Tome1 – Chapitre 4 – Plus que des mots. Hifumi marchait tranquillement en ville, se fondant dans la foule. Quittant le chĂąteau, Hifumi passa dans une zone remplie de larges maisons appartenant vraisemblablement aux nobles, et arriva dans une rue entourĂ©e de maisons Ă  2 ou 3 Ă©tages, de magasins divers, ainsi que de stands de nourriture

Les Ă©vĂšnements de mai-juin 1968, ou plus briĂšvement Mai 68, dĂ©signent une pĂ©riode durant laquelle se dĂ©roulent, en France, des manifestations d'Ă©tudiants, ainsi que des grĂšves gĂ©nĂ©rales et sauvages. L'historiographie de Mai 68 a rappelĂ© Ă  partir des annĂ©es 1990 que prĂšs de dix millions de personnes ont fait grĂšve juste avant la nĂ©gociation des accords de Grenelle qui actent un relĂšvement de 35 % du SMIG, le salaire minimum, la rĂ©volte Ă©tudiante parisienne, ayant gagnĂ© le monde ouvrier et pratiquement toutes les catĂ©gories de population sur l'ensemble du territoire, pour constituer le plus important mouvement social du XXe siĂšcle en France. PrĂ©mices Ce mouvement est caractĂ©risĂ© par une vaste rĂ©volte spontanĂ©e antiautoritaire ici et maintenant », de nature Ă  la fois sociale, politique et culturelle, dirigĂ©e contre le capitalisme, le consumĂ©risme, l'impĂ©rialisme amĂ©ricain et, plus immĂ©diatement, contre le pouvoir gaulliste en place. Les Ă©vĂšnements de mai-juin provoquent la mort d'au moins sept personnes[1] et des centaines de blessĂ©s graves dans les affrontements, aussi bien du cĂŽtĂ© des manifestants que des forces de l'ordre. Avec le recul des annĂ©es, les Ă©vĂšnements de mai-juin 1968 apparaissent comme une rupture fondamentale dans l'histoire de la sociĂ©tĂ© française, matĂ©rialisant une remise en cause des institutions traditionnelles. Contexte Contexte Ă©conomique Paradoxalement, la crise de mai-juin 1968[2] survient au terme d'une dĂ©cennie de prospĂ©ritĂ© inĂ©galĂ©e. Sur le plan Ă©conomique, c'est l'apogĂ©e des Trente Glorieuses », avec un taux de croissance stable de l'ordre de 5 %[3]. Le PIB par habitant en paritĂ© de pouvoir d'achat augmente lui aussi beaucoup pendant les annĂ©es 1960, de l'ordre de 5 % par an[4]. Les conditions de vie s'amĂ©liorent en parallĂšle entre 1954 et 1968, le taux de foyers disposant d'une baignoire ou d'une douche passe de 10 % Ă  la moitiĂ©, et ceux Ă©quipĂ©s d'une toilette d'un quart Ă  la moitiĂ©[4]. La sociĂ©tĂ© de consommation s'est installĂ©e dans les mƓurs, sans que l'on prenne vraiment conscience de toutes ses implications ni des dĂ©sĂ©quilibres mondiaux qui se dĂ©veloppent. Toutefois, la sociĂ©tĂ© française est trĂšs inĂ©galitaire, l'indice de Gini est Ă©levĂ© certains sont exclus de cette pĂ©riode d'enrichissement rapide[4]. En outre, cette croissance est aussi liĂ©e Ă  la concurrence internationale accrue dans le cadre du marchĂ© commun europĂ©en lancĂ© par Ă©tapes Ă  la suite des traitĂ©s de Rome de 1957[5]. Les barriĂšres douaniĂšres entre les Six sont levĂ©es le 1er juillet 1968. Dans ce contexte, la pression sociale et salariale s'accroĂźt tandis que persistent de profondes inĂ©galitĂ©s[3] nombreuses fermetures d'usines dans le textile, la mĂ©canique, la mĂ©tallurgie ; entre 470 000 et 500 000 demandeurs d'emplois ; cinq millions de personnes sous le seuil de pauvretĂ© ; deux millions de personnes perçoivent des salaires de l'ordre de 400 ou 500 francs par mois. Depuis plusieurs mois, voire une annĂ©e, des symptĂŽmes importants d'une dĂ©tĂ©rioration de la situation Ă©conomique française ont fait leur apparition. Le nombre de chĂŽmeurs s'accroĂźt rĂ©guliĂšrement dĂ©but 1968, ils sont dĂ©jĂ  prĂšs de 500 000, soit un taux de chĂŽmage de 2 %. Les jeunes se trouvaient les premiers touchĂ©s et en 1967, le gouvernement doit crĂ©er l'ANPE[4]. La grande grĂšve des mineurs de 1963 a signalĂ© le malaise d'un monde de la mine qui vit ses derniĂšres annĂ©es avant le dĂ©but d'une crise fatale. Un nombre important de grĂšves se tiennent aussi entre 1966 et 1967, en rĂ©gion parisienne comme en province. Deux millions de travailleurs sont payĂ©s au SMIG et se sentent exclus de la prospĂ©ritĂ©, dont beaucoup d'ouvriers des usines, de femmes ou de travailleurs immigrĂ©s. Les salaires rĂ©els commencent Ă  baisser et les travailleurs s'inquiĂštent pour leurs conditions de travail. Les syndicats s'opposent ainsi aux ordonnances de 1967 sur la SĂ©curitĂ© sociale. Des bidonvilles existent encore, dont le plus cĂ©lĂšbre est celui de Nanterre, directement sous les yeux des Ă©tudiants. MĂȘme les catĂ©gories les plus privilĂ©giĂ©es ne sont pas sans motifs d'inquiĂ©tude la massification de l'enseignement supĂ©rieur a entraĂźnĂ© sur les campus d'innombrables problĂšmes de locaux, de manque de matĂ©riel, de transports. En 1967-1968, le gouvernement reparle aussi de sĂ©lection scolaire », ce qui inquiĂšte les Ă©tudiants. Contexte politique Paris, dĂ©but 1968. Sur le plan politique, le mouvement survient en une pĂ©riode d'usure de la RĂ©publique gaullienne, en place depuis 1958. En 1965, lors de la premiĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle au suffrage universel direct tenue depuis 1848, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle a Ă©tĂ© mis en ballottage par François Mitterrand et Jean Lecanuet Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale. Aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1967, sa majoritĂ© Ă  l'AssemblĂ©e nationale se rĂ©duit Ă  un seul siĂšge. Les centristes tel ValĂ©ry Giscard d'Estaing assortissent de rĂ©serves critiques leur soutien au pouvoir le oui, mais » de 1967. Les dĂ©mocrates-chrĂ©tiens tels Jean Lecanuet restent hostiles. La droite extrĂȘme et l'extrĂȘme droite ne pardonnent pas au gĂ©nĂ©ral le procĂšs de Vichy ni l' abandon » de l'AlgĂ©rie française. Les gaullistes s'irritent du maintien Ă  Matignon de Georges Pompidou, jugĂ© trop conservateur. Quant Ă  ce dernier, une sourde rivalitĂ© l'oppose depuis 1965 au gĂ©nĂ©ral de Gaulle, dont il lorgne en silence la succession. Le 13 mai 1968, le slogan Dix ans, ça suffit ! » traduit dans les dĂ©filĂ©s une certaine lassitude de l'opinion. De Gaulle Ă©tait arrivĂ© au pouvoir grĂące Ă  des tensions sociales particuliĂšres survenues autour du Coup d'État du 13 mai 1958 en jouant habilement de circonstances exceptionnelles en apparaissant comme un recours aprĂšs l'Ă©meute du 13 mai et la prise du pouvoir par l'armĂ©e Ă  Alger. De ce fait, aux yeux de ses opposants, la lĂ©gitimitĂ© de son rĂ©gime reste fortement entachĂ©e par les soupçons d'un coup d'État » originel. En dĂ©pit des succĂšs du pouvoir fin de la guerre d'AlgĂ©rie et de la dĂ©colonisation, rĂ©sorption de la crise Ă©conomique, monĂ©taire et financiĂšre, croissance soutenue et de l'acclimatation progressive de la Constitution française du 4 octobre 1958 renforçant le pouvoir exĂ©cutif par un rĂ©gime semi-prĂ©sidentiel, renforcĂ© par l'Ă©lection du prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel direct et ayant recours durant plusieurs annĂ©es aux rĂ©fĂ©rendums voir comme exemple le RĂ©fĂ©rendum français sur l'Ă©lection au suffrage universel du prĂ©sident de la RĂ©publique, ses pratiques autoritaires suscitent une critique croissante. Ainsi l'ORTF, dĂ©tentrice du monopole de l'audiovisuel, se fait ouvertement le relais de la propagande officielle. À Paris, le prĂ©fet Maurice Papon, responsable des tueries du 17 octobre 1961 et du 8 fĂ©vrier 1962, n'a Ă©tĂ© remplacĂ© qu'en 1967 par Maurice Grimaud, lettrĂ© humaniste venu de la gauche mendĂ©siste. D'autre part, la politique extĂ©rieure de prestige de Charles de Gaulle et son nationalisme ne rĂ©pondent pas nĂ©cessairement aux attentes plus matĂ©rielles, culturelles et sociales de la majoritĂ© des Français, vu son Ăąge 78 ans. En mars 1968, un cĂ©lĂšbre Ă©ditorial de Pierre Viansson-PontĂ© dans Le Monde constate que la France s'ennuie »[6], reprenant le constat prophĂ©tique de Lamartine sous le gouvernement Guizot quelques annĂ©es avant la rĂ©volution de 1848[7]. Le Parti communiste français, de loin la premiĂšre force de gauche, peine Ă  se dĂ©staliniser. Les bureaucraties d'URSS et d'Europe de l'Est rĂ©pugnent aux jeunes militants d'extrĂȘme gauche, dont le modĂšle se situe dĂ©sormais plutĂŽt du cĂŽtĂ© de Cuba ou de la Chine populaire. ParallĂšlement, les gauches non-communistes ne parviennent pas Ă  sortir de leurs divisions et de leurs discrĂ©dits. Aussi un espace est-il ouvert pour que des groupes gauchistes » trotskistes, prochinois, etc. se multiplient, en marge des grandes organisations officielles. La politisation et l'agitation sont entretenues dans la jeunesse, par exemple, par les comitĂ©s Vietnam, formĂ©s majoritairement de lycĂ©ens et Ă©tudiants, qui dĂ©noncent l'impĂ©rialisme amĂ©ricain » visible par la guerre du ViĂȘt Nam. La guerre froide fait aussi naĂźtre des idĂ©es antinuclĂ©aires. Les universitĂ©s de Clermont-Ferrand, Nantes, Montpellier ou Nancy sont en Ă©bullition bien avant le Mouvement du 22 mars, qui leur fait rĂ©fĂ©rence dans ses premiers tracts[8]. Origines culturelles Mai 68 ne se comprend que dans un monde en rapide mutation. L'accĂ©lĂ©ration de l'exode rural et de l'urbanisation, l'augmentation considĂ©rable du niveau de vie, la massification de l'Ă©ducation nationale et de l'universitĂ©, l'avĂšnement de la culture des loisirs, du spectacle et des mĂ©dias de masse, reprĂ©sentent des changements accĂ©lĂ©rĂ©s et sans prĂ©cĂ©dent en moins d'une gĂ©nĂ©ration. Les annĂ©es 1960 sont aussi celles de l'affirmation de la jeunesse qui reprĂ©sente un tiers de la population en tant que catĂ©gorie socio-culturelle et politique Ă  part entiĂšre. En particulier, la jeunesse a maintenant sa propre culture, avec une presse qui lui est destinĂ©e Hara-Kiri, Actuel, des Ă©missions de radio trĂšs suivies Salut les copains ou ses chanteurs attitrĂ©s les Rolling Stones, les Beatles, Johnny Hallyday, etc.. Elle a aussi ses propres malaises et ses propres revendications notamment en matiĂšre de libertĂ© sexuelle que les pouvoirs publics et le monde adulte tardent Ă  comprendre. Sur le plan religieux, la France, encore trĂšs catholique, vient de suivre avec passion le concile Vatican II, qui a profondĂ©ment rĂ©novĂ© — mais aussi Ă©branlĂ© — le catholicisme traditionnel, et surtout les mouvements d'action catholique. En particulier, les Scouts de France reprĂ©sentant Ă  l'Ă©poque une part non nĂ©gligeable des jeunes chrĂ©tiens, ont modifiĂ© les rapports hiĂ©rarchiques dans leurs structures, remettant en cause, Ă  partir de 1964, un modĂšle de type militaire et introduisant la collĂ©gialitĂ© des dĂ©cisions au sein des Ă©quipes. La Jeunesse Ă©tudiante chrĂ©tienne en Ă©bullition doit ĂȘtre reprise en main par la hiĂ©rarchie dĂšs 1964. Le mouvement des prĂȘtres-ouvriers, dont la condamnation est levĂ©e en 1965, reprend son essor. Beaucoup de chrĂ©tiens se prĂ©occupent de rĂ©nover les relations des fidĂšles aux autoritĂ©s religieuses, de revisiter les pratiques et les dogmes, voire de concilier foi et rĂ©volution. Sur le plan sociologique, la dynamique de groupe s'est rĂ©pandue pendant les annĂ©es 1960 dans les formations des responsables de toutes les organisations et des entreprises. La mode est au dĂ©bat. Mais les clivages sociaux sont encore extrĂȘmement rigides. 92 % des Ă©tudiants viennent encore de la bourgeoisie. Le paternalisme autoritaire est omniprĂ©sent. On commence Ă  ouvrir des lycĂ©es mixtes »[a], mais beaucoup d'Ă©tablissements scolaires sont encore rĂ©servĂ©s aux garçons ou aux filles. Celles-ci ne sont pas autorisĂ©es Ă  porter le pantalon. Par ailleurs, il est interdit de fumer dans un Ă©tablissement ou que les garçons, dans les universitĂ©s, accĂšdent aux internats de filles. La France a autorisĂ© l'usage de la pilule contraceptive en dĂ©cembre 1967, mais elle est encore peu rĂ©pandue. L'Ă©ducation n'a pas encore connu de rĂ©formes structurelles et le dĂ©calage est criant entre les aspirations d'une jeunesse et les cadres moraux qu'ils ressentent comme dĂ©passĂ©s. Sur le plan philosophique, plusieurs auteurs ont eu une influence importante au moins sur une partie du mouvement, pendant et aprĂšs le freudo-marxiste Wilhelm Reich, dont le manifeste, La rĂ©volution sexuelle , est paru en 1936 ; le livre d'Herbert Marcuse L'Homme unidimensionnel, sous-titrĂ© Essai sur l'idĂ©ologie de la sociĂ©tĂ© industrielle avancĂ©e, paru en France en 1964 puis rééditĂ© en 1968 ; le TraitĂ© de savoir vivre Ă  l'usage des jeunes gĂ©nĂ©rations, de Raoul Vaneigem, paru en 1967 ; La SociĂ©tĂ© du spectacle, de Guy Debord, paru en 1967 ; et, plus tard, L'Anti-ƒdipe, de Gilles Deleuze et FĂ©lix Guattari, publiĂ© en 1972. À l'École normale supĂ©rieure de la rue d'Ulm, le philosophe communiste Louis Althusser a formĂ© une gĂ©nĂ©ration de penseurs marxistes-lĂ©ninistes français, qui forment l'embryon des premiĂšres organisations maoĂŻstes. Cependant, peu des penseurs Ă©minents de l'Ă©poque prennent part en personne au mouvement, dont l'explosion les surprend autant que tout le monde. En gĂ©nĂ©ral, ils sont initialement perplexes, rĂ©servĂ©s voire hostiles. Une partie de la jeunesse radicalisĂ©e regarde avec fascination vers les mouvements rĂ©volutionnaires du tiers-monde Ho Chi Minh, Che Guevara, Fidel Castro servent de modĂšle, tandis que l'irruption sur la scĂšne chinoise des jeunes gardes rouges donne l'impression que la jeunesse en tant que telle peut avoir un pouvoir politique dans la sociĂ©tĂ© et remettre en cause l'autoritĂ© des adultes et des pouvoirs. On suit aussi attentivement les luttes menĂ©es aux États-Unis par le mouvement d'Ă©mancipation des Noirs, ou encore par les sit-in et les diverses recherches du mouvement hippie et Ă©tudiant, notamment Ă  l'universitĂ© de Berkeley. En avril 1968, des incidents retentissants opposent Ă©tudiants du Mouvement des Ă©tudiants allemands socialistes Sozialistischer Deutscher Studentenbund et autoritĂ©s ouest-allemandes. Le caractĂšre international de ces mouvements permet de replacer les Ă©vĂšnements français au sein d'une dynamique mondiale. Origines immĂ©diates Le Mouvement du 22 Mars, prenant le relais de la contestation menĂ©e par de petits groupes tels les situationnistes, les enragĂ©s de RenĂ© Riesel et les anarchistes, se fait connaĂźtre ce jour-lĂ  en occupant la salle du conseil des professeurs au dernier Ă©tage du bĂątiment B, la tour administrative de la facultĂ© de Nanterre. Sa principale revendication est la protestation contre des arrestations d'Ă©tudiants opĂ©rĂ©es deux jours plus tĂŽt lors d'une manifestation contre la guerre du ViĂȘt Nam[10]. Le 2 mai 1968, une journĂ©e anti-impĂ©rialiste » est organisĂ©e Ă  l'universitĂ© de Nanterre, conduisant notamment Ă  l'interruption d'un cours de RenĂ© RĂ©mond. Le doyen Pierre Grappin dĂ©cide alors la fermeture administrative de la facultĂ©, ce qui provoque la diffusion du mouvement de contestation, dĂšs le lendemain, au Quartier latin et Ă  la Sorbonne, et le dĂ©but, proprement dit, de Mai 68[11],[12],[13]. Antiautoritaire[14], le mouvement est porteur d'un idĂ©al politique trĂšs libertaire[15] au sens des libertĂ©s individuelles et trĂšs critique vis-Ă -vis de la sociĂ©tĂ© de consommation, de l'autoritarisme, de l'impĂ©rialisme. Le mouvement joue aussi de thĂšmes touchant Ă  la vie de tous les jours, comme le droit d'accĂšs pour les garçons aux rĂ©sidences universitaires des filles. Mouvement spontanĂ©iste, le 22 mars Ă©merge par sa pratique systĂ©matique de l'action directe occupations de bĂątiments administratifs, notamment et se dĂ©veloppe grĂące Ă  la dĂ©mocratie directe en assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales ouvertes Ă  tous. Tout en refusant l'institutionnalisation en organisation », il provoque un processus d'auto-organisation des Ă©tudiants ici et maintenant »[16]. Il n'y a pas eu Ă  proprement parler de figures de proue » du mouvement, qui est demeurĂ© multiforme » et sans organisation centralisĂ©e. Certains sont cependant devenus, a posteriori, des emblĂšmes du mouvement, mĂȘme si leurs discours, singuliers, ne sauraient rĂ©sumer la diversitĂ© d'opinions qui existaient au sein du mouvement et si, pour certains, ce discours postĂ©rieur a parfois consistĂ© Ă  réécrire les Ă©vĂšnements parmi eux, Serge July et Daniel Cohn-Bendit[17],[18]. Ce dernier a publiĂ© son autobiographie, "Le Grand Bazar", aux Editions Dqenoel, dĂšs 1975. Ce livre est la premiĂšre publication de la photo Daniel Cohn-Bendit face Ă  un CRS devant la Sorbonne, de Gilles Caron, cinq ans aprĂšs son dĂ©cĂšs, utilisĂ©e dĂšs la couverture de l'ouvrage et l'une des plus mĂ©diatisĂ©e au XXIĂšme siĂšcle. L'Ă©crivain Robert Merle prix Goncourt 1949, professeur d'anglais Ă  la facultĂ© de Nanterre, a consacrĂ© un roman entier, DerriĂšre la vitre, Ă  la journĂ©e du 22 mars et Ă  celles qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©e. On y retrouve beaucoup de figures de l'Ă©poque, ainsi qu'une analyse des causes et rĂȘves du mouvement[19]. Cet ouvrage sur les Ă©vĂ©nements, est complĂ©tĂ© par celui de Kristin Ross sur les discours qui ont Ă©tĂ© tenus sur Mai 68, de 1968 Ă  nos jours[20]. Les causes de ce mouvement sont diverses. Des analyses Ă©voquent l'idĂ©e qu'une grande rigiditĂ© cloisonnait les relations humaines et les mƓurs et celle d'un dĂ©but de dĂ©gradation des conditions matĂ©rielles aprĂšs la pĂ©riode de reconstruction suivant la Seconde Guerre mondiale. À l'Ă©poque, de nombreux bidonvilles jouxtent Paris, notamment celui de Nanterre. Les Ă©tudiants qui se rendaient dans la facultĂ© fraĂźchement construite dĂ©couvrirent ce milieu, la pauvretĂ©, la condition ouvriĂšre. Le mĂ©contentement naissant dans le milieu Ă©tudiant sera relayĂ© par celui qui se profilait depuis plusieurs annĂ©es dans le secteur ouvrier. ÉvĂšnements Paris en juillet 1968. Les Ă©vĂšnements superposĂšrent essentiellement un mouvement Ă©tudiant et un mouvement ouvrier, tous deux d'exceptionnelle ampleur. Au-delĂ  des revendications matĂ©rielles ou salariales, et de la remise en cause du rĂ©gime gaullien installĂ© depuis 1958, ils virent se dĂ©ployer une contestation multiforme de tous les types d'autoritĂ©. Une partie active du mouvement lycĂ©en et Ă©tudiant revendiqua notamment la libĂ©ralisation des mƓurs », et au-delĂ , contesta la vieille UniversitĂ© », la sociĂ©tĂ© de consommation, le capitalisme et la plupart des institutions et valeurs traditionnelles. Le Mai français » s'inscrit par ailleurs dans un ensemble d'Ă©vĂšnements dans les milieux Ă©tudiants et ouvriers d'un grand nombre de pays. Il ne se comprend pas sans ce contexte d'Ă©bullition gĂ©nĂ©rale de part et d’autre du rideau de fer, notamment en Allemagne, en Italie Mai rampant, aux États-Unis, au Japon, au Mexique et au BrĂ©sil, sans oublier la TchĂ©coslovaquie du printemps de Prague ou la Chine de la RĂ©volution culturelle. Pour la politiste Isabelle Sommier, le caractĂšre international de Mai 68 s'explique par la crise internationale des partisans du marxisme Ă  cette Ă©poque, l'Ă©mergence d'une sociabilitĂ© autonome de la jeunesse, les problĂšmes structurels apportĂ©s par la dĂ©mocratisation des universitĂ©s, et le rejet de la guerre du Vietnam[21]. En France, ces Ă©vĂšnements prennent cependant une coloration particuliĂšre car d'importantes manifestations d'Ă©tudiants sont rejointes Ă  partir du 13 mai 1968 par la plus importante grĂšve gĂ©nĂ©rale du XXe siĂšcle en France, dĂ©passant celle survenue en juin 1936 lors du Front populaire[20]. Elle paralyse complĂštement le pays pendant plusieurs semaines et s'accompagne d'une recherche effrĂ©nĂ©e de prise de parole, d'une frĂ©nĂ©sie de discussions, de dĂ©bats, d'assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, de rĂ©unions informelles dans la rue, Ă  l'intĂ©rieur des organismes, des entreprises, des administrations, des lycĂ©es et des universitĂ©s, des théùtres, des maisons de jeunes ou encore des maisons de la culture. Explosion souvent confuse et complexe, parfois violente, plus souvent encore ludique et festive, Mai 68 apparaĂźt comme un moment d'illusion rĂ©volutionnaire lyrique, de foi ardente et utopique en la possibilitĂ© d'une transformation radicale de la vie et du monde. Ce que reflĂ©ta notamment une prolifĂ©ration d'affiches[3], de graffiti et de slogans imaginatifs, dont l'un est Élections, piĂšge Ă  cons » [22], etc. Parfois qualifiĂ©e de rĂ©volution manquĂ©e », et malgrĂ© le large recours Ă  la rhĂ©torique et aux symboles des rĂ©volutions françaises prĂ©cĂ©dentes — barricades, drapeaux rouge et noir —, Mai 68 ne vit en rĂ©alitĂ© aucune tentative de putsch ni de guerre civile, bien que plusieurs organisations et mouvances rĂ©volutionnaires, communistes et anarchistes, aient luttĂ© activement dans le mouvement et participĂ© Ă  son organisation. Phases Une affiche de Mai 68 non signĂ©e. Les historiens divisent classiquement le dĂ©roulement de Mai 68 en trois phases, une pĂ©riode Ă©tudiante » du 3 au 13 mai le 13 mai est la date de la grande grĂšve qui a mobilisĂ© tous les secteurs, une pĂ©riode sociale » du 13 au 27 mai la date des accords de Grenelle, et une pĂ©riode politique » du 27 mai au 30 juin date des Ă©lections lĂ©gislatives. Avant comme aprĂšs le rejet par la base, le 27 mai, des accords de Grenelle, nĂ©gociĂ©s par le Premier ministre Georges Pompidou avec les syndicats, Charles de Gaulle apparaĂźt dĂ©passĂ© par les Ă©vĂšnements. AprĂšs sa disparition-surprise de 24 heures le 29 mai, il revient de Baden-Baden et reprend l'initiative en dĂ©crĂ©tant le 30 mai la dissolution de l'AssemblĂ©e nationale. La lassitude et le retournement de l'opinion publique, initialement favorable au mouvement, amĂšnent un raz-de-marĂ©e gaulliste aux Ă©lections anticipĂ©es du 30 juin. Les grĂšves cessent progressivement courant juin et les hauts lieux de la contestation, tels que la Sorbonne et l'OdĂ©on Ă  Paris, sont Ă©vacuĂ©s par la police. Mai 68 a suscitĂ©, dĂšs l'Ă©poque, de nombreuses controverses et interprĂ©tations divergentes sur sa nature et sur ses causes, comme sur ses hĂ©ritages. Il s'est prolongĂ© en ouvrant la voie aux nouvelles formes de contestation et de mobilisation des annĂ©es 1970 nouveaux mouvements sociaux telles que l'autogestion, l'Ă©cologie politique, les mouvements fĂ©ministes, le retour Ă  la terre » avec des communautĂ©s alternatives ou bien la Lutte du Larzac, l'effervescence des luttes de libĂ©ration armĂ©es en Corse, au Pays Basque, en Bretagne, en Alsace et aussi du nationalisme occitan, qui comporte comme les quatre autres exemples des composantes syndicales, culturelles, des organisations de masse et de jeunesse. Au-delĂ  du Mouvement autonome, qui est l'hĂ©ritier plus ou moins direct des Ă©meutes de 1968, l'Ă©vĂ©nement a eu un impact considĂ©rable sur le plan social et surtout culturel, en Ă©tant Ă  l'origine de nombreux acquis sociaux » et de nombreuses rĂ©formes sociĂ©tales des annĂ©es suivantes. RĂ©sumĂ© gĂ©nĂ©ral des Ă©vĂšnements Forces en prĂ©sence L'Ă©clatement spontanĂ© de la crise prit complĂštement au dĂ©pourvu le pouvoir, ainsi que pratiquement toutes les organisations, partis et syndicats organisĂ©s. Le camp du pouvoir ne fut pas plus uni que celui de la contestation. Le Parti communiste français et son relais syndical, la CGT, refusĂšrent dans un premier temps de joindre leur cause Ă  celle des Ă©tudiants vus comme bourgeois » et a fortiori de leurs dirigeants d'inspiration libertaire ou issus des divers groupuscules gauchistes ». Ceux-ci Ă©taient souvent eux-mĂȘmes divisĂ©s maoĂŻstes, trotskistes, etc., dans sa frange la plus nombreuse, libertaire anti-lĂ©niniste, et incertains quant Ă  l'attitude Ă  avoir face au mouvement. Au sommet de l'État, la crise aggrava les divergences entre le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, peu comprĂ©hensif envers ce qu'il qualifie le 19 de chienlit », et partisan d'une rĂ©pression immĂ©diate, et son Premier ministre, Georges Pompidou, qui prĂ©fĂ©ra jouer la carte de la modĂ©ration et de la comprĂ©hension pour mieux laisser le mouvement s'essouffler de lui-mĂȘme. Les forces centristes et les gauches Pierre MendĂšs France, François Mitterrand tentĂšrent difficilement de canaliser vers la construction d'une autre possibilitĂ© politique que le rĂ©gime gaullien un mouvement antiautoritaire largement indiffĂ©rent Ă  la question de la prise du pouvoir. DĂ©roulement d'ensemble Vendredi 3 mai ArrĂȘtĂ© du recteur de l’AcadĂ©mie de Paris suspendant les cours Ă  la Sorbonne, le 3 mai 1968. Archives nationales 20020476/301 Le vendredi 3 mai, la cour de la Sorbonne est occupĂ©e par 150 Ă  400 manifestants selon les sources, dont une partie venus de Nanterre, fermĂ©e par le doyen Pierre Grappin aprĂšs des incidents. Plusieurs orateurs s'expriment dans des mĂ©gaphones lors du rassemblement dans la cour. Parmi eux, l'un des sept Ă©tudiants qui doivent passer en conseil de discipline Ă  Nanterre le lundi suivant, Daniel Cohn-Bendit est filmĂ© par l'ORTF en train de dĂ©clarer c'est la premiĂšre fois que nous voulons cette occupation, qui a en fait dĂ©jĂ  eu lieu le samedi 29 mars mais plus briĂšvement. Ces images du 3 mai ne sont diffusĂ©es que deux semaines plus tard, le 14 mai, dans un reportage du magazine Zoom[23] qui a subi de nombreuses coupes au montage. Des Ă©tudiants s'arment de bĂątons et de pierres, prĂ©sentĂ©s comme "matĂ©riel anti-fasciste", car une rumeur annonce que le mouvement d'extrĂȘme droite Occident va organiser une marche sur l'Ă©tablissement pour le faire Ă©vacuer par la violence. Le recteur de l'acadĂ©mie de Paris, prĂ©sident du conseil de l'universitĂ©, requiert les forces de police pour rĂ©tablir l'ordre en expulsant les perturbateurs ». La Sorbonne est Ă©vacuĂ©e de force, de nombreux Ă©tudiants arrĂȘtĂ©s, mais des Ă©tudiantes appellent Ă  les libĂ©rer. Dans la soirĂ©e, des centaines d'Ă©tudiants et de passants affrontent violemment les forces de l'ordre. Selon un rapport de police Ils appliquent une technique de harcĂšlement ponctuĂ©e de heurts sĂ©vĂšres, mais de courte durĂ©e. À 20h25, trois commissaires [
