'un avait dĂ©crit une mĂ©thode d'introduction de RF dans une colonie bourdonneuse en perturbant les odeurs dans la colo il pose deux feuilles de papier essuie-tout imbibĂ© de gnĂŽle sur la tĂȘte des cadres et introduit sa reine encagĂ©e quelques minutes plus tard. Il me semble qu'il retirait les feuilles de Sopalin papier essuie-tout le lendemain ou le surlendemain. J'ai essayĂ© l'an dernier avec une ruche sortie bourdonneuse de l'hiver et ça avait marchĂ©. Je n'ai plus jamais retrouvĂ© le post pour le remercier . Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1222 74800 par Pierrolefou Pierrot le fous a une mĂ©thode qui semble lui donner de bon rĂ©sultat, il introduit des reines aprĂšs les avoir endormies.. et ca repart comme en 14. salut flexo ca c est pas du tout ma methode parce que la tes reines elles vont finir comme beaucoup ont finis en 14 dans les tranchĂ©es!!!! c est pas les reines qui faut endormir mais les colo et tu lache la reine quand tout le monde je pars toujours d un principe quand j ai pas de principe je pars pas. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1719 74807 par flexogreen Pierrot le fous a une mĂ©thode qui semble lui donner de bon rĂ©sultat, il introduit des reines aprĂšs les avoir endormies.. et ca repart comme en 14. salut flexo ca c est pas du tout ma methode parce que la tes reines elles vont finir comme beaucoup ont finis en 14 dans les tranchĂ©es!!!! c est pas les reines qui faut endormir mais les colo et tu lache la reine quand tout le monde oui je me suis mal exprimĂ©; je voulais dire une fois endormis les ruches , il introduit les reines... les ruches et tu le sais bien, COQUIN !!! Une question Pierrot, le fait tu aussi avec des reines vierges? J'ai deux reines nĂ©es entre mes mains ce soir et je voudrais tester sur deux EA que j ai fait y a pas longtemps. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1750 74811 par Olivier_V Et tu endors avec quoi ? Que tu trouves oĂč ? Tu ne secoues mĂȘme pas les bourdonneuses ? Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1845 - 17 Avr 2014 1846 74812 par yeti8360 Bonsoir, J'ai visitĂ© ce matin une colonie qui a passĂ© l'hiver dans une ruchette sur 5 cadres. C'Ă©tait un essaim artificiel avec une reine nĂ©e en aout 2013. Je l'ai transfĂ©rĂ©e dans une ruche la semaine derniĂšre et j'ai complĂ©tĂ© avec des cires gaufrĂ©es car je n'ai plus de cadres bĂątis. A ma grande surprise, sur la premiĂšre cire gaufrĂ©e en passe d'ĂȘtre Ă©tirĂ©e, il y avait quelques cellules avec deux ou trois Ɠufs. La reine est toujours bien prĂ©sente et le couvain sur trois cadres est magnifique. Est ce qu'elle a pondu plusieurs Ɠufs par manque de place ou bien y aurait il une ou plusieurs ouvriĂšres pondeuses? Merci pour votre avis. DerniĂšre Ă©dition 17 Avr 2014 1846 par yeti8360. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1850 74813 par lavie Et tu endors avec quoi ? Que tu trouves oĂč ? Tu ne secoues mĂȘme pas les bourdonneuses ? BONSOIR INTRODUIRE UNE REINE DANS UNE COLONIE BOURDONNEUSE Faire la manipulation le soir quand toutes les abeilles sont Ă  la ruche. PrĂ©parer l'enfumoir, il doit ĂȘtre bien parti mais pas trop chaud ! Mettre une 1/2 cuillĂšre Ă  cafĂ© de nitrate d ammonium dans l'enfumoir; au bout de quelques instants, une Ă©paisse fumĂ©e grise et pas vert jaune qui se dĂ©gage c'est du protoxyde d'azote. Faire pĂ©nĂ©trer la fumĂ©e dans la ruche par le trou de vol,ou par le fond, il y a pas besoin de se servir du soufflet tant la fumĂ©e est abondante et sort presque sous pression,quand on entend plus les abeillesenviron une minute on ouvre on laisse aĂ©rĂ©e,les abeilles commencent Ă  ce rĂ©veillĂ© aprĂšs 5 a 10 minutes Ă  ce moment lĂ  on libĂšre la reine sur la tĂȘte des cadres elle s introduit entre les abeilles on referme 8 jours aprĂšs contrĂŽle de ponte ne jamais endormir une reine !!! Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© flexogreen Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1858 74814 par Olivier_V Sans avoir prĂ©alablement secouĂ© les bourdonneuses ? Nitrate d'ammonium en pharmacie je suppose ? Merci des prĂ©cisions. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1902 74815 par pasgt Le Nitrate d'ammonium se trouve dans les magasins d'apiculture. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1903 74816 par lavie Le nitrate d'ammonium est vendu dans les magasins apicoles Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1912 74817 par CB J'avais Ă©crit il y a quelques temps tout le bien que je pensais de la mĂ©thode prĂ©sentĂ©e par M. Jean Marie Van Dyck dans ce message . Je l'ai encore utilisĂ©e cette annĂ©e. Sa mĂ©thode Membre de l'association de lutte contre le mikado en gĂ©riatrie. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1939 74819 par flexogreen Sans avoir prĂ©alablement secouĂ© les bourdonneuses ? Nitrate d'ammonium en pharmacie je suppose ? Merci des prĂ©cisions. nitrate ammonium chez icko...et les autres. tu fais rien... tu endors et introduit la reine. rien d'autre. c est une remise a zero des mĂ©moires..elles savent plus qui elles sont ni ou elles sont.. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 17 Avr 2014 1948 74820 par Pierrolefou bonsoir as besoin de secouer les bourdonneuses , elles oublient meme les reperes ,tu peut dĂ©placer la ruche elles reviendront pas a l ancien emplacement. un seul.... HIC ....elles oublient aussi pendant 4 ou 5 jours qu il faut aller bosser!!!! flexo tu peut le faire aussi avec des vierges je vois pas pourquoi ca je pars toujours d un principe quand j ai pas de principe je pars pas. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© flexogreen Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 18 Avr 2014 0725 74848 par DrĂŽmeapi J'avais Ă©crit il y a quelques temps tout le bien que je pensais de la mĂ©thode prĂ©sentĂ©e par M. Jean Marie Van Dyck dans ce message . Je l'ai encore utilisĂ©e cette annĂ©e. Sa mĂ©thode Alors c'Ă©tait toi ! Merci CB pour cette mĂ©thode que j'ai utlisĂ©e l'an dernier avec cognac et succĂšs ! Simplissime et efficace, je la recommande. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 18 Avr 2014 1241 74855 par CB Alors c'Ă©tait toi ! Merci CB pour cette mĂ©thode que j'ai utlisĂ©e l'an dernier avec cognac et succĂšs ! Bourreau d'enfant et copieur ! Membre de l'association de lutte contre le mikado en gĂ©riatrie. Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 18 Avr 2014 1442 74857 par DrĂŽmeapi Bourreau d'enfant et copieur ! Et encore, tu ne sais toujours pas tout ! Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 20 Avr 2014 2036 74996 par avette 3131 bonjour, le nitrate d'ammonium est il le mĂȘme que celui utilisĂ© en agriculture? est il aussi le mĂȘme que l'ammonitrate quel est le risque d'utiliser un de ces produits? Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 20 Avr 2014 2051 74999 par flexogreen bonjour, le nitrate d'ammonium est il le mĂȘme que celui utilisĂ© en agriculture? est il aussi le mĂȘme que l'ammonitrate quel est le risque d'utiliser un de ces produits? non moins pur celui qui est utilisĂ© en agricole. Pour en mettre la bonne quantitĂ© et la stoker en sĂ©curitĂ©; l avoir dans la caisse Ă  outils si on en a besoin... Tu reconnais les tubes Pierrot? Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. 20 Avr 2014 2051 75000 par wLz Salut avette 3131, si ton pseudo fait allusion Ă  la rĂ©gion toulousaine, ça doit te dire quelque chose AZF et nitrate d’ammonium. Tu vois oĂč je veux en venir pour les risques? BOUM Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Forum Forums d'Apiservices / Foire Aux Questions Bourdoneuse au bout de combien de temps ? Temps de gĂ©nĂ©ration de la page secondes Lorsquun essaim d’abeilles recherche un lieu pour s’installer, ce sont des abeilles Ă©claireuses qui partent Ă  la recherche du lieu idĂ©al pour construire le nid. Une fois ce lieu repĂ©rĂ© et approuvĂ©, l’ensemble de l’essaim s’y Il faut 3 Ă  4 semaines aux abeilles pour commencer Ă  produire du miel Ă  partir d’une nouvelle ruche. Il a Ă©tĂ© dit qu’en dehors de l’homme, nulle part au monde il n’y a rien Ă  comparer avec l’incroyable efficacitĂ© de l’industrie de l’abeille. Les abeilles ont besoin de deux types de nourriture diffĂ©rents. À quelle vitesse les abeilles fabriquent-elles du miel ?Sommaire1 À quelle vitesse les abeilles fabriquent-elles du miel ?2 Combien de miel une abeille peut-elle fabriquer en une journĂ©e ?3 Combien de temps faut-il Ă  une abeille pour fabriquer une cuillĂšre Ă  cafĂ© de miel ?4 Combien de fois par an peut-on rĂ©colter du miel ?5 Combien de temps vit une reine des abeilles ?6 Combien de temps faut-il aux abeilles pour fabriquer une ruche ?7 À quelle vitesse les abeilles peuvent-elles voler ?8 Quelle distance les abeilles mellifĂšres parcourent-elles pour trouver de l’eau ?9 Combien d’yeux a une abeille ?10 Combien de voyages une abeille fait-elle par jour ?11 Les abeilles mellifĂšres mangent-elles leur propre miel ?12 Combien de miel peuvent fabriquer 10 000 abeilles ?13 Que se passe-t-il si vous rĂ©coltez le miel trop tĂŽt ?14 Combien de temps vivent les abeilles?15 Quelle est la rentabilitĂ© de l’apiculture ?16 Existe-t-il un roi des abeilles ?17 Comment les abeilles choisissent leur reine ?18 Que se passe-t-il si une reine des abeilles vous pique ?19 À quelle vitesse les abeilles peuvent-elles remplir un miel super?20 Combien de temps dure la vie d’une abeille ?21 Quelle quantitĂ© de miel faut-il laisser aux abeilles ? Une colonie d’abeilles bien Ă©tablie peut produire beaucoup de miel trĂšs rapidement. Lors d’une forte coulĂ©e de nectar ou de miel, une forte colonie peut remplir de miel un super miel profond de 10 cadres en 2 Ă  3 jours. Alors qu’une colonie plus faible mais Ă©tablie peut prendre 1 Ă  2 semaines pour produire la mĂȘme quantitĂ© de miel. Combien de miel une abeille peut-elle fabriquer en une journĂ©e ? C’est environ 10 livres de miel par jour! Bien sĂ»r, cela ne se produit qu’une fois de temps en temps, lorsque toutes les conditions ci-dessus sont rĂ©unies. Plus souvent qu’autrement, ici en Californie du Sud, nous rencontrons des annĂ©es de sĂ©cheresse