DeVictoria Beckham et sa robe XXL à celle que Kate Middleton portait lors de ses fiançailles, toutes ses tenues ont marqué la mode, mais aussi leur époque. Marge Simpson se révÚle en
La rĂ©sistance aux rĂšgles acadĂ©miques de l’AcadĂ©mie des beaux-arts 1 G. Monnier, L’Art et ses institutions en France, De la rĂ©volution Ă  nos jours, p. 61. 1Les artistes de la fin du xixe siĂšcle les plus avancĂ©s, prĂ©curseurs d’un art qui s’interroge sur lui-mĂȘme, sur sa nature, son rĂŽle et sa destination, sont liĂ©s au concept de modernitĂ© qui Ă©merge, dĂšs 1850, pour dĂ©signer les grands changements survenus aprĂšs les rĂ©volutions technique et industrielle. La modernitĂ© est alors perçue, par les thĂ©oriciens d’une avant-garde balbutiante, comme la manifestation d’un mode de pensĂ©e, de vie et de crĂ©ation, basĂ© sur le changement, et non plus sur les traditions anciennes d’une institution. L’AcadĂ©mie des beaux-arts, membre de l’Institut de France, créée le 21 mars 1816, entend, en effet, perpĂ©tuer les principes esthĂ©tiques des AcadĂ©mies royales de peinture et de sculpture fondĂ©es Ă  Paris en 1648. Sous son Ă©gide, les Ă©coles d’art dispensent aux Ă©lĂšves une formation scientifique gĂ©omĂ©trie, anatomie et perspective et humaine histoire et philosophie, et leur enseignent les techniques et les savoir-faire nĂ©cessaires Ă  l’élaboration d’une Ɠuvre. Elles transmettent les diktats d’une culture classique, attachĂ©e Ă  la recherche de l’idĂ©al du beau et de l’essence Ă©ternelle des choses, que les artistes suivent pour produire l’art des salons officiels, obtenir des commandes publiques, et s’attirer les faveurs d’une clientĂšle fortunĂ©e1. 2En 1863, toutefois, un vent de rĂ©volte souffle chez les artistes parisiens, car le jury du Salon de peinture et de sculpture, dĂ©signĂ© par les membres de l’AcadĂ©mie, refuse plus de 3 000 Ɠuvres sur les 5 000 envoyĂ©es Ă  l’institution. Les postulants exclus, dont Antoine Chintreuil 1814-1873 ou Édouard Manet 1832-1883, critiquent vigoureusement l’intransigeance des membres du jury du Salon et rĂ©clament un lieu d’exposition pour montrer leurs Ɠuvres au public parisien. InformĂ© du conflit, l’Empereur NapolĂ©on III dĂ©cide de financer une exposition des RefusĂ©s », qui doit se tenir au Palais de l’Industrie Ă  Paris. Cet Ă©vĂšnement obtient un certain succĂšs, malgrĂ© la polĂ©mique nĂ©e de la prĂ©sentation d’un tableau provocateur, Le DĂ©jeuner sur l’herbe de Manet, qui met sur le devant de la scĂšne la question de l’émancipation des peintres. 3De ce fait, trop conscients des limites qui leur sont imposĂ©es, nombre d’artistes dĂ©cident de se former dans des ateliers privĂ©s, dont l’enseignement est moins conventionnel que celui des Beaux-Arts, dans le but d’affirmer leur talent. C’est le cas du jeune Paul CĂ©zanne, qui a Ă©chouĂ© au concours d’entrĂ©e de l’École des beaux-arts de Paris, en 1861, en raison d’un tempĂ©rament coloriste jugĂ© excessif, et qui va suivre les cours de l’AcadĂ©mie de Charles Suisse, en 1862, oĂč il rencontre Alfred Sisley 1839-1899, Camille Pissarro 1830-1903, Claude Monet 1840-1926 et Auguste Renoir 1841-1919. Ces derniers refusent les rĂšgles acadĂ©miques et veulent baser les principes de leur crĂ©ation sur leur sensibilitĂ©, s’emparer de sujets dĂ©clarĂ©s jusqu’alors triviaux. Enfin, ils s’intĂ©ressent Ă  la nature d’une façon plus libre que leurs aĂźnĂ©s, cherchant Ă  transcrire les variations de la lumiĂšre, la fluiditĂ© des formes, pour animer leurs tableaux, suivant les postulats des peintres installĂ©s Ă  Barbizon, Ă  partir de 1850. Paul CĂ©zanne 1839-1906, face Ă  la Sainte-Victoire, contre l’art des bourgeois 4Pour donner plus de force Ă  son travail, CĂ©zanne Ă©carte les teintes sombres et les nuances trop lisses, façonne un modelĂ© qui lui est propre, constituĂ© de touches divisĂ©es, susceptibles de traduire la richesse de sa perception, comme de rĂ©vĂ©ler les aspects les plus secrets de la nature. Une peinture jaillie de l’intĂ©rieur, stimulante, celle des tripes », totalement dĂ©savouĂ©e par l’AcadĂ©mie des beaux-arts, voit ainsi le jour. Paul CĂ©zanne cherche, Ă  tĂątons, un art solide, Ă©quilibrĂ©, structurĂ©, porteurs de valeurs stables, universelles. Des annĂ©es s’écoulent avant que le style cĂ©zanien ne s’affirme. Certes, l’artiste a toujours recours aux lois plastiques qui sous-tendent toute Ɠuvre d’art, comme la loi de contraste des formes et des couleurs, la loi de composition et de reprĂ©sentation du sujet, mais il veut les utiliser autrement pour dĂ©couvrir la vraie nature de la peinture et lui confĂ©rer une structure durable. CĂ©zanne cĂŽtoie Pissarro et Armand Guillaumin 1841-1927 et participe, le 27 dĂ©cembre 1873, Ă  la fondation de la SociĂ©tĂ© anonyme coopĂ©rative des artistes-peintres avec Edgar Degas 1834-1917, Monet et Renoir. Lors de la premiĂšre exposition impressionniste de 1874, chez le photographe Nadar 1829-1910, le public rĂ©serve un accueil peu encourageant, voire scandalisĂ©, aux toiles de CĂ©zanne qui, dĂšs lors, dĂ©serte de plus en plus souvent la capitale. 5À partir de 1876, il se rĂ©fugie dans le Midi, et sĂ©journe Ă  L’Estaque, petit port environnĂ© d’une nature encore prĂ©servĂ©e, oĂč il peint des tableaux pour son ami Victor Chocquet 1821-1891. Ainsi, la plupart des Ɠuvres qui sont montrĂ©es Ă  la troisiĂšme manifestation du groupe impressionniste, en 1877, ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es Ă  L’Estaque. Le public est toujours hostile Ă  l’art de CĂ©zanne, jugĂ© malhabile, brutal, mais l’artiste s’obstine dans ses recherches. À Paris, il peint un portrait, qui, plus tard, sera considĂ©rĂ© comme l’un de ses chefs-d’Ɠuvre, Madame CĂ©zanne Ă  la robe bleue, qui dĂ©tonne par une gamme de tons bleus trĂšs poussĂ©e, mais aussi par une dĂ©clinaison de verts remarquables. CĂ©zanne se voit comme l’artisan d’un art nouveau qui rejette toute convention bourgeoise, toute concession aux effets » Ă  la mode, et c’est dans une tenue d’ouvrier, cotte bleue et veste de toile blanche couverte de taches de peinture, qu’il travaille. En 1881 et 1882, l’artiste s’installe avec sa famille, Ă  Pontoise, prĂšs de Pissarro, avec lequel il dĂ©couvre les nouvelles thĂ©ories de la couleur, celles du chimiste français EugĂšne-Michel Chevreul 1786-1889 et du physicien amĂ©ricain Ogden Rood 1831-1902, qui nourrissent sa rĂ©flexion. Cette mĂȘme annĂ©e, il est admis au Salon, se dĂ©clarant l’élĂšve d’Antoine Guillemet 1841-1918 de l’école de Barbizon, mais il poursuit sa quĂȘte, de plus en plus solitaire. Il peint, dĂ©sormais, en appliquant des touches juxtaposĂ©es, et accentue la technique du clair-obscur pour obtenir des effets descriptifs forts sur ses toiles. Les paysages sont construits par plans successifs, suivant une perspective aĂ©rienne, dĂ©jĂ  utilisĂ©e par les impressionnistes, et constituĂ©s d’une succession de traits et de lignes disjointes, qui dĂ©crivent de façon de plus en plus synthĂ©tique les objets ou les figures. En 1883, CĂ©zanne en sait assez pour suivre, seul, son chemin, et il dĂ©cide de rentrer chez lui, en Provence, pour pousser plus loin ses investigations, dans l’atelier de la demeure familiale. L’artiste dĂ©veloppe sa technique en travaillant essentiellement sur le motif pour saisir la beautĂ© des paysages nimbĂ©s de soleil et transcrire le sens profond de leur nature. ViscĂ©ralement attachĂ© Ă  ses racines, il aime Ă©tudier sans relĂąche ses sujets, en pleine campagne, dans la solitude des paysages mĂ©diterranĂ©ens d’une austĂšre beautĂ©, prĂšs des carriĂšres de BibĂ©mus, du chĂąteau de Vauvenargues ou dans le village du Tholonet. 2 A. Lhote, Catalogue de l’exposition L’influence de CĂ©zanne, 1908-1911, 1947, p. 5. 6En 1886, l’artiste s’installe pour un an, Ă  Gardanne, avec sa famille, oĂč il commence une sĂ©rie de peintures sur la Sainte-Victoire qu’il reprĂ©sente comme sujet Ă  part entiĂšre, et de façon rĂ©currente, dans plus de quatre-vingts Ɠuvres, dĂ©veloppant un style de plus en plus Ă©purĂ©. La montagne provençale, rattachĂ©e dans son histoire gĂ©ologique, aussi bien Ă  l’ancienne chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne, qu’à celle des Alpes occidentales, devient le cadre d’un laboratoire de recherche. Il ne s’agit pas, pour CĂ©zanne, de s’épancher sur une nature complice », mais de capter ses qualitĂ©s intrinsĂšques, son pouvoir Ă  exprimer une Ă©nergie, Ă  stimuler l’imaginaire, pour la transcender. La tradition acadĂ©mique considĂšre alors l’observation personnelle et sensible de la nature comme infĂ©rieure Ă  l’expĂ©rience intellectuelle, alors qu’elle permet aux premiers artistes de l’art moderne de trouver un support d’expression solide et variĂ©2. 7La peinture de CĂ©zanne suscite jusqu’en 1887, Ă  Paris, les railleries de dĂ©tracteurs qui parlent de visions cauchemardesques » et autres atrocitĂ©s Ă  l’huile ». Puis, grĂące aux collectionneurs Ă©clairĂ©s et Ă  des critiques indĂ©pendants, grĂące au soutien de marchands d’art comme Ambroise Vollard 1866-1939 et Durand-Ruel 1831-1922, elle finit par obtenir un vrai succĂšs. En 1888, une sĂ©rie d’articles mentionnent son Ɠuvre en termes flatteurs et il est admis Ă  l’exposition de l’Art français pour l’Exposition universelle de Paris de 1889. CĂ©zanne commence Ă  ĂȘtre reconnu et apprĂ©ciĂ© pour son audace picturale, la soliditĂ© de ses compositions, enfin, sa touche incomparable. Il peut, dĂšs lors, vivre de son art, mais il est dĂ©jĂ  malade, et effectue des cures pour se soigner. En 1906, alors qu’il est installĂ© sur le motif, l’artiste prend froid et contracte une pneumonie, dont il ne se remet pas. Il meurt le 22 octobre, chez lui, en Provence. 8À Paris, le monde de l’art est en deuil et lui rend hommage en organisant, au Grand Palais, pour le Salon d’automne de 1907, une grande rĂ©trospective de ses Ɠuvres. Le public dĂ©couvre ses baigneuses, ses natures mortes, ses portraits, ainsi que les paysages de la Sainte-Victoire, et salue le talent et la tĂ©nacitĂ© du peintre. Pour tous, il est clair, qu’aprĂšs CĂ©zanne, l’art ne sera plus le mĂȘme car l’hĂ©ritage pictural que le maĂźtre d’Aix transmet, met Ă  rude Ă©preuve ses anciens fondements. La montagne Sainte-Victoire devient, dĂšs lors, l’emblĂšme de la volontĂ© de l’artiste, tout debout contre l’ordre Ă©tabli, de rĂ©nover l’art, car elle a Ă©tĂ© le refuge de celui qui, en marge d’une sociĂ©tĂ© Ă©triquĂ©e et des dogmes de l’AcadĂ©mie des beaux-arts, a voulu se modifier lui-mĂȘme, en profondeur, pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© de la peinture. Henri Matisse 1869-1954, les fauves Ă  Collioure de la dynamite au pied des AlbĂšres 9En 1905, Henri Matisse 1869-1954, lui aussi, cherche la tranquillitĂ©, prĂšs de la montagne, pour entamer une longue mĂ©ditation sur la couleur et s’affranchir des postulats de la peinture acadĂ©mique, encore pesants, malgrĂ© les dĂ©fis lancĂ©s par les peintres postimpressionnistes, dans des toiles-manifeste. Matisse Ă©prouve bien des difficultĂ©s Ă  exprimer son propre tempĂ©rament de peintre et Ă  se libĂ©rer du cadre, encore rigide, des enseignements qu’il a reçus. Tout d’abord, Ă  Bohain, dans le Nord, puis Ă  l’École des Arts DĂ©coratifs de Paris, enfin, en 1895, Ă  l’École des beaux-arts, dans l’atelier de Gustave Moreau 1826-1898. Le maĂźtre symboliste encourage ses Ă©lĂšves Ă  penser leur peinture, Ă  la rĂȘver, au-delĂ  d’une virtuositĂ© technique, Ă  dĂ©passer leurs propres limites. Toutefois, aprĂšs son apprentissage, Matisse dĂ©cide de suivre les cours de l’AcadĂ©mie de la Grande ChaumiĂšre, dans l’atelier d’EugĂšne CarriĂšre 1849-1906, oĂč il rencontre AndrĂ© Derain 1880-1954, qui lui prĂ©sente Maurice de Vlaminck 1876-1958. Tous entretiennent une passion pour la peinture cĂ©zanienne. 10L’artiste est dĂ©jĂ  un peintre reconnu lorsqu’il arrive Ă  Collioure. En effet, en 1896, ses toiles ont Ă©tĂ© exposĂ©es au Salon de la SociĂ©tĂ© Nationale des Beaux-Arts, dont il est devenu membre associĂ©, sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes 1824-1898. Cette fonction lui a permis de montrer, sans passer par un jury, un art expressif, qui s’inscrit dans l’air du temps. Matisse s’intĂ©resse, en effet, Ă  la peinture de son Ă©poque les impressionnistes, qu’il dĂ©couvre au musĂ©e du Luxembourg en 1897, et les pointillistes qui exercent une grande influence sur son travail, grĂące au traitĂ© du peintre Paul Signac 1863-1935 de 1899, D’EugĂšne Delacroix au nĂ©o-impressionnisme. Les Ɠuvres qu’il prĂ©sente au Salon des indĂ©pendants de 1901, puis Ă  la premiĂšre Ă©dition du Salon d’automne de 1903, en tĂ©moignent, tout comme celles qui figurent chez Vollard, lors de la premiĂšre exposition que le marchand consacre Ă  l’artiste en 1904. L’étĂ© suivant, Ă  Collioure, Matisse trouve le cadre idĂ©al pour mener ses recherches la mer, face Ă  lui, juste Ă  quelques mĂštres de la maison de pĂȘcheur qu’il a louĂ©e, et la montagne, la chaĂźne majestueuse des AlbĂšres, enserrant le petit port, offrent un spectacle stimulant. Les rochers, les collines, les bateaux, les petites chapelles environnantes, constituent des sujets de choix, qu’il traite avec talent. 11Rejoint par le jeune AndrĂ© Derain durant l’étĂ©, qui arrive avec de nouvelles idĂ©es, il s’attelle Ă  l’élaboration d’un langage original, qui va peu Ă  peu se dĂ©marquer de la peinture pointilliste qu’il a pratiquĂ©e, l’étĂ© prĂ©cĂ©dent, aux cĂŽtĂ©s de Paul Signac, Ă  Saint-Tropez. Les artistes exĂ©cutent ainsi, grĂące Ă  une collaboration quotidienne, des Ɠuvres emplies de soleil, aux forts contrastes, dynamisant des plans de couleur pure, qui feront sensation au Salon d’automne de Paris, en 1905, dans la cage aux Fauves. Le travail novateur de Matisse, dĂ©veloppĂ© dans des toiles telles que La femme au chapeau, ou IntĂ©rieur Ă  Collioure, aboutissant Ă  la disparition des rĂ©fĂ©rences au rĂ©el, par la dĂ©formation des lignes et l’élaboration de plans de plus en plus autonomes, rompt avec les conventions classiques de reprĂ©sentation. Matisse propose une peinture qui entame le concept de l’art comme esthĂ©tique plaisante, loin d’un idĂ©al de beautĂ© préétabli, dans des compositions rĂ©gies par l’émotion. PrĂšs de la montagne, il parvient Ă  redĂ©finir l’acte pictural, en harmonisant ses sentiments Ă  d’autres systĂšmes de reprĂ©sentation. Aux cĂŽtĂ©s de Derain, vĂ©ritable thĂ©oricien de la couleur, il est plus rĂ©ceptif au fait plastique pur et s’engage dans une nouvelle voie chromatique. 3 P. Schneider, Matisse, p. 45. 12GrĂące Ă  une rĂ©flexion poussĂ©e, les artistes ordonnent et Ă©quilibrent des zones de couleurs franches, parfois explosives, comme de la dynamite, dans leurs toiles, renonçant aux lois classiques de l’optique. Ils parviennent Ă  accroĂźtre la conscience de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle du tableau pour demeurer au plus prĂšs de la vie immĂ©diate d’un monde lumineux, fort et dense. Les peintres parisiens abandonnent le ton local pour passer aux tons non rĂ©alistes, en ayant recours aux aplats, et mettent fin Ă  la peinture illusionniste. Le sujet est traitĂ© comme un instantanĂ©, et s’impose dans une vision lyrique du monde avec une sensibilitĂ© qui n’exclut pas la dissonance. Tout un systĂšme d’équivalence triomphe du chaos lumineux et permet de restituer l’essence de chaque chose. L’acte pictural se charge d’une spiritualitĂ© nourrie par la matiĂšre et la couleur, fruit d’une mĂ©ditation Ă©clairĂ©e sur le monde. L’artiste effectue plusieurs sĂ©jours fructueux Ă  Collioure jusqu’à la guerre, oĂč il rencontre le sculpteur Maillol travaillant non loin, Ă  Banuyls-sur-Mer3. CĂ©zanne recommandait aux artistes d’aiguiser leur vision face Ă  la nature et d’observer les moindres dĂ©tails avec leur propre sensibilitĂ©, afin que la peinture demeure un art vivant, qu’elle ne dĂ©cline pas en se perdant dans la peinture des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Tel fut le but de Matisse, mais aussi celui de Picasso, tout au long des divers sĂ©jours qu’il effectua prĂšs de la montagne, milieu naturel riche et poĂ©tique, qui allait inspirer le peintre et l’amener vers le cubisme. Pablo Picasso 1881-1973, la naissance d’un cubisme radical dans les PyrĂ©nĂ©es 13Pour les artistes en quĂȘte d’authenticitĂ©, comme CĂ©zanne, puis Matisse, la montagne constitua en effet, un ancrage moral et esthĂ©tique face aux prĂ©ceptes dominants des anciennes acadĂ©mies, et devint le symbole de leur rĂ©sistance aux institutions. Ce fut le cas, aussi, au tout dĂ©but du siĂšcle, pour le peintre Pablo Picasso, qui remit en cause l’enseignement des Ă©coles, dĂšs qu’il eut conscience de leurs limites et effectua plusieurs sĂ©jours prĂšs des montagnes. Fils d’un professeur d’art, Picasso reçut une formation artistique classique dĂšs son enfance, avant de suivre, en 1896, les cours de l’école des beaux-arts de Barcelone, puis ceux de la Llonja, oĂč son pĂšre enseignait. L’annĂ©e suivante, Ă  seize ans, il rĂ©ussit le concours d’entrĂ©e de l’AcadĂ©mie royale de San Fernando, et fut admis Ă  l’école des beaux-arts de Madrid, la plus prestigieuse d’Espagne, oĂč bien des artistes renommĂ©s avaient sĂ©journĂ©. Toutefois, le jeune homme ne poursuivit pas son enseignement Ă  San Fernando, qu’il trouvait trop contraignant, et qui ne lui permettait pas de suivre son propre tempĂ©rament. 14Aussi, retourna-t-il Ă  Barcelone, en 1898, pour travailler seul, mais il tomba malade. Il effectua sa convalescence Ă  Horta de Sant Joan, le village de son ami Manuel PallarĂšs 1876-1974, situĂ© prĂšs de la ville de Tarragone, oĂč il partagea la vie des paysans. Ce sĂ©jour de quelques mois fut, pour l’artiste, une vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation. La prĂ©sence de la montagne, la Santa Barbara, le contact quotidien avec la nature, et un mode de vie campagnard, rustique, l’enthousiasma. Des visions puissantes, capables de nourrir son imaginaire, stimulĂšrent sa crĂ©ation, pendant de longues annĂ©es. Plus tard, l’artiste se plaira Ă  rĂ©pĂ©ter 4 R. Maillard et F. Elgar, Picasso, Ă©tude de l’Ɠuvre et Ă©tude biographique, p. 3. Tout ce que je sais, je l’ai appris dans le village de » 15En avril 1899, de retour Ă  Barcelone, Picasso, frĂ©quente le cabaret Els Quatre Gats, lieu de convivialitĂ© bohĂšme, oĂč les artistes peuvent exposer leurs Ɠuvres, Ă©changer leurs points de vue sur l’art. LĂ , il retrouve Miguel Utrillo 1883-1955, Carlos Casagemas 1880-1901, Ricardo Opisso 1880-1966, Julio Gonzalez 1876-1942, se lie d’amitiĂ© avec le poĂšte Jaime SabartĂšs 1881-1968 qui deviendra son secrĂ©taire particulier et expose quelques Ɠuvres en 1900. 16Picasso, aimait le pays de sa jeunesse, la Catalogne, mais il savait que ce serait une chance de le quitter pour parfaire sa formation et Ă©tudier les grands maĂźtres de la peinture Ă  Paris, destination obligatoire pour tout peintre qui avait de l’ambition. Plusieurs sĂ©jours dans la capitale l’aidĂšrent Ă  prĂ©ciser son orientation et ses choix esthĂ©tiques. À la pĂ©riode bleue, triste et dure, succĂ©da la pĂ©riode rose, nostalgique et dĂ©liquescente, qui trouva un public de connaisseurs et d’amateurs, le succĂšs fut vite au rendez-vous. Cependant, pour faire partie des maĂźtres les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration, l’artiste devait Ă©laborer un nouveau langage et la tĂąche Ă©tait ardue. En 1905, il fut chargĂ© de faire le portrait de Gertrude Stein 1874-1946, une poĂ©tesse amĂ©ricaine qui soutenait le jeune Catalan et il lui fallait se dĂ©marquer de son principal rival, Matisse, pour satisfaire son mĂ©cĂšne. Pour se lancer dans de nouvelles expĂ©rimentations, il chercha Ă  regagner son pays afin de s’immerger dans un monde qui l’avait fortement inspirĂ©, quelques annĂ©es auparavant, celui de la montagne, et aller au-delĂ  de ce que les Ă©coles lui avaient appris. 17Picasso partageait avec Matisse, Derain, Georges Braque 1882-1963 et d’autres artistes de sa gĂ©nĂ©ration, un vif sentiment d’admiration pour CĂ©zanne et son Ɠuvre. Il voulait, comme lui, rester au contact de son pays natal, pour se fortifier et progresser. À l’instar du maĂźtre d’Aix, il Ă©prouvait ce sentiment qu’ont les MĂ©diterranĂ©ens que leur terre est celle des dieux, oĂč sont nĂ©es les grandes mythologies, et qu’elle constitue pour les crĂ©ateurs une source d’inspiration inĂ©puisable. Comme CĂ©zanne, il pensait qu’il fallait s’éloigner du monde artistique parisien pour s’imprĂ©gner d’une nature non domestiquĂ©e par l’homme, afin de rĂ©vĂ©ler la vĂ©ritĂ© de la peinture. 18Pour rĂ©nover son art, Picasso effectue alors, durant l’étĂ© 1906, un sĂ©jour en Catalogne, dans un village de montagne trĂšs retirĂ©, accessible uniquement Ă  dos de mulet, nommĂ© GĂłsol. Le massif de Pedraforca, qui ferme de façon imposante la perspective de la petite vallĂ©e, offre un spectacle grandiose, comme celui de la Sainte-Victoire, et l’artiste peut aller sur le motif pour capturer des images. La volontĂ© du peintre de produire un art diffĂ©rent est autant soutenue par la quĂȘte d’un retour Ă  la nature et aux racines, prĂŽnĂ© par CĂ©zanne, que par la recherche de nouvelles rĂ©fĂ©rences puisĂ©es dans l’art de Gauguin 1848-1903, le Greco ou encore empruntĂ©es Ă  l’art roman et ibĂ©rique local. Le travail effectuĂ© Ă  GĂłsol a un impact majeur sur l’Ɠuvre de Picasso puisqu’il dĂ©bouche sur l’achĂšvement du Portrait de Gertrude Stein, qui prĂ©sente des inventions sans prĂ©cĂ©dent, comme la rĂ©duction du visage humain Ă  son masque, marquant un jalon dans l’histoire du portrait. À la suite de ce sĂ©jour fĂ©cond, naĂźt un chef-d’Ɠuvre, Les Demoiselles d’Avignon dont l’angulositĂ© des volumes annonce le premier cubisme. 5 Fernande Olivier 1881-1966, de son vrai nom, AmĂ©lie Lang, compagne de l’artiste de 1904 Ă  1912. ... 19En 1909, grĂące Ă  la vente de toiles, l’artiste effectue un autre sĂ©jour en Espagne. Il gagne Horta de Sant Joan, oĂč il avait sĂ©journĂ© dans sa jeunesse, Ă  la suite d’une maladie, chez son ami PallarĂšs. Tout prĂšs de la montagne Santa Barbara, il rĂ©alise des Ɠuvres remarquables comme Usines Ă  Horta, le RĂ©servoir de Horta de Sant Joan, ou encore des portraits de Fernande5, au cou-montagne », qui poussent toujours plus loin les postulats cĂ©zanniens. L’artiste Ă©labore une nouvelle syntaxe, bouleversant les principes classiques de perspective et de modelĂ©, basĂ©e sur un systĂšme rythmĂ© de formes et de couleurs, dĂ©finissant le cubisme analytique. Picasso est alors reconnu comme un artiste et il veut approfondir ses recherches. Il effectue alors un troisiĂšme sĂ©jour prĂšs de la montagne, durant l’étĂ© 1910, dans un petit port du Cap de Creus, CadaquĂšs, oĂč il s’établit avec sa compagne Fernande. Il veut aller jusqu’au bout de sa dĂ©marche, ne faire aucune concession au naturalisme pour rompre dĂ©finitivement avec les rĂšgles de reprĂ©sentation illusionniste acadĂ©mique. Il exĂ©cute alors des Ɠuvres frĂŽlant l’abstraction, telles que Guitariste, ou encore Port de CadaquĂšs, qui mĂšnent Ă  un cubisme conceptualisĂ©, mental. Bien qu’entourĂ© de montagnes, de sujets marins fortement Ă©vocateurs, le rĂ©el disparaĂźt. La prĂ©sence d’AndrĂ© Derain, l’ancien collaborateur de Matisse Ă  Collioure, le conforte dans sa dĂ©marche. 6 Eva Gouel 1885-1915, nĂ©e Marcelle Humbert, chorĂ©graphe et modĂšle de Picasso de 1911 Ă  1915. 20De 1911 Ă  1914, Picasso revient Ă  la montagne, effectuant plusieurs sĂ©jours Ă  CĂ©ret, en Catalogne du nord. Au pied du Pic de FontfrĂšde, montagne marquant la frontiĂšre avec l’Espagne, l’artiste connaĂźt une pĂ©riode de grande effervescence, aux cĂŽtĂ©s des peintres cubistes Braque, Auguste Herbin 1882-1960 et Juan Gris 1887-1927. Des Ɠuvres novatrices, marquĂ©es par une composition pyramidale, rappelant la montagne, comme L’IndĂ©pendant, de plus en plus Ă©laborĂ©es, voient alors le jour. En 1912, Ă  la suite d’alĂ©as sentimentaux, il effectue, enfin, un sĂ©jour en Provence avec sa nouvelle compagne Eva6. À Sorgues, prĂšs du Mont Ventoux, il agence des formes gĂ©omĂ©triques pures, et multiplie les expĂ©rimentations techniques, dans des compositions inventives, qui aboutissent aux collages et engendrent, comme le voulait CĂ©zanne, une nouvelle rĂ©flexion sur la nature de l’art. Les sĂ©jours prĂšs de la montagne ont marquĂ© la production de Picasso de façon Ă©loquente. Les expressionnistes allemands et les Alpes de BaviĂšre, comme un volcan bouillonnant 21En Allemagne aussi, les artistes les plus avancĂ©s sont convaincus que les Ɠuvres d’aprĂšs l’antique ne tiennent plus, et que les arts doivent ĂȘtre natifs de la terre mĂȘme oĂč leur inspiration se dĂ©veloppe, car seule la terre peut les vivifier, apporter des rĂ©ponses proches de la rĂ©alitĂ© et des nouvelles considĂ©rations esthĂ©tiques, philosophiques, sociologiques, culturelles. La montagne, repĂšre majestueux d’un espace et vĂ©ritable concentrĂ© d’une nature originelle, symbolise ce postulat Ă©mergeant en Allemagne, valorisant le sentiment d’appartenance Ă  un territoire, Ă  une histoire personnelle et collective. En tant que trait fort du paysage, elle incarne l’identitĂ© d’un pays, Ă©tablie depuis des temps anciens, mais aussi la relation sentimentale de l’homme avec un lieu. Les Alpes de BaviĂšre deviennent ainsi le théùtre d’un renouveau artistique sans prĂ©cĂ©dent. 22AprĂšs la mort de CĂ©zanne, le 22 octobre 1906, les peintres installĂ©s en Allemagne commencent Ă  s’intĂ©resser aussi au rĂŽle du lieu de crĂ©ation, Ă  la façon dont on peut expĂ©rimenter les formes et les couleurs, loin de la ville. Remettant en cause la sociĂ©tĂ© industrielle, la pression nĂ©faste de la culture dominante sur l’art, ils veulent rĂ©former leur attitude, leur fonctionnement personnel. Comme le maĂźtre d’Aix, ils dĂ©cident de travailler sur le motif, dans une nature prĂ©servĂ©e, de cĂŽtoyer une population encore liĂ©e Ă  la terre, Ă©voluant parmi des formes simples, voire primitives, pour rĂ©nover le langage plastique. Outre-Rhin, la montagne, symbole de mĂ©tamorphoses de grande envergure, assimilĂ©e Ă  un volcan bouillonnant, incarnant un dĂ©sir de libertĂ© et de retour vers les forces et les lois fondamentales de la nature, joue ainsi un rĂŽle important dans le parcours de grands maĂźtres de la modernitĂ© tels que Vassily Kandinsky 1866-1944, Paul Klee 1879-1940, Alexej von Jawlensky 1864-1941 ou encore Frantisek Kupka. Ainsi, Ă  partir de 1908, des artistes quittent la ville de Munich pour passer l’étĂ© Ă  Murnau, un village pittoresque de Haute-BaviĂšre, oĂč la lumiĂšre est apprĂ©ciĂ©e pour sa subtilitĂ©, et oĂč la montagne créée un espace majestueux. Le lieu, exaltant, inspire Ă  plusieurs peintres, dont Kandinsky, Jawlensky, Gabriele MĂŒnter 1877-1962 et Marianne von Werefkin 1860-1938, une palette expressive, qui donne vie Ă  de flamboyants paysages. L’image de la montagne, et sa silhouette imposante, est omniprĂ©sente dans les Ɠuvres créées Ă  Murnau, et la palette des fauves, qui ont travaillĂ© Ă  Collioure, est reprise avec un sens chromatique Ă©blouissant. De ce contexte particulier naĂźt, en 1911, un mouvement de rĂ©novation tournĂ© vers l’expressionnisme, dirigĂ© par Kandinsky, consolidĂ© par August Macke 1887-1914 et Franz Marc 1880-1916, le Blaue Reiter » le cavalier bleu, qui 7 A. Vezin, L. Vezin, Kandinsky et le Cavalier bleu, p. 223. Vise Ă  montrer, par la diversitĂ© des formes reprĂ©sentĂ©es, comment le dĂ©sir intĂ©rieur des artistes peut prendre des formes » 23En effet, Vassily Kandinsky 1866-1944 cherche Ă  rĂ©nover l’art pour en faire une arme contre la sociĂ©tĂ© industrielle, capitaliste, jugĂ©e dĂ©cadente. En 1908, il s’éloigne de Munich, et d’une culture convenue, pour effectuer des sĂ©jours Ă  Murnau, avec sa compagne Gabriele MĂŒnter. Il s’immerge dans une nature de haute montagne, baignĂ©e de lumiĂšre, renouant avec un monde simple, et son Ɠuvre commence Ă  se transformer. Une peinture de 1909 intitulĂ©e La Montagne bleue rĂ©sume les recherches de cette pĂ©riode et annonce le tournant pris par l’artiste vers un art plus libre. Le large emploi de la couleur, dans un style expressionniste, et la simplification des formes aboutissent Ă  un traitement non-figuratif du sujet. Ce que Kandinsky appelle le chƓur des couleurs », est un vocabulaire colorĂ©, issu de la peinture cubiste et fauve, qui peut se charger d’un fort pouvoir Ă©motionnel et d’une dimension cosmique dynamique. 24L’annĂ©e suivante, Kandinsky peint sa premiĂšre Ɠuvre abstraite intitulĂ©e, Sans titre, une crĂ©ation spirituelle qui ne procĂšde que de la seule nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure de l’artiste, dans le sillage des Improvisations. En 1911, il Ă©crit un traitĂ© d’esthĂ©tique, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, oĂč il invite le crĂ©ateur Ă  substituer, Ă  l’apparence visible, la rĂ©alitĂ© pathĂ©tique et invisible de la vie. Il veut ainsi redĂ©finir l’objectif de l’Ɠuvre d’art 8 V. Kandinski, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, p. 21. Une Ɠuvre d’art n’est pas belle, plaisante, agrĂ©able. Elle n’est pas lĂ  en raison de son apparence ou de sa forme qui rĂ©jouit nos sens. La valeur n’est pas esthĂ©tique. Une Ɠuvre est bonne lorsqu’elle est apte Ă  provoquer des vibrations de l’ñme, puisque l’art est le langage de l’ñme et que c’est le seul. [