], conjuguant les efforts de leurs effectifs, dĂ©gagent les abords du Luxembourg au prix d'actions vigoureuses et en s'aidant de grenades lacrymogĂšnes. Des Ă©bauches de barricades sont successivement abandonnĂ©es par des manifestants agressifs qui, pour dĂ©gager certains des leurs, se ruent en bandes sur nos effectifs ». 574 personnes sont arrĂȘtĂ©es, dont Jacques Sauvageot, le dirigeant de l'UNEF, principal syndicat Ă©tudiant, mais aussi JosĂ© Rossi, HervĂ© Chabalier, Henri Weber, Guy Hocquenghem, Daniel Cohn-Bendit, Brice Lalonde, Bernard Guetta ou Alain Krivine[24]. Cette intervention des forces de l'ordre Ă  la Sorbonne, Ă  la demande du recteur Jean Roche, sans prĂ©avis ni nĂ©gociations, est trĂšs mal vĂ©cue par les Ă©tudiants, qui se pensaient protĂ©gĂ©s par le statut universitaire. DĂšs le 4 mai, le doyen de Nanterre, Pierre Grappin, le doyen de la FacultĂ© des sciences de Paris, Marc Zamansky, et l'ancien recteur Jean Capelle critiquent cette violation du sanctuaire universitaire[25]. La journĂ©e d'Ă©meute fait 481 blessĂ©s Ă  Paris 279 Ă©tudiants et 202 policiers[26]. Lundi 6 mai Couverture d'un numĂ©ro du journal Action. Le 6 mai, huit Ă©tudiants de Nanterre, dont Daniel Cohn-Bendit, Jean-Pierre Duteuil et RenĂ© Riesel, sont convoquĂ©s par le rectorat en commission disciplinaire ; les professeurs de Nanterre Henri Lefebvre, Guy Michaud, Alain Touraine et Paul RicƓur les accompagnent alors en soutien[25]. Les Ă©tudiants rĂ©agissent aussitĂŽt par des manifestations violentes contre les forces de l'ordre jets de pavĂ©s, puis barricades. Ces manifestations reprennent ensuite Ă  l'annonce de peines de prison pour les manifestants, pendant lesquelles commencent Ă  fleurir les slogans libertaires. Bilan plus de 300 policiers blessĂ©s et 422 arrestations[24]. Le mĂȘme jour, le Parti communiste marxiste-lĂ©niniste de France publie un tract, ponctuĂ© de citations de Mao Zedong, appelant Ă  soutenir la juste lutte des Ă©tudiants »[27]. Le PCMLF continuera Ă  soutenir le mouvement dans les jours qui suivent par des tracts le 11[28], le 17[29] et le 20 mai[30], appelant Ă  l'union des Ă©tudiants et des travailleurs pour un pouvoir populaire rĂ©volutionnaire ». Le prĂ©sident du SNEsup syndicat des enseignants du supĂ©rieur, Alain Geismar, dĂ©cide de soutenir les manifestants. Les membres du parti communiste et de certaines organisations d'extrĂȘme gauche maoĂŻstes de l'UJCml, derriĂšre Robert Linhart sont d'abord pris de court pour eux, la rĂ©volution est censĂ©e venir des ouvriers, et non des Ă©tudiants ; de plus, les revendications du Mouvement du 22 Mars leur paraissent puĂ©riles », petit-bourgeoises » et surtout gauchistes ». AprĂšs un moment de flottement, ils essayent toutefois de gagner les ouvriers Ă  cette rĂ©volte ». La CGT, pour sa part, ne les suit pas et son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'Ă©poque, Georges SĂ©guy, s'en explique plus tard devant les mĂ©dias Cohn-Bendit, qui est-ce ? Sans doute faites-vous allusion Ă  ce mouvement lancĂ© Ă  grand renfort de publicitĂ© qui, Ă  nos yeux, n'a pas d'autre objectif que d'entraĂźner la classe ouvriĂšre dans des aventures en s'appuyant sur le mouvement des Ă©tudiants ». Mais la base de ces organisations traditionnelles de gauche dĂ©passe leurs responsables. Des manifestations de soutien aux Ă©tudiants parisiens ont lieu Ă  Strasbourg et Ă  Brest, tandis qu'au contraire Ă  Dijon plusieurs centaines d'Ă©tudiants dĂ©filent aux cris de Pas de Nanterre Ă  Dijon », entre autres slogans[26]. Le 7 mai, Jean Schalit, ex-dirigeant de l'Union des Ă©tudiants communistes UEC qui avait rĂ©novĂ© son organe de presse, ClartĂ©, fonde le journal Action, auquel participent Reiser, SinĂ©, Wolinski, ainsi que Jean-Paul DollĂ©, Jean-Marcel Bouguereau, Guy Hocquenghem, Bernard Kouchner, AndrĂ© Glucksmann. D'hebdomadaire, celui-ci devient rapidement quotidien, tirant jusqu'Ă  cent mille exemplaires qui sont vendus dans la rue[31]. Vendredi 10 mai Tract appelant Ă  la manifestation Ă  la suite des Ă©vĂšnements parisiens du 10 mai. AprĂšs une manifestation place Denfert-Rochereau qui a rassemblĂ© en fin d'aprĂšs-midi 20 000 lycĂ©ens et Ă©tudiants 12 000 personnes selon la police, dans la nuit du 10 mai au 11 mai, les Ă©tudiants et lycĂ©ens occupent le Quartier latin et dressent plusieurs dizaines de barricades qui sont finalement prises d'assaut, Ă  partir de deux heures du matin, par 6 255 policiers c'est la nuit des barricades ». La derniĂšre barricade rue Thouin tombe Ă  5 heures 30[32]. Au petit matin 125 voitures dĂ©tĂ©riorĂ©es, 63 incendiĂ©es[26], des rues dĂ©vastĂ©es et dĂ©pavĂ©es, comme aprĂšs une scĂšne de guerre, 247 policiers blessĂ©s, sans compter au moins une centaine de manifestants[26] dont le nombre est impossible Ă  dĂ©terminer, la plupart ne s'Ă©tant pas fait connaĂźtre ». Au total, 469 personnes sont interpellĂ©es. Parmi elles, selon les sources policiĂšres, on trouve Patrick Topaloff, Michel Vauzelle ou Évelyne Pisier[24]. Entre autres, Alain Krivine ou HervĂ© Chabalier, de la JCR, Daniel Cohn-Bendit, du Mouvement du 22 Mars, de nombreux vieux » de l'Union des Ă©tudiants communistes Alain Forner, AndrĂ© SĂ©nik, Jean-Louis Peninou, Michel Butel, Prisca Bachelet, Serge July ou de l'UNEF, RenĂ© Riesel, Guy Debord, de l'Internationale situationniste, sont prĂ©sents lors de ce soulĂšvement spontanĂ©. Face Ă  la rĂ©pression policiĂšre, la population y compris les professeurs[25] a tendance, depuis les premiers jours, Ă  Ă©prouver majoritairement plutĂŽt de la sympathie pour les Ă©tudiants[24]. À l'aube, syndicats et partis appellent Ă  une dĂ©monstration de solidaritĂ© pour le surlendemain. Le Centre catholique des intellectuels français CCIF, dirigĂ© par RenĂ© RĂ©mond, qui, en voyage en Italie, dĂ©lĂšgue ses pouvoirs Ă  Jean-Marie Mayeur, s'abstient prudemment de toute dĂ©claration concernant l'agitation Ă©tudiante, ne condamnant ni ne soutenant le mouvement[25] ; le professeur d'histoire Pierre RichĂ© compare celui-ci aux contestations Ă©tudiantes du XIIIe siĂšcle[25]. Les professeurs sont en effet divisĂ©s Ă  Nanterre, Anne Zink, Claude Willard, Denise Grodzynski, François Billacois, Jean-Claude HervĂ©, Pierre Goubert et Simone Roux sont plutĂŽt favorables aux revendications Ă©tudiantes, sinon Ă  leur forme[25]; Jacques Heers, FrĂ©dĂ©ric Mauro, François Crouzet, François Caron ou AndrĂ© Chastagnol s'y opposent[25]. À Strasbourg, la facultĂ© de Lettres est occupĂ©e ; Ă  Aubagne les collĂ©giens se mobilisent, revendiquant notamment la prĂ©sence de dĂ©lĂ©guĂ©s dans les conseils de discipline et conseils de classe ; Ă  Marseille 2 000 lycĂ©ens se placent Ă  l'entrĂ©e de la facultĂ© de sciences[26]. Le 11 mai, de retour d'Afghanistan, le Premier ministre Georges Pompidou cĂšde aux revendications du SNESup et de l'UNEF et ordonne la rĂ©ouverture des universitĂ©s[25]. Il exige que les forces de police quittent la Sorbonne, afin de calmer la situation. On croit alors qu'il tergiverse et cĂšde, mais en rĂ©alitĂ© ce mouvement est tactique il espĂšre que les excĂšs des Ă©tudiants dĂ©considĂ©reront leur mouvement au regard de l'opinion[33]. Sceptique face Ă  cette ligne de modĂ©ration tactique, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle reste pour l'heure Ă  l'Ă©cart, en se rĂ©servant la possibilitĂ© d'intervenir si besoin. Appel Ă  la grĂšve du dimanche 12 mai Le 12 mai, la CGT lance un appel Ă  la grĂšve gĂ©nĂ©rale pour le lendemain[34]. L'avant-veille, soir du 10 mai, le magazine tĂ©lĂ©visĂ© Panorama, prĂ©sentant ce qui se passait depuis le dĂ©but du mois de mai, avait Ă©tĂ© censurĂ©. Le samedi, les personnels de l'ORTF s'insurgent contre cette censure par un communiquĂ© Ă  l'AFP, le jour oĂč les images sur les violences policiĂšres de la nuit de vendredi Ă  samedi ont "bouleversĂ© la France entiĂšre" ou presque, rappelle l'historienne Michelle Zancarini-Fournel[34]. L'appel de la CGT est repris par les Ă©tudiants, la SNESup, un syndicat enseignant, la CFDT et la FEN FĂ©dĂ©ration de l'Education Nationale et Force OuvriĂšre[34]. "Les appels syndicaux Ă  la grĂšve gĂ©nĂ©rale de vingt-quatre-heures insistent tous sur la solidaritĂ© entre Ă©tudiants et ouvriers lĂ  oĂč deux mondes demeuraient le plus souvent sĂ©parĂ©s, la violence policiĂšre vient les rapprocher", selon l'historienne Ludivine Bantigny dans son livre 1968[34]. Cet appel Ă  la grĂšve des 5 principaux syndicats suit de trĂšs longues tractations entre eux, de 10h Ă  18h, Ă  la Bourse du Travail de Paris[34],[35]. Alain Geismar, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNESup[34], insiste pour que les figures du mouvement Ă©tudiant soient en tĂȘte du cortĂšge juste Ă  cĂŽtĂ© des leaders syndicaux qui n'en voulaient pas en raison du climat de violence verbale des deux prĂ©cĂ©dentes semaines[34]. La "popularitĂ© du mouvement" fait que "tout le monde dĂ©file ensemble", derriĂšre un "mot d'ordre commun"[34] "Dix ans ça suffit!", qui "rassemble", car pour la premiĂšre fois depuis le retour au pouvoir de Charles de Gaulle en 1958[34], le rĂ©gime est remis en cause[34], expliquera Alain Geismar, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNESup[34]. Lundi 13 mai Tract situationniste-enragĂ©s du comitĂ© d'occupation de la Sorbonne du 16 mai 1968. Le lundi 13 mai, une immense manifestation composĂ©e de lycĂ©ens, d'Ă©tudiants et de grĂ©vistes ouvriers et employĂ©s venus de toute la France traverse Paris[36]. Au milieu de l'aprĂšs-midi toutes les artĂšres principales situĂ©es dans un polygone Gare de l'Est, Gare du Nord, Bonne Nouvelle, ChĂątelet, Bastille, RĂ©publique sont pleines des manifestants. Le syndicat CFDT, la CGT et la FEN parlent d'un million de manifestants. Les estimations les plus sĂ©rieuses surface occupĂ©e par la foule des manifestants font Ă©tat de 500 000 personnes. La prĂ©fecture de police en dĂ©nombre 230 000, mais l'ORTF en annonce 171 000[26]. Les syndicats revendiquent Ă©galement un total un million de manifestants dans une trentaine d'autres villes du pays. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avaient demandĂ© les jours prĂ©cĂ©dents Ă  rencontrer une dĂ©lĂ©gation de Nanterre, oĂč une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale a mandatĂ© deux reprĂ©sentants, Alain Geismar et Herta Alvarez, lycĂ©enne de 18 ans, fille d'anarchistes espagnols[37]. Reçus chez Simone de Beauvoir jusqu'Ă  2 heures du matin, ils soulignent l'humilitĂ© de Sartre, vĂ©rifiant qu'il comprend bien »[38]. Cette nuit de discussion vise aussi Ă  Ă©carter Alain Geismar d'Ă©ventuelles violences. Une semaine plus tard, le 20 mai, Sartre va aussi interviewer Daniel Cohn-Bendit[39] sur le programme » et les objectifs » Ă  long terme des Ă©tudiants, mĂȘme si ce dernier refuse catĂ©goriquement qu’il y en ait, car "dĂ©finir un programme" serait "inĂ©vitablement paralysant"[39] et car "ce dĂ©sordre ... permet aux gens de parler librement"[39]. Daniel Cohn-Bendit Ă©crit un mois aprĂšs que "Personne chez nous n’a lu Marcuse. Certains lisent Marx, bien sĂ»r, peut-ĂȘtre Bakounine, et, parmi les auteurs contemporains, Althusser, Mao, Guevara, Henri Lefebvre. Les militants politiques du Mouvement du 22 mars ont Ă  peu prĂšs tous lu Sartre"[40]. Finalement la Sorbonne sera rouverte, sur ordre du Premier ministre Georges Pompidou et restera un des foyers de la contestation. GrĂšve au lendemain du 13 mai Le dĂ©brayage gĂ©nĂ©ral commence le jour de la manifestation puis, compte tenu de son Ă©norme succĂšs, se poursuit le lendemain, le mardi 14 mai. Au petit jour, 500 mĂ©tallos de l'usine Claas de Woippy Moselle[41], dĂ©braient, relayĂ©s quelques heures plus tard par les ouvriers de l'usine Sud-Aviation Ă  Bouguenais, qui est la premiĂšre usine occupĂ©e[41], en rĂ©fĂ©rence aux occupations de 1936. Puis, la grĂšve s'Ă©tend petit Ă  petit Ă  tout le pays. L'appel Ă©galement lancĂ© de la Sorbonne le 16 mai par le comitĂ© d'occupation pour l'occupation immĂ©diate de toutes les usines en France et la formation des conseils ouvriers suscite les craintes des autoritĂ©s communiquĂ© de 19 heures de Pompidou. Le chef de l'État, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, en voyage officiel en Roumanie du 14 mai au 19 mai, n'accorde initialement pas beaucoup d'attention Ă  ces manifestations. Il laisse son Premier ministre s'en occuper on dira de celui-ci plus tard que rares sont les hommes politiques, tel M. Pompidou, pour encaisser Ă  ce point pendant les insultes »[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Les situationnistes se retirent de la Sorbonne le 17 mai aprĂšs avoir constatĂ© l'impossibilitĂ© de faire respecter la dĂ©mocratie directe, qu'ils avaient tentĂ© d'instaurer par le comitĂ© d'occupation Ă©lu, et s'en vont crĂ©er le Conseil pour le maintien des occupations, rue d'Ulm, pour tenter de susciter l'auto-organisation du prolĂ©tariat ouvrier dans les usines. Les diffĂ©rents lĂ©ninistes prĂ©sents dont les JCR s'emparent alors du pouvoir de la Sorbonne, qu'ils ne lĂąchent plus jusqu'Ă  son Ă©vacuation au mois de juin aprĂšs la dĂ©faite de la grĂšve. GrĂšve gĂ©nĂ©rale Des travailleurs en grĂšve devant leur usine occupĂ©e en juin. Sans mot d'ordre aucun, et Ă  la surprise des responsables de chaque camp, la grĂšve gĂ©nĂ©rale symbolique prĂ©vue pour le 13 mai ne s'arrĂȘte pas ce jour-lĂ . Le mouvement ne fait au contraire que s'Ă©tendre rapidement dans les jours qui suivent c'est la premiĂšre grĂšve gĂ©nĂ©rale sauvage de l'Histoire. C'est aussi la premiĂšre fois qu'une grĂšve gĂ©nĂ©rale paralyse un pays parvenu au stade de la sociĂ©tĂ© de consommation. Des grĂšves et occupations d'usine spontanĂ©es se multiplient. La premiĂšre a lieu Ă  l'usine Sud-Aviation Bouguenais, en Loire-Atlantique, le 14 mai avec 2 682 salariĂ©s ; cette grĂšve ouvriĂšre Ă  Nantes sera Ă  la fois du premier et du plus long des mouvements ouvriers de Mai 68, prenant fin le 14 juin[42]. Dans le Nord Pas-de-Calais, oĂč la plus grande manifestation a eu lieu dĂšs le 11 mai, 85% des mineurs sont en grĂšve et des meetings gĂ©ant se succĂšdent chez Usinor-Denain[43]. Le 22 mai, dix millions de salariĂ©s ne travaillent pas en grĂšve ou empĂȘchĂ©s de travailler. Les syndicats, dĂ©bordĂ©s par la poursuite de cette grĂšve spontanĂ©e au-delĂ  de la journĂ©e du 13 mai, reprennent petit Ă  petit la tĂȘte du mouvement. L'acceptation par les grĂ©vistes sauvages » de l'autoritĂ© de leurs syndicats de tutelle immobilise la grĂšve dans une situation de statu quo qui perdure jusqu'au 30 mai[rĂ©f. nĂ©cessaire]. De la sorte, les portes des usines se referment devant les manifestations des Ă©tudiants venus dĂ©filer Ă  Billancourt, au grand dam des gauchistes » qui rĂȘvent d'une union sacrĂ©e entre intellectuels et ouvriers. Mais les ouvriers eux-mĂȘmes se mĂ©fient de ces Ă©tudiants qu'ils identifient Ă  la classe montante de leurs dirigeants actuels. Cependant, les syndicats, par cette action, n'isolent pas seulement les ouvriers des influences petites-bourgeoises » des Ă©tudiants, mais aussi des travailleurs d'autres entreprises et empĂȘchent, de la sorte, qu'ils se reconnaissent ainsi des intĂ©rĂȘts communs dans cette lutte. Quoi qu'il en soit, leurs revendications du moment ne peuvent en aucun cas ĂȘtre alignĂ©es sur les revendications typiques des grĂšves classiques lancĂ©es par la CGT ou la CFDT. Certaines restent, certes, traditionnelles par certains cĂŽtĂ©s augmentation des salaires, meilleures conditions de travail, mais d'autres sont nouvelles il s'agit, en effet, de revendications qualitatives autonomie, responsabilitĂ© du salariĂ©, forme de cogestion des entreprises, etc.. Le Parti communiste marxiste-lĂ©niniste de France, dans l'Ă©dition du 22 mai 1968 de son journal L'HumanitĂ© nouvelle, parle de premiĂšre victoire rĂ©volutionnaire » et de Pompidou capitulant devant la grĂšve gĂ©nĂ©rale et les mobilisations des Ă©tudiants et ouvriers »[44]. LibĂ©ration de la parole Drapeaux rouge et noir au théùtre de l'OdĂ©on, occupĂ© par des Ă©tudiants et des artistes en mai 1968. Dans tout le pays, la parole se libĂšre et devient pour quelques semaines la raison d'ĂȘtre des Français. EnthousiasmĂ© ou catastrophĂ©, dubitatif ou mĂ©ditatif, chacun selon sa sensibilitĂ© participe ou observe. Des dialogues intenses se nouent dans les rues, entre inconnus, et Ă  travers les gĂ©nĂ©rations. L'un des symboles de ces lieux de dĂ©bats est le théùtre de l'OdĂ©on Ă  Paris, qui Ă  partir du 16 mai, selon le communiquĂ© lu lors d'une confĂ©rence de presse tĂ©lĂ©visĂ©e devient un lieu de rencontre entre ouvriers, Ă©tudiants, artistes et comĂ©diens »[45]. Il devient aussi un lieu oĂč l'on peut entendre s'affronter, dans des dĂ©bats pris trĂšs au sĂ©rieux jour et nuit, quelques syndicalistes dĂ©lĂ©guĂ©s de chez Renault, des mĂ©nagĂšres du quartier, des Ă©tudiants, un groupe de jeunes de droite de Neuilly-sur-Seine, un groupe de lycĂ©ens d'une banlieue ouvriĂšre, des artistes cĂ©lĂšbres Michel Piccoli, Raymond Rouleau, Sami Frey, des professeurs, un conseiller municipal, un ou deux cadres d'entreprise, pendant que quelques dĂ©fenseurs de la libĂ©ration sexuelle se retrouvent dans les coulisses du théùtre. De son cĂŽtĂ©, Jacques Chirac est mandatĂ© par Pompidou pour aller rencontrer clandestinement les syndicats afin de prĂ©parer les futures nĂ©gociations[rĂ©f. nĂ©cessaire], les syndicats Ă©tant, il est vrai, les seuls Ă  encore tenir Ă  peu prĂšs le pays alors que l'autoritĂ© de l'État est devenue pratiquement inexistante, et le gouvernement de l'ÉlysĂ©e complĂštement fantoche selon le tĂ©moignage de Michel Jobert[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Basculement Le mouvement de grĂšve s'approfondit et devient politique. Dans ce contexte, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle apparaĂźt flottant et dĂ©passĂ© alors que son intervention tĂ©lĂ©visĂ©e du 24 mai oĂč il propose un rĂ©fĂ©rendum destinĂ© Ă  lui permettre d'obtenir par le suffrage de la nation un mandat pour la rĂ©novation est tombĂ©e Ă  plat de son propre aveu, et n'a suscitĂ© qu'une nouvelle nuit de barricades parisiennes plus violente que la prĂ©cĂ©dente, une alternative semble s'esquisser non sans mal Ă  gauche. Certains, comme François Mitterrand, parlent d'un gouvernement provisoire qui serait dirigĂ© par Pierre MendĂšs France. C'est aussi vers ce dernier que se tournent beaucoup de regards, jusque de la part des centristes et de certains hommes de droite, et c'est en lui aussi que mettent leurs espoirs les organisateurs CFDT, FEN, UNEF et animateurs de Mai du rassemblement du 27 mai au stade CharlĂ©ty. La situation Ă©tant visiblement trop dangereuse pour le PCF avec notamment la nuit du 24 qui a pris un tour insurrectionnel, le parti — par l'intermĂ©diaire des syndicats — accueille avec bienveillance la proposition de concertation Ă©manant du Premier ministre Georges Pompidou, afin d'obtenir au plus vite, par la concession d'avantages quantitatifs, la reprise du travail par les travailleurs. Les accords de Grenelle du 27 mai, nĂ©gociĂ©s entre Pompidou, le patronat et les syndicats, laissent croire un moment Ă  la reprise du travail en Ă©change d'une fournĂ©e d'acquis sociaux. Les acquis envisagĂ©s sont sans prĂ©cĂ©dent depuis la LibĂ©ration, voire depuis les accords Matignon du 7 juin 1936, mais aussi sans commune mesure avec ces mĂȘmes accords, ceux de Grenelle Ă©tant plus Ă  mĂȘme d'ĂȘtre remis en cause que ceux de 1936 droit syndical dans l'entreprise, augmentation du SMIG de 35 %, paiement des jours de grĂšve Ă  50 %, etc. Le point de basculement coĂŻncide avec l'annonce des accords de Grenelle faite par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CGT, Georges SĂ©guy, aux ouvriers de Boulogne-Billancourt. MalgrĂ© la version officielle qui atteste que SĂ©guy Ă©tait venu se faire applaudir auprĂšs des ouvriers pour les accords qu'il avait obtenus, certaines sources avancent, contradictoirement, que le PCF savait ou avait dĂ©cidĂ©, avant mĂȘme l'annonce de SĂ©guy, que la grĂšve devait continuer, peut-ĂȘtre en raison de la menace que reprĂ©sentait, Ă  la droite du PCF, la montĂ©e en puissance de l'alternative MendĂšs France qui ralliait, depuis le rassemblement du stade CharlĂ©ty le 27 mai, nombre de sympathisants appartenant Ă  la gauche modĂ©rĂ©e. Quoi qu'il en soit, Ă  partir du refus manifestĂ© par les ouvriers de Boulogne-Billancourt, la base rejette les accords et aucun espoir de reprise du travail ne se profile pour le pouvoir. Le PCF est dubitatif et menacĂ© d'ĂȘtre dĂ©bordĂ©, dĂ©sespĂ©rant de sauver le gaullisme avec qui il est, malgrĂ© les divergences, liĂ© depuis la rĂ©sistance. Il s'apprĂȘte Ă  contrecƓur, mais aussi sans aucune solution de rechange, Ă  lui succĂ©der au pouvoir. Il fait dĂ©filer ses troupes en bon ordre le 29 mai dans un Paris dĂ©sert pour exiger un gouvernement populaire » aux contours imprĂ©cis mais dont il serait une partie prenante essentielle. La France semble prĂȘte Ă  basculer dans un nouveau rĂ©gime, personne ne croyant, Ă  ce moment, au retour du gĂ©nĂ©ral aux affaires. Dissolution de l'AssemblĂ©e nationale Une affiche de Mai 68. C'est justement ce 29 mai, qu'au plus fort de la contestation et du dĂ©sarroi, de Gaulle disparaĂźt pendant plusieurs heures, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale. Pompidou et la majoritĂ© sont alors plongĂ©s dans une certaine angoisse. Sans prĂ©venir personne, de Gaulle va consulter le gĂ©nĂ©ral Massu en Allemagne, au lieu de se rendre comme annoncĂ© Ă  Colombey. Veut-il s'assurer symboliquement le soutien de l'armĂ©e, dont nul ne souhaite en rĂ©alitĂ© l'intervention ? Veut-il dĂ©concerter l'adversaire et jouer sur la peur du vide, alors que l'opinion commence Ă  se retourner devant l'absence de perspective du mouvement ? ÉpuisĂ© et dĂ©concertĂ©, a-t-il eu un authentique moment de passage Ă  vide[b], voire la tentation de se retirer ? Il semble que toutes ces raisons se soient conjuguĂ©es. Dans un entretien avec Michel Droit, le 7 juin 1968, de Gaulle dĂ©clare Le 29 mai j'ai eu la tentation de me retirer. Et puis en mĂȘme temps j'ai pensĂ© que si je partais, la subversion menaçante allait dĂ©ferler et emporter la RĂ©publique. Alors, une fois de plus, je me suis rĂ©solu »[47]. Revenu Ă  Paris le lendemain midi 30 mai, de Gaulle accepte la proposition de Georges Pompidou de dissoudre l'AssemblĂ©e nationale pour organiser de nouvelles Ă©lections lĂ©gislatives[48]. La manifestation de soutien au gĂ©nĂ©ral de Gaulle, le 30 mai 1968. L'aprĂšs-midi, tandis qu'une marche de soutien au gouvernement, menĂ©e par AndrĂ© Malraux[c] et Michel DebrĂ©, rĂ©unit sur les Champs-ÉlysĂ©es entre 300 000 selon la prĂ©fecture de police et un million de manifestants selon les gaullistes, de Gaulle fait un discours offensif il annonce qu'il ne se retire pas et qu'il ne change pas de Premier ministre. Il organise des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es Ă  moins qu'on entende bĂąillonner le peuple français tout entier en l'empĂȘchant de s'exprimer en mĂȘme temps qu'on l'empĂȘche de vivre, par les mĂȘmes moyens qu'on empĂȘche les Ă©tudiants d'Ă©tudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler ». De la sorte, de Gaulle fait ressortir, dans son discours, la vieille rivalitĂ© entre le parti communiste et le gaullisme pour ne pas mettre en avant leurs intĂ©rĂȘts communs Ă  ce que le mouvement n'aille pas plus loin Ces moyens, ce sont l'intimidation, l'intoxication, et la tyrannie exercĂ©s par des groupes organisĂ©s de longue main, en consĂ©quence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, mĂȘme s'il a dĂ©jĂ  des rivaux Ă  cet Ă©gard ». Il annonce aussi qu'il est prĂȘt Ă  mettre en Ɠuvre l'article 16 de la Constitution qui permet au chef de l'État, dans des circonstances jugĂ©es exceptionnelles, de s'octroyer le pouvoir absolu dans le pays si le peuple ne se plie pas Ă  ses dĂ©cisions Si, donc, cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la rĂ©publique, prendre conformĂ©ment Ă  la constitution d'autres voies que le scrutin immĂ©diat du pays ». Le PCF se rallie aux Ă©lections annoncĂ©es par le gĂ©nĂ©ral, quel qu'en soit le prix Ă  payer pour lui ultĂ©rieurement. Dans son communiquĂ© du 30 mai, le Parti communiste marxiste-lĂ©niniste de France dĂ©nonce alors les accents d'apprenti dictateur » de De Gaulle, comparĂ© Ă  NapolĂ©on Ier au moment du 18 Brumaire et met en garde les travailleurs contre le danger fasciste », tout en pointant la responsabilitĂ© des rĂ©visionnistes », c'est-Ă -dire de la direction du PCF et de la CGT[49]. Juin fin du mouvement et affrontements Une affiche de Mai 68. Le 31 mai, l'essence revient dans les stations-services et la presse rapporte que des chars convergent vers Paris et que des unitĂ©s en armes se regroupent au camp de Frileuse. La police et l'armĂ©e reprennent possession d'Ă©metteurs de l'ORTF occupĂ©s. AprĂšs des Ă©lections organisĂ©es dans les entreprises et souvent truquĂ©es pour pousser, branche par branche, Ă  la reprise du travail[rĂ©f. nĂ©cessaire], alors que la base, depuis le 27, avait rejetĂ© unanimement les accords de Grenelle, les syndicats laissent la place aux CRS pour chasser les derniers rĂ©calcitrants et Ă©teindre ici ou lĂ  les derniers brasiers de rĂ©volte. Ainsi, plusieurs Ă©pisodes violents se dĂ©roulant dĂ©but juin – affrontements Ă  Renault-Flins les 7 et 10 et Ă  Peugeot-MontbĂ©liard-Sochaux le 11 – ont pour consĂ©quence la mort de Gilles Tautin[d], Pierre Baylot[e] et Henri Blanchet[f]. Les grĂšves cessent progressivement. Une troisiĂšme nuit des barricades » au Quartier latin les 11 et 12 juin n'est plus que le fait d'irrĂ©ductibles. Le 12 juin, plusieurs organisations gauchistes » sont dissoutes. L'OdĂ©on et la Sorbonne sont Ă©vacuĂ©s sans difficultĂ© par la police le 14 juin. De nombreux journalistes grĂ©vistes de l'ORTF sont licenciĂ©s, tandis que la rĂ©pression s'abat sur certaines figures du mouvement, tel Daniel Cohn-Bendit, interdit durablement de sĂ©jour[g]. Élections lĂ©gislatives de fin juin Les Ă©lections des 23 et 30 juin s'achĂšvent sur un raz-de-marĂ©e Ă©lectoral pour les gaullistes, dont le groupe emporte la majoritĂ© absolue Ă  l'AssemblĂ©e, situation sans prĂ©cĂ©dent. Mais ces jours ont aussi portĂ© en germe un net refroidissement des relations entre Georges Pompidou et le gĂ©nĂ©ral de Gaulle aussitĂŽt les Ă©lections remportĂ©es, ce dernier le remplace par Maurice Couve de Murville Ă  la tĂȘte du gouvernement. NĂ©anmoins, les Français ont appris Ă  apprĂ©cier en ces jours-lĂ  le vrai vainqueur de la crise de Gaulle n'est plus irremplaçable et, aprĂšs l'Ă©chec du rĂ©fĂ©rendum du 27 avril 1969, suivi de sa dĂ©mission immĂ©diate, Georges Pompidou accĂšde Ă  l'ÉlysĂ©e, aprĂšs Ă©lections. De Gaulle, pour sa part, vote depuis l'Irlande oĂč il prend quelques jours de vacances avec son Ă©pouse. L'Ă©chec politique du mouvement n'empĂȘche pas un certain succĂšs social et culturel jamais ratifiĂ©s, les accords de Grenelle sont tacitement appliquĂ©s un temps avant d'ĂȘtre, les annĂ©es passant, en grande partie absorbĂ©s par les multiples rĂ©formes, en particulier le passage du salaire minimum Ă  600 F par mois environ 750 euros de 2018[rĂ©f. nĂ©cessaire], voir INSEE. L'UniversitĂ© napolĂ©onienne est dĂ©mantelĂ©e fin 1968 par la loi Faure, la dĂ©centralisation relancĂ©e. Si la tentative du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas 1969-1974 de satisfaire certaines aspirations de Mai 68 se heurte au plus grand conservatisme de Pompidou, d'autres demandes sont satisfaites par le prĂ©sident ValĂ©ry Giscard d'Estaing en 1974 dĂ©pĂ©nalisation de l'interruption volontaire de grossesse, fin de la censure, majoritĂ© civile Ă  18 ans, etc., puis par la gauche au pouvoir aprĂšs 1981 libĂ©ralisation de l'audiovisuel, loi Defferre sur la dĂ©centralisation, etc.. Morts et blessĂ©s Les Ă©vĂšnements ont causĂ©, Ă  l'Ă©chelle nationale, la mort d'au moins cinq Ă  sept personnes[53],[54],[55]. Le chiffre probable est de sept morts, toutes survenues aprĂšs le 24 mai[56],[1]. Le 24 mai, au petit matin sur la barricade de la rue des Écoles Ă  Paris, on retrouve le corps de Philippe MathĂ©rion, 26 ans, blessĂ© par des Ă©clats de grenade offensive[57]. L'autopsie du corps est demeurĂ©e secrĂšte[24]. Le 30 mai, dans le Calvados, les forces de l'ordre tirent Ă  balles rĂ©elles et tuent un jeune homme[1]. Le 10 juin, le lycĂ©en Gilles Tautin, 17 ans, meurt noyĂ© dans la Seine en tentant d'Ă©chapper Ă  une charge de gendarmes mobiles, aux abords de l'usine Renault de Flins Ă  Meulan dans les Yvelines[58],[59],[60]. Le 11 juin, Ă  l'usine Peugeot de Sochaux-MontbĂ©liard, un CRS tue Pierre Beylot, ouvrier-serrurier de 24 ans, d’une balle de 9 mm plusieurs ouvriers sont touchĂ©s par balle. On relĂšve un autre ouvrier, Henri Blanchet, 49 ans, qui dĂ©sĂ©quilibrĂ© par une grenade offensive, tombe d’un parapet et meurt le crĂąne fracturĂ©[52],[61],[59],[60]. De plus, selon Raymond Marcellin, nommĂ© ministre de l'IntĂ©rieur le 31 mai 1968, les affrontements avec les forces de l'ordre ont fait environ 2 000 blessĂ©s, dont 200 graves[62]. On crĂ©dite parfois le prĂ©fet de police de Paris, Maurice Grimaud, d'avoir Ă©vitĂ© tout mort Ă  Paris », notamment grĂące Ă  sa lettre aux policiers Je veux leur parler d’un sujet que nous n'avons pas le droit de passer sous silence c’est celui des excĂšs dans l'emploi de la force »[63]. On oublie souvent que son appel Ă  la modĂ©ration dans la rĂ©pression vient bien tard, le 29 mai[64], alors que de nombreux et graves dĂ©rapages des forces de l'ordre ont eu lieu depuis les premiers jours du mouvement[54]. Maurice Grimaud signale de plus qu'un CRS, le commandant Journiac, est gravement blessĂ© au front par un pavĂ© jetĂ© des toits, dans la nuit du 10 au 11 mai, rue Gay-Lussac, Ă  Paris[65]. Il meurt un an plus tard, dans un accident de voiture, Ă  la suite d'un malaise occasionnĂ© par les sĂ©quelles de sa blessure[24]. Mort du commissaire RenĂ© Lacroix Ă  Lyon La mort qui cause le plus de retentissement est celle du commissaire RenĂ© Lacroix[h], Ă  Lyon dans la nuit du 24 mai. Selon les dires de la police qui se rĂ©vĂšleront faux, deux ans plus tard, lors du procĂšs Raton et Munch il est mort Ă©crasĂ© par un camion dont la pĂ©dale d'accĂ©lĂ©rateur est bloquĂ©e »[24]. En 2008, lors des 40 ans de Mai 68, un tĂ©moin affirme avoir vu ce camion envoyĂ© de derriĂšre. Il a foncĂ© tout droit puis a calĂ© devant la premiĂšre rangĂ©e de forces de l'ordre. La pierre sur l'accĂ©lĂ©rateur avait certainement sautĂ© », sans Ă©craser quiconque[67]. Dans leur rapport d'autopsie publiĂ© dans le Bulletin de mĂ©decine lĂ©gale et de toxicologie mĂ©dicale de novembre et dĂ©cembre 1970, les docteurs VĂ©drinne et Vitani, mĂ©decins lĂ©gistes, confirment les constatations du docteur Louis-Paul Rousset, chirurgien de garde Ă  l'hĂŽpital Édouard-Herriot de Lyon ce document de mĂ©decine lĂ©gale, qui prĂ©cise l'Ă©tendue et la gravitĂ© des lĂ©sions, permet d'affirmer que le dĂ©cĂšs du commissaire Lacroix est bien consĂ©cutif Ă  un choc traumatique et hĂ©morragique secondaire Ă  l'Ă©crasement dont il a Ă©tĂ© victime. Cependant, ces conclusions des mĂ©decins lĂ©gistes font l'objet de controverses en 1970 lors du procĂšs de Raton et Munch, accusĂ©s d'ĂȘtre Ă  l'origine de la mort du commissaire Lacroix. Ce procĂšs est le théùtre d'un Ă©norme rebondissement le dernier jour le tĂ©moignage du docteur Grammont, l'interne de l'hĂŽpital Édouard-Herriot qui s'est chargĂ© du commissaire Lacroix et qui a conclu Ă  un infarctus[67]. Ce mĂ©decin avait lu dans les journaux que le commissaire avait Ă©tĂ© renversĂ© par le camion, ce qui lui avait brisĂ© plusieurs cĂŽtes. Du coup, il avait dĂ©cidĂ© de venir spontanĂ©ment Ă  la barre pour dire que c’était faux et que le policier prĂ©sentait tous les signes d’un infarctus »[68]. Selon le docteur Grammont, alors interne de l'hĂŽpital et qui s'est chargĂ© du commissaire Lacroix aux urgences, le commissaire Lacroix est mort d'une crise cardiaque plus d'une heure aprĂšs son arrivĂ©e aux urgences de l'hĂŽpital Édouard-Herriot Le commissaire venait d'avoir un infarctus. C'est en lui faisant un massage cardiaque, que je lui ai cassĂ© plusieurs cĂŽtes. Sur les Ă©lectrocardiogrammes, on doit voir qu'il est mort d'un infarctus, mais ces preuves ont disparu »[67]. Le 26 septembre 1970, Raton et Munch sont relaxĂ©s[68],[69]. Le dĂ©cĂšs du commissaire Lacroix constitue un basculement dans la perception des Ă©vĂšnements par la population et va entrainer la division de la gauche, notamment Ă  travers la dĂ©solidarisation du PCF et de la CGT de la manifestation. Les Ă©tudiants n’apparaissent plus comme les victimes d’une rĂ©pression policiĂšre excessive, mais comme les responsables d’une violence meurtriĂšre »[70]. ConsĂ©quences de Mai 68 Sur le plan politique Accords de Grenelle Une augmentation de 35 % du SMIG Ă  600 francs par mois et de 10 % des salaires, la crĂ©ation de la section syndicale d’entreprise, actĂ©e dans la loi du 27 dĂ©cembre 1968, font entre autres l'objet des accords de Grenelle, Ă  la suite de nĂ©gociations menĂ©es en particulier par le jeune haut fonctionnaire Jacques Chirac, et la reprise du travail s'effectue progressivement au dĂ©but du mois de juin. La police et la gendarmerie Ă©vacuent au fur et Ă  mesure les diffĂ©rents lieux occupĂ©s. DĂ©cret de dissolution du 12 juin 1968 DĂ©cret du 12 juin 1968 portant la dissolution de 11 organisations d'extrĂȘme gauche Archives nationales 20100357/62 Le dĂ©cret prĂ©sidentiel du 12 juin 1968, en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privĂ©es, dissout onze mouvements jugĂ©s extrĂ©mistes[71], dont la FĂ©dĂ©ration des Ă©tudiants rĂ©volutionnaires lambertiste ; la JCR et le Parti communiste internationaliste Alain Krivine est emprisonnĂ© de juillet 1968 Ă  l'automne ; malgrĂ© la dissolution, les deux organisations fusionnent, donnant naissance, en avril 1969, en Allemagne, Ă  la Ligue communiste, qui est dissoute Ă  son tour en 1973 ; le Mouvement du 22 Mars ; le Parti communiste marxiste-lĂ©niniste de France maoĂŻste qui entre dans la clandestinitĂ© » ; l'Organisation communiste internationaliste OCI ; l'Union des jeunesses communistes marxistes-lĂ©ninistes liĂ©e Ă  Louis Althusser, elle donne naissance Ă  la Gauche prolĂ©tarienne ; Voix ouvriĂšre » LO. Le dĂ©cret Ă©pargne toutefois l'organisation d'extrĂȘme-droite Occident. RenĂ© Capitant, ministre de la Justice, argĂŒe Le mouvement Occident a employĂ© la violence, parfois, mais il ne s'est pas dĂ©voilĂ© comme un mouvement subversif »[72]. La