qui affligent grandement nos plantes productrices de miel indigĂšnes. Combien de temps faut-il Ă  une abeille pour fabriquer une cuillĂšre Ă  cafĂ© de miel ? L’abeille ouvriĂšre moyenne produit 1/12e de cuillĂšre Ă  cafĂ© de miel au cours de sa vie, qui dure six semaines. Combien de fois par an peut-on rĂ©colter du miel ? La plupart des apiculteurs rĂ©coltent le miel 2 Ă  3 fois par an/saison. Le miel est normalement rĂ©coltĂ© entre la mi-juin et la mi-septembre. La frĂ©quence de rĂ©colte dĂ©pend de votre climat local et de la vie vĂ©gĂ©tale. Combien de temps vit une reine des abeilles ? Les reines vivent en moyenne 1 Ă  2 ans Page et Peng 2001, bien qu’une durĂ©e de vie maximale de 8 ans ait Ă©tĂ© rapportĂ©e dans une Ă©tude Bozina 1961. Le dimorphisme observĂ© dans la caste des femelles d’abeilles mellifĂšres est particuliĂšrement intĂ©ressant car les ouvriĂšres et les reines ont le mĂȘme gĂ©notype mais prĂ©sentent une diffĂ©rence de durĂ©e de vie d’un facteur 10. Combien de temps faut-il aux abeilles pour fabriquer une ruche ? Combien de temps faut-il pour Ă©tablir une nouvelle ruche. Une nouvelle colonie d’abeilles a besoin d’au moins 3 Ă  5 mois pour devenir forte et bien Ă©tablie. Fondamentalement, il faudra une saison pour qu’une nouvelle colonie s’établisse. À quelle vitesse les abeilles peuvent-elles voler ? Quelle distance les abeilles mellifĂšres parcourent-elles pour trouver de l’eau ? Les abeilles parcourront jusqu’à cinq milles pour trouver de l’eau. Cependant, cela ne signifie pas que toute ruche situĂ©e Ă  moins de cinq miles d’une source d’eau est bonne Ă  utiliser ! Vous devez fournir de l’eau Ă  vos abeilles Ă  moins de huit kilomĂštres. Combien d’yeux a une abeille ? Yeux – Aussi incroyable que cela puisse paraĂźtre, l’abeille a CINQ yeux, deux grands yeux composĂ©s et trois yeux ocelles plus petits au centre de sa tĂȘte. Combien de voyages une abeille fait-elle par jour ? Une abeille visite 50 Ă  100 fleurs lors de chaque voyage de collecte et peut rĂ©colter plusieurs milliers de fleurs en une journĂ©e, effectuant 12 voyages ou plus, rĂ©coltant le pollen ou le nectar d’une seule espĂšce florale chacune. Les abeilles mellifĂšres mangent-elles leur propre miel ? Oui, Ă©tonnamment, toutes les espĂšces d’abeilles qui fabriquent du miel en mangent Ă©galement. Toutes les espĂšces d’abeilles qui fabriquent du miel ne sont pas des abeilles domestiques. Les abeilles sont une espĂšce diversifiĂ©e – il en existe des milliers de types diffĂ©rents. Combien de miel peuvent fabriquer 10 000 abeilles ? Il a Ă©tĂ© estimĂ© qu’une seule abeille pourrait collecter suffisamment de nectar tout au long de sa vie pour fabriquer une seule cuillĂšre Ă  cafĂ© 5 cc de miel. Donc, si vous aviez 10 000 abeilles pendant toute leur vie sans remplacement, elles pourraient produire 5 cc x 10 000 cc de miel ou 50 000 cc ou 500 litres. Que se passe-t-il si vous rĂ©coltez le miel trop tĂŽt ? RĂ©colter trop tĂŽt signifie que vous ne capitalisez pas sur la quantitĂ© totale de miel disponible au cours d’une annĂ©e donnĂ©e. RĂ©colter trop tard risque de se heurter Ă  des tempĂ©ratures froides ou glaciales, ainsi que d’en prendre trop et de ne pas en laisser assez Ă  la colonie pour l’hiver. Combien de temps vivent les abeilles? Quelle est la rentabilitĂ© de l’apiculture ? Selon le nombre de ruches que vous avez, vous pouvez rĂ©aliser un