] L’art peut atteindre son plus haut niveau s’il se dĂ©gage de sa situation de subordination vis-Ă -vis de la nature, s’il peut devenir absolue crĂ©ation et non plus imitation des formes du modĂšle » 25Jusqu’à la guerre, Kandinsky continue d’inventer des formes conduisant Ă  un langage abstrait qu’il veut rĂ©volutionnaire, pour exprimer l’intĂ©rioritĂ© spirituelle abstraite, en perpĂ©tuelle Ă©volution. Dans sa production des annĂ©es vingt, il combine les formes gĂ©omĂ©triques et les couleurs pour rĂ©vĂ©ler un monde mystĂ©rieux, issu de la musique, ou du cosmos, parfois rĂ©sumĂ© Ă  une Ă©pure. Des tableaux comme Schwarzer Raster 1922, ou Einige Kreise 1926, oĂč son trait s’est solidifiĂ©, montrent un lyrisme cĂ©rĂ©bral. Dans Steroscopic exhibition, les deux triangles aigus bleutĂ©s, dynamisant la composition, sont, pour cet artiste cultivĂ©, une sorte de private joke ». 26À partir de 1910, Paul Klee 1879-1940 se rapproche des peintres de la montagne » qui posent de nouvelles problĂ©matiques, liĂ©es Ă  la nature et Ă  l’objectif de l’art. Comme eux, il est convaincu que la notion d’idĂ©al et de beautĂ© est tout Ă  fait dĂ©suĂšte, dĂ©passĂ©e. Certes, l’artiste, dont l’Ɠuvre est intuitive, a une personnalitĂ© bien affirmĂ©e. RefusĂ© Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Munich en 1898, il est dirigĂ© vers l’atelier d’Heinrich Knirr oĂč il Ă©tudie le dessin figuratif. En 1900, il est finalement admis aux Beaux-Arts, dans la mĂȘme classe que Kandinsky, mais Ă  l’instar du jeune artiste russe, il a dĂ©jĂ  dĂ©fini son objectif artistique et il entend peindre selon sa propre conception du monde. Il se rend Ă  Paris en 1912 et dĂ©couvre chez les marchands l’art des cubes ». Il s’intĂ©resse aux Ɠuvres de Robert Delaunay 1885-1941, Braque, Picasso, et Derain, dĂ©positaires de l’hĂ©ritage artistique de Paul CĂ©zanne, qui fait l’objet de nombreuses Ă©tudes. Les inventions des pionniers du cubisme et des collages, Picasso et Braque, ont alors atteint tous les cercles d’art et suscitĂ© un vif enthousiasme. Le traitĂ© rĂ©digĂ© par Jean Metzinger 1883-1956 et Albert Gleizes 1881-1953 en 1912, Du cubisme, a permis de diffuser Ă  l’étranger les principes d’une esthĂ©tique qui fait scandale, car elle incite les artistes Ă  refuser toute convention de reprĂ©sentation. L’annĂ©e suivante, Paul Klee traduit un texte de Robert Delaunay qui l’intĂ©resse particuliĂšrement, De la lumiĂšre, et a recours, pour rĂ©nover son art, aux principes esthĂ©tiques orphistes » dĂ©veloppĂ©s par les Delaunay, Sonia et Robert, qu’il invite en Allemagne, pour y exposer leurs Ɠuvres. 27En 1914, Klee rejoint le Blaue Reiter », et fonde avec Jawlensky, Kandinsky, MĂŒnter et Alexander Kanoldt 1881-1939, un mouvement artistique rĂ©novateur, La Nouvelle SĂ©cession » de Munich. Puis il entreprend un voyage en Tunisie avec ses amis Macke et Louis Moilliet 1880-1962. En avril, avant d’embarquer Ă  Marseille, i1 sĂ©journe Ă  L’Estaque, dans l’intention de photographier le viaduc peint par CĂ©zanne et Braque, qu’il admire. Lorsque la guerre Ă©clate, les artistes doivent trouver refuge dans les pays neutres pour continuer de peindre ou s’engager. Jawlensky et Kandinsky, de nationalitĂ© russe, doivent s’exiler. August Macke est tuĂ© sur le front de Champagne, le 26 septembre 1914, tout comme Franz Marc, l’ami de toujours, le sera deux ans plus tard Ă  Verdun. MobilisĂ©, Klee obtient, grĂące Ă  son pĂšre, d’ĂȘtre affectĂ© dans un rĂ©giment de rĂ©serve Ă  Munich oĂč il peut encore exercer son art. En cette pĂ©riode, Ă©prouvĂ© par les Ă©vĂ©nements, ses sensations sont intenses et prĂšs des montagnes, notamment la Zugspitze, dans le massif du Wetterstein, la production de l’artiste se transforme, marquant un rĂ©el tournant stylistique. En 1917, il expose Ă  la galerie Der Sturm de Berlin, et son travail remporte un grand succĂšs. On note que Klee a intĂ©grĂ© l’idĂ©e de rĂ©volution dans son art, ayant pris conscience que l’art moderne est un dĂ©fi jetĂ© Ă  la culture bourgeoise, avec, pour emblĂšme, le triangle, une forme gĂ©omĂ©trique universelle, qui figure dans une aquarelle devenue cĂ©lĂšbre, Le Niesen, datĂ©e de 1915. 28Dans cette Ɠuvre, l’imposante masse pyramidale du Niesen, culminant Ă  2 563 mĂštres, est reprĂ©sentĂ©e selon les prĂ©ceptes du maĂźtre d’Aix, dans un style qui oscille entre le fauvisme et le cubisme triomphant. La montagne est traitĂ©e avec un lavis bleu azur, lui confĂ©rant une lĂ©gĂšretĂ© mĂ©taphysique, rĂ©sonnant avec les aplats bigarrĂ©s, lumineux des arbres, de forme orthogonale. 9 P. Klee, ThĂ©orie de l’art moderne, p. 11. 29Paul Klee, qui avait dit je suis Dieu9 », a rempli le ciel d’étoiles scintillantes, cĂŽtoyant la lune et le soleil, pour crĂ©er une ambiance onirique. L’hĂ©ritage cubiste est bien prĂ©sent dans cette belle composition qui est un prĂ©lude aux chefs-d’Ɠuvre qui toucheront le public par leur sincĂ©ritĂ© expressive, comme Senecio, de 1922, ou ChĂąteau et soleil, de 1928. 10 P. BrullĂ©, Catalogue de l’exposition Frantisek Kupka, 2016. 30De son cĂŽtĂ©, le peintre tchĂšque Frantisek Kupka 1871-1957 tisse aussi un lien particulier avec la montagne. Dans une Ɠuvre emblĂ©matique, MĂ©ditation, 1897 il s’est reprĂ©sentĂ© nu, agenouillĂ© devant un imposant paysage de montagne. L’artiste se pose des questions cruciales pour l’évolution de son art, quant Ă  la rĂ©alitĂ© des choses et leur reprĂ©sentation. La montagne lui rĂ©vĂšle l’articulation entre physique et mĂ©taphysique, entre phĂ©nomĂšne et noumĂšne, l’interroge sur le sens de la vie. Kupka s’installe Ă  Paris en 1896 et devient l’auteur d’une crĂ©ation picturale trĂšs originale. Il est le premier Ă  affronter le public avec des Ɠuvres non figuratives lors du salon d’automne de 1912. Il crĂ©e une autre rĂ©alitĂ©, rejetant toute rĂ©fĂ©rence au monde sensible10. 31La rĂ©novation voulue par le maĂźtre d’Aix permet aussi de donner un statut moderne Ă  l’art des cubo-futuristes russes, thĂ©orisĂ©, en 1912, par le peintre du suprĂ©matisme, Kasimir Malevitch 1879-1935, qui conçoit le CarrĂ© blanc sur fond blanc, jugĂ© scandaleux, en 1918, puis, Ă  celui des constructivistes rĂ©volutionnaires, tout debout contre l’ordre ancien » 11 Marcade, Catalogue de l’exposition Le futurisme, 2008-2009, p. 59. Malevitch avait bien vu que le principe dynamique Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent, Ă  l’état d’embryon, chez Paul CĂ©zanne et, Ă  sa suite, dans les toiles cĂ©zannistes gĂ©omĂ©triques de Georges Braque ou de Pablo » 32Dans son manifeste Une gifle au goĂ»t du public, David Burliouk 1882-1967 avait rĂ©affirmĂ© que Paul CĂ©zanne, le gardien de la Sainte-Victoire, Ă©tait le pĂšre de toute l’avant-garde picturale, un mouvement de contestation international qui mena, aprĂšs la Grande Guerre, Ă  l’anti-art. Dada, fruit de la rĂ©bellion systĂ©matique contre toute esthĂ©tique Ă©tablie, vit, lui aussi le jour prĂšs de pics majestueux, Ă  Zurich, la capitale de la Suisse alĂ©manique. L’art de l’absurde, d’Hugo Ball 1886-1927, Tristan Tzara 1896-1963, Richard Huelsenbeck 1892-1974 et Francis Picabia 1879-1953, dĂ©boucha sur le surrĂ©alisme, qui Ă©voluera sur les hautes terres de l’inconscient et de la folie, avant d’ĂȘtre stoppĂ© net par le chaos de la Seconde Guerre mondiale. La montagne et l’art moderne 33La montagne, repĂšre-tĂ©moin de parcours crĂ©atifs exemplaires, peut ĂȘtre vue comme le fil reliant les Ɠuvres d’artistes modernes, d’origine et de cultures variĂ©es, Ă  celles de Paul CĂ©zanne. Ceux-ci ont cherchĂ© Ă  porter un nouveau regard sur la nature, l’opposant de façon aiguĂ« au nouveau monde industriel, asservissant et dĂ©gradant l’homme. La montagne, vĂ©ritable concentrĂ© de nature, monde prĂ©servĂ© et intact, leur a fourni un refuge pour s’interroger, en se donnant pour mission, Ă  l’instar du maĂźtre d’Aix, d’investir le paysage, afin que celui-ci cesse d’ĂȘtre un document gĂ©ographique, ou scientifique, pour devenir un exercice purement plastique et psychologique. Ce dernier considĂ©rait l’Ɠuvre comme un tĂ©moignage particulier, d’un moment d’introspection et de rĂ©flexion du peintre face Ă  la nature. L’homme, tout entier, devait se transformer pour apporter au tableau sa vraie substance, par un regard plus perçant et plus conscient, tant sur le monde, que sur lui-mĂȘme. Pour CĂ©zanne, la Sainte-Victoire Ă©tait l’un des moyens d’y parvenir. Cette derniĂšre devint l’emblĂšme de la volontĂ© de l’artiste, debout contre l’ordre Ă©tabli, de rĂ©nover l’art en profondeur. La montagne peut ainsi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le symbole de la rĂ©volte contre les diktats des acadĂ©mies qui a rassemblĂ© les plasticiens voulant puiser tant dans une idĂ©ologie vivante que dans un environnement Ă  forte identitĂ©. 34Picasso et Matisse ont aussi cherchĂ© dans la nature des rĂ©ponses Ă  des questions cruciales. Matisse, bien qu’installĂ© prĂšs de la mer, Ă  Collioure, s’est imprĂ©gnĂ© de la dimension mystique et sauvage des AlbĂšres, enserrant le port, pour Ă©laborer son langage fauve. De mĂȘme, la montagne, vĂ©ritable laboratoire de recherche Ă  ciel ouvert, a incarnĂ© pour Picasso autant une volontĂ© crĂ©ative sans borne, qu’une farouche opposition aux rĂšgles des Beaux-Arts. L’immersion de Picasso dans le milieu montagnard, de 1906 Ă  1914, de Gosol Ă  CĂ©ret, le propulsa sur le devant de la scĂšne. Les sĂ©jours prĂšs de la montagne ont marquĂ©, de façon Ă©loquente, l’évolution du style des deux artistes, rendant hommage, par une dĂ©marche forte, au bon dieu de tous les peintres ». En effet, plusieurs Ɠuvres significatives de la modernitĂ© attestent que la montagne, entitĂ© puissante, Ă  la fois physique et mĂ©taphysique, propice Ă  une rĂ©flexion sur le sens et la nature du rĂ©el et de l’art, a constituĂ© le lieu privilĂ©giĂ© de la rĂ©sistance aux anciens prĂ©ceptes, et nourri une expression plus dynamique. Les artistes allemands et ceux d’Europe du Nord, trouvĂšrent aussi dans le milieu montagnard les conditions propices Ă  la formulation d’un art qui ne s’attache plus Ă  la rĂ©alitĂ© physique mais aux Ă©tats d’ñme du crĂ©ateur. 35Selon Kirchner, les peintres ne devaient plus s’imposer de rĂšgles et l’inspiration devait couler librement afin de donner une expression immĂ©diate Ă  leurs pressions psychologiques. La production de Kandinsky, rĂ©alisĂ©e Ă  Murnau dĂšs 1909, affirmait un art dĂ©nuĂ© de sa fonction de reproduction du rĂ©el pour renforcer sa composante subjective jusqu’à formuler une abstraction lyrique, issue d’un profond dĂ©sir spirituel qu’il appelait la nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure », et qu’il tenait pour un principe essentiel de l’art. Paul Klee, prĂšs des monts Zugspitze dans les Alpes, aprĂšs des mois d’une longue maturation et d’une intense rĂ©flexion thĂ©orique au contact de la montagne, fondĂ©e sur son expĂ©rience et sur une dĂ©marche esthĂ©tique proche de celle des Delaunay, Ă©mit lui aussi de nouveaux principes sur la forme et la couleur, et exposa la premiĂšre thĂ©orie systĂ©matique des moyens picturaux purs, qui conduisit Ă  une clarification exceptionnelle des possibilitĂ©s contenues dans les procĂ©dĂ©s abstraits. De tels procĂ©dĂ©s seront Ă©galement explorĂ©s par les cubo-futuristes russes et par le maĂźtre du suprĂ©matisme, MalĂ©vitch, enfin, par Kupka, dont la rĂ©flexion se calquait sur l’image de la montagne, comme le montre l’Ɠuvre MĂ©ditation. 36Ainsi, tout comme on ne peut pas regarder la production de CĂ©zanne sans penser Ă  sa relation avec la Provence et la Sainte-Victoire, on ne peut ignorer le rĂŽle jouĂ© par la montagne, selon un principe de filiation spirituel inĂ©dit, dans l’évolution du sentiment esthĂ©tique de plusieurs figures majeures de l’art du xxe siĂšcle, qui mena Ă  l’élaboration de nouvelles thĂ©ories, et ouvrit la voie aux avant-gardes les plus audacieuses.
Lartiste par son statut particulier dans la sociĂ©tĂ©, son gĂ©nie, son pouvoir crĂ©atif et d’autre part son statut professionnel incertain qui l’oblige Ă  vivre de commande, d’ĂȘtre protĂ©gĂ© par un mĂ©cĂšne peut le mettre en marge de la sociĂ©tĂ© et du quotidien. Aussi, ce statut, l’artiste ne l’a pas choisi, c’est la sociĂ©tĂ© qui l’a obligĂ© Ă  rester en marge. Il ne faut 1Ce chapitre se propose d’éclairer le rĂŽle de l’art et des artistes dans les sociĂ©tĂ©s française, espagnole et anglaise du xviie siĂšcle. Le xviie siĂšcle voit dans les pays considĂ©rĂ©s l’affirmation de l’écrivain et de l’artiste qui doivent leur place sociale nouvelle aux fonctions que leurs Ɠuvres remplissent, au service des pouvoirs spirituels et temporels. Lettres et arts partagent au xviie siĂšcle un mĂȘme souci de la rhĂ©torique, c’est-Ă -dire du maniement des moyens de faire voir et comprendre Ă  autrui, pour la plus grande gloire du souverain, de la religion, ou la dĂ©lectation d’un collectionneur. L’existence de modĂšles et de rĂšgles, la plupart issus de l’AntiquitĂ© et sans cesse retravaillĂ©s, Ă©loigne Ă©galement l’artiste du xviie siĂšcle de notre idĂ©al romantique du crĂ©ateur original, voire incompris. 2Aussi convient-il dans un premier temps de tracer un portrait d’ensemble de la condition des artistes qui restitue leur place particuliĂšre dans la sociĂ©tĂ©. Il s’agit d’un monde hiĂ©rarchisĂ©, notamment en France au sein des structures acadĂ©miques, bien que ces derniĂšres n’exercent jamais qu’un contrĂŽle imparfait sur l’activitĂ© artistique. Dans un deuxiĂšme temps, on s’attachera Ă  comprendre comment le dĂ©veloppement des collections et du marchĂ© de l’art modifie les anciens liens de dĂ©pendance par rapport Ă  la commande publique et privĂ©e. On assiste au xviie siĂšcle Ă  une transformation de la valeur du produit artistique, parallĂšle Ă  l’émergence de l’individu social artiste ». Une troisiĂšme partie se propose, Ă  la lumiĂšre des conditions de production de l’Ɠuvre esquissĂ©e jusqu’ici, de s’interroger sur la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© dans les arts. Quelques exemples permettront de rappeler l’intĂ©rĂȘt mais aussi les problĂšmes posĂ©s par les documents littĂ©raires et artistiques en histoire sociale. IdentitĂ© de l’art et des artistes Émergence des notions d’art et de littĂ©rature. Promotion sociale de l’artiste 3On voit indĂ©niablement se prĂ©ciser les statuts de l’artiste et de l’écrivain au xviie siĂšcle, avec une chronologie et des incidences diffĂ©rentes d’un pays Ă  l’autre. Ce mouvement prend naissance dans la Renaissance italienne, deux siĂšcles plus tĂŽt, Ă  travers une institution bientĂŽt officialisĂ©e et protĂ©gĂ©e par les princes, l’acadĂ©mie. La premiĂšre rĂ©union d’humanistes voulant faire revivre les rĂ©unions de Platon et de ses disciples dans les jardins d’AkadĂ©mos est celle initiĂ©e par Marsile Ficin et Pic de la Mirandole Ă  Florence sous le rĂšgne de Laurent le Magnifique. Le mouvement acadĂ©mique va prendre une grande ampleur en Italie au xvie siĂšcle on y compte pas moins de 500 acadĂ©mies vers 1530. Elles se spĂ©cialisent et acquiĂšrent un statut officiel avec devises, rĂ©unions rĂ©guliĂšres, voire enseignement. D’abord nettement philosophiques et littĂ©raires, en opposition Ă  l’enseignement universitaire, des acadĂ©mies de peinture et de sculpture voient le jour, en opposition aux contraintes des corporations, avec le soutien des princes. CĂŽme de MĂ©dicis prĂ©side l’Academia fiorentina créée en 1540 et l’Accademia del disegno créée en 1563. Par un dĂ©cret de 1571, il libĂšre les artistes de son AcadĂ©mie des obligations corporatives. De la mĂȘme maniĂšre, Ă  Rome, la crĂ©ation de l’AcadĂ©mie de Saint-Luc, protĂ©gĂ©e par le cardinal BorromĂ©e, est le signe et le moyen d’une promotion des peintres, puisque, par une abondante production thĂ©orique, elle s’efforce de creuser la distance entre le travail manuel de l’artisan et le travail conceptuel de l’artiste la peinture est d’abord cosa mentale » une production de l’esprit. Comme le poĂšte, l’architecte, le peintre ou le sculpteur affirment que leur art est libĂ©ral » et non mĂ©canique ». Voir le plaidoyer prononcĂ© en 1667 par Nicolas Lamoignon pour le recteur de l’AcadĂ©mie, GĂ©rard Von Opstal qui rĂ©clamait le paiement d’ouvrages pour lesquels, selon le rĂšglement des mĂ©tiers, il y avait prescription N’a-t-on pas sujet Ă  dire que les peintres sont inspirĂ©s par quelque divinitĂ© aussi bien que les poĂštes ? Et que pour donner la vie Ă  des choses inanimĂ©es, il faut ĂȘtre en quelque sorte au-dessus de l’homme ? » La promotion des uns induit une dĂ©valorisation des mĂ©tiers demeurĂ©s au sein des corporations et des querelles infinies entre anciennes et nouvelles institutions. Les acadĂ©mies, qui contrĂŽlent les artistes, leur assurent en Ă©change libertĂ© et supĂ©rioritĂ© par rapport aux autres artisans. Christian Jouhaud a montrĂ© que les auteurs trouvent paradoxalement une autonomie croissante Ă  l’intĂ©rieur d’une dĂ©pendance de plus en plus forte par rapport au pouvoir 1 Dotoli G., LittĂ©rature populaire et groupe dominant. Évasion et contre-Ă©vasion chez Adam Billaut ... 2 La Roque de la LontiĂšre G. A., TraitĂ© de la noblesse, Paris, E. Michalet, 1678, p. 413, citĂ© ibide ... 4Les artistes en viennent donc Ă  occuper ou Ă  ambitionner une place sociale particuliĂšre en raison du lien qu’ils entretiennent avec le pouvoir, mĂȘme si, comme nous le verrons, tous n’appartiennent pas Ă  une structure officielle de type acadĂ©mique et mĂȘme si les artistes de cour constituent une minoritĂ© enviĂ©e. Hommes de lettres et praticiens des arts libĂ©raux sont animĂ©s, certes Ă  des degrĂ©s divers, d’une volontĂ© de distinction sociale. Si la pratique d’un art anoblit, elle pose le problĂšme de la distribution sociale des talents. Un homme du peuple peut-il ĂȘtre poĂšte ? Une origine ignoble ne s’oppose-t-elle pas Ă  la pratique d’un art ? La carriĂšre d’Adam Billaut, poĂšte menuisier, analysĂ©e par Giovanni Dotoli permet au moins de poser la question. Une des plus rares choses du siĂšcle », selon l’abbĂ© de Marolles qui l’a dĂ©couvert, ce fils de paysans pauvres, menuisier Ă  Nevers, a formĂ© sa muse au catĂ©chisme paroissial, Ă  la lecture des livres de colporteurs et des almanachs populaires. En 1636 il rencontre Ă  Nevers l’abbĂ© de Marolles, ancien prĂ©cepteur et bibliothĂ©caire de la duchesse Marie de Gonzague. Cette rencontre est dĂ©cisive en 1638 il est Ă  Paris, il obtient une pension de Richelieu et du chancelier SĂ©guier, qui ne sera cependant jamais versĂ©e. Il se met Ă  l’école des libertins et connaĂźt un succĂšs Ă©phĂ©mĂšre dans la capitale. DĂšs son deuxiĂšme sĂ©jour Ă  Paris 1640, il est en butte aux sarcasmes de ses collĂšgues. ScudĂ©ry, dans l’Approbation du Parnasse qui prĂ©cĂšde son premier recueil, les Chevilles 1644, s’interroge ainsi Quel Dieu t’a rendu son oracle ?/[
] Dois-tu passer dans l’univers/Pour un monstre ou pour un miracle/O prodige entre les esprits/Qui sait tout et n’a rien appris1. » Bien vite, on va trancher pour le monstre plutĂŽt que pour le prodige. Au moment de la naissance de l’artiste par la valorisation de l’étude et du savoir, on rĂ©pugne Ă  admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et l’appĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă  sa subsistance rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux d’un gentilhomme2 ». L’approbation du Parnasse n’a guĂšre durĂ© ; l’échec de Billaut tĂ©moigne du souci de distinction sociale des littĂ©rateurs parisiens et de leurs protecteurs. Le poĂšte menuisier menace les efforts de promotion des arts, insĂ©parables d’une dĂ©valorisation des mĂ©tiers. G. Dotoli estime que l’Ɠuvre de Billaut confirme que l’opposition entre culture populaire et culture savante est absolument insoutenable ». Au contraire, on pourrait utiliser l’échec du poĂšte menuisier pour montrer une sĂ©paration croissante dans la France du xviie siĂšcle entre culture populaire et culture des Ă©lites, culture de rĂ©fĂ©rence Ă  partir de la formation humaniste, [
] culture Ă©loignĂ©e de tout ce qui est concret, du monde des mĂ©tiers, de tout ce qui est dĂ©sormais jugĂ© vulgaire, sale ou ridicule » Rioux et Sirinelli. 5On voit ainsi se dessiner une conscience sociale, mĂȘme si les artistes entretiennent des liens familiaux forts avec le monde des mĂ©tiers urbains. Le pĂšre de Puget est maçon, celui de Girardon fondeur ; Shakespeare est le fils d’un boucher de Stratford-sur-Avon. On trouve, dans les alliances familiales de Charles Le Brun, beaucoup de peintres et de sculpteurs, mais aussi des Ă©crivains, des tapissiers, des charpentiers et des fondeurs. Le peintre et architecte Inigo Jones, qui domine l’art anglais dans la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle, est fils de tailleur et reçoit une formation de peintre, costumier et dĂ©corateur de théùtre. La solidaritĂ© est renforcĂ©e par des mariages, qui permettent les collaborations entre beaux-pĂšres et gendres et entre beaux-frĂšres ; les fratries sont nombreuses Vouet, Boullogne, Anguier