dissolution de l'Organisation communiste internationaliste, de la FĂ©dĂ©ration des Ă©tudiants rĂ©volutionnaires et du groupe RĂ©voltes est annulĂ©e, Ă  la suite de trois requĂȘtes l'une Ă©manant de Pierre Boussel, alias Lambert pour annulation du dĂ©cret en raison d'un excĂšs de pouvoir, acceptĂ© par le Conseil d'État[73]. L'Internationale situationniste, qui apparaĂźt rĂ©trospectivement comme le mouvement le plus subversif et qui a le plus inspirĂ© les idĂ©es de Mai 68, n'est pas concernĂ©e par ce dĂ©cret de dissolution, mais ses membres jugent prĂ©fĂ©rables de s'exiler, un temps, en Belgique. Dissolution de l'AssemblĂ©e nationale le 30 mai 1968 Allocution prononcĂ©e par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă  la radio le 30 mai 1968 Archives nationales AG/51/1447 La dissolution de l'AssemblĂ©e est un droit exclusivement rĂ©servĂ© au PrĂ©sident de la RĂ©publique. Cette dĂ©marche consiste Ă  annuler le mandat de tous les dĂ©putĂ©s en exercice et de provoquer des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es. Les Ă©lections lĂ©gislatives de juin 1968 voient la trĂšs large victoire des gaullistes, regroupĂ©s dans le parti renommĂ© pour l'occasion Union pour la dĂ©fense de la RĂ©publique. On s'est beaucoup interrogĂ© sur ce retournement de la peur, tant les mĂ©dias donnaient l'impression que la population penchait pour le mouvement Ă©tudiant. Au fond personne Ă  gauche n'avait donnĂ© l'impression de maĂźtriser ce qui se passait et la solution paraissait ĂȘtre provisoirement en dehors du mouvement, dans la stabilitĂ© institutionnelle. De plus les gaullistes reçoivent la confiance du pays car la dissolution a engendrĂ© une consultation directe du peuple Ă  la suite des Ă©vĂšnements. RĂ©fĂ©rendum sur la rĂ©gionalisation et le rĂŽle du SĂ©nat du 27 avril 1969 et dĂ©part du gĂ©nĂ©ral de Gaulle Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle avait souhaitĂ© un rĂ©fĂ©rendum en mai 1968. Georges Pompidou avait plaidĂ© et obtenu la dissolution de l'AssemblĂ©e nationale. De Gaulle ne renonce pas Ă  son projet de rĂ©fĂ©rendum. Il perçoit que mai 1968 a mis en exergue un besoin de dĂ©mocratie plus directe et plus proche du peuple. Il imagine de dĂ©centraliser certains lieux de dĂ©cision et de refonder le SĂ©nat en changeant profondĂ©ment ses critĂšres de recrutement. C'est l'objet de ce rĂ©fĂ©rendum. Il met tout son poids politique dans la balance en promettant de partir si les Français rĂ©pondent non ». Le non l'emporte avec 52,41 % 80,13 % de votants, 77,94 % de suffrages exprimĂ©s. Comme il l'avait indiquĂ©, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle part. DĂ©fiance Ă  l'Ă©gard du politique La fin des annĂ©es 1970 a Ă©tĂ© appelĂ©e par certains comme Gilles Lipovetsky l'Ăšre du vide ». L'Ă©lection de François Mitterrand en 1981, sur le thĂšme trĂšs Mai 68 de Changer la vie », apparaĂźt comme une flambĂ©e d'espoir ou une crise de panique catastrophique, selon les courants, dans cette Ă©volution politique en France. Mais cette attitude dĂ©sillusionnĂ©e sur la classe politique reprend le dessus et est encore trĂšs prĂ©sente avec une dĂ©fiance croissante vis-Ă -vis du militantisme et du personnel politique. Sur l'universitĂ© de Paris Mai 68 Ă©tant largement provoquĂ© par les problĂšmes liĂ©s Ă  la massification de l'enseignement supĂ©rieur — en particulier, l'engorgement de l'ancienne UniversitĂ© de Paris —, la loi Faure du 12 novembre 1968 dissout l'UniversitĂ© de Paris en 13 Ă©tablissements, numĂ©rotĂ©s de I Ă  XIII, permettant d'absorber cette hausse d'effectifs. C'est la fin de l'ancienne UniversitĂ© de Paris telle qu'elle avait existĂ© de 1150 Ă  1970, et la perpĂ©tuation du systĂšme français d'enseignement supĂ©rieur Ă  deux vitesses, entre Grandes Écoles et UniversitĂ©. Dans la sphĂšre culturelle D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Mai 68 a Ă©tĂ© une des plus grandes contestations de l'ordre existant. La singularitĂ© française est le lien entre la contestation intellectuelle et le monde ouvrier[20]. Mai 68 est une ouverture brutale de la culture française au dialogue social et mĂ©diatique, qui s'infiltre dans tous les rouages de la sociĂ©tĂ© et de l'intimitĂ© familiale, et une Ă©tape importante de prise de conscience de la mondialisation de la sociĂ©tĂ© moderne aprĂšs les guerres mondiales » et de la remise en cause du modĂšle occidental de la sociĂ©tĂ© de consommation ». L'une des principales influences de Mai 1968 se situe au niveau socio-culturel, comme l'a reconnu François Mitterrand lors du 20e anniversaire de Mai 68. On assiste Ă  une dĂ©saffection des Français pour la sphĂšre publique et politique et pour le militantisme en gĂ©nĂ©ral. Les Ă©vĂ©nements de mai 1968 marquent une division politique qui a des rĂ©percussions dans la sociĂ©tĂ© française, par exemple lors de la scission de l'universitĂ© Lyon-II en 1973. Actuellement, on situe parfois les personnalitĂ©s politiques selon le cĂŽtĂ© » des barricades oĂč elles se situaient. Le qualificatif pĂ©joratif de gauchiste », créé par LĂ©nine en 1920 dans La Maladie infantile du communisme le gauchisme », entre alors dans le langage courant. De nouvelles valeurs apparaissent. Elles sont notamment centrĂ©es autour de l'autonomie, de l'antiautoritarisme, la primautĂ© de la rĂ©alisation personnelle, la crĂ©ativitĂ©, la pluridisciplinaritĂ© et la valorisation de l'individu impliquant le refus des rĂšgles traditionnelles de la sociĂ©tĂ© et la remise en cause de l'autoritĂ©. La redĂ©finition de nouvelles rĂšgles se construit autour de l'idĂ©e d'autogestion et du communautarisme. Le concept d'autogestion est concurrencĂ© par celui de cogestion, cher Ă  Edgar Faure dans sa rĂ©forme de l'enseignement qui suit et, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, trĂšs en vogue dans les organisations politiques inquiĂštes de cette Ă©volution jugĂ©e anarchique ». On considĂšre souvent la libĂ©ration sexuelle comme l'un des grands thĂšmes de Mai 68. En rĂ©alitĂ© ce n'est que dans les annĂ©es suivantes 1970 Ă  1975 essentiellement que les dĂ©bats sur les mƓurs prennent place, corrĂ©lativement Ă  l'arrivĂ©e des contraceptifs modernes. Le fĂ©minisme aussi se dĂ©veloppe durant ces annĂ©es, avec son mouvement le plus radical, le Mouvement de libĂ©ration des femmes MLF, dont la premiĂšre manifestation publique a lieu en 1970 et qui joue un grand rĂŽle dans l'implosion du militantisme traditionnel au profit de thĂšmes fĂ©ministes, comme l'autorisation de l'avortement 1975, la remise en cause de la rĂ©partition des tĂąches dans le couple Qu'est-ce qui est plus long faire cuire le steak d'un rĂ©volutionnaire ou celui d'un bourgeois ? », la naissance sans violence ». La dĂ©nonciation des rĂ©gimes communistes rĂ©formistes se confirme publication de L'Archipel du Goulag, Le Cri des pierres. Cette dĂ©sillusion concernant le communisme, juste aprĂšs un engagement politique intense — notamment des maoĂŻstes et de l'extrĂȘme gauche, qui apparurent un temps parmi les jeunes comme une alternative plus authentique —, dĂ©bouchera sur un pessimisme gĂ©nĂ©ralisĂ© dans les milieux de gauche, un autodĂ©nigrement systĂ©matique de tout ce qui a pu exister avant mai 68. L'influence de Mai 68 est manifeste dans la pĂ©dagogie scolaire en France. De disciple, l'Ă©lĂšve devient un sujet pouvant intervenir dans la pĂ©dagogie dont il est l'objet c'est la coĂ©ducation. La dimension de la parole libre, du dĂ©bat, s'accroĂźt. La discipline autoritaire fait place Ă  la participation aux dĂ©cisions. Les enseignants ont Ă©tĂ© parfois dĂ©stabilisĂ©s dans l'idĂ©e qu'ils se faisaient de leur mĂ©tier. On a critiquĂ© ensuite cette Ă©volution jugĂ©e souvent trop permissive[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Elle a aussi Ă©tĂ© Ă  l'origine de la participation des Ă©lĂšves et des parents aux conseils de classe et de la redĂ©finition des rĂšglements scolaires dans les Ă©tablissements dĂšs juin 1968. Dans le cinĂ©ma DĂšs fĂ©vrier 1968, le renvoi d’Henri Langlois, directeur de la CinĂ©mathĂšque française, avait Ă©mu les rĂ©alisateurs. Le cinĂ©ma milite par le biais de cinĂ©tracts, certains de la main de Jean-Luc Godard. Des Ă©tats gĂ©nĂ©raux du cinĂ©ma s’organisent. Le Festival de Cannes est interrompu, notamment sous la pression des cinĂ©astes contestataires prĂ©sents beaucoup venant de la Nouvelle Vague comme Roman Polanski, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Lelouch. Aucun prix n'est remis. L'annĂ©e suivante est créée la Quinzaine des RĂ©alisateurs par la SociĂ©tĂ© des RĂ©alisateurs de Films, une sĂ©lection parallĂšle du festival se rĂ©clamant des cinĂ©astes[74],[75]. Dans le domaine Ă©conomique et social Le conflit de la sociĂ©tĂ© des montres Lip », conduit par Charles Piaget du Syndicat CFDT, Ă  Besançon en 1973, est une illustration trĂšs mĂ©diatisĂ©e de cette Ă©volution, avec une expĂ©rience de mise en Ɠuvre de l'autogestion de l'entreprise. Cette influence a aussi des consĂ©quences en 1973 dans des mouvements de remise en cause de l'armĂ©e et de la force de frappe nuclĂ©aire et d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale dans les mouvements Ă©cologiques Brice Lalonde et anti-militaristes la lutte du Larzac, dont est issu JosĂ© BovĂ©, le courant de la non-violence et les fameuses ONG comme MĂ©decins sans frontiĂšres » Bernard Kouchner, directement issues de la prise de conscience planĂ©taire des mouvements de Mai 68. C'est aussi la pĂ©riode de la naissance de l'idĂ©e de Halte Ă  la croissance ? » 1972, titre d'une publication du Club de Rome fondĂ© en 1968[76]. Si l'on en croit le magazine L'Expansion, le rythme annuel d'augmentation de la productivitĂ© s'accrut » pendant les trois annĂ©es qui suivirent Mai 68. Dans le monde chrĂ©tien Une partie des chrĂ©tiens est bouleversĂ©e par les Ă©vĂ©nements qu'ils perçoivent dans le sillage du Concile de Vatican II, mĂȘme si l'encyclique HumanĂŠ vitĂŠ, publiĂ©e en juillet 1968, est surtout connue pour son refus de la contraception. La communautĂ© ƓcumĂ©nique des FrĂšres de TaizĂ© devient l'un des pĂŽles structurants de ce bouleversement. Au dĂ©but des annĂ©es 1970, jusqu'Ă  quarante mille jeunes, venus du monde entier, mais beaucoup de France, se rassemblent autour d'eux chaque semaine de PĂąques dans le petit village bourguignon de TaizĂ©, qui compte d'ordinaire cinquante habitants. Chacun est invitĂ© Ă  participer au Concile des jeunes ». On crĂ©e des fraternitĂ©s », dans le monde communiste comme dans le monde occidental ou en AmĂ©rique latine, Ă  l'image des premiers chrĂ©tiens et auprĂšs des plus pauvres. Ces extraits de textes de TaizĂ© expriment le bouleversement chrĂ©tien en Ă©cho aux Ă©vĂ©nements de Mai 1968 Le Christ ressuscitĂ© vient animer une fĂȘte au plus intime de l'homme », Il va nous donner assez d'imagination et de courage pour devenir signe de contradiction ». Ce signe de contradiction » deviendra ultĂ©rieurement signe de rĂ©conciliation ». À cette Ă©poque s'amplifie Ă©galement le mouvement des prĂȘtres ouvriers et le mariage des prĂȘtres. Surtout le nombre de pratiquants dans les Ă©glises occidentales traditionnelles va suivre une dĂ©croissance considĂ©rable et traumatisante pour les responsables religieux. LibĂ©ration sexuelle La libĂ©ration sexuelle », Ă©galement appelĂ©e rĂ©volution sexuelle, recouvre les changements substantiels du comportement et des mƓurs sexuels intervenus en Occident Ă  la fin des annĂ©es 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970[77]. Le mouvement hippie est dans ces annĂ©es un promoteur de l'amour libre. La sexualitĂ©, en particulier, n'y est plus perçue uniquement comme moyen de reproduction. L'expression peace and love est souvent associĂ©e au mouvement hippie. Durant l'Ă©tĂ© 1967, l'expression Summer of Love en français ÉtĂ© de l'amour dĂ©signe les Ă©vĂšnements qui se dĂ©roulĂšrent dans le quartier de Haight-Ashbury, Ă  San Francisco Californie, oĂč des milliers de jeunes du monde entier se rĂ©unirent librement pour une nouvelle expĂ©rience sociale. Écrite en 1968, par Serge Gainsbourg, la chanson 69 annĂ©e Ă©rotique n'aurait pas pu voir le jour sans cette libĂ©ration des mƓurs[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Cette pĂ©riode s'accompagne d’une rĂ©volution du droit » en Occident les femmes acquiĂšrent le droit Ă  la contraception[78] et le droit Ă  l'avortement[79]. Durant les rapports sexuels, le risque de maladies sexuellement transmissibles ne l'est plus que dans une moindre mesure. La rĂ©volution sexuelle se dĂ©veloppe dans ce contexte. On parle d’ amour libre ». Analyses Mai 68 a fait l'objet d'un certain nombre d'interprĂ©tations. On a pu y voir un grand moment de l'histoire du mouvement ouvrier avec l'une des plus importantes grĂšves gĂ©nĂ©rales. D'autres ont vu dans le mouvement de Mai 68 un mouvement Ă©tudiant anti-autoritaire contestant les hiĂ©rarchies Ă©tablies. D'autres encore ont considĂ©rĂ© Mai 68 comme un mouvement Ă©tudiant visant la libĂ©ralisation des mƓurs. Ce mouvement a Ă©tĂ© alors analysĂ© comme le ferment de l'individualisme post-moderne. Se pose la question de savoir quelle est la nature des Ă©vĂšnements de Mai 68 et de son hĂ©ritage en particulier contestataire[80]. Contrairement Ă  ce qui a pu ĂȘtre Ă©crit a posteriori, Mai 68 n'est pas le rĂ©sultat d'une gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e » tous les acteurs majeurs du mouvement ont dĂ©jĂ  une forte expĂ©rience militante, souvent issue de l'opposition Ă  la guerre d'AlgĂ©rie ou de l'Ă©mergence du gauchisme anti-stalinien des annĂ©es 1960. Pour l'historien RenĂ© Gallissot, Mai 68 fut [par ordre dĂ©croissant] un mouvement anti-autoritaire, un mouvement a-nationaliste, un mouvement contre-culturel »[81]. Selon le sociologue Alain Touraine il a fallu [
] trente ans pour que le mouvement antiautoritaire, symbolisĂ© par Daniel Cohn-Bendit, soit reconnu comme l'acteur le plus important de Mai 68, alors que, sur le moment et pendant une longue dĂ©cennie, c'est le rĂ©volutionnarisme ouvriĂ©riste des trotskistes et des maos qui aura semblĂ© l'aspect principal du mouvement Ă©tudiant et populaire »[82]. Pour l'historien Patrick Rotman il est impossible de prendre 68 comme un bloc homogĂšne en le qualifiant uniformĂ©ment de monĂŽme Ă©tudiant ou de rĂ©volution avortĂ©e. Dans le mouvement de 68 se mĂȘlent une aspiration dĂ©mocratique et un vertige messianique, une volontĂ© libertaire et des comportements totalitaires, une incroyable modernitĂ© et un affligeant archaĂŻsme, le besoin d’une gĂ©nĂ©rositĂ© collective et l’affirmation d’un individualisme exacerbé  Mai 68 ne peut donc ĂȘtre rĂ©duit Ă  une seule dimension, forcĂ©ment partiale, forcĂ©ment partielle »[83]. Alain Geismar, une des personnalitĂ©s marquantes des Ă©vĂ©nements, met l'accent sur l'UniversitĂ© Mai 68, je le rappelle, Ă©tait un mouvement antiautoritaire oĂč les Ă©tudiants avaient rejetĂ© le cours magistral traditionnel, lu et rĂ©pĂ©tĂ© d'annĂ©e en annĂ©e »[84]. L'historienne Michelle Zancarini-Fournel Ă©voque la fabrication d'une doxa sur les Ă©vĂ©nements, laquelle passe par les assignations du sens qui leur est immĂ©diatement donnĂ©, puis sur l'imposition du point de vue gĂ©nĂ©rationnel et d'une interprĂ©tation culturaliste et individualiste 1968 serait une dĂ©faite politique, institutionnelle et sociale, mais une victoire culturelle »[85]. Le professeur de sciences politiques Boris Gobille affirme Au moment oĂč il survient, Mai 68 a quelque chose de proprement inouĂŻ non pas tant parce qu'il n'a pas Ă©tĂ© anticipĂ© et que son ampleur surprend, mais parce qu'il fait entendre publiquement des paroles auparavant refoulĂ©es, rĂ©duites au silence ou mĂȘme pas imaginĂ©es, et parce qu'il inscrit sur la scĂšne du visible et dans l'arĂšne publique, des acteurs, des sujets, des enjeux et des pratiques qui n'y avaient pas droit de citĂ© jusqu'alors »[86]. RĂ©percussions internationales Belgique Le 13 mai 1968, le Cercle du Libre Examen de l'universitĂ© libre de Bruxelles organise un rassemblement contre la dictature des colonels en GrĂšce oĂč sont invitĂ©s Ă  prendre la parole MĂ©lina Mercouri, Vassilis Vassilikos auteur du livre dont est inspirĂ© Z, le film de Costa-Gavras, l'association Rigas Phereos et l'Association belge pour la dĂ©fense de la dĂ©mocratie en GrĂšce[87]. À l'issue de cette rĂ©union, plusieurs centaines d'Ă©tudiants constituĂ©s en assemblĂ©e libre » organisent l'occupation de l'auditoire Paul-Émile Janson[88]. Cette occupation durera 47 jours. Cette date marque le dĂ©but du Mai 68 bruxellois et les politologues parleront d'un Mouvement du 13 mai »[89] Ă  l'origine des Ă©vĂšnements[90]. Ce n'est pas le seul campus Ă  vivre son Mai 68, Ă  l'universitĂ© de LiĂšge Ă©galement, les Ă©tudiants entrent en contestation. RĂ©percussions historiques et politiques Les rĂ©percussions historiques de Mai 1968 se sont invitĂ©es dans la campagne pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle française de 2007, lorsque le candidat Nicolas Sarkozy affirme que Mai 68 a prĂ©parĂ© le terrain au capitalisme sans scrupule et sans Ă©thique »[91],[92] s'attirant la critique de Daniel Cohn-Bendit[93]. Le dĂ©bat se poursuit Ă  l'automne suivant, quand Henri Weber l'accuse d' imputer la responsabilitĂ© de tous les maux », jusqu'aux parachutes en or et retraites chapeaux »[94]. Il est piquant de constater que cette libĂ©ration sexuelle » a parfois Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e sous la forme d'un rĂȘve communautaire, alors qu'il s'agissait en rĂ©alitĂ© d'un nouveau palier dans la montĂ©e historique de l'individualisme », a dĂ©noncĂ© l'Ă©crivain Michel Houellebecq[95]. À droite comme Ă  gauche, on voit souvent rĂ©apparaĂźtre la thĂšse paradoxale que les acteurs de mai 1968 ont jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans le dĂ©ploiement du capitalisme Ă  la fin des annĂ©es 1970, en faisant sauter le dernier verrou qui limitait le plein essor de la marchandisation du monde celui des valeurs traditionnelles », selon l'universitaire Serge Audier[96]. DĂšs 1985, Luc Ferry publie, avec Alain Renaut, un livre intitulĂ© La pensĂ©e 68, dans lequel il remet brutalement en cause une partie de la production intellectuelle de l'Ă©poque[93]. Ce dĂ©bat reprend lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle française de 2017 lorsque MaĂ«l de Calan, candidat Ă  la prĂ©sidence de LR, estime que Sur le plan Ă©conomique, l’esprit de 68 a favorisĂ© l’essor de la consommation de masse. Il fallait jouir sans entrave » une sociĂ©tĂ© de consommation et de loisirs allait ainsi dĂ©finitivement supplanter une sociĂ©tĂ© de privation et de travail[97],[92]. » Quelques slogans soixante-huitards, Ă©crits et peints L'Ă©cole des Beaux-Arts de Paris dans l'ancien hĂŽtel de Chimay, oĂč l'Atelier populaire a sĂ©rigraphiĂ© 415 affiches diffĂ©rentes. Des artistes du mouvement de la figuration narrative, regroupĂ©s en particulier au Salon de la jeune peinture au dĂ©but des annĂ©es 1960, ont tenu un discours militant marquĂ© Ă  l'extrĂȘme gauche et donnaient Ă  leur art un objectif de transformation sociale. Bernard Rancillac, Eduardo Arroyo, Gilles Aillaud et Henri Cueco ont ainsi participĂ© Ă  l'Atelier populaire des Beaux Arts[98],[99]. L'École des Beaux-Arts, occupĂ©e pendant 46 jours[98] dĂšs le 14 mai[8], sĂ©lectionnait les projets d'affiche, punaisĂ©s sur une corde[100], tous les soirs lors d'une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale[98] Ă  19 heures[100], qui durait entre une heure et dix heures[100]. Une grande partie de ces affiches rĂ©agissaient Ă  chaud Ă  l'actualitĂ© du jour[98], et collant Ă  une rĂ©alitĂ© de souffrance, salaires et conditions de travail, selon son animateur permanent le peintre Pierre Buraglio[101],[98], dans un climat d'ouvriĂ©risme[100]. Plus de dix mille personnes y sont passĂ©es, dont 300 artistes, selon le peintre GĂ©rard Fromanger[100]. Les salariĂ©s des diffĂ©rents secteurs[100] s'y pressent pour passer commande »[8],[98],[101] Ă  cet atelier trĂšs politisĂ©, oĂč les artistes deviennent des petits soldats »[98] se mettant au service des luttes ouvriĂšres »[98], produisant en un mois, en sĂ©rigraphie, jour et nuit, Ă  un million d'affiches[98], toute placardĂ©es sur les murs, dont certaines reproduites Ă  3 000 exemplaires[8]. Les artistes, parmi lesquels des militants maoĂŻstes, du PCF, des JCR de la FER ou des ex-"Jeune Peinture"[100], crĂ©ent une petite Ă©cole » de sĂ©rigraphie[100]. Une exposition pour le cinquantenaire de Mai 68 Ă  l'École des Beaux-Arts en a exposĂ© 415 diffĂ©rentes. L'affiche de Bernard Rancillac Nous sommes tous des Juifs et des Allemands » , dessinĂ©e le 22 mai et reprĂ©sentant Daniel Cohn-Bendit aprĂšs son expulsion en Allemagne, est la seule des 415 qui n'a jamais Ă©tĂ© affichĂ©e dans la rue par les Ă©tudiants[102], mĂȘme aprĂšs sa reformulation votĂ©e par l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants, qui a dĂ©cidĂ© le 23 mai de remplacer le slogan par Nous sommes tous indĂ©sirables », selon une dĂ©claration de l'historien Christian Delporte le 3 mai 2018. Les initiatives locales fleurissent aussi sur le plan artistique. Dans l'usine Berliet occupĂ©e Ă  VĂ©nissieux, en banlieue de Lyon, les lettres du fronton sont inversĂ©es pour former le mot libertĂ©[8]. D'autres slogans prennent la forme de graffitis, la plupart sur les murs de Paris par Christian Sebastiani, que son camarade de l'Internationale Situationiste Guy Debord baptisera en 1972 le poĂšte des murailles »[103], avec des bombes de peinture destinĂ©es au combat de rues[104]. Le sociologue Jean-Pierre Le Goff explique, trente ans aprĂšs, le rĂŽle des slogans de Mai 68 La provocation, l'humour et l'insolence viennent briser la monotonie d'un discours technocratique. Sur les murs s'affiche une parole provocatrice qui dĂ©voile, par un humour corrosif et surrĂ©aliste, l'insignifiance du discours technocratique. [
] Les formules toutes faites du discours dominant sont reprises et dĂ©tournĂ©es de leur sens Construire des milliers de parkings pour que les enfants puissent jouer dans les caniveaux, Ne changeons pas d'employeurs, changeons l'emploi de la vie, Soyez rĂ©alistes, demandez l'impossible[105]
 » La grĂšve se diffuse Ă  partir du 20 mai par capillaritĂ©, des grands sites de production industrielle vers les usines plus modestes[8]. Dans les hĂŽpitaux, et aux PTT, les grĂ©vistes veillent au traitement des urgences, pour n’autoriser que les appels ou les soins de premiĂšre nĂ©cessitĂ©[8].Le secteur tertiaire poste, hĂŽpitaux, banques, grands magasins a cessĂ© de fonctionner Ă  la fin de la premiĂšre semaine, le 20 mai[8], ce qui fait remonter le chiffre de 7 millions de grĂ©vistes[8]. Plusieurs de ces slogans, considĂ©rĂ©s comme faisant partie de Mai 68 sont antĂ©rieurs au mouvement et leurs auteurs parfois en opposition Ă  ce mouvement. Certains de ces slogans seront repris et dĂ©tournĂ©s par la publicitĂ© commerciale[106]. Slogans en lien avec l'actualitĂ© immĂ©diate Prenez vos dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s » aprĂšs les accords de Grenelle Soyez rĂ©alistes, demandez l'impossible » aprĂšs les accords de Grenelle Retour Ă  la normale
 » aprĂšs les accords de Grenelle Nous sommes tous des Juifs allemands »À l'occasion de l'interdiction Ă  de Daniel Cohn-Bendit de rentrer en France[107],[108], aprĂšs dĂ©bat et vote, l'affiche est en fait rebaptisĂ©e, Nous sommes tous indĂ©sirables »[109] puis n'est pas affichĂ©e. La chienlit, c'est lui ! » en rĂ©ponse aux propos du GĂ©nĂ©ral de Gaulle, avec son ombre en fond d'affiche. Sois jeune et tais-toi ! » en rĂ©ponse aux propos du GĂ©nĂ©ral de Gaulle, avec son ombre en fond d'affiche. Tout, tout de suite » exprimant le prĂ©sentisme[110]. Slogans situationnistes contre le temps perdu par l'aliĂ©nation, le travail et les bureaucraties Vivre sans temps mort et jouir sans entrave », conclusion du cĂ©lĂšbre pamphlet De la misĂšre en milieu Ă©tudiant rĂ©digĂ© en novembre 1966 Ă  Strasbourg, par le situationniste et syndicaliste Ă©tudiant Mustapha Khayati, abusivement modifiĂ© plus tard comme Jouissez sans entraves » ; L'ennui est contre-rĂ©volutionnaire » Ă©crit par le situationniste RenĂ© Riesel le 22 mars Ă  Nanterre puis par Mustapha Khayati et lui, militants de l'Internationale situationniste, pour le comitĂ© des occupations de La Sorbonne[111],[112]; Nous ne voulons pas d'un monde oĂč la certitude de ne pas mourir de faim s'Ă©change contre le risque de mourir d'ennui », sur les murs selon le Figaro du 18 mai 1968[113] et citĂ© dans "Le Monde" le 31 mai 1968, Ă©voquant par ailleurs Daniel Cohn-Bendit le disant dix jours plus tĂŽt, sans en citer l'auteur[114],[115]; Ne travaillez jamais » , slogan Ă©crit dĂšs 1963 par Guy Debord, cofondateur de l'Internationale situationniste; Une sociĂ©tĂ© qui abolit toute aventure, fait de l'abolition de cette sociĂ©tĂ© la seule aventure possible », du cofondateur de l'Internationale situationniste Raoul Vaneigem[116]; Ceux qui font les rĂ©volutions Ă  moitiĂ© ne font que se creuser un tombeau », Citation de Louis Antoine de Saint-Just; Élections, piĂšge Ă  cons »; Sous les pavĂ©s, la plage ! », apparu dĂšs mars 1968 dans l'une des rĂ©pliques, lors de la premiĂšre reprĂ©sentation de la piĂšce d'Armand Gatti, Les Treize Soleils de la rue Saint-Blaise, selon le tĂ©moignage oculaire de Marc Kravetz, qui rencontre Gatti ce soir lĂ [117]. Daniel Cohn-Bendit en fait en 1976 le titre de son journal culturel local, Pflasterstrand. Slogans sur les mĂ©dias ORTF La police vous parle tous les soirs Ă  20 heures. » Les murs ont la parole »[118] Presse ne pas avaler » sur une bouteille de poison[119]. Slogans sur la rĂ©pression politique CRS = SS »Slogan inventĂ© lors des grĂšves des mineurs du nord de 1948[120] et repris en 1968 et popularisĂ© lors de la grĂšve des dockers de 1949-1950. Il est interdit d'interdire ! » [121], une boutade lancĂ©e sur RTL par le fantaisiste Jean Yanne, puis repris Ă©galement comme une boutade le 22 mai par Alain Geismar en rĂ©ponse Ă  une question d'un journaliste de l'ORTF sur l'Ă©ventuelle interdiction d'une manifestation protestant contre l'interdiction de territoire de Daniel Cohn-Bendit et les risques de violences. La libertĂ© est le crime qui contient tous les crimes, formule de Donatien Alphonse François de Sade 1740-1814[122], reprise par RenĂ© Riesel rĂ©actualisĂ©e le 3 mai 1968 lors du conseil de discipline devant lequel il comparait [123],[124],[125]. Autres slogans MĂȘme si Dieu existait, il faudrait le supprimer »Repris de MikhaĂŻl Bakounine. Affiches Une affiche de Mai 68. À partir du 14 mai Ă  Paris, l' Atelier populaire », Ă©manation de l'École des beaux-arts de Paris, produit plusieurs dizaines d'affiches en sĂ©rigraphie[126], avant d'ĂȘtre rejoint par d'autres ateliers populaires » Ă  Strasbourg, Montpellier, Marseille, Lyon, Grenoble, Dijon, Caen et Amiens. ImprimĂ©es Ă  plusieurs milliers d'exemplaires, ces centaines d'affiches[127] marquent le visuel des Ă©vĂ©nements et l'image qui en reste plusieurs dĂ©cennies aprĂšs[128]. Aucune de ces affiches n'est signĂ©e, si ce n'est collectivement Atelier populaire ». Pas de droit d’auteur individuel, mais une mise en avant du travail collectif au service des travailleurs en lutte. Travailler sur sa petite idĂ©e personnelle, mĂȘme juste, c’est rester dans le cadre Ă©troit de la conception bourgeoise », prĂ©cise un tract adressĂ© aux camarades crĂ©ateurs »[129]. En l'absence d'auteurs connus, ces affiches sont entrĂ©es dans le domaine public[rĂ©f. nĂ©cessaire]. En mai et juin 1968, l’intersyndicale de la BibliothĂšque nationale de France BnF prend part aux mouvements. Dans le mĂȘme temps, une centaine d’agents volontaires font preuve d’ingĂ©niositĂ© et s’activent pour collecter tracts, affiches, banderoles, qui forment aujourd’hui un tĂ©moignage unique du mouvement de Mai 68[130]. En 1982, elles sont rĂ©unies, en partie, par la BnF en un ouvrage Ă  l’occasion de l’exposition Les affiches de mai 68 ou l'Imagination graphique » consultable en ligne ; en 2008, la BnF organise une nouvelle exposition d'affiches et de photographies Esprits de Mai 68 - Prenez vos dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s »[131]. DĂ©clinaisons rĂ©gionales Mai 68 Ă  Lyon Mai 68 Ă  Nantes Mai 68 Ă  Toulouse Mai 68 en Provence L'Ă©volution du rĂ©cit de Mai 68 en 50 ans Historiographie de Mai 68 ƒuvres inspirĂ©es par Mai 68 Films de fiction Film prĂ©curseur La Chinoise de Jean-Luc Godard 1967 If.... de Lindsay Anderson 1968 Coup pour coup de Marin Karmitz 1972 L'An 01 de GĂ©bĂ© et Jacques Doillon 1972 La Carapate de GĂ©rard Oury 1978 Milou en mai de Louis Malle 1990 Innocents The Dreamers de Bernardo Bertolucci 2004 Les Amants rĂ©guliers de Philippe Garrel 2005 Code 68 de Jean-Henri Roger 2005 NĂ©s en 68 d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau 2007 Adieu De Gaulle, adieu de Laurent Herbiet 2008 AprĂšs mai d'Olivier Assayas 2012 Chansons, musiques La rĂ©volution et La Faute Ă  Nanterre de Evariste. 