profit. Cependant, cela dĂ©pend vraiment de la saison et du flux de nectar. Il y a des frais de dĂ©marrage lorsqu’on se lance dans l’apiculture. AprĂšs cela, vous pouvez vous attendre Ă  un bĂ©nĂ©fice apicole par ruche d’environ 600 €. Existe-t-il un roi des abeilles ? La vĂ©ritĂ© est qu’il n’y a pas d’abeille royale Ă  l’intĂ©rieur de la ruche. Il existe des abeilles mĂąles, appelĂ©es drones. Cependant, ils ne sont plus nĂ©cessaires aprĂšs l’accouplement avec la reine et ne jouent aucun rĂŽle actif dans la colonie autre que d’aider Ă  se reproduire. Comment les abeilles choisissent-elles leur prochaine reine ? PremiĂšrement, la reine pond plus d’Ɠufs. Ensuite, les abeilles ouvriĂšres choisissent jusqu’à vingt des Ɠufs fĂ©condĂ©s, apparemment au hasard, pour ĂȘtre de nouvelles reines potentielles. Lorsque ces Ɠufs Ă©closent, les ouvriĂšres nourrissent les larves d’un aliment spĂ©cial appelĂ© gelĂ©e royale. Que se passe-t-il si une reine des abeilles vous pique ? Chaque reine des abeilles a un dard et est parfaitement capable de l’utiliser. Les reines des abeilles, cependant, ne piquent presque jamais les gens; elles rĂ©servent leur piqĂ»re aux autres reines. Étant donnĂ© que le dard d’une reine des abeilles est lisse, cela signifie qu’elle peut thĂ©oriquement piquer plusieurs fois sans perdre son dard et mourir dans le processus. À quelle vitesse les abeilles peuvent-elles remplir un miel super? Une forte colonie lors d’une forte miellĂ©e peut dessiner de nouvelles fondations et remplir une superposition de miel en 1 semaine, et parfois en 3 Ă  4 jours. Une colonie d’abeilles moyenne prendra entre 2 et 4 semaines, tandis qu’une colonie plus faible prendra 1 Ă  2 mois. Combien de temps dure la vie d’une abeille ? Abeilles/DurĂ©e de vie. Quelle quantitĂ© de miel faut-il laisser aux abeilles ? En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, dans les climats plus chauds, vous devriez probablement laisser environ 40 livres de miel pour une ruche de taille moyenne appelons moyenne» une ruche complĂšte occupant une boĂźte de 10 cadres de profondeur. Dans les climats modĂ©rĂ©s qui connaissent des tempĂ©ratures plus froides, 60 livres de miel est la rĂšgle gĂ©nĂ©rale. Parexemple, vous pouvez laisser un appĂąt de friandises dans le grenier. Les guĂȘpes aiment beaucoup le poisson fumĂ©. Ils voleront constamment de l'endroit avec l'appĂąt Ă  leur nid. Ainsi, vous pouvez calculer son emplacement. Avant de commencer Ă  retirer le nid du grenier, vous devez prendre des mesures de sĂ©curitĂ©. Cela aidera Ă  Ă©viter les attaques RĂ©ussir l’introduction d’une reine vierge est une opĂ©ration difficile. L’acceptation est plus alĂ©atoire que celle des cellules royales ou des reines techniques d’introduction des reines viergesNous vous prĂ©sentons ici quelques unes de nos façons d’opĂ©rer, selon les besoins de la saison et en fonction du type de la colonie introduire une reine vierge dans un paquet d’abeilles ?C’est certainement la technique la plus sĂ»re. Celles qui offre le meilleur taux de succĂšs, du niveau de ceux obtenus avec des reines fĂ©condĂ©es. en paquet d’abeilles, il n’y a pas d’élevage possible et les abeilles accueillent trĂšs facilement la reine de l’introduction des reines vierges lors du remplissage des nuclei de fĂ©condationDans notre cas, nous n’utilisons que les nuclei Kieler. Voici comment nous procĂ©dons Verser