. Une relative mobilitĂ© permet en France Ă  des fils d’artistes d’embrasser la carriĂšre juridique et des artistes peuvent descendre de petits officiers les Le Nain. Une volontĂ© de distinction s’observe dans les gĂ©nĂ©alogies romancĂ©es que se forgent des familles d’artistes Ă  succĂšs, comme les Mansart, qui prĂ©tendent descendre d’un mythique chevalier romain, chargĂ© par Hugues Capet d’édifier des monastĂšres. Il se lit aussi dans la rĂ©alisation d’autoportraits, individuels ou familiaux, dans lesquels les artistes se reprĂ©sentent en costumes soignĂ©s, avec des attributs du savoir livres, de la sociabilitĂ© Ă©lĂ©gante ou des arts libĂ©raux musique, mathĂ©matique. 6Il faut souligner que la promotion des artistes reste un phĂ©nomĂšne trĂšs limitĂ© en Espagne, oĂč leur position sociale est peu enviable malgrĂ© la rĂ©flexion sur la noblesse des arts et les procĂ©dures engagĂ©es par exemple pour faire reconnaĂźtre Ă  la peinture le statut d’art libĂ©ral, procĂ©dures encouragĂ©es par des hommes de lettres comme Calderon J. Gallego. La plupart des peintres vivent dans une grande pauvretĂ© et une part importante de leurs revenus provient de la dorure et de la mise en couleur des sculptures religieuses, le plus souvent polychromes. Ils ne s’émancipent que difficilement. De cette situation tĂ©moigne par exemple Le Vendeur de tableaux de JosĂ© Antolinez v. 1670, Munich, Alte Pinakothek oĂč l’on voit un homme en guenille, le marchand tratante, visiter l’atelier du peintre, oĂč rĂšgne le plus grand dĂ©nuement et lui acheter une copie d’une Vierge Ă  l’Enfant de Scipion Pulzone. 7Les plus ambitieux des artistes espagnols cherchent donc Ă  Madrid une meilleure reconnaissance. De mĂȘme, l’installation Ă  Paris tĂ©moigne d’une volontĂ© d’ascension vers le statut d’artiste. David Maland a calculĂ©, sur un Ă©chantillon de 200 auteurs pour chaque siĂšcle, que 70 % des littĂ©rateurs français meurent en province au xvie siĂšcle, contre 48 % seulement au xviie siĂšcle. La mobilitĂ© caractĂ©rise dans une large mesure les artistes, qui se dĂ©placent pour suivre la commande, dans les arts plastiques, ou le public, dans les arts de la scĂšne. Quelques centres, caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence de la cour, se renforcent Rome, Paris, et, dans une moindre mesure, Madrid. Si les artistes constituent un milieu solidaire, il n’est pas pour autant fermĂ© ; les Ă©trangers, surtout les Italiens et les Flamands, dominent la scĂšne picturale anglaise, et, pour une bonne partie du siĂšcle, espagnole. La piĂštre considĂ©ration portĂ©e aux peintres nationaux est cause, selon le peintre et historien de l’art Jusepe MartĂ­nez, de l’exil dĂ©finitif d’Antonio Ribera Ă  Naples. Nationaux et Ă©trangers contractent ensemble des mariages. Chez les peintres, les sculpteurs et les architectes, le voyage, en particulier le voyage d’Italie, est un Ă©lĂ©ment essentiel de formation. En Angleterre, la rupture dĂ©cisive avec l’art de la fin du Moyen Âge est le rĂ©sultat du voyage d’Inigo Jones en Italie, en 1615, oĂč il accompagnait le comte d’Arundel. Cinquante ans plus tard, Christopher Wren visite les Provinces Unies, les Pays-Bas et la France. En France, on date traditionnellement du retour de Rome de Simon Vouet, en 1627, la naissance de l’école française. Les peintres espagnols voyagent peu en Italie, en revanche, les Français se retrouvent en nombre Ă  Rome, oĂč ils font quelquefois carriĂšre pendant plusieurs annĂ©es, voire s’y installent dĂ©finitivement Nicolas Poussin, Claude Lorrain. Vers 1600-1620, le mode de vie des peintres qui se retrouvent autour de la Piazza del Popolo, Ă  Rome, prĂ©figure dĂ©jĂ  celui des sociĂ©tĂ©s d’artistes telles qu’on les connaĂźtra jusqu’au Montparnasse des annĂ©es 1920, avec son recrutement international, ses lieux d’échanges les ateliers, les tavernes, sa libertĂ© de recherche artistique et de mƓurs. De la mĂȘme maniĂšre on voit se dĂ©velopper la sociabilitĂ© littĂ©raire autour des cabarets, certains investis par un groupe particulier, comme les libertins qui, Ă  Paris, se retrouvent À la Pomme du Pin, Au Cormier ou encore À la Fosseaux-Lions. Organisation des artistes et diffĂ©rences des carriĂšres 8Le xviie siĂšcle est un moment de thĂ©orisation et de hiĂ©rarchisation des arts et des artistes. La notion fondamentale est celle de genre. Le genre est en art et en littĂ©rature une sĂ©rie homogĂšne d’Ɠuvres rĂ©pondant Ă  des attentes dĂ©terminĂ©es et tendant Ă  se fixer par la reproduction de modĂšles Ă©prouvĂ©s. BĂ©rĂ©nice de Racine ou la Princesse de ClĂšves de Mme de Lafayette ont Ă©tĂ© critiquĂ©s parce qu’ils mĂ©langeaient les genres. Une hiĂ©rarchie trĂšs forte met au premier rang, en vers, l’épopĂ©e et la tragĂ©die, en prose, l’éloquence. Le roman est au bas de l’échelle et ses praticiens cherchent Ă  l’anoblir en lui confĂ©rant des rĂšgles. En peinture, se met en place progressivement une dĂ©finition et une hiĂ©rarchisation des genres, la peinture la plus noble et la plus prestigieuse Ă©tant la peinture d’histoire sacrĂ©e ou profane. Ces rĂ©flexions se dĂ©veloppent au sein des acadĂ©mies. 9Le systĂšme des AcadĂ©mies en France cherche Ă  mettre l’action des artistes au service de l’État. En crĂ©ant un discours cohĂ©rent sur la langue et le goĂ»t, les acadĂ©mies contribuent Ă  crĂ©er une culture commune aux Ă©lites et un consensus autour du pouvoir royal, que tous les arts sont chargĂ©s de cĂ©lĂ©brer. Unissant les artistes dans des institutions contrĂŽlĂ©es par l’État, les AcadĂ©mies engendrent une vĂ©ritable rĂ©volution dans la centralisation et la hiĂ©rarchisation des arts. 10L’AcadĂ©mie française reste le modĂšle de toutes les acadĂ©mies. Créée en 1634 par un groupe de lettrĂ©s, officialisĂ©e par Richelieu, son rĂŽle est d’institutionnaliser la langue commune de la nation. Il s’agit de mettre en place un lissage de la langue, de donner un langage commun. Chaque discours s’achĂšve par l’apologie du monarque. À l’image de l’AcadĂ©mie française, l’AcadĂ©mie royale de peinture et sculpture est créée en 1648. Le principe de sa fondation en est un peu diffĂ©rent, Charles Le Brun et d’autres artistes conçoivent une AcadĂ©mie placĂ©e sous la protection du chancelier SĂ©guier pour que les peintres puissent s’affranchir de la tutelle de la maĂźtrise qui succĂšde aux corporations mĂ©diĂ©vales. Elle fonde son enseignement sur le dessin et le modĂšle vivant, Ă  l’image de l’acadĂ©mie que les Carrache avaient fondĂ©, Ă  la fin du xvie siĂšcle, Ă  Bologne. L’institution rompt avec les pratiques corporatistes, par l’utilisation du dessin et l’approche directe de la nature, et donne un statut libĂ©ral Ă  la peinture qui n’est pas seulement affaire d’imitation. En 1663, Louis XIV restructure l’institution en la hiĂ©rarchisant. Son rĂŽle doctrinal est affirmĂ©. Il nomme Le Brun chancelier permanent. En 1668, l’artiste cumule les fonctions de chancelier et de recteur, enfin, en 1683, il est nommĂ© directeur. On assiste Ă  la mise en place d’expositions prĂ©vues normalement tous les deux ans et accompagnĂ© d’un livret, ancĂȘtre des catalogues. Mais il n’y en aura que dix sous Louis XIV. 11Un rĂŽle de coordinateur » est assurĂ© par la Petite AcadĂ©mie fondĂ©e en 1663. Elle comprend cinq membres reprĂ©sentant des cinq arts. Elle administre l’ensemble de la production intellectuelle et tient lieu de direction gĂ©nĂ©rale de la vie culturelle. Elle est dirigĂ©e par un conseil restreint dĂšs sa crĂ©ation les hommes de lettres Bourzeis, Cassagne, Chapelain et Perrault. C’est l’Ɠil du pouvoir sur la production intellectuelle française. Ce rĂŽle de coordination limite la libertĂ© et l’originalitĂ© dans la crĂ©ation. La petite AcadĂ©mie contrĂŽle tout, elle chapeaute l’ensemble des institutions. La souplesse de sa structure s’oppose Ă  la rigiditĂ© hiĂ©rarchique des autres AcadĂ©mies. Celles-ci, d’ailleurs, ne sont pas seulement des AcadĂ©mies artistiques Ă  l’image de l’AcadĂ©mie d’escrime. La petite AcadĂ©mie n’a pas de rĂšglement avant juillet 1701, aprĂšs cette date, elle devient officiellement l’AcadĂ©mie des inscriptions et des mĂ©dailles. 12À partir de 1661, on assiste Ă  une institutionnalisation de tous les arts sous Louis XIV les maĂźtres Ă  danser, puis les musiciens et les danseurs se fĂ©dĂšrent en AcadĂ©mies, toujours dans le but de lutter contre la maĂźtrise, accusĂ©e de dĂ©cadence des arts. En 1666 est fondĂ©e l’AcadĂ©mie de France Ă  Rome qui accueille les meilleurs jeunes artistes français afin de complĂ©ter leur formation. La mĂȘme annĂ©e voit la crĂ©ation de l’acadĂ©mie des sciences. En 1669, c’est la fondation de l’AcadĂ©mie royale de musique puis, en 1671, celle d’architecture qui scelle la sĂ©paration entre les architectes et les maçons. Il y a mĂȘme eu une tentative de crĂ©ation d’une acadĂ©mie de thĂ©ologie, mais celle-ci est rapidement dissoute en raison des inquiĂ©tudes formulĂ©es par la Sorbonne qui craint de perdre ses privilĂšges. Il en va de mĂȘme pour le théùtre. AprĂšs la mort de MoliĂšre, on ne crĂ©e pas explicitement une acadĂ©mie de théùtre, mais il y a bien un monopole de fait car un seul type de spectacle doit recevoir le label du Roi, comme pour l’opĂ©ra. La volontĂ© de diffusion des grandes Ɠuvres du rĂ©pertoire aboutie, en 1680, Ă  la fondation la ComĂ©die française. 13Le monopole des AcadĂ©mies sur les diffĂ©rents arts traduit le corps du Roi en peinture, en sculpture et en poĂ©sie » ApostolidĂšs. Avec ces institutions, c’est l’ensemble des arts qui se met au service de la gloire monarchique. À partir de 1660, on assiste Ă  une multiplication des AcadĂ©mies en province qui vont rĂ©pandre la mode en vigueur Ă  la cour. L’exemple de celle de Lyon, fondĂ©e en 1667, va servir de modĂšle pour d’autres villes. 14L’Angleterre a Ă©tĂ© tentĂ©e par ce modĂšle, mais l’instabilitĂ© politique qui y rĂšgne ne s’y prĂȘte pas. Les artistes se rassemblent dans des clubs ou des sociĂ©tĂ©s. Une tentative d’organisation des arts se met en place sous Charles II dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle. Ambitionnant de rivaliser avec Louis XIV, il reprend le modĂšle français de l’AcadĂ©mie et place Ă  sa tĂȘte le peintre italien Antonio Verrio v. 1636-1707. Mais, l’absence d’une autoritĂ© centrale organisĂ©e pour contrĂŽler le travail comme c’est le cas en France avec Colbert et la nature sporadique des mĂ©cĂšnes anglais ont rendu cette volontĂ© difficile, voire impossible. 15En Espagne, la crĂ©ation des acadĂ©mies de Madrid et de Valence est un Ă©chec. Leur volontĂ© de contrĂŽler l’activitĂ© des peintres en favorisant un monopole de la production et du marchĂ© de la peinture se heurte Ă  une opposition trĂšs forte des corporations. Il se dĂ©veloppe alors un dĂ©bat original sur la peinture en tant qu’art libĂ©ral. Le colegio » AcadĂ©mie de Valence tend en effet Ă  favoriser le nĂ©potisme en fixant le prix des examens, empĂȘchant ainsi Ă  tout un groupe de la population de rĂ©aliser et de vendre leurs Ɠuvres. L’institution crĂ©e Ă©galement d’énormes difficultĂ©s aux artistes Ă©trangers voulant s’installer dans la ville et interdit purement et simplement la vente de peintures Ă©trangĂšres qui Ă©taient moins chĂšres que celles fabriquĂ©es Ă  Valence. Tout cela va aboutir Ă  un nombre important de plaintes arguant du statut d’art libĂ©ral de la peinture. Les plaignants infĂ©rant que si la peinture est effectivement un art libĂ©ral, elle doit suivre le modĂšle des autres arts libĂ©raux. Dans une ville comme Valence, on devrait trouver des peintures de diffĂ©rentes qualitĂ©s et Ă  des prix diffĂ©rents ; en fait, un accĂšs Ă  la peinture pour tous. Finalement, en 1617, Philippe II se range du cĂŽtĂ© de la ville contre l’AcadĂ©mie. L’AcadĂ©mie de Madrid, créée en 1603, attend toujours la protection royale en 1619. L’échec est moins clair qu’à Valence, mais lĂ  encore, il semble que l’opposition soit venue de peintres individuels, certainement ceux qui s’opposaient Ă  l’examen pour obtenir la licence. 16En France mĂȘme, oĂč l’hĂ©gĂ©monie du pouvoir royal est quasi complĂšte, l’institutionnalisation des arts ne s’est pourtant pas faite sans heurts. La rĂ©action au mouvement acadĂ©mique va trouver un soutien auprĂšs d’autres corps qui, Ă  ce moment, perdent aussi de leurs privilĂšges, les Parlements. Ainsi le Parlement de Paris va-t-il soutenir les corporations pour tenter d’enrayer l’effritement de son pouvoir et ce, dĂšs la fondation de l’AcadĂ©mie française. Entre 1648 et 1663, la corporation des maĂźtres peintres, soutenue par le Parlement, et l’AcadĂ©mie de peinture, soutenue par Colbert et le pouvoir royal, se heurtent Ă  des oppositions constantes. Ils se livrent une vĂ©ritable guerre d’usure qui voit finalement la dĂ©route de la maĂźtrise. Enfin, les dĂ©bats esthĂ©tiques continuent comme celui entre le dessin et la couleur qui on lieu Ă  Paris, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle. 17On peut dire que deux carriĂšres s’offre Ă  l’artiste, celle de la cour et celle de la ville, bien que les plus rĂ©ussies marient les deux. Diego VĂ©lasquez 1599-1660 est l’exemple de l’artiste-courtisan. Il passe plus de trente ans au service de Philippe IV d’Espagne. Le roi l’emploie comme peintre, architecte dĂ©corateur, mais aussi fournisseur d’Ɠuvres d’art et courtisan jusqu’à devenir grand marĂ©chal du palais » en 1652. Plus encore que Charles Le Brun auprĂšs de Louis XIV ou qu’Antonio Verrio auprĂšs des rois d’Angleterre, il est le modĂšle de l’artiste de cour. Il faut distinguer, en Espagne, deux types de peintres rattachĂ©s au palais, les peintres du Roi et le peintre de la Chambre. Si les premiers sont de nombre variable entre quatre et six, il n’y a qu’un seul peintre de la Chambre dont l’occupation principale est de portraiturer le monarque et sa famille. C’est le cas de VĂ©lasquez sous le rĂšgne de Philippe IV, ce sera Juan Carreno de Miranda au temps de Charles II. 18En dehors des capitales, certains foyers sont trĂšs actifs et les artistes y vivent de commandes et de protections rĂ©gionales, publiques ou privĂ©es. À Toulouse se dĂ©veloppe ainsi un foyer original et trĂšs actif autour notamment de la figure de Nicolas Tournier qui, aprĂšs un voyage Ă  Rome, synthĂ©tise les formes caravagesques et les formes locales. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, l’invention des AcadĂ©mies tend en France Ă  lisser les diffĂ©rences rĂ©gionales. L’exemple du sculpteur, peintre et architecte Pierre Puget, le Michel Ange de la France », semble relativement unique dans l’art français du deuxiĂšme xviie siĂšcle. Il rĂ©ussit Ă  mener une carriĂšre en Italie et en Provence loin de la cour et de l’AcadĂ©mie. Devenu cĂ©lĂšbre, Colbert lui commandes de grands marbres Milon de Crotone, achevĂ© 1682. 19La situation dans les arts du spectacle est assez similaire. Le dramaturge du xviie siĂšcle voit s’ouvrir devant lui deux voies. Celle, traditionnelle, de la protection d’un prince ou d’un grand et celle, nouvelle, d’entrepreneur de spectacles. Avec l’ouverture de théùtres publics et l’organisation de tournĂ©es, l’activitĂ© de l’auteur se commercialise. Il vend sa piĂšce Ă  une compagnie ou, s’il en est actionnaire, il obtient une participation aux bĂ©nĂ©fices. La publication des piĂšces est un autre facteur de commercialisation du mĂ©tier d’auteur, bien que le dĂ©sir d’exclusivitĂ© des troupes fasse quelquefois obstacle Ă  l’impression des piĂšces. Cependant un dramaturge qui rĂ©ussit est celui qui associe les deux carriĂšres, comme Shakespeare, auteur et acteur d’une troupe qui joue aussi bien pour la cour que la ville ou encore Lope de Vega, protĂ©gĂ© du duc d’Albe mais dont les piĂšces sont aussi jouĂ©es dans les théùtres publics corrales. Les tensions entre artistes de la cour et de la ville peuvent ĂȘtre plus aiguĂ«s et s’exercer aux dĂ©pens de la ville. A Paris, la musique en vient Ă  ĂȘtre gĂ©rĂ©e entiĂšrement par la Maison du roi, entraĂźnant une situation trĂšs prĂ©caire pour les musiciens de la ville rĂ©gis par la confrĂ©rie de saint Julien des MĂ©nestriers. Collections et marchĂ© de l’art 20Les Ɠuvres d’art rĂ©pondent Ă  diffĂ©rentes attentes, entre Ă©dification, glorification monarchique et dĂ©lectation. Un trait significatif du xviie siĂšcle europĂ©en est le dĂ©veloppement des collections, dans lesquelles peintures et sculptures, dĂ©tachĂ©es de toute autre fonction, notamment religieuse, acquiĂšrent rĂ©ellement le statut d’Ɠuvres d’art. Le dĂ©veloppement des collections 21La collection princiĂšre existe au xvie siĂšcle, mais elle prend une tout autre ampleur au siĂšcle suivant. Les souverains espagnols, en particulier, hĂ©ritent ce goĂ»t du grand collectionneur que fut Philippe II. Le Prado est le premier palais royal oĂč les peintures sont exposĂ©es en permanence, concurrençant la tapisserie pour la dĂ©coration murale. La dĂ©coration du palais de l’Escorial, dans les annĂ©es 1580, est conçue pour l’exposition de peintures de prestige. En 1700, le roi d’Espagne possĂšde 5 500 tableaux, dont la moitiĂ© acquise par Philippe IV. Les rois de France prĂ©fĂšrent le prestige du bĂątisseur Ă  celui du collectionneur A. Schnapper ; cependant, Louis XIV renoue avec le collectionisme somme toute modeste de François Ier ; entre 1660 et 1693, il forme une des premiĂšres collections d’Europe pour les mĂ©dailles et les pierres gravĂ©es, les pierres prĂ©cieuses, les tableaux, les dessins et les gravures. Assez peu intĂ©ressĂ© personnellement, il laisse Ă  ses ministres le soin de rassembler les trĂ©sors du cabinet du roi. Selon A. Schnapper, les collections ne sont ni nĂ©cessaires ni bien efficaces pour assurer la gloire du roi et l’étendre aux nations Ă©trangĂšres ». Charles Ier est bien d’avantage un amateur d’art. Lors de la vente de ses biens par les rĂ©publicains, ce sont prĂšs de 2 000 peintures, tapisseries, statues et dessins qui sont destinĂ©s Ă  Ă©ponger les dettes du monarque dĂ©funt. Au-delĂ  des princes, les grandes collections se rencontrent chez les personnages qui exercent un rĂŽle important, ou parmi ceux qui sont les plus liĂ©s Ă  la reprĂ©sentation du pouvoir, les ambassadeurs. La collection s’épanouit dans les lieux de pouvoir. Les ministres et les favoris – en France, Richelieu et Mazarin ; en Angleterre, avant la RĂ©volution, Arundel, Buckingham et Hamilton – sont au premier rang des collectionneurs. Sous Philippe IV, le marquis de LeganĂ©s possĂšde 1100 tableaux, le marquis de Carpio, plus de 3 000. 22Progressivement, les collections universelles, du type cabinet de curiositĂ©s, cĂšdent le pas aux collections spĂ©cialisĂ©es. Le xviie siĂšcle voit Ă  la fois l’apogĂ©e et le dĂ©but du dĂ©clin de la Kunst-und Wunderkamern K. Pomian. Apparaissent des collections autonomes de tableaux. Rome a un rĂŽle capital dans le collectionisme, puisque c’est lĂ  avec Venise que s’approvisionne toute l’Europe. C’est lĂ  aussi oĂč se forme le goĂ»t international qui met au premier rang de la valeur la peinture vĂ©nitienne et bolonaise du xvie siĂšcle. En Espagne, en Angleterre ou en France, ce sont toujours Titien et les VĂ©nitiens Tintoret, VĂ©ronĂšse d’une part, les Carrache et leurs suiveurs Guido Reni, l’Albane etc. d’autre part qui dominent les collections prestigieuses. 23Il faut noter que bien souvent les lettres et les arts ont des mĂ©cĂšnes communs. Souvent une belle collection s’accompagne d’une belle bibliothĂšque. Le peintre Eustache Le Sueur et le plus cĂ©lĂšbre luthiste français de l’époque, Denis Gaultier, ont pour mĂ©cĂšne Anne de ChambrĂ©, trĂ©sorier des guerres de Louis XIII et gentilhomme du prince de CondĂ©. ChambrĂ© commande Ă  ces deux artistes un manuscrit de luxe, La RhĂ©torique des dieux, recueil de piĂšces de luth de illustrĂ©. La collection suscite l’Ɠuvre littĂ©raire. Arts et lettres font partie d’une sociabilitĂ© dont le cƓur est l’art de la conversation. Les objets de collection sont, selon le mot de Krzysztof Pomian, des sĂ©miophores ». Au Moyen Âge, les collections de reliques, d’objets sacrĂ©s ou d' Ɠuvres d’art » sont aux mains de l’Église et du pouvoir temporel. Quand une hiĂ©rarchie de richesse se met en place, l’achat de sĂ©miophores, l’achat d’Ɠuvres d’art, la formation de bibliothĂšques ou de collections est une des opĂ©rations qui, transformant l’utilitĂ© en signification, permettent Ă  quelqu’un de haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie de la richesse d’occuper une position correspondante dans celle du goĂ»t et du savoir » K. Pomian. Le dĂ©veloppement des collections est ainsi insĂ©parable du dĂ©veloppement d’un marchĂ©. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art le marchĂ© de la peinture 24La demande d’images augmente au cours du siĂšcle. On constate un Ă©largissement progressif du public de la peinture, en particulier dans les pays catholiques. L’imagerie dĂ©votionnelle nourrit le mouvement, mais Ă  la marge se diffusent aussi les genres portrait, nature morte, paysage
, en raison des nouveaux usages de la peinture, qui apparaĂźt de plus en plus dans les intĂ©rieurs. Plus tardivement, cet appĂ©tit d’images est lisible aussi en Angleterre en 1705, 80 % des inventaires de l’Orphan’s Court de Londres rĂ©vĂšlent la possession de tableaux, contre 44 % seulement en 1675. Certes, cette prĂ©sence de la peinture est liĂ©e Ă  la richesse mais ces inventaires montrent que les ordinary tradespeople ont autant de tableaux que les professionals et les gentryhouseholders. 25Le mĂ©tier de marchand de tableaux s’autonomise et se professionnalise peu Ă  peu. Les formes les plus structurĂ©es de marchĂ© de l’art se rencontrent Ă  Anvers, qui nourrit toute l’Europe de ses peintures, de tous les genres et de tous les prix. Il faut noter le fort goĂ»t pour la peinture flamande, parallĂšle au goĂ»t dominant vĂ©nĂ©to-bolonais. Anvers vend pour tous les publics et Ă  tous les prix. Mais d’autres lieux prennent de l’importance, oĂč l’on retrouve souvent les marchands du Nord. À Paris, la foire Saint-Germain, une des trois plus importantes de Paris, se spĂ©cialise au dĂ©but du xviie siĂšcle en marchĂ© des objets de luxe soie, bijoux, or mais aussi tableaux. Depuis la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, les marchands d’Anvers ont le monopole du marchĂ© parisien de la peinture. Ils viennent Ă  Paris chaque annĂ©e pour la foire. Vers 1620-1630, ils font face aux efforts protectionnistes de la maĂźtrise des peintres de Paris, qui les obligent Ă  tenir boutique de façon permanente en France, voire de demander la naturalisation, pour continuer leur commerce. Les Français rĂ©ussissent ainsi Ă  endiguer l’influence des marchands d’Anvers. Mais une autre compĂ©tition pour le contrĂŽle du marchĂ© se dĂ©roule alors entre les artistes-marchands et les marchands merciers qui finiront par l’emporter Ă  la fin du siĂšcle on connaĂźt par Watteau la boutique du cĂ©lĂšbre Gersaint. 26Diverses formes de transaction existent mais les ventes publiques aux enchĂšres prennent progressivement de l’importance, notamment en Angleterre ; elles permettent en effet aux comportements agonistiques de se donner libre cours dans un face Ă  face pendant lequel on manifeste simultanĂ©ment son goĂ»t, sa capacitĂ© de sacrifier de la richesse pour le satisfaire et ses possibilitĂ©s financiĂšres » K. Pomian. Les grandes ventes aux enchĂšres publiques deviennent ainsi des Ă©vĂ©nements mondains. À Londres, avant l’introduction des ventes aux enchĂšres d’Ɠuvres d’art, vers 1670, Samuel Pepys achĂšte directement aux artistes ou Ă  des stationers qui vendent aussi des livres. Le marchĂ© du livre est beaucoup plus organisĂ© que celui de l’art, grĂące Ă  la Stationers Company. Il n’y a pas de telle communautĂ© de marchands spĂ©cialisĂ©s dans l’art. Ce sont d’abord les virtuosi, les hommes de lettres londoniens, qui font la popularitĂ© des ventes aux enchĂšres, dont ils se servent comme d’une arĂšne des connaisseurs ». Elles touchent ensuite un public beaucoup plus large, les femmes aussi peuvent y assister. Les commissaires-priseurs ne peuvent pas encore se spĂ©cialiser dans les marchandises artistiques. La plupart vendent Ă  la fois des livres et des Ɠuvres d’art. 27Ces enchĂšres se dĂ©roulent surtout dans des coffeehouses comme Tom’s Coffeehouse ou Barbadoes Coffeehouse. À la mort de Charles II 1685, Londres est ainsi devenue un des marchĂ©s de l’art les plus actifs d’Europe. Au cours des ventes de Covent Garden, entre 1669 et 1692, plus de 35 000 peintures Ă  l’huile s’échangent. On a retrouvĂ©, protagonistes de ces Ă©changes, le nom de 20 nobles, 20 marchands et plus de 100 commoners. J. Brotton insiste sur le rĂŽle de la vente des biens de Charles Ier, qui a mis sur le marchĂ© des centaines d’Ɠuvres. Contrairement Ă  une opinion largement rĂ©pandue, Brotton soutient que cette vente n’est pas le seul fait de rĂ©publicains iconoclastes et ignorants des choses de l’art. Elle a Ă©tĂ© importante pour la formation du goĂ»t anglais puisqu’elle a rendu visibles les trĂ©sors des collections de la Couronne. À l’occasion de cet Ă©vĂ©nement, les tableaux royaux ont Ă©tĂ© transformĂ©s en marchandise, dĂ©truisant pour toujours leur exclusivitĂ© royale, les ĂŽtant au secret du palais royal et les livrant au monde de la vente publique ». 28En Espagne, depuis la fin du xvie siĂšcle, on voit dans les grandes villes des ventes d’art se dĂ©rouler prĂšs du marchĂ©, sur le perron de San Felipe ou Calle Mayor Ă  Madrid, par exemple, ou rue de Santiago Ă  Valladolid. Des lieux ouverts, une absence de toute rĂ©gulation des transactions on est bien loin des panden de Bruges et d’Anvers. Le marchĂ© est nourri par une importation massive des Pays-Bas et l’accroissement du nombre de peintres espagnols travaillant hors du cadre des corporations. Le dĂ©veloppement du marchĂ© entraĂźne l’utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e de mĂȘmes modĂšles et une certaine standardisation de la production. Il faut dire que le marchĂ© amĂ©ricain exige une masse considĂ©rable d’images religieuses. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle, pas moins de 24 000 peintures ont quittĂ© SĂ©ville pour l’AmĂ©rique. Des contrats exigent une grande rapiditĂ© de rĂ©alisation. Par exemple, le 26 juillet 1600, le peintre sĂ©villan Miguel VĂĄzquez s’engage Ă  livrer au marchand Gonzalo de Palma 1 000 portraits de figures profanes » de la mĂȘme taille 63 x 42 cm, Ă  raison de 25 par semaine, payĂ©s 4 reales piĂšce. Miguel Falomir observe que les prix de vente sur les foires et dans les stands de rue sont nettement infĂ©rieurs Ă  ceux offerts pour des Ɠuvres commissionnĂ©es. Cela n’empĂȘche pas des peintres cĂ©lĂšbres de participer aux ventes, comme BartolomĂ© Carducho, peintre du roi et marchand de tableaux. 3 Felipe de Guevara, Comentarios de pintura [vers 1560], Madrid, 1788, p. 4-5. 4 Relations, Lettres et discours