1968 CrĂšve salope, de Renaud mai 1968, jamais Ă©ditĂ©e Paris mai, de Claude Nougaro octobre 1968, Philips[132] Street Fighting Man, des Rolling Stones album Beggar's banquet, 1968 Les Nouveaux Partisans de Dominique Grange 1969 À Bas l'État policier de Dominique Grange[133] La PĂšgre de Dominique Grange[134] 22 mai de Hubert-FĂ©lix ThiĂ©faine[133] Mes UniversitĂ©s de Philippe Clay[132] Mai 68 de Jean-Michel Caradec et Maxime Leforestier[132] Le Boulevard du temps qui passe de Georges Brassens[132] Les Copains de Mai de Jean-Roger Caussimon[132] Le Temps de vivre de Georges Moustaki[133] Nous sommes le pouvoir de Colette Magny[133] Au Printemps Ă  quoi rĂȘvais-tu ? de Jean Ferrat[132] Un jour futur de Jean Ferrat Ils ont votĂ© de LĂ©o FerrĂ©[132] La RĂ©volution de LĂ©o FerrĂ©[132] Les Anarchistes, L'ÉtĂ© 68, Madame la misĂšre, Comme une fille de LĂ©o FerrĂ© album L'ÉtĂ© 68, 1969[132] Paris, je ne t'aime plus, de LĂ©o FerrĂ© album Amour Anarchie, 1970 La Violence et l'Ennui, de LĂ©o FerrĂ© texte dit sur scĂšne en 1970 et 1971, publiĂ© en 1971 dans la revue anarchiste La Rue et enregistrĂ© dans l'album La Violence et l'Ennui, 1980 Fais que ton rĂȘve soit plus long que la nuit, de Vangelis album PoĂšme symphonique, 1972, Europa Sonor La canzone del Maggio, de Fabrizio De AndrĂ© album Storia di un impiegato, 1973[135] En 1978, Didier Marouani compose la musique sur des textes de Simon Monceau de la comĂ©die musicale Le RĂȘve de Mai. L'album concept porte sur les Ă©vĂ©nements de Mai 68 et il est publiĂ© Ă  l'occasion du 10e anniversaire des Ă©vĂ©nements. Ont participĂ© Ă  ce projet notamment Nicole Rieu qui chante Les Enfants de Mai et Les gens se sont mis Ă  parler, puis Jean-Michel Caradec et Nicolas Peyrac. L'Engrenage de Reciprok album Il y a des jours comme ça, 1996 Le Futur de SinsĂ©milia album Tout c'qu'on a, 2000 PapĂĄ cuĂ©ntame otra vez de Ismael Serrano Sources et bibliographie Sources primaires Tracts de Mai 68 BNF, cote 4 Lb61 600 1968 Affiches de Mai 68 BNF, GrFol Lb61 600 1968, 1-30 Bibliographie En octobre 1968, 124 livres sont dĂ©jĂ  rĂ©pertoriĂ©s sur le sujet dans les catalogues de la BibliothĂšque nationale de France dĂ©sormais BnF. AnnĂ©es 1960-1970 Daniel, Gabriel Cohn-Bendit, Le Gauchisme remĂšde Ă  la maladie sĂ©nile du communisme, Paris, Seuil, 1968. Pierre Peuchmaurd, Plus vivants que jamais, Paris, Robert Laffont, 1968 ; rééd. sous le titre Plus vivants que jamais. Journal des barricades, prĂ©face de JoĂ«l Gayraud, Paris, Libertalia, 2018. Julien Besançon, Les murs ont la parole », journal mural, Mai 68, Tchou Ă©diteur, 1968. Jean-Jacques Brochier, Bernd Oelgart, L’internationale Ă©tudiante, Paris, Julliard, 1968. Collectif, EnragĂ©s et situationnistes dans le mouvement des occupations, Gallimard, coll. TĂ©moins », 1968, rééd. 1998. Christian CharriĂšre, Le Printemps des enragĂ©s, Fayard, 1968. Jean-Marc Coudray pseudonyme de Cornelius Castoriadis, Edgar Morin, Claude Lefort, La BrĂšche, Fayard, 1968. Walter Lewino, L'imagination au pouvoir, Éric Losfeld Terrain vague 1968 ; réédition Allia, 2018. Jean-Philippe Talbot, La grĂšve Ă  Flins, documents, tĂ©moignages, Maspero, 1968. Daniel BensaĂŻd et Henri Weber, Mai 1968 une rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale ?, Maspero, 1968. Philippe Labro et MichĂšle Manceaux, Ce n'est qu'un dĂ©but, DenoĂ«l, 1968. 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NĂ©anmoins, d'autres images plus sensibles, notamment celles sur lesquelles on peut reconnaĂźtre des fonctionnaires de police, sont encore dĂ©tenues par la police judiciaire, et ne seront visible qu'en 2043[143]. Affiches 415 affiches de mai-juin 68. Institut international d'histoire sociale Amsterdam A Dozen Posters from Paris May '68. François Provenzano, Tel Quel Ă  la rue subjectivation et argumentation dans le discours thĂ©orique et dans l’affiche militante de Mai 68 », Argumentation et Analyse du Discours, 142015, [lire en ligne]. Vasco Gasquet, 500 affiches de mai 68, Bruxelles, Aden, 2007. Mathieu Barres, Les affiches de mai 1968 en sĂ©rigraphie, 22 aoĂ»t 2008, voir en ligne. [vidĂ©o] Aujourd'hui magazine, Les affiches de Mai 68, Antenne 2, Institut national de l'audiovisuel, 17 avril 1978, voir en ligne. [vidĂ©o] Marie Hospital, Élodie Le Maou, Les affiches l'hĂ©ritage artistique de mai 68, AFP, Institut national de l'audiovisuel, 24 avril 2008, voir en ligne. La contemporaine Nanterre Fonds patrimonial de 283 affiches de Mai 68 dont 43 issues de l'Atelier Populaire de Sarcelles, voir en ligne. Filmographie La Reprise du travail aux usines Wonder. RĂ©alisation Pierre Bonneau camĂ©ra et Jacques Willemont son le 10 juin 1968. En juillet 1968, Jacques Rivette dira du film Le seul film intĂ©ressant sur les Ă©vĂ©nements de mai 68, le seul vraiment fort que j'ai vu, c'est celui de la rentrĂ©e des usines Wonder, tournĂ© par des Ă©tudiants de l'IDHEC, parce que c'est un film terrifiant, qui fait mal. C'est le seul film qui soit un film vraiment rĂ©volutionnaire, peut-ĂȘtre parce que c'est un moment oĂč la rĂ©alitĂ© se transfigure Ă  tel point qu'elle se met Ă  condenser toute une situation politique en dix minutes d'intensitĂ© dramatique folle[144]. » Mai 68 d'AndrĂ© Harris et Alain de SĂ©douy 1968. Mai 68 de Gudie Lawaetz 1974. Grands soirs et petits matins de William Klein sorti en 1978, mais filmĂ© pendant les Ă©vĂ©nements. Mourir Ă  trente ans de Romain Goupil 1982. GĂ©nĂ©ration de Daniel Edinger d'aprĂšs HervĂ© Hamon et Patrick Rotman 1988. Reprise d'HervĂ© le Roux 1996 Ă  la recherche de la protagoniste de La Reprise du travail aux usines Wonder. 68 non-stop de Fred Hilgemann 2008. Les RĂ©voltĂ©s de Michel Andrieu et Jacques Kebadian 2019. VidĂ©ographie Jean-Pierre Goretta, Alain Tanner, Mai 68 Ă  Paris, 6 juin 1968, Radio tĂ©lĂ©vision suisse, voir en ligne. Raymond Vouillamoz, La Folie Nanterre, 20 mars 1969, Radio tĂ©lĂ©vision suisse, voir en ligne. Chrisitian Mottier, Ni Dieu ni maĂźtre, Temps prĂ©sent, Radio tĂ©lĂ©vision suisse, 3 avril 1970, voir en ligne. Raymond Aron sur Mai 68, 25 octobre 1981 l'enjeu politique entre les gauchistes et le parti communiste et l'explication de la rĂ©action passive de l'État. Pour en finir avec Mai 68 », confĂ©rence de Daniel Cohn-Bendit Ă  l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, 15 mars 2008. DĂ©bat sur France 24 5 mai 2008, avec le philosophe Vincent Cespedes. Colloque Mai 68 en quarantaine, Canal-U, 22 mai 2008, voir en ligne. Philippe RoziĂšs, Lutter
 ici et maintenant, LCP-AssemblĂ©e nationale, KUIV productions, 60 minutes, 2013, voir en ligne. CĂ©dric Tourbe, RĂ©volte, documentaire en quatre Ă©pisodes, Ă©ditĂ© en DVD, diffusĂ© par France 5 en janvier 2014. Discographie Pour en finir avec le travail, album de chansons dĂ©tournĂ©es par les Situationnistes, produit par Jacques Le Glou 1972. La RĂ©volution, La Faute Ă  Nanterre par Évariste et les chƓurs du ComitĂ© rĂ©volutionnaire d’action culturelle CRAC mai 1968. La PĂšgre, GrĂšve illimitĂ©e, Chacun de vous est concernĂ©, À bas l’État policier, de Dominique Grange mai 1968. Sorbonne 68 1968, paroles de Jeanine Prin, composĂ© et interprĂ©tĂ© par Ted Scotto. Émissions radiophoniques Chronique de Mai – Mai 68, vingt ans aprĂšs
 de Dominique Chagnaullaud, sĂ©rie de sept Ă©missions d'une heure rĂ©alisĂ©es par Jean-Jacques Vierne Ă  l'occasion du 20e anniversaire des Ă©vĂ©nements. PremiĂšre diffusion sur France Culture entre le 1er et le 9 aoĂ»t 1988. À base d'archives sonores, ces chroniques reprennent les principaux Ă©vĂ©nements de Mai 68, de Nanterre Ă  sa fin Nanterre, la genĂšse du mouvement. De Nanterre Ă  la Sorbonne 3-11 mai. Étudiants et ouvriers 13-18 mai. Un mouvement Ă©clatĂ© 18-24 mai. Est-ce l'apaisement ? 24-27 mai. Tout est possible 28-29 mai. Une fin provisoire le 30 mai et aprĂšs. Expositions Mai 68, le tract en rĂ©volte, 2018. Site de l'exposition virtuelle Esprit de mai », sur le site de la BnF en 2008. Site de l'exposition virtuelle de la BDIC, Les annĂ©es 68, un monde en mouvement », 2010, sur le site Guillaume Doizy, Mai 68, le tract en rĂ©volte, exposition itinĂ©rante de 31 panneaux, 2018, [lire en ligne]. "Usines, UniversitĂ©s, Union" – du 16 au 20 avril 2018 Ă  l'UFR des arts d'Amiens. OrganisĂ© par la CNT-STE 80 avec le soutien de Le Poing[145]. Jeu de sociĂ©tĂ© François Nedelec, Duccio Vitale, Mai 68 La Nuit des Barricades, La Folie douce, 1980. Presse de Mai 68 ClartĂ© journal fondĂ© en 1956 par l'Union des Ă©tudiants communistes. Partisans revue fondĂ©e en 1961 par François Maspero. Actuel magazine fondĂ© en 1967 par Claude Delcloo. Action journal, fondĂ© en avril 1968 par Jean Schalit. La Cause du Peuple, hebdo fondĂ© en avril 1968 par Robert Linhart. Cahiers de Mai, fondĂ© en juin 1968 par Daniel Anselme. Rouge presse, hebdo créé le 18 septembre 1968, quotidien du 15 mars 1976 au 3 fĂ©vrier 1979. L'HumanitĂ© rouge, refondĂ©e par Jacques Jurquet en 1969 Ă  partir de l'L'HumanitĂ© nouvelle de janvier 1965. L'Idiot international fondĂ© en octobre 1969 par Jean-Edern Hallier. Tout!, mensuel fondĂ© le 23 septembre 1970 par Tiennot Grumbach et Roland Castro[146]. J'accuse, mensuel fondĂ© 15 janvier 1971 par Robert Linhart et AndrĂ© Glucksmann[147]. La Gueule ouverte fondĂ©e en novembre 1972. Charlie Hebdo fondĂ© en novembre 1970 par Hara-Kiri journal Pirate journal créé par Jean-RenĂ© Huleu en 1972 au service de l'Agence de presse APL[148]. Agence de presse APL créée le 18 juin 1971 par Maurice Clavel rĂ©sistant catholique et gaulliste de gauche[148]. LibĂ©ration quotidien créé en janvier 1973 par Jean-Paul Sartre et Jean-Claude Vernier. Le Matin de Paris quotidien fondĂ© le 1er mars 1977 par Claude Perdriel. Actions Presse lycĂ©ennes APL est un journal lycĂ©en français fondĂ© en 1978. Barricades journal rĂ©alisĂ© par le comitĂ© d'action lycĂ©en en 1968-1969, fondĂ© en mai-juin 1968. Notes et rĂ©fĂ©rences Notes ↑ Le premier lycĂ©e mixte Ă  partir de la classe de seconde a Ă©tĂ© ouvert Ă  Rambouillet en 1960 sous le nom Ă©vocateur de LycĂ©e mixte d'État de Rambouillet » aujourd'hui LycĂ©e Louis‐Bascan[9]. ↑ Cette version est celle affirmĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Massu dans ses mĂ©moires[46]. ↑ Malraux qualifie plus tard ces Ă©vĂšnements de crise de civilisation », indiquant ainsi leur gravitĂ©. ↑ Gilles Tautin, 17 ans, Ă©lĂšve de 1re C au lycĂ©e StĂ©ohane-MallarmĂ©, membre de l'Union des jeunesses marxistes-lĂ©ninistes » mort noyĂ© dans la Seine Ă  Flins le 10 juin[50]. ↑ Pierre Baylot, 23 ans, tuĂ© par balle le matin du 11 juin Ă  l'usine Peugeot de Sochaux[51]. ↑ Henri Blanchet, 49 ans, tombĂ© d'un mur le matin du 11 juin Ă  l'usine Peugeot de Sochaux[52] ↑ Il revient cependant clandestinement donner une confĂ©rence de presse unique en France, ayant teint ses cheveux pour ĂȘtre moins identifiable, et proposĂ© un appel du 18 joint » qui reste sans suite. ↑ La dix-neuviĂšme promotion de commissaires de police issus de l'École nationale supĂ©rieure de la police, entrĂ©s en fonction en 1968, porte son nom[66]. RĂ©fĂ©rences ↑ a b et c F. Joignot, Y a-t-il eu des violences policiĂšres en Mai 68 ?, Le Monde, IdĂ©es, 7 mars 2018 ↑ RĂ©daction, Combien de temps aura durĂ© 68 ? », LibĂ©ration, 19 janvier 2018, [lire en ligne]. ↑ a b et c SinĂ© Mensuel, numĂ©ro 75, mai 2018, entretien avec Ludivine Bantigny, auteure de Mai 68. De grands soirs en petits matins ↑ a b c et d Alexandre Mirlicourtois, Mai 68 quelle Ă©tait la situation Ă©conomique ? », sur 20 avril 2018 consultĂ© le 11 dĂ©cembre 2020. ↑ Les consĂ©quences Ă©conomiques de Mai 68 », sur 22 aoĂ»t 2018 consultĂ© le 7 mai 2019 ↑ Pierre Viansson-PontĂ©, Quand la France s'ennuie
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CinĂ©tract Liens externes Mai 68, la rĂ©volution en images sur Photos de Mai 68, sur Esprit 68 Des ressources, des idĂ©es, des propositions. Pour faire la rĂ©volution. The May Events Archive. Mai 68 », bibliographie du 40e anniversaire. Dossier d'Arte TV sur Mai 68, sur le site Charles de Gaulle, Discours du gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă  la radio, le 30 mai 1968 », Archives de Mai 68, documents et iconographie rassemblĂ©s par Yves PagĂšs. Cartographie des barricades du 10 mai 1968 », dans Alternative libertaire de mai 2008. Cartographie des mouvements sociaux en France en 1968 », dans Alternative libertaire de mai 2008. Mai 68 Soixante-huitard Concepts Antiautoritarisme Gauchisme GrĂšve gĂ©nĂ©rale GrĂšve sauvage Libertaire LibertĂ© sexuelle Manifestation Mouvement Ă©tudiant Nouvelle gauche Mao-spontex RĂ©volte RĂ©volution sexuelle Situationnisme SpontanĂ©isme Trotskisme ÉlĂ©ments historiques Trente Glorieuses Guerre du ViĂȘt Nam Chronologie des Ă©vĂ©nements de mai - juin 1968 Historiographie de Mai 68 Nuit des barricades GrĂšve des techniciens et journalistes de l'ORTF en mai-juin 1968 Accords de Grenelle DĂ©cret du 12 juin 1968 portant dissolution d'organismes et de groupements Mouvements sociaux de 1968 dans le monde Mouvements sociaux de 1968 en Allemagne et Europe de l'Est Structures collectives Mouvement du 22 Mars ComitĂ© d'action lycĂ©en Internationale situationniste Conseil pour le maintien des occupations EnragĂ©s de Nanterre » Jeunesse communiste rĂ©volutionnaire Union nationale des Ă©tudiants de France Union des Ă©tudiants communistes Union des jeunesses communistes marxistes-lĂ©ninistes Syndicat national de l'enseignement supĂ©rieur Gauche prolĂ©tarienne Mouvement Hippie Mouvement autonome Kommune 1 Occident Acteurs notables Daniel Cohn-Bendit Alain Geismar Alain Krivine Benny LĂ©vy Jacques Sauvageot ƒuvres liĂ©es De la misĂšre en milieu Ă©tudiant, AFGES 1966 La SociĂ©tĂ© du spectacle, Guy Debord 1967 TraitĂ© de savoir-vivre Ă  l'usage des jeunes gĂ©nĂ©rations, Raoul Vaneigem 1967 L'Homme unidimensionnel, Herbert Marcuse traduit en français en 1968 CrĂšve salope, Renaud 1968 Paris Mai, Claude Nougaro 1968 L'ÉtĂ© 68, LĂ©o FerrĂ© 1969 RĂ©cital 1969 en public Ă  Bobino, LĂ©o FerrĂ© 1969 Magny 68-69, Colette Magny 1969 Les Nouveaux Partisans, Dominique Grange 1969 Amour Anarchie, LĂ©o FerrĂ© 1970 DerriĂšre la vitre, Robert Merle 1970 La Solitude, LĂ©o FerrĂ© 1971 L'An 01, GĂ©bĂ©, Jacques Doillon 1972 Fais que ton rĂȘve soit plus long que la nuit, Vangelis 1972 Il n'y a plus rien, LĂ©o FerrĂ© 1973 Grands soirs et petits matins, William Klein, 1978 GĂ©nĂ©ration, Patrick Rotman, HervĂ© Hamon 1987-1988 Milou en mai, Louis Malle 1990 Mai 68 l'hĂ©ritage impossible, Jean-Pierre Le Goff, 1998 NĂ©s en 68, Olivier Ducastel et Jacques Martineau 2007 AprĂšs mai, Olivier Assayas 2012 Presse Ă©crite Presse underground des annĂ©es 1960 et 1970 Hara-Kiri, François Cavanna, Professeur Choron 1960 L’EnragĂ©, Jean-Jacques Pauvert 1968 Action, Jean Schalit 1968-1969 Cahiers de Mai 1968 La Cause du peuple, Roland Castro 1968 Tout !, Vive la rĂ©volution 1970 Actuel, Jean-François Bizot 1970 Charlie Hebdo 1970 Nouveaux mouvements sociaux Mouvement de libĂ©ration des femmes Front homosexuel d'action rĂ©volutionnaire ComitĂ© d'action des prisonniers Groupe information asiles Groupe d'information et de soutien des immigrĂ©s Éducation libertaire Mouvement antinuclĂ©aire CommunautĂ© libertaire Affiches et slogansordre alphabĂ©tique Il est interdit d'interdire ! La beautĂ© est dans la rue La libertĂ© est le crime qui contient tous les crimes Ne travaillez jamais Nous ne voulons pas d'un monde oĂč la certitude de ne pas mourir de faim s'Ă©change contre le risque de mourir d'ennui Nous sommes tous indĂ©sirables » Prenez vos dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s Retour Ă  la normale... Sous les pavĂ©s, la plage ! Soyez rĂ©alistes, demandez l'impossible Une sociĂ©tĂ© qui abolit toute aventure, fait de l'abolition de cette sociĂ©tĂ© la seule aventure possible Vivre sans temps mort, jouir sans entraves Voir aussi Anarchisme Communisme FĂ©minisme Mouvement autonome

Laffiche prĂ©sentĂ©e ici a Ă©tĂ© realisĂ©e par les Ă©tudiants de l’atelier des Beaux Arts de Paris en mai 1968 pour protester contre la politique du GĂ©nĂ©ral de Gaulle. Affi che : "Sois jeune et tais-toi" |
Tapez votre recherche et appuyez sur entrer pour lancer la recherche Ques’est-il passĂ© le jeudi 24 mai 2012 : revivez l’actualitĂ© nationale et internationale, politique, Ă©conomique, culturelle, scientifique et sportive avec Le Point. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID KEOGmpZLnoM-FDrYBWOgFGtriAzebPBNejPXrPyU80d9M4gWLYXDmA== Depuisla rĂ©vĂ©lation, fin septembre, de la teneur des quelque 399 SMS Ă©changĂ©s avec « Christelle », sa deuxiĂšme accusatrice, un revirement dans la ligne de dĂ©fense de Tariq Ramadan Ă©tait fortement pressenti en ce lundi 22 octobre, date de sa nouvelle audition par les juges d’instruction, au tribunal de grande instance de Paris, conformĂ©ment Ă  sa demande.
Argent & Placements Graphisme efficace et slogans percutants les affiches de l’évĂ©nement ont marquĂ© les esprits et sont de plus en plus recherchĂ©es par les collectionneurs. Les commĂ©morations de Mai 68 suscitent l’effervescence
 Peut-ĂȘtre autant que les ventes aux enchĂšres qui dispersent depuis quelques semaines les ­affiches créées par les Ă©tudiants mobilisĂ©s voilĂ  tout juste cinquante ans. L’étude de Melun, sous la houlette de Me Matthias Jakobowicz, a ainsi ouvert le feu avec une petite sĂ©lection dĂ©but fĂ©vrier. L’affiche Continuons la grĂšve, le capital se meurt », par l’Atelier populaire, a Ă©tĂ© adjugĂ©e 270 euros, et une version de Nous sommes tous des juifs et des Allemands » a trouvĂ© preneur pour 1 500 euros. Une collection trĂšs complĂšte La maison parisienne Artcurial rĂ©pliquait le 13 mars avec une vente trĂšs complĂšte issue d’une collection privĂ©e, celle de Laurent Storch. Le producteur de tĂ©lĂ©vision et de cinĂ©ma dĂ©clarait avoir rĂ©uni Ă  peu prĂšs toutes les affiches existantes de cette pĂ©riode. Je les ai trouvĂ©es sur eBay, chez des marchands, ou encore par des personnes qui les avaient conservĂ©es, y compris du cĂŽtĂ© des CRS
 Certaines sont assez courantes, mais il y en a une cinquantaine qu’on ne trouvera plus ». Le rĂ©sultat de cette vente a montrĂ© l’intĂ©rĂȘt des ­enchĂ©risseurs 161 291 euros adjugĂ©s au total, avec 60 % des lots ayant trouvĂ© acquĂ©reur. Le record est ­dĂ©tenu par La beautĂ© est dans la rue », partie Ă  3 380 euros. Une ­affiche rare Ă  ­double titre c’est l’une des seules Ă  reprĂ©senter une femme qui lance un pavĂ©, et elle n’a pas Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e Ă  ­Paris mais Ă  Montpellier. La prochaine Ă©tude Ă  se lancer est De Baecque et ­associĂ©s, qui mettra en vente, le 15 mai Ă  Drouot, une sĂ©lection de 250 affiches diffĂ©rentes. Graphiquement simples, monocolores, ces affiches placardĂ©es en majoritĂ© sur les murs de Paris ­durant quelques semaines entre mai et juin 1968 ont durablement marquĂ© les esprits, ce qui explique leur succĂšs actuel sur le marchĂ© des ventes aux enchĂšres. Il en existe environ 500 diffĂ©rentes, avec pour certaines des variantes dans le slogan ou la couleur utilisĂ©e. Les tirages ont Ă©tĂ© compris entre 1 000 et 2 000 exemplaires selon les modĂšles. La majoritĂ© est en effet en sĂ©rigraphie, une ­mĂ©thode simple, facile Ă  utiliser pour des nĂ©ophytes, mais qui ne permet pas des tirages aussi ­importants que l’offset. Les Ă©tudiants prĂ©fĂšraient renouveler tous les jours le message plutĂŽt que d’imprimer plusieurs fois la mĂȘme composition De toutes les façons, les Ă©tudiants prĂ©fĂšrent renouveler tous les jours le message plutĂŽt que d’imprimer plusieurs fois la mĂȘme composition. Ils rĂ©agissent ainsi en temps rĂ©el aux derniers Ă©vĂ©nements Nous sommes tous indĂ©sirables » vendue 1 040 euros chez Artcurial, avec le portrait de Daniel Cohn-Bendit dessinĂ© par Bernard Rancillac, au moment oĂč le leadeur est interdit de sĂ©jour, La lutte continue » avec un poing levĂ© au bout d’une cheminĂ©e d’usine aprĂšs les accords de Grenelle vendue 715 euros chez Artcurial, Sois jeune et tais-toi » montrant un jeune, bĂąillonnĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle au moment oĂč le ­gouvernement organise de nouvelles Ă©lections Ă  la fin du mois de juin, sans abaisser l’ñge du droit de vote vendue 715 euros chez Artcurial. Deux ateliers Les affiches parisiennes de Mai 68 sont principalement issues de deux ateliers. L’expert FrĂ©dĂ©ric Lozada prĂ©cise L’Atelier populaire est plutĂŽt de tendance maoĂŻste, et celui des Arts dĂ©coratifs, dans la mouvance marxiste-lĂ©niniste. » Le premier, l’Atelier ­populaire, naĂźt Ă  l’Ecole supĂ©rieure des beaux-arts. Sa premiĂšre affiche, du 15 mai, est ­imprimĂ©e Ă  30 exemplaires. Son slogan est U-sines, U-niversitĂ©s, ­U-nion ». Le 19 mai, La chienlit c’est lui », avec une silhouette caricaturĂ©e du ­gĂ©nĂ©ral de Gaulle, est tirĂ©e Ă  3 000 exemplaires. Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Mai 68 s’affiche sur les murs des Beaux-Arts Ă  Paris L’autre atelier, ­celui des Arts dĂ©coratifs, commence sa production une dizaine de jours plus tard. Ses crĂ©ations sont plus percutantes, mais aussi plus violentes. C’est de lĂ  que sort l’affiche montrant Hitler qui ­retire son masque ­figurant de Gaulle. Certains artistes de Mai 68 ont signĂ© leur Ɠuvre, ou les ont reconnues plus tard » Dans chacun de ces deux ateliers, slogans et dessins sont chaque jour soumis Ă  l’approbation d’une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, et le travail des concepteurs reste le plus souvent anonyme. Mais certains artistes ont signĂ© leur Ɠuvre, ou les ont reconnues plus tard. C’est le cas des membres de la figuration narrative tels que Rancillac ou Rougemont, ou d’indĂ©pendants parmi lesquels Zao Wou-ki, Calder ou encore Alechinsky », prĂ©cise l’expert en affiches FrĂ©dĂ©ric Lozada. Il s’amuse de la vision des acheteurs Ă©trangers pour qui ces crĂ©ations sont issues de la French Revolution
 Personne ne peut garantir que telle ou telle affiche date bien de mai 1968, et n’a pas Ă©tĂ© imprimĂ©e postĂ©rieurement » Du cĂŽtĂ© des formats, il s’agit principalement de 60 cm × 80 cm ou de 80 cm × 120 cm. Aux Beaux-Arts, les affiches Ă©taient mises Ă  sĂ©cher sur des cordes Ă  linge, les formats supĂ©rieurs Ă  1 mĂštre n’étaient par consĂ©quent pas trĂšs faciles Ă  manipuler », explique le collectionneur Laurent Storch. Cet ­aspect trĂšs artisanal, libre, peut parfois poser des problĂšmes d’authenticitĂ© sur les affiches prĂ©sentĂ©es aujourd’hui sur le marchĂ©. Me Philippe Rouillac pense ainsi renoncer Ă  sa vente prĂ©vue initialement le 15 mai Personne ne peut garantir que telle ou telle affiche date bien de mai 1968, et n’a pas Ă©tĂ© imprimĂ©e postĂ©rieurement. Certaines sont peut-ĂȘtre plus rĂ©centes, quand d’autres datent des mois suivant les Ă©vĂ©nements
 Par dĂ©finition, il est difficile de connaĂźtre avec prĂ©cision la façon de travailler de ces ateliers surl’immĂ©diat, la spontanĂ©itĂ©. » Le commissaire-priseur de VendĂŽme recommande donc d’acheter ces affiches pour ce qu’elles sont, des tĂ©moignages politiques et graphiques d’une Ă©poque. Des photos sur le vif L’étude parisienne Million propose, le 15 mai Ă  Drouot, d’enchĂ©rir sur un autre type de souvenir de Mai 68 les photos de Claude Dityvon 1937-2008. Sur les 320 Ă©preuves mises en vente, environ 70 datent de la pĂ©riode et offrent des visions crĂ©pusculaires de rues dĂ©sertes, théùtres d’affrontement embrumĂ©s, nuits sombres ou bousculades dans le Quartier latin
 Des images particuliĂšres, loin du photoreportage, mais conformes Ă  la fibre sociale du photographe et parfois empreintes de poĂ©sie Boulevard Saint-Michel, avec un jeune homme assis sur une chaise, en pleine rue, alors qu’on devine les CRS qui lui font face derriĂšre la fumĂ©e des gaz lacrymogĂšnes estimation 1 000 Ă  2 000 euros, ou encore Boulevard Saint-Michel, prise de la Sorbonne, montrant un homme courant avec une jeune femme dans les bras mĂȘme estimation. Une partie de ces tirages sont lĂ©gendĂ©s au dos par le chanteur Renaud, qui avait acceptĂ© de faire ce travail pour la sortie du livre Mai 68 Ă©ditions CarrĂšre/Kian en 1988. Dix ans plus tard, en 1998, ces photos ont fait l’objet d’une exposition au MusĂ©e Guggenheim de New York. Usines UniversitĂ©s Union – lithographie Les trois U tĂ©moignent de l’union des ouvriers avec le travail des Ă©tudiants de l’atelier populaire des Beaux-Arts – qui sort ici sa premiĂšre affiche. Ces trois lettres rĂ©vĂšlent la solidaritĂ© qui existait entre les universitaires et le monde ouvrier pendant cette pĂ©riode de rĂ©volte. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Mur d’affiches Ce mur recouvert d’affiches est le journal mural de l’atelier. C’est comme si l’histoire s’écrivait au jour le jour une vraie vie collective s’organise et occupe les lieux. Les affiches, dont le tirage variait entre 50 et 5 000 exemplaires, Ă©taient prĂ©cĂ©dĂ©es d’un dĂ©bat en atelier. Les Ă©tudiants votaient ensuite pour ou contre Ă  main levĂ©e. Puis ils les distribuaient et les collaient eux-mĂȘmes, avec l’aide d’anciens Ă©tudiants. Il n’y avait pas de brigade d’affichage. » ATELIER POPULAIRE Poing levĂ© – affiche sĂ©rigraphiĂ©e de l’Atelier Populaire Cette affiche est rare, car elle est sans texte. Le poing levĂ© – celui Ă©galement du soulĂšvement – renvoie au Front populaire de 1936, Ă  toute une histoire politique. C’est une image iconique et qui dĂ©passe les frontiĂšres. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS ? – affiche de l’Atelier populaire Le salut qui est montrĂ© sur cette affiche dĂ©peint le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en dictateur. Il est considĂ©rĂ© comme un collaborateur et revĂȘt le costume d’un militaire, Ă©voquant le slogan de 1948 CRS SS ». Le point d’interrogation soulĂšve l’idĂ©e d’une hypothĂšse appliquera-t-il l’article 16 de la Constitution, en cette pĂ©riode de crise, qui lui accorderait les pleins pouvoirs ? » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS La chienlit c’est encore lui ! – affiche sĂ©rigraphiĂ©e de l’Atelier Populaire Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle est reprĂ©sentĂ© en mouette. C’est une reprise de ses propos du 19 mai [lors d’un conseil des ministres, le gĂ©nĂ©ral avait lancĂ© “La rĂ©forme, oui ! La chienlit, non !”] qui dĂ©signaient la contestation Ă©tudiante. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS GrĂšve illimitĂ©e – clichĂ©s Union mai 1968 projet d’affiche, peinture Chaque projet d’affiche Ă©tait dĂ©battu en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale celle-ci fut acceptĂ©e avec son texte et son graphisme d’origine. Sobre et efficace, elle rappelle que Mai 68 est le plus grand mouvement social du XXe siĂšcle en France, c’est-Ă -dire une grĂšve gĂ©nĂ©rale qui a rĂ©uni les services publics et le privĂ©, sans l’évocation d’un syndicat. C’est une Ă©poque oĂč il y a eu une unitĂ© des fronts. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS La police s’affiche aux Beaux-Arts / Les Beaux-Arts s’affichent dans la rue – affiche sĂ©rigraphiĂ©e de l’Atelier populaire Celle-ci Ă©voque le rapport au prĂ©sent – le 27 juin 1968 –, quand la police effectue une descente dans l’atelier des Beaux-Arts. L’affiche sort juste aprĂšs les faits il y a une vraie rĂ©activitĂ© de la part des graphistes. L’atelier est aussi une langue commune et partagĂ©e. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Cohn-Bendit passera – projet d’affiche Les deux affiches qui suivent posent la question de la libre circulation des Ă©tudiants avec la frontiĂšre allemande et le retour du leader Cohn-Bendit n’ayant pas Ă  l’époque la nationalitĂ© française, ce dernier a Ă©tĂ© expulsĂ© le 21 mai en Allemagne, mais rentrera clandestinement en France le 28 mai. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Douane. Cohn-Bendit passera – lithographie de l’Atelier Populaire Il s’agit aussi de l’idĂ©e d’une Union europĂ©enne. Le gĂ©nĂ©ral devient un gendarme – un peu comme dans les films de Jaques Tati – qui ne maĂźtrise pas la situation. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Poison – projet d’affiche La croix de Lorraine apparaĂźt comme un pansement. C’est encore l’évocation de De Gaulle, ici reprĂ©sentĂ© comme un vieux monsieur un peu charlatan. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Nous sommes tous indĂ©sirables – affiche de l’Atelier Populaire A l’origine, c’est une photographie de Gilles Caron. Mai 68 a trouvĂ© son visage celui de Daniel Cohn-Bendit qui fait face Ă  un CRS, ici, vu de dos. Le slogan associe les Ă©tudiants Ă  sa cause Daniel Cohn-Bendit n’a pas le droit de demeurer en France depuis fin mai. Le texte peut aussi faire rĂ©fĂ©rence Ă  une autre histoire celle des Juifs et des Allemands. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Travailleurs français immigrĂ©s unis – affiche de l’Atelier populaire Rappelons que, dans le cortĂšge des manifestants, il y a aussi des immigrĂ©s. On est six ans aprĂšs la fin de la guerre d’AlgĂ©rie le sujet reste sensible. C’est une affiche efficace dans sa composition et son message. Elle est trĂšs post-coloniale. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS La lutte continue – affiche de l’Atelier populaire Cette affiche, trĂšs cĂ©lĂšbre, est postĂ©rieure aux accords de Grenelle elle sera reprise au dĂ©but des annĂ©es 1970. On y voit Ă  nouveau ce poing levĂ© qui renvoie, cette fois-ci, aux usines. La lutte doit continuer avec les ouvriers – c’est trĂšs Mao. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS Chauffeurs de taxi la lutte continue – affiche de l’Atelier populaire Cette affiche tĂ©moigne du rapport de proximitĂ© qu’entretient l’atelier des Beaux-Arts avec l’extĂ©rieur. Des petits artisans aux ouvriers, les Ă©tudiants Ă©taient sollicitĂ©s par tous les corps de mĂ©tiers. Rappelons que les taxis sont en 1968 un moyen de transport bourgeois. Cela montre leur ouverture d’esprit. » COLLECTION DES BEAUX-ARTS DE PARIS ClĂ©mentine Pomeau-Peyre Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Primadelle conclusioni i creatori del blog hanno voluto dedicare una parte del lavoro al problema dell’appropriazione indebita (Les dĂ©tournements des affiches et des slogans aprĂšs Mai ’68 - L'appropriazione indebita dei manifesti e degli slogan dopo il Maggio '68) che Ăš stata fatta dei manifesti da parte di grandi aziende come E. Leclerc (catena di supermercati), SNCF