l’équivalent d’un pot de miel de 500g rempli d’abeilles dans le nucleus, Introduire la reine vierge directement dans la grappe, Fermer le nuc et le placer 3 Ă  4 nuits dans un local trĂšs frais, DĂ©placer les nuclei Ă  la tombĂ©e de la nuit sur votre emplacement de fĂ©condation, et ouvrir la trappe. VĂ©rifier la ponte et l’état des rĂ©serves deux semaines plus introduire une reine vierge dans une colonie bourdonneuse ?Paradoxalement, les colonies orphelines, avec de vieilles voire trĂšs vieilles abeilles, acceptent beaucoup mieux les reines vierges que les reines fĂ©condĂ©es... PrĂ©alablement, secouer tous les cadres d’abeilles Ă  une dizaine de mĂštres de la ruche pour faire tomber la les abeilles pondeuses [1]. Retirer les accompagnatrices de la cagette, poser la cagette sur les tĂȘtes de cadres, et casser la languette d’accĂšs au candi, Retourner un nourrisseur couvre-cadre pour faire un espace clos au-dessus du corps, 48 heures plus tard, vĂ©rifiez dĂ©licatement [2] que la reine ait bien Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e. Si non, faites coulisser la glissiĂšre de la cagette pour ouvrir grand l’accĂšs au candi sans que la reine ne puisse sortir directement, VĂ©rifier la ponte et l’état des rĂ©serves deux semaines plus introduire une reine vierge dans un essaimC’est de loin la technique la plus alĂ©atoire. Par moment nous obtenons de trĂšs bons taux d’acceptation, parfois c’est Ă  peine du 50% ...Nous obtenons plus de rĂ©gularitĂ© sur le taux d’acceptation des reines vierges, lorsque l’on parvient Ă  orpheliner la colonie receveuse pendant au moins 9 jours. Passer 9 jours, les abeilles n’ont plus de possibilitĂ© d’élevage. Au minimum 9 jours avant de recevoir la reine vierge , prĂ©parez dans une ruchette, un essaim avec 2 cadres de couvain ouvert et operculĂ© + 1 cadre de rĂ©serve. DĂ©placer la ruchette d’une cinquantaine de mĂštre pour Ă©liminer les vielles abeilles. Les butineuses retourneront Ă  la ruche mĂšre. Avant rĂ©ception de la reine vierge, dĂ©truire toutes les cellules ... sans en oublier aucune ! A rĂ©ception de la cagette, retirer les accompagnatrices. Casser a languette d’accĂšs au candi puis poser la cagette sur les tĂȘtes de cadres. Retournez un nourrisseur couvre-cadre pour faire un espace clos au-dessus du corps. 48 heures plus tard, vĂ©rifiez dĂ©licatement [2] que la reine a bien Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e. Si non, faites coulisser la glissiĂšre de la cagette pour ouvrir grand l’accĂšs au candi sans que la reine ne puisse sortir directement, VĂ©rifier la ponte et l’état des rĂ©serves deux semaines plus articles Ă  consulter sur l’introduction des reines Introduction de reine vierge dans un essaim artificiel, par Didier Delecroix, Introduction des reines, par Doug McCutcheon et al, Introduction des reines, par Gilles Fert Introduction d’une reine pas Ă  pas, par Gilles Fert [1] Avec les reines vierges, nous ne prenons pas toujours cette prĂ©caution pourtant utile ![2] sans choquer la ruche Ă  l’ouverture pour Ă©viter l’emballement de la reine Lexique apicole multilingue Listes de diffusion Nous vous proposons de vous inscrire Ă  nos listes de diffusion. Vous serez alors tenus informĂ©s de l’évolution de notre se fait en 2 temps Validez votre adresse mail Puis sĂ©lectionnez les listes de votre choix iNGMSY.
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