, Paris, 1660, Lettre IX, p. 235-23. 29Dans un marchĂ© de l’art naissant, se pose la question de l’attribution du prix. Quand il suggĂšre Ă  Philippe II d’exposer sa collection, Felipe de Guevara avance que les peintures cachĂ©es et tenues hors de la vue sont privĂ©es de leur valeur, qui rĂ©side dans les yeux des autres et leur apprĂ©ciation par des connaisseurs3 ». Traditionnellement, le prix d’une peinture Ă©tait liĂ© Ă  des critĂšres matĂ©riels comme les matĂ©riaux employĂ©s, le nombre, la taille et le costume des personnages. Cependant, depuis la Renaissance, la valeur est de plus en plus attachĂ©e Ă  un savoir, devient affaire de connaisseur rĂ©putation de l’artiste, authenticitĂ©, originalitĂ© de la composition, deviennent des critĂšres importants quand il s’agit des maĂźtres italiens ou nordiques les plus recherchĂ©s. À quoi s’ajoute pour les peintures anciennes la vie sociale » du tableau provenance, possesseur antĂ©rieur, lieu d’accrochage prĂ©cĂ©dent. Entre 1640-1660, les prix des tableaux anciens augmentent considĂ©rablement sur le marchĂ© parisien ; certains s’en Ă©meuvent, considĂ©rant scandaleux l’argent dĂ©pensĂ© en objets de vanitĂ©, comme Samuel SorbiĂšre, protestant rĂ©cemment converti, qui publie une lettre De l’excessive curiositĂ© en belles peintures4 ». Un dĂ©but de spĂ©culation suscite des rĂ©serves morales. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art accompagne une Ă©volution des consciences par rapport Ă  l’argent mais permet aussi une Ă©volution du mĂ©tier d’artiste. 30Nicolas Poussin 1594-1665 est l’exemple exceptionnel d’un artiste libĂ©rĂ© de la commande et vivant du marchĂ© de l’art. À partir de 1630, Ă©loignĂ© des grandes commandes publiques, il ne produit plus que des tableaux de chevalet et peut choisir ses clients qui sont des acheteurs, non plus des commanditaires. Le prix de ses tableaux est multipliĂ© par dix au cours du siĂšcle. Il ne dĂ©pend pas d’une cour ou d’un protecteur, il n’a pas d’atelier, pas d’élĂšves. Au-delĂ  des Barberini et de leur rĂ©seau, les principaux acheteurs de Poussin sont français. Ils sont d’origine sociale variĂ©e on trouve parmi eux, le marĂ©chal de CrĂ©qui, le duc de Richelieu ou le roi lui-mĂȘme, qui rĂ©unit une trĂšs importante collection de Poussin ; des secrĂ©taires d’État, comme La VrilliĂšre ou LomĂ©nie de Brienne ; des titulaires d’offices importants comme Chantelou ; des financiers comme Neyret de la Ravoye ; mais aussi des personnages beaucoup plus obscurs, des nĂ©gociants comme Pointel ou Serisier. Il s’agit lĂ  d’une carriĂšre trĂšs particuliĂšre, permise par la naissance d’un vrai marchĂ© de l’art. Les arts, miroir de leur temps » ? La sociĂ©tĂ© est un théùtre, le théùtre, un reflet de la sociĂ©tĂ© ? 31On ne saurait trop souligner l’importance de la mĂ©taphore théùtrale et en gĂ©nĂ©rale de la vision dans les arts et la littĂ©rature du xviie siĂšcle. Avec la perspective linĂ©aire comme mode de reprĂ©sentation picturale depuis la Renaissance, Les images s’inscrivent dĂ©sormais Ă  l’intĂ©rieur d’un cube ouvert d’un cĂŽtĂ©. À l’intĂ©rieur de ce cube reprĂ©sentatif, sorte d’univers en rĂ©duction, rĂšgne les lois de la physique et de l’optique de notre monde » P. Francastel ; d’oĂč l’importance de la mĂ©taphore théùtrale All the world’s a stage », l' illusion comique » le théùtre est un monde en rĂ©duction, le monde n’est qu’un théùtre. Comment le théùtre du xviie reflĂšte-t-il alors la sociĂ©tĂ© ? 32Si l’on tourne le dos Ă  la scĂšne, le lieu théùtral donne, dans la disposition du public, une image particuliĂšre des hiĂ©rarchies. La structure du théùtre public est partout Ă  peu prĂšs la mĂȘme. Le corral madrilĂšne se partage entre le parterre avec ses places debout ou assises et les loges rĂ©servĂ©es aux personnages importants ; un lieu spĂ©cial est rĂ©servĂ© aux femmes du commun et aux ecclĂ©siastiques, ce qui est une particularitĂ© espagnole. Dans le théùtre Ă©lisabĂ©thain, on a, du moins coĂ»teux au plus cher, les places debout Ă  ciel ouvert, les places assises dans les galeries couvertes et enfin les loges. EntiĂšrement couvert, le théùtre de Bourgogne montre une rĂ©partition analogue, avec ses places au parterre Ă  5 sous et ses places en loges Ă  10 sous. 33Si, dans le cas des reprĂ©sentations privĂ©es chez de nobles particuliers les visites » en France, les particulares » en Espagne le public est socialement homogĂšne, il n’en va pas de mĂȘme du théùtre public. La composition des salles est assez semblable Ă  Londres et Ă  Paris. Le parterre, debout, est volontiers remuant, mĂȘme s’il ne faut pas s’exagĂ©rer le caractĂšre populaire de ces spectateurs. Alfred Harbage montre qu’il est constituĂ©, au théùtre du Globe, de boutiquiers, d’artisans et de journaliers. La variĂ©tĂ© de ton et de genres caractĂ©ristique du théùtre de Shakespeare, comme de la tragĂ©die espagnole, de la poĂ©sie savante Ă  la farce, est destinĂ©e Ă  rĂ©pondre Ă  cette diversitĂ© du public. On distingue les connaisseurs des ignorants du parterre, les mosqueteros » en Espagne, les groundlings » en Angleterre. On peut remarquer que la mĂȘme idĂ©e est souvent exprimĂ©e deux fois dans les piĂšces de Shakespeare, sous une forme Ă©laborĂ©e d’abord, plus simple ensuite. Dans la comedia, le gracioso » est chargĂ© de rĂ©pĂ©ter en clair ce qui risquait de paraĂźtre obscur. Cependant, au cours du siĂšcle, on remarque une diminution globale de la composante populaire du public. Les tĂ©moignages contemporains sur le chahut du parterre ne sont pas exempts de prĂ©jugĂ©s sociaux. En France, le public ne change pas radicalement, mais les poĂštes, leurs mĂ©cĂšnes et les amateurs prĂȘchent pour une Ă©puration du goĂ»t comme du public. Il ne faut pas oublier que la dĂ©fense des rĂšgles et, pour le dire d’un mot, du classicisme, est parallĂšle Ă  une exclusion des Ă©lĂ©ments populaires. Le classicisme, rappelle J. Truchet, suppose un consensus culturel, l’existence d’un public auquel il soit naturel et lĂ©gitime de vouloir plaire, les honnĂȘtes gens », la Cour » et la Ville ». L’unitĂ© du classicisme se fonde moins sur des prĂ©ceptes que sur un milieu ». L’exclusion du menu peuple se fait naturellement par l’augmentation du prix des places au cours du siĂšcle. En France comme en Angleterre, la base sociale du théùtre se rĂ©trĂ©cit. 34La nĂ©cessitĂ© de parler Ă  un trĂšs large public oĂč domine, de plus en plus, les catĂ©gories privilĂ©giĂ©es, implique de renvoyer Ă  une morale commune. N’oublions pas que plaire est une nĂ©cessitĂ© vitale pour le dramaturge du xviie siĂšcle. Souvent, on remarque un certain conservatisme dans la vision de la sociĂ©tĂ© vĂ©hiculĂ©e par le théùtre. Celui-ci enregistre certains changements, comme l’importance croissante du commerce et de l’argent, les transformations de la noblesse ou l’appĂ©tit des roturiers enrichis. Le gentilhomme dĂ©sargentĂ© contraint Ă  la mĂ©salliance, le roturier cherchant une promotion Ă  la cour, le bourgeois gentilhomme, sont quelques thĂšmes rĂ©currents de la comedia espagnole, dont l’influence est grande en France et en Angleterre ; mais en gĂ©nĂ©ral, quelque soit l’origine sociale de l’auteur, la morale de la piĂšce demeure attachĂ©e aux valeurs de la noblesse terrienne traditionnelle, dĂ©favorable aux fortunes issues du commerce et de la spĂ©culation. Par exemple, dans les piĂšces de Lope de Vega, le noble enrichi par le nĂ©goce est condamnĂ©, les marchands, petits ou grands, et les armateurs de SĂ©ville peu reprĂ©sentĂ©s ou peu mis en valeur. Le théùtre jacobĂ©en, face aux bouleversements sociaux, tĂ©moigne d’un attachement Ă  l’ordre ancien A. Bry. MoliĂšre montre de maniĂšre trĂšs nĂ©gative ces femmes qui sortent de leur condition, ces prĂ©cieuses qui se prĂ©valent d’un rĂŽle intellectuel dans ce qui deviendra les salons. Le monde comme théùtre est d’abord une mĂ©taphore de la vanitĂ© des biens de ce monde. Il s’agit moins de reprĂ©senter que de moraliser. CalderĂłn de la Barca l’exprime parfaitement dans Le Grand Théùtre du Monde 1645. On y voit le Monde remettre Ă  chaque acteur, du Roi au Mendiant, les insignes de son rang. Les personnages entrent sur scĂšne par le Berceau et en sortent par la Tombe. LĂ , ils doivent remettre leurs attributs et rendre compte de la façon dont ils ont tenu leur rĂŽle. Seuls le Mendiant et la Prudence ont Ă©chappĂ© Ă  l’orgueil et aux intrigues de la cour. Seuls, ils ont compris la leçon de la piĂšce, c’est-Ă -dire de la vie. Seuls, ils ne seront pas damnĂ©s. Quand le rideau tombe, ne demeurent en scĂšne que les quatre derniĂšres choses » la Mort, le Jugement, le Ciel et l’Enfer. 35Si le siĂšcle est fascinĂ© par les pouvoirs de l’illusion, la concorde entre l’ĂȘtre et le paraĂźtre est un souci constant. Les marques de luxe doivent correspondre Ă  un statut social rĂ©el. L’ouvrage de Pierre Le Muet, La ManiĂšre de bĂątir pour toutes sortes de personnes 1623, est un des plus importants de ces recueils, en vogue en France, qui proposent des modĂšles d’habitation selon le rang du propriĂ©taire. L’architecture doit reflĂ©ter la hiĂ©rarchie sociale. On peut dire que Fouquet, par exemple, n’a pas respectĂ© cette rĂšgle, Vaux outrepasse son rang. L’étude du portrait permet de mieux comprendre ce rapport ĂȘtre/paraĂźtre. Elle permet aussi de mieux comprendre sous quelles conditions les catĂ©gories sociales les moins privilĂ©giĂ©es ont droit Ă  ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s. Qui a droit Ă  la reprĂ©sentation ? 36Le problĂšme de la dignitĂ© du sujet reprĂ©sentĂ© se pose particuliĂšrement dans le portrait. Ce dernier genre connaĂźt depuis le xvie siĂšcle un grand dĂ©veloppement. Il constitue Ă  la fin du siĂšcle 20 % des images des intĂ©rieurs de Delft, par exemple. Or, Edouard Pommier a relevĂ©, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, un mouvement de remise en cause de ce genre, notamment d’un point de vue social. Alors qu’il cesse d’ĂȘtre rĂ©servĂ© Ă  la reprĂ©sentation des saints et des princes, le portrait suscite la question de la lĂ©gitimitĂ© de la reprĂ©sentation d’un individu. 5 CitĂ© par Pommier Édouard, ThĂ©ories du portrait, Paris, 1998, p. 128. 37Dans une lettre Ă  Leone Leoni, sculpteur et mĂ©dailleur, l’ArĂ©tin le met en garde ainsi Faites donc les portraits de personnages de ce genre [l’érudit Francesco Molza, mort depuis peu], mais ne faites pas les portraits de ceux qui Ă  peine se connaissent eux-mĂȘmes et que personne ne connaĂźt. Le ciseau ne doit pas tracer les traits d’une tĂȘte, avant que la renommĂ©e ne l’ait fait. Il ne faut pas croire que les lois des Anciens aient permis qu’on fasse des mĂ©dailles de personnes qui n’étaient pas dignes. C’est ta honte, ĂŽ siĂšcle, de tolĂ©rer que des tailleurs et des bouchers apparaissent vivants en peinture5. » Cette idĂ©e d’une vulgarisation du portrait se retrouve dans nombre d’écrits du xvie siĂšcle. On ne devrait reprĂ©senter que les exempla virtutis, ou les grands de ce monde, parce que seuls ils ont droit Ă  la mĂ©moire publique. 6 de Piles R., Cours de peinture par principes, Paris, Ă©d. J. Thuillier, 1989, p. 132. 7 Sorel Charles, La Description de l’üle de Portraiture et de la ville des portraits, Paris, 1659, p ... 38De la dignitĂ© du sujet dĂ©pend son traitement, qui oscille entre l’imitare, qui a le sens de donner l’image de quelque chose, avec une certaine libertĂ© et le ritrarre donner une copie littĂ©rale de quelque chose. Pour le thĂ©oricien Roger de Piles, la stricte fidĂ©litĂ© aux traits du modĂšle n’est requise que pour les grands de ce monde Pour les hĂ©ros et pour ceux qui tiennent quelque rang dans le monde, ou qui se font distinguer par leurs dignitĂ©s, par leurs vertus ou par leurs grandes qualitĂ©s, on ne saurait apporter trop d’exactitude dans l’imitation de leur visage, soit que les parties s’y rencontrent belles, ou bien qu’elles y soient dĂ©fectueuses » car ces sortes de portraits sont des marques authentiques qui doivent ĂȘtre consacrĂ©es Ă  la postĂ©ritĂ©, et dans cette vue tout est prĂ©cieux dans les portraits, si tout y est fidĂšle6. » Cette nĂ©cessitĂ© de rendre fidĂšlement le modĂšle vertueux, l’ĂȘtre de haut rang s’explique par les spĂ©culations physiognomoniques, trĂšs en vogue au xviie siĂšcle. En fait, la pratique conduit souvent Ă  l’inverse il faut donner au personnage les traits convenant Ă  sa fonction et Ă  sa dignitĂ©. Il faut que le paraĂźtre corresponde Ă  l’ĂȘtre social, il faut donner Ă  chaque personnage l’attitude, les vĂȘtements, les attributs de sa “qualitĂ©â€, c’est-Ă -dire sa position dans la sociĂ©tĂ© » E. Pommier. DĂ©jĂ  LĂ©onard de Vinci prĂ©conisait que le roi soit barbu, plein de gravitĂ© dans l’air et les vĂȘtements [
]. Les gens de basse condition doivent ĂȘtre mal parĂ©s, en dĂ©sordre et mĂ©prisables [
] avec des gestes vulgaires et tapageurs ». Dans sa Description de l’üle de portraiture 1659 Charles Sorel se moque lui aussi du succĂšs du portrait, de ces modĂšles qui veulent apparaĂźtre dans des vĂȘtements trĂšs magnifiques, et la plupart ne se souci[ant] point s’ils Ă©taient conformes Ă  leur naturel et Ă  leur condition7 ». Analysant le Portrait d’Omer II Talon Washington, National Gallery peint en 1649 par Philippe de Champaigne, Lorenzo Pericolo remarque qu’en tant qu' avocat gĂ©nĂ©ral au parlement de Paris, le modĂšle usurpe » en quelque sorte une posture et un dĂ©cor typique d’un roi ou d’un aristocrate ». 8 Pour reprendre le titre de l’ouvrage de G. Sadoul, Jacques Callot miroir de son temps, Paris, 19 ... 39E. Pommier montre au long de son livre combien il est difficile d’apprĂ©cier le rĂ©alisme » d’un portrait. L’art, comme le langage, est d’abord un systĂšme de signes qui demandent interprĂ©tation. Il faut donc se mĂ©fier de la tentation de voir dans les romans, les gravures ou les peintures un miroir de leur temps8 ». Ils correspondent aux attentes de la clientĂšle. Le cas des portraits de paysans des Le Nain est intĂ©ressant parce que nous voyons des paysans reprĂ©sentĂ©s avec une grande fidĂ©litĂ© apparente des traits, et en mĂȘme temps une grande dignitĂ©. Dans la peinture hollandaise, on trouve souvent des intĂ©rieurs paysans, comme celui peint par Adriaen Van Ostade vers 1635 Munich, Bayerische StaatsgemĂ€ldesammlungen. On y voit des hommes et des femmes boire et fumer. Mais les physionomies sont viles, bouffonnes, tout Ă  fait conformes aux prĂ©ceptes de LĂ©onard. Les acheteurs d’une telle toile ne sont Ă©videmment pas du mĂȘme milieu et peuvent ainsi apprĂ©cier la distance qui les sĂ©pare de ces comportements. Une mise en garde contre les dĂ©bordements des sens n’est pas absente. En effet, dans un milieu modeste, les passions sont censĂ©es s’exprimer plus librement, en tout cas leur reprĂ©sentation ne requiert pas les mĂȘmes contraintes. Adriaen Brouwer, par exemple, illustre les Ă©motions humaines Ă  travers ses portraits populaires. 9 Antoine 1588 ?-1648, Louis 1593 ?-1648 et Mathieu 1607-1677. Ils ont un atelier commun et si ... 10 Champfleury, Essai sur la vie et l’Ɠuvre des Le Nain, Paris, 1850, p. 38. 40A priori rien de tel dans le Repas de paysans 1642, Paris, Louvre ou la Famille de paysans v. 1645-1648, Paris, Louvre des frĂšres Le Nain9. C’est le rĂ©alisme » de la scĂšne qui frappe. Pour Champfleury, qui est Ă  l’origine de la redĂ©couverte de ces peintres, ce sont des historiens » qui apprennent plus sur les mƓurs de leur temps [
] que bien des gros livres10 ». Une critique marxiste s’est emparĂ© de ces peintres populaires », mais il a vite Ă©tĂ© montrĂ© que les trois frĂšres ont fait partie des membres fondateurs de l’AcadĂ©mie et que Mathieu, qui a vĂ©cu plus longtemps, a pu faire une assez belle fortune et a cherchĂ©, aprĂšs l’achat d’une terre prĂšs de Laon, Ă  se faire appeler seigneur de la Jumelle. Fait exceptionnel pour un peintre, il a Ă©tĂ© fait chevalier du Saint-Michel pour ses services dans la milice de Paris, mais il n’a pu faire preuve de sa noblesse. Pourtant, il a Ă©tĂ© vite remarquĂ© que les paysans reprĂ©sentĂ©s Ă©taient bien habillĂ©s, possĂ©daient des verres, etc. Beaucoup d’historiens ont continuĂ© Ă  vouloir y voir des documents transparents, des fenĂȘtres ouvertes sur le monde paysan des environs de Laon au xviie siĂšcle. Ansi, Neil McGregor voit dans les paysans des Le Nain l’illustration d’un dĂ©veloppement historique ». Pour lui, les acheteurs de ces tableaux sont des membres de la bourgeoisie qui achĂštent alors des terres autour de leurs villes natales et les mettent en valeur eux-mĂȘmes ou les confie Ă  un fermier. Ils auraient plaisir Ă  avoir des portraits de leurs paysans, envers lesquels ils seraient animĂ©s d’une bienveillance patriarcale. La dignitĂ© des attitudes et la noblesse des traits des personnages nous Ă©loignent du dĂ©dain et du rire de Van Ostade. Toutefois, il est difficile de croire Ă  un tĂ©moignage naturaliste sur la condition paysanne. Pierre Goubert et JoĂ«l Cornette, aprĂšs d’autres, ont remarquĂ© les Ă©chos eucharistiques du Repas de paysans, qui reprĂ©sente sans doute une visite de charitĂ©, telles qu’elles Ă©taient organisĂ©es vers 1640 par des institutions comme la compagnie du Saint-Sacrement. On peut alors songer Ă  certains bodegones de VĂ©lasquez, mĂȘme s’ils ne procĂšdent pas de la mĂȘme filiation picturale. Ce genre nĂ© Ă  SĂ©ville et Ă  TolĂšde, qui mĂȘle la nature morte et la scĂšne de genre est un des rares genres profanes de la peinture espagnole. On y voit des gens du peuple se livrer Ă  des activitĂ©s trĂšs quotidiennes notamment autour de la prĂ©paration et de la consommation du repas. Pourtant, il n’est pas si profane que cela. La mĂ©ditation religieuse est quelquefois explicite comme dans Le Christ chez Marthe et Marie 1618, Londres, National Gallery, oĂč l’on voit une jeune femme cuisiner, tandis qu’une vieille femme semble lui montrer une image au statut assez compliquĂ© est-ce une scĂšne vue Ă  travers une fenĂȘtre, est-ce un tableau ? reprĂ©sentant la scĂšne Ă©vangĂ©lique qui donne son nom au tableau. L’interprĂ©tation complĂšte est difficile, mais il s’agit sans doute d’une mĂ©ditation sur la vie active et la vie contemplative, Ă  laquelle se joint peut-ĂȘtre la remarque de ThĂ©rĂšse d’Avila, selon laquelle le chemin du Christ passe par les ustensiles de cuisine
 Le portrait d’hommes et de femmes humbles convient particuliĂšrement aux vertus Ă©vangĂ©liques de pauvretĂ© et de simplicitĂ©. 41Cela n’enlĂšve rien au caractĂšre trĂšs convaincant de la reprĂ©sentation, mais le peintre, qui construit savamment ces scĂšnes dans son atelier, ne cherche pas Ă  faire un reportage sur une famille paysanne. Il cherche certainement la vraisemblance, mais ce respect du rĂ©el est empreint d’une religiositĂ© profonde, et conditionnĂ© par la plus ou moins subtile mĂ©ditation qu’il veut offrir Ă  l’amateur. Les stĂ©rĂ©otypes sociaux dans la littĂ©rature espagnole du SiĂšcle d’or 11 FernĂĄndez Alvarez M., La Sociedad española en el Siglo de Oro, Madrid, 1983. 42La littĂ©rature du SiĂšcle d’or espagnol reflĂšte, souvent avec des caractĂšres sombres, toute une sĂ©rie de stĂ©rĂ©otypes sociaux. L’échantillon le plus complet d’un monde oĂč pullulent les dĂ©shĂ©ritĂ©s mendiants et pauvres honteux, soldats en guenilles, Ă©tudiants dissolus, hidalgos de haute lignĂ©e Ă  la maigre fortune, prostituĂ©es
 et dans lequel se distingue la figure du picaro, personnage qui donna lieu Ă  l’un des genres littĂ©raires les plus en vogue dans l’Espagne du xviie siĂšcle11. L’intention satirique des auteurs de ce genre les conduisit Ă  confronter la vie du picaro Ă  celle des puissants maĂźtres qu’ils servaient seigneurs et ecclĂ©siastiques de toutes conditions principalement dont les dĂ©fauts et l’hypocrisie sont mis en relief par ces antihĂ©ros. Le picaro devient ainsi le personnage antagonique du chevalier vertueux et honorable que le roman de chevalerie avait consacrĂ©. Personnage de basse extraction sociale, abandonnĂ© par la fortune, et qui survit dans le monde de la pĂšgre grĂące Ă  son habiletĂ© dans la tromperie et l’escroquerie. Etranger Ă  tout code de conduite honorable, il atteint ses objectifs grĂące Ă  sa ruse mais sans recourir Ă  la violence. Il aspire par-dessus tout Ă  amĂ©liorer sa condition sociale, bien qu’il Ă©choue constamment dans ses tentatives, reflĂ©tant ainsi l’impermĂ©abilitĂ© sociale qui caractĂ©risa l’Espagne du moment. 12 Maravall J. A., La literatura picaresca desde la historia social, Madrid, 1986. 43Bien que la figure du picaro soit dĂ©jĂ  prĂ©sente avec la plupart des traits qui le dĂ©finissent dans le Lazarillo de Tormes 1554, son plus haut niveau littĂ©raire est obtenu par Mateo AlemĂĄn avec son GuzmĂĄn de Alfarache 1599. Au xviie siĂšcle, QuĂ©vĂ©do consacre cette figure satirique dans sa Vida del BuscĂłn llamado don Pablos 1603 ?, et il existe toute une plĂ©iade de romans durant la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle avec une perspective burlesque de mĂȘme nature, dans lesquels on voit dĂ©filer des personnages, masculins et fĂ©minins, qui rĂ©pondent Ă  ces caractĂ©ristiques, comme El GuitĂłn Onofre Gregorio GonzĂĄlez, 1604, La pĂ­cara Justina Francisco LĂłpez de Ubeda, 1605, La Ingeniosa Elena, fille supposĂ©e de La CĂ©lestine Alonso JerĂłnimo de Salas Barbadillo, 1612 et 1614, le Lazarillo del Manzanares Juan CortĂ©s de Tolosa, 1620, Gregorio Guadaña Antonio EnrĂ­quez GĂłmez, 1644 ou Estebanillo GonzĂĄlez Gabriel de Vega, 1646. Quelques autres personnages de romans qui ne cadrent pas complĂštement avec ce genre littĂ©raire partagent Ă©galement nombre de ses caractĂ©ristiques, comme en tĂ©moignent Rinconete y Cortadillo de CervantĂšs 1613, ou El Diablo Cojuelo de LuĂ­s VĂ©lez de Guevara 1641. Si le picaro est un personnage qui s’épanouit principalement en milieu urbain, le chevalier le fait en milieu rural ; c’est ainsi que le reprĂ©sente Alonso JerĂłnimo Salas Barbadillo dans son Caballero perfecto 1620 et dans son antithĂšse El Caballero puntual 161612. 13 Maravall J. A., Teatro y literatura en la Sociedad Barroca, Barcelona, 1990. 44Face au caractĂšre satirique et critique du roman picaresque, le théùtre, d’aprĂšs Maravall, tenta de maintenir en vigueur un systĂšme de pouvoir préétabli et, par consĂ©quent, la stratification et la hiĂ©rarchie des groupes sociaux13. À travers le théùtre de Lope de Vega, CalderĂłn de la Barca, ou de Tirso de Molina, les espagnols assumĂšrent un systĂšme de conventions » qui soutenait un ordre social dans lequel les autoritĂ©s politique et religieuse Roi et Inquisition garantissaient sa validitĂ©. Ainsi, dans une Ă©poque de crise, comme celle que connut l’Espagne au cours du xviie siĂšcle, le théùtre fut l’un des piliers sur lesquels reposa la campagne de renforcement de la sociĂ©tĂ© seigneuriale. Les conflits sociaux seront la thĂ©matique fondamentale des piĂšces de théùtre, le dĂ©sir d’ascension sociale Ă©tant prĂ©sentĂ© de façon rĂ©currente, bien que les personnages vertueux coĂŻncident toujours avec ceux qui acceptent de bonne grĂące leur statut. Le théùtre privilĂ©gia une sĂ©rie de valeurs traditionnelles comme l’honneur, la puretĂ© de sang, la foi, la richesse – spĂ©cialement celle du laboureur – l’amour pur
 en faisant ressortir Ă©galement la diffĂ©renciation bipolaire de la sociĂ©tĂ© entre riches et pauvres, nobles et vilains, seigneurs et serviteurs, oisifs et travailleurs, et parvenant Ă  identifier richesse avec noblesse. L’arbitrisme 14 NDT Le substantif arbitrismo » n’est pas inclus dans le Diccionario de la Real Academia. Seuls ... 15 Vilar J., Literatura y EconomĂ­a. La figura satĂ­rica del arbitrista en el Siglo de Oro, Madrid, 197 ... 45En Espagne, la sociĂ©tĂ© fut Ă©galement l’objet d’une rĂ©flexion par un courant de pensĂ©e que l’on nomme l’arbitrismo » l’arbitrisme14. Est considĂ©rĂ© arbitrista » l’individu qui propose des plans et des projets arbitrios, insensĂ©s ou rĂ©alisables, pour soulager les Finances Publiques ou remĂ©dier Ă  des maux politiques. Le caractĂšre majoritairement pĂ©joratif du terme est issu de son origine littĂ©raire, car c’est dans ce sens que CervantĂšs l’utilise pour la premiĂšre fois dans son Coloquio de los perros 1613. QuĂ©vĂ©do s’exprima Ă©galement avec une fĂ©rocitĂ© particuliĂšre dans son ouvrage La hora de todos o la fortuna con seso 163515. 16 NDT terme employĂ© ici pour dĂ©clin ou dĂ©cadence. 17 GarcĂ­a CĂĄrcel R., Las culturas del Siglo de Oro, Madrid, 1998. 46Dans l’historiographie actuelle, on entend par arbitrismo » ce courant de pensĂ©e politique et Ă©conomique qui, Ă©mergeant au temps de Philippe II, trouve son groupe le plus fourni de reprĂ©sentants dans la Castille des deux premiers tiers du xviie siĂšcle. La majeure partie de ces Ă©rudits se virent encouragĂ©s Ă  adresser leurs arbitrios » solutions aux principales autoritĂ©s, y compris au Roi, par leur profonde conviction de la dĂ©cadence du Royaume, dont la cause, selon eux, rĂ©sidait dans un ou plusieurs problĂšmes sociaux, Ă©conomiques et financiers qui caractĂ©risĂšrent l’Espagne du SiĂšcle d’or. Parmi ceux-ci on distingue l’augmentation des prix fruit de l’abondance d’or et d’argent en provenance d’AmĂ©rique, la diminution corrĂ©lative de la compĂ©titivitĂ© des produits espagnols et l’introduction correspondante de marchandises Ă©trangĂšres qui provoquaient la ruine de l’industrie nationale, la dĂ©cadence du commerce et l’abandon de l’agriculture et de l’élevage. Les arbitristas » dĂ©noncĂšrent Ă©galement l’appauvrissement progressif de l’État, dont la dĂ©pense publique croissante dĂ©coulant de l’entretien d’une armĂ©e plĂ©thorique, dispersĂ©e sur un vaste territoire Ă©tait compensĂ©e par l’augmentation des impĂŽts, gangrĂšne financiĂšre dont le reflet n’est autre que la ruine de la nation et le dĂ©peuplement. Tout cela, d’aprĂšs de nombreux arbitristas », provoquait l’abandon des activitĂ©s de production et d’investissement de la part des Espagnols, tandis que les Ă©trangers devenaient les maĂźtres des ressorts Ă©conomiques du pays. De la mĂȘme façon, ils imputaient Ă  l’excessive circulation monĂ©taire le goĂ»t du luxe et de l’oisivetĂ© dans les classes possĂ©dantes, et la nĂ©gligence qui s’ensuivait pour les activitĂ©s productives. La consĂ©quence de tout cela fut la declinaciĂłn16 » de la Nation, terme qui rĂ©sumait parfaitement leur impression de vivre un moment de crise Ă©conomique et sociale17. 47Bien que les termes arbitrio » et arbitrista » aient Ă©tĂ© employĂ©s dans la littĂ©rature du SiĂšcle d’or dans un sens clairement pĂ©joratif, les avis de ces individus Ă©tant jugĂ©s insensĂ©s, il est certain que parmi ceux qui Ă©mirent leur opinion, il y eut de nombreux personnages lucides, intelligents et des professionnels de toutes sortes d’activitĂ©s, qui surent observer avec acuitĂ© les problĂšmes Ă©conomiques et sociaux de l’Espagne d’alors et prĂ©voir des solutions. Parmi les plus importantes figures de cette Ă©cole de pensĂ©e il y eut le comptable du TrĂ©sor Luis Ortiz, auteur du Memorial al Rey para que no salgan dineros de España 1558 ; l’avocat de la Chancellerie Royale de Valladolid, MartĂ­n GonzĂĄlez de Cellorigo, continuateur de ce que l’on appela l’Ecole de Salamanque » et auteur du Memorial de la polĂ­tica necesaria y Ăștil restauraciĂłn a la repĂșblica de España 1600 ; le mĂ©decin CristĂłbal PĂ©rez de Herrera, rĂ©dacteur d’un mĂ©moire dans lequel Ă©taient abordĂ©es
 de nombreuses choses touchant au bien, Ă  la propriĂ©tĂ©, Ă  la richesse, Ă  la futilitĂ© de ce royaume et au rĂ©tablissement des gens » 1610 ; le professeur en Écritures SacrĂ©es, Sancho de Moncada, dont les Discursos 1619 seraient rééditĂ©s en 1746 sous le titre RestauraciĂłn polĂ­tica de España ; le chanoine et consultant du Saint-Office, Pedro FernĂĄndez de Navarrete, qui Ă©crivit le livre intitulĂ© ConservaciĂłn de MonarquĂ­as 1626 ; Miguel Caxa de Leruela, du Conseil de Castille et Visiteur GĂ©nĂ©ral du Royaume de Naples, dont l’Ɠuvre la plus connue s’intitulait RestauraciĂłn de la abundancia de España 1631 ; ou le procurateur des galĂ©riens Francisco MartĂ­nez de Mata, auteur de cĂ©lĂšbres Memoriales et Discursos 1650-1660. En1932, le ComitĂ© central du Parti communiste promulgua une rĂ©solution restructurant les organisations artistiques. Staline devenait le seul hĂ©ros Ă  glorifier. Il fallait que les arts s’y plient. Certes, la mainmise du pouvoir sur la culture n’empĂȘchait pas des poches de rĂ©sistances. Mais le pli de la rĂ©action Ă©tait pris.
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Sila société m'influence, c'est parce que elle m'impose, ou que j'adhÚre. Les médias en général font de l'info digest, Vite consommée, et vite oubliée. Pour s'informer ,il faut fouiller ailleurs que dans ce qui fait pleurer dans les chaumiÚres. Quant à la mode, j'ai la mienne, pas séante, pas au gout du jour, mais qui me convient.

français arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois anglais Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hĂ©breu italien japonais nĂ©erlandais polonais portugais roumain russe suĂ©dois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liĂ©s Ă  votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liĂ©s Ă  votre recherche margins of society fringes of society edge of societyfringe of society margin of society periphery of society outskirts of society marginalised in society isolated from society alienated from society Suggestions Cette rĂ©duction a influencĂ© en particulier les segments de la population vivant Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. This reduction influenced in particular the segments of the population living on the margins of society. Avec un bĂ©bĂ© sur les bras, nous avons vĂ©cu Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© jusqu'Ă  l'annĂ©e 1980. Les nĂ©onazis descendent fiĂšrement dans la rue, sĂ»rs de leur impunitĂ©, se prĂ©sentent Ă  des postes politiques et passent peu Ă  peu de la marge de la sociĂ©tĂ© au statut de courant dominant - avec des consĂ©quences mortelles pour les minoritĂ©s. Neo-Nazis are proudly and boldly taking to the streets, running for political office, and gradually being elevated from the fringes of society to the mainstream - and it is having deadly consequences for minority communities. Des personnages excentriques vivant Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©, dans une ignorance bĂ©ate ou dans une dĂ©viance diabolique. Eccentric figures walking on the edge of society, either in blissful ignorance or devilish deviance. Mais toujours dit Mungo de la marge de la sociĂ©tĂ©, de la position des exclus, marginalisĂ©s. But always Mungo told from the edge of society, from the position of the excluded, marginalized. Coal to diamonds est mon histoire - grandir en sentant que vous ĂȘtes dans la marge de la sociĂ©tĂ© et en vous battant pour trouver votre place. Coal to Diamonds is my story - growing up feeling like you are on the margins of society and struggling to find your place. Le ton volontiers lĂ©ger et confiant des organisateurs sera une façon d'accĂ©der Ă  tous ceux qui se pensent comme Ă©tant Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. The deliberately light-hearted and confident tone of the event will be a way to reach out to those who think of themselves as being on the margins of society. L'Ă©crivain George Orwell a vĂ©cu dans les rues de Londres pour dĂ©couvrir la vie des personnes qui vivent Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. The writer, George Orwell, lived on the streets of London to discover what it was like for those on the margins of society. Par consĂ©quent, ils dĂ©rivent souvent vers la marge de la sociĂ©tĂ© oĂč ils mĂšnent une vie dans l'anonymat. Because of this, they often drift to the margins of society where they live an anonymous life. L'urbanisation et l'industrialisation croissantes ont relĂ©guĂ© ces personnes Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© oĂč ils sont devenus des assistĂ©s sociaux, et des sĂ©dentaires contraints d'accepter des emplois imposĂ©s et de scolariser leurs enfants. Increasing urbanization and industrialization had pushed those people to the margins of society, where they had become dependent on social assistance and were forced, in their sedentary situation, to accept work and to send their children to school. Le vĂ©lo, c'Ă©tait un mode de dĂ©placement pour les pauvres ou pour les Ă©colos un peu fous, les personnes qui l'utilisaient avaient vraiment besoin de sentir qu'ils n'Ă©taient pas Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© et de lĂ©gitimer cet usage. Cycling was a mode of transport for the poor or slightly mad eco-warriors. Cyclists, however, had a real need to feel they weren't on the margins of society and to legitimise their use of bikes. En matiĂšre d'emploi, nous devons aboutir Ă  la pleine Ă©galitĂ© des chances, combattre l'exclusion sociale, soutenir ceux qui sont Ă  la traĂźne, ceux qui vivent dans des situations dĂ©favorisĂ©es et ceux qui ont Ă©tĂ© repoussĂ©s Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. In employment, we must achieve full equality of opportunities, combat social exclusion, support those who lag behind, those in disadvantaged situations and those who have been forced onto the edges of society. Pour les personnes handicapĂ©es, trouver un emploi est particuliĂšrement difficile et la stigmatisation dont elles sont parfois victimes a pour effet de les relĂ©guer Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. Employment is particularly difficult for persons with disabilities, and the stigma sometimes associated with disabilities results in their relegation to the margins of society. Avec les silhouettes de passants dĂ©sormais Ă  peine esquissĂ©es, c'Ă©tait un peu comme s'il voulait conjurer ses premiĂšres annĂ©es de photographe consacrĂ©es Ă  nous montrer, au plus prĂšs et bien de face, des gens vivant Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. With their barely sketched silhouettes of passers-by, it was a little as if he were trying to move away from his first years as a photographer, which had been dedicated to showing us, up-close and in-our-face, people living on the margins of society. En gĂ©nĂ©ral ce sont des enfants de rues ou encore des Nawars [peuple nomade vivant Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© en Syrie, au Liban et en Jordanie.] In general, they are street children or even Nawads [a term for nomadic people who live at the edges of society in Syria, Lebanon, and Jordan.] Ils adoptent des comportements qui les placent Ă  la marge de la sociĂ©tĂ©. Les deux ont Ă©voluĂ© du marge de la sociĂ©tĂ©. 20 je ne sais pas quel terme pourrais-je utiliser, mais qu'ils se trouvaient 21 au marge de la sociĂ©tĂ©. 23 know what term to use, but quite simply they were pushed to the margins. La vie quotidienne des BrĂ©siliens Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© devient une mise en scĂšne photographique rĂ©ussie grĂące aux qualitĂ©s esthĂ©tiques de l'artiste. The everyday life of marginal Brazilian society is put in a photographic scene with the attention to detail and esthetics of the artist. La dĂ©claration Ă©tablit un parallĂšle entre la persĂ©cution passĂ©e de non-conformistes anabaptistes et les groupes mis Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© actuelle. The statement draws parallels between past persecution of Anabaptist nonconformists and marginalized groups on the fringes of today's society. Aucun rĂ©sultat pour cette recherche. RĂ©sultats 32. Exacts 32. Temps Ă©coulĂ© 336 ms. Documents Solutions entreprise Conjugaison Synonymes Correcteur Aide & A propos de Reverso Mots frĂ©quents 1-300, 301-600, 601-900Expressions courtes frĂ©quentes 1-400, 401-800, 801-1200Expressions longues frĂ©quentes 1-400, 401-800, 801-1200

pouvaitpas imposer ses vertus et son mode de vie. C’est l’époque d’une naissance de l’hostilitĂ© trĂšs forte des artistes et des Ă©crivains Ă  la nouvelle sociĂ©tĂ©. Un certain nombre de caractĂ©ristiques de la sociĂ©tĂ© bourgeoise « gĂ©nĂšrent l’exaspĂ©ration et la plainte de ses contemporains ». Un des premiers soins du gouvernement est le « remaniement complet Texte de Mathieu Saujot, chercheur Ă  l’IDDRI, Sarah Thiriot, sociologue Ă  l’AdemeEn 2020, Bon Pote prĂ©sentait les 12 excuses de l’inaction climatique et les maniĂšres d’y rĂ©pondre, sur la base d’un article scientifique qui a depuis touchĂ© une forte audience. Dans ce travail, 12 discours de dĂ©lai, qui acceptent la rĂ©alitĂ© du changement climatique mais justifient l’inaction ou des actions inadĂ©quates », Ă©taient identifiĂ©s et analysĂ©s. Parmi les diffĂ©rents types d’actions Ă  mener pour faire face au changement climatique, la question des modes de vie plus durables nous semble ĂȘtre particuliĂšrement sujette Ă  ce type de discours. Les rĂ©actions au concept de sobriĂ©tĂ© en sont un bon exemple. Celui-ci apparaĂźt souvent comme un tabou qui peut ĂȘtre soit Ă©cartĂ© soit diluĂ© en jouant sur la confusion avec l’efficacitĂ© ou encore neutralisĂ© en renvoyant vers la dĂ©croissance. On se trouve donc dans une situation oĂč de plus en plus de dĂ©clarations politiques reconnaissent la nĂ©cessitĂ© de faire Ă©voluer nos modes de vie, mais oĂč des obstacles se prĂ©sentent dĂšs que l’on aborde concrĂštement les changements Ă  mettre en Ɠuvre. Prendre en compte ces prĂ©occupations et savoir y rĂ©pondre Faire ce travail d’identification des arguments de rĂ©sistance au changement et des rĂ©ponses possibles Ă  apporter n’est pas seulement un enjeu de communication politique il rĂ©vĂšle des Ă©lĂ©ments sur ce que reprĂ©sente changer les modes de vie et ce qu’il faut mettre en Ɠuvre collectivement pour que cela devienne possible, acceptable, auteurs de l’article sur les 12 discours d’inaction climatique soulignent que ces derniers s’appuient sur les prĂ©occupations et les craintes lĂ©gitimes 
 Nous soutenons qu’ils deviennent des arguments dilatoires lorsqu’ils dĂ©forment plutĂŽt que de clarifier, soulĂšvent l’adversitĂ© plutĂŽt que le consensus ou laissent entendre que prendre des mesures est un dĂ©fi impossible. ».Nous cherchons donc Ă  rĂ©pondre Ă  ces arguments afin de progresser dans notre capacitĂ© Ă  rendre possibles ces changements de modes de vie. Pour cela il nous paraĂźt essentiel d’éclairer et orienter le dĂ©bat avec les acquis et connaissances des sciences humaines et sociales. 1. Ces changements ne sont pas acceptablesCet argument dĂ©crĂ©dibilise une action climatique qui passerait par des changements de modes de vie en considĂ©rant qu’ils ne seraient pas acceptables par la population. On pense gĂ©nĂ©ralement ici Ă  changer sa mobilitĂ©, son chauffage, ses pratiques de consommation et alimentaire, sa maniĂšre de faire du tourisme, d’utiliser le numĂ©rique
 – RĂ©ponses possibles –Inverser la charge de la preuve Cet argument comme d’autres fonctionne car il Ă©vacue la situation actuelle et reporte totalement la charge de la preuve sur le projet de transition. Dire que ces changements ne sont pas acceptables fait passer implicitement l’idĂ©e que nos modes de vie actuels ne posent pas de question, et que seule la transition pose problĂšme. Or c’est bien Ă©videmment faux. Nos modes de vie sont dĂ©jĂ  associĂ©s Ă  des choses qui, lorsqu’elles sont identifiĂ©es et dĂ©noncĂ©es notamment par des ONG, suscitent des dĂ©bats dans la sociĂ©tĂ©. Pensons par exemple Ă  l’impact de ce que rĂ©vĂšlent des associations comme L214 sur ce qu’impliquent concrĂštement pour le bien-ĂȘtre des animaux nos pratiques alimentaires actuelles, reposant sur la large disponibilitĂ© de produits animaux peu coĂ»teux. Pensons Ă©galement aux manquements de l’industrie textile en termes de droit social, par exemple avec l’effondrement d’une usine en 2013 Ă  Dacca, causant plus de 1000 morts parmi les ouvriers et ouvriĂšres. Cet Ă©vĂ©nement a Ă©tĂ© associĂ© Ă  la pression qu’exerce sur la main d’Ɠuvre le besoin de produire Ă  faible coĂ»t dans une logique de fast fashion, ce qui renvoie in fine Ă  nos pratiques vestimentaires. Et au quotidien, nos maniĂšres de nous dĂ©placer, fortement dĂ©pendantes de la voiture thermique, impliquent un haut niveau de pollution de l’air dans les mĂ©tropoles, au dĂ©triment de la santĂ© de leurs dĂ©plorer les impacts nĂ©gatifs de nos modes de vie actuels n’équivaut pas Ă  rendre acceptable tout changement futur. Mais cela doit permettre d’ouvrir la discussion sur une base Ă©quitable nos modes de vie actuels ont leurs qualitĂ©s comme leurs dĂ©fauts, ils posent Ă©galement des enjeux moraux et Ă©thiques qu’il convient de mettre Ă  jour. Cet examen rééquilibrĂ© incite Ă  penser le changement. Les dĂ©bats qu’il peut susciter au sein de la sociĂ©tĂ© sont certainement une voie de progrĂšs. Nos prĂ©fĂ©rences sont mallĂ©ables Qu’est ce qui est inacceptable ? Le rĂ©sultat ou les moyens ? Nous faisons souvent face Ă  cette question est-ce que la sobriĂ©tĂ© est acceptable ? Comme si on pouvait rĂ©pondre de but en blanc face Ă  un concept qui n’a rien d’évident. Prenons un exemple si par un bon matin pluvieux, tout d’un coup, vous tendez un vĂ©lo Ă  votre voisin automobiliste invĂ©tĂ©rĂ© pour rĂ©aliser les 5 kilomĂštres qui le sĂ©parent de son travail, il y a effectivement de fortes chances qu’il trouve cela inacceptable. Si ce mĂȘme moment arrive aprĂšs 6 mois oĂč se sont succĂ©dĂ©s l’inauguration d’une nouvelle voie verte dans son village pĂ©riurbain, le test d’un vĂ©lo Ă©lectrique Ă  son travail, un rendez-vous avec son mĂ©decin l’alertant sur sa trop grande sĂ©dentaritĂ©, une discussion avec ses enfants qui utilisent leur vĂ©lo sur leur lieu d’étude
 et l’achat d’un bon impermĂ©able ! ; alors la rĂ©ponse sera certainement cette variation ? Tout simplement car nos prĂ©fĂ©rences, nos reprĂ©sentations de ce qui est possible, positif, dĂ©sirable sont mallĂ©ables, comme cela a Ă©tĂ© rappelĂ© dans le rĂ©cent rapport du GIEC[1]. Ces Ă©volutions peuvent ĂȘtre stimulĂ©es par un ensemble de leviers dans les mains des dĂ©cideurs politiques, des dĂ©cideurs privĂ©s et des citoyens. Pour le vĂ©lo par exemple, le schĂ©ma ci-dessous et le dossier complet sur Bon Pote permettent d’identifier l’ensemble de ces travail menĂ© par l’Ademe autour de la prospective “Transitions2050” pour mettre en discussion ces choix de sociĂ©tĂ© auprĂšs d’une trentaine de Français et Françaises est Ă©galement riche d’enseignements. D’abord, il montre que l’on ne peut poser cette question de l’acceptabilitĂ© sans rendre concrets et prĂ©hensibles plusieurs futurs possibles. Il montre Ă©galement que les scĂ©narios activant davantage la sobriĂ©tĂ© ne sont pas moins acceptables que les scĂ©narios qui parient sur d’importants dĂ©ploiements technologiques pour prĂ©server nos modes de consommation changer nos modes de vie, de consommation, de dĂ©placement n’est pas sans poser de question, mais les faire perdurer au prix de technologies lourdes soulĂšve Ă©galement tout un ensemble d’incertitudes aux yeux des citoyens. Cela rejoint l’idĂ©e d’aller au-delĂ  du terme d’acceptabilitĂ© pour mieux comprendre ce qui se joue derriĂšre ce terme la dĂ©sirabilitĂ© des scĂ©narios, leur faisabilitĂ© et enfin les conditions de rĂ©alisation nĂ©cessaires Ă  leur mise en Ces changements sont socialement injustes Cet argument s’inscrit dans la logique des critiques contre une Ă©cologie dite “punitive”. Elle s’appuie sur une forme de simplification la transition se ferait par principe au dĂ©triment des plus vulnĂ©rables, et notamment quand on cherche Ă  rĂ©orienter les comportements et les modes de vie. L’exemple de la taxe carbone, rĂ©el voir ces travaux qui montrent l’impact inĂ©galitaire et notre article sur la question, permet alors de disqualifier l’ensemble du projet de transition. – RĂ©ponses possibles –Des inĂ©galitĂ©s bien rĂ©elles
 mais le plus souvent indĂ©pendantes de la transition Encore une fois, cet argument a tendance implicitement Ă  rejeter sur les porteurs de la transition les inĂ©galitĂ©s et problĂšmes sociaux actuels. La crise des Gilets jaunes, qui a notamment mis en exergue la dĂ©pendance Ă  la voiture et la vulnĂ©rabilitĂ© aux prix du carburant problĂšme identifiĂ© par la recherche dĂšs les annĂ©es 2000-2010, avant que la taxe carbone ne soit mise en place, le mal-logement et la lutte contre les passoires Ă©nergĂ©tiques voir le collectif RĂ©novons, et l’alimentation avec les enjeux de prĂ©caritĂ© et d’insĂ©curitĂ© alimentaire qui touchent des millions de voir le rĂ©cent rapport de 7 sur la question montrent que nos sociĂ©tĂ©s sont dĂ©jĂ  tiraillĂ©es par des inĂ©galitĂ©s et des souffrances sociales. Le premier vecteur d’inĂ©galitĂ©s n’est pas la transition, mais bien les politiques actuelles et ce que les politiques passĂ©es ont créé. Dans ce contexte, s’il est important de s’interroger sur les potentiels impacts nĂ©gatifs de la transition, celle-ci peut aussi ĂȘtre vue comme une source de solutions. De fait, , les travaux de recherche sur les modes de vie durables et les propositions associĂ©es adoptent de plus en plus une approche mettant au cƓur de leur rĂ©flexion les enjeux de justice sociale, d’équitĂ© et d’égalitĂ©. Ils partent du principe qu’il faut s’assurer des besoins de base pour tous avec les concepts de social floor », de basic needs », de social threshold », qui dessineraient un cadre vecteur de progrĂšs pour les plus modestes. Ces travaux pointent Ă©galement que les efforts les plus importants seront certainement du cĂŽtĂ© de ceux qui aujourd’hui ont les revenus les plus Ă©levĂ©s et de facto consomment plus et Ă©mettent plus. Le cas de l’avion est emblĂ©matique car une minoritĂ© de la population reprĂ©sente la majoritĂ© des vols, ce qui fait qu’une mesure comme une taxe qui croĂźt avec la frĂ©quence de vol impacterait avant tout les plus aisĂ©s. Pour un bon rĂ©sumĂ© de ce que dit la recherche sur la question de l’équitĂ© dans la transition des modes de vie, voir cet nouveaux cadres d’actions publiques Ă  construire Penser la transition de maniĂšre Ă  ce qu’elle n’impacte pas les plus vulnĂ©rables et qu’elle soit au contraire un progrĂšs social est Ă©videmment essentiel et peut aussi ĂȘtre explorĂ© au niveau sectoriel. Concernant l’agriculture et l’alimentation, il faut Ă  la fois penser les Ă©volutions des filiĂšres, le revenu des agriculteurs et les mĂ©nages les plus contraints, ce qui implique d’anticiper les politiques publiques nĂ©cessaires. Sur cet exemple, des solutions existent et peuvent ĂȘtre mises en place. Ce n’est donc pas un dĂ©fi philosophies d’action pour assurer l’accessibilitĂ© Ă©conomique d’une alimentation saine et durable. Blog IDDRIAu-delĂ  des idĂ©es reçuesIl est Ă©galement crucial d’aller au-delĂ  des idĂ©es reçues entourant ces questions d’inĂ©galitĂ©s. Par exemple, contrairement Ă  une vision oĂč l’alimentation durable serait l’apanage de publics aisĂ©s et diplĂŽmĂ©s, on observe que les publics modestes expriment un intĂ©rĂȘt pour une alimentation saine, de qualitĂ© et durable et ne sont pas absents des tendances de consommation, comme celle du bio. L’enjeu crucial se situe donc davantage dans le besoin d’inclusion et de cohĂ©sion dans la façon de concevoir, prĂ©senter et mener le projet de transition, ce qui peut prendre des formes trĂšs concrĂštes notamment au niveau local voir par exemple le projet Territoires Ă  vivres » . Enfin, encore une fois, il faut faire attention au deux poids, deux mesures » personne, par exemple, ne s’est alarmĂ© du potentiel surcoĂ»t impliquĂ© pour les mĂ©nages modestes par le dĂ©veloppement rapide de la 5G, alors que la tĂ©lĂ©phonie mobile est aujourd’hui un prĂ©requis pour ĂȘtre inclus dans la vie sociale, Ă©conomique, professionnelle pour tout un chacun, y compris pour les plus contraints financiĂšrement. C’est parce que nous sommes habituĂ©s Ă  cette course Ă  l’innovation, parce que les changements de nos modes de vie liĂ©s au numĂ©rique ont Ă©tĂ© incitĂ©s et dĂ©ployĂ©s par une multitude d’actions des acteurs publics et privĂ©s voir La numĂ©risation du monde, F. Flipo, 2021 que cette dynamique du numĂ©rique ne pose pas de problĂšmes d’inĂ©galitĂ©s sont cruciaux et de nombreux travaux cherchent Ă  les rĂ©soudre dans le cadre de la transition, cette question ne peut se rĂ©sumer Ă  l’idĂ©e d’une â€œĂ©cologie punitive”, clivage que les français sont prĂȘts Ă  Cela menace nos libertĂ©sLes mesures Ă©cologistes vont restreindre nos capacitĂ©s Ă  consommer, Ă  nous dĂ©placer. Ce sont des intrusions inacceptables dans notre vie privĂ©e. On retrouve ici les termes de Khmer verts, de dictature Ă©cologique
– RĂ©ponses possibles –Libres
 dans un cadre trĂšs contraintCommençons par un paradoxe tout le monde est libre mais tout le monde fait la mĂȘme chose ! ». Dit autrement, nos vies sont largement rĂ©gies par des cadres qui organisent et structurent fortement nos vies infrastructures, offres de produits et de services, organisation du temps, normes sociales et imaginaires, rĂ©glementations
 C’est d’ailleurs ce qui explique qu’il y a une importante rĂ©gularitĂ© de nos modes de vie on parle ainsi de mode de vie occidental, français ou pĂ©riurbain par exemple. Cela ne veut pas dire que chacun ne trouve pas un peu de marge de manƓuvre pour dĂ©velopper son propre style de vie, mais cela se traduit dans un cadre partagĂ© prĂ©pondĂ©rant, qui relativise l’idĂ©e d’une totale libertĂ© de nos modes de plus, la libertĂ© considĂ©rĂ©e dans ces discours est avant tout celle de consommer, or ce n’est qu’une de nos libertĂ©s. Évidemment les dĂ©bats soulevĂ©s par la crise sanitaire et les mesures impactant nos libertĂ©s, comme ceux concernant la libertĂ© de la presse dans un contexte de concentration Ă©conomique ce qui a motivĂ© une commission d’enquĂȘte du SĂ©nat, plaident pour avoir une vue d’ensemble sur la prĂ©servation de nos libertĂ©s. Pensons notamment au travail de François Sureau sur nos libertĂ©s publiques. Voir ici l’ensemble des dessins reprĂ©sentant les 12 discours de l’inaction climatiquePar ailleurs, notre libertĂ© de consommer elle-mĂȘme est bridĂ©e par l’offre existante aujourd’hui personne n’est libre d’acheter une voiture low cost sans Ă©lectronique, elle n’est tout simplement pas produite ; on ne peut pas non plus se passer des outils numĂ©riques ; et faire rĂ©parer les objets de son quotidien n’est pas toujours possible. Elle est aussi orientĂ©e par la publicitĂ©, qui nous enferme dans des stĂ©rĂ©otypes et des reprĂ©sentations datĂ©es et nous dĂ©peint un imaginaire que nous ne sommes en moyenne pas en capacitĂ© d’acheter. Qu’il s’agisse du marronnier des “sports d’hiver”, largement couverts par les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s alors mĂȘme que seuls 10% de la population les pratiquent, de l’idĂ©al de la maison individuelle ou de l’achat d’une voiture neuve
 Quelles sont les marges de manƓuvre et les libertĂ©s des Françaises et Français, et notamment ceux ayant des revenus modestes, pour se conformer aux reprĂ©sentations vĂ©hiculĂ©es dans la publicitĂ© et les mĂ©dias ? Changer ces reprĂ©sentations de maniĂšre cohĂ©rente avec les crises environnementales est un enjeu essentiel et cette Ă©volution n’implique pas forcĂ©ment une perte de libertĂ© voir par exemple le rĂ©cent rapport EPE. Et rappelons que la publicitĂ© dispose de moyens trĂšs importants, bien supĂ©rieurs Ă  ceux des politiques publiques dont on questionne pourtant l’aspect liberticide. En 2014 par exemple, le budget de communication publique sur la nutrition et la santĂ© s’élevait Ă  4 millions d’euros quand l’investissement du secteur de l’alimentation dans les mĂ©dias atteignait 2,4 milliards d’euros, qui plus est fortement orientĂ©s vers la publicitĂ© des aliments pauvres, nutritivement dĂ©conseillĂ©s par ce programme. Dans le secteur automobile, au niveau mondial, c’est plus de 35 Md$ qui sont dĂ©pensĂ©s en publicitĂ©, dont 5 Md$ au total pour la France, l’Allemagne et la le dire de maniĂšre directe aujourd’hui personne n’est libre d’avoir une vie sobre car appartenir Ă  la sociĂ©tĂ© nĂ©cessite la consommation de certains biens et services indispensables communiquer, se dĂ©placer
 et car l’organisation qui produit ces biens et services n’est pas nos histoires collectivesL’évolution de nos normes sociales relativise Ă©galement en partie ce questionnement sur notre libertĂ© de dĂ©sirer et de choisir. Les normes sociales actuelles, fruits de l’histoire et de conventions, sont autant un ciment de notre vie collective que des contraintes sur nos pratiques quotidiennes ex. “un bon repas de famille doit inclure de la viande” ; “une personne respectable ne se dĂ©place pas en vĂ©lo”. On peut de ce fait voir la transition vers de nouveaux modes de vie comme une redĂ©finition collective de ce qui est dĂ©sirable et positif[2], chose que l’humanitĂ© fait en permanence, de maniĂšre plus ou moins explicite. Comme Y. N. Harari l’explique, le propre de l’humanitĂ© est de croire collectivement dans les histoires qu’elle se raconte, et ces histoires le fait de concĂ©der, Ă  l’Etat et Ă  nos concitoyens, une part de nos libertĂ©s dans le cadre d’un contrat social est le ciment de nos vies collectives. C’est d’ailleurs un des rĂ©sultats de l’enquĂȘte ADEME sur les modes de vie menĂ©e dans la prospective “Transitions 2050” les citoyens interrogĂ©s perçoivent bien l’enjeu de la rĂ©duction de la libertĂ© de consommer. Mais, pour eux, la consommation n’est pas la pratique cardinale derriĂšre l’idĂ©e de libertĂ©. In fine, ce qui compte le plus Ă  leurs yeux relĂšve de l’organisation de la vie sociale, tout particuliĂšrement de la prise en charge des inĂ©galitĂ©s et de la capacitĂ© Ă  influer sur son futur ou celui de son territoire. La transition Ă©cologique rĂ©actualise le besoin de se poser ces questions que sommes-nous prĂȘts Ă  donner et Ă  recevoir, en termes de droits et de devoirs, dans le cadre d’un nouveau contrat social nous permettant de rester dans les limites de la planĂšte ? Et que deviendraient nos libertĂ©s dans un monde frappĂ© par un lourd changement climatique ?4. La puissance publique n’est pas lĂ©gitime pour agir sur nos modes de vieSelon cet argument, la puissance publique sortirait de son rĂŽle en cherchant Ă  transformer nos modes de vie pour la transition. Cela irait Ă  l’encontre de l’idĂ©e d’un individu libre et responsable. Dans un contexte Ă©conomique mondialisĂ©, marquĂ© par des discours sur la rĂ©gulation par le marchĂ© lui-mĂȘme, l’action de la puissance publique Ă©tatique serait Ă©galement inadaptĂ©e. – RĂ©ponses possibles –Un rĂŽle lĂ©gitime de chef d’orchestre de la vie collectiveCet argument peut constituer un obstacle ou une excuse Ă  l’inaction pour les dĂ©cideurs politiques. Prenons l’exemple de l’agriculture Ă©tant donnĂ© que la puissance publique n’est pas lĂ©gitime pour agir sur la demande de viande ou n’en est pas capable, une politique de rĂ©duction de la production de viande ne serait pas souhaitable car elle conduirait Ă  renforcer des importations moins disantes sur le plan environnemental la demande restant fixe. Cet argument, qui dĂ©lĂ©gitime l’action sur la demande, devient bloquant pour mettre en Ɠuvre l’évolution de l’ la section prĂ©cĂ©dente “Cela menace nos libertĂ©s”, nous expliquions que les cadres collectifs sont prĂ©pondĂ©rants pour organiser nos modes de vie. La puissance publique, et en particulier l’État, n’est pas le seul acteur Ă  agir sur ce cadre de rĂ©fĂ©rence, qui est mĂ» par l’ensemble des acteurs de la vie sociale entreprises, mĂ©dias – sociaux ou non –, mouvements citoyens, artistes, acteurs financiers, etc. Mais elle y joue un rĂŽle particulier, celui de chef d’orchestre, en tant que garante de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et du vivre ensemble ». Ainsi, une politique publique par dĂ©finition vient encadrer les pratiques ou les modes de vie afin de permettre Ă  un groupe d’individus de vivre la puissance publique est lĂ©gitime Ă  agir sur les modes de vie, la question de son pĂ©rimĂštre d’intervention est un objet constant de dĂ©bat dans les sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques, et ne doit pas ĂȘtre interrogĂ©e de façon hors sol », mais contextualisĂ©e ce qu’on va considĂ©rer comme Ă©tant une action publique lĂ©gitime dĂ©pend des convictions et des valeurs de chaque citoyen, mais aussi des principes au nom desquels l’État justifie son intervention dans tel ou tel champ et des modalitĂ©s d’action quelles politiques publiques sont mises en Ɠuvre. DĂ©battre des façons d’agirCe sont donc autant les fins que les moyens qui peuvent ĂȘtre objets de discussion. Le tableau ci-dessous rĂ©pertorie 8 philosophies pour agir sur les modes de vie, auxquelles sont associĂ©es une diversitĂ© de parti pris idĂ©ologiques, qui se traduiront ensuite dans les politiques mises en Ɠuvre. Cela nous semble ĂȘtre une base utile pour dĂ©battre dĂ©mocratiquement des moyens de mise en Ɠuvre de la transition. Par exemple, pour un mĂȘme enjeu par ex. la mobilitĂ©, les citoyens pourraient considĂ©rer qu’agir par la taxe carbone est moins acceptable qu’agir par la rĂ©glementation. Le dĂ©bat dĂ©mocratique, comme l’a illustrĂ© la Convention Citoyenne pour le Climat, est alors utile pour identifier les moyens d’actions qui paraissent lĂ©gitimes et dans les exemples historiquesUn retour historique est Ă©galement utile pour battre en brĂšche cette idĂ©e F. Trentmann dans sa magistrale histoire de la consommation montre que l’histoire regorge d’exemples d’intervention de l’Etat sur nos modes de consommation, que ce soit dans l’alimentation, nos pratiques d’épargne ex. incitation trĂšs forte Ă  l’épargne au Japon pendant le dĂ©veloppement post 2Ăšme guerre mondiale, notre mobilité  Aux États-Unis par exemple, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, l’État doit Ă©couler les surplus de son agriculture ; il dĂ©veloppe alors l’idĂ©e d’un bon repas pour tous les enfants, en tant que service public dĂ©livrĂ© Ă  l’école, et affecte ainsi directement des millions d’ de Nixon au pouvoir sonne la fin de ce dispositif la mesure est transformĂ©e en une seule aide aux plus pauvres, puis privatisĂ©e ; on s’éloigne alors de l’idĂ©e d’un repas sain, et les fruits et lĂ©gumes sont progressivement remplacĂ©s par produits plus gras, plus sucrĂ©s, prĂ©parant ainsi des gĂ©nĂ©rations de consommateurs Ă  ces pratiques alimentaires. Pour l’historien, l’État ne peut tout simplement pas dire je ne peux rien faire, le consommateur est souverain ».5. Il faut sauvegarder nos modes de vie actuelsCe discours renvoie Ă  l’idĂ©e selon laquelle nos modes de vie actuels seraient les plus progressistes et dĂ©veloppĂ©s qui soient. Il renvoie largement Ă  une reprĂ©sentation qui perçoit le dĂ©veloppement de notre sociĂ©tĂ© comme une trajectoire linĂ©aire, Ă©vidente, oĂč dĂ©veloppement Ă©conomique et social sont intimement liĂ©s au progrĂšs technique. Ainsi on va retrouver dans certains scĂ©narios l’idĂ©e que le fort dĂ©veloppement des solutions technologiques pour atteindre la neutralitĂ© carbone permettra de sauvegarder les modes de vie du dĂ©but du XXIĂšme siĂšcle. Cet argument repose implicitement sur l’idĂ©e que nous serions Ă  une sorte d’ñge d’or de nos modes de vie, et qu’ils mĂ©riteraient donc d’ĂȘtre prĂ©servĂ©s.– RĂ©ponses possibles –Serions-nous Ă  un Ăąge d’or des modes de vie ? Chacun, selon sa gĂ©nĂ©ration, a sa propre nostalgie d’une Ă©poque et d’un mode de vie en particulier, ce qui n’empĂȘche pas que les modes de vie Ă©voluent en permanence. L’évolution rĂ©cente la plus marquante est Ă©videmment la place que le numĂ©rique a pris dans notre vie quotidienne et dans l’organisation de la sociĂ©tĂ©. Communiquer, s’informer, se divertir, consommer, s’éduquer
 ont Ă©voluĂ© sur un laps de temps court. Aurions-nous dĂ» sauvegarder nos modes de vie d’avant le numĂ©rique ?Le fait de figer ainsi la sociĂ©tĂ© dans ses modes de vie actuels conduit Ă  tout faire reposer sur les changements technologiques et la transformation de l’économie pour atteindre la neutralitĂ© carbone. Ce raisonnement ignore donc le fait, bien Ă©tabli notamment par la sociologie des techniques, que l’évolution des technologies conduit inĂ©vitablement Ă  des changements de mode de vie la technique et le social Ă©tant interdĂ©pendants, ce sont des coĂ©volutions. Pensons Ă  la façon dont 70 ans de dĂ©veloppement automobile ont façonnĂ© nos territoires, notre rapport Ă  l’espace ex. je vis dans un espace pĂ©riurbain Ă©tendu connectĂ© par les infrastructures automobiles et au temps ex. “c’est Ă  combien de temps”, sous-entendu “en voiture”.Cela est aussi vrai avec l’évolution de nos systĂšmes Ă©conomiques nouveaux emplois, organisation du travail, place de l’État et du marché  par exemple, la rĂ©volution industrielle a conduit Ă  l’émergence d’une population ouvriĂšre nombreuse dans les villes, la transformation progressive du monde agricole chute du nombre de paysan, concentration des parcelles et une Ă©volution forte des paysages remembrement.Sur la pĂ©riode 1980-2000, la mondialisation et la numĂ©risation de l’économie ont entraĂźnĂ© une tertiarisation de l’économie française et une polarisation du marchĂ© du travail multiplication des formes d’emplois, une mĂ©tropolisation du territoire français et des pratiques de dĂ©placement accentuĂ©es dans les modes de vie valorisĂ©s avion, tgv, voyage dans une capitale europĂ©enne sur le week-end
.6. Nos modes de vie ne peuvent pas changerA ce discours de sauvegarde de nos modes de vie actuels peut s’ajouter celui qui veut que changer nos modes de vie est idĂ©aliste, voire tout bonnement impossible » cet argument joue sur un implicite frĂ©quent, l’impression de fixitĂ© de nos modes de vie. – RĂ©ponses possibles –Pourtant l’histoire rĂ©cente regorge de changements de modes de vie, prenons simplement quelques exemples. Certains de ces changements sont le fait de dĂ©cisions politiques Une circulaire du 8 aoĂ»t 1956, signĂ©e du ministre de l’Education nationale, relative aux boissons de table servies dans les internats et cantines scolaires», interdit la distribution d’alcool Ă  la cantine pour les enfants, une pratique jusqu’alors assez frĂ©quente. A la place, la consommation quotidienne de lait est expĂ©rimentĂ©e pour ses vertus nutritionnelles. Quand on connaĂźt, aujourd’hui, l’importance de l’enfance et de l’éducation dans la formation des habitudes alimentaires, ce type de mesure a inĂ©vitablement eu des effets de long loi du 13 juillet 1965 les femmes mariĂ©es peuvent occuper un emploi sans l’autorisation de leur Ă©poux et ouvrir un compte en banque en leur nom propre. Cela aura des implications majeures sur la fĂ©minisation de l’emploi[3], et in fine sur les modes de changements sont liĂ©s Ă  de nouvelles offres, qui rentrent dans nos pratiques de consommationLe dĂ©ploiement du smartphone, comme illustrĂ© par les courbes ci-dessous, modifiera profondĂ©ment et rapidement nos façons de communiquer, de nous informer, de champ de l’alimentation verra aussi les pratiques Ă©voluer au fur et Ă  mesure de la commercialisation de nouveaux produits et de changement dans les rythmes quotidiens la consommation de plats prĂ©parĂ©s a par exemple Ă©tĂ© multipliĂ© par 3 en 30 ans[4] dĂ©notant un changement dans notre rapport Ă  la prĂ©paration des repas et Ă  la changements sont plus systĂ©miques et sont la rĂ©sultante de nombreux autres changements dans la 1980 et 2008, les distances quotidiennes parcourues par les Français ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par 1,5[5]. Et la taille de nos grandes aires urbaines par entre 2000 et 2010[6]. C’est donc le cadre territorial et temporel concret des modes de vie quotidiens qui a fortement Ă©voluĂ© lors de ces derniĂšres dĂ©cennies. Ces illustrations visent simplement Ă  montrer la diversitĂ© des changements qui s’exercent en permanence sur nos modes de vie, pour une diversitĂ© de raisons et dans une diversitĂ© de directions. Bien d’autres encore pourraient ĂȘtre mobilisĂ©es. Cela n’est pas une preuve que nos modes de vie peuvent Ă©voluer assez vite pour faire face aux crises environnementales, mais c’est le signe que des rĂ©inventions sont toujours en cours et que la transition peut s’appuyer sur ces on sait que les changements sociaux ne sont pas totalement linĂ©aires il existe des points de bascule voir l’article Bon Pote qui peuvent accĂ©lĂ©rer les changements, comme rappelĂ© par le rĂ©cent rapport du GIEC[7]. Par exemple, une fois que la population possĂšde une certaine proportion de smartphone, des effets de rĂ©seaux[8] font que son usage est de plus en plus facile, utile, nĂ©cessaire ce qui va pousser la suite de son La sobriĂ©tĂ© est un choix avant tout “idĂ©ologique”Cet argument vise Ă  discrĂ©diter une approche par la sobriĂ©tĂ© en la prĂ©sentant comme idĂ©ologique associĂ©e Ă  des valeurs subjectives et non scientifique lĂ  oĂč une approche perçue comme scientifique est issue d’un raisonnement rationnel basĂ© sur des faits. Une illustration est la critique des travaux de l’association nĂ©gaWatt leur hypothĂšse de sobriĂ©tĂ© proviendrait de leur opposition “idĂ©ologique” au nuclĂ©aire. Ainsi, dans une situation oĂč l’on produirait moins d’électricitĂ©, on serait obligĂ© de se serrer la ceinture » sur nos modes de vie.– RĂ©ponses possibles –Un concept ancien
Ce concept de sobriĂ©tĂ© a des racines anciennes, pouvant ĂȘtre spirituelles, religieuses et philosophiques et a connu une forme de renouveau dans la sociĂ©tĂ© moderne du fait des interrogations sur les impacts de la croissance Ă©conomique Cezard et Mourad, 2019 ; Guillard et Ben Kemoun, 2019. Il renvoie aux idĂ©es de tempĂ©rance, de modĂ©ration, de frugalitĂ©, comme sources de bonheur et d’émancipation. Quand il s’agit de penser la transition Ă©cologique, il est important d’avoir en tĂȘte que la sobriĂ©tĂ© concerne l’ensemble des systĂšmes, des filiĂšres et des organisations et non pas uniquement l’individu en bout de chaĂźne. Cette acception restrictive de la sobriĂ©tĂ© se rĂ©vĂšle inefficace l’individu se retrouve alors chargĂ© de mettre en Ɠuvre une logique de sobriĂ©tĂ© orthogonale au reste de la sociĂ©tĂ© fondĂ© sur l’abondance comme nous l’avons montrĂ© plus haut imaginaire de la publicitĂ©, organisation des chaines de valeur peu adaptĂ©e Ă  l’émergence d’offre sobre, modes de production et de recyclage, etc.. En termes concrets, on peut dĂ©finir la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique comme le fait de rĂ©duire les besoins en Ă©nergie en changeant les pratiques ou les habitudes, en changeant la façon de rendre le service Ă  tous les niveaux de la sociĂ©tĂ©. La sobriĂ©tĂ© consiste Ă  interroger le besoin ex. combien de m2 de logement par habitant ou de taille de voiture ou de changer la façon de rendre le mĂȘme service ex. augmenter la part de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, changer le mode de transport. L’idĂ©e est, dans la mesure du possible, de chercher Ă  rĂ©duire Ă  la source le besoin de mobiliser des ressources ou des Ă©quipements techniques. Cette Ă©tape amont est complĂ©mentaire des efforts d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, qui cherche elle Ă  amĂ©liorer la capacitĂ© des Ă©quipements techniques Ă  rendre leur service tout en minimisant leur consommation d’énergie ex. un moteur de voiture moins consommateur de carburant pour une mĂȘme puissance.