Avec toute la subjectivitĂ© et les limites inhĂ©rentes Ă  l’exercice, nous avons choisi et analysĂ© des films importants signĂ©s par des rĂ©alisatrices qui mettent en jeu un changement de point de vue, Ă©crivant ainsi une nĂ©cessaire contre-histoire fĂ©minine du cinĂ©ma. Dossier coordonné par Jean-Marc Lalanne, avec Philippe Azoury, Emily Barnett, Romain Blondeau, Patrice Blouin, Iris Brey, Faustine Chevrin, Luc Chessel, Bruno Deruisseau, Marilou Duponchel, Hélène Frappat, Jacky Goldberg, Mia Hansen-LĂžve, Murielle Joudet, Thierry Jousse, Olivier Joyard, Gérard Lefort, Eponine Le Galliot, Elena López, Axelle Ropert, Théo Ribeton, Justine Triet. 1906 / Madame a des envies d’Alice Guy Pendant que d’autres prennent pour sujet les trains, les usines et les repas du dimanche, Alice Guy met en scĂšne une femme enceinte qui a l’irrĂ©pressible besoin d’insĂ©rer des objets phalliques dans sa bouche. Outre ce point de dĂ©part narratif intrĂ©pide, la cinĂ©aste utilise pour la premiĂšre fois au cinĂ©ma le gros plan Ă  des fins dramatiques. Elle a l’intuition gĂ©niale de rapprocher le corps de la camĂ©ra du visage de son hĂ©roĂŻne au moment oĂč cette derniĂšre parvient Ă  ses fins et se dĂ©lecte de sucer une friandise volĂ©e Ă  une enfant, nous permettant de ressentir de maniĂšre plus intense cet assouvissement physique. L’utilisation du gros plan permet donc d’accĂ©der Ă  la subjectivitĂ© de la femme enceinte la femme qui suce n’est pas un spectacle Ă©rotique mais diffuse un dĂ©sir fĂ©minin. I. B. Avec Alice Guy Fr., 4 min 15 1914 / Charlot et les Saucisses de Mabel Normand Mabel Normand fut la premiĂšre vedette fĂ©minine du burlesque muet, peut-ĂȘtre la seule Ă  approcher la catĂ©gorie de ses lĂ©gendes, oĂč trĂŽne Chaplin. C’est d’ailleurs en tant que second rĂŽle d’un de ses films qu’apparaĂźt en 1914 le personnage de Charlot. Il deviendra un sidekick rĂ©gulier – en passe de la doubler en notoriĂ©tĂ© dans ce film rĂ©alisĂ© par Normand trois mois plus tard. Elle s’y met en scĂšne en vendeuse de hot-dogs et trahit sĂ»rement ce qui se trame derriĂšre la camĂ©ra le vagabond apparaĂźt et la courtise, dans le but de lui chiper ses saucisses. La suite de la vie de Mabel Normand sera funeste empĂȘtrĂ©e en 1921 dans une sĂ©rie de scandales mĂȘlant affaires de mƓurs et homicide l’affaire Arbuckle, elle tombe dans l’oubli et meurt de la tuberculose en 1930. T. R. Avec Charles Chaplin, Mabel Normand, Dan Albert 10 min 1920 / La FĂȘte espagnole de Germaine Dulac Soledad, une ancienne danseuse, est convoitĂ©e par deux hommes. Elle les incite Ă  se battre en duel, promettant de se donnerau vainqueur. Pendant ce temps, elle s’égare avec le jeune Juanito, dansant toute la nuit, se remĂ©morant les belles annĂ©es de sa jeunesse passĂ©e. Avec La FĂȘte espagnole, Dulac semble anticiper toute la vague dite impressionniste du cinĂ©ma français Louis Delluc en partie, mais Ă©galement Jean Epstein. Grande fĂ©ministe, elle est considĂ©rĂ©e comme une figure majeure de l’avant-garde cinĂ©matographique. Elle prĂŽne un art neuf, pur et intĂ©gral, se dĂ©tournant du théùtre et de la littĂ©rature et cherchant sans cesse Ă  repousser les limites du rĂ©cit et de l’esthĂ©tique. F. C. Avec Eve Francis, Gabriel Gabrio, Jean Toulout Fr., 1 h 07 1926 / Les Aventures du prince Ahmed de Lotte Reiniger Nous sommes deux ans avant la naissance de Mickey et bien loin de la mass animation dont Walt Disney posera bientĂŽt les fondations lorsque l’Allemande Lotte Reiniger crĂ©e, Ă  27 ans, Les Aventures du prince Ahmed. Proche des avant-gardes expressionnistes, cette pionniĂšre de l’animation a, en tant que dĂ©coratrice pour le théùtre, Ă©laborĂ© un art de la silhouette dĂ©coupĂ©e qui vient sublimer ce rĂ©cit muet en ombres chinoises, composite de plusieurs contes des Mille et Une Nuits. Applaudi par Renoir ou Brecht, il restera l’unique chef-d’Ɠuvre de Reiniger. Elle demeure cependant active presque jusqu’à sa mort en 1981, et connaĂźt encore aujourd’hui une postĂ©ritĂ© notable avec les films de Michel Ocelot, qui lui empruntent tant ses techniques que ses thĂšmes orientalistes. T. R. All., 1 h 20 1940 / Dance, Girl, Dance de Dorothy Arzner Judy Maureen O’Hara et Bubbles Lucille Ball montent sur scĂšne tous les soirs pour livrer un spectacle de danse dans deux styles diffĂ©rents Bubbles est tout en effeuillage et sĂ©duction, Judy, elle, enchaĂźne de classiques arabesques. Dans la scĂšne clef du film et de l’Ɠuvre d’Arzner, Judy se fait huer par la foule qui veut voir plus de chair. Elle s’arrĂȘte alors de danser et livre un discours fĂ©ministe. Cette sĂ©quence se termine par une bagarre entre Judy et Bubbles. Cette lutte entre ces deux corps fĂ©minins, celui qui dĂ©nonce le male gaze et celui qui veut faire partie du systĂšme, matĂ©rialise ainsi ce qui hante le cinĂ©ma de Dorothy Arzner la tension permanente entre le dĂ©sir de montrer des femmes qui rĂ©flĂ©chissent Ă  la performance et Ă  la performativitĂ© du genre fĂ©minin et celui de pouvoir rassembler une foule dans une salle. Une lutte qui symbolise aussi la violence Ă©manant de la dissimulation du dĂ©sir lesbien, que ce soit celui de la cinĂ©aste ou celui de ses hĂ©roĂŻnes. I. B. Avec Maureen O’Hara, Lucille Ball 1 h 30 1946 / Ritual in Transfigured Time de Maya Deren Une femme souriante Maya Deren elle-mĂȘme manipule un long morceau de laine. Une autre Rita Christiani tire le fil jusqu’à elle. Une troisiĂšme AnaĂŻs Nin les observe en robe noire. L’espace du film s’ouvre ensuite dans un enchaĂźnement cadencĂ© de gestes, regards, danses, comme si le cinĂ©ma proposait subitement une chorĂ©graphie du monde initiĂ©e par l’expĂ©rience et le corps des femmes. ScandĂ© par des visions sublimes proches de la transe, ce standard du cinĂ©ma non-narratif rĂ©alisĂ© en 1946 a aussi marquĂ© les esprits par son utilisation pionniĂšre de procĂ©dĂ©s aujourd’hui banalisĂ©s arrĂȘts sur images, ralentis. AmĂ©ricaine d’origine ukrainienne, connue pour de nombreux autres films comme Meshes of the Afternoon 1943, avec Alexander Hammid, Maya Deren a eu une importance capitale au moins Ă  deux titres. D’abord dans la communautĂ© du cinĂ©ma expĂ©rimental, dont elle tenta de regrouper les forces en crĂ©ant une coopĂ©rative, avant que la mort ne l’emporte prĂ©maturĂ©ment en 1961 – Jonas Mekas reprendra alors le flambeau. Ensuite, dans la mise en Ɠuvre d’un cinĂ©ma fĂ©minin, tant ses hĂ©roĂŻnes semblent crĂ©er leur espace propre, Ă  l’image du personnage principal de Ritual in Transfigured Time avançant la main ouverte devant elle et profitant de l’énergie d’autres femmes pour se mĂ©tamorphoser. O. J. Avec Rita Christiani, Maya Deren, AnaĂŻs Nin 15 min 1947 / Paris 1900 de Nicole VĂ©drĂšs Chronique de la ville de Paris de 1900 Ă  1914, le documentaire Paris 1900 est aujourd’hui une rĂ©fĂ©rence en termes de montage. La cinĂ©aste et romanciĂšre Nicole VĂ©drĂšs passe en revue la vie mondaine parisienne entre la Belle Epoque et le cataclysme de la guerre de 1914. DĂ©fini par le critique AndrĂ© Bazin comme “quelque chose de monstrueusement beau dont l’apparition bouleverse les normes esthĂ©tiques du cinĂ©ma”, c’est l’élĂ©gance du ton ainsi que son goĂ»t prononcĂ© pour l’image d’archives qui ont fait de l’Ɠuvre un classique aux croisements des arts. F. C. Fr., 1 h 19 1950 / Outrage d’Ida Lupino Actrice, Ida Lupino est aussi connue pour avoir Ă©tĂ© l’une des seules cinĂ©astes femmes Ă  exercer Ă  Hollywood dĂšs la fin des annĂ©es 1940, notamment grĂące Ă  Emerald Films, la sociĂ©tĂ© de production indĂ©pendante qu’elle fonde avec son mari. Ses films se caractĂ©risent par un rĂ©alisme Ăąpre de sĂ©rie B, des sujets de sociĂ©tĂ© qu’elle filme les yeux ouverts, en allant droit au but, sans affĂ©teries ni glamour. On lui doit notamment un film sur les jeunes filles obligĂ©es d’abandonner leurs enfants Not Wanted, un autre sur les ravages de la bigamie The Bigamist et Outrage, rare film Ă  mettre au centre de son rĂ©cit une victime de viol et Ă  observer les consĂ©quences de ce cataclysme sur sa psychĂ©. Lupino ne cherche jamais Ă  contourner son sujet ou Ă  lui adjoindre une autre strate narrative le trauma est tellement puissant qu’il aspire tout le reste. AprĂšs le drame, Ann, l’hĂ©roĂŻne, prend la fuite comme si elle avait commis un acte rĂ©prĂ©hensible, percluse de honte par son statut de victime. Se croyant sur la voie de l’oubli, elle se retrouve trĂšs vite rattrapĂ©e par sa mĂ©moire traumatique – le film fait montre d’une grande justesse psychologique. Sans optimisme excessif mais avec un dĂ©sir dĂ©vorant d’éduquer son public, Outrage dĂ©ploie toutefois la possibilitĂ© d’une guĂ©rison pour sa victime et la nĂ©cessaire prise en charge des criminels. M. J. Avec Mala Powers, Tod Andrews, Robert Clarke 1 h 15 1951 / Olivia de Jacqueline Audry En attendant Varda, Jacqueline Audry 1908-1977 est la premiĂšre cinĂ©aste française de l’aprĂšs-guerre qui s’aventure dans la zone alors interdite du fĂ©minisme revendiquĂ©e. En 1946, elle rĂ©alise Les Malheurs de Sophie oĂč l’hĂ©roĂŻne est mĂ©tamorphosĂ©e en adolescente qui refuse un mariage arrangĂ©. Mais c’est en 1951 avec Olivia que le propos devient explicite. D’aprĂšs le roman Ă©ponyme de Dorothy Bussy 1949, adaptĂ© par sa sƓur Colette Audry, Ă©crivaine proche de Beauvoir et de Sartre, Olivia est l’histoire d’un couple de femmes. D’une part, Julie Edwige FeuillĂšre, directrice d’un pensionnat de jeunes filles de bonnes familles. D’autre part, Clara Simone Simon, son associĂ©e et amante. L’arrivĂ©e d’une nouvelle Ă©lĂšve, Olivia Marie-Claire Olivia, va bouleverser les deux femmes. Avec une frontalitĂ© sidĂ©rante pour l’époque, l’homosexualitĂ© fĂ©minine n’est pas Ă  lire entre les images, elle est de chaque plan, toute de chair et de gaĂźtĂ©, cadrĂ©e avec une sensualitĂ© contagieuse. Olivia est autant un film militant que le chef-d’Ɠuvre d’une grande rĂ©alisatrice. G. L. Avec Simone Simon, Edwige FeuillĂšre Fr., 1 h 35 1953 / The Bigamist de Ida Lupino La beautĂ© des sĂ©ries B d’Ida Lupino tient Ă  la fois au respect du cadre demandĂ© par le genre atmosphĂšre de film noir, efficacitĂ© dramatique absolue et Ă  un intĂ©rĂȘt pour des sujets peu traitĂ©s par ailleurs. Ici, la double vie d’un homme dans la Californie des annĂ©es 50, oĂč le jeu des convenances sociales et conjugales est scrutĂ© comme une prison collective. Beau film sur une masculinitĂ© tout sauf triomphante, The Bigamist s’affirme comme l’un des sommets de l’Ɠuvre de l’actrice-rĂ©alisatrice. Appartenant au domaine public, il est visible gratuitement sur Internet. Avec Joan Fontaine, Ida Lupino, Edmund Gwenn AmĂ©ricain, 1h23 1962 / ClĂ©o de 5 Ă  7 d’AgnĂšs Varda Sorti sur les Ă©crans en 1962, ClĂ©o de 5 Ă  7 relate deux heures de la vie d’une femme persuadĂ©e d’ĂȘtre malade. Premier choc le film se dĂ©roule en temps rĂ©el, Ă  la maniĂšre d’un compte Ă  rebours tendu vers son dĂ©nouement – l’annonce de rĂ©sultats mĂ©dicaux qui fixeront l’hĂ©roĂŻne sur son destin. L’autre surprise tient Ă  l’omniprĂ©sence du personnage fĂ©minin Ă  l’écran dans le contexte trĂšs phallocentrĂ© du cinĂ©ma de l’époque – Nouvelle Vague comprise –, le regard de Corinne Marchand devient le seul point de vue, une silhouette souveraine et radieuse, la seule marche Ă  suivre. ClĂ©o est un ange dont le narcissisme se mesure Ă  la quantitĂ© de fois oĂč elle se regarde dans une glace. Jusqu’ici, le monde Ă©tait pour elle un ocĂ©an de reflets lui renvoyant complaisamment son image – les vitrines des magasins, le regard des autres. Avec la peur, l’image se brouille. Par le ballet Ă©tourdissant des passants, le son des actualitĂ©s Ă  la radio, les nombreuses voix off, Varda projette son hĂ©roĂŻne dans un tourbillon d’altĂ©ritĂ© auquel cette “poupĂ©e” autocentrĂ©e et choyĂ©e par les autres Ă©tait restĂ©e hermĂ©tique. La cinĂ©aste offre Ă  ClĂ©o, objet passif et admirĂ©, engoncĂ© dans sa coquetterie, de regarder Ă  son tour. Pour devenir sujet de sa propre vie. La crĂ©ation sans Dieu de la femme. E. B. Avec Corinne Marchand, Sami Frey Fr., 1 h 30 1963 / La maison est noire de Forough Farrokhzad En 1963, soit quatre ans avant sa mort prĂ©coce Ă  l’ñge de 32 ans, la poĂ©tesse iranienne Forough Farrokhzad rĂ©alisait son unique film, La maison est noire, poĂšme de vingt minutes sur une lĂ©proserie Ă  Baba Baghi, au nord-ouest de l’Iran. ConsidĂ©rĂ© comme l’un des prĂ©curseurs de la Nouvelle Vague iranienne, c’est pourtant un film mĂ©connu. Il nous aurait Ă©tĂ© apportĂ© par le vent, comme un secret, et ce secret porte sur l’un des tabous ultimes la maladie. Farrokhzad filme le quotidien de cette maison peuplĂ©e par celles et ceux que l’on a chassĂ©es de la ville, qu’on ne veut plus voir, qui sont censĂ©es vivre comme des ombres. Farrokhzad les comprend, elle qui Ă©crivait ailleurs, dans l’un de ses poĂšmes “Toute mon existence est un verset obscur.” Elle n’a pas peur de pĂ©nĂ©trer dans leur intimitĂ©. Elle s’y enfonce, jusqu’aux entrailles, et pourtant, Ă  l’image, on ne voit jamais de malades, car face Ă  sa camĂ©ra tous les corps sont d’une beautĂ© Ă©piphanique. Oui, la beautĂ© n’existe que dans l’Ɠil de celui qui regarde, et ici on n’aura qu’à se laisser bercer par la douce violence de ses images et par la poĂ©sie qu’elle tire d’un cri primitif et dĂ©chirant. Peu importe alors s’il s’agit d’un film fort, d’un film beau, ou mĂȘme d’un chef-d’Ɠuvre comme l’avait qualifiĂ© Chris Marker, Ă  qui l’on doit sa diffusion en France. La maison est noire est bouleversant car il nous emporte dans le courant souterrain d’une voix subalterne. Car, Ă  travers ce film, Farrokhzad s’empare d’une place que la sociĂ©tĂ© ne lui avait pas donnĂ©e. Et comme l’expliquait la critique littĂ©raire Gayatri Spivak dans son essai sĂ©minal de 1988, Can the Subaltern Speak ?, les subalternes ne sont pas des ĂȘtres de silence, seulement ilelles ne sont pas Ă©coutĂ©s, ilelles chuchotent dans les plis de l’histoire. En cela, La maison est noire reste un film capital qui nous rapporte la voix de tous ces sujets subalternes les femmes, les malades, les corps non normatifs comme un courant Ă©lectrique et secret, comme un poison Ă©pais, comme un sortilĂšge. E. L. Avec Forugh Farrokhzad, Ebrahim Golesta Iran, 20 min 1965 / Le Bonheur d’AgnĂšs Varda “Je suis moi, encore plus”, rĂ©pond François, avec un sourire et des caresses, quand sa maĂźtresse lui demande comment il peut aimer deux femmes. François se croyait parfaitement heureux avec ThĂ©rĂšse et leurs deux enfants. Il l’était. Mais il a rencontrĂ© Emilie, ils sont tombĂ©s amoureux, et maintenant, c’est encore mieux. Mieux, ennemi du bien ? Peut-ĂȘtre. Mais, Ă  aucun moment, AgnĂšs Varda ne considĂšre cette histoire du point de vue de la morale. Il aurait fallu pour cela qu’elle charge son personnage de doutes et de regrets. Il n’en est rien. Les fleurs l’intĂ©ressent plus que les remords. Le prĂ©sent et la beautĂ© davantage que le mal – celui que François fait Ă  sa femme, par son bonheur Ă©goĂŻste. Si elle filme les caresses, elle filme leur sensualitĂ©, pas leur caractĂšre coupable. Son regard empreint d’une immense douceur, en fait Ă  mes yeux toute la force. La cruautĂ© du rĂ©cit peut nous blesser. Elle nous blesse. Mais pourquoi se rĂ©volter si le dĂ©sir a rĂ©sistĂ©, si la vie a repris ses droits, si c’est Ă  elle que la cinĂ©aste a voulu donner le dernier mot ? En revoyant ce film, j’ai Ă©tĂ© de nouveau Ă©blouie par la libertĂ© d’AgnĂšs Varda, par son insolente tranquillitĂ©. Le bonheur, la plĂ©nitude, la joie c’est ce qu’elle incarne pour moi. Joie de vivre, de voir, d’aimer. Et de filmer, sans remords, sans honte, sans la mauvaise conscience qui nous menace aujourd’hui. Varda disparue, qui osera encore filmerle bonheur ? M. Avec Jean-Claude Drouot, Marie-France Boyer Fr., 1 h 19 1966 / Les Petites Marguerites de Věra ChytilovĂĄ “Ça te gĂȘne ? – Non” Ă  Prague dans les annĂ©es 1960, deux jeunes filles prĂ©nommĂ©es Marie font n’importe quoi. Dans ce deuxiĂšme long de Vera ChytilovĂĄ, seule femme de la Nouvelle Vague tchĂšque Milos Forman, Jiri Menzel, il s’agit de ruiner et de gĂącher le plus de choses possible la nourriture, les fĂȘtes, leur temps, les rendez-vous avec les hommes, les vĂȘtements. La figure nouvelle de la fofolle invente un burlesque politique intense – qu’on retrouve dans CĂ©line et Julie vont en bateau de Rivette. Les Petites Marguerites se place sous le signe de la dĂ©pense avec une grande Ă©conomie de moyens, cherchant Ă  exprimer de la façon la plus condensĂ©e et littĂ©rale l’envie de tout casser, dont le film lui-mĂȘme. L. C. Avec Jitka CerhovĂĄ, Ivana KarbanovĂĄ, Julius Albert Tch., 1 h 14 1967 / Portrait of Jason de Shirley Clarke C’est un film sur le spectacle de soi. C’est un exercice de confession. C’est une odyssĂ©e de l’échec. Et c’est quasiment du stand-up. Jason Holliday, combinaison de toutes les marginalitĂ©s possibles de l’AmĂ©rique des sixties il est noir, homosexuel, call-boy, prostituĂ©, fait face Ă  la camĂ©ra de Shirley Clarke qui, hors champ et accompagnĂ©e d’un certain Carl, lui demande de raconter sa vie. Pendant toute une nuit, il se donne en spectacle, tour Ă  tour fascinant et agaçant. “ArrĂȘte de rire Jason ! Parle-nous de toi ! Ta mĂšre, ton enfance, les hommes que tu as aimĂ©s
” Jamais un exercice de portrait au cinĂ©ma ne s’est Ă  ce point construit sur une lutte, opposant brutalement jusqu’à l’insulte le sujet filmĂ© et le ou la cinĂ©aste. RythmĂ© par les “I’ll never tell” de Jason, le film oppose la rĂ©alisatrice Ă  une carapace de gaĂźtĂ© qu’elle et son compagnon encore plus violent ne parviennent jamais vraiment Ă  percer. En filigrane, Portrait of Jason traduit Ă©galement une authentique haine d’Hollywood, qui s’exprime dans le corps mĂȘme de Jason il incarne la limite du show, une surface euphorique dĂ©truite de l’intĂ©rieur. Ce n’est pas anodin que Shirley Clarke, tĂȘte de file avec Jonas Mekas de l’underground new-yorkais des annĂ©es 1960, dĂ©cide de filmer un tel dĂ©raillement du spectacle. J. T. Avec Jason Holliday et les voix de Shirley Clarke et Carl Lee 1 h 45 1969 / La fiancĂ©e du Pirate de Nelly Kaplan AprĂšs la mort de sa mĂšre avec qui elle vivait dans la pauvretĂ© et en rĂ©action Ă  l’indiffĂ©rence des hommes de pouvoir locaux, une jeune femme d’un petit village dĂ©cide de se prostituer et finit par semer Ă  la zizanie, dĂ©voilant l’impunitĂ© et la violence d’un systĂšme. Bernadette Lafont incarne Marie dans ce manifeste fĂ©ministe et bordĂ©lique de la fin des sixties, Ă  la portĂ©e toujours rageuse cinquante et un ans plus tard. Venue d’Argentine, la rĂ©alisatrice Nelly Kaplan, longtemps proche d’Abel Gance et d’AndrĂ© Breton, a rĂ©alisĂ© plusieurs autres films aprĂšs son brillant coup d’essai, puis beaucoup Ă©crit pour la tĂ©lĂ©vision. Avec Bernadette Lafont, Georges GĂ©ret, Michel Constantin Fr, 1h43 1970 / Wanda de Barbara Loden La puissance de la premiĂšre et unique rĂ©alisation de Barbara Loden tient tout entiĂšre dans cette phrase de Marguerite Duras Ă  son sujet “Je considĂšre qu’il y a un miracle Wanda. D’habitude, il y a une distance entre la reprĂ©sentation et le texte, entre le sujet et l’action. Ici, cette distance est complĂštement annulĂ©e, il y a une coĂŻncidence immĂ©diate entre Barbara Loden et son sujet.” Ou comment l’épouse sous-estimĂ©e d’un cinĂ©aste cĂ©lĂšbre, Elia Kazan, se projeta dans la figure d’une mĂšre de famille en rupture de ban, transformant un fait divers en Ă©popĂ©e subjective et quasi documentaire chevillĂ©e au corps de l’actrice-rĂ©alisatrice. Ayant coĂ»tĂ© six ans de sa vie Ă  Loden, qui peina Ă  rĂ©unir un budget pourtant modeste 200 000 dollars, Wanda, sorti en 1970 mais peu visible en France avant 2003, est passĂ© en quelques dĂ©cennies de statut d’Ɠuvre oubliĂ©e Ă  celui de film culte, oĂč la rĂ©pression sociale des femmes atteint des sommets de mĂ©lancolie nihiliste. E. B. Avec Barbara Loden, Michael Higgins 1 h 42 1971 / Les Longs Adieux de Kira Muratova CinĂ©aste rare, d’origine ukrainienne mais travaillant avec difficultĂ© dans le systĂšme soviĂ©tique, Kira Muratova signe, avec Les Longs Adieux, un exceptionnel deuxiĂšme long-mĂ©trage. RĂ©alisĂ© en 1971, mais dĂ©couvert seulement Ă  la fin des annĂ©es 1980, Ă  la faveur de la perestroĂŻka, ce film radiographie les relations mouvantes et conflictuelles entre une mĂšre et son fils, Ă  peine sorti de l’adolescence. La texture de la mise en scĂšne, flottante au meilleur sens du terme mais aussi d’une virtuositĂ© Ă©blouissante, entraĂźne le film vers des rivages discrĂštement oniriques. Dans un noir et blanc splendide mais jamais ostentatoire, c’est tout un monde qui ressurgit devant nous. Le monde Ă©tincelant de Kira Muratova, grande cinĂ©aste qui transcende les clivages genrĂ©s, qu’il faut encore et encore redĂ©couvrir. T. J. Avec Zinaida Sharko, Oleg Vladimirsky Union Sov., 1 h 37 1972 / Nathalie Granger de Marguerite Duras En 1972, Duras a dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© trois films La Musica, DĂ©truire, dit-elle et Jaune le soleil. Pour Nathalie Granger, elle installe chez elle, dans sa maison de Neauphle, une demi-douzaine de personnes, dont Lucia BosĂš et Jeanne Moreau. Toutes deux furent des Ă©gĂ©ries antonioniennes, et quelque chose des dĂ©ambulations hagardes du cinĂ©aste se prolonge dans ces errements de deux femmes dans la gĂ©ographie d’une maison dont le sol en damier n’est pas sans Ă©voquer La Nuit. Lucia BosĂš est la mĂšre d’une petite fille de 8 ans, Nathalie Granger, que son Ă©cole juge trop violente pour poursuivre sa scolaritĂ©. La radio annonce au dĂ©but du film que deux adolescents criminels, aprĂšs avoir abattu un garagiste, sont en cavale dans la forĂȘt voisine. Les deux femmes ont peur, elles attendent. Qu’attendent ces femmes, sinon que la violence qui gronde dehors, qui germe dans le comportement inquiĂ©tant de la petite Nathalie vienne tout dĂ©vaster dans leur maison ? Ici, la violence est toujours en puissance. L’action aussi. La maison, comme le cinĂ©ma de Duras, est un trou noir. Toute forme de rĂ©cit, d’évĂ©nement, la possibilitĂ© mĂȘme de la reprĂ©sentation s’y dĂ©matĂ©rialisent. DĂ©jĂ  les miroirs capturent les corps et s’y substituent. DĂ©jĂ  la voix des comĂ©diens ne provient plus du cadre, mais plutĂŽt du hors-champ trois ans plus tard, la cinĂ©aste systĂ©matise le procĂ©dĂ© pour son film le plus cĂ©lĂšbre, India Song. Duras n’en est qu’à la mise en place de son opĂ©ration de dĂ©membrement du cinĂ©ma. LĂ  aussi, un grand geste de rupture donc de violence se dessine, mais reste en puissance, et trouvera des actualisations de plus en plus fortes jusqu’à l’écran noir, neuf ans plus tard, de L’Homme atlantique. C’est ce qui rend Nathalie Granger aussi beau. C’est un film de suspension, juste au bord du vide, mais sans s’y jeter. Un film qui attend, l’éternitĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s. L. Avec Jeanne Moreau, Lucia BosĂš, GĂ©rard Depardieu Fr., 1 h 25 1972 / Mimi mĂ©tallo blessĂ© dans son honneur de Lina WertmĂŒller Lina WertmĂŒller nĂ©e en 1928, fille rebelle de la bourgeoisie romaine, fut l’assistante de Fellini notamment sur 8 1/2 avant de passer Ă  la rĂ©alisation dans les annĂ©es 1960-70 avec une palanquĂ©e de comĂ©dies dont Mimi mĂ©tallo blessĂ© dans son honneur est le point d’orgue. Rendre grotesques et pathĂ©tiques tant les codes d’honneur de la Mafia sicilienne que le machisme ambiant, il fallait oser, et WertmĂŒller s’adonne Ă  cette satire dans une mixture rĂ©jouissante d’anarchisme et de bras d’honneur. Mimi mĂ©tallo valut Ă  WertmĂŒller une notoriĂ©tĂ© internationale qui profita Ă  Giancarlo Giannini, son acteur fĂ©tiche. G. L. Avec Giancarlo Giannini, Mariangela Melato It., 2 h 01 1974 / Je, tu, il, elle de Chantal Akerman Une annĂ©e avant le chef-d’Ɠuvre akermanien Jeanne Dielman, la jeune cinĂ©aste belge, pour son premier long-mĂ©trage de fiction, se met en scĂšne comme hĂ©roĂŻne quasiment mutique dĂ©couvrant sa subjectivitĂ© en arrĂȘtant de se nourrir, Ă  part un peu de sucre, et en se mettant Ă  l’écriture. La sĂ©quence qui reste collĂ©e Ă  notre rĂ©tine est celle d’une longue scĂšne de sexe entre deux jeunes femmes. La camĂ©ra est au niveau du lit, Ă  environ un mĂštre de distance, assez loin pour capter la chorĂ©graphie de l’enchevĂȘtrement des corps, et assez prĂšs pour ĂȘtre bouleversĂ©e par ce rapport qui sort de tous les codes. Pendant la sĂ©quence suivante, l’amante de Julie disparaĂźt entre ses cuisses pendant de longues minutes. On n’entend et on ne voit pas Julie jouir, le plan se termine arbitrairement comme si l’orgasme n’était pas une fin en soi. La jouissance fĂ©minine n’est pas contenue, elle dĂ©borde, elle ne s’arrĂȘte pas. I. B. Avec Chantal Akerman, Nils Arestrup Bel., Fr., 1 h 30 1974 / Portier de nuit de Liliana Cavani Dans un hĂŽtel de Vienne, une ancienne dĂ©portĂ©e retrouve son bourreau, un ex-officier SS devenu portier de nuit, et renoue avec lui une liaison morbide. Planant et hypnotique, cette passion dĂ©vorante a fait scandale Ă  sa sortie, provoquant ainsi son interdiction en Italie et son classement X aux Etats-Unis. Ce film bien ancrĂ© dans son Ă©poque seventies, a fait de Liliana Cavani l’une des premiĂšres rĂ©alisatrices italienne Ă  s’inscrire dans la gĂ©nĂ©ration de cinĂ©astes postĂ©rieure aux NĂ©orĂ©alistes. Dans un style RomĂ©o et Juliette teintĂ© de sadomasochisme, la cinĂ©aste puise dans son travail documentaire rĂ©alisĂ© en 1963 Ă  propos des femmes dans la RĂ©sistance. Avec Dirk Bogarde, Charlotte Rampling, Philippe Leroy-Beaulieu Italie, 1h58 1975 / Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman “Une nuit, j’étais dans mon lit en train de somnoler et tout Ă  coup, j’ai vu le film.” C’est ainsi que Chantal Akerman raconte la genĂšse de Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles. Un flash foudroyant surgi Ă  la bordure du somme, une forme qui se dĂ©cante sur fond de relĂąchement de la conscience, une pure vision qui transperce la nuit c’est tout cela Jeanne Dielman, un film proprement inimaginable, une Ɠuvre tellement immense qu’elle excĂšde tout autour d’elle Ă  commencer par l’Ɠuvre Ă  venir de son autrice, alors ĂągĂ©e de 25 ans. Jeanne Dielman Delphine Seyrig, sublime Ă  jamais est une veuve entre deux Ăąges, qui vit Ă  Bruxelles, avec son fils de 17 ans. Le film dĂ©crit une cinquantaine d’heures du quotidien de cette femme, dont la vie s’organise comme un ballet mĂ©canique de gestes domestiques. Jeanne Dielman fait la cuisine, met la table, sert son fils, dĂźne, dĂ©barrasse la table, fait la vaisselle, range la cuisine. Jeanne Dielman dĂ©fait son lit, s’endort, refait son lit, se lave mĂ©thodiquement dans sa baignoire, s’habille, cire les chaussures de son fils. Et cela ad libitum, rien de moins que trois heures vingt. Il suffisait de filmer ces actions dans une durĂ©e proche du temps rĂ©el pour enregistrer quelque chose de jamais vu une construction sociale – la femme au foyer – qui ne tolĂšre aucune extĂ©rioritĂ©, une aliĂ©nation consentie qui, si on en dĂ©rĂšgle les procĂ©dures, aboutit Ă  une catastrophe. A partir de ce qui constitue le dĂ©chet du cinĂ©ma classique l’hyper-quotidiennetĂ©, l’addition des temps morts, le film invente une forme d’une stylisation inouĂŻe, aux antipodes du naturalisme, qui ne cessera de dĂ©poser dans tout le cinĂ©ma mondial ses germes d’extrĂȘme rigueur, de construction en boucles rĂ©pĂ©titives et d’étrangetĂ© ritualisĂ©e de Tsai Ming-liang Ă  Gus Van Sant, de Michael Haneke Ă  Kelly Reichardt. En regardant ce qu’on ne regardait pas, Chantal Akerman a aussi, Ă  jamais, changĂ© la façon de regarder. L. Avec Delphine Seyrig Bel., 3 h 18 1975 / AloĂŻse de Liliane de Kermadec Film rare, AloĂŻse est l’Ɠuvre la plus connue de Liliane de Kermadec, rĂ©alisatrice française dĂ©cĂ©dĂ©e le mois dernier. Il retrace la vie de la suissesse AloĂŻse Corbaz. Cette femme internĂ©e en asile psychiatrique peignit toute sa vie des tableaux reprĂ©sentants les princes et les princesses qui peuplaient son imaginaire. Figure emblĂ©matique de l’art brute, elle est interprĂ©tĂ©e par Delphine Seyrig, qui poursuit ici le projet de toute une carriĂšre jalonnĂ©e de rĂŽles profondĂ©ment fĂ©ministes. Co-scĂ©narisĂ© par AndrĂ© TĂ©chinĂ©, AloĂŻse est aussi l’un des premiers rĂŽles d’Isabelle Huppert, qui joue le jeune AloĂŻse et qui recevra pour ce film sa toute premiĂšre nomination aux CĂ©sar. Avec Caroline Huppert, Hans Verner, Nita Klein Fr, 1h55 1976 / Sois belle et tais-toi de Delphine Seyrig En 1976, Delphine Seyrig prend la camĂ©ra avec son amie Carole Roussopoulos au cadre pour rendre la parole. Le film se compose de vingt-trois entretiens avec des actrices de diffĂ©rents pays, de notoriĂ©tĂ©s diverses, de Jane Fonda Ă  Maria Schneider, qui commentent l’ordinaire des violences sexistes auxquelles les confronte leur travail. Dans sa forme brute plans longs et frontaux, rugueuse noir et blanc et gros grain, le film enregistre impeccablement ce qu’on n’appelait pas encore, mais qui advient avec une puissance inouĂŻe, la libĂ©ration d’une parole. L. Avec Jane Fonda, Juliet Berto, Maria Schneider, Ellen Burstyn Fr., 1 h 51 1976 / News from home de Chantal Akerman Les personnages akermaniens sont presque toujours aux prises avec un dispositif d’enfermement. Un an aprĂšs l’appartement sans dehors de Jeanne Dielman, la cinĂ©aste parle d’une fuite avortĂ©e. Partie vivre quelques annĂ©es Ă  New York, Chantal Akerman filme la ville Ă  la frontiĂšre de la nuit et du jour, lorsque les rues sont dĂ©peuplĂ©es, que les premiĂšres lueurs diurnes pointent, que l’espĂšce humaine tout entiĂšre est ensommeillĂ©e. Sauf l’autrice, insomniaque toujours en veille. Chantal Ă©grenne sur la bande-son la lecture des lettres que lui envoie sa mĂšre. Des lettres qui disent le manque, la solitude, l’inquiĂ©tude. Des lettres culpabilisantes qui opĂšrent comme un chant de sirĂšne et ramĂšnent vers le dedans, le giron, la fille envolĂ©e dehors. Le dernier plan, inoubliable, voit la skyline de Manhattan disparaĂźtre dans les brumes, comme un dehors dĂ©jĂ  perdu. Rarement un film aussi conceptuel une succession de plans de buildings aura Ă©tĂ© si peu aride et si Ă©mouvant. 1976 / Mikey and Nicky d’Elaine May En 1970, John Cassavetes Ă©rige un monument Ă  la gloire de l’amitiĂ© masculine, ses beuveries, sa lassitude, sa tristesse et ses joies Husbands. En 1975, l’actrice, scĂ©nariste et cinĂ©aste Elaine May poursuit malicieusement le geste de Cassavetes et ausculte l’amitiĂ© fatiguĂ©e de Mikey et Nicky, incarnĂ©s par Falk et Cassavetes qui se laissent aller Ă  leur tour prĂ©fĂ©rĂ© vivre devant une camĂ©ra. La trame mafieuse n’est lĂ  que pour servir de prĂ©texte Ă  capter l’errance de deux hommes obligĂ©s de se souder, se sauver l’un l’autre. Le duo fait ce qu’on attend de lui boire, fumer, divaguer, philosopher dans un cimetiĂšre ou se rendre chez une prostituĂ©e, se trahir aussi. Etrangement, le film de May Ă©prouve une sympathie infinie pour ses personnages masculins, le regard se fait un peu moins puissant et empathique lorsqu’il s’agit de faire vivre ses personnages fĂ©minins. Si l’on ignore qu’une femme se trouve derriĂšre la camĂ©ra, il est impossible de le deviner. Un cas passionnant. M. J. Avec John Cassavetes, Peter Falk 1 h 59 1976 / Harlan County USA de Barbara Kopple Barbara Kopple nĂ©e en 1947 fait son apprentissage de cinĂ©aste auprĂšs des documentaristes Albert et David Maysles. Au dĂ©but des annĂ©es 1970, elle est la monteuse de Winter Soldier, enquĂȘte sur les vĂ©tĂ©rans du Vietnam. En 1973, elle filme pendant plus d’un an la grĂšve des mineurs de Brookside, dans le comtĂ© de Harlan Kentucky. Harlan County USA sort en 1976 et fait grand bruit jusqu’à rĂ©colter un Oscar. Immersion et empathie, du cĂŽtĂ© des damnĂ©s de la mine, sans contrepoint syndicats, patrons censĂ©ment objectif et consensuel. Un documentaire formidablement engagĂ© qui privilĂ©gie le rĂŽle majeur des femmes dans la grĂšve. G. L. Avec Norman Yarborough, Houston Elmore 1 h 43 1976 / L’Honneur perdu de Katharina Blum de Margarethe von Trotta D’aprĂšs le roman Ă©ponyme de Heinrich Böll, L’Honneur perdu de Katharina Blum fut corĂ©alisĂ© en 1975 par Volker Schlöndorff et son Ă©pouse d’alors, Margarethe von Trotta. Dans ce duo, il est facile de dĂ©tecter un regard singuliĂšrement fĂ©minin. Ne serait-ce que parce que le film est le portait d’une femme, Katharina, gouvernante chez un avocat. Une femme sans histoires, jusqu’à sa rencontre avec un inconnu qui va se rĂ©vĂ©ler ĂȘtre un criminel en fuite. La police arrĂȘte Katharina comme complice prĂ©sumĂ©e. DĂšs lors la presse Ă  scandale s’empare de sa vie et la dĂ©truit. Autre touche fĂ©minine majeur, l’incarnation, plus que l’interprĂ©tation, du rĂŽle de Katharina par Angela Winkler, lĂ©gende vivante du théùtre dirigĂ©e entre autres par Peter Zadek ou Thomas Ostermeier et du cinĂ©ma allemand ScĂšnes de chasse en BaviĂšre de Peter Fleischmann, Le Tambour de Volker Schlöndorff, Benny’s video de Michael Haneke ou, plus rĂ©cemment, Sils Maria d’Olivier Assayas. Corps et Ăąme, Angela Winkler est Katharina Blum Honneur perdu d’une femme rĂ©signĂ©e, honneur retrouvĂ© d’une femme rĂ©voltĂ©e. Avec Angela Winkler, Mario Adorf, JĂŒrgen Prochnow Allemand, 1h45 1977 / Le camion de Marguerite Duras “Ca aurait Ă©tĂ© une route, au bord de la mer. Elle aurait traversĂ© un grand plateau nu. Et un grand camion serait arrivĂ© et aurait traversĂ© la plaine”. C’est Marguerite Duras qui parle de son film, mais Ă  l’intĂ©rieur de son film. En voix off. Une voix off simplement dĂ©notative, qui ne dit rien de plus que ce qu’on voit des plans d’un camion qui en effet roule au travers d’une plaine. Mais qui peu Ă  peu se dĂ©colle de l’image, la peuple de personnages, d’histoires qu’elle ne comprend pas, parle d’une femme ramassĂ©e sur la route qui Ă©voque l’épuisement de la lutte des classes, de l’obscurcissement du langage et psalmodie une seule phrase “Que le monde aille Ă  sa perte”. Peu Ă  peu il n’y a mĂȘme plus de camion Ă  l’image. Juste Marguerite Duras qui lit le texte face Ă  GĂ©rard Depardieu. “C’est un film ?” demande Depardieu avec la prudence d’un collĂ©gien qui oserait prendre la parole durant la classe d’un professeur sĂ©vĂšre. “Ça aurait Ă©tĂ© un film !” rĂ©pond, dĂ©finitive, la cinĂ©aste. PlutĂŽt que de commenter Le camion, de disserter sans fin sur la dĂ©construction de toutes les composantes du cinĂ©ma reprĂ©sentatif que le film opĂšre, on a envie de se laisser la joie de le dĂ©crire. DĂ©crire ce que nous voyons quand sur l’écran Duras dĂ©crit ce que nous ne voyons pas. Le camion est le plus beau film descriptig de l’histoire du cinĂ©ma. Ce qu’il nous dit de ses voix off, c’est que filmer n’est rien sinon dĂ©crire et que dĂ©crire, c’est Ă©crire. DĂ©crire, dit-elle. Avec Gerard Depardieu Fr, 1h20 1979 / Simone BarbĂšs ou la Vertu de Marie-Claude Treilhou Simone BarbĂšs traverse sa nuit entiĂšre au beau milieu d’une dĂ©bauche anodine, vĂ©cue et quotidienne, vraiment dĂ©barrassĂ©e du scandale – du monde mĂąle d’un cinĂ© porno oĂč elle est ouvreuse Ă  la boĂźte lesbienne, espaces irrĂ©conciliables mais qui ne valent pas mieux l’un que l’autre, et dont on s’échappe pour l’aube, dans la voiture d’un inconnu. Dans Simone BarbĂšs