de plus en plus mis en avant par la communautĂ© scientifiqueLes analyses scientifiques globales pointent de plus en plus le besoin de sobriĂ©tĂ© le rapport du GIEC soulignait dĂ©jĂ  qu’agir pour une low demand », en complĂ©ment de l’efficacitĂ© facilitait l’atteinte des objectifs climatiques et l’indĂ©pendance Ă  des technologies incertaines de captation du carbone. Et de plus en plus de travaux de prospective cherchent Ă  intĂ©grer les changements de modes de UNEP Gap Report de 2020 soulignait Ă©galement ce besoin d’aller vers des modes de vie plus sobres. Le rĂ©cent rapport du GIEC renforce encore ce constat en mettant en avant l’impact global d’attĂ©nuation que pourraient avoir les actions sur la demande[9].Cette thĂ©matique prend une place croissante dans la recherche le rĂ©seau Enough regroupe les scientifiques europĂ©ens qui travaillent sur ces questions et recense une littĂ©rature de plus en plus abondante sur le sujet, avec notamment beaucoup de travaux rĂ©cents cherchant Ă  identifier les conditions d’une bonne vie » la prĂ©servation de l’ensemble des bĂ©nĂ©fices sociaux clĂ©s dans les limites de la planĂšte. La sobriĂ©tĂ© fait partie des options privilĂ©giĂ©es pour une raison principale la multiplicitĂ© des crises environnementales climat, biodiversitĂ©, ressources
 telle que reprĂ©sentĂ©es par le cadre des limites planĂ©taires combinĂ©e Ă  la lenteur des progrĂšs actuels fait que l’ampleur des changements Ă  mettre en Ɠuvre est de plus en plus grande et exigeante, nĂ©cessitant de considĂ©rer tous les leviers possibles. Cette figure issue du rĂ©sumĂ© pour dĂ©cideur du rĂ©cent rapport du GIEC dĂ©crit les actions possibles sur la demande, incluant donc des leviers de sobriĂ©tĂ©, et leurs potentielsLa notion de sobriĂ©tĂ© recouvre deux faces, qui ne sont pas contradictoires mais au contraire complĂ©mentaires. D’une part, ce qui est de l’ordre de l’idĂ©ologie, plongeant dans nos racines religieuses et philosophiques, dont l’encyclique Laudato Si est un bon exemple rĂ©cent. Cette approche ne devrait pas ĂȘtre perçue comme un refus du progrĂšs technique mais comme une invitation Ă  s’interroger sur les sources du bien-ĂȘtre humain et de l’émancipation. D’autre part, ce qui est de l’ordre scientifique et rationnel. Dans cette derniĂšre perspective, il est nĂ©cessaire de rechercher toutes les solutions nĂ©cessaires pour limiter les crises environnementales, la sobriĂ©tĂ© faisant partie de cet Ă©ventail de solutions. Quelques soient les solutions technologiques mobilisĂ©es pour produire de l’énergie ou se dĂ©placer par exemple, rĂ©duire la demande amont est une stratĂ©gie pertinente pour rĂ©duire les impacts l’idĂ©e derriĂšre la sobriĂ©tĂ© n’est pas aussi marquĂ©e idĂ©ologiquement que certains le prĂ©sentent un article scientifique de psychologie montre qu’un discours climatique orientĂ© sur la rĂ©duction du gaspillage fonctionne avec les publics conservateurs et rĂ©sonne avec leurs valeurs. Voyons la sobriĂ©tĂ© comme une politique anti-gaspillage gĂ©nĂ©ralisĂ©e !8. La responsabilitĂ© individuelle devrait ĂȘtre mise en avant Cet argument met en avant la responsabilitĂ© individuelle des consommateurs pour rĂ©orienter leurs comportements et ainsi l’ensemble de l’économie. Si ces changements s’avĂšrent impossibles, c’est Ă  cause des contradictions et incohĂ©rences des individus d’un cĂŽtĂ© des sondages et baromĂštres rĂ©vĂšlent leurs prĂ©occupations et leurs aspirations Ă  des modes de vie et de consommation plus durables ; mais de l’autre les actes ne suivent pas dans les choix de mobilitĂ©, d’alimentation ou de consommation durable. Cet Ă©tat de fait peut constituer une forme d’excuse Ă  l’inaction pour les dĂ©cideurs publics et privĂ©s, qui se disent incapables d’agir dans ce contexte.– RĂ©ponses possibles –Les baromĂštres successifs menĂ©s par l’Ademe le montrent, les Français sont conscients de la nĂ©cessitĂ© de changements de modes de vie et prĂȘts Ă  cela. D’autres sondages, menĂ©s au niveau international, identifient Ă©galement la volontĂ© d’une partie significative[10] de la population Ă  mettre en Ɠuvre des changements. Toutefois ces dĂ©clarations d’intention ne se retrouvent pas forcĂ©ment dans les actes. Comme l’observaient les auteurs d’une Ă©tude du Behavioural Insight Team “two-thirds of people want to consume less, and consume more sustainably, and yet most fail to act on this expressed preference”. Certains scientifiques interprĂštent ce dĂ©calage comme un value-action-gap” et explorent les mĂ©canismes psychologiques individuels associĂ©s. Leurs rĂ©sultats indiquent que la communication Ă  l’égard du public, afin de renforcer la prise de conscience sur les changements liĂ©s Ă  la transition, a des limites, car l’intention ne dĂ©clenche pas forcĂ©ment l’action. Lamb et al. 2020 dĂ©cryptent les risques politiques de ce discours sur l’individualisme qui rĂ©oriente l’action climatique des solutions systĂ©miques vers des actions individuelles, comme rĂ©nover sa maison ou conduire une voiture plus efficace ». Pour ces auteurs, le problĂšme est que ce discours rĂ©duit l’espace de solution aux choix de consommation personnels, en occultant le rĂŽle des acteurs et organisations puissants qui façonnent ces choix et gĂ©nĂšrent des Ă©missions de combustibles fossiles ». En orientant les responsabilitĂ©s vers les seuls individus, ce discours risque ainsi de retarder l’action. Et ce d’autant plus que l’analyse par la responsabilitĂ© individuelle a des limites et peut avoir des consĂ©quences politiques nĂ©fastes. Les sciences humaines et sociales expliquent bien comment nos modes de vie et de consommation sont dĂ©pendants de schĂ©mas collectifs mes choix d’alimentation ou de mobilitĂ© sont dĂ©pendants des normes sociales de mon groupe qui est ce qui dĂ©sirable, valorisĂ© socialement autour de moi et Ă©galement de l’offre concrĂšte qui m’est accessible quotidiennement ; mon imaginaire de consommation basĂ© sur l’abondance est nourri par la publicitĂ© et plus largement par l’idĂ©al de progrĂšs au centre de nos sociĂ©tĂ©s. Cet Ă©cart n’est pas irrationnel et ne relĂšve en aucun cas uniquement de biais de raisonnement infrastructure, acteurs privĂ©s et institutionnels qui montrent l’exemple, normes sociales
Des actions collectives sont nĂ©cessaires pour combler cet Ă©cart, et le rĂ©cent rapport du GIEC rappelle la responsabilitĂ© des entreprises et des pouvoirs publics dans la mise en Ɠuvre des infrastructures indispensables Chapitre 5, WG III. Par ailleurs, les individus ne sont pas que des consommateurs, ce sont des citoyens en attente de solution Ă©quitable et de partage juste des efforts c’est ce qui ressort en condition n°1 de changement de mode de vie du baromĂštre Ademe. C’est aussi le travail des 150 citoyens de la Convention Citoyenne qui a justement consistĂ© Ă  dĂ©crire un ensemble de politiques publiques, agissant Ă  tous les niveaux, permettant de mener une action ambitieuse et acceptable. 9. Cela nous mĂšnera vers la dĂ©croissance et c’est la fin de la prospĂ©ritĂ©Cet argument consiste Ă  dire que mĂȘme si les changements de modes de vie vers la sobriĂ©tĂ© Ă©taient possibles, ils ne seraient pas souhaitables, voire dangereux, du fait de l’impact nĂ©gatif sur la croissance Ă©conomique et donc sur notre prospĂ©ritĂ©. Moins consommer et moins produire, c’est automatiquement moins de ressources Ă©conomiques pour financer nos systĂšmes sociaux et notre prospĂ©ritĂ©. On trouve le reflet de cet argument dans les injonctions contradictoires que reçoivent les individus. Par exemple, Ă  l’éloge de la sobriĂ©tĂ© lors du 1er confinement a succĂ©dĂ© dĂšs la rentrĂ©e un appel Ă  consommer l’épargne mise de cĂŽtĂ© pour relancer l’économie, car celle-ci repose en effet en partie sur la consommation des mĂ©nages. C’est bien en pensant conjointement les changements de modes de vie et les cadres politiques et Ă©conomiques de nos sociĂ©tĂ©s que l’on peut rĂ©ellement mener la transition. – RĂ©ponses possibles –Cette controverse est majeure et Ă©videmment trĂšs vaste et il n’est pas question de tenter de la trancher ici mais essayons de montrer Ă  minima que cela ne devrait pas ĂȘtre un Ă©lĂ©ment bloquant Ă  la mise en place de la transition des modes de de quoi ? ProspĂ©ritĂ© pour qui ? La premiĂšre question concerne Ă©videmment la nature de ce qui doit dĂ©croitre et les implications sur la prospĂ©ritĂ©. Depuis l’important ouvrage de T. Jackson, ProspĂ©ritĂ© sans croissance », de nombreux travaux scientifiques ont explorĂ© la possibilitĂ© de rĂ©duire la consommation de ressources matĂ©rielles et Ă©nergĂ©tiques tout en conservant de bonnes conditions de vie et de bien-ĂȘtre. Deux principes expliquent cette possibilitĂ© 1 au-delĂ  d’un certain seuil, la consommation n’apporte plus ou peu de bien-ĂȘtre supplĂ©mentaire et c’est notamment le cas dans les pays dĂ©veloppĂ©s idĂ©e de rendement dĂ©croissant ou de saturation du besoin ; 2 ce qui apporte du bien-ĂȘtre ce sont les services rendus un service de mobilitĂ©, un service d’alimentation et non les ressources directement, or il est possible de rendre les mĂȘmes services avec plus de sobriĂ©tĂ© et d’efficacitĂ© et donc moins de ressources naturelles prĂ©levĂ©es. Le rĂ©cent rapport du Giec, en s’appuyant sur tous ces travaux scientifiques, estime donc que les actions sur la demande et donc nos modes de vie et de consommation sont cohĂ©rentes avec le fait d’amĂ©liorer le bien-ĂȘtre de base pour tous “Demand side mitigation response options are consistent with improving basic wellbeing for all.high confidence” SPM Ce rapport indique Ă©galement que les politiques de sobriĂ©tĂ© sont un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter de la demande pour l’énergie, les matĂ©riaux, le sol et l’eau tout en dĂ©livrant du bien-ĂȘtre humain pour tous dans les limites de la planĂšte. Il semble donc exister un espace des possibles combinant dĂ©croissance de la consommation d’énergie et de ressources naturelles et prospĂ©ritĂ©, qu’il reste Ă©videmment Ă  explorer et Ă  la croissance Ă©conomique alors ? Rappelons que le PIB, s’il est la boussole de nos politiques, n’est pas l’indicateur le plus adĂ©quat pour comprendre la rĂ©partition des richesses, le dĂ©veloppement ou le bien-ĂȘtre humain. Il s’agit lĂ  d’un consensus bien Ă©tabli dans les sciences humaines et sociales. Cela implique d’une part de se prĂ©occuper davantage du contenu rĂ©el de la croissance Ă©conomique, comme la rĂ©cente analyse des scĂ©narios Transitions 2050 de l’ADEME le souligne. D’autre part, de plus en plus de travaux s’intĂ©ressent au bien-ĂȘtre ou Ă  d’autres indicateurs alternatifs de prospĂ©ritĂ© dans leurs analyses des limites planĂ©taires voir par exemple la “doughnut economy” de K. Raworth. Dans le mĂȘme temps, cela n’évacue pas totalement la question de la croissance Ă©conomique car comme le notait avec malice T. Jackson 2017 “in an economy that is founded on growth, growth is essential for stability” mĂȘme si elle n’est pas l’alpha et l’omega de notre prospĂ©ritĂ©, la croissance Ă©conomique est un pilier des sociĂ©tĂ©s que nous avons construit autour d’elle. Cela conduit ainsi Ă  la question de la capacitĂ© des pays dĂ©veloppĂ©s Ă  dĂ©coupler », c’est-Ă -dire Ă  concilier une baisse forte de leurs Ă©missions et consommations de ressources naturelles avec une croissance de leur activitĂ© Ă©conomique mesurĂ©e par le PIB. Aujourd’hui il est trĂšs incertain qu’un dĂ©couplage Ă  un rythme suffisant pour rester dans les limites de la planĂšte soit suffisant, ce qui questionne le narratif de la croissance verte » voir l’analyse dĂ©taillĂ©e des conclusions du GIEC de T. Parrique. Dans le mĂȘme temps, de nombreux acteurs travaillent pour identifier comment obtenir les fruits de la croissance Ă©conomique stabilitĂ© sociale, rĂ©silience sociale, emploi sans que la croissance en tant que telle continue d’ĂȘtre une boussole de l’action publique voir ce rĂ©cit de Zoe Institute.Que faire ? Accepter les incertitudes sur le futur de la croissance Ă©conomique et agir dĂšs aujourd’hui. Il est important d’avoir en tĂȘte qu’indĂ©pendamment des changements pour faire face Ă  la crise environnementale, il y a des incertitudes sur la croissance Ă©conomique future et il faut de toute façon nous y prĂ©parer, notamment pour prĂ©server notre systĂšme social. Cela passe par davantage d’arbitrages politiques dans le partage des fruits de notre activitĂ© Ă©conomique. L’échange entre S. Hallegate et J. Hickel, le premier un tenant de la croissance verte et le second un dĂ©fenseur de la dĂ©croissance entendue comme “a planned reduction of aggregate resource and energy use in high-income nations designed to bring the economy back into balance with the living world in a safe, just and equitable way”, est Ă©galement riche d’enseignements sur les diffĂ©rentes positions dans ce dĂ©bat et permet de montrer les points de dĂ©saccords mais aussi les points d’accords sur lesquels s’appuyer pour agir dĂšs Ă  prĂ©sent pour mener la transition, sans devoir attendre d’avoir totalement tranchĂ© ces dĂ©bats en partie thĂ©oriques. La rĂ©flexion par secteur peut aussi ĂȘtre trĂšs utile pour comprendre comment les choses peuvent Ă©voluer. Par exemple, dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, la dĂ©croissance en quantitĂ© n’implique pas forcĂ©ment une baisse en valeur globale la logique moins mais mieux » cherche par exemple Ă  mettre en avant l’idĂ©e de consommer moins de viande mais mieux produite et donc plus Les solutions technologiques vont rĂ©soudre les crises environnementales Cet argument consiste tout simplement Ă  Ă©carter le besoin de faire Ă©voluer nos modes de vie sur la base d’un optimisme technologique ». Cette idĂ©e reçue a trois variations, qu’il est important d’identifier celle qui voudrait que les enjeux Ă©nergĂ©tiques et environnementaux soient uniquement des sujets techniques, ce qui implique qu’ils n’auraient pas Ă  ĂȘtre dĂ©battus collectivement ; celle qui survalorise la place de la technique comme levier pour rĂ©soudre les dĂ©fis Ă©cologiques considĂ©rant qu’il est inutile, voire idĂ©ologique de questionner les transformations de nos modes de vie actuels ; celle qui sous-entend que l’innovation technique est forcĂ©ment consensuelle, bĂ©nĂ©fique, et ne soulĂšve pas de controverses, a l’inverse d’autres leviers de transition de la sociĂ©tĂ©.– RĂ©ponses possibles –Un changement technique ne va pas sans changement social ! C’est un biais trĂšs courant de penser que l’un et l’autre sont sĂ©parĂ©s, mais il n’existe pas de changement technique sans changement social. De nombreux travaux en sciences humaines et sociales ont dĂ©crit comment changements techniques et changements sociaux allaient de pair. Une chercheuse comme E. Shove a par exemple traitĂ© de ces liens de dĂ©pendances dans de nombreux travaux et sur de nombreux domaines. Prenons simplement l’exemple de l’automobile le dĂ©veloppement technique des vĂ©hicules et des infrastructures est allĂ© de pair Ă  des changements dans les territoires de vie accessibilitĂ© de zone pĂ©riurbaines et l’amĂ©nagement de nos villes, la façon de consommer dĂ©veloppement des centres commerciaux et la façon d’habiter maison individuelle, la reprĂ©sentation de la vitesse et du temps cette ville est Ă  20 min » sous-entendu de voiture mais aussi de ce qui est confortable et dĂ©sirable
 La prospective “Transitions 2050”, menĂ©e par l’ADEME autour des quatre scĂ©narios montre que quelque soit le chemin adoptĂ©, l’objectif de neutralitĂ© carbone implique autant des changements techniques que sociaux de grande ampleur que ce soit Ă  court comme Ă  moyen terme. Le paradoxe de l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tiqueDiffĂ©rents travaux montrent que les gains d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique ne conduisent pas nĂ©cessairement Ă  une rĂ©duction de la consommation d’énergie. C’est le cas des travaux historiques de Jevons sur l’usage du charbon au 19° siĂšcle il observe que plus l’on consomme de charbon, plus on est efficace dans son usage, ce qui permet de rĂ©duire sa consommation pour un processus en particulier
 et d’en dĂ©multiplier les usages et donc d’en consommer de plus en plus ! Plus rĂ©cemment, diffĂ©rentes dĂ©monstrations montrent que les gains d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique sans questionnement sur nos pratiques et nos besoins induisent un surcroĂźt de consommation d’énergie. Dans le secteur du numĂ©rique, la dynamique technologique a procurĂ© d’importants gains d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique Ă  chaque nouvelle gĂ©nĂ©ration d’équipements numĂ©riques et dans le traitement des donnĂ©es, c’est-Ă -dire qu’il Ă©tait possible de faire plus de choses avec la mĂȘme consommation d’énergie. NĂ©anmoins, les usages ont aussi explosĂ© en parallĂšle, que l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique seule ne permet pas de compenser. Autre exemple dans le bĂątiment les travaux d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique comme l’isolation et l’installation de systĂšme de chauffage performant n’impliquent pas toujours la baisse de consommation escomptĂ©e. Les sommes Ă©conomisĂ©es peuvent en effet ĂȘtre rĂ©investies, dans une tempĂ©rature de chauffage supĂ©rieure ou dans d’autres Ă©quipements permettant de rĂ©pondre aux canons du confort domestique. Dans l’automobile, les gains d’efficacitĂ© des moteurs s’accompagnent d’une croissance de la taille et du poids des vĂ©hicules. On peut retrouver d’autres formes d’effets rebonds dans la consommation de biens et services le fait de davantage mobiliser le marchĂ© de l’occasion pour revendre ses objets peut doper la consommation de produits l’analyse de B. Keller les gains trĂšs Ă©levĂ©s d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des datas centers n’ont pas permis de rĂ©duire la consommation totale qui reste constante, courbe verte mais de compenser la multiplication par plus de 10 des trafics. Source maĂźtriser ces effets rebond, il est nĂ©cessaire de se questionner, collectivement, sur nos besoins afin de rĂ©duire nos consommations matĂ©rielles et Ă©nergĂ©tiques, rĂ©flexion qui ne relĂšve pas du champ technique mais bien du champ dĂ©mocratique. Sans cette rĂ©flexion sur nos besoins, et leur modĂ©ration, qui s’apparente Ă  une dynamique de sobriĂ©tĂ©, il est probable que des effets rebond multiples nous feront perdre du temps au regard des dĂ©fis incertitudes quant aux solutions techniques par la communautĂ© scientifique et par les citoyensEnsuite, on trouve des incertitudes Ă  l’égard des solutions techniques elles sont Ă©mises tant par les scientifiques eux mĂȘme que par les citoyensDu cĂŽtĂ© des scientifiques d’abord, certaines promesses techniques aujourd’hui promues font l’objet de controverses sur leur capacitĂ© Ă  rĂ©duire de façon effective les Ă©missions carbone. Jusqu’oĂč pourrons-nous utiliser les technologies de carbon dioxide removal » sans impacter nĂ©gativement d’autres dimensions environnementales ex. impact sur les sols et la biodiversitĂ© quand cela repose sur l’usage de biomasse et sans autres impacts nĂ©gatifs voir le tableau des risques et impacts p96 du Technical Summary du GIEC ? La communautĂ© scientifique Ă©met Ă©galement des doutes sur la capacitĂ© Ă  rĂ©soudre les enjeux environnementaux associĂ©s aux modĂšles agro-alimentaires climat, biodiversitĂ©, pollution des eaux et des sols en se fondant uniquement sur des Ă©volutions d’ordre techniques changer les pratiques alimentaires semble indispensable pour rĂ©duire la pression planĂ©taire sur la biosphĂšre voir par exemple le travail de la commission Eat the Lancet ou le scĂ©nario TYFA. Du cĂŽtĂ© des citoyens Ă©galement, la rĂ©cente Ă©tude pilotĂ©e par l’ADEME autour des 4 scĂ©narios prospectifs “Transitions2050” montre que les scĂ©narios les plus technophiles soulĂšvent diffĂ©rentes inquiĂ©tudes de la part des citoyens. Par exemple, dans le scĂ©nario dans lequel le numĂ©rique et l’intelligence des objets serviraient Ă  rĂ©guler nos consommations, les citoyens Ă©mettent des craintes sur la gouvernance des donnĂ©es et sur la marchandisation qui en serait faite. Sur le sujet environnemental, les citoyens mettent Ă©galement en doute la capacitĂ© des innovations techniques seules pour rĂ©soudre les enjeux climatiques, soulĂšvent des risques de “fuite en avant”, de greenwashing. Il leur semble nĂ©cessaire de sortir de ces promesses techniques pour questionner tant leurs besoins que les valeurs souhaitables Ă  mettre au cƓur de la sociĂ©tĂ©, pour refonder un nouveau contrat social. GĂąteaumarbrĂ© ; Plaine des rĂ©gions tropicales. Petit tambour africain. Maison de haute-couture cĂ©lĂšbre pour ses foulards. Artistes indiens qui marchent sur les braises. Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ©. Dans ses romans, il a recherchĂ© le Temps perdu. DĂ©prĂ©cier quelqu'un jusqu'Ă  le rendre mĂ©prisable. Train qui fait PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE Les codirecteurs de l'OFFTA, Vincent de Repentigny et Jasmine Catudal, et une des crĂ©atrices, Monia Chokri. En marge du Festival TransAmĂ©riques, l'OFFTA propose de nouveau cette annĂ©e une Ă©dition consacrĂ©e Ă  la jeune crĂ©ation d'avant-garde en théùtre, en danse et en performance. Ce festival d'arts vivants se dĂ©roulera du 27 mai au 1er juin. Il met en scĂšne plusieurs artistes locaux ayant en commun une dĂ©marche qui privilĂ©gie le risque et le dĂ©cloisonnement des pratiques artistiques. Parmi les crĂ©ateurs qui font partie de la programmation de cette huitiĂšme prĂ©sentation, concoctĂ©e par les codirecteurs de l'OFFTA, Jasmine Catudal et Vincent de Repentigny, mentionnons Monia Chokri, RaphaĂ«lle de Groot, Navet Confit et Caroline Laurin-Beaucage. Les Ă©vĂ©nements sont prĂ©sentĂ©s dans 10 lieux du centre-ville. Une soirĂ©e de clĂŽture hors normes » se tiendra Ă  l'Ă©glise Sainte-Brigide de Kildare avec, entre autres, des performances d'Étienne Boulanger et de Julie-AndrĂ©e T. À noter, l'OFFTA offre des laissez-passer individuels qui donnent droit Ă  un accĂšs illimitĂ© Ă  tous les spectacles pour 60 $. Les laissez-passer et les billets de cette 8e Ă©dition sont en vente Ă  la billetterie centrale du OFFTA au Monument-National. Pour plus de renseignements Cinq Ă©vĂ©nements Ă  ne pas manquer MIXOFF Comme le nom l'indique, les MixOff invitent des artistes issus de diverses disciplines l'espace d'un happening » unique oĂč se rencontrent des univers et des sensibilitĂ©s artistiques. Le groupe indie-folk Dear Criminals s'associe donc Ă  l'actrice et cinĂ©aste Monia Chokri pour une foire agricole », Ă  l'occasion de la soirĂ©e d'ouverture, le 27 mai, au Monument-National, Ă  21 h. SOIRÉE QUI GOÛTE LE MAUVE La directrice artistique de Zone HoMa, Mellissa LariviĂšre, prĂ©sente SoirĂ©e qui goĂ»te le mauve, le 28 mai Ă  20 h, au Théùtre Aux Écuries. L'interprĂšte de formation veut dresser un portrait, un instantanĂ© », de ce qui Ă©merge de la jeune scĂšne montrĂ©alaise en danse, en théùtre et en performance. Avec Cube blanc, l'auteur et metteur en scĂšne Gabriel Plante tentera de nous reconnecter avec l'Autre et l'inaccessible ». Son oeuvre, Ă  mi-chemin entre le théùtre et les arts visuels, mise sur le talent et l'intĂ©gritĂ© » d'artistes provenant de milieux diffĂ©rents, dans le but de faire naĂźtre un nouveau langage. À La Licorne, les 28 et 29 mai, 18 h. PAN/POP/R FANTASMAGORIE SUR LÉON THÉRÉMINE Dans un presque Ă©quilibre communiste », une petite communautĂ© de six artistes Maxime Carbonneau, Navet Confit, Charles Dauphinais, Simon-Pierre Lambert, Mellissa LariviĂšre, Patrice Charbonneau-Brunelle dirige une biographie fantasmĂ©e d'un rĂ©volutionnaire. Pan/Pop/R Fantasmagorie sur LĂ©on ThĂ©rĂ©mine promet de secouer le théùtre La Licorne, les 30 et 31 mai, Ă  22 h. Mix Off 2 rĂ©unit l'auteur, performeur et pamphlĂ©taire Jacob Wren Hospitality et l'artiste visuelle RaphaĂ«lle de Groot pour une performance/vente-dĂ©barras qui se veut une rĂ©flexion sur la notion d'errance et de l'appartenance territoriale ». Ça se passe au Théùtre d'Aujourd'hui le 31 mai dĂšs 11 h.

Suivantla pensĂ©e de Gramsci, l’hĂ©gĂ©monie nĂ©olibĂ©rale est constituĂ©e autour de deux composantes normatives essentielles : la distribution et la reconnaissance (recognition 6).Dans le premier cas, la distribution reprĂ©sente la circulation du capital au sein d’une sociĂ©tĂ©, ce qui revient Ă  identifier qui peut lĂ©gitimement recevoir un salaire,

PubliĂ© le 13/07/2022 Ă  1552 Femmes accusĂ©es d'avoir collaborĂ© avec les nazis, Rennes, France, 1944. Avec l'aimable autorisation de Lee Miller Archives. Lee Miller Cet Ă©tĂ©, les Rencontres photographiques d'Arles font un focus sur les femmes photographes. Parmi elles, l'AmĂ©ricaine Lee Miller 1907-1977 trop longtemps enfermĂ©e dans son rĂŽle de muse, dĂ©voilĂ©e Ă  travers l'exposition Lee Miller - Photographe professionnelle». J'aime mieux prendre une photo qu'en ĂȘtre une !» La formule est de Lee Miller. Elle rĂ©sume sa vie qui est un roman d'aventures et fera, en 2023, le sujet d'un biopic rĂ©alisĂ© par l'AmĂ©ricaine Ellen Kuras avec au casting Marion Cotillard et Jude Law et, dans le rĂŽle de Lee Miller, l'Ă©nigmatique Kate Winslet. VoilĂ  qui va achever de rĂ©habiliter la carriĂšre de la photographe qui a longtemps Ă©tĂ© rĂ©duite au clichĂ© de muse surrĂ©aliste, cheveux courts Ă  la garçonne, long coup de cygne et corps de liane
 Antony Penrose, le fils qu'elle a eu avec le peintre Roland Penrose, s'Ă©tait fait rĂ©torquer par le Moma de New York, alors qu'il voulait rĂ©habiliter le travail de sa mĂšre, qu'elle Ă©tait seulement une note de bas de page dans la vie de Man Ray».À dĂ©couvrirSuri Cruise la petite fille gĂątĂ©e d'Hollywood, ou l'histoire d'une enfant diabolisĂ©e par les mĂ©diasÀ lire aussiChristoph Wiesner, directeur des Rencontres d'Arles, dĂ©voile une programmation en hommage aux femmes artistesGaĂ«lle Morel, commissaire de l'exposition Lee Miller, photographe professionnelle 1932-1945»* qui se dĂ©ploie dans l'espace Van Gogh, Ă  Arles, prend le contre-pied de cette remarque machiste et erronĂ©e, en se focalisant sur les annĂ©es oĂč elle n'Ă©tait plus avec son mentor, montrant son travail pour Vogue, le studio qu'elle a dirigĂ© Ă  New York et surtout ses photos de guerre dans les camps de concentration. Car si Lee Miller fut le mannequin rĂ©vĂ©lĂ© par CondĂ© Nast, Ă  New York, puis le modĂšle des photos solarisĂ©es de Man Ray, Ă  Paris, elle change de cap en chapeaux Pidoux avec marque de recadrage originale de Vogue Studio, Londres, Angleterre, 1939. Avec l'aimable autorisation de Lee Miller Archives. Lee MillerCorrespondante de guerreRetour Ă  New York oĂč elle devient photographe, ayant son propre studio gĂ©rĂ© avec son frĂšre Erik, tirant le portrait des acteurs de la bonne sociĂ©tĂ© et des artistes en vogue. C'est ainsi que commence l'exposition
 Sauf que l'itinĂ©raire de Lee est fait de ruptures, de foucades, d'engagements aussi. Les salons mondains, les toilettes chics ne l'intĂ©ressent plus. On est Ă  l'aube de 1944. Lee Miller devient une des cinq correspondantes de guerre et couvre le conflit pour Vogue , signant un premier reportage de 14 vous supplie de croire que tout ceci est vraiLee MillerAprĂšs la LibĂ©ration de Paris, elle suit l'avancĂ©e de troupes amĂ©ricaines en Allemagne, escortĂ©e de son complice, David E. Scherman, reporter du magazine Life. En avril 1945, elle dĂ©couvre le camp de concentration de Dachau. Lee Miller photographie, documente ces scĂšnes d'apocalypse, cadavres entassĂ©s devant les fours crĂ©matoires, survivants comme des squelettes en pyjamas rayĂ©s, accumulation d'ossements
 Ses photos de camps de concentration prĂ©sentĂ©es en regard de son activitĂ© de studio et de commande crĂ©ent la stupeur, la sidĂ©ration chez le visiteur. Le tĂ©lĂ©gramme qu'elle envoie Ă  Vogue, en marge de ses photographies, sera publiĂ© tel quel Je vous supplie de croire que tout ceci est vrai».Lee Miller, Photographe professionnelle 1932-1945», jusqu'au 25 septembre espace Van Gogh, Arles. À lire aussi Lola Lafon Si Anne Frank avait survĂ©cu, elle aurait racontĂ© les camps, et je ne suis pas sĂ»re qu'elle aurait eu le mĂȘme succĂšs...»Avec Quand tu Ă©couteras cette chanson, la romanciĂšre s'est approchĂ©e au plus prĂšs d'Anne Frank, qui rĂȘvait de devenir Ă©crivaine. Un regard neuf sur l'adolescente et un livre puissant oĂč Lola Lafon dĂ©noue aussi les fils de son histoire. Monica Sabolo J'avais besoin qu'un homme s'asseye en face de moi et reconnaisse la souffrance qu'il a causĂ©e»Dans son livre La Vie clandestine, l'auteure croise les flous de sa mĂ©moire personnelle et collective Ă  la clandestinitĂ© des membres d'Action Directe, Ă  la vie de son beau-pĂšre, Yves S., et au secret de l'inceste qu'il lui a fait subir de longues annĂ©es. Les variations dans l'espace-temps d'Arash HanaeiPremier laurĂ©at du programme BMW Art Makers, l'artiste Arash Hanaei repense l'architecture avec son exposition Hantologie suburbaine, prĂ©sentĂ©e lors des Rencontres d'Arles.
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Modede vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© Solution Cette page vous aidera Ă  trouver toutes les solution de CodyCross Ă  tous les niveaux. À travers les astuces et les solutions que vous trouverez sur ce site, vous pourrez transmettre chaque indice de Depuis toujours l'artiste dispose d'un statut particulier. Pas de privilĂšge mais une existence sociale lui confĂ©rant une place Ă  part...L'Art est le fruit d'une inspiration et d'un savoir-faire, produit d'une source impalpable, immatĂ©rielle et qui se veut indĂ©pendante. Cette individualitĂ© tire son existence d'une prĂ©disposition crĂ©atrice naturelle Ă©chappant Ă  tout contrĂŽle institutionnel. L'artiste est un individu qui, par dĂ©finition, peut se passer de la sociĂ©tĂ© pour maĂźtriser son sujet. Il impose aux yeux du public sa force crĂ©atrice et l'image qu'il veut transmettre et mĂȘme si son oeuvre trouve son inspiration dans l'environnement dans lequel elle est pensĂ©e et conçue, elle n'en demeure pas moins le fruit d'un concept individuel, voire Ă©goĂŻste lorsqu'elle provoque. Cette volontĂ© farouche qu'ont les artistes Ă  ne vouloir exister que par eux-mĂȘmes est en opposition avec ce que la sociĂ©tĂ© tente d'imposer aux dĂ©pendance au systĂšme facilite la gestion des imposant un rythme et un cap Ă  tous les individus, les pouvoirs politiques prennent en main les destinĂ©es, s'arrogeant ainsi les prĂ©rogatives qui servent surtout leurs intĂ©rĂȘts. Le peuple n'est prĂ©tendument important qu'en pĂ©riode Ă©lectorale. Les promesses ne sont jamais de l'aspect matĂ©riel qui, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, n'est pas sa prioritĂ©, l'artiste se trouve totalement dĂ©tachĂ© physiquement et parfois mĂȘme psychologiquement de la force crĂ©atrice devient un moteur, Ă©chappant Ă  tous contrĂŽles institutionnels et la popularitĂ© en est l'apothĂ©ose. Ce besoin vital de libertĂ© est profondĂ©ment inscrit dans les gĂšnes de l'artiste pour ce dernier, seule l'oeuvre a de l'importance. Nous connaissons les destins particuliers et souvent violents de nombreux crĂ©ateurs passĂ©s Ă  la postĂ©ritĂ©. A cet Ă©gard,jamais la sociĂ©tĂ© ne les a Ă©pargnĂ©s de leur vivant, les portant aux nues quelques annĂ©es aprĂšs leur mort. Ces destins souvent cruels mettent en exergue l'ambiguĂŻtĂ© de l'existence intermittents du spectacle sont probablement le reflet de notre Ă©poque et de ce qui se fait de pire en matiĂšre de dĂ©pendance castratrice. Victimes du nombre... manque d'autonomie existentielle... recherche d'une sĂ©curitĂ© matĂ©rielle en contradiction avec la vĂ©ritable Ăąme artistique... Non, certainement pas. De tous temps, l'art a fait des victimes. La sociĂ©tĂ© est impitoyable envers ceux qui ne rentrent pas dans le rang. L'artiste a l'obligation de rĂ©ussir par lui-mĂȘme si il veut survivre en prĂ©servant la puretĂ© de sa force magnifique "mission" que de provoquer l'Ă©motion. La sociĂ©tĂ© ne peut se passer des artistes ; ces gens bizarres qui font pousser des fleurs sur le bĂ©ton et habillent de couleurs vives la tristesse de notre quotidien. © TOUS DROITS RÉSERVÉS Modede vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© Solution est: B O H E M E « PrĂ©cĂ©dent Tout Grille 4 Solution Suivant » Sur CodyCross CodyCross est un cĂ©lĂšbre jeu nouvellement publiĂ© dĂ©veloppĂ© par Fanatee. Il a beaucoup de mots croisĂ©s divisĂ©s en diffĂ©rents mondes et groupes. Chaque monde a plus de 20 groupes avec 5 grille chacun.
Tour d'horizon de l’actualitĂ© littĂ©raire du moment Ă  la dĂ©couverte de 5 bons romans Ă  dĂ©vorer. Regardez-nous danser de LeĂŻla SlimaniAprĂšs avoir publiĂ© l’annĂ©e dernier Le Pays des autres , LeĂŻla Slimani poursuit sa saga marocaine en dĂ©voilant Regardez-nous danser. Si le premier livre relatait la rencontre, le mariage et l’installation d’une jeune Alsacienne sur les terres de son Ă©poux marocain, ce second tome dĂ©crypte, en particulier, l’évolution de ses enfants, nettement plus privilĂ©giĂ©s, mais toujours tiraillĂ©s entre deux cultures et visions du monde sur fond de pĂ©riode 68. Soit une Ă©popĂ©e familiale au cƓur d’un Maroc en plein bouleversement politico-social et qui dĂ©crit avec finesse, ses contradictions, ses couleurs, ses mƓurs, ses paysages, ses odeurs et sa danser de LeĂŻla SlimaniConnemara de Nicolas Mathieu Il avait dĂ©jĂ  remportĂ© le prix Goncourt avec Leurs enfants aprĂšs eux, Nicolas Mathieu revient cette annĂ©e avec Connemara. De son livre prĂ©cĂ©dent, on retrouve en exergue le Grand Est, mais aussi la question Ă©pineuse du dĂ©terminisme quand les rĂȘves d’adolescence se heurtent aux plafonds de verres sociaux et Ă  la rĂ©alitĂ© d’un monde capitaliste oĂč le tertiaire s'impose dans des milieux modestes. Entre passĂ© et prĂ©sent, d’ados boudeurs qui subissent les limites d’une rĂ©gion isolĂ©e, rĂ©veillĂ©s par leur dĂ©sir, aux adultes Ă  la vie familiale plus ou moins satisfaisantes. Les descriptions sont d'une justesse rare. Connemara de Nicolas Mathieu La fille de Deauville de Vanessa SchneiderLe dernier roman de Vanessa Schneider propulse les lecteurs au coeur de l'Ă©popĂ©e d'Action directe. Ce groupe terroriste communiste formĂ© dans les annĂ©es 80 qui multiplie alors les attentats, braquages et autres actes de terreur Ă  travers la France. Avec en particulier Ă  sa tĂȘte une jeune femme surnommĂ©e par la police la fille de Deauville », nĂ©e dans un quartier cossu, de sa tracte Ă  son arrestation. Ou comment raconter la violence de cette rĂ©volution utopiste, entre rĂȘves de libertĂ© et revanches sociales. Prenant. La fille de Deauville de Vanessa SchneiderNom de Constance DebrĂ© "J’ai un programme politique. Je suis pour la suppression de l’hĂ©ritage, de l’obligation alimentaire entre ascendants et descendants, je suis pour la suppression de l’autoritĂ© parentale, je suis pour l’abolition du mariage, je suis pour que les enfants soient Ă©loignĂ©s de leurs parents au plus jeune Ăąge". AprĂšs Play boy oĂč elle faisait son coming out et Love Me tender oĂč elle dĂ©cryptait son rapport Ă  l'amour maternel, Constance DebrĂ© dĂ©voile, ce printemps, Nom. Une autofiction toujours aussi engagĂ©e qui explore l'enfance et notre rapport compliquĂ© Ă  cette derniĂšre. Si l'on est pas toujours d'accord sur tout, elle soulĂšve des problĂ©matiques et questions intĂ©ressantes. Le rĂŽle discutable que la psychanalyse lui dĂ©die, nos rapports Ă  nos parents
 Et invite, en parallĂšle Ă  considĂ©rer son mode de vie quasi nihiliste en marge de notre sociĂ©tĂ© consumĂ©riste. Nom de Constance DebrĂ© AnĂ©antir de de Michel Houellebecq Attendus comme le messie, les livres de Michel Houellebecq sont partout dĂšs la premiĂšre seconde de leur sortie. Globalement plus boudĂ© par la critique que ses romans prĂ©cĂ©dents, l’auteur nous propulse dans les annĂ©es 2027, en plein pĂ©riode Ă©lectorale, mĂȘlĂ©e Ă  une crise familiale complexe et des attaques informatiques. Les amateurs de la plume et du cynisme Houellebecquiens apprĂ©cieront sĂ»rement. AnĂ©antir de de Michel Houellebecq Retrouvez sur le 5 livres fĂ©ministes qu'il faut avoir lus dans sa vieLes cinq Ă©crivaines françaises les plus prometteuses du moment
ModeDe Vie Des Artistes En Marge De La Société, Définitions : BohÚme - Dictionnaire De Français Larousse. Avec le concept d'habitus de Pierre Bourdieu, on peut souligner qu'une norme influe d'autant plus sur les comportements qu'elle a été intériorisée comme habitude. L'individu peut donc difficilement échapper à la société: présente de sa
Zoom sur les artistes exposants Soone Graffiti-artiste Soone, graffiti-artiste s’exprime dans le design, le graffiti et la mode. CrĂ©ateur libre, sans contrainte ni frontiĂšre, il donne vie Ă  des objets divers et variĂ©s, du design de meubles aux accessoires de fameuses marques. Snake Graffiti-artiste RĂ©putĂ© pour son processus unique en son genre, Snake livre sa propre vision du graffiti des grands espaces, de la rue Ă  l’atelier, en fusionnant la symbolique figurative Ă  la typographie urbaine, nommĂ© TypogractĂšre ». Apache Graffiti-artiste Apache, artiste “graffiti-vandalepur-et-dur” aime graffer sur le terrain », ce territoire de l’ombre qui l’a amenĂ© Ă  la lumiĂšre et dans lequel il puise toute son Ă©nergie. Sa motivation, la compĂ©tition ; son adrĂ©naline, l’interdit Der Graffiti-artiste L’Ɠuvre de Der revisite le calligramme et le writing et s’empare d’élĂ©ments empruntĂ© Ă  la pop culture. Un artiste qui maĂźtrise la technique pour donner vie Ă  ses crĂ©ations qu’il investit. Sike Graffiti-artiste Sike, artiste vandaliste » en marge de la sociĂ©tĂ©, est un vĂ©ritable acharnĂ© du tag et des lettres. Julie Beguin Peintre Quand d’autres Ă©crivent d’une plume, maux et plaisirs de la vie, Julie BĂ©guin pose sur la toile ses humeurs en couleurs. PassionnĂ©e d’art et de dessin depuis toujours, si elle laisse parler sa crĂ©ativitĂ© dans sa peinture, au doigt, au pinceau, Ă  la bombe et mĂȘme Ă  l’éponge, c’est surtout Ă  l’instinct qu’elle croque son destin. InspirĂ©e par le moindre ressenti, Ă©chappatoire, bulle, explosion ou exutoire, ces tableaux lookĂ©s contemporains racontent l’introspection sans borne, celle qui splashe sans faire de tĂąches. Eric Roussel Peintre Issu d’une famille maternelle vĂ©nitienne de mosaĂŻstes d’art, l’artiste Eric ROUSSEL a Ă©tĂ© initiĂ© dĂšs l’enfance Ă  cette spĂ©cialitĂ©. Cette dĂ©couverte des Ă©clats de lumiĂšres colorĂ©es des matiĂšres, s’exprime aujourd’hui, dans ses peintures Ă  l’huile. De ses toiles se dĂ©gagent des vibrations fortes et une Ă©nergie aussi dĂ©bordante que communicative. Arnaud Chapalain Peintre NĂ© le 29 juin 1980,Ă  Tonnerre en Bourgogne, il crĂ©e sa premiĂšre toile en voulant reproduire le tableau que sa mĂšre voulait acheter. Peintre autodidacte, il n’utilise que le noir pour jouer en transparence avec le blanc de son support que ce soit une toile ou du bois. Il cherche l’intensitĂ© du regard de ses sujets pour toucher la sensibilitĂ© du spectateur Les yeux sont le miroir de l’ñme » GĂ©raldine G. Plasticienne Autodidacte de 33 ans et passionnĂ©e de pop art, chacune des Ɠuvres de GĂ©raldine G. est unique et demande des dizaines d’heures de travail. InspirĂ©e par des grands noms tels que Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Keith Haring, son univers est joyeux et colorĂ©. MalgrĂ© sa tĂ©traplĂ©gie dĂ» Ă  une maladie neuromusculaire, chaque tableau est un combat gagnĂ© et lui procure une sensation de libertĂ© qu’elle est fiĂšre de transmettre Ă  tous ceux qui apprĂ©cient son travail. Mohamed Zadi Peintre et sculpteur Artiste autodidacte, il s’intĂ©resse des son plus jeune Ăąge Ă  la peinture et Ă  la sculpture. Depuis ces derniĂšres annĂ©es, il a activement participĂ© aux mouvements artistiques nationaux avec plusieurs expositions individuelles et collectives au Maroc. Draz Photographe Photographe autodidacte, Draz fait ses classes dans les ruelles. Il s’oriente naturellement vers le portrait. Nouvelles technologies, procĂ©dĂ©s photographiques anciens, Draz mĂ©lange les genres et rĂ©alise un voyage intĂ©rieur dont chaque pas est, pour lui, plus essentiel que la destination. Cobra Art Compagny Collectif de photographes PassionnĂ©s d’art et de dĂ©coration, Cobra Art Company collabore avec des photographes et artistes internationaux pour crĂ©er leurs propres collections d’art. La marque est reconnue pour ses tableaux de photos sur plexiglass. HervĂ© Nys Sculpteur automobile Sculpteur d’Art automobile, HervĂ© NYS est nĂ© en 1960 Ă  Cagnes-sur-Mer. Il fait ses Ă©tudes dans la mĂ©canique agricole puis s’engage dans l’aĂ©ronavale en tant que mĂ©canicien avion. La fusion de sa maitrise du bronze et de son expĂ©rience de la mĂ©canique, donne naissance Ă  des sculptures inĂ©dites dans l’Art contemporain. Julien Durix Peintre Julien Durix est un jeune artiste qui met en scĂšne des protagonistes de son enfance. Depuis toujours des personnages iconiques cĂŽtoient ses toiles. Il peint comme il respire, et il nous invite Ă  le rejoindre dans ce monde plein de couleurs oĂč il laisse libre court Ă  son imagination dĂ©bordante. Tiven Peintre Certaines compositions de Tiven sont accompagnĂ©es de textes en forme de haĂŻkus qui parlent de nos luttes quotidiennes. Elle peint Ă  l’acrylique sur toile de coton ou de lin, finissant par un vernis qui donne Ă  ses piĂšces un effet huile». Thomas Crauwels Photographe Thomas est un passionnĂ© des hauts sommets des Alpes suisses et françaises. Depuis 10 ans il parcourt inlassablement ces hauts espaces pour transmettre sa fascination du monde minĂ©ral et de glace qui constitue la haute montagne. Thomas est en recherche permanente d’ambiances, de textures et de lumiĂšres. Jean-Luc Sert Peintre Le travail Ă  l’huile me pousse naturellement » Ă  pratiquer une peinture de terre, de sang et d’eau. Je vais Ă  la rencontre de chacun de mes tableaux, me centrant sur ce qu’il requiert au fur et Ă  mesure de sa rĂ©alisation, tout en respectant les invariants propres Ă  la peinture. Je fais provision de couleurs avec tous les Ă©lĂ©ments qui m’entourent. Julien Dalzon Photographe Des clichĂ©s pris aux 4 coins du globe voyages, paysages, montagnes, sports de glisse, tropiques, modĂšles et tout le beau croisĂ© en chemin ! La photographie, trĂšs contrastĂ©e, en noir et blanc, est coulĂ©e dans la rĂ©sine et la fibre de verre pour ensuite ĂȘtre montĂ©e sur une structure en acier brut et Ă©clairĂ©e de l’intĂ©rieure. Des Ɠuvres uniques qui allient photographie, art et design. Sarah Pastre Plasticienne DiplĂŽmĂ©e d’un Master d’études et de recherches sur la mode, je travaille depuis prĂšs de 20 ans dans le milieu du design de mode, de la crĂ©ation et du marketing. A travers cette collection, je cherche Ă  exprimer, rĂ©vĂ©ler et mettre en valeur des thĂšmes qui me sont chers. Ils se mĂȘlent et se superposent le corps, le textile et la dĂ©licatesse. Ces crĂ©ations textiles, sont en somme, la parfaite coĂŻncidence entre ma personnalitĂ©, ma sensibilitĂ© et mon savoir-faire. Vendredi Peintre A travaillĂ© et travaille toujours .. en musĂ©ographie pour des parcs nationaux et rĂ©gionaux, le Conservatoire du Littoral, des associations de protection de la nature, collectivitĂ©s, etc , 
 par la rĂ©alisation de sculptures, bas-reliefs, peintures, illustrations, maquettes, fresques, etc , 
Peinture figurative Ă  l’huile sur toile. Gil Crochet Peintre AprĂšs avoir produit une suite d’installations Ă©phĂ©mĂšres, mĂȘlant volumes, vidĂ©os, photographies et peintures dans les annĂ©es 2000, je suis revenu aux tableaux avec une production moins conceptuelle et plus sur l’expĂ©rience esthĂ©tique, l’émotion, le sensible. Au seuil de l’abstraction et de la figuration, la sĂ©rie prĂ©sentĂ©e Ă  l’espace 55 ce printemps 2021, Back to the trees » donne un sens plus figuratif, Ă  ce qui ne pourrait ĂȘtre que la volontĂ© d’une gestuelle purement abstraite Christelle Calmettes Photographe Auteur-photographe depuis 2005, la vision du rĂ©el de Christelle Calmettes est double trĂšs structurĂ©e voire graphique oĂč la composition est l’axe majeur de sa prise de vue ou bien trĂšs floue. Cette vision structurĂ©e lui permet de donner une certaine intemporalitĂ© dans ses images. Le flou reprĂ©sente la part d’imaginaire et d’interprĂ©tation propre Ă  chaque spectateur. La photographie doit dĂ©passer la description. Elle doit Ă  travers la description, amener le spectateur Ă  l’intĂ©rieur du sujet ou rĂ©vĂ©ler le sujet, non pas tel qu’il apparaĂźt mais de la façon dont on le ressent. » Philippe SĂ©billotte Photographe Philippe Sebillotte parcourt le monde depuis prĂšs de quinze ans pour dĂ©couvrir les hommes, les cultures et les paysages. C’est l’Inde qui le fascine dans un premier temps, pays oĂč il sĂ©journe Ă  de trĂšs nombreuses reprises. Ses pas le conduisent Ă©galement dans d’autres pays d’Asie et tout particuliĂšrement en Chine. Tout au long de ses pĂ©riples il aime observer et “saisir“ les gens, le spectacle de la rue et les moments magiques face Ă  des paysages sublimes et insolites qu’il choisit le plus souvent de traiter en noir et blanc. Olivier Robert Photographe Olivier Robert partage sa vie entre Europe et Japon. Depuis plus de 25 ans, sa photographie se base sur une expression minimaliste. InitiĂ© trĂšs jeune aux procĂ©dĂ©s de tirages en chambre noire, il acquiĂšre son premier appareil Ă  15 ans et dĂ©couvre Ă©galement l’Asie et ses richesses culturelles. Une expĂ©rience qui influencera dĂ©finitivement sa vie et son regard sur le monde. Aujourd’hui il se rend rĂ©guliĂšrement au Japon Ă  la recherche de scĂšnes naturelles qui lui inspirent intemporalitĂ©, simplicitĂ© et mystĂšre. Marc Muller Photographe Marc Muller a fondĂ© le Studio 404 en 2006. Photographe indĂ©pendant installĂ© Ă  Annecy depuis 2002 dans le domaine de la publicitĂ© et plus largement de l’Outdoor. SpĂ©cialiste des travaux de portraits, mode, sport ou architecture avec paysage reste au cƓur de son travail depuis ses dĂ©buts en 1995. Des images mentales apparaissent devant son objectif comme des Ă©vidences et le travail de rĂ©pĂ©tition par l’observation et la contemplation apporte l’image rĂȘvĂ©e. Savoir changer de dĂ©cor est aussi une chance prĂ©cieuse. Lolek Artiste sculpteur LOLEK est un artiste français, nĂ© en 1984. PrĂ©coce, il compose ses premiĂšres crĂ©ations en argile Ă  11 ans et propose ses premiers bronzes en exposition Ă  12 ans. Il rĂ©vĂšle un sens innĂ© des Ă©quilibres et travaille des formes gĂ©nĂ©reuses. Jean Christian Photographe JEAN CHRISTIAN s’attache tout d’abord Ă  capter la poĂ©sie de dĂ©tails ordinaires qui ne retiennent l’attention de personne traces, fissures, aspĂ©ritĂ©s, reflets et autres stigmates urbains. Ses crĂ©ations flamboyantes, mĂ©tissĂ©es et uniques invitent au voyage et vous emmĂšneront assurĂ©ment vers un ailleurs inattendu. GwenaĂ«l Bollinger Photographe Auteur photographe lyonnais nĂ© en 1973, GwenaĂ«l dĂ©couvre le monde de l’image grĂące Ă  diffĂ©rentes expĂ©riences dans le graphisme. Nourri et sensibilisĂ© Ă  l’importance de l’esthĂ©tique, il a rapidement ressenti le besoin de s’exprimer Ă  travers ses propres crĂ©ations. Ses sources d’inspiration proviennent d’univers picturaux variĂ©s tels que le cinĂ©ma, la peinture, ou la photographie. Christian Vogt Peintre Artiste peintre autodidacte, natif du monde
, inspirĂ© par de nombreux voyages, les grands espaces, la nature et une formidable rencontre qui m’ont rĂ©vĂ©lĂ© mon dĂ©sir de crĂ©er. Je peins essentiellement des portraits de femmes et d’hommes avec une technique Ă  l’huile. Ce qui m’intĂ©resse, c’est d’approcher l’ñme humaine derriĂšre chaque crĂ©ation, ces regards vous toucheront autant qu’ ils m’ont inspirĂ©s. Boucheret Photographe La sĂ©rie Metalrugit » revisite les annĂ©es pop art et cut-up dans un style trĂšs graphique et airbrushed oĂč le dĂ©tail – tĂŽle, cuir, cambouis, caoutchouc – devient l’objet central. Les triptyques associent les Ă©poques, les Ă©curies Ă  partir de vĂ©hicules emblĂ©matiques de l’histoire de la compĂ©tition automobile. En noir et blanc, il utilise des anciens appareils photos moyen format des annĂ©es 1920 Ă  1950 pour retrouver le modelĂ© et l’authenticitĂ© des reportages d’époque, Ă  l’instar de Jacques Henri Lartigue. Muliardo FQD Peintre et sculpteur Florence Muliardo Roy, artiste plasticienne se consacre aujourd’hui principalement Ă  la sculpture de grandes dents en rĂ©sine. La forme achevĂ©e, elle la laque et la sublime avec des personnages cĂ©lĂšbres rĂ©vĂ©lant un art lumineux et joyeux. Outre son originalitĂ©, son style se distingue par la prĂ©cision des formes et la touche d’humour insufflĂ©e. InfluencĂ© par le pop-art et le graffiti-art, il se caractĂ©rise par un univers trĂšs colorĂ©. Anita Rautureau Peintre Les tableaux de l’artiste chantent l’amour, la maternitĂ©, la saveur du temps, le bien-ĂȘtre humain dans la nature qui l’enveloppe. Les couleurs chatoyantes se posent sur des motifs floraux, linĂ©aires ou spiralaires, et la rondeur des traits et des arabesques caressent les sens du spectateur. Audrey Fortin MosaĂŻque d'Art J’explore avec modernitĂ© une technique de la mosaĂŻque traditionnelle et ancestrale. La concrĂ©tisation de mon art est issue du mĂ©lange entre mes voyages, mes rencontres, mon expĂ©rience et mon savoir-faire. C’est Ă  travers mes crĂ©ations que je vous propose une nouvelle façon de percevoir l’art de la mosaĂŻque et ses multitudes de possibilitĂ©s ». Chautagnat Plasticienne A travers la symphonie des couleurs et de la matiĂšre, l ’artiste rĂ©invente la crĂ©ation du monde. Sa gĂ©ographie cosmique s’apparente Ă  celle du rĂȘveur qui veut revoir l ’univers tout en beautĂ©, pour pallier aux offenses que les hommes lui portent. Peinture chaude et enveloppante qui vous pousse Ă  pĂ©nĂ©trer dans l ’infime des molĂ©cules de l’air et de l ’eau, du ciel et de la terre. Fred Bernard Peintre C’est la vie qui m’a amenĂ© Ă  la peinture. Chaque Ă©tape, chaque partie de mon existence construit la suivante. Le lien entre tout cela, c’est ma sensibilitĂ©. Je la dĂ©couvre Ă  l’ñge de six ans ; je prends conscience de cette Ă©nergie Ă  la mort de mon pĂšre. Ensuite, c’est une lutte, une incomprĂ©hension totale. VoilĂ  la premiĂšre Ă©tape ne rien comprendre. Pourtant je vibre Ă  tout, je ressens tout. » Hanae Biro Peintre Mes crĂ©ations reflĂštent le corps et l’esprit de la nature. Chacune de mes Ɠuvres est unique et aspire Ă  vous faire voyager dans de proches et lointaines contrĂ©es. Je souhaite que mes tableaux puissent colorer votre quotidien, Ă  l’instar du sourire de mes enfants qui colorie mon quotidien ».

Alors quand la télévision ne fait que nous pousser à la consommation, comme les magazines, la radio, les affiches sur les abris bus ou les bùtiments; ça m'plait pas. D'autant qu'on est influencés , que dis-je manipulés par les lobbyistes; dans le seul but de les enrichir, quitte à le payer de notre santé.