, la pornographie reste hors cadre et dans l’entrĂ©e, bande sonore cocasse et grave, comme commentaire de la lutte des sexes. Mais le sexe est la fausse vĂ©ritĂ© des corps, et la vertu, pour souhaitable qu’elle reste, n’a rien Ă  voir avec tout ça c’est tenir bon et parler vrai, missions infinies, impossibles. C’est pourquoi le film allie le pathĂ©tique et l’oblique, oĂč le pathos du vĂ©cu, qu’exprime la frontalitĂ© des plans plaquĂ©e sur la fatigue des corps, est sans cesse inflĂ©chi et traversĂ© par la diagonale du ton ou du sens, toujours penchĂ©, faussĂ©, un peu charade insaisissable, ma parole. L’ouvreuse Treilhou, entrant au cinĂ©ma, a frayĂ© et atteint, du premier coup, tout ce qui ne se dit pas. L. C. Avec Ingrid Bourgoin, Michel Delahaye Fr., 1 h 25 1980 / Allemagne mĂšre blafarde d’Helma Sanders-Brahms Helma Sanders-Brahms 1940-2014 est l’une des rares femmes du mouvement labĂ©lisĂ©, dans les annĂ©es 1970, “nouveau cinĂ©ma allemand”. Elle y trouve sa place Ă  part entiĂšre en 1980 avec Allemagne mĂšre blafarde. Dans l’Allemagne de la dĂ©faite nazie et de la reconstruction, le film chronique la survie de Lene Eva Mattes, mĂšre courage le titre du film est empruntĂ© Ă  un poĂšme de Brecht d’une jeune Anna. Exodes, souffrances et destructions. Le regard est quasi documentaire mais il instruit surtout le destin d’une femme “cĂ©libataire” face au grand chambardement de l’histoire. Un regard sombre, tant sur le passĂ© que sur le prĂ©sent de l’Allemagne qui, en 1980, sortait Ă  peine du trauma terroriste incarnĂ© par les membres du groupe Baader-Meinhof. C’est la puissance et l’intelligence du film le nazisme et sa ruine n’y sont pas seulement envisagĂ©s comme une Ă©pouvante, mais aussi comme une “chance” pour Lene qui profite de la dĂ©bĂącle gĂ©nĂ©ralisĂ©e pour s’affranchir du joug conjugal et patriarcal. Si catastrophe il y a, elle se cache au final sous le masque du retour au foyer oĂč le dĂ©ni des crimes commis durant la guerre et le machisme de son mari retrouvĂ© figent le visage de l’hĂ©roĂŻne en une inquiĂ©tante paralysie faciale. G. L. Avec Eva Mattes, Ernst Jacobi All., 2 h 03 1981 / The Decline of Western Civilization de Penelope Spheeris Deux choses expliquent la longue fascination qu’a toujours inspirĂ©e The Decline of Western Civilization. La premiĂšre tient Ă  son affiche, qui Ă©tait aussi la pochette de l’album qui fit la rĂ©putation de ce documentaire brutal sur la scĂšne punk Ă  Los Angeles, sorti en 1981. On y voyait Darby Crash, des Germs, allongĂ©, les yeux clos. Une affiche conçue Ă  l’automne 1980, peu de temps avant que le chanteur ne se suicide en s’injectant une surdose d’hĂ©roĂŻne, Ă  22 ans – le 7 dĂ©cembre 1980, la veille de l’assassinat de John Lennon. De fait, les moments concernant les Germs sont les plus stupĂ©fiants du film, parce que le groupe Ă©tait sur scĂšne l’incarnation du chaos bannis de quasiment tous les clubs, et The Decline
 est un film Ă  75 % constituĂ© de scĂšnes live, mais voir Darby et sa copine dĂ©crire les photos qu’ils ont shootĂ©es avec des amis autour du cadavre d’un peintre mort d’une crise cardiaque au rez-de-chaussĂ©e de leur appart est le rĂ©sumĂ© nihiliste d’un mouvement nĂ© de l’ennui dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© des banlieues amĂ©ricaines. La grande spĂ©cificitĂ© de ce documentaire est surtout de montrer Ă  quel point cette scĂšne, aussi violente soit-elle, Ă©tait emmenĂ©e par une poignĂ©e de filles intelligentes et vĂ©nĂšres Exene Cervenka de X, Alice Bag des Bags, plus une moitiĂ© des Germs, jusqu’à la journaliste Melanie Nissen, du lĂ©gendaire fanzine Slash. En aurait-il Ă©tĂ© ainsi si The Decline... n’avait pas Ă©tĂ© l’Ɠuvre d’une rĂ©alisatrice ? Soit l’incroyable Penelope Spheeris, fille d’un immigrĂ© grec, forain, assassinĂ© quand elle avait 9 ans, ayant grandi dans des mobile homes, parmi les trailer trash, cette sous-population fauchĂ©e qui habite les trailer parks. La base mĂȘme de l’exclusion sociale qui fait l’ADN du punk, elle connaĂźt. Aussi le punk-rock est partout dans les films suivants, que ce soit Suburbia 1984, The Boys Next Door 1985, avec Charlie Sheen ou mĂȘme Wayne’s World, son tube de 1992 avec Mike Myers. Cette maverick est par ailleurs la cousine du cinĂ©aste Costa-Gavras. P. A. Avec Alice Bag, Black Flag 1981 / Neige de Juliet Berto Pour son premier film corĂ©alisĂ© en 1981 avec son compagnon Jean-Henri Roger, Juliet Berto, actrice nouvelle vague Godard, Rivette, a choisi le titre Neige par goĂ»t d’un jeu entre les mots la neige dĂ©signe plus ici le nom de code de la drogue dure hĂ©roĂŻne, cocaĂŻne qu’un phĂ©nomĂšne mĂ©tĂ©o. Entre la place Blanche autre nom Ă  tiroir et Pigalle, Anita Juliet Berto, barmaid, se dĂ©mĂšne entre toxicos, flics, dealers et divers marginaux. Dans ce film noctambule, la lumiĂšre fait rage, captĂ©e dans ses clairs-obscurs par le directeur de la photographie William Lubtchansky. On parla Ă  l’époque de rĂ©alisme poĂ©tique. On pourrait aujourd’hui parler de rĂ©alisme tout court, tant Neige apparaĂźt comme un quasi documentaire sur un underground parisien disparu, mais gorgĂ© d’une tendresse, toujours d’actualitĂ©, pour les moins que rien. Et puis LA Berto, telle qu’elle fut chantĂ©e par Yves Simon Belle et opalescente, partie Ă  jamais en 1990 “au pays des merveilles de Juliet.” Avec Jean-François StĂ©venin, Juliet Berto, Robert Liensol Fr, 1h30 1 h 41 1981 / Freak Orlando d’Ulrike Ottinger Contemporaine mais dissidente du nouveau cinĂ©ma allemand des annĂ©es 1970, croisant nĂ©anmoins le travail de Werner Schroeter avec qui elle partage une Ă©gĂ©rie, lesbienne militante, Magdalena Montezuma, et une certaine exubĂ©rance lyrique, Ulrike Ottinger a construit l’une des Ɠuvres les plus dĂ©bridĂ©es et folles du cinĂ©ma mondial. Bouffonnerie carnavalesque oĂč trĂŽne, impĂ©riale, Delphine Seyrig, Freak Orlando porte au sommet le style convulsif et strident de la cinĂ©aste. L. Avec Magdalena Montezuma, Delphine Seyrig, Albert Heins All. de l’O., 2 h 06 1982 / Boat People d’Ann Hui La Hong-Kongaise Ann Hui nĂ©e en 1947, l’une des rares femmes cinĂ©astes de son pays, surgit en 1982 au Festival de Cannes avec Boat People. Titre international trompeur l’original se nomme Passeport pour l’enfer, car cette fiction ne dĂ©crit pas l’exode des Vietnamiens mais la situation du pays dans les annĂ©es qui suivirent le retrait des troupes amĂ©ricaines. S’appuyant sur des entretiens avec des rĂ©fugiĂ©s vietnamiens, collectĂ©s pour un documentaire tĂ©lĂ© rĂ©alisĂ© en 1979, Boat People, sans pathos Ă  sensation, dĂ©crit l’arriĂšre-monde d’une situation politique et Ă©conomique catastrophique dictature et famine. G. L. Avec George Lam, Cora Miao 1 h 49 1983 / Rue Cases-NĂšgres d’Euzhan Palcy AdaptĂ© du roman autobiographique de Joseph Zobel publiĂ© en 1950, Rue Cases-NĂšgres nous plonge dans le contexte du gouvernorat des annĂ©es 1930 de la Martinique. Dans un milieu agricole, JosĂ©, 11 ans, orphelin Ă©levĂ© par sa grand-mĂšre, travaille dans des champs de canne Ă  sucre mais aspire Ă  une Ă©ducation. A travers cette réécriture fidĂšle, la Martiniquaise Euzhan Palcy scrute une sociĂ©tĂ© oĂč l’esclavagisme aboli a laissĂ© des traces profondes. Elle obtient, en 1983, le Lion d’argent du meilleur premier film Ă  la Mostra de Venise et est la premiĂšre femme Ă  recevoir le CĂ©sar, l’annĂ©e d’aprĂšs, de la meilleure premiĂšre Ɠuvre. F. C. Avec Darling LĂ©gitimus, Douta Seck Fr., 1 h 40 1985 / Sans toit ni loi d’AgnĂšs Varda Le cinĂ©ma expressif d’AgnĂšs Varda trouve en 1985 sa grĂące la plus entiĂšre en accompagnant sur la route une fille sale et libre, Sandrine Bonnaire, qui n’avait pas 18 ans. Sans toit ni loi restaurĂ© continue d’appartenir au genre des films parfaits. Et Varda d’ĂȘtre, parmi ceux qui commencĂšrent Ă  la fin des annĂ©es 50 Ă  transformer la visĂ©e du cinĂ©ma, celle qui cherche la maĂźtrise de l’expressivitĂ© inventer des formes qui transmettent directement, plastiquement, le sens d’une expĂ©rience humaine. Or elle le fait en peignant le trajet d’un personnage qui reste mystĂ©rieux prĂ©sente et illisible par tous. C’est qu’il n’y a rien Ă  lire que cette prĂ©sence et les lieux qu’elle traverse, toute interprĂ©tation de sa vie par ceux qui la croisent Ă©quivalant au malaise de la “sociĂ©tĂ©â€ devant ces deux valeurs asociales libertĂ©, saletĂ©. Le destin de Mona, c’est la pure expressivitĂ© sans loi, sans langage. Avec Sandrine Bonnaire, Macha MĂ©ril, StĂ©phane Freiss Fr, 1h45 1985 / Recherche Susan dĂ©sespĂ©rĂ©ment de Susan Seidelman De toutes les tentatives cinĂ©matographiques de Madonna, la premiĂšre fut la meilleure, avec cette aventure sautillante dans le New York du milieu des annĂ©es 80, oĂč deux femmes Madonna, en petite dĂ©linquante sortie de prison, Rosanna Arquette en femme au foyer dĂ©sespĂ©rĂ©e façonnent leur Ă©mancipation au son d’Into The Groove. La rĂ©alisatrice Susan Seidelman s’est inspirĂ©e notamment du grand film seventies de Jacques Rivette, CĂ©line et Julie vont en bateau. Elle avait auparavant mis en scĂšne un premier long-mĂ©trage culte sur les annĂ©es post-punk, Smithereens 1982, avec l’iconique Richard Hell du groupe Television et une bande-son des Feelies – Ă  la clef, une sĂ©lection cannoise en compĂ©tition. Seidelman se dĂ©marquera plus tard en rĂ©alisant plusieurs films comme Cookie, en 1989, co-Ă©crit par Nora Ephron, mais Ă©galement dans les sĂ©ries, dirigeant notamment le pilote de Sex And The City en 1998. Avec Rosanna Arquette, Madonna, Aidan Quinn AmĂ©ricain, 1h44 1986 / Sleepwalk de Sara Driver Production de la nouvelle Ă©cole indĂ©pendante new-yorkaise, Sleepwalk suit le personnage de Nicole, une jeune claviste dans une imprimerie qui va traduire un mystĂ©rieux manuscrit chinois Ă  la demande de deux personnages menaçants. Le livre, qui se prĂ©sente d’abord comme un conte, sera bientĂŽt le dĂ©clencheur d’évĂšnements des plus Ă©tranges. Sara Driver, en suivant l’errance de son hĂ©roĂŻne et ses rencontres tant incroyables que terrifiantes, absorbe les influences – du clair-obscur au surrĂ©alisme en passant par le performance art – et les utilise au service de son propre style vibrant et singulier. Avec Suzanne Fletcher, Ann Magnuson, Dexter Lee AmĂ©ricain, 1h20 1988 / 36 fillette de Catherine Breillat “Contre le monde, contre la vie” aurait pu ĂȘtre l’autre titre de 36 fillette, qui suit Ă  la trace son hĂ©roĂŻne, Lili, 14 ans, bloc de colĂšre et de dĂ©goĂ»t, l’envers d’un dĂ©sir qui la dĂ©borde et frappe d’inanitĂ© tout ce qui l’entoure sa famille, son milieu, ses vacances. Breillat marche sur les traces d’un de ses films fĂ©tiches Baby Doll de Kazan 1956, surnom d’une femme-enfant qui, sous ses airs mutins, cache une bombe de sensualitĂ© dĂ©goupillĂ©e au milieu des hommes. La cinĂ©aste reprend le canevas mais dĂ©cuple l’érotisme, la transgression, la noirceur. Lili rencontre un quadragĂ©naire play-boy, vulgaire, les huis clos s’enchaĂźnent comme Ă  l’intĂ©rieur d’une scĂšne mentale et on ne sait plus vraiment qui est le chat, qui est la souris. Lili dĂ©couvre la voluptĂ© qu’il y a Ă  dire oui, puis Ă  se refuser, hĂ©siter. A mener un homme Ă  la baguette en soufflant le chaud et le froid. Grand film aussi sur la malĂ©diction des jeunes filles, obligĂ©es de penser leur sexualitĂ© en termes de puretĂ© et de souillure, alors qu’elles veulent seulement prendre leur pied. On ne remerciera jamais assez Breillat d’avoir filmĂ© des personnages qui brĂ»lent d’une passion purement sexuelle, d’avoir reconnectĂ© le dĂ©sir Ă  la cĂ©rĂ©bralitĂ©. M. J. Avec Delphine Zentout, Etienne Chicot, Jean-François StĂ©venin Fr., 1 h 26 1988 / Salaam Bombay de Mira Nair RĂ©compensĂ©e par la CamĂ©ra d’Or au Festival de Cannes en 1988, Salaam Bombay suit Krishna, un petit garon de dix ans abandonnĂ© Ă  Bombay, devenant Chaipu, porteur de thĂ© dans la rue, afin de rĂ©colter 500 roupies pour rentrer chez lui. Pour son premier long-mĂ©trage Ă  la frontiĂšre de la fiction et du documentaire, Mira Nair dĂ©laisse les studios de Bollywood, s’affranchit des codes traditionnels du cinĂ©ma populaire indien afin de plonger dans l’agitation de Bombay. La cinĂ©aste, diplĂŽmĂ©e en sociologie, parvient Ă  passer Ă  travers le piĂšge de l’apitoiement en signant un film immersif et mĂ©taphysique oĂč violence et sentiments s’entrechoquent, bref un film qui parle aussi de son temps. Avec Shafiq Syed, Irrfan Khan, Raghubir Yadav Indien, 1h53 1989 / Mon XXe siĂšcle d’IldikĂł Enyedi Mon XXe siĂšcle est un film de la hongroise IldikĂł Enyedi, qui emporta la CamĂ©ra d’Or du premier film en 1989 au festival de Cannes. C’est un rĂ©cit d’une fantaisie sidĂ©rante qui suture la prĂ©sentation de la premiĂšre ampoule Ă©lectrique par Edison le 31 dĂ©cembre 1879 dans le New Jersey, et la naissance le mĂȘme jour Ă  Budapest de jumelles, DĂłra et Lili. Devenues orphelines, les petites filles survivent en vendant des allumettes dans les rues, avant qu’un mystĂ©rieux kidnapping les sĂ©pare. La nuit du nouvel an 1900, DĂłra et Lili se retrouvent par hasard Ă  bord de l’Orient Express. DĂłra, madone des sleepings, un peu pute, un peu voleuse, et Lili, militante fĂ©ministe et anarchiste Qui est du cĂŽtĂ© de la lumiĂšre, qui est du cĂŽtĂ© de l’ombre ? IldikĂł Enyedi ne choisit surtout pas, suggĂ©rant que chacune Ă  leur fenĂȘtre, les deux hĂ©roĂŻnes hurlent la mĂȘme chose debout les femmes ! Et que la lumiĂšre soit, comme disait Edison
 Avec Dorota Segda, Oleg Yankovskiy, Paulus Manker Hongrois, 1h42 1990 / Paris Is Burning de Jennie Livingston Certains films ne vieillissent pas. Il arrive mĂȘme que le passage du temps leur offre une chambre d’écho avec leur prĂ©sent dont les dimensions ne cessent de s’étendre. Documentaire mythique sur la contre-culture ball new-yorkaise des annĂ©es 1980-90, Paris Is Burning anticipe un terme devenu central dans les luttes contemporaines l’intersectionnalitĂ© terme d’ailleurs inventĂ© quasi simultanĂ©ment Ă  la sortie du film, en 1989, par KimberlĂ© Crenshaw. Pendant six ans, Jennie Livingston a filmĂ© les concours de voguing et interrogĂ© leurs participants. Ce qu’elle cĂ©lĂšbre sans le savoir est une convergence des luttes oĂč se rejoignent en creux critiques de l’homophobie, de la transphobie, du racisme et problĂ©matiques liĂ©es Ă  la lutte des classes, au sida et Ă  la prostitution. Mais Paris Is Burning porte aussi en lui le germe d’une tendance qui se popularisera avec les rĂ©seaux sociaux encapsuler sa vie dans une reprĂ©sentation Ă©phĂ©mĂšre de soi qui prend l’apparence de la cĂ©lĂ©britĂ©. Il n’y a rien d’étonnant Ă  ce que le film connaisse un hĂ©ritage rĂ©cent avec la sĂ©rie Pose de Ryan Murphy ou Port Authority de Danielle Lessovitz 2019. Paris is still burning. B. D. Avec Brooke Xtravaganza, AndrĂ© Christian, Dorian Corey 1 h 11 1991 / Le Petit Homme de Jodie Foster Pour la plus française des actrices amĂ©ricaines, 1991 est une annĂ©e dĂ©cisive, marquĂ©e d’un cĂŽtĂ© par son rĂŽle lĂ©gendaire dans Le Silence des agneaux, et de l’autre par la sortie de son premier long-mĂ©trage. Portrait d’une femme simple confrontĂ©e Ă  la prĂ©cocitĂ© de son jeune fils, Le Petit Homme est un drame bouleversant dans lequel Foster, ĂągĂ©e alors de 29 ans, utilise son propre passĂ© d’enfant star pour Ă©clairer les thĂšmes du don et de la solitude, du lien complexe et ambivalent d’une mĂšre avec son petit garçon. Deux profils fĂ©minins s’y affrontent le premier portĂ© par un amour instinctif Foster, face Ă  une tutrice jouĂ©e par Dianne Wiest obsĂ©dĂ©e par la performance et l’ambition. Ses trois films suivants n’auront pas tout Ă  fait la mĂȘme grĂące. E. B. Avec Jodie Foster, Dianne Wiest 1 h 39 1991 / Border Line de DaniĂšle Dubroux Polar psychique idĂ©al, Border Line est l’histoire d’une idĂ©e fixe. Celle d’HĂ©lĂšne, une femme persuadĂ©e, contre toutes les apparences et toutes les rationalitĂ©s, que Julien, un jeune homme dont elle a trĂšs bien connu le pĂšre, est son fils. Passant de la nĂ©vrose Ă  la psychose, le personnage d’HĂ©lĂšne, interprĂ©tĂ© magistralement par DaniĂšle Dubroux en personne, nous embarque dans un drĂŽle de voyage qui navigue d’un rĂ©alisme apparent Ă  une maniĂšre de fantastique trĂšs personnel. Dans un style ligne claire, Dubroux projette une Ă©trange lumiĂšre sur le dĂ©sir de maternitĂ© et ses zones d’ombre, mais Ă©galement sur les fantasmes incestueux. Border Line est un geste rare, unique, dangereux, l’un de ces films qu’on aimerait tellement voir ressurgir surles Ă©crans. T. J. Avec David LĂ©otard, AndrĂ© Dussollier, Jacques Nollot Fr., Sui., 1 h 30 1992 / Nitrate Kisses de Barbara Hammer Dyketactics 1974, Multiple Orgasm 1976, Women I Love 1979
 Les films de Barbara Hammer – par ailleurs petite fille de l’actrice du cinĂ©ma muet Lilian Gish – dressent une cartographie pionniĂšre du cinĂ©ma lesbien, dont l’apogĂ©e s’est incarnĂ© dans son premier long mĂ©trage, rĂ©alisĂ© aprĂšs prĂšs de vingt ans de carriĂšre. MĂȘlant interviews, images d’archives et scĂšnes de sexe, l’important Nitrate Kisses est l’ouverture d’une trilogie consacrĂ©e aux luttes et sexualitĂ©s lesbiennes et gays, du point de vue des plus minorisĂ©es personnes racisĂ©es et ĂągĂ©es notamment. Admiratrice de Maya Deren, activiste infatigable, Hammer a passĂ© sa vie Ă  transmettre sa vision des puissances fĂ©minines comme on mettrait en lumiĂšre un continent cachĂ©. Elle est morte l’annĂ©e derniĂšre Ă  l’ñge de 79 ans. O. J. Avec Jerre, Maria, Ruth 1 h 07 1992 / Gas, Food, Lodging d’Allison Anders Focus sur trois femmes vibrantes perdues au fin fond d’un dĂ©sert poussiĂ©reux du Nouveau-Mexique. BasĂ© sur le roman Don’t Look and It Won’t Hurt de Richard Peck, le film, sorti en 1992, relate la vie houleuse d’une mĂšre cĂ©libataire et de ses deux adolescentes turbulentes. Si les relations des femmes aux hommes donnent au film ses tournants, le message principal rĂ©side avant tout dans le lien fĂ©minin. L’une des grandes rĂ©ussites de la cinĂ©aste Allison Anders est qu’elle touche Ă  toutes les bonnes questions des femmes de la classe ouvriĂšre contemporaine sans jamais ĂȘtre farouchement anti-hommes. Sans jamais effleurer le feuilleton romantique, Anders, toujours avec un style Ă©purĂ© et laconique, Ă©tudie en quelque sorte comment les femmes trouvent leur force intĂ©rieure, pleine de grĂące et d’espoir, afin de guĂ©rir leurs vieilles blessures. Avec Brooke Adams, Ione Skye, Fairuza Balk AmĂ©ricain, 1h41 1993 / La Leçon de piano de Jane Campion Au XIXe siĂšcle, la silhouette corsetĂ©e d’Ada dĂ©barque sur une plage de Nouvelle-ZĂ©lande. Sa fille et son piano l’accompagnent dans sa nouvelle vie d’épouse contrainte. Ada a perdu sa voix, elle ne communique qu’en touchant son piano et en plantant son regard charbonneux dans celui de ceux qui tentent de la dominer. La rencontre avec un homme de l’üle va lui redonner son corps. La camĂ©ra synesthĂ©sique de Jane Campion dĂ©borde de sensualitĂ©. Chaque geste d’Ada caresse l’écran de cinĂ©ma, Campion invente un langage amoureux avec une parole qui ne part pas du logos – le discours, la raison, la logique –, mais de la glossa – une langue liĂ©e au corps, Ă  la glotte, au corps caverneux de la bouche. Car mĂȘme si l’hĂ©roĂŻne n’émet pas le son de sa voix, son corps, lui, hurle Ă  chaque plan son dĂ©sir de libertĂ©. I. B. Avec Holly Hunter, Harvey Keitel Aust., Fr., 2 h 01 1993 / Travolta et Moi de Patricia Mazuy Le feu et la glace, une ado incendiaire qui fout le feu chez ses parents et un jeune homme patineur qui exĂ©cute des saltos avec grĂące, The Clash et Joe Dassin, le punk et la disco, l’embrasement sensuel de la pubertĂ© et le grand gel existentiel du dĂ©sir de mort pour son deuxiĂšme film, Patricia Mazuy imagine un coming-of-age movie tout en oxymores. Les Ă©motions et les formes s’affrontent dans un teen movie sidĂ©rant d’emportement lyrique. Appartenant Ă  une collection d’Arte sur l’adolescence, ce chef-d’Ɠuvre enfiĂ©vrĂ© ne connut qu’une diffusion tĂ©lĂ© et aucune sortie en salle ou Ă©dition vidĂ©o en raison d’une bande-son trop chĂšre, gorgĂ©e de tubes des Bee Gees. L. Avec Leslie Azoulay, Thomas Klotz Fr., 1 h 07 1994 / Pas trĂšs catholique de Tonie Marshall Moins cĂ©lĂ©brĂ© que VĂ©nus BeautĂ©, Pas trĂšs catholique est peut-ĂȘtre le film de Tonie Marshall le plus vivant. Portrait d’une femme, Maxime, sorte de Philip Marlowe au fĂ©minin, incarnĂ©e idĂ©alement par AnĂ©mone et sa gouaille lĂ©gendaire qui trouve ici un de ses tout meilleurs emplois, oscillant entre enquĂȘte et introspection, sur fond de tĂ©nĂ©breuses affaires, le deuxiĂšme long-mĂ©trage de Tonie Marshall est avant tout une salutaire cĂ©lĂ©bration de la libertĂ© sexuelle et morale. FĂ©ministe, tendance anar, Pas trĂšs catholique n’oublie jamais la mĂ©lancolie du temps qui passe. Son charme un peu brinquebalant n’en est que plus grand. Avec AnĂ©mone, Michel Roux, Roland Bertin Fr, 1h40 1994 / Petits Arrangements avec les morts de Pascale Ferran Dans le premier long-mĂ©trage de Pascale Ferran trĂŽne fragilement un chĂąteau de sable. Une construction forcĂ©ment Ă©phĂ©mĂšre et toujours Ă  reconstruire autour de laquelle tournent un frĂšre et deux sƓurs, plus un enfant, Jumbo. Polyphonique en matiĂšre de rĂ©cits, de personnages mais aussi en termes de mixage des temporalitĂ©s, Petits Arrangements... affirme un tempĂ©rament mĂ©lancolique et cĂ©rĂ©bral, celui d’une cinĂ©aste travaillĂ©e par le deuil, la famille et le cinĂ©ma de Resnais ou de Truffaut tendance La Chambre verte. Le regard fĂ©minin n’y est jamais vraiment frontal, plutĂŽt oblique et souterrain, comme tous les courants et tous les dĂ©sirs qui traversent ce film marquant qui gagna, Ă  juste titre, la CamĂ©ra d’or en 1994. T. J. Avec Charles Berling, Catherine Ferran, Didier Sandre Fr., 1 h 48 1996 / Clueless d’Amy Heckerling EmblĂšme de la dĂ©cennie en termes de teen movies, Clueless s’affirme un peu comme une réécriture logique du roman littĂ©raire Emma de Jane Austen. Avant mĂȘme de rĂ©aliser un film pour adolescentes, Amy Heckerling interroge la pression sociale et hiĂ©rarchique de sa propre hĂ©roĂŻne, Cher, interprĂ©tĂ©e par Alicia Silverstone. Sans jamais tomber dans la mĂ©chancetĂ©, le cynisme, ou l’idiotie, la rĂ©alisatrice crĂ©er un personnage, certes princesse, mais emplis de puissance et de responsabilitĂ©. Avec un regard tendre portĂ© sur l’adolescence, Clueless s’inscrit dans les classiques du genre, et de l’empowerment fĂ©minin d’une certaine maniĂšre. Avec Paul Rudd, Donald Faison, Alicia Silverstone AmĂ©ricain, 1h38 1998 / Os Muntantes de Teresa Villaverde Au fin fond d’une ville portugaise, trois jeunes adolescents en proie Ă  la misĂšre, Ă  la drogue et Ă  la prostitution, vivent dans la rue tels des survivants. SĂ©lectionnĂ© Ă  Un Certain Regard en 1998 au Festival de Cannes, le film livre un essai poĂ©tique et philosophique. GrĂące Ă  ses recherches documentĂ©es sur les jeunes enfermĂ©s dans des centres de rĂ©insertion sociale au Portugal, la cinĂ©aste image ce qu’elle appelle “mutants”, des ĂȘtres exceptionnels qui ne se rĂ©signent jamais. Dans les annĂ©es 1990, alors que de nombreux rĂ©alisateurs tels que Pedro Costa ouvrent de nouvelles perspectives, Teresa Villaverde s’impose comme l’une des nouvelles voix fĂ©minines du cinĂ©ma portugais. Avec Ana Moreira, Alexandre Pinto, Nelson Varela Portugais, 1h54 1999 / Virgin Suicides de Sofia Coppola On peut distinguer deux catĂ©gories de premiers films. Ceux qui, dans un geste de dĂ©fĂ©rence cinĂ©phile, construisent des mondes nouveaux mais restent immanquablement hantĂ©s par un hĂ©ritage. Et ceux qui, pour exister, n’ont d’autres choix que de le tuer. Virgin Suicides, premier long mĂ©trage de Sofia Coppola adaptĂ© du roman de Jeffrey Eugenides, se situe Ă  la jointure de ces deux champs. C’est un film kamikaze, qui convoque un genre dĂ©fini le teen movie pour mieux le tordre de l’intĂ©rieur. Nous voici au cƓur d’une banlieue bourgeoise amĂ©ricaine, au dĂ©but des annĂ©es 1970. DĂšs son ouverture, le film rompt avec la candeur de son dĂ©cor chic et sophistiquĂ© Ă  outrance l’équivalent d’un bain moussant et parfumĂ©. La tragĂ©die est rĂ©vĂ©lĂ©e c’est ici que les sƓurs Lisbon se sont donnĂ© la mort. La suite est un compte Ă  rebours funĂšbre, obsĂ©dĂ© par une Ă©nigme que des garçons, des annĂ©es aprĂšs le drame, tentent de rĂ©soudre. Si le mystĂšre demeure, immense, c’est que dans ce monde puritain, le mal qui asphyxie les filles est si commun qu’il en demeure invisible. Chronique adolescente, Ă©lĂ©gie aĂ©rienne, Virgin Suicides a aussi valeur de manifeste fĂ©ministe seul le sacrifice sauvera ces hĂ©roĂŻnes des griffes du patriarcat. M. D. Avec Kirsten Dunst, Josh Hartnett, James Woods, Kathleen Turner 1 h 37 1999 / La vie ne me fait pas peur de NoĂ©mie Lvovsky Réécriture pour le cinĂ©ma du magistral Petites que NoĂ©mie Lvovsky avait rĂ©alisĂ© pour Arte, La vie ne me fait pas peur est un grand film sur l’adolescence, cet Ăąge des possibles qui bute sur l’impossible. En suivant une bande de quatre jeunes filles aux destins croisĂ©s et bientĂŽt divergents, NoĂ©mie Lvovsky se remĂ©more Ă©videmment sa propre adolescence au cƓur des annĂ©es 1970 sur un mode pop et remuant. BordĂ©lique et excessif, le film dĂ©borde de partout, et c’est trĂšs bien comme ça. Parfois, les larmes et la rage se mĂ©langent au point que le film pourrait parfois changer de titre et s’appeler A l’ombre des jeunes filles en pleurs. Mais, au final, c’est l’énergie et la couleur qui triomphent. T. J. Avec Julie-Marie Parmentier, Magali Woch Fr., Sui., 1 h 51 1999 / Boys Don’t Cry de Kimberly Peirce Pour beaucoup de femmes et d’hommes trans, Boys Don’t Cry correspond Ă  la premiĂšre fois oĂč ilelles se sont vues sur un Ă©cran. Pour d’autres, le film de Kimberly Peirce a rĂ©volutionnĂ© leur regard en mettant en scĂšne le concept d’identitĂ© transgenre chez des adolescents. InterprĂ©tĂ© par Hilary Swank jeune rĂ©compensĂ©e par l’Oscar de la meilleure actrice cinq ans avant son second triomphe, en 2005, dans Million Dollar Baby, que l’on dĂ©couvre transfigurĂ©e en sublime tomboy amoureux de ChloĂ« Sevigny, ce mĂ©lo baroque imbibĂ© de culture nineties a marquĂ© la culture LGBT + sans jouir d’une aura Ă  sa hauteur dans l’histoire rĂ©cente du cinĂ©ma amĂ©ricain. E. B. Avec Hilary Swank, ChloĂ« Sevigny 1 h 58 1999 / Beau Travail de Claire Denis Depuis son premier film, Chocolat, Claire Denis est liĂ©e Ă  l’Afrique, autant continent que territoire de son imaginaire. En 2009, elle y revient, Ă  Djibouti, oĂč s’activent quelques soldats de la LĂ©gion. Ce pourrait ĂȘtre le dĂ©but d’un honorable porno gay. C’est l’ouverture d’une tragĂ©die antique d’une part, un ex-adjudant-chef Denis Lavant, hĂ©ros dĂ©chu exilĂ© Ă  Marseille, d’autre part, un chƓur d’hommes qui commente sa chute et conspire Ă  l’augmenter. Le point de vue, vivement en trans, n’est pas celui d’une femme regardant des hommes, mais celui d’un exclu, hyper-spectateur d’un Eden-CinĂ©ma oĂč rien n’apparaĂźt des trouffionneries, mais oĂč tout transpire de rituels Ă©tranges, presque abstraits, chorĂ©graphiĂ©s souvent, torturĂ©s parfois. Comme toujours chez Claire Denis, le visage de la violence est celui d’un doux ange, fatalement exterminateur. Beau Travail est Ă©crit sur le vent du dĂ©sert, comme Melville lançait son Billy Budd au fil des ocĂ©ans. BeautĂ© fragile et jeunesse Ă©phĂ©mĂšre comme jumeaux d’une mĂȘme utopie le cinĂ©ma pour toujours. Beau Travail est un beau film. G. L. Avec Denis Lavant, GrĂ©goire Colin Fr., 1 h 30 1999 / Vorace de Antonia Bird ƒuvre inclassable du fait d’un vrai mĂ©lange des genres, Vorace sort dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale en France, fait un flop au box-office amĂ©ricain, mais n’en reste pas moins un grand film, basĂ© sur le fait divers de la tragĂ©die du passage de Donner durant l’hiver 1847, qui gagne Ă  ĂȘtre connu. MalgrĂ© un tournage difficile Antonia Bird n’était pas le premier choix Ă  la rĂ©alisation, notamment, le film se dĂ©marque par son humour noir et sa bande originale Ă  la fois dĂ©calĂ©e et obsĂ©dante, que l’on doit Ă  Michael Nyman et Damon Albarn. Avec Guy Pearce, Robert Carlyle, Jeremy Davies AmĂ©ricain, 1h41 2000 / Scarlet Diva de Asia Argento Pour sa premiĂšre rĂ©alisation, Asia Argento raconte l’histoire d’Anna, une actrice qui tente de passer Ă  la mise en scĂšne et qui de Rome Ă  Los Angeles croise tout ce que le show-buisness compte de rock-stars perchĂ©es, de freaks en tous genres et de producteurs priapiques suivez mon regard. Asia est donc Anna, et Anna est une sorte d’Alice carollienne arpentant un nightmare hallucinĂ©, oĂč la jeune femme semble se rĂ©approprier la figure de vierge sadisĂ©e que son pĂšre Dario avait modelĂ©e pour elle. De Charybde en Sylla, de sado en maso, de gore en trash, Asia/Anna Argento ne calme sa transe que le temps d’un sublime face Ă  face avec son reflet dans une glace sur Wild is the wind de Nina Simone aussi puissante que le rasage ensanglantĂ© du Big Shave de Scorsese. Asia se fait les aisselles mĂ©ticuleusement, se prĂ©pare, se maquille, et lorsque l’image ressemble Ă  ce qu’attendent d’elle les autres, elle dĂ©fait l’ensemble d’un revers de main, Ă©crase le rouge Ă  lĂšvres, fait couler le mascara sous les larmes. Entre narcissisme et haine de soi, figuration et dĂ©figuration, autoparodie et autocombustion, le film est un feu de bengale, divin et Ă©carlate. Avec Asia Argento, Jean Shepard, Vera Gemma Italie, 1h31 2000 / Baise-moi de Virginie Despentes et Caroline Trin Thi Baise-moi c’est beaucoup de choses. C’est d’abord l’adaptation du premier livre de Virginie Despentes, par elle-mĂȘme et Caroline Trin Thi, hardeuse chevronnĂ©e. Ensuite c’est le film qui a dĂ©clenchĂ© une polĂ©mique et une censure rarement vue en France ; interdit aux -16, retirĂ© des salles deux jours aprĂšs sa sortie car classĂ© X, il ressort finalement en salle avec une nouvelle classification interdit aux -18 » spĂ©cialement créée pour le film. Entre les deux, c’est un Telma et Louise porno et gore, qui, s’il a certes mal vieilli la laideur de l’image des premiĂšres camĂ©ras numĂ©riques et la bande-son oĂč figure des groupes comme Le Peuple de l’herbe, abrite encore un esprit punk, provocateur et un dĂ©sir de jouir en se foutant des rĂšgles social et de la morale. B. D. Avec RaffaĂ«la Anderson, Karen Bach, Patrick Eudeline Fr, 1h15 2000 / Les glaneurs et la glaneuse d’AgnĂšs Varda AgnĂšs Varda, cinĂ©aste de la proximitĂ© et de la libertĂ©, glaneuse d’images du titre de ce documentaire, suit Ă  l’aide d’une petite camĂ©ra numĂ©rique des glaneurs urbains et ruraux qui ramassent les restes dont les autres ne veulent pas, par nĂ©cessitĂ© mais aussi par choix. On croise ainsi la route d’un riche viticulteur, d’un RMIste, d’un grand chef et de sans-abris. Sorte de road-movie Ă  pied, en voiture et en train, le mouvement de ce “documentaire-routard” est Ă  la fois gĂ©ographique, historique, social, juridique et esthĂ©tique. 2001 / La CiĂ©naga de Lucrecia Martel Dans l’ambiance tropicale des alentours d’une piscine, quelques adultes au bord de l’ivresse s’enlisent sous les yeux d’une enfant. Premier long-mĂ©trage de l’Argentine Lucrecia Martel, La CiĂ©naga qui signifie “marĂ©cage” en espagnol est un festival de sensations troubles, d’odeurs dĂ©liquescentes, de sons assourdis et moites, de couleurs saturĂ©es. Plus qu’un rĂ©cit autobiographique, La CiĂ©naga prend la forme d’une collection d’ambiances menaçantes qui aborde, au passage, la condition des femmes Ă  travers l’aliĂ©nation d’une mĂšre déçue par la vie mais incapable de s’échapper d’une famille toxique. Un grand premier film sans aucun doute. T. J. Avec Mercedes MorĂĄn, Graciela Borges Arg., Fr., Esp. Jap., 1 h 43 2001 / Trouble every day de Claire Denis Le cinĂ©ma punk, trans et physique de Claire Denis a cela de particulier qu’il pousse sur les zones frontaliĂšres, qu’il aime s’aventurer en terre incertaine et ne jamais se fixer lĂ  oĂč on l’attend. La rĂ©alisatrice flirte avec les limites entre l’humain le dĂ©sir sexuel et l’inhumain la perversion ; oĂč ce qui est jugĂ© comme telle par les protagonistes en faisant du corps son motif de prĂ©dilection. C’est Les Salauds, High Life, Beau Travail, J’ai pas sommeil et bien sĂ»r Trouble Every Day. Vincent Gallo et Beatrice Dalle y incarnent des personnages partageant une mĂȘme confusion sexuelle entre soif d’amour et de sang ; ils aiment la chair autant qu’ils s’en nourrissent. Cela donne un chef-d’Ɠuvre d’horreur gore, servi par la photographie sublime d’AgnĂšs Godard et la bande-son des Tindersticks, un film sensoriel, un conte de vampire moderne oĂč se mĂȘlent prĂ©dation et consentement sexuelles. Avec Tricia Vessey, BĂ©atrice Dalle, Alex Descas Fr, 1h40 2001 / A ma sƓur de Catherine Breillat Possiblement autobiographique et vraiment fantasmatique, A ma sƓur est un prĂ©cipitĂ© du cinĂ©ma de Catherine Breillat. D’une cruditĂ© souvent au scalpel, le film de Breillat radiographie d’abord, avec gĂ©nie, les pulsions d’une jeune fille, obsĂ©dĂ©e par son dĂ©pucelage mais qui se trouve bien plus laide que sa sƓur, un canon. Longtemps naturaliste, A ma sƓur bascule finalement dans la folie d’un Ă©pilogue sidĂ©rant qui met Ă  jour le dĂ©sir sexuel au fĂ©minin sur son versant le plus dĂ©rangeant. Conte cruel de la jeunesse, pas consensuel pour un sou, A ma sƓur est un film vraiment troublant. HĂ©rĂ©tique avant tout, y compris pour les fĂ©ministes les plus radicales ! Avec AnaĂŻs Reboux, Roxane Mesquida, Libero De Rienzo Fr, 1h33 2003 / Monster de Patty Jenkins Aileen vit de son activitĂ© de prostituĂ©e et sillonne, canette de biĂšre Ă  la main, les routes sans Ăąme d’une banlieue amĂ©ricaine. Elle rencontre Selby, une jeune lesbienne dont elle tombe rapidement amoureuse, ce qui la poussera Ă  changer de vie. Charlize Theron, au-delĂ  d’ĂȘtre mĂ©connaissable elle prend 15 kilos et porte des prothĂšses sur le visage pour cette interprĂ©tation est surtout magistrale dans ce premier grand rĂŽle qui constituera son acte de naissance en tant qu’actrice et dont la performance lui vaudra un Oscar. Avec Charlize Theron, Christina Ricci, Bruce Dern AmĂ©ricain, 1h51 2003 / An Angel at My Table de Jane Campion Pour son deuxiĂšme long-mĂ©trage, Jane Campion livre un des films les plus marquants des annĂ©es 90. An Angel at My Table relate l’enfance de l’écrivaine nĂ©o-zĂ©landaise Janet Frame marquĂ©e par le deuil, la dĂ©pression et l’exclusion. Au bord du gouffre et en lutte contre ses propres dĂ©mons, la romanciĂšre brave les conventions en trouvant refuge dans la poĂ©sie. Si cet exercice immersif traite de la folie, le film rend Ă©galement hommage Ă  l’anticonformisme et Ă  la solitude de l’artiste. Au travers d’une Ă©criture et d’une esthĂ©tique fĂ©minine, Jane Campion, parle du combat complexe des femmes Ă  exister dans une sociĂ©tĂ© qui les excluent. Avec Kerry Fox, Alexia Keogh, Karen Fergusson NĂ©o-zĂ©landais, 2h38 2003 / Il est plus facile pour un chameau de Valeria Bruni Tedeschi “Il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer au royaume des cieux”. Si le titre est tirĂ© d’un passage de la Bible, son film est lui surtout inspirĂ© de sa vie. Federica, interprĂ©tĂ©e par elle-mĂȘme, est une femme, la trentaine, fille d’immigrĂ©s italiens prise de culpabilitĂ© du fait d’ĂȘtre immensĂ©ment riche. AccablĂ©e par son hĂ©ritage, elle va se rĂ©fugier dans son imaginaire. Dans son premier long-mĂ©trage en tant que rĂ©alisatrice, Valeria Bruni Tedeschi expose non seulement sa personnalitĂ© rĂȘveuse, mais parle aussi du dĂ©sir d’affranchissement. Avec Valeria Bruni Tedeschi, Chiara Mastroianni, Jean-Hugues Anglade Fr, 1h50 2003 / Shara de Naomi Kawase On connaĂźt l’histoire un enfant disparaĂźt et sa figure absente ruine la vie d’une famille bien des annĂ©es aprĂšs. De ces mĂ©los fantomatiques on en a mangĂ© mille et cent. Alors pourquoi ce sentiment, face Ă  Shara, de n’avoir jamais vu ça ? C’est que la rĂ©alisatrice Naomi Kawase amĂšne avec elle sur ses plateaux quelques tours spĂ©cifiques. Par exemple celui-ci engager un camĂ©raman travaillant d’ordinaire dans le champ du documentaire et ne pas lui donner de script pour qu’il filme chaque scĂšne avec les tremblements du direct. Ainsi, trouver un regard inĂ©dit sur des personnages ne passe pas nĂ©cessairement comme on pourrait le croire par l’invention d’une maĂźtrise nouvelle mais aussi par des ruses imprĂ©vues pour troubler/Ă©garer les maĂźtrises anciennes. La beautĂ© du rĂ©sultat dans Shara est terrassante. Toutes les pĂ©ripĂ©ties de la fiction surgissent Ă  l’écran comme des Ă©vĂ©nements. A l’instar du grand orage d’étĂ© qui vient bouleverser d’un coup la parade finale. Avis aux chercheurs d’or qui n’a pas vu la pluie tomber chez Kawase ne sait pas ce qu’est la joie. P. B. Avec Kohei Fukungaga, Yuka Hyyoudo Jap., 1 h 40 2004 / Mystification ou l’histoire des portraits de Sandrine Rinaldi Mystification est une adaptation d’un rĂ©cit de Diderot, transposĂ© de nos jours. Pour son premier moyen-mĂ©trage il y en aura un second trois ans plus tard, Cap Nord, Sandrine Rinaldi Ă©galement critique de cinĂ©ma sous le pseudo de Camille Nevers retient de Diderot le goĂ»t des cruelles machinations, des collusions secrĂštes, de l’alliance opaque entre les rĂšgles sociales et les raffinements du libertinage, mais plus encore la langue du texte original, qu’il s’amuse Ă  chahuter. Que la machination prenne satisfait peut-ĂȘtre davantage le dĂ©sir informulĂ© de celle qu’on mystifie que ceux qui croient la manipuler. Qui dĂ©sire quoi ? Qui aime encore ? Et qui met en scĂšne ce sac de nƓuds, d’incertitudes et de regrets informulĂ©s ? VoilĂ  l’imbroglio que le film emmĂȘle avec un humour distant et une grande inspiration visuelle. Avec Camille Cayol, Laurent Lacotte Fr., 59 min 2005 / Marseille d’Angela Schanelec Sophie, une jeune photographe allemande, Ă©change son appartement avec une Ă©tudiante habitant Ă  Marseille. Elle rencontre Pierre, un mĂ©canicien, avec qui elle flirte puis, une fois rentrĂ©e Ă  Berlin, retrouve les choses comme elle les a laissĂ©es – notamment son amour pour le mari de sa meilleure amie Hanna. Avec ce film, un des reprĂ©sentants du nouveau cinĂ©ma allemand des annĂ©es 2000, aux antipodes de la théùtralitĂ© expressionniste qui a fondĂ© le cinĂ©ma allemand notamment grĂące Ă  la modernitĂ© de la mise en scĂšne et du rĂ©cit, Angela Schanelec signe une Ɠuvre tiraillĂ©e entre l’espoir et un Ă©ternel retour Ă  la case dĂ©part, avec la solitude de son personnage principal en toile de fond. Avec Maren Eggert, Emily Atef, Alexis Loret Allemand, 1h35 2005 / Innocence de Lucile Hadzihalilovic AdaptĂ© d’une nouvelle allemande de Frank Wedekind, Lucile Hadzihalilovic livre un premier film des plus singuliers du cinĂ©ma français contemporain. Dans une forĂȘt coupĂ©e du monde, l’arrivĂ©e d’une nouvelle fille dans un Ă©trange pensionnat pour fillettes va bousculer leur quotidien. L’intrigue nĂ©buleuse Ă©troitement inspirĂ©e du Suspiria de Dario Argento et de Pique-nique Ă  Hanging Rock de Peter Weir, dessine, Ă  travers mutations et Ă©veil, le passage de l’enfance Ă  l’adolescence. LĂ  oĂč rĂ©side tout l’équilibre du film est que le regard fĂ©minin derriĂšre la camĂ©ra, capte l’innocence comme la sexualitĂ©, sans jamais crĂ©er quelconque malaise, qu’un Ɠil masculin incompris aurait pu avoir. Hadzihalilovic met en scĂšne un rĂ©cit sombre et candide Ă  la fois, miroir de la complexitĂ© que d’ĂȘtre une jeune fille. Avec ZoĂ© Auclair, Lea Bridarolli, BĂ©rangĂšre Haubruge Fr, 1h55 2006 / Lady Chatterley de Pascale Ferran Constance Chatterley, jeune femme de la haute bourgeoisie anglaise, est enfermĂ©e dans son mariage avec les responsabilitĂ©s et devoirs que cela implique. Lorsqu’elle rencontre Parkin, le garde-chasse du domaine, c’est le dĂ©but d’un difficile apprivoisement, un Ă©veil Ă  la sensualitĂ© pour la lady et un long retour Ă  la vie pour l’amant. Entre orfĂšvrerie du dĂ©coupage, majestĂ© des durĂ©es et incandescence des Ă©motions, ce film fiĂ©vreux est une petite merveille de sensibilitĂ©, d’intelligence de cinĂ©ma, d’une puissance d’expression d’autant plus forte et admirable qu’elle n’a l’air de rien. Avec Marina Hands, Jean-Louis Coulloc’h, Hippolyte Girardot Fr, Belge, 2h38 2007 / Tout est pardonnĂ© de Mia Hansen-LĂžve Le ressentiment, son dĂ©passement, ou mĂȘme l’absence totale de sa formation sont forcĂ©ment au cƓur d’un film intitulĂ© Tout est pardonnĂ©. Mais que couvre ce “tout”, qui est pardonnĂ©, dans le premier long-mĂ©trage de la jeune Mia Hansen-LĂžve ? Dans la premiĂšre partie, une famille est dĂ©sagrĂ©gĂ©e par la toxicomanie d’un pĂšre dĂ©faillant. Dans la deuxiĂšme, la petite fille du dĂ©but retrouve Ă  17 ans ce pĂšre et ne ressent contre lui aucune animositĂ©. D’oĂč vient pareille sĂ©rĂ©nitĂ© ? C’est tout le mystĂšre du film. Etrangement ici, le malheur accumulĂ© dans la premiĂšre partie flotte et ne pĂšse pas sur la seconde. Entre les deux temps du film, les liens de causalitĂ© sont lĂąches, estompĂ©s, prennent des chemins vicinaux, presque invisibles. A 26 ans, Mia Hansen-LĂžve trouvait du premier coup, et dans toute sa plĂ©nitude, la formule magique de son cinĂ©ma, mixte de luciditĂ© et de douceur, de proximitĂ© sensible et de dĂ©tachement clairvoyant. L. Avec Paul Blain, Constance Rousseau Fr., 1 h 45 2007 / Persepolis de Marjane Satrapi EncensĂ©e par la presse mondiale, l’Ɠuvre autobiographique publiĂ©e dans les annĂ©es 2000 a fait de Satrapi l’une des autrices francophones les plus reconnues. Suite Ă  son adaptation Ă©ponyme sur grand Ă©cran, Marjane Satrapi, dont le style graphique et narratif personnel avait dĂ©jĂ  su retenir l’attention, obtient le Prix du Jury du Festival de Cannes. PersĂ©polis raconte l’histoire rĂ©cente de l’Iran Ă  travers les yeux de Marjane, en passant de son enfance Ă  TĂ©hĂ©ran durant la rĂ©volution islamique Ă  son intĂ©gration dans la vie europĂ©enne. A base de rĂ©gime dictatorial et de rĂ©pression, Satrapi arrive Ă  signer une Ɠuvre singuliĂšre, universelle et humaniste. Avec les voix de Sean Penn, Iggy Pop, Gena Rowlands Fr, 1h35 2008 / Twilight – Chapitre 1, fascination de Catherine Hardwicke L’exploit de Twilight, la saga de best-sellers de Stephenie Meyer, tenait Ă  sa fĂ©minisation des codes de la littĂ©rature horrifique pour ados. L’adaptation que signe Catherine Hardwicke rĂ©alisatrice d’un film indĂ© remarquĂ©, Thirteen, dĂ©jĂ  sur l’adolescence Ă©claire au passage de ses rayons inversĂ©s un secret ultime du genre que nous rĂ©vĂšle du dĂ©sir fĂ©minin cette attirance orgueilleuse et obstinĂ©e pour une crĂ©ature qui ne rĂȘve que d’une chose, tuer la femme qui l’aime ? Le film devient dĂšs lors le rĂ©cit dialectique de la rencontre plus que du conflit entre deux dĂ©sirs, celui d’une jeune fille qui exige de l’homme qu’elle aime qu’il la tue, et celui d’un vampire contraint, par amour, à
 devenir vĂ©gĂ©tarien. Mais Ă  dĂ©sirer un lion pacifique, ou un vampire vĂ©gĂ©tarien, la jeune hĂ©roĂŻne de Twilight risque une fin plus hitchcockienne Soupçons que breillatienne Une vraie jeune fille l’abstinence. H. F. Avec Kristen Stewart, Robert Pattinson 2 h 02* 2009 / Bliss de Drew Barrymore Lorsqu’une actrice qu’on suit depuis longtemps fait son premier film, on se demande toujours s’il ressemblera Ă  ce qu’on connaĂźt d’elle. Soit la petite fille d’E. T. Spielberg, la productrice audacieuse de Donnie Darko Richard Kelly, l’actrice qui essaie d’adapter son physique de rondouillarde aux canons hollywoodiens. Ici, Drew Barrymore choisit une forme de repli joyeux en tablant sur un mixte d’intrigue adolescente classique et d’esprit rebelle un peu carrĂ© une jeune fille veut Ă©chapper Ă  un destin conventionnel, auquel elle offre une dimension foutraque inattendue la passion pour le sport. Si le cinĂ©ma amĂ©ricain a su trouver des exutoires physiques aux adolescents le skate, la danse, le surf, il n’y avait pas grand-chose jusqu’ici pour leurs alter ego fĂ©minins. Drew Barrymore leur offre le roller derby, compĂ©titions de roller sur piste oĂč il s’agit de gagner des points en dĂ©passant ses adversaires, voire en les Ă©jectant. Vitesse, agressivitĂ©, jolies tenues paillettes et shorts, musique Ă  fond, public surexcitĂ©, coups et blessures assurĂ©s une forme de gloire tapageuse est lĂ , composant la meilleure partie du film. Avec Ellen Page et Drew Barrymore AmĂ©ricain, 2h 2010 / Winter’s Bone de Debra Granik Ce second film de Debra Granik se dĂ©marque par sa sĂ©cheresse, sa tĂ©nuitĂ© psychologique et son refus de cĂ©der aux sirĂšnes misĂ©rabilistes. Il s’accroche dĂšs les premiers plans aux boots de son hĂ©roĂŻne, la taciturne et obstinĂ©e Ree exceptionnelle Jennifer Lawrence, rĂ©vĂ©lĂ©e par ce rĂŽle, qu’il ne lĂąchera plus jusqu’à la fin. Vendu comme un film social Ă  l’europĂ©enne on pense certes Ă  Ken Loach, Winter’s Bone a tous les traits du western, genre essentiellement amĂ©ricain, abstrait, mythologique. A l’instar de Kelly Reichardt, Debra Granik utilise la crise morale, Ă©conomique comme pur moteur fictionnel, davantage soucieuse d’en montrer les effets concrets que d’en dĂ©noncer les causes. Point de rĂ©el mĂ©chant ici mais une attention constante Ă  l’inextinguible flux vital des hommes et des femmes lorsqu’un vieux cow-boy rouillĂ© se saisit d’un banjo, par exemple, qu’un soldat explique longuement, presque en chuchotant, Ă  Ree pourquoi ce n’est pas une bonne idĂ©e pour elle de s’engager dans l’armĂ©e, ou qu’un enfant se met Ă  faire du trampoline, en apesanteur. Avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Kevin Breznahan AmĂ©ricain, 1h40 2010 / La DerniĂšre Piste de Kelly Reichardt La DerniĂšre Piste ne renvoie pas Ă  une fin mais bien Ă  un dĂ©but, c’est un rĂ©cit des origines que réécrit Kelly Reichardt. Dans quatriĂšme film, elle offre Ă  la conquĂȘte de l’ouest une nouvelle mythologie, du point de vue des femmes notamment Ă  travers les yeux du personnage incarnĂ© par une extraordinaire Michelle Williams, actrice fĂ©tiche de Kelly Reichardt et des natifs, plutĂŽt que de celui du mĂąle blanc. C’est sans-doute son film le plus sĂ©duisant plastiquement, on y retrouve cette façon de traiter le paysage comme un territoire abstrait et immense, dont l’écrasante horizontalitĂ© Ă©crase la petite verticalitĂ© humaine. Dans ce film de silence, de poussiĂšre et de ciel voilĂ©, l’essentiel est dans les dĂ©tails, comme toujours dans l’Ɠuvre de la cinĂ©aste amĂ©ricaine, qui fait plus que jamais preuve dans ce film d’un art contemplatif, brute et minimaliste tout droit hĂ©ritĂ© de Robert Bresson. Avec Michelle Williams, Paul Dano, Bruce Greenwood AmĂ©ricain, 1h44 2011 / Tomboy de CĂ©line Sciamma Dans les premiĂšres scĂšnes de Tomboy, le spectateur voit un petit garçon lĂ  oĂč tous les autres personnages ses parents, sa petite sƓur voient une petite fille. Dans la suite du rĂ©cit, il voit une petite fille lĂ  oĂč tous les autres croient jouer et chahuter avec un petit garçon. Tendu, intrigant, Tomboy utilise toutes les recettes du film Ă  suspense. Mais CĂ©line Sciamma est particuliĂšrement habile pour manier une dramaturgie trĂšs construite, tout en masquant la charpente. Les situations sont intenses, mais c’est la description en profondeur des personnages, l’étude de caractĂšre, qui a le dernier mot. Comme si la cinĂ©aste transposait une certaine efficacitĂ© de storytelling amĂ©ricaine dans le vocabulaire du cinĂ©ma d’auteur français, puisait dans la boĂźte Ă  outils d’Aaron Sorkin A la Maison Blanche, The Social Network pour raconter un film de Jacques Doillon. Le film dĂ©crit avec une acuitĂ© rare l’éboulement du monde dans les yeux de ceux qui n’ont vu que ce qu’ils voulaient voir, n’ont pas vu ce qu’il fallait voir. Cette perturbation, CĂ©line Sciamma la filme avec une touche lĂ©gĂšre, estompant la gravitĂ© par l’humour, sans esquiver la violence de certaines situations. Et elle joint sans forcer la puissance Ă  la finesse. Avec ZoĂ© HĂ©ran, Malonn LĂ©vana, Jeanne Disson Fr, 1h22 2011 / La guerre est dĂ©clarĂ©e de ValĂ©rie Donzelli “Si tu veux ĂȘtre actrice, Ă©cris tes propres films.” C’est encouragĂ© par JĂ©rĂ©mie ElkaĂŻm, compagnon et collaborateur, que ValĂ©rie Donzelli se lance dans la rĂ©alisation. La cinĂ©aste et comĂ©dienne devient la reine de ses propres fictions derriĂšre et devant la camĂ©ra. Ses rĂ©cits racontent, avec une trivialitĂ© joueuse qui donne Ă  son Ɠuvre cette vibration si singuliĂšre, la maternitĂ© et le couple. En 2010, ce cinĂ©ma autobiographique et irrĂ©sistiblement foutraque rencontre un succĂšs retentissant avec La guerre est dĂ©clarĂ©e, vĂ©ritable histoire de son enfant malade. Le film, lĂ©ger et enragĂ©, est une dĂ©flagration Ă©motionnelle. Donzelli affine son style et affirme son geste de cinĂ©aste faire du cinĂ©ma pour mieux vivre. M. D. Avec ValĂ©rie Donzelli, JĂ©rĂ©mie ElkaĂŻm Fr., 1 h 40 2012 / Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow Au moment oĂč Kathryn Bigelow rĂ©alise Zero Dark Thirty, elle vient de marquer l’histoire en devenant la premiĂšre femme et toujours la seule Ă  ce jour Ă  dĂ©crocher l’Oscar de la meilleure rĂ©alisation pour DĂ©mineurs 2010, devant son ex-mari James Cameron et Quentin Tarantino. Son statut au sommet du cinĂ©ma hollywoodien, oĂč elle mĂȘle action et film de guerre, se confirme avec le film suivant, Zero Dark Thirty, prĂ©cis et haletant sur la traque d’Oussama Ben Laden. Du splendide raid final presque entiĂšrement dans le noir Ă  l’incroyable assurance du personnage d’analyste de la CIA le meilleur rĂŽle de Jessica Chastain, en passant par la description inspirĂ©e du milieu militaire et des hommes entre eux, le talent de Bigelow explose Ă  chaque plan. Aujourd’hui ĂągĂ©e de 68 ans, la rĂ©alisatrice du culte Point Break 1991 a perdu de son aura Ă  la suite de l’échec commercial du trĂšs controversĂ© Detroit 2017, consacrĂ© Ă  des Ă©meutes raciales. Mais il serait temps de replonger dans une filmographie qui compte dix longs-mĂ©trages capables de revisiter le mythe du vampire Aux frontiĂšres de l’aube, 1987, de sonder les images contemporaines violentes Strange Days, 1995 ou de retourner sur ses bases le thriller policier Blue Steel, 1990
Le parcours de Bigelow est plus transversal et surprenant qu’un regard de surface pourrait le laisser croire. Sa premiĂšre ambition Ă©tait de devenir peintre. Elle a commencĂ© Ă  rĂ©aliser des films commerciaux aprĂšs une longue pĂ©riode dans l’art contemporain des annĂ©es 1970, travaillant avec Richard Serra et Lawrence Weiner, figure de l’art conceptuel, ainsi que l’intellectuel français SylvĂšre Lotringer, fondateur de la revue Semiotexte et futur “hĂ©ros” du manifeste fĂ©ministe I Love Dick de Chris Kraus. InspirĂ©e par la cinĂ©philie moderne elle a Ă©voquĂ© sa passion pour “la matrice Fassbinder/Douglas Sirk”, Kathryn Bigelow a finalement atterri Ă  Hollywood par accident. Alors qu’elle avait Ă©tĂ© envisagĂ©e pour rĂ©aliser Wonder Woman, aucun futur projet n’est aujourd’hui annoncĂ©. O. J. Avec Jessica Chastain, Joel Edgerton, Chris Pratt 2 h 37 2012 / Cloud Atlas de Lana et Lily Wachowski De l’AmĂ©rique esclavagiste du XXe siĂšcle au SĂ©oul du futur, Ă  travers une demi-douzaine de rĂ©cits prĂ©levĂ©s Ă  des Ă©poques diverses, les sƓurs Wachowski au moment du tournage, Lily Ă©tait nĂ©anmoins encore Andy brassent une odyssĂ©e Ă©bouriffante de l’émancipation. Les mĂȘmes acteurs interprĂštent une variĂ©tĂ© de personnages, tous Ăąges, espĂšces, genres confondus, dans une enivrante valse transformiste. On retrouve lĂ  l’obsession des Wachowski pour un cinĂ©ma mouvant, en phase avec son Ă©poque, dont il vampirise les innovations, qui les a menĂ©es de l’ùre du tout-numĂ©rique Matrix et Speed Racer Ă  celle des sĂ©ries et de leur Ă©criture prolifĂ©rante. Un grand film mutant. R. B. Avec Tom Hanks, Halle Berry, Ben Whishaw 3 h 12 2012 / L’ñge atomique d’HĂ©lena Klotz L’Âge atomique est le premier long-mĂ©trage, fragile et trĂšs beau, d’une jeune femme de 32 ans, HĂ©lĂ©na Klotz. Son sujet est l’adolescence, ses pulsions de sexe et de mort confondues, ses enthousiasmes et ses prostrations, sa grandeur et son ridicule. Son dĂ©cor est Paris la nuit, ses gares, ses trains de banlieue, ses clubs souterrains, ses ponts et ses forĂȘts voisines. Le film lui-mĂȘme semble attirĂ© par une force obscure tandis qu’il s’écarte de tout rĂ©alisme pour emprunter les sentiers d’un romantisme noir, Ă©voquant Jean-Paul Civeyrac, et d’un fantastique primitif, hyperstylisĂ©. C’est la grande force de ce jeune cinĂ©ma sans gĂȘne et aventureux, qui n’hĂ©site pas Ă  frayer dans les eaux du bis ou Ă  croiser les imaginaires pour inventer sa propre langue. Avec Elliott Paquet, Dominik Wojcik, Niels Schneider Fr, 1h08 2013 / Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot Peut-on ĂȘtre un ĂȘtre de fuite et un ĂȘtre de courage ? Pour tenir ce paradoxe, le rendre possible avec Ă©vidence, il suffit Ă  Emmanuelle Bercot de filmer Catherine Deneuve, qui comme nulle autre conjugue toujours la prĂ©sence d’une forme d’absence, la retenue d’une forme d’audace. En suivant une femme qui choisit sur un coup de tĂȘte de tout plaquer, Bercot rĂ©ussit un road-movie Ă©mancipateur Ă  l’humeur changeante, drĂŽle et poignant, convoyĂ© avec une inspiration folle par son interprĂšte. Avec Catherine Deneuve Fr, 1h53 2013 / Tirez la langue, mademoiselle d’Axelle Ropert D’abord fine critique dans La Lettre du cinĂ©ma, foyer cinĂ©phile au tournant du siĂšcle, puis scĂ©nariste, Axelle Ropert a transposĂ© son goĂ»t pour le classicisme hollywoodien et une certaine Ă©cole française non spectaculaire dans ses propres films. Tirez la langue mademoiselle est une belle histoire d’amour chuchotĂ©e dans les dĂ©cors du 13e arrondissement, ainsi que le portrait d’une mĂšre cĂ©libataire jouĂ©e par Louise Bourgoin. Ropert tourne actuellement son cinquiĂšme long-mĂ©trage Petite Solange avec Philippe Katherine et LĂ©a Drucker. Avec Louise Bourgoin, CĂ©dric Kahn, Laurent Stocker Fr, 1h42 2015 / Mustang de Deniz Gamze Erguven Ce premier long-mĂ©trage en forme de cavalcade polissonne et fĂ©minine, joyeuse et enragĂ©e, nous immerge dans le monde damnĂ© des jeunes sƓurs mariĂ©es de force. L’incontestable rĂ©ussite de Mustang tient au filmage du corps collectif sororal superbement fluide et chatoyant, bouquet de “jeunes filles en fleurs” telles qu’on les trouve de Proust Ă  Sofia Coppola. Il existe chez Deniz Gamze ErgĂŒven un vitalisme, une scĂ©nographie vitaminĂ©e qui, Ă  chaque instant, Ă©meut et Ă©gaie l’Ɠil, nous attrape. Trait qui range le film du cĂŽtĂ© d’un “fĂ©minisme joyeux”, expression utilisĂ©e par AgnĂšs Varda pour qualifier la couleur de ses propres films. Sans diaboliser le mariage arrangĂ© l’une des sƓurs y trouve son compte de cĂąlins et de baisers, la rĂ©alisatrice dĂ©nonce une tradition nuisible dĂšs lors qu’elle se meut en tyrannie, en prison. Avec GĂŒneß Nezihe ƞensoy, Doğa Zeynep Doğußlu, Elit İßcan Turc, 1h33 2016 / Grave de Julia Ducournau Premier long-mĂ©trage de Julia Ducournau repĂ©rĂ©e Ă  Cannes pour son court-mĂ©trage Junior, Grave raconte le parcours semĂ© d’embĂ»ches de Justine, Ă©tudiante en premiĂšre annĂ©e d’une Ă©cole vĂ©tĂ©rinaire. Justine se dĂ©couvre une appĂ©tence pour le sang, et bientĂŽt pour la chair humaine. GonflĂ©, poĂ©tique, fĂ©roce, ce film girly et anthropophage incarne la prise de pouvoir d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration fracassante de rĂ©alisatrices. E. B. Avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah NaĂŻt Oufella Fr., Bel., 1 h 38 2016 / Toni Erdmann de Maren Ade L’histoire d’une businesswoman allemande Ă©migrĂ©e Ă  Bucarest, oĂč elle travaille pour une sociĂ©tĂ© pĂ©troliĂšre, et de son pĂšre, amateur de farces et attrapes et de canulars lourdingues, engagĂ© dans une reconquĂȘte kamikaze du cƓur de sa fille. L’esprit Ă  la fois rigide et dĂ©lurĂ©, la parfaite nettetĂ© de l’écriture, l’étrange appĂ©tit pour le ridicule de Toni Erdmann transcendent sa sĂ©cheresse formelle apparente. Le troisiĂšme long-mĂ©trage de Maren Ade Ă©galement productrice des longs-mĂ©trages de son compagnon Ulrich Köhler et des films de Miguel Gomes est certes drĂŽle – il l’est vraiment –, mais il est beaucoup moins une comĂ©die qu’un film sur le rire, sur sa psychologie, sur sa fonction sociale, sur son pouvoir de dĂ©rĂšglement. T. R. Avec Sandra HĂŒller, Peter Simonischek, Michael Wittenborn All., Aut., Mona., Rou., Fr., Sui., 2 h 42 2016 / Certaines femmes de Kelly Reichardt S’il est problĂ©matique de parler d’un cinĂ©ma fĂ©minin, essentialisĂ© par le genre de son autrice, il semble Ă©vident que filmer implique plus souvent pour une femme que pour un homme une forme de dĂ©cadrage, de mise en scĂšne d’un espace jusque-lĂ  peu visible, une façon de faire sien un mĂ©dium majoritairement masculin. La filmographie de Kelly Reichardt est Ă  ce titre Ă©loquente. D’Old Joy 2006 Ă  La DerniĂšre Piste 2010 en passant prochainement par First Cow 2019, la rĂ©alisatrice amĂ©ricaine n’aura eu de cesse de dĂ©velopper sa propre mythologie de l’Ouest lointain, trĂšs loin des clichĂ©s du western. Certaines femmes, adaptation de trois nouvelles de l’écrivaine amĂ©ricaine Maile Meloy, brosse le quotidien de quatre femmes vivant dans une petite ville du Montana, interprĂ©tĂ©es par un formidable quatuor d’actrices Kristen Stewart, Laura Dern, Michelle Williams et la rĂ©vĂ©lation Lily Gladstone. L’art Ă©purĂ© de Kelly Reichardt, Ă  la fois rustique et raffinĂ©, aussi taiseux par le verbe que prolixe par la forme, y atteint des sommets de prĂ©cision de trait. Dans ce film livrĂ© aux quatre vents des paysages dĂ©sertiques du nord-ouest des Etats-Unis, elle explore la condition fĂ©minine en prise avec la misogynie ordinaire de l’AmĂ©rique profonde. B. D. Avec Michelle Williams, Kristen Stewart, Laura Dern 1 h 47 2016 / American Honey d’Andrea Arnold MĂ©langeant comĂ©diens pros Shia LaBeouf, Riley Keough et amateurs, l’errance d’une jeunesse bigarrĂ©e dans l’AmĂ©rique profonde, au son de la trap et sous les vapeurs de fumette