Quand on pense au statut d’artiste aujourd’hui, on imagine surtout un homme entre deux Ăąges, dans un atelier ou un bureau, la nuit, sale et pas douchĂ© depuis des jours en train de peindre dans la pĂ©nombre Ă  la lueur d’une bougie. C’est le mythe de l’artiste maudit Il est si bien ancrĂ© que si un artiste actuel rĂ©ussit et gagne bien voire trĂšs bien sa vie, on estime que c’est un vendu et que son Ɠuvre est commerciale. Mais qui sommes-nous pour en juger ? Ce mythe de l’artiste maudit impacte Ă©galement notre propre crĂ©ativitĂ©. Il est, en partie, la raison pour laquelle tu n’oses pas et tu n’assumes pas ta crĂ©ativitĂ©. Dans cet article, je vais dĂ©construire ce mythe et t’aider Ă  le dĂ©passer. Qu’est-ce que le mythe de l’artiste maudit ? Il s’agit d’un stĂ©rĂ©otype trĂšs rĂ©pandu sur le mode vie des artistes et sur leur personnalitĂ©. Voici quelques-unes des idĂ©es reçues sur les artistes. idĂ©es reçues sur les artistes L’artiste serait anticapitaliste Parce que les mĂ©tiers artistiques sont motivĂ©s par une passion, il est frĂ©quent de croire que l’artiste n’a pas besoin d’argent, voire pire qu’il le rejette. L’argent serait l’ennemi de son art et la richesse la fin de son inspiration. L’artiste serait pauvre Parce qu’il refuse de gagner de l’argent, l’artiste est forcĂ©ment pauvre. Il vit dans de mauvaise conditions de vie et n’a pas d’ambitions L’artiste vivrait en marge de la sociĂ©tĂ© Il tient par-dessus tout Ă  sa libertĂ© et il est prĂȘt Ă  tout sacrifier pour elle. Il ne se plie pas aux conventions sociales et il vit comme il l’entend. Il ne croit pas Ă  la fidĂ©litĂ© conjugale, il est volage, rebelle et contre toute contrainte. L’artiste serait incompris De par sa mise Ă  l’écart de la sociĂ©tĂ©, l’artiste est une personne incomprise, rejetĂ©e par les gens normaux. Personne ne comprend ses Ɠuvres ni ses intentions et personne ne le soutient. L’artiste ne pourrait rĂ©ussir seul Étant incompris, l’artiste est incapable de vendre ses oeuvres. Il a besoin d’un mĂ©cĂšne ou d’un galeriste pour rĂ©ussir. Il devient par la mĂȘme dĂ©pendant de lui. L’artiste crĂ©erait dans la souffrance C’est la souffrance qui serait au cƓur de l’inspiration de l’artiste. Sa mise au ban de la sociĂ©tĂ© et sa soif de libertĂ© irrĂ©aliste le rendrait en colĂšre, triste et déçu. C’est de ces Ă©motions nĂ©gatives que naitraient ses plus grandes Ɠuvres. Les Ă©motions positives ne lui inspireraient rien. L’artiste travaillerait nuit et jour Ce serait le seul moyen Ă  sa disposition pour rĂ©ussir travailler sans relĂąche. Et comme les Ă©motions nĂ©gatives sont son inspiration, il est constamment déçu de ce qu’il crĂ©e. L’artiste serait perfectionniste. PersuadĂ© que son Ɠuvre n’est jamais assez bien. L’artiste serait irresponsable Épris de libertĂ© et constamment insatisfait, l’artiste est complĂštement irresponsable. Il est constamment en retard, ne sait tenir aucun dĂ©lai, emprunte de l’argent sans pouvoir le rembourser et n’a pas de vie stable. Cette liste n’est pas exhaustive et il y en bien d’autres idĂ©es rĂ©pandues sur les artistes. Si tu en as d’autres, donne-les moi en commentaire. Mais d’oĂč viennent ces idĂ©es et ce mythe de l’artiste maudit ? D’oĂč vient le mythe de l’artiste maudit Le statut d’artiste n’a pas toujours eu mauvaise presse et encore moins cette image misĂ©rable. Il a Ă©tĂ© encensĂ©, encouragĂ© au cours des siĂšcles passĂ©s et les familles d’artistes Ă©taient fiĂšres de ce statut. Ce n’est qu’au 19Ăšme siĂšcle, avec l’arrivĂ©e de la photographie que la fonction des artistes Ă  radicalement changĂ©e. Avant, les artistes faisaient un travail de tĂ©moins, de conteurs et de mĂ©morialistes. Ils rĂ©alisaient les portraits de familles, peignaient les guerres passĂ©es, les paysages de l’autre bout du monde ou reprĂ©sentaient une histoire mythologique. Et puis la photographie est arrivĂ©e. Les familles ont pu se faire tirer le portrait beaucoup plus vite et pour beaucoup moins cher. Les guerres Ă©taient photographiĂ©es en tant rĂ©el et les images Ă©taient bien plus fidĂšles Ă  la rĂ©alitĂ©. Les paysages de l’autre bout du monde Ă©taient photographiĂ©s de façon plus objective. Il n’y a que la mythologie que la photographie ne pouvait fixer. Les peintres et artistes se sont retrouvĂ©s au dĂ©pourvu. Ne sachant comment se rĂ©inventer. Mais les plus jeunes d’entre eux y ont vu une libertĂ©. Ils ont dĂ©cidĂ© de s’affranchir des codes graphiques en vigueur jusque lĂ  et on cherchĂ© Ă  dĂ©velopper leur propre style. C’est ainsi que sont arrivĂ©s les impressionnistes par exemple. Puis plus tard les cubistes, les peintres abstraits etc AprĂšs des siĂšcles de reprĂ©sentation codifiĂ©e, les mĂ©cĂšnes et les amateurs d’art ont eu bien du mal Ă  comprendre et Ă  accepter ses mouvements. D’oĂč le clichĂ© de l’artiste incompris. Et comme les experts en art ne comprenaient pas, ils n’exposaient pas ces artistes et ne leur achetaient pas leurs Ɠuvres. Les artistes n’ont pas beaucoup gagnĂ© d’argent. Mais ils croyaient en leur travail et ils ont continuĂ© Ă  crĂ©er coĂ»te que coĂ»te. D’oĂč l image de l’artiste pauvre et en marge de la sociĂ©tĂ©. C’est la pĂ©riode que l’on a appelĂ© la bohĂšme. En rĂ©fĂ©rence aux bohĂ©miens qui vivaient dans la pauvretĂ© et de par leur itinĂ©rance, Ă©taient soit disant libres. En gros on les comparait Ă  EsmĂ©ralda. La bohĂšme a Ă©tĂ© dĂ©crite par de nombreux artistes, en peinture ou en Ă©criture. Par zola dans son roman L’Ɠuvre, par Rimbaud et Verlaine etc. De ces Ă©crits et de ces peintures, ont Ă©tĂ© tirĂ©s des films, d’autres romans, des chansons etc. Cette pop culture a vĂ©hiculĂ© le mythe de l’artiste maudit jusqu’à nos jours. Pourtant l’image de l’artiste flĂąnant en opposition au travailleur est ancrĂ©e depuis plus longtemps que le 19Ăšme siĂšcle. Repense Ă  la fable de la cigale et la fourmi par exemple. En quoi le mythe de l’artiste maudit est-il faux Il est faux parce qu’il suppose que tous les artistes du monde et de l’histoire fonctionnent et fonctionnaient de la mĂȘme façon. Nous avons rencontrĂ© assez de gens pour savoir que nous rĂ©agissons et pensons diffĂ©remment mĂȘme si nous avons le mĂȘme mĂ©tier. La preuve, Henri Matisse a peint des danses joyeuses dans ses tableaux alors qu’il luttait contre un cancer. Loin de crĂ©er dans la souffrance, il s’est servi de l’art pour se changer les idĂ©es. De nombreux artistes gagnent leur vie avec leur art aujourd’hui. Ne serait-ce que dans le milieu de la chanson, du cinĂ©ma ou du théùtre. Et si le montant des salaires peut parfois nous sembler un peu dĂ©raisonnable, cela ne nous choque plus. Alors pourquoi cela nous choque-t-il toujours quand il s’agit de peintre, de sculpteur, de photographe ou de tout autre art ? En quoi le mythe impacte notre crĂ©ativitĂ© Depuis notre plus tendre enfance, la sociĂ©tĂ© n’a pas vraiment encensĂ© le statut d’artiste. Elle a elle-mĂȘme vĂ©hiculĂ© le mythe de l’artiste maudit. En crĂ©ant, donc en dessinant, en brodant, en tricotant, en faisant notre passion dans notre coin nous avons l’impression d’aller Ă  l’encontre de ce que la sociĂ©tĂ© nous a appris. Nous sommes persuadĂ©es que ce n’est pas un vrai mĂ©tier, que cela doit se pratiquer dans le secret, que c’est une honte et une perte de temps. Nous ne crĂ©ons pas dans la souffrance et nous sommes donc sĂ»res de ne pas vraiment ĂȘtre artistes ni crĂ©atives. Je t’entends d’ici dire “non non mais c’est une toute petite activitĂ©, que je fais pour moi seule”. Nous ne voulons pas ĂȘtre mises au ban de la sociĂ©tĂ© et donc nous n’assumons pas cette crĂ©ativitĂ©. Tu vois Ă  quel point ce mythe est nocif pour ta crĂ©ativitĂ© ? A quel point il est important de s’en dĂ©faire pour assumer sa crĂ©ativitĂ© ? Se dĂ©faire du mythe de l’artiste maudit Un pas Ă  la fois. Ce mythe est tellement ancrĂ© en nous que tu n’arriveras pas Ă  t’en dĂ©faire en un jour. Mais en ayant conscience que c’est un clichĂ© et qu’il n’est pas rĂ©el, tu peux dĂ©jĂ  amĂ©liorer ton statut de crĂ©ative chaque jour. Commence par accorder du temps Ă  ta crĂ©ativitĂ©. Cesse de la faire passer en dernier. Tu as le droit d’ĂȘtre crĂ©ative et de vouloir passer du temps Ă  crĂ©er. Ensuite tu peux commencer Ă  crĂ©er un peu plus devant les autres, ou alors Ă  montrer un peu plus tes crĂ©ations. D’abord Ă  des personnes bienveillantes, pour ĂȘtre sĂ»re de ne pas recevoir trop de commentaires nĂ©gatifs qui te feraient revenir dans ta taniĂšre. La suite c’est de te t’assumer et de te prĂ©senter en tant que femme crĂ©ative. Oui oui, sans bafouiller, sans bĂ©gayer et sans minimiser. L’étape finale c’est de le crier sur tous les toits et d’en ĂȘtre fiĂšre ! au point d’exposer tes crĂ©ations chez toi et de les offrir autour de toi. Ou mĂȘme pourquoi pas de franchir le cap et de les vendre. Dans le cadre lĂ©gal, cela va de soi. J’espĂšre que cet article t’aura aider Ă  prendre conscience du mythe de l’artiste maudit et t’invitera Ă  le dĂ©construire aussi pour assumer ta crĂ©ativitĂ©.

Traductionsen contexte de "des gens vivant en marge de la société" en français-anglais avec Reverso Context : Lieu stratégique lors des guerres civiles, il est maintenant emprunté principalement par des gens vivant en marge de la société.

French Arabic German English Spanish French Hebrew Italian Japanese Dutch Polish Portuguese Romanian Russian Swedish Turkish Ukrainian Chinese English Synonyms Arabic German English Spanish French Hebrew Italian Japanese Dutch Polish Portuguese Romanian Russian Swedish Turkish Ukrainian Chinese Ukrainian These examples may contain rude words based on your search. These examples may contain colloquial words based on your search. Avec sa danse minimaliste et sensible, oĂč la vie et la mort se mĂ©langent doucement, elle s'installe dĂ©finitivement en marge des artistes de la danse canadienne. Jocelyn Montpetit permanently established herself on the fringe of Canadian dance, with her minimalist and sensitive dance in which life and death appear to gently mix. Avec sa danse minimaliste et sensible, oĂč la vie et la mort se mĂ©langent doucement, elle s'installe dĂ©finitivement en marge des artistes de la danse canadienne. Jocelyn Montpetit permanently established herself on the fringe of Canadian dance, with her minimalist and sensitive dance in which life and death appear to gently mix. Other results Nous souhaitons amĂ©nager un espace qui puisse accueillir des formes lĂ©gĂšres de rencontres, d'expĂ©rimentations informelles, de propositions d'expĂ©riences collectives situĂ©es Ă  la marge des projets des artistes ou dans leur prolongement. We hope to create a space that can welcome light and easy forms of meeting, informal experimentation, proposals for collective experiences related to or following on from artists' projects. Artiste pluridisciplinaire, Erik Dietman 1937-2002 s'est volontairement tenu en marge des mouvements artistiques de son Ă©poque avec lesquels il entretenait toutefois quelques affinitĂ©s. As a multidisciplinary artist, Erik Dietman 1937-2002 deliberately kept himself on the margins of the artistic movements of his time, despite having some affinities with them. L'art de l'artiste italien Giorgio Griffa s'est dĂ©veloppĂ© sans bruit, avec une remarquable cohĂ©rence, en marge des mouvements artistiques majeurs animant communĂ©ment les discussions. The art of the Italian artist Giorgio Griffa developed quietly and with impressive coherence outside the latest movements broadly outlined on the contemporary scene. Avez-vous une formation acadĂ©mique ou vous positionnez-vous en marge des codes artistiques et stylistiques actuels ? Do you have an academic background or do you position yourself amidst contemporary artistic codes and styles? Pour son prochain numĂ©ro, esse souhaite sonder le phĂ©nomĂšne de la rĂ©novation que certaines pratiques artistiques abordent, et qui est aussi vĂ©cu en marge des activitĂ©s artistiques par les artistes ou par les lieux de diffusion. It its next issue, esse wishes to explore the phenomenon of renovation, which is broached in various artistic practices and experienced on the fringe of artistic activities by both artists and arts venues. En 1997, il fonde une organisation artistique Ă  but non lucratif, C6, qui tout en se moquant du monde de l'art deviendra une plateforme pour ceux travaillent Ă  la marge des formes artistiques traditionnelles. In 1997, he founded a non-profit arts organization, C6, which while making fun of the art world will become a platform for those working on the margins of traditional art forms. Leurs oeuvres, en marge des courants artistiques, ne font rĂ©fĂ©rence qu'Ă  l'imagination de leurs auteurs et Ă  leur besoin de crĂ©ation. Their work, out of artistic movements, only refer to their imagination and their need of creation. Il prĂ©sente en marge des projets artistiques originaux, parfois dĂ©calĂ©s, dans la communication visuelle, la publicitĂ© et la crĂ©ation numĂ©rique. In parallel he presents other, often offbeat original artistic endeavours in visual communications, advertising and digital design. Masai, 2009 Home Durant cette pĂ©riode de transition qui affecte profondĂ©ment le pays, l'Angleterre reste en marge des grands courants artistiques du continent. During this period of transition that deeply affects the country, England remains on the margin of the major artistic tendencies of the continent. ActualitĂ©s Contact En marge des diffĂ©rentes performances artistiques de Visa For Music, chaque Ă©dition met aussi en avant diffĂ©rents ateliers et formations destinĂ©s aux jeunes impliquĂ©s dans le domaine culturel. News Contact Alongside the various artistic performances/showcases of Visa For Music, every edition also highlights various workshops and trainings for young people involved in the cultural field. Jamais en rupture, mais toujours en marge des courants artistiques dominants, le poĂšte crĂ©e un monde propre oĂč mĂ©moire intime et mĂ©moire collective s'entremĂȘlent et oĂč le dĂ©sir est synonyme d'utopie. Never at odds with the world, but always on the fringe of predominant artistic movements, the poet creates his own world where intimate and collective memory mingle and where desire rhymes with utopia. Ce vaste panorama fait revivre les combats d'artistes novateurs vivant dans un pays longtemps en marge des courants artistiques dominants mais qui, depuis la fin du XXe siĂšcle, a trouvĂ© sa place dans le dĂ©veloppement artistique europĂ©en. LES M SENSORIUM This vast panorama brings back to life the struggles of innovative artists living in a country that was for a long time situated on the margins of dominant artistic trends but which, since the end of the 20th century, has found its place in European artistic development. Les participants apprendront Ă  appliquer les techniques d'enseignement de Margie auprĂšs des artistes de la danse, des non-danseurs, des enfants et des groupes communautaires en travaillant sur diffĂ©rents enjeux tels que la santĂ© Ă©motionnelle, la transformation de conflits* et les notions d'Ă©quitĂ© Participants will learn to apply Margie's teaching approaches to working with dance artists, self-identifying non-dancers, children, and community-based groups with particular focal points, such as emotional health, conflict transformation*, law, and concepts of fairness Bien qu'on situe souvent ces documents en marge de la pratique artistique des artistes, leur importance ne devrait pas ĂȘtre sous-estimĂ©e. Even though documents are often situated within the margins of the artists' practice, their importance should not be underestimated. StimulĂ© par les travaux d'artistes en marge des circuits culturels, Dubuffet a rĂ©ussi Ă  s'affranchir des traditions et Ă  rĂ©inventer l'art. Stimulated by the work of artists on the margins of the cultural scene, Dubuffet succeeded in liberating himself from traditions and in reinventing art. En Allemagne et en Hollande, des artistes en marge comme Gorter ou jouent un rĂŽle pionnier. In Germany and in Holland, non-conformist and dissident artists like H. Roland-Holst, Gorter and F. Jung played a pioneering role. À nouveau, rien de mieux qu'un exemple pour comprendre en quoi cela affecte votre marge d'artiste. Let's look at another example to see how this affects your margin. Est-ce que cela affectera ma marge d'artiste ? No results found for this meaning. Results 55563. Exact 2. Elapsed time 876 ms. Documents Corporate solutions Conjugation Synonyms Grammar Check Help & about Word index 1-300, 301-600, 601-900Expression index 1-400, 401-800, 801-1200Phrase index 1-400, 401-800, 801-1200 JeanMarie Massou mĂšne une vie peu ordinaire. Depuis plus de trente ans, il vit dans une forĂȘt du Lot. LĂ , il creuse en solitaire de profondes “C'est dans les villes les plus peuplĂ©es que l'on peut trouver la plus grande solitude.” Si Jean Racine Ă©crivait cette cĂ©lĂšbre phrase en plein 17e siĂšcle, pĂ©riode oĂč la vie urbaine sous l’Ancien RĂ©gime n’avait rien Ă  voir avec celle d'aujourd’hui, son actualitĂ© semble saisissante plus de 300 ans plus tard, Ă  l’heure oĂč les mĂ©tropoles et les villes ne cessent de se densifier, en France comme dans le monde. C’est prĂ©cisĂ©ment cette solitude urbaine et contemporaine qui Ă©mane de l’Ɠuvre de Bilal Hamdad. ExposĂ© jusqu’au 29 mai au Suquet des artistes Ă  Cannes, lieu de rĂ©sidence et d’exposition dĂ©diĂ© aux artistes par la ville balnĂ©aire de la CĂŽte d’Azur, cet AlgĂ©rien de 34 ans y prĂ©sente une vingtaine de toiles, s’étendant de ses annĂ©es d’études aux Beaux-Arts Ă  aujourd’hui, rĂ©alisĂ©es dans son atelier en rĂ©gion parisienne. Figuratives voire hyperrĂ©alistes, toutes sont, malgrĂ© leurs diffĂ©rences, habitĂ©es par un mĂȘme thĂšme
 un panorama dĂ©libĂ©rĂ©ment fragmentaire de la sociĂ©tĂ© contemporaine Ă  travers ses marges, que celles-ci soient humaines, matĂ©rielles ou architecturales, oĂč l'artiste finit par faire de la ville son terrain d’exploration favori. En atteste la toile qui sert d'affiche Ă  l’exposition un homme debout, de dos, mains dans les poches et encapuchonnĂ© dans sa doudoune bleu roi, se tient immobile dans une encadrure cuivrĂ©e qui rappellera aux familiers du mĂ©tro parisien le quai de la station Arts et MĂ©tiers, en plein cƓur de Paris. Attend-il le passage du mĂ©tro ou, plus philosophiquement, celui du temps ? D’ailleurs, est-il vraiment en train d’attendre quelque chose ? Comme l’écrit le critique d’art Philippe Dagen dans son texte accompagnant l’exposition, cette inaction est justement ce qui relie la plupart des Ɠuvres de l’artiste “souvent, il ne s’y passe rien”. Rien que l’on ne puisse voir en tout cas ni capter par les visages, les expressions et les yeux, gĂ©nĂ©ralement dĂ©tournĂ©s du spectateur, faisant de l'artiste une forme de peintre du non-Ă©vĂ©nement. Lors de son enfance dans les annĂ©es 90 Ă  Sidi Bel AbbĂšs, au nord-ouest de l’AlgĂ©rie, Bilal Hamdad ne s’imaginait pas une carriĂšre dans la peinture. PassionnĂ© de football, le jeune sportif a renoncĂ© Ă  ses rĂȘves une fois la majoritĂ© atteinte pour suivre, sur les conseils de son pĂšre, son autre passion l’art. AprĂšs un passage aux beaux-arts de sa ville de naissance, c’est le chemin de la France qu’il prendra direction les beaux-arts de Bourges puis ceux de Paris. Dans ce dernier Ă©tablissement, l’étudiant est passĂ© par l’atelier du peintre Djamel Tatah et il serait difficile de ne pas voir dans l’Ɠuvre de ce jeune AlgĂ©rien l’influence de son tuteur sexagĂ©naire, Français de naissance mais Ă©galement AlgĂ©rien d'origine, aujourd'hui reprĂ©sentĂ© par la galerie parisienne Poggi ,et exposĂ© dans de nombreuses institutions prestigieuses au fil de ces vingt derniĂšres annĂ©es. Chez Djamel Tatah comme chez Bilal Hamdad, on retrouve, au premier plan, les ĂȘtres esseulĂ©s, debout, assis ou alanguis, dans des positions ambiguĂ«s qui indiquent l’absence d'action particuliĂšre, de l’attente Ă  l’ennui en passant par la pure contemplation. Au second plan, parfois, les deux peintres se recroisent encore les fonds unis et colorĂ©s qui ont fait la signature des toiles grand format de Tatah peuvent trouver leur Ă©cho dans les dĂ©cors – faussement – monochromes et homogĂšnes de Hamdad, accentuant l’expression de la solitude des sujets en les isolant entre les limites inflexibles du chĂąssis. Sans doute pour des raisons pratiques, les premiers sujets de l’artiste Ă©taient les membres de sa famille, reprĂ©sentĂ©s au fil de plusieurs portraits, puis ses camarades des beaux-arts l'un assis sur une table, la tĂȘte plongĂ©e dans ses bras croisĂ©s, l'autre affalĂ© sur une chaise voire Ă©tendu au sol, les yeux fermĂ©s, presque comme un cadavre... tous pourraient aussi bien Ă©voquer des scĂšnes christiques que la rĂ©alitĂ© plus Ă©vidente, et bien moins mĂ©taphorique, d’étudiants extĂ©nuĂ©s par leurs heures de production Ă  l’atelier. Mais, plus rĂ©cemment, par ses compositions urbaines, les Ɠuvres de Bilal Hamdad pourraient parfois prendre des airs de fresques contemporaines. Les murs intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs prĂ©sents sur la toile, qui pourraient aisĂ©ment s’effacer derriĂšre le sujet, en deviennent l'acteur principal, prenant chaque personnage en Ă©tau entre l’arriĂšre-plan et le spectateur, vers qui les regards des personnages ne sont jamais dirigĂ©s. Bilal Hamdad, “Entre les murs” 2018. Huile sur toile, 114 x 146 cm. Courtesy Collection privĂ©e et H Gallery, Paris Bilal Hamdad, “L'Attente II” 2021. Huile sur toile, 162 x 130 cm. Bilal Hamdad n’est pas de ces artistes ultra-prolifiques qui produisent des peintures Ă  la chaĂźne. Son Ɠuvre, pour l’instant limitĂ© Ă  plusieurs dizaines de toiles, traduit Ă©galement l’attention et le temps portĂ©s Ă  chacune d’entre elles. On y entrevoit parfois quelques rĂ©fĂ©rences Ă  l’histoire de l’art, comme aux grands peintres rĂ©alistes du 19e siĂšcle Gustave Courbet et Jean-François Millet, qui lui inspirent les postures de quelques personnages. PerchĂ© sur la rampe mĂ©tallique d’une station de mĂ©tro en haut d'une volĂ©e marches, le jeune homme reprĂ©sentĂ© de profil dans l’Angelus 2021 – titre qui fait directement rĂ©fĂ©rence au tableau Ă©ponyme de Millet peint Ă  la fin des annĂ©es 1850 – pourrait Ă©galement s’apparenter au fameux Penseur de Rodin, hypothĂ©tiquement extrait du musĂ©e parisien oĂč il trĂŽne d'ordinaire pour se voir propulsĂ© sur toile, dans les dessous Ăąpres et bien moins reluisants de la capitale. Contre un Paris de l’opulence, apprĂ©ciĂ© principalement par les flĂąneurs, les touristes et les bourgeois, Bilal Hamdad prĂ©fĂšre celui des souterrains plus triviaux, voire repoussants, empruntĂ©s par les classes populaires et occupĂ©s par les milliers de nomades et de sans-abri qui peuplent la capitale. Ces derniers sont d’ailleurs l’objet de plusieurs toiles rĂ©alisĂ©es par le trentenaire entre 2014 et 2015. Sur l'une d'elles, on aperçoit des membres du SAMU social dont le corps sort du cadre, que l’on devine porter secours aux plus dĂ©munis
 tandis que sur d'autres Ɠuvres, plus explicites, ces travailleurs sociaux ouvrent leurs tentes de fortune pour parler aux exclus, voire les approvisionner. Une autre toile, Sans titre 2014, symbolise cette fracture entre les humains et les classes sociales de maniĂšre encore plus nette au fond du tableau, un homme plongĂ© dans l'ombre contemple un tableau jaune, seule tache de couleur vive sur le mur sombre, qui fait Ă©cho Ă  la couleur de la couverture de l'homme Ă©tendu sur un matelas prĂ©caire – dans la seule partie Ă©clairĂ©e du tableau – et aussi Ă  la couleur de la tente coupĂ©e apparaissant dans le coin gauche, au premier plan. Tout est dit. ReprĂ©senter la misĂšre et la densitĂ© des quartiers populaires parisiens est loin d’ĂȘtre un thĂšme nouveau dans l’art contemporain, au point d'en devenir une tendance parfois Ă©culĂ©e. Le quartier de BarbĂšs et la station de mĂ©tro BarbĂšs-Rochechouart elle-mĂȘme, devenue une forme d’icĂŽne de ce foisonnement urbain – et d’une rĂ©alitĂ© parisienne bien Ă©loignĂ©e des images d’Épinal que s'en font les plus ingĂ©nus – ne cessent d’inspirer les plasticiens, photographes et autres cinĂ©astes. Mais au-delĂ  de ces lieux fortement identifiables et restituĂ©s avec prĂ©cision, la force de la peinture de Bilal Hamdad rĂ©side principalement dans sa reprĂ©sentation des espaces liminaires et ordinaires dessinant les contours d'une neutralitĂ© Ă©vasive morceaux de trottoirs, angles de rues ou mĂȘme tunnels ombragĂ©s que l’on ne saurait replacer sur une carte, et qui n’ont d’autre pouvoir que celui de confronter le spectateur Ă  l’espace dans son plus pur dĂ©nuement. Que cachent ces multiples recoins, qui sont celles et ceux qui vivent dans l’ombre de cette pĂ©niche amarrĂ©e Ă  la lisiĂšre d'un pont, que trouverait-on en bas de la descente menant Ă  l’entrĂ©e d’un garage, ou que comprendre derriĂšre le symbole wi-fi qui apparaĂźt sur la tranche d’un bĂątiment dĂ©pouillĂ©, seule icĂŽne identifiable parmi ces cloisons unies teintĂ©es de crĂšme, de rose et de vert Ă©meraude ? Le titre de l’exposition de Bilal Hamdad Ă  Cannes s’intitule “Solitudes croisĂ©es”. Lorsqu'on la parcourt, l'interrogation subsiste toutefois sur la capacitĂ© de ces solitudes Ă , rĂ©ellement, se croiser. Mais ainsi juxtaposĂ©es, accrochĂ©es face Ă  face, elles offrent autant d'aperçus simultanĂ©s de ces nomades aux destins brisĂ©s qui Ă©maillent le quotidien des mĂ©tropoles, scĂšnes devenues d'une effarante banalitĂ© dont les passants, dĂ©sensibilisĂ©s par l'habitude, finissent par ne plus s'Ă©mouvoir, au point parfois de ne plus les voir. Dans l'espace en sous-sol du Suquet des artistes, surplombĂ© par les rues cannoises, la peinture de Bilal Hamdad offre au moins au visiteur le temps d'arrĂȘter regard sur leur rĂ©alitĂ©. Au lieu, comme tant de personnes le font tant chaque jour, de passer son chemin pour suivre, machinalement, la traversĂ©e de sa propre existence dans une ville Ă  la rumeur incessante. Bilal Hamdad, “Solitudes croisĂ©es”, jusqu'au 29 mai 2022 au Suquet des artistes, Cannes. Vue in situ de l’exposition de Bilal Hamdad, “Solitudes croisĂ©es”, Suquet des Artistes, Cannes. © Olivier Calvel
Le 1er site d’information sur l’actualitĂ©. Retrouvez ici une archive du 27 janvier 1970 sur le sujet M. Giscard d'Estaing : le monde du travail demeure en marge de notre sociĂ©tĂ©
À la demande de la SNCF, propriĂ©taire du site, les forces de l'ordre ont fait Ă©vacuer, le 26 juillet au matin, les locaux de la SERNAM, situĂ©s dans la zone en friche de Baud-Chardonnet, Ă  Rennes Ouest-France, 26-07-2011. CRS et GIPN ont dĂ©barquĂ© avec "la SociĂ©tĂ© protectrice des animaux SPA, la fourriĂšre, des tracto-pelles, des camions-bennes, et une entreprise de dĂ©mĂ©nagement" prĂ©cise Le Mensuel de Rennes 26-07-2011. Le 18 janvier, la SNCF avait dĂ©posĂ© une plainte pour occupation illĂ©gale des lieux et le 26 janvier pour effraction dans un poste Ă©lectrique Ă  haute tension, rappelle Le TĂ©lĂ©gramme 27-07-2011. InutilisĂ©s depuis plusieurs mois, les lieux - m2 de surface couverte pour un emprise fonciĂšre totale de m2 - Ă©taient occupĂ©s, depuis dĂ©cembre 2010, par l'association ARET23 et le collectif d'artistes L'Élaboratoire link qui les avaient recyclĂ©s en espaces de rĂ©pĂ©tition et de crĂ©ation pour les compagnies, qui avaient organisĂ© diffĂ©rents ateliers pour les adhĂ©rents soudure, travail du mĂ©tal, menuiserie, Ă©bĂ©nisterie, mĂ©canique, carrosserie, vidĂ©o et photo, cuisine, couture, informatique, musique et avaient ouvert une cantine et un garage associatifs. "La question de la place dans notre ville des jeunes artistes en marge des institutions, et des jeunes en gĂ©nĂ©ral qui recherchent des expĂ©riences de mode de vie alternatives, semble ignorĂ©e par nos pouvoirs publics. Leur mise Ă  la rue ne peut qu’accentuer leur marginalisation et leur ras le bol. Nous ne pouvons construire une ville durablement sans intĂ©grer cette partie de la jeunesse qui participe avec gĂ©nĂ©rositĂ©, crĂ©ativitĂ© et enthousiasme Ă  sa vie culturelle et festive" a dĂ©clarĂ© dans un communiquĂ© Europe Écologie Rennes qui signale que les oeuvres et les biens personnels des artistes absents ont Ă©tĂ© mis dans des bennes Ă  ordures. Pour d'autres informations, voir ici link et lĂ  link 7QY77.
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