 FilmĂ© au plus prĂšs des peaux, de la nature et de l’asphalte, entre parkings de supermarchĂ©s et grands espaces brĂ»lants, American Honey donne l’occasion Ă  Andrea Arnold Red Road, Fish Tank de dĂ©velopper son sens aigu d’un cinĂ©ma musical et sensuel, capable de traquer la violence du monde celle de l’argent roi et de la domination masculine pour conquĂ©rir un espace de beautĂ©. Un rĂȘve panthĂ©iste et fĂ©minin dont l’hĂ©roĂŻne se libĂšre sous nos yeux. O. J. Avec Sasha Lane, Shia LaBeouf 2 h 43 2017 / The Rider de ChloĂ© Zhao Rares sont les films retournant le gant de la virilitĂ© avec autant de dĂ©licatesse que The Rider, second film de la rĂ©alisatrice amĂ©ricaine d’origine chinoise ChloĂ© Zhao. Elle y suit la guĂ©rison d’un cow-boy moderne, star locale de rodĂ©o victime d’un grave accident cĂ©rĂ©bral. Dans une mise en scĂšne proche du documentaire, ChloĂ© Zhao cultive dans ce film un care gaze qui porte autant sur une dĂ©construction de la masculinitĂ© que sur le rapport Ă  l’animal ou sur le sort des populations indiennes. On attend avec impatience The Eternals, son troisiĂšme film prĂ©vu pour cet automne, puisque ce blockbuster bardĂ© de stars Angelina Jolie, Salma Hayek, Kit Harington s’annonce aussi comme le premier film de super-hĂ©ros Marvel avec un personnage transgenre. B. D. Avec Brady Jandreau, Mooney, Tim Jandreau 1 h 44 2017 / Lady Bird de Greta Gerwig Si l’on dĂ©couvre Greta Gerwig lorsqu’elle devient l’égĂ©rie du cinĂ©ma indĂ© amĂ©ricain avec Frances Ha 2012 de Noah Baumbach, l’AmĂ©ricaine a un dĂ©sir de cinĂ©ma qui excĂšde celui d’ĂȘtre actrice. Et ce dĂšs ses dĂ©buts, puisqu’elle cosigne ses premiers films en plus d’y jouer Hannah Takes the Stairs, Nights and Weekends. Elle rĂ©alise avec Lady Bird son premier film en solo. Autobiographique, il Ă©pouse l’envol d’une jeune femme Ă©prise de théùtre qui projette de quitter son lycĂ©e de Sacramento pour New York et son bouillonnement culturel. Il explore ce moment charniĂšre oĂč se jouent Ă  la fois les premiĂšres amours, l’arrachement familial et se dessine une forme d’ambition existentielle. La rĂ©alisatrice y trouve un alter ego en la personne de Saoirse Ronan. Elle forme avec TimothĂ©e Chalamet un couple Ă©tincelant dans le film suivant de la cinĂ©aste Les Filles du docteur March. B. D. Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, TimothĂ©e Chalamet 1 h 34 2017 / Les Bums de plage d’Eliza Hittman Avant de rĂ©aliser des Ă©pisodes de la saison 2 de 13 Reasons Why, la jeune rĂ©alisatrice new-yorkaise obtenait un vif succĂšs d’estime avec son second long-mĂ©trage, Les Bums de plage. Disponible aujourd’hui sur Netflix, le film raconte l’incapacitĂ© de jouissance d’un jeune garçon qui sent une pulsion homosexuelle sans pouvoir pleinement l’embrasser. Entre Moonlight et Beau Travail et portĂ© par le trĂšs beau 16 mm de la chef-opĂ©ratrice française HĂ©lĂšne Louvart, le film est aussi heurtĂ© que pointilleux dans cette auscultation d’un empĂȘchement du dĂ©sir. B. D. Avec Harris Dickinson, Madeline Weinstein, Kate Hodge 1 h 38 2017 / Wonder Woman de Patty Jenkins Si ses bracelets d’acier et son body Ă©toilĂ© hantent tout autant l’imaginaire collectif des fans de comic books que la cape de Batman, il aura fallu des annĂ©es avant que Wonder Woman, icĂŽne fĂ©ministe, apparaisse sur grand Ă©cran. Le film marque la premiĂšre incursion d’une femme Ă  la rĂ©alisation du genre dominant la planĂšte dans les annĂ©es 2010 le blockbuster super-hĂ©roĂŻque. Aux antipodes des torsions tĂ©nĂ©breuses d’un Christopher Nolan, Patty Jenkins rĂ©vĂ©lĂ©e avec Monster en 2003 tire son odyssĂ©e guerriĂšre vers un cinĂ©ma pop et lĂ©ger. On n’oubliera pas ces premiĂšres scĂšnes troublantes sur l’harmonie d’une Ăźle-gynĂ©cĂ©e avant que l’hĂ©roĂŻne ne vienne se heurter Ă  notre monde. M. D. Avec Gal Gadot, Chris Pine, Robin Wright Ch., H. K., 2 h 21 2018 / Heureux comme Lazarro d’Alice Rohrwacher Fable d’abord pastorale puis urbaine, le troisiĂšme film de la jeune rĂ©alisatrice italienne Alice Rohrwacher, prix du scĂ©nario Ă  Cannes en 2018, ex aequo avec Trois Visages de Jafar Panahi, suit la figure d’un garçon candide, d’un ravi de la crĂšche qui ne trouve son bonheur qu’en observant la nature et en se mettant au service de ses semblables. Il vit d’abord dans une communautĂ© de paysans mise Ă  l’écart du monde par des bourgeois dans le but de les exploiter, avant d’ĂȘtre libĂ©rĂ© et plongĂ© dans le monde contemporain, synonyme pour lui de la plus grande pauvretĂ©. Ce film sur l’innocence corrompue, doublĂ© d’un conte poĂ©tique et politique sur le capitalisme, ressuscite le cinĂ©ma de Pier Paolo Pasolini La Ricotta par exemple et fait d’Alice Rohrwacher l’une des rĂ©alisatrices les plus talentueuses et singuliĂšres d’Europe. Avec Adriano Tardiolo, Alba Rohrwacher, Agnese Graziani Italie, 2h07 2019 / Atlantique de Mati Diop AprĂšs Mille Soleils, le moyen-mĂ©trage documentaire que Mati Diop a consacrĂ© en 2013 Ă  son oncle, figure disparue d’un cinĂ©ma sĂ©nĂ©galais hantĂ© par son passĂ©, la rĂ©alisatrice raconte une nouvelle histoire de fantĂŽme avec Atlantique, son premier long-mĂ©trage rĂ©compensĂ© du grand prix du jury Ă  Cannes l’an dernier. Film Ă  la lisiĂšre du fantastique, Ɠuvre de chair dĂ©sirante et d’esprit vengeur, Atlantique est aussi un film politique puissant qui embrasse la tragĂ©die de l’immigration clandestine et des inĂ©galitĂ©s sociales Ă  Dakar. B. D. Avec Mame Binta SanĂ©, Amadou Mbow, Ibrahima TraorĂ© Fr., SĂ©n., Bel., 1 h 44 2019 / Sibyl de Justine Triet AprĂšs un combat de rue intime et collectif La Bataille de SolfĂ©rino, Justine Triet logeait les tumultes sentimentaux et existentiels dans un seul corps en Ă©ruption celui de Virginie Efira, avocate au bord de la crise dans Victoria. En 2019, un autre prĂ©nom suffisait Ă  contenir le programme dense et rĂ©flexif vivre sa vie comme une fiction d’un film qui donnait au portrait de son hĂ©roĂŻne des allures d’odyssĂ©e. Avec une virtuositĂ© folle mĂ©lange de genres, ruptures de ton, Sibyl sondait l’ñme d’une hĂ©roĂŻne fragile et robuste en mĂȘme temps qu’il scellait la symbiose quasi parfaite entre une cinĂ©aste et une actrice. M. D. Avec Virginie Efira, AdĂšle Exarchopoulos Fr., Bel., 1 h 40 2019 / Une fille facile de Rebecca Zlotowski Pour son quatriĂšme long-mĂ©trage, Rebecca Zlotowski campe une coming-of-age story balnĂ©aire et offre Ă  Zahia le rĂŽle d’une jeune femme initiatrice d’une cousine plus jeune. Libre ou prisonniĂšre c’est toute la dialectique sur laquelle repose le film. Tandis que la cousine aĂźnĂ©e s’adonne Ă  ses habitudes de coucheuse entretenue, la cadette contemple dans un coin, hĂ©sitant Ă  embrasser cette vie de luxe et d’apparences, prenant la mesure des privilĂšges qu’elle offre en mĂȘme temps que de ce qu’il en coĂ»te d’y entrer. Et cette dialectique, le film ne la rĂ©sout pas. Il Ă©pouse un gaze insituable, il mĂšne Ă  son point de fusion la chronique d’une femme-objet, la rend Ă  la fois complĂštement chose, complĂštement dĂ©esse et complĂštement sujet – en coupant pourtant tout accĂšs Ă  son intĂ©rioritĂ©, tant pour les autres personnages que pour nous, spectateurs. C’est tout Ă  la fois le drame existentiel elle sera toujours seule et l’armure immarcescible de cette fille facile et cependant compliquĂ©e qui, contre toutes les estocades masculines, et feignant de leur cĂ©der l’entrĂ©e, demeure impĂ©nĂ©trable. T. R. Avec Zahia Dehar, Mina Farid Fr., 1 h 31 2019 / Portrait de la jeune fille en feu de CĂ©line Sciamma “Prenez le temps de me regarder.” Le premier dialogue du Portrait de la jeune fille en feu va encore rĂ©sonner longtemps, dans toute sa douceur et sa rage, mais aussi sa pertinence politique. A la fois une caresse et un cri. Autour d’une histoire d’amour lesbienne au XVIIIe siĂšcle une peintre dresse le portrait d’une aristocrate promise au mariage, CĂ©line Sciamma a fait un film manifeste pour la mise en scĂšne de l’expĂ©rience fĂ©minine. Au cƓur des images se joue la recherche pas Ă  pas d’une Ă©galitĂ© entre artiste et modĂšle, la croyance dans l’acte de crĂ©ation comme croisement entre des corps palpitant, pont entre les organes et les dĂ©sirs, destruction des normes de pouvoir qui empĂȘchent de jouir. AprĂšs Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles, Sciamma signe le film d’une Ă©poque, au souffle profondĂ©ment libĂ©rateur. O. J. Avec AdĂšle Haenel, NoĂ©mie Marlent Fr., 2 h 02
2La pĂ©riode de “l’entre-deux-mai”, pour reprendre l’expression de Pascal Ory, reprĂ©sente un moment particulier de l’histoire du septiĂšme art en France en gĂ©nĂ©ral, et des femmes et du cinĂ©ma en particulier. On pourrait le dire aussi de l’histoire des femmes tout court puisque de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, se dĂ©veloppĂšrent diffĂ©rents mouvements de 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID -FjmShLgzR52begZBSRgpTQcuyk7hMN1-oiAz3If9X495EGFi6_72Q== Ainsifleurissent Ă  Paris et en province, des slogans aux jeux de mots et aux dĂ©luges verbaux Ă  portĂ©e politique jamais absente : « Sois jeune et tais-toi », « Nous irons jusqu’au bout », « Mai 68, dĂ©but d’une lutte prolongĂ©e » (mai-juin 1968). A Toulouse, la ville rose possĂšde des « Ateliers populaires » qui se mettent en place, comme Ă  Paris, au sein de l’école des JamirC'est une manifestation Ă©tudiante de gauche Ă  Paris, en mai 1968. L'affiche est surtout trĂšs connue. Voici un article Ă  ce sujet Cette affiche a Ă©tĂ© de nouveau utilisĂ©e dans la propagande contre le CPE en 2006 07/ C'est aussi le titre d'un dĂ©mĂ©nagement d'Olivier Torres2002 %29LandenExcellente rĂ©ponse de radical Je voulais ajouter que ce slogan Ă©tait aussi une rĂ©fĂ©rence Ă  un film français en France cĂ©lĂšbre "Sois belle et tais-toi / Be Beautiful but Shut up 1957 avec Brigitte Bardot" Ă  ne pas confondre avec le "film documentaire de 1981 de l'actrice et rĂ©alisatrice française Delphine Seyrig" Sois_belle_et_tais-toi Voici une description française de ce film Citation de cet article Traduction Le titre est souvent utilisĂ© comme une expression dĂ©nonçant le sexisme. Il est aussi parfois abusĂ© comme "Soyez jeune et tais-toi sous De Gaulle"" En français original ["Le titre est souvent utilisĂ© comme expression dĂ©nonçant le sexisme. Il est aussi parfois dĂ©tournĂ©, comme en Sois jeune et tais-toi sous De Gaulle"] JeunediplĂŽmĂ© comme on en trouvait des milliers sur le marchĂ©, j’étais de ceux Ă  qui les entreprises disaient « sois stage et tais-toi ». Les annĂ©es 2000 Ă©taient fiĂšrement installĂ©es sur leur piĂ©destal mais l’esclavage semblait toujours prospĂ©rer. () Je pouvais toujours prendre un job alimentaire, plier des pulls chez gap ou vendre des big mac, mais bon sang, j’avais fait
Affiche mai 68 - Sois jeune et tais toi Mise en beautĂ© par Monsieur Monot Disponible en . affiche A4 - imprimĂ©e sur papier photo brillant 260g - 7 € . affiche 30x40 cm - imprimĂ©e sur papier photo mat 170g - 13 € SĂ©lectionnez le format que vous souhaitez dans CHOISIR LE FORMAT Les affiches sont vendues sans cadre. Tout est imprimĂ©, pliĂ©, fabriquĂ© Ă  la main dans notre petit atelier prĂšs de Brest. Dans la mesure du possible, nous utilisons du papier recyclĂ© et issu de forĂȘts gĂ©rĂ©es durablement. FRAIS DE PORT forfait de 6€, que vous commandiez 1 ou 10 articles pour la France MĂ©tropolitaine. GĂ©nĂ©ralement, votre commande est prĂ©parĂ©e et expĂ©diĂ©e le jour mĂȘme ou le lendemain suivant l'heure de votre commande. Les commandes sont expĂ©diĂ©es en colissimo sans signature ou lettre suivie. Habituellement, le dĂ©lai d'acheminement en France MĂ©tropolitaine est de 2 Ă  3 jours. Votre colis sera prĂ©parĂ© avec le plus grand soin. Les affiches sont livrĂ©es Ă  plat. Pour tout envoi hors France mĂ©tropolitaine, envoyez nous un message page contact en nous prĂ©cisant ce que vous souhaitez commander et le pays oĂč vous souhaitez vous faire livrer, nous vous prĂ©ciserons le montant des frais de port de votre commande.
Artsgraphiques Acryliques Affiches Aquarelles Art Moderne et Contemporain Art Nouveau, Art DĂ©co Dessin Gouaches Gravures & Estampes Lithographies & Serigraphies Pastels, Fusains & Sanguines Peinture Huile StreetArt Techniques Mixtes Autres. Prochaine vente Toutes les ventes. Livres anciens et du XIXĂšme siĂšcle. Alde 75009 Paris (FR) 02 Octobre 2019 . 1/33 "La beautĂ© est dans la rue" [GĂ©rard Julien - AFP] 2/33 "La chienlit c'est lui" caricature de Charles de Gaulle [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 3/33 "Lutte contre le cancer gaulliste" crabe avec croix de Lorraine [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 4/33 Hitler avec la croix de Lorraine se cache derriĂšre le masque de De Gaulle. [Bianchetti Stefano - Leemage - AFP] 5/33 "Le rĂ©gime gaulliste est un rĂ©gime amaigrissant" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 6/33 "Non Ă  sa dictature" Charles De Gaulle conduit un rouleau compresseur qui Ă©crase le peuple. [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 7/33 "Il veut faire peur", caricature de Charles de Gaulle faisant une grimace. Affiche Ă©ditĂ©e par l'Atelier Populaire. [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 8/33 "Non Ă  la bureaucratie", affiche Ă©ditĂ©e par l'Atelier Populaire. [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 9/33 "L'ordre rĂšgne" reprĂ©sentation de brancardiers Ă©vacuant un corps inanimĂ©, affiche Ă©ditĂ©e par l'Atelier Populaire [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 10/33 Affiche placardĂ©e sur les murs de Paris pendant les Ă©vĂ©nements de Mai 68 avec le slogan "CRS SS". [Michel Lioret - INA - AFP] 11/33 "Civic, indic, flic" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 12/33 "La police vous parle", affiche sur l'Office de radiodiffusion-tĂ©lĂ©vision française ORTF [Roger-Viollet - Collection Roger-Viollet - AFP] 13/33 "L'intox vient Ă  domicile" vue des toits d'une ville, dont les antennes de tĂ©lĂ©vision sont des croix de Lorraine [AFP] 14/33 "Presse ne pas avaler" [Collection Michael Lellouche - Leemage] 15/33 "On vous intoxique" reprĂ©sentation d'une silhouette Ă  quatre pattes, avec la croix de Lorraine sur le visage et le corps marquĂ© des mĂ©dias et de la mention "mouton" [Collection Michael - Leemage - AFP] 16/33 "Salaires lĂ©gers, chars lourds" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 17/33 Mai 68 DĂ©but d'une lutte prolongĂ©e [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 18/33 "A bas les cadences infernales", reprĂ©sentation de poings menottĂ©s. Affiche Ă©ditĂ©e par l'Atelier Populaire. [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 19/33 "Les conquĂȘtes noyĂ©es, les profits montent" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 20/33 "La base continue le combat" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 21/33 "Bourgeois vous n'avez rien compris" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 22/33 "Nous irons jusqu'au bout" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 23/33 Pouvoir populaire ouvrier, paysan, Ă©tudiant [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 24/33 Travailleurs unis français, immigrĂ©s - Affiche Ă©ditĂ©e par l'Atelier Populaire. [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 25/33 "3 Continents, 1 RĂ©volution" [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 26/33 "On ne matraque pas l'imagination" [Roger-Viollet - Collection Roger-Viollet] 27/33 "Sois jeune et tais-toi", affiche de mai 68 prĂ©sentĂ©e Ă  Paris dans le cadre d'une exposition intitulĂ©e "Mai 68 en 500 affiches". [GĂ©rard Julien - AFP] 28/33 "Moins de 21 ans, voici votre bulletin de vote" un pavĂ© [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 29/33 "Quand les parents votent, les enfants trinquent", affiche prĂ©sentĂ©e dans le cadre de l'exposition "Mai 68 en 500 affiches" Ă  Paris. [GĂ©rard Julien - AFP] 30/33 "Je participe... ils profitent", sĂ©rigraphie Ă©preuve noire, Ă©ditĂ©e par l'Atelier Populaire [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 31/33 "Reformendum" un bulletin de vote est dĂ©posĂ© dans l'urne recouverte d'un piĂšge Ă  loup. SĂ©rigraphie Ecole nationale supĂ©rieure des Arts Decoratifs [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] 32/33 "Elections piĂšge Ă  con", affiche de mai 68 Ă©ditĂ©e par le ComitĂ© Ă©coles d'art [Collection Michael Lellouche - Leemage] 33/33 "Vous votez pour un parlementarisme fantĂŽme" un fantĂŽme avec boulet en forme de carte de France. [Collection Michael Lellouche - Leemage - AFP] Le6 mai, j'Ă©tais Ă  Denfert-Rochereau. De lĂ , j'ai Ă©tĂ© Ă  Saint-Germain-des-PrĂ©s. Beaucoup de gens avaient des transistors. C'Ă©tait merveilleux. L'information Ă©tait instantanĂ©e, et chacun pouvait Ă©laborer sa stra- tĂ©gie personnelle. Jai senti que l'individu n'Ă©tait pas un mouton dans la foule. Il rĂ©flĂ©chissait. On Ă©coutait
Ce sont une cinquantaine d’affiches de mai 1968 qui sont proposĂ©es. Le choix a Ă©tĂ© fait en prioritĂ© sur celles qui ont une iconographie. Ainsi le slogan "CRS = SS" n’apparaĂźt pas mais on voit un CRS avec un bouclier oĂč est marquĂ© "SS". On retrouvera Ă©videmment la police vous parle tous les soirs Ă  vingt heures », sois jeune et tais-toi », moins de 21 ans voici ton bulletin de vote » un pavĂ© en l’occurrence, et il fallait avoir vingt-et-un ans pour pouvoir voter jusqu’en 1974 et laissons la peur du rouge aux bĂȘtes Ă  cornes ». D’autres sont moins connues comme la reprise du cĂ©lĂšbre et dĂ©jĂ  centenaire l’ordre rĂšgne » avec en illustration un blessĂ© d’une manifestation portĂ© sur un brancard ou la spĂ©cialitĂ© du chef participation Ă  1F65 » avec le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en chef cuisinier. Cette derniĂšre affiche est rĂ©alisĂ©e Ă  Marseille ; la plupart sortent de l’Atelier populaire de l’École des beaux-arts de Paris. On apprend que le MUCEM de Marseille a une collection bien plus importante que l'ensemble de celles ici prĂ©sentes; ceci du fait qu'il a hĂ©ritĂ© des collections du MusĂ©e des Arts et traditions populaires. Pas mal d’affiches ont un rapport avec un mouvement de grĂšve ou une Ă©vacuation de grĂ©vistes. Une prĂ©face de Sam StrouzĂ© Ă©voque les conditions de crĂ©ation de ces affiches alors qu’un texte introductif de Michel Dixmier s’attache Ă  montrer quels esprits elles portent, on a en effet en gros les affiches de type syndical et les affiches de type libertaire. Certaines affiches sont dotĂ©es d’un commentaire qui dĂ©passe les habituelles informations de lieu de production et de date de crĂ©ation ; ces textes ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s par Bernadette Caille et Michel Dixmier. Cet ouvrage sert en partie de catalogue d’exposition Ă  1968. Quelle histoire qui se tient en Arles pour les Rencontres de la photographie ; l’exposition se visite de dĂ©but juillet au 23 septembre et prĂ©sente d'autres supports que les affiches. Voir
TéléchargerPDF Lire en ligne. La Passante du Sans-Souci est un film français de Jacques Rouffio, sorti en 1982, adapté du roman éponyme de Joseph Kessel publié en 1936. La passante du Sans-Souci (Joseph Kessel, 1936). Genre : Roman, pour adultes (peut se lire dÚs le lycée). Aperçu : Le narrateur a remarqué une femme qui Joseph Kessel
Description Conditions Vendeur Question 0 Offre 0 DĂ©but de la vente mardi 7 septembre 2021 Ă  1156 Fin de la vente samedi 16 juillet 2022 Ă  1240 5 visites - Dos . / divisĂ© - CirculĂ© .non - AnnĂ©e 78 - Editeur grenier sur l eau / NumĂ©ro 4 Destination Voir la liste des pays ExpĂ©dition Envoi aprĂšs paiement Frais A charge de l'acheteur MĂ©thodes de paiement Garantie Droit de rĂ©tractation Frais de retour Ă  charge de l’acheteur. Pour connaĂźtre les dĂ©lais de retour et de remboursement du lot, veuillez consulter la Charte Delcampe. PORT SIMPLE Jusqu'Ă  20 gr FRANCE 2€ EUROPE 2€ RESTE DU MONDE 4€ Jusqu'Ă  50 gr FRANCE 2€ EUROPE 3€ Jusqu'Ă  100 gr FRANCE 2€50 EUROPE 3€ . PORT SUIVI . FRANCE 4€ EUROPE 4€50 RESTE DU MONDE 6€ Conditions particuliĂšres Les envois se feront en port simple, suivi ou recommandĂ©, selon votre choix. Attendez ma demande de paiement avant d'adresser le rĂšglement. Je dĂ©cline toute responsabilitĂ© pour les lots ne parvenant pas Ă  destination, si l'acheteur n' a pas choisi et payĂ© un mode d'envoi en suivi ou recommandĂ©. Boutique Membre depuis 19 dĂ©c. 2011 DerniĂšre connexion Moins de 24 heures Localisation France Langue parlĂ©e Français Ajouter ce vendeur aux favoris Contacter le vendeur Ajouter ce vendeur Ă  ma liste noire PrĂ©sentation IMPORTANT . je souhaiterais un rĂšglement par chĂšque lorsque les achats sont au dessus de 50 euros. Dans l impossibilitĂ©, utiliser les autres modes. Les envois se feront en port simple, suivi ou recommandĂ©, selon votre choix. Attendez ma demande de paiement avant d'adresser le rĂšglement. Je dĂ©cline toute responsabilitĂ© pour les lots ne parvenant pas Ă  destination, si l'acheteur n' a pas choisi et payĂ© un mode d'envoi en suivi ou recommandĂ©. Il n'y a pas encore de question. Membre Offre Date Aucune offre pour le moment.
Ilse concentre et analyse mes Forces pour ensuite les transformer et pouvoir assurer les Forces autour du village. - Hein ? - Entre dans le champ. Il pénétra dans le champ de Force et il ressentit un picotement aux ailes, aux cornes et dans son corps. Puis il regarda derriÚre lui et ne vit pas ses ailes. - Mes ailes ! - Mon champ de Force fait disparaßtre les
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Facebooka admis que les donnĂ©es personnelles de ses utilisateurs se sont retrouvĂ©es entre les mains du cabinet d’analyse Cambridge Analytica au service de Trump. Grace Ă  ces donnĂ©es, le cabinet a pu concevoir un logiciel capable d’anticiper et d’influencer les choix des Ă©lecteurs (informations ciblĂ©es, rumeurs, fausses informations, complot). Le contexte Le fameux mouvement rĂ©volutionnaire Ă©tudiant est un moment fort de l’expression propagandiste. Durant Mai 68, ce sont plusieurs centaines d’affiches diffĂ©rentes tirĂ©es Ă  des milliers d’exemplaires qui seront placardĂ©es sur les murs de nos villes. L’affiche Sois jeune et tais-toi » est une affiche sĂ©rigraphiĂ©e en deux couleurs rouge et blanc. Elle n’est pas signĂ©e mais produite par les Ă©tudiants des Beaux-Arts Ă  Paris. Les ressorts Comme souvent dans l’expression propagandiste, l’affiche paraĂźt simple. Elle reprĂ©sente le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, avec un kĂ©pi et affublĂ© d’un grand nez et de grandes oreilles. Celui-ci fait taire de sa main un jeune plutĂŽt petit et caractĂ©risĂ© par ses bretelles. Mais comme toujours, sous cette apparente simplicitĂ©, l’affiche de propagande recĂšle un ensemble de subtilitĂ©s qui favorise la persuasion, mine de rien. Tout d’abord, il faut nous concentrer ici sur les Ă©lĂ©ments centraux de l’image, Ă  savoir la main et le regard. La main du GĂ©nĂ©ral est la seule main prĂ©sente sur cette affiche. C’est donc la seule main agissante elle agit nĂ©gativement pour museler, pour contraindre elle rĂ©alise donc le message Ă©crit sois jeune et tais-toi ». Cette main qui contraste avec le visage blanc du jeune, met Ă©galement en Ă©vidence l’absence des mains de ce dernier, condamnĂ©es au hors-champ. Tout simplement, le message suggĂšre finement le pouvoir abusif du GĂ©nĂ©ral ainsi que l’incapacitĂ© contrainte de l’étudiant. Le traitement du regard est inversĂ©. C’est le regard du jeune qui est visible et pointĂ© sur le spectateur, alors que celui du GĂ©nĂ©ral n’apparaĂźt voire il regarde ailleurs. Un lien particulier opĂšre dĂšs lors entre le jeune et le spectateur. Ce regard donne tout son sens Ă  notre affiche. Alors que le GĂ©nĂ©ral se dĂ©sintĂ©resse voire ignore le spectateur ou la situation, le jeune rĂ©duit Ă  l’incapacitĂ© nous regarde fixement et calmement. De prime abord, ce regard est celui d’une victime. Mais si l’on va plus loin, on peut voir de la sĂ©rĂ©nitĂ©. MalgrĂ© la grande simplicitĂ© de cette Ɠuvre de propagande, nous avons un message complet qui explique une situation et donne un point de vue, qui soulĂšve une Ă©motion, et qui porte un espoir ainsi qu’une violence positive si Ă©vidente qu’elle en est cachĂ©e. Le GĂ©nĂ©ral parle mais c’est le silence du jeune qui est le plus assourdissant. Il semble Ă  prĂ©sent nous dire regardez-moi bien et sentez le potentiel rĂ©volutionnaire qui est le mien ! ». Les retombĂ©es Il ne fait aucun doute que les affiches de Mai 68 ont largement contribuĂ© au mouvement ainsi qu’à ses suites. Certes, l’affichage sauvage et systĂ©matique y est pour quelque chose. Mais ce qui ressort de Mai 68, c’est exactement ce qu’exprimaient ces affiches elles en sont l’essence mĂȘme une fougueuse modernitĂ© rimbaldienne qui explose au visage des anciens et ouvre Ă  la libertĂ© ainsi qu’à la nouveautĂ©.
AfficheDescription : Mai 68, illustrĂ© en affiches, reste toujours d’actualitĂ©. Ces affiches se suffisent en elles-mĂȘmes, le graphisme de chacune d’elles est accompagnĂ© d’un message court et d’un vocabulaire aussi bref que radical. De plus, le procĂ©dĂ© sĂ©rigraphique permet de traiter les couleurs en aplats, mais aussi, de donner

Tati Affiche, AoĂ»t 2001 TATI magasins de vĂȘtements bon marchĂ©, publicitĂ© pour la rentrĂ©e des classes, affiches 4x3 dans le mĂ©tro parisien et aussi Ă  Marseille aoĂ»t 01 Au premier plan, une petite fille souriante tendance nunuche sois belle et tais-toi ». DerriĂšre elle, un garçon, l’air malin, qui lĂšve au-dessus de la tĂȘte de la fille une ardoise qu’elle ne voit pas et sur laquelle est Ă©crit "Les filles s'est nulle [sic]". PremiĂšres impressions Ce garçon a grand besoin de retourner en classe apprendre l’orthographe. Il ne semble pas savoir que les filles obtiennent en moyenne de meilleurs rĂ©sultats scolaires que les garçons. Tati aurait-il dĂ©clarĂ© la guerre des sexes ? La guerre Ă  l’orthographe ? Ses clients sont en majoritĂ© des femmes et des filles mĂ©prise-t-il Ă  ce point sa clientĂšle en les traitant de nulles » ? La pub Tati, c’est nul », c’est sexiste et c’est grave ! RÉAGISSEZ ! Écrivez Ă  contact au bureau de vĂ©rification de la pub au magasin principal 42 boulevard de Rochechouart 75018 Paris Venez en parler Ă  la prochaine rĂ©union de la meute parisienne samedi 1er septembre, de 14h30 Ă  17h, au Rivoli Park, 216 rue de Rivoli, mĂ©tro Tuileries, et prĂ©parer une Ă©ventuelle manif. Lettre adressĂ©e par Laetitia au BVP, 3 Je suis choquĂ©e des propos que tient cette publicitĂ©. Sous couvert d'humour cf. les fautes d'orthographe, les petites filles sont insultĂ©es. Quand on a sait que les filles sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©favorisĂ©es par le systĂšme scolaire francais, on a de quoi s'indigner. Je souhaite que vous donniez un avertissement aux magasins Tati. HĂ©lĂšne, 4 septembre 2001 dans plusieurs stations de mĂ©tro tout au long de la ligne 4 par exemple des affiches pour la promotion d’articles scolaires. Sur ces affiches, une fillette d’une dizaine d’annĂ©es, souriante, certainement contente de rentrer en classe. DerriĂšre elle, un garçonnet du mĂȘme Ăąge tient une ardoise au-dessus de la tĂȘte de la jeune fille. Un peu comme l’on ferait des oreilles d’ñne Ă  quelqu’un qui pose sur une photo. Et cette ardoise dit " Les filles, s’est nulle " Sexisme primaire au berceau ; voici comment on peut qualifier cela. Une dĂ©marche loin d’ĂȘtre nĂ©cessaire pour vendre des fournitures scolaires. Le Directeur de la Communication des magasins Tati, qui s’adresse ici aux enfants, ne sait-il pas que les enfants ne comprennent que le 1er degrĂ© ? Autrement dit, ils prendront cette sentence pour une vĂ©ritĂ©. Avec tous les comportements qui en dĂ©couleront tout au long de leur vie. Marie-Ange Filippi, 4 sept. 2001 Ce qui me paraĂźt bien plus pervers est la reprĂ©sentation des Ă©coliers. Le petit garçon est habillĂ© normalement avec une coupe de cheveux de petit garçon. La petite fille est assise les poings sur les hanches. Ses cheveux sont dĂ©tachĂ©s, roux et mousseux. Elle porte un Tshirt blanc illustrĂ© d'un dessin de Manga bande dessinĂ©e japonaise. Elle sourit. La reprĂ©sentation habituelle des Ă©coliĂšres dans la publicitĂ© est plutĂŽt des petites filles avec des tresses. Les Ă©coliers en gĂ©nĂ©ral sont reprĂ©sentĂ©s faisants des grimaces, les genoux couronnĂ©s. Il suffit de regarder les autres publicitĂ©s qui paraissent en ce moment par exemple une pub pour un produit de petit dĂ©jeuner. Mais en aucun on ne voit une fillette Ă  la chevelure rousse opulente, la peau laiteuse, le sourire ironique et sĂ»re d'elle. C'est la reprĂ©sentation habituelle d'une tentatrice voluptueuse, pas d'une Ă©coliĂšre victime des moqueries des garçons. Cette belle plante n'a rien Ă  voir avec le monde des cours de rĂ©crĂ©ation. Tati Directeur GĂ©nĂ©ral Monsieur Ouaki Directeur de la Communication Monsieur Pierre Lasne Adresse postale 4 Boulevard Rochechouard 75018 Paris TĂ©lĂ©phone 01 55 29 50 Fax 01 55 29